Etoiles et chaos

Chapitre 6 : Chapitre cinq

2482 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 04:18

TITRE : Etoiles & Chaos

AUTEUR : Ardell

DISCLAIMER : Les personnages et l'univers de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada. Seul le personnage de Cinnamon est à moi.

CHAPITRE CINQ

Cinnamon se retourna et fixa effrontément le nouvel arrivant. Bien que sans armure, ce dernier avait fait appel à sa cosmo-énergie qui crépitait autour de lui tel un brasier. Progressivement, son aura diminua d'intensité jusqu'à disparaître, laissant néanmoins comme une empreinte invisible dans l'atmosphère, à la manière d'une signature à l'encre sympathique.

— Je suppose que tu es le cinquième. Laisse-moi deviner... un oiseau de feu, n'est-ce pas ?

— Je suis Ikki, Chevalier du Phénix.

— C'est bien ce que je dis, un poulet rôti. Tu n'as pas peur de te cramer les ailes ?

Shun intervint, craignant probablement que son frère ne réagisse de manière un peu trop expéditive :

— Ikki, elle n'est pas Chevalier...

— Ne t'en fais pas. J'avais compris que ce n'était qu'une fillette en mal de sensations fortes...

S'il croyait vexer l'adolescente, il se trompait.

— Si c'est vrai, pourquoi tu as embrasé ta cosmo-énergie ? demanda-t-elle, moqueuse.

— Je m'entraîne souvent à brûler mon cosmos. Désolé si tu as cru que c'était pour toi.

Peut-être pas, finalement : Cinnamon ouvrit la bouche et la referma aussitôt.

— Même si tu es quantité négligeable, j'aime autant t'avertir, continua Ikki. A jouer ce petit jeu, tu ne récolteras que des ennuis. A commencer par faire le vide autour de toi.

Phénix ne mentait qu'à moitié. Cela faisait un moment qu'il l'observait et, s'il s'était décidé à intervenir maintenant, c'était parce qu'il avait craint qu'elle ne réitère son petit exploit de la roseraie. Le fait qu'elle ait alors chassé son frère prouvait qu'elle ne désirait faire de mal à personne. Mais quand il l'avait vue s'approcher de lui tout à l'heure...

— Tu les as traités de gamins, or c'est toi qui te conduis comme une enfant gâtée. J'ignorais que les Chevaliers d'Or avaient autant de patience. A moins que cela les amuse de jouer les baby-sitters...

A ce mot, Cinnamon frémit comme s'il évoquait quelque chose pour elle.

— Pourquoi tu es méchant avec moi ?

— Non mais tu plaisantes ? fit Seiya.

Après le numéro qu'elle leur avait fait, elle n'allait pas se plaindre en plus ?

— Toi le Petit Poney on ne t'a pas sifflé !

Le ton méprisant et agressif de la jeune fille les convainquit d'une chose. Elle ne s'était pas encore avouée vaincue. Pégase allait répondre lorsque Ikki le devança :

— Je vois que tu as vraiment envie de te défouler... Tu as de la chance, je n'ai rien d'autre à faire. Au lieu de te servir de ta langue, tu pourrais essayer de m'attaquer. Si ça peut te permettre de te dépenser physiquement... Profites-en, je suis de bonne humeur.

A nouveau cette lueur dans le regard de Cinnamon, l'écho d'un souvenir.

— Pourquoi je t'attaquerais ? Je ne sais pas me battre, objecta-t-elle en fronçant les sourcils.

Etait-ce bien sûr, songea Phénix. Il ne décelait aucune cosmo-énergie en elle en tout cas.

— N'ai pas peur, je ne vais pas utiliser mes attaques sur toi. Je te propose simplement un petit exercice physique, ça te calmera peut-être.

L'adolescente recula.

— Je ne fais pas ça, et puis d'abord j'ai horreur du sport.

— Surtout que tu es blessée, appuya Shun. Ikki regarde sa main...

— Je t'ai dit que ce n'était rien, c'est quoi ton problème à toi ? Tu te prends pour l'armée du salut ?

— Tu es mal placée pour dire à mon frère qu'il a un problème. Tu ne veux pas de mon aide ? Soit. Dans ce cas ferme-la.

Ou bien Cinnamon n'avait plus d'arguments, ou c'était l'injonction de se taire qui ne passait pas. C'était peut-être aussi tout bonnement l'esprit de contradiction.

Elle hurla.

Un cri qui les surprit par sa soudaineté et sa stridence, les faisant grimacer. Shun se plaqua les mains sur les oreilles.

— Cinnamon, arrête s'il te plaît !

Ikki ne s'embarrassa pas d'autant de prévenance et fit la seule chose susceptible d'apaiser la jeune fille.

Il la gifla.

Le hurlement cessa aussitôt. Cinnamon paraissait avoir retrouvé son calme alors que sa joue se teintait de rose.

— Messire DM frappait plus fort, constata-t-elle d'un ton neutre avant d'ouvrir les yeux pour les poser sur le Chevalier Phénix.

— Mais moi je ne m'amuse pas à torturer les petites filles.

La réaction fut aussi vive que brutale. Ikki avait à peine prononcé ces mots qu'il recula d'un pas sous la violence du coup. S'il fut surpris, il n'en montra rien. Cependant, il n'avait pas été sans remarquer que l'adolescente ne s'était pas contentée de le souffleter, comme il aurait pu s'y attendre de la part d'une simple femme. Non, cela avait été un véritable coup de poing, et bien ajusté qui plus est. Oh bien sûr, ce n'était qu'une douce brise de printemps comparé à ce dont il avait l'habitude. Si elle avait été Chevalier, elle aurait été d'une faiblesse ridicule. Cependant il n'aurait jamais cru qu'une civile puisse cogner avec une telle force…

Elle le fixait d'un regard étincelant de colère, les bras le long du corps et les poings serrés. Elle voulait se battre. Non. Elle en mourrait d'envie. Pourquoi dans ce cas se retenait-elle ? C'était bien la première fois qu'il rencontrait quelqu'un se refusant à manifester ses talents. Shun détestait mettre en avant ses capacités de guerrier et s'en servir, pourtant il n'hésitait pas non plus à faire ce qui devait être fait. Quel était donc le secret de cette fille ? De quoi avait-elle si peur ? Ou de qui ?

— C'est tout ? fit-il froidement. Pourquoi ne nous montres-tu pas ce que tu peux vraiment faire ?

— Si tu savais ce que je peux faire, tu…

— Je quoi ? Peut-être que je le sais déjà.

Devant cet aveu de la surveillance discrète qu'il effectuait sur elle, Cinnamon pâlit encore un peu plus, si c'était possible. A présent, c'était la panique qu'il lisait dans ses yeux.

— Je ne veux pas parler de ça. C'est interdit... murmura-t-elle si bas qu'il eut du mal à entendre.

— Je ne sais pas ce qu'on a pu te raconter, mais la domination de Saga est terminée. Tu n'as aucune raison de craindre quoi que ce soit. Sauf si tu es réellement notre ennemie...

Subitement elle fit volte-face et attrapa d'une main un cailloux qui filait droit sur sa tête.

— Et ben... pour quelqu'un qui n'a reçu aucun entraînement de Chevalier, je trouve que t'as de sacrés réflexes...

Kiki apparut juste devant Cinnamon, un large sourire plaqué sur sa frimousse.

— Qu'est-ce que tu veux ? s'enquit la jeune fille.

Elle paraissait calme mais Ikki se tenait toujours sur ses gardes. Elle n'avait pas lâché la petite pierre et la faisait négligemment rouler entre ses doigts. Allait-elle l'enfoncer dans l'oeil de ce galopin qui la narguait ? Si Phénix ne pouvait lire ses pensées, il lui était en revanche facile d'imaginer ce qu'elle avait en tête... Pour l'instant, elle se tâtait encore.

— C'est Athéna qui m'envoie, répondit l'enfant. Elle veut te voir.

— Très bien...

L'adolescente se détourna. Voyant qu'elle s'apprêtait à quitter les arènes, les Bronzes protestèrent :

— Où vas-tu ? fit Seiya.

— Vous n'avez pas entendu ? Votre déesse me demande.

Elle avait dit votre déesse, nota Ikki.

— On vient avec toi, décida Pégase.

Il était hors de question de la laisser seule avec Saori.

Cinnamon s'arrêta.

— Alors je n'irai pas, trancha-t-elle.

— Dans ce cas, c'est moi qui viendrais à toi.

Une cosmo-énergie d'une puissance sans limite envahit les lieux, précédant la jeune déesse. Sans prêter attention aux protestations de ses Chevaliers, elle arriva devant Cinnamon.

— Tu m'avais promis hier que nous aurions une petite conversation, commença-t-elle d'une voix douce. J'aimerais beaucoup parler avec toi... en privé. Tu pourrais même choisir les gants que tu m'as réclamés, on m'a fait parvenir des effets par jet privé. Tu vois, je n'ai pas oublié.

Cinnamon jeta un coup d'oeil à Ikki.

— Je ne sais pas si j'en ai encore besoin... chuchota-t-elle.

Puis plus fort :

— Déesse Athéna, je vous tiendrai compagnie si vous me l'ordonnez mais n'essayez pas de devenir mon amie. Je ne supporte pas.

— Tout le monde a besoin d'un ami, objecta Saori. Aucun être humain ne peut vivre seul. Phénix a raison : il y a tellement de colère en toi que cela te coupe des choses les plus importantes. Ton coeur est aveuglé par le ressentiment, je l'ai senti la première fois. Quelque soit ta douleur, elle ne s'apaisera pas tant que tu restera isolée. Ne refuse pas la main que l'on te tend...

Une vague d'amour et de bonté irradia de la déesse pour englober ceux qui se trouvaient là. Lorsque le cosmos chaleureux toucha Cinnamon, celle-ci se raidit mais ne protesta pas. Toujours très pâle, elle tremblait imperceptiblement. Ikki pouvait la sentir résister de toutes ses forces... mais une branche qui ne plie pas sous le vent se brise. La jeune fille devait le savoir car elle abandonna la lutte et tomba à genoux.

L'énergie divine s'était dissipée.

— Cinnamon...

L'adolescente leva un regard désemparé sur Saori. Ses iris avaient retrouvé leur bleu mêlé de mauve. Lentement elle tourna la tête vers les Chevaliers de Bronze et dit enfin d'une toute petite voix :

— J'ai fait quelque chose de mal ?

D'abord circonspects, les Bronzes avaient ensuite entourés Cinnamon pour l'assurer de leur soutien. Ils étaient si heureux de voir revenir dans le droit chemin une brebis égarée, qu'ils préféraient passer outre les mouvements d'humeur et les paroles offensantes de la jeune fille. Laquelle leur avait bien entendu présenté ses plus humbles excuses. Ils avaient réellement une âme en or, au point d'en sembler parfois naïfs.

Ce qui n'était pas le cas du Chevalier Phénix.

Tandis que tous quittaient les arènes pour se rendre au Palais du Pope, il demeura là, songeur. Athéna le savait certainement elle-aussi : Cinnamon n'avait rien oublié. Ce qui n'avait en soi rien d'étrange, cependant ce qui préoccupait Ikki, c'était son absence totale de colère. A croire que l'adolescente avait chassé de son esprit toute rancoeur, toute haine... A présent, elle ne dégageait plus qu'une impression de douceur, voire même de... timidité, ainsi que les Golds avaient pu la décrire tantôt. Si elle avait paru gênée de l'attention dont elle avait fait l'objet, elle avait en revanche volontiers accepté les mains de Saori sur les siennes, en gage d'amitié.

Cinnamon se souvenait de tout, et pourtant elle ne simulait pas la sérénité et la gentillesse qui émanait d'elle. Ikki avait la désagréable impression qu'Athéna n'avait servi que de soutien à une faculté déjà présente. Pour dire la vérité, cette capacité à rejeter aussi facilement hors de la conscience tous sentiments négatifs dans les moments de tension extrême, n'avait rien de très rassurant pour un humain soi-disant ordinaire.

C'était même pire que les violentes sautes d'humeur auxquelles l'adolescente les avait habitués. C'était l'oeil du cyclone, le calme avant la tempête.

Le Chevalier Phénix se promit d'être prêt lorsqu'elle se déchaînerait. Parce qu'il en était sûr, ce n'était qu'une question de temps : Cinnamon était bien trop instable.

En attendant, il allait avoir une petite conversation avec Shaka. C'était le Saint de la Vierge qui avait parlé de la jeune fille à Saori, et il lui en avait sans aucun doute dit plus que ne le savaient ses compagnons...

 

 

Laisser un commentaire ?