Le coeur du probleme.

Chapitre 14 : Chez Daniel Williams.

9745 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 21:15

Extrait du blog de John H . Watson :

 

La nuit m'avait porté conseil et je jugeai à présent ma conduite de hier inappropriée. Je me rendais donc à Baker Street pour m'excuser et connaître nos plans pour les jours à venir.

J'entrai dans l'appartement et trouvait Sherlock face à la machine à café, deux tasses étaient posées sur le plan de travail.

_ Bonjour John.

_ Salut. Ce n'est pas dans ton habitude de faire du café le matin.

Il sembla gêné et finit par dire :

_ Il semblait que je devais me faire pardonner de quelques petites choses. Sans sucre, comme d'habitude.

Il me tendit un mug fumant.

_ Tu es pardonné, lui dis-je. Ma réaction était également un peu trop véhémente.

_ Quittes alors.

Il me tendit une main que je serrai, étonné.

_ Heureux de te savoir sauf mon ami. J'ai passé une meilleure nuit que hier.

_ Moi aussi... (il plissa les yeux, comme toujours quand il était gêné) Content d'être de retour. Maintenant que celui ci est connu de plus de gens que je ne le voulais, je vais avoir besoin de toi. Je suis surveillé, des gens veulent ma peau alors soit prudent. Je ne veux pas qu'ils m’atteignent à travers toi.

Etais-je en train de rêver ? Non. Mon ami si solitaire se faisait du soucis pour moi. C'était agréable à entendre. Sherlock semblait ailleurs comme si il n'arrivait pas à se concentrer et lançai de fréquents coup d’œil vers le couloir quand il croyait que je ne le regardais pas. Il faisait les cent pas, nerveux. Soudain, il saisit son violon et se mit à jouer avec ardeur. La musique emplit rapidement la pièce et je ne m'entendais plus respirer. Ne sachant pas combien de temps son concerto allait durer, je saisis un journal et en parcouru la Une. «  Daniel Williams le sauveur ? » était l'un des gros titres. L'article disait que l'homme politique avait énoncé hier un discours très convaincant disant qu'il était le seul à pouvoir éradiquer le climat d'insécurité qui régnait sur la ville et dans le pays. Les sondages le donnaient grand favori pour les élections au poste de Premier Ministre. Il allait falloir que nous agissions rapidement si nous ne voulons pas que l'Angleterre court à sa perte. Aussi soudainement qu'il s'était mis à jouer, Sherlock s'arrêta et alla fermer la porte d'entrée qui était restée ouverte. Puis il me raconta que son enlèvement était un coup monté et il promit de me tenir au courant la fois suivante. Sa docilité me sembla étrange mais Sherlock était sujet à tant de sautes d'humeur que je n'en fit pas grand cas. Nous nous mîmes à la recherche de micros ou caméra dans l'appartement pour que nous ne soyons plus surveillés. Au milieu de nos recherches, je reçus un appel de Mary me demandant de venir rapidement au cabinet pour signer une ordonnance de Ventoline à un patient très asthmatique.

_ « J'arrive tout de suite » dis-je en raccrochant.

Je quittai Sherlock en promettant que je reviendrai le soir même.

Je traversais la rue et fit un signe de la main à un taxi qui passait. Il s’arrêta et je montai à l'arrière après avoir donner l'adresse du cabinet au chauffeur. J'étais si profondément plongé dans mes pensées que je ne remarquai pas tout de suite que nous ne prenions pas du tout la bonne direction. Je m'avançais pour le faire remarquer au chauffeur mais je vis un éclair argenté apparaître dans sa main. Il brandissait une seringue remplit d'un liquide transparent. Mon sang ne fit qu'un tour et je cherchais à ouvrir la portière pour m'échapper du piège dans lequel j'étais tombé. Mais la portière était verrouillée et je sentis soudain l'aiguille traverser la toile de mon pantalon et piquer mon genoux. Instantanément, je cessai de me débattre sachant que je résisterai plus longtemps au poison si je restait immobile. Je ne pouvais plus bouger, je me sentis glisser sur le côté. J'eus une dernière pensée pour Mary et ce fut le noir.

 

Je m'éveillai dans une petite pièce aux murs gris et qui sentait la peinture neuve. Elle était éclairée par un néon froid et clignotant qui n'arrangeait rien au puissant maux de tête que je ressentis dès que je m'assis. J'étais gelé et couché sur un lit accroché au mur. J'étais dans une cellule. A part, ça, je n'avais absolument aucune idée d'où je pouvais me trouver. J'avais été inconscient longtemps, ma montre indiquait quatorze heure. Alors que la panique menaçait de me gagner, je me forçai au calme et à la réflexion. Mary avait dut se rendre compte que j'avais disparu depuis longtemps et Sherlock devait déjà être à ma recherche. Du moins, je l’espérais.

Il était fort probable que je me trouvai entre les mains de Daniel Williams en représailles de nos investigations. Soudain, j’eus peur que Sherlock ne soit lui aussi, prisonnier ici. Si c'était le cas, ma situation serait encore plus désespérée.

Un bruit de serrure me fit soudain sursauter et la porte de ma cellule s'ouvrit. Un homme dans un costume noir m’apportait une pomme et un verre d'eau. Un renflement sur le côté gauche de sa veste m'indiqua qu'il était armé.

_ Oui suis-je ? demandai d'une voix que je voulais assurée.

_ Chez Sir Daniel Williams, me répondit l'autre sans détour.

_ Que me veut-il ?

_ Ce sont là ses affaires.

Quelque chose dans sa voix attira mon attention.

_ Sachez que s'il arrive quoi que ce soit à mes amis...

_ Vous n'êtes pas vraiment en mesure de faire des menaces, monsieur. Restez calme, faites ce que l'on vous dit et personne ne sera blessé.

Cette fois c'était sur, cet homme avait un très léger accent allemand. Subtil, mais bien présent. Sur ce, il s'en alla en claquant la porte. J'entendis de nouveau un bruit de serrure et je fus de nouveau seul.

 

J'attendis deux heures sans que rien ne se passe. Je faisais des tours et des tours dans ma cellule, me rongeant les sangs, sentant les murs se rapprocher de moi, indéfiniment. Afin de ne pas céder à la claustrophobie, j'essayai d'en savoir plus sur ma situation. La pièce dans laquelle je me trouvai était moderne, récemment repeinte et ne m'apportait pas plus d'information. Je frappa du bout des doigts les murs, à intervalle régulière afin de savoir si ils y avait des espaces creux derrière les cloisons. Je fis choux blanc. Le plafond était fait de plâtre que j'essayais de gratter mais la couche était trop épaisse, et j'avais repéré une caméra au dessus de la porte qui surveillait le moindre de mes mouvements. J'avais les nerfs à vif, je faisais et re-faisais les cents pas, comme un lion en cage. Car j'étais bel et bien prisonnier. L'isolement et l'attente allaient me rendre fou quand j'entendis de nouveau des bruits de serrure. Deux homme à l'allure de gorilles me firent signe d'avancer. Je sentis mon estomac se serrer. Qu'allait-il m'arriver maintenant ?

_ Si vous tentez quoi que ce soit, nous avons ordre de vous frapper, dit l'un en me plaçant entre eux.

Voilà qui ne saurait être plus clair. J’obtempérais sans rien dire, jugeant plus prudent de faire profil bas. On me fit quitter ma cellule et traverser un long couloir aussi gris que la pièce d'où je venais. Des ampoules nues tombaient du plafond donnant à tout ce qui bougeait une lueur fantomatique.

En passant devant une porte, j'entendis un bruit de chute, un juron et un cri de femme. Des sueurs froides coulèrent dans mon dos et je n'en suivais mes gardes que plus docilement. Nous devions nous trouver au sous sol car nous prîmes un ascenseur qui nous monta de trois étages. Là, avant que les portes ne s'ouvrent, on me banda les yeux. Je marchai et trébuchai pendant ce qui me sembla plusieurs minutes puis on me rendit la vue dans une salle, spacieuse et richement décorée. La lumière du jour m'aveugla pendant quelques instants, mais je recherchai sa source, avide de rayons de soleil après tout ce temps enfermé. D'après ce que je voyais à travers un grande fenêtre nous étions au premier étage. Cette pièce devait être un bureau, car y trônait une belle table en chêne vernis derrière laquelle se trouvait un grand fauteuil noir. On m'assis de force devant le bureau et j'attendis, les mains de mes gardes pesant sur mes épaules. Alors, par une porte dérobée en face de moi, entra un homme que je reconnus sur le champ. Haute stature, cheveux blonds, yeux bleus, sourire affable et air enjôleur. Daniel Williams.

_ Je vous souhaite la bienvenue chez moi Dr Watson. Je suppose que les présentations sont inutiles, nous savons tout deux à qui nous avons affaire.

Sa voix mielleuse et son sourire, ce qui le rendait populaire et très aimé, me donnait la nausée. Aussi, je me tus obstinément. Williams lança un ordre en allemand, les deux hommes qui m'encadraient me lâchèrent et reculèrent contre le mur.

_ Si j'ai fait appel à vous aujourd'hui, c'est parce que je désire fortement vous parler.

_ Il aurait été aussi simple de téléphoner, répondis-je, arrogant.

Le sourire de Williams s'accentua.

_ Je doute malheureusement que vous auriez accepter un entretien avec moi. J'ai préféré utiliser une méthode plus directe pour ne pas perdre de temps. Je suis un homme très demandé, voyez-vous. De plus, les choses dont nous avons à parler ne sont pas de celles dont on discute autour d'un thé et des petits gâteaux. Vous ne risquerez rien si vous collaborez gentiment...ni vous, ni votre jolie petite famille.

_ Êtes vous en train de me menacer ?

Daniel sourit d'avantage :

_ Je m'assure de votre coopération. Toutes mes félicitations pour votre future paternité.

Je serrai les dents et les poings, de plus en plus inquiet. Williams s'installa confortablement dans son fauteuil, ouvrit un tiroir à sa droite, en sortit une petite boite en fer et me la tendit :

_ Un cigare ?

Je lui lançai un regard noir et il se servit. Il commença à fumer en regardant par la fenêtre, comme s'il avait complètement oublié ma présence.

_ Que voulez-vous ? demandai-je, excédé.

_ Nous y viendrons mais rien ne presse. Nous attendons encore un invité qui n'est pas encore arrivé.

Il prit un téléphone et parla en allemand à son interlocuteur. Je ne comprenais pas un traître mot de ce qu'il pouvait dire. Il pourrait aussi bien ordonner ma mise à mort que je n'en saurai rien. Nous attendîmes vingt minutes dans un silence complet alors que la fumée de son cigare emplissait l'atmosphère de la pièce. Je me mis à étudier sa physionomie pour passer le temps : ses épaules et sa mâchoire étaient relaxées, il était calme et serein. Il regardait par la fenêtre d'un air rêveur et presque heureux. Sous le bureau, ses pieds s’agitaient en cadence comme s'il se fredonnait une mélodie. Quoi qu'il puisse arriver plus tard, il se pensait en sécurité et était très confiant.

Quelqu'un frappa alors à la porte et un homme entra, poussant devant lui une jeune femme que je reconnus avec stupeur. Kate Lestrade eut presque l'ai rassuré quand nos regards se croisèrent. Quand à moi, la surprise laissa place à la colère quand je vis son visage tuméfié. Sa lèvre inférieure était fendue et saignait, rougissant ses vêtements en désordre. Un hématome violacé s'étendait sur son arcade sourcilière gauche et descendait sur sa tempe. Elle tremblait et elle avait pleuré. Pourtant son regard était toujours celui que je lui connaissait, déterminé et presque railleur. On l'assis sur un fauteuil près de moi et elle essuya le sang qui coulait de sa bouche sur sa manche. Je pus, en m'avançant doucement, poser ma main sur son genoux. Elle tenta de me sourire et je lui répondis sans grande conviction.

_ Que vous ont-ils fait ? murmurai-je.

_ Miss Lestrade ne s'est pas montré coopérative, répondit Williams avec arrogance. Nous avons du mater sa résistance et je le regrette, abîmer quelques peu son joli visage.

J'interrogeai la jeune femme du regard et elle confirma.

_ Maintenant que nous sommes tous réunis, nous allons pouvoir enfin discuter de choses sérieuses, s'exclama-t-il joyeusement avant de redevenir soudainement sérieux. Où est Sherlock Holmes ?

Ni Kate ni moi de répondîmes. Williams ne sembla même pas déçu et continua :

_ Je vais vous exposer mon petit soucis : depuis plusieurs jours Sherlock Holmes s'est appliqué à fouiner dans mes affaires et à découvert certains petits détails, sans fondements ni preuves, mais que je préférerais ne pas voir s'ébruiter. J'ai essayer de le faire taire à plusieurs reprises, moyennant argent et menace de mort mais il est plus habile que je ne le pensais et il danse formidablement entre mes pièges. Il a même réussi à rendre méfiant Mycroft Holmes alors que j'avais mis de longues années à m'assurer son entière confiance. J'ai de grands projets, voyez vous et je ne veux pas les voir saboter par ce détective de pacotille. Alors je le répète : où est Sherlock Holmes ?

Kate hocha la tête et après un silence, je finis par dire :

_ Nous ne savons pas.

_ Vous ne savez pas, répéta Williams avec un sourire.

_ Il a été enlevé sous notre nez il y a trois jours et nous ne savons absolument pas où il se trouve.

_ Nous pensions que vous l'aviez fait prisonnier, m'appuya Kate.

_ Il se trouve que d'autres ont du me devancer, il a beaucoup d'ennemis.

Il se laissa aller contre le dossier de son fauteuil et nous observa l'un et l'autre pendant de longues secondes.

_ J'ai rencontré tout récemment un homme d'une grande influence qui connaît bien notre ami Sherlock Holmes. Cet homme comprenait mes idées de grandeurs et m'a proposé son aide. En échange, je devais promettre de ne pas tuer Sherlock Holmes même si il tentait de me mettre des bâtons dans les roues. Mon contact m'a fait un exposé complet des capacité de notre ami et il semblerait qu'il puisse disparaître avec facilité.

_ Jim Moriarty est un homme complètement fou, dis-je, quand vous vous en rendrez compte, il sera trop tard.

Williams éluda ma remarque et continua :

_ Si vous ne savez pas où est Sherlock Holmes, comment expliquer vous votre présence à tout les deux au 221 B Baker Street hier et aujourd'hui ?

_ Nous étions à sa recherche et nous pensions qu'il était bon de commencer par son appartement, répondis-je.

_ Il n'était peut être pas nécessaire d'y passer la nuit, dit-il.

Devant mon air de franche incompréhension, il sourit et dit :

_ Pouvez vous m'expliquer Miss Lestrade, ce que vous faisiez au 221 B Baker Street dans la nuit d'hier à aujourd'hui ? Mes hommes vous ont vu quitter l'appartement ce matin vers neuf heure trente.

C'était absurde. J'étais moi même à Baker Street peu après neuf heure et je n'y avais pas rencontrer la jeune femme. Kate fixait Williams, impassible et ne répondit pas.

_ Force détails tendent à prouver que Sherlock Holmes se trouvait là bas et que vous l'y avez rencontrer. Cela ressemble fortement à un rendez-vous galant.

La situation était trop grave pour que je ne m'étonne mais je me promit d'avoir une petite discussion avec mon ami dès que nous serions sortit de ce guêpier. Si nous en sortions un jour.

_ Si c'était le cas, vous vous doutez bien que je ne vous donnerai pas le moindre renseignement sur sa position actuelle, répondis Kate d'un ton sec.

Williams eut un sourire attendri.

_ Quel délice d'observer la loyauté indéfectible que confère l'amour... Vous allez cependant regretter cela très bientôt ma jolie, et apprendre à vos dépends qu'il ne faut pas faire confiance à n'importe qui.

_ Je n'ai pas besoin de vous pour choisir mes amis, cracha-t-elle.

Il contourna son bureau et s'assit face à la jeune femme. Il posa une main sur sa cuisse et je la vis réprimer une grimace de dégoût. Elle s'appliquait à le regarder dans les yeux sans ne rien laisser paraître de sa terreur.

_ Je vous ai étudié Katherin Lestrade, dit-il d'une voix mielleuse, et vous m'étonnez beaucoup. Votre intelligence est hors du commun, vous parlez plusieurs langues et êtes diplômée de plusieurs grandes écoles anglaises et parisiennes. Cela fait de vous quelqu'un de très recherché dans mon milieu et j'aurai grand besoin de vos facultés. Si vous acceptez de travailler pour moi, je vous laisse partir et vous serez récompensée au delà de vos espérances les plus folles. En échange de cela, vous serez ma main droite, un chuchotement dans l'ombre qui me conseillera et profiterez de ma montée au pouvoir fulgurante. Êtes-vous intéressée ?

Le visage de la jeune fille resta impassible pendant de longues minutes, durant lesquelles j'attendais sa réponse, anxieux. Elle tenait là un échappatoire, un moyen pour recouvrer sa liberté. Allait-elle saisir cette opportunité ? Puis, une étincelle de haine éclaira son regard bleu et elle répondit :

_ Je ne me mettrai jamais au grand jamais mes capacités au service d'un fasciste psychopathe qui a soif de sang. Je préférerais mourir plutôt que de travailler pour vous.

Williams eut un soupir désolé, caressa sa joue et elle serra les poings.

_ Quel dommage ! Quel gâchis ! Vous auriez été tellement utile... Je crains fort que votre dernier souhait ne soit prochainement exaucé.

Elle pâlit et je m'écriais :

_ Ne la touchez pas !

Williams porta son attention sur moi et dit :

_ Chevaleresque John Watson, qui vole au secours de la veuve et de l'orphelin, combattant le côté obscur de la force. Triste ironie.

Un téléphone sur le grand bureau de chêne sonna et Williams soupira avant de répondre.

_ « Oui. Oui, ils sont avec moi... Comment ? »

La suite se déroula en allemand dont je ne comprenais pas un traître mot. Contrairement à Kate qui écoutait la conversation de toutes ses oreilles. Cela n'échappa pas à Williams qui quitta la pièce en faisant signe aux gardes du corps de le suivre.

C'est ainsi que nous nous retrouvâmes seuls, dans le grand bureau. La jeune femme, jusque là tendue comme un arc, s'affaissa dans son fauteuil.

_ Je vais nous sortir de là, affirmai-je en me tournant vers les fenêtres.

_ Inutile, dit Kate d'une petite voix, elle sont toutes verrouillées et le verre est sécurisée, nous n'arriverons pas à la briser. Nous sommes pris au piège : il y a trois hommes armés derrière la porte principale et quatre dans la pièce adjacente au bureau, à laquelle on accède par cette porte. Il y a des caméras de surveillance dans chaque coins de la pièce et elles sont braquées sur nous. On ne peut rien tenter non plus sur la personne de Williams, un fusil est dissimulé dans le bureau, il peut l'actionner à tout moments par une pression sur une pédale au pied de son fauteuil.

_ Ne nous décourageons pas. Sherlock doit être à notre recherche, il va nous trouver et nous sortir de là. Tout ira bien.

_ Il ne faut surtout pas que Sherlock nous trouve ! s'exclama-t-elle. C'est un piège, Williams cherche à l'attirer ici en se servant de nous comme appâts. Nous n'avons aucune valeur à ses yeux mais il veut Sherlock à tout prix.

_ Pourquoi cela ?

_ D'après ce que j'ai pu saisir des conversations en allemand, il doit donner Sherlock au Fürendher ? Je n'ai aucune idée de qui cela peut s'agir.

_ Que signifie Fürendher ?

_ On peut le traduire par cerveau d'une machination ou d'un complot.

_ Jim Moriarty se fait appeler le Cerveau. Tu as raison, lui dis-je en lui prenant la main, Sherlock ne doit pas nous trouver, nous allons devoir nous débrouiller seuls. Est-ce que tu as peur ?

_ Je suis terrorisée, répondit-elle, mais sans peur pas de courage.

Une sorte de résignation ferma le visage d'ordinaire souriant de Kate, lui donnant un air de maturité qui vieillissait ses traits.

Ce fut cet instant que Williams choisit pour revenir, ses gardes du corps sur les talons.

_ Désolé de m'être absenté, dit-il d'un ton enjoué. Je suis un homme d'affaire très demandé depuis que ma candidature au poste de Premier Ministre a été rendue publique.

_ Vous ne mènerez jamais votre projet à bien, dis-je, les gens se rendront vite compte de votre véritable nature.

_ Croyez moi, ils n'en feront rien. Vous êtes les seuls au courant, et je compte bien m'assurer votre silence.

_ Mon père a déjà alerter les autorités à l'heure qu'il est ! prévînt Kate avec force.

_ Regardez la petite fille à son papa... Votre père n'a aucune preuve que je vous détiens et n'oubliez pas que les autorités...c'est moi. La moitié du gouvernement me croit sincère et l'autre se laissera aisément convaincre. Votre appartement à été mis sous écoute, Watson, quoi que votre femme tentera nous serons immédiatement au courant et nous pourrons intervenir. Quand à votre mère, Miss Lestrade, vous avez eu la bonne idée de la tenir au dehors de cette histoire, elle n'est donc pas menacée..tant que vous vous montrez raisonnable. Je vais donc tenter poser une dernière fois ma question. Où est Sherlock Holmes ?

_ Nous allons encore vous répondre que nous ne savons pas car il s'agit de stricte vérité, répondis-je exaspéré.

_ Vous ne niez plus le fait de l'avoir vu tout récemment ? demanda-t-il à Kate.

_ Vous semblez en savoir plus long que nous sur ce sujet. Après tout, nous ne prétendons pas mettre un pays à genoux.

_ L'insolence n'est pas tolérée ici, Mademoiselle. Vous n'êtes pas en position de fanfaronner.

_ Ôtez votre pied de cette pédale, Mr Williams, il serait regrettable qu'un coup parte tout seul. Vous avez encore besoin de nous.

Pour la première fois il sembla ébranlé. Peut être avait-il sous-estimé le sens de l'observation de Kate ?

_ Quand aux grilles d'aération qui masquent des ouvertures de tuyau à gaz, continua-t-elle avec tout le dédain dont elle était capable, vous avez déjà fait le coup au Royal Palace. Vous vous répétez Mr Williams, il serait dommage que vous tombiez dans la routine. L'utilisation de douches à gaz fait déjà très vintage et complètement démodé.

Williams ne souffla pas un mot pendant quelques instants. Il fixait Kate, qui était tendue comme un arc, consciente d'avoir jouer un coup de poker...qui pouvait aussi bien nous donner plus de temps que de hâter notre disparition. Finalement, Williams éclata de rire et je me rendis compte que j'avais cessé de respirer. Mais c'était un rire sans joie qui montrait pour la première fois une faille dans son plan si bien ficelé : son excès de confiance. Persuadé de réussir, il oubliait la prudence et sous-estimait ses ennemis et opposants. Kate et moi échangeâmes un regard discret mais entendu.

_ Vraiment, dit-il, quel dommage que vous n'ayez pas accepter ma proposition et que vous préfériez me voir échouer. Vous auriez été tellement utile. Je vois ce que Sherlock Holmes a vu en vous. Vous pourriez être tellement plus que le joujou d'un détective privé.

De nouveau, il soupira. Deux coups furent frappés à la porte et une très belle femme habillée d 'un tailleur strict entra :

_ Un appel pour vous Mr Williams.

_ De qui, je vous pris Andrea ?

_ Mr Mycroft Holmes.

_ Très bien, je prends l'appel à mon bureau.

La femme s'en alla. Alors que je commençait à échafauder un plan pour prévenir Mycroft de notre présence ici, je sentis le contact froid d'un canon de revolver sur ma nuque. Un autre homme tenait également Kate à sa merci :

_ Si vous tentez quoi que ce soit, nous prévint Williams, mes hommes ont ordre de tirer. Je vais prendre l'appel de Mycroft Holmes et vous allez respecter au pied de la lettre l'expression muet comme une tombe. Sinon...pan !

Parfaitement immobile, je le regardais décrocher son téléphone.

_ « Bonjour Mycroft ! Comment allez vous très cher ? Ravi vraiment. De quoi vouliez vous m'entretenir ? D'accord, le Royal Palace. Vous avez des pistes ? Parfait ! (son visage s'assombrit) Comment ça, du gouvernement ? Vous voulez dire que celui qui a fait ça est des nôtres ? Mais qui ? D'accord, je garderais l’œil ouvert. Prudence et méfiance. Autre chose ? Deux porté disparus ? Enlevés par ce même traître je suppose. Bon. Mais dans quel monde vivons nous, je vous le demande ! Merci de m'avoir prévenu. Bien, à demain Mycroft. »

Il raccrocha, fis un signe de la main et les gardes s’écartèrent de nous. Williams sourit.

_ Finalement notre situation n'est pas si désespérée. Sherlock Holmes n'a pas réussi à pervertir son frère que me fait toujours confiance. Voilà qui est très positif car Mycroft est un gentleman que très intelligent et que je commence à apprécier sincèrement. J'aurai été navré de devoir n'éliminer.

Kate semblait désespérée mais je savais que comme moi, elle n'était pas dupe. Mycroft connaissait les plans de son collègue et cherchait simplement à endormir sa méfiance. Il fallait seulement qu'il pense à écarter Sherlock et qu'il vienne nous chercher par ses propres moyens. Mais Mycroft n'étais pas un homme du terrain et je doutais du caractère imminent de notre sauvetage.

 

Williams alluma un nouveau cigare et fuma en silence pendant un long moment. L'immobilité et le calme soudain de notre ennemi me rendait nerveux et je ne cessais de chercher de nouvelles positions dans mon fauteuil. Un nœud d'inquiétude s'était formé dans mon ventre. Je pensais à ma femme et à mon enfant à naître, que peut être je ne rencontrerai jamais. Non ! Je repoussais cette idée aussi loin que je le pouvais. Ne te laisse pas abattre, John ! Tu vas t'en sortir ! Tu t'en sors toujours. Pour ne pas perdre espoir et rester fort, je pensais à Kate qui comptait sur moi. La jeune femme regardait dans le vide et semblait n'avoir plus aucun contact avec la réalité. Elle avait sûrement à l'instar de Sherlock, une sorte de palais mental où elle pouvait se réfugier pour réfléchir. Elle porta machinalement une main à sa gorge et je remarquais pour la première fois l'absence du pendentif qu'elle portait toujours. Elle le remarqua aussi, cela sembla la réveiller et elle eut un regard triste. Ses mains se mirent à trembler légèrement, la pression devait être énorme pour elle. Contrairement à moi, elle n'avait jamais vécu ce genre de situation, désespérée et dangereuse. Je m’étonnais qu'elle n'ai pas encore craqué.

Une drôle de sensation dans ma nuque m'avertit que quelqu'un m'observait. Daniel Williams avait en effet les yeux rivés sur moi et je me sentis soudainement aussi fragile qu'une proie dans les serres d'un rapace. Son regard bleu était glacé et glacial, je tentai de le soutenir mais c'était une véritable épreuve. Quelque chose dans ses yeux me fit penser à du désappointement, à de la déception, comme quelqu'un qui attendait quelque que chose qui ne venait pas. Il se détourna de moi et sa bonne humeur feint commença à se craqueler au fur et à mesure que les minutes passaient, inlassablement. La fumée de son cigare emplissait l'atmosphère tendue du bureau et me rendait encore plus nerveux. Cet homme était fou, très bien élevé et très bon comédien mais complètement fou. Chaque secondes passées en sa présences m'en donnaient la certitude.

 

Soudain, des coups frappés à la porte vinrent briser le silence opaque qui régnait dans la pièce.

_ Entrez, lança Daniel Williams.

La dénommée Andrea apparut et dit :

_ Der detektiv irt da.

Je n'avais aucune idée de ce que cela pouvait signifier mais Kate s’agita soudainement dans son fauteuil. Elle avait peur. Williams, lui, semblait aussi heureux que s'il avait été promus Maître de l'Univers. Il contourna à grand pas son bureau, le visage éclairé d'un grand sourire et cette fois ci, sincère. Il s’entretint en allemand quelques minutes avec celle qui semblait être sa secrétaire. J'en profitai pour interroger Kate du regard.

_ Sherlock a été vu ici, chuchota-t-elle. Il disent lui réserver un comité d’accueil mais je ne suis pas sure que ce soit très chaleureux.

_ Parlent-ils de le tuer ?

_ Je ne crois pas mais ils veulent le mettre hors d'état de nuire.

Elle était plus pâle que jamais et au bord de la panique.

_ Ne t'inquiète pas, il va s'en sortir. Il doit s'en sortir.

J'entendis Williams aboyer des ordres et Kate chuchota :

_Il est dans le bâtiment et ils ne le laisseront pas en sortir.

La secrétaire s'en alla et Williams revint vers nous, de nouveau tout souriant.

_ Nous serons bientôt au grand complet ! s'exclama-t-il. Notre ami Sherlock Holmes vient d'arriver. Il était normal d'espérer mais il ne va pas venir vous sauver. Il est juste tombé dans le piège que je lui ai tendu malgré la formidable intelligence dont on dit qu'elle est la sienne. Quelle satisfaction ! Apportez lui un fauteuil, il ne devrait plus tarder.

En effet, des bruits de lutte ne tardèrent pas à se faire entendre tout près de la pièce où nous étions. Ils se rapprochèrent de plus en plus pour se positionner juste derrière la porte du bureau. Tout laissait penser que Sherlock se défendait vaillamment. Soudain, un coup de feu retentit. Williams fit signe et un des ses hommes, qui devait faire environ deux mètres et plus de cent kilos, s'empara de moi comme si je ne pesait rien et me colla contre un mur. Il se plaça ensuite devant moi, m’empêchant tout mouvement ou mes protégeant de son corps, je n'aurai su le dire. La tête de Kate heurta violemment le mur quand elle fut placée sans ménagement à mes côtés. Nous entendîmes un cri de douleur et elle saisit vivement mon bras. Williams ouvrit calmement un tiroir et saisit un revolver, qu'il arma et pointa sur la porte. Le silence revint peu à peu. Je n'avais aucune idée de ce qu'il se passait. Tout mouvement m'étais rendu impossible par cette armoire à glace qui sentait fort la transpiration. Retenant une grimace de dégoût, je tendis l'oreille.

Un coup violent fut porté contre la porte qui s'ouvrit à la volée. Sherlock Holmes entra à grands pas dans la pièce, un revolver pointé sur Daniel Williams. Il ne semblait pas blessé et je retins un soupir de soulagement.

_ Bonjour Mr Holmes, dit Williams de sa voix mielleuse.

Le bruit de sept fusils que l'on armait se fit entendre et je vis une dizaine d'homme pointer leur armes sur mon ami. Qui restait parfaitement immobile, tenant toujours Williams en joue.

_Il semblerait que vous soyez en infériorité numérique, dit ce dernier. Veuillez poser lentement votre arme au sol, Mr Holmes et posez vos mains sur la tête.

Sherlock fixa Williams de son regard gris et obtempéra à contre cœur.

_ Bien maintenant, tournez vous.

Lentement, les mains sur la tête, il fit face aux armes braquées sur lui. Nous pûmes, pour la première fois, échanger un regard. Il allait bien. Les gardes du corps qui nous maintenaient nous firent passer devant eux et pointèrent leur pistolets sur notre nuque. Kate fixait Sherlock avec angoisse pendant qu'il se faisait fouiller.

_ A présent, regardez moi, dit Williams. Vous autre, raccompagnez Mr Watson et Miss Lestrade à leur fauteuil.

L’exquise politesse de cet homme me donnait la nausée et je lui jetai un regard noir. J'échangeai un nouveau regard avec Sherlock quand on m'assis de force sur le siège. Quelque chose dans son attitude me fit comprendre qu'il avait un plan.

Kate passa devant lui, tête baissée et escortée par un homme armé jusqu'aux dents. Il l’arrêta en attrapant son bras. Elle leva les yeux vers lui et il examina son visage tuméfié. Il effleura l'hématome sur sa tempe et caressa sa lèvre fendue. Elle fut ramener à l'ordre par l'homme qui la tenait et elle fut poussée sur son siège. Sherlock reporta son regard sur Williams et dit d'une voix intense :

_ Vous payerez pour chaque coups qu'elle a reçu.

Ce furent là les premiers mots qu'il prononça. Le sourire de Williams flancha imperceptiblement. Quelqu'un apporta un fauteuil et Sherlock s'assit entre Kate et moi. Je pus mieux le regarder. Il dissimulait parfaitement sa douleur, de sorte que je ne pus deviner qu'il souffrait que par ma maîtrise de la médecine et de son caractère. Il avait dut se prendre un coup dans le ventre car sa poitrine se soulevai étrangement à chacune de ses respirations. Il ne semblait blessé nulle part ailleurs et j'en remerciai sa formidable maîtrise des arts martiaux.

Williams lui proposa un cigare, qu'il accepta et renifla en fin connaisseur. On lui tendit un briquet et Sherlock se laissa aller sur le dossier de son fauteuil, recrachant un rond de fumée. Il était très calme et fixait Williams avec insolence.

_ Je suis très heureux de vous compter enfin parmi nous, Mr Holmes. J'ai beaucoup entendu parler de vous et vos travaux m’intéressent de très près.

_ C'est également le cas pour moi, Monsieur, répondit Sherlock sur le même ton. Le plaisir est partagé.

_ J'ai été attristé de votre disparition et vos amis ici présent n'ont pas su me dire où vous vous cachiez.

_ Je les remercie d'avoir gardé le secret. Mais puisque vous m'avez à présent, peut être pourriez vous les laisser partir. Moi seul vous intéresse.

_ Le croyez vous donc ?

Il contourna son bureau pour s’asseoir en face de nous et continuer :

_Votre toutou John vous est d'une grande loyauté et n'a pas froid aux yeux. J'ai fortement besoin d'homme comme lui à mes côtés.

_ Vous pouvez toujours courir, dis-je.

Il m'ignora et porta son attention sur Kate.

_ Quand à la merveilleuse Katherin, j'ai tellement de respect pour sa beauté, sa douceur, sa fraîcheur. Nous reconnaissons tous son intelligence mais peut être a-t-elles d'autres talents que nous ne soupçonnons pas.

Pour la seconde fois, sa main caressa la cuise de la jeune femme qui frissonna d'horreur.

_ Ne la touchez pas, feula Sherlock. Écartez vous d'elle sur le champ.

Williams fixa mon ami et recula lentement. Son sourire s’agrandit quand il dit :

_ Il est touchant de vous vois tenter de la protéger. Vous savez pourtant pertinemment que c'est de votre faute si elle se trouve ici. Dès lors que vous l'avez rencontré, elle n'a plus jamais été en sécurité. Mais cela aussi vous les savez, n'est ce pas Mr Holmes.

_ Vous êtes un monstre, souffla Kate. Vous êtes complètement fou. Votre tentative est vouée à l'échec depuis le départ mais vous vous y accrocher comme un marin en perdition à une bouée. C'est pathétique.

_ C'est la deuxième fois que vous m'insultez, je puis vous assurer qu'il n'y aura pas de troisième fois.

_ Assez ! dit Sherlock. Votre petit jeu a assez durer, qu'on en finisse ;

_Quel dommage ! Nous venions juste de commencer, se plaignit Williams.

De nouveau, il contourna son bureau et retourna s’asseoir sur son grand fauteuil noir. Il croisa ses doigts, les coudes planté sur le bureau et les yeux rivés sur Sherlock.

_ Mon problème, Mr Holmes, c'est que vous fouinez dans mes affaires. C'est très impoli et m'irrite considérablement. Vous connaissez Mona O'Conell, elle a été victime de ma colère. Elle en savait trop alors je l'ai...évincée. Vous vous en savez encore plus mais vous ne vous laisser pas exterminé. Mon chasseur à échoué et même si grâce à lui vous vous êtes retrouvé au Royal Palace lors des...comment dirai-je ?...des événements, mais vous êtes encore passé entre les mailles du filet. On m'avait dit que vous seriez difficile à mettre hors jeu mais quand vous avez échappé à mon tueur personnel, j'ai trouvé que c'était du génie. J'ai beaucoup de respect pour vous, mon cher ami. Vous n'avez commis aucune erreurs, si ce n'est celle ci : vous entourer d'êtres chers. Les sentiments sont enivrants, quand on y a goûter on ne peux guère s'en passer. On se sent au chaud à l’intérieur mas il y a un sombre revers à cette médaille : quand on aime on est faible. Vos sentiments pour cette jeune femme et cet homme vous ont attirés ici, vous êtes tomber dans mon piège avec une facilité déconcertante. Voilà votre seul et unique défaut.

_ Ne l'écoutes pas Sherlock, intervins-je, tout ce qu'il dit est du poison !

_ Tais toi John ! souffla Sherlock, agacé.

Daniel Williams me regarde et dit :

_ C'est grâce à vous qu'il est ici, je ne m'en plains pas. C'est grâce à ces sentiments. C'est également ce qui va rendre la suite plus intéressante. Vous devez avoir compris que je veux m'assurer votre silence absolu ?

_ Vous ne l'aurez pas, dit Sherlock.

_ C'est que vous n'avez pas entendu toutes les clauses du marché que j'ai à vous proposer. Je garderais avec moi Katherin Lestrade et John Watson comme otages afin de m'assurer votre entière collaboration. Tant que vous ferez profil bas, Mr Holmes, leur vie ne sera pas un enfer. Mais si vous parlez, ne serais ce qu'une petite allusion... vous ne les reverrez pas.

_ Cela ne me semble pas vraiment équitable. Libérez mes amis et je ne dirai rien, vous avez ma parole.

Je sentis mon cœur s'affoler, Sherlock était en train de négocier pour nos vies. S'il échouait, Kate et moi n'allions jamais retrouver notre liberté.

_ Votre parole ne compte pas pour moi, j'en suis navré. Il me faut un otage. J'accepte de libérer l'un des deux si... vous exilez loin de l'Angleterre et n'y remettez jamais les pieds.

Kate gémit et Sherlock cilla. Crispé, je le vis se mettre à réfléchir à toute vitesse. Il cherchait un échappatoire mais ils savait aussi bien que moi qu'il n'y en avait aucune.

_ Qui délivrerez vous si j'accepte votre offre ?

_ Très cher, c'est à vous de décider.

Williams était un monstre. Sherlock ne pouvait pas choisir entre la vie de Kate et la mienne. C'était le choix le plus odieux qui puisse exister.

_ Je peux quitter le pays avec John et Kate, nous ne reviendrons pas.

_ Non, je veux un otage.

_ Prenez moi à leur place !

_ Sherlock !

_ Non !

Kate et moi nous étions exclamé de concert.

_ C'est à moi de décider, répondis notre ami sans nous regarder.

Williams semblait trouver la solution très alléchante. Il le dévisagea d'un air intéresse et se mordit la lèvre inférieure, réfléchissant. Puis, contre toute attente, il éclata de rire.

_ C'est chevaleresque et généreux de votre part. Quoi que l'on m'avait dit que vous étiez égoïste. Comme quoi les gens se trompent, d'autres n'auraient pas été capable d'un tel sacrifice.

_ Je suis plein de surprise, ironisa Sherlock.

_ Je vois cela,... En effet, vous pourriez être mon otage et sauver vos amis. Cela pourrait garantir leur silence. Mais voyez vous, j'ai moi aussi un ami à satisfaire et il n'aime pas être déçu. Il veut vous faire souffrir, Mr Holmes et vous priver de votre liberté n'est pas un châtiment suffisamment douloureux à ses yeux. Vous savez vous faire des ennemis mortels, c'est indiscutable. Non, les remplacer serait trop simple... Vous quittez le pays et je libère un de vos amis. A vous de choisir lequel.

J'aurai jurer qu Sherlock avait pâlit. Je sentais des sueurs froides couler dans mon dos et mon cœur battait à tout rompre Les yeux de Kate étaient embués de larmes et elle semblait sur le point de craquer.

_ Qui allez vous choisir ? pressai Daniel Williams. Katherin Lestrade, jeune femme qui a su toucher votre cœur de glace, que vous aimez et qui a encore une belle vie à mener ? Ou bien John Watson, votre premier et meilleur ami, celui qui croit en vous et qui va fonder une famille ? Quelle vie sauverez vous ?

_ Taisez vous ! Hurla Sherlock. Taisez vous !

Il se leva d'un bond et se mit à faire les cent pas. Le silence était complet, on n'entendait que le bruit des pas rageurs de Sherlock sur le plancher. Il tournait et tournait, en proie à une grande agitation. Il avait nos vies entre les mains. Williams, le contemplait avec un amusement pervers peint sur le visage.

Sherlock s’arrêta et nous regarda, l'un après l'autre. Il commença par prendre la main de Kate qui cessa aussitôt de trembler et dit :

_ Je suis désolé que tu ais vécu autant de choses horribles par ma faute. Je n'oublierai jamais ce que tu as fait pour moi. Je ne peux pas me résoudre à t'abandonner. Et toi John, tu es le meilleur ami que je n'ai jamais eu, le seul ami que j'ai jamais eu. Je ne te l'ai jamais dit mais, j'espère que tu le sais. Je ne peux pas non plus te laisser après que tu te sois sacrifié pour moi dans l'affaire des camées du Vatican. Je ne peux pas choisir entre vous.

Mon sang ne fit qu'un tour : « camées du Vatican ». C'était un code entre nous et cela signifiait que Sherlock allait tenter quelque chose et qu'il fallait que je me tienne près. Kate me lança un regard étonné. Elle avait saisi que quelque chose allait se passer. Je ne pourrais jamais cesser de m'étonner du courage dont elle faisait preuve.

_ Il va pourtant falloir, répondit Williams qui n'avait absolument rien remarqué. Vous ne vous en sortirez pas comme cela.

Sherlock garda un silence obstiné. J'entendis un « clic » discret et comprit que le fusil dissimulé était armé.

_ Faut-il que je vous donne une autre motivation ?

_ Cela ne sera pas nécessaire, répondit mon ami. Plus maintenant.

Son ton s'était chargé de sens sur ce dernier mot et je régis au quart de tour. Je plongeai à terre, emportant Kate avec moi. Nous roulâmes sur le sol et une balle passa juste au dessus de nous. Williams se leva et appela à l'aide. Je me glissai sous le bureau et pressai deux fois la pédale, deux coups partirent et touchèrent les deux hommes qui entraient. Sherlock récupéra le pistolet de Williams et fit feu. Je tirai Kate à l'abri et poussai une bibliothèque pour bloquer la porte de derrière et empêcher quiconque d'entrer...et nous de sortir. Il était trop tard pour regretter mon geste. J'entendis une explosion et du verre vola. Je me jetai à plat ventre et une grande pagaille débuta. Les minutes suivantes furent très floues et je ne comprenait rien à la situation. Je puis me rappeler avoir vu des hommes armé entrer par la fenêtre et prendre notre défense. Je tentai de me relever et Sherlock me tira à sa suite. Des cordes étaient passées par dessus le rebord de la fenêtre et j'entendis le bruit des pâles d'un hélicoptère. Quelqu'un attacha un harnais autour de ma taille et je fut hélitreuillé jusqu'à la cabine de l'appareil. On m'installa sur un siège et je fermai les yeux, soudain pris d'une grande lassitude.

 

Je dus m'endormir car je m'éveillai dans un lit blanc très inconfortable. La première chose que je vis fut un néon blafard et je fus persuadé d'être de retour dans ma cellule. J'entendis prononcer mon nom et je fus soudain conscient que quelqu'un se trouvait à mes côtés.

_ Comment te sens tu mon chéri ?

Cette fois...je l'avais déjà entendu quelque part... Mary. Alors tout me revint et je fus parfaitement réveillé. Je m'assis brutalement.

_ Doucement John, fit ma femme assise près de moi.

Je ne pus prononcer un mot tant mon émotion en la voyant était forte. Je la pris dans mes bars, la serrant de toutes mes forces pour m'assurer qu'elle était vraiment là.

_ J'ai eu vraiment peur tu sais, dit-elle, quand tu n'es pas arrivé. Mais tout va bien maintenant.

_ Pourquoi étais-je endormi ?

_ Tu t'es évanoui dans l'hélicoptère, mon chéri. Tu as fait une chute de tension à cause du stress.

_ Puis-je me lever ?

_ Les urgentistes ont dit que si tu t'en sentais capable, tu le pouvais.

Je quittai alors l'ambulance dans laquelle je me trouvais d'un pas assuré et serrant entre mes doigts la main de ma femme.

_ Qu'elle heure est-il ? Demandai-je en voyant que la nuit était tombée.

_ Vingt heure trente. Tu as dormi longtemps, Sherlock et Kate ont eu le temps de nous raconter ce qu'il s'était passé.

_ Ils sont ici ? m'écriai-je. Vont-ils bien ?

_ Oui, ils sont justes à côté, nous pouvons aller les voir.

 

Nous nous trouvions en rase campagne au Nord de Londres près de la demeure personnelle de Daniel Williams. La route était coupée et il y avait de nombreuses ambulances, des voitures de police et un hélicoptère posé dans un champs. Le tout créait un décor assez surréaliste.

Je vis alors Sherlock, Kate et son père assis à l'arrière d'une autre ambulance, enveloppés dans des couvertures et un gobelet fumant à la main. Le visage de la jeune femme s'éclaira en me voyant.

_ Est-ce que ça va, John ? demanda-telle.

_ Beaucoup mieux maintenant. Et toi ?

_ Ça va. Plus de peur que de mal.

En effet, aucun d'entre nous n'était gravement blessé, Dieu merci. Quelqu'un avait mis de la pommade sur ses hématomes qui dégonflaient déjà et nettoyé sa lèvre. Sherlock avait le front barrés de points de suture, un éclat de verre l'ayant coupé. C'était finalement Lestrade qui semblait le plus mal en point : il avait l'air exténué et son teint était blafard. Il s'était tellement inquiété pour sa fille qu'il semblait avoir pris dix ans. Kate, elle souriait, l'air éreintée mais heureuse d'être de nouveau libre et en vie. Son éternel optimisme allait l'aider à surmonter le traumatisme de la journée et tout irait bien pour elle. Quand à moi, j'avais désespérément besoin de repos et de passer du temps avec Mary. Il s'était bien passé quelques minutes durant lesquelles j'avais craint de ne plus jamais la revoir. Mais avant tout, je voulais des réponses à mes question : qu'était devenu Daniel Williams ? Comment Sherlock avait-il put nous retrouver ? Comment s'était déroulé notre sauvetage ?

Sherlock regarda les visages fatigués de Kate, Greg et sûrement le mien et répondit :

_ Si vous venez demain matin à Baker Street, je vous raconterai tout. Pour le moment, je veux que tout le monde aille se reposer. Nous avons vécu beaucoup d'émotions aujourd'hui alors nous parlerons de tout cela demain.

Tous manifestèrent leur accord et nous nous séparâmes, rentrant chacun chez nous.

 

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