Pegasus Chronicles
Un soleil ardent à s’en bruler la peau…
Un horizon flou se dévoilait devant lui, projection même de la chaleur sur le sol sableux et éclatant. Ses pas, d’une lourdeur contraignante, imprimaient dans ce désert aride une ombre rapidement effacée par le vent qui se soulevait par intermittence autour de lui.
Depuis combien de temps parcourait-il ce monde ? Lui-même ne le savait. Un jour ? Une semaine ? un mois ? Un an ? Voir dix ans ? Il ne savait pas. Il avait beau réfléchir et y penser, son cerveau lui donnait l’impression de revivre la même scène tous les jours.
Le seul moment où il arrivait à plus ou moins revivre, c’est quand un nouvel horizon se dévoilait à lui.
Il avait parcouru le monde, découvrant désolation et destruction partout, la pointe de vie de l’humanité étant passé d’un montant à grande puissance à un niveau moindre de ce qu’elle aurait pu être après une destruction massive.
La mort en elle-même semblait avoir élu domicile dans son monde et ne semblait pas vouloir la quitter, prenant plaisir à torturer l’humanité encore et encore.
Sa longue toge sombre, qui lui recouvrait entièrement le corps et le protégeait de la température mordante, claqua dans un coup de tonnerre quand l’air s’engouffra sous elle, le réveillant de son état d’esprit perpétuellement subjugué par ce monde inconnu et chaotique.
Et tout cela était arrivé à cause de lui !
Lui, l’être des ténèbres, l’être de l’ombre qui s’amusait continuellement à le faire courir après lui.
À chaque fois qu’il avait l’impression de le rattraper, il le sentait s’éloigner d’un coup sec, comme si ce dernier faisait des milliers de kilomètres en un temps record, se projetant bien au-dessus de la vitesse de la lumière.
Et pourtant, il le sentait proche de lui !
Ses jambes ne le tenant plus, il chavira sur place et se laissa s’étaler de tout son long sur le sable blanc et incandescent. La fatigue avait raison de lui et il le sentait lui-même, il ne pouvait plus faire un pas tant qu’il n’aurait pas récupérer un peu de sommeil.
Et d’énergie !
Et depuis combien de temps était-il réveillé en plus ?
Regardant au travers de la faible paroi que lui procurait son recouvrement de tissu, il avisa au loin un amoncèlement de roches qui projetait, faiblement, son ombre sur l’aire brulante et s’y tira jusqu’à l’épuisement.
Il venait à peine de l’atteindre, la moitié de son corps reposant dans la faible protection, qu’il sombra dans le sommeil, complètement épuisé.
Un faible bruissement lui parvint au loin, provoquant son réveil en douceur.
Le corps endoloris, il appuya ses bras sur le sol et se redressa à demi, son dos craquant sous l’effort. D’un fin mouvement de bassin, il bascula sur la droite et s’étira afin que son dos claquât contre la roche rigide et chaude. Levant la tête, cette dernière étant toujours couverte de sa protection, il remarqua que la nuit était tombée depuis bien longtemps et laissait apparaître le seul trésor encore plaisant à voir.
Etincelantes, chaque étoile se dévoilait à lui comme un signe de vie, la seule étant encore pure dans ce monde dévasté par les ruines que provoquait la guerre et autres injustices de la vie. La lune, à la couleur argentée, reflétait sa lumière sur le sol sableux, lui donnant une couleur grisâtre à la pâleur inégalable de la mort.
De là où il se trouvait, il pouvait voir, au loin à l’horizon, une faible lueur d’un feu qui frémissait lentement dans le temps. Depuis plusieurs mois, il s’interdisait d’en allumer un, afin que celui qu’il poursuivait ne voyait pas où il se trouvait.
Cet être, rempli de haine et de dégout envers l’espèce humaine, était la seule personne qu’il voulait revoir. Revoir et anéantir, tel était son souhait. Et pourtant, il n’arrivait pas à le rejoindre malgré les heures de marches qu’il avait entrepris, allant jusqu’à ne pas dormir durant plusieurs jours d’affilée. À chaque fois qu’il avait l’impression de le rejoindre, ce dernier se trouvait encore à des milliers de milles de lui, aussi insaisissable que le vent quand il venait lui fouetter le visage.
Cette pensée le taraudait éternellement, revenant sans cesse, que cela soit de jour que de nuit.
Il se souvenait qu’avant de sombrer dans l’inconscience, il y avait pensé et, même s’il ne voulait plus y penser, elle revenait à la charge comme un taureau en furie.
Son poing frappant le sable autour de lui, il écumait de rage pour ne pas pouvoir réussir à le rattraper afin de lui faire payer le mal qu’il avait engendré tout comme y repenser encore et d’avantage.
Repensant à ses anciens compagnons, il finissait par se dire qu’il les vengerait bientôt et, à cette pensée, il continua à faire briller cette étincelle d’espoir, même vacillante.
Un jour, oui, il arriverait à les venger ! Mais comment faire quand l’être que vous voulez rejoindre se voit être inaccessible à votre vengeance ? Retourner autant la question ne lui apportait aucune réponse.
Et, pourtant, il savait que penser au problème ne donnerait pas la solution !
Plongeant son regard au loin, il continua à regarder cette faible lueur éclatante dans l’ombre ténébreuse qu’était la nuit et s’endormi à nouveau, dos contre la roche, l’épuisement revenant à la charge.