Le coeur du probleme.

Chapitre 15 : Le départ de Kate.

3486 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 23:43

Extrait du blog de John H. Watson :

 

Dimanche 24 décembre :

 

Nous étions tous rassemblés dans le salon du 221 B Baker Street : Sherlock, Kate et Greg Lestrade, Mary et moi. Sherlock était en train de nous expliquer comment ils nos avaient retrouvé, lors des événements de hier.

_ C'est Mary qui m'a prévenu de ta disparition, John, quand elle ne t'as pas vu arriver, elle s'est doutée que quelque chose ne tournait pas rond. J'ai tout de suite compris que tu avais été kidnappé. J'ai tenté d'appeler Kate pour lui dire de se mettre à l'abri mais j'ai été incapable de la joindre. Ce que je craignais était arrivé, j'aurais du vous prévenir mais un abus de confiance m'avais fait changé d'avis. Seul Mycroft pouvait savoir où était Williams. Nous l'avons chercher jusqu'à le trouver dans son manoir du nord de Londres où se trouvait son bureau principal. Il s'agit d'une très ancienne demeure comprenant des souterrains et à l'écart du voisinage. Il faut toujours se méfier des maison isolées car s'y produisent des horreurs qui ne peuvent rêver meilleures cachette. J'ai prévenu Lestrade et quand j'ai réussi à le persuader de ne pas me tuer, il m'a aidé à monter mon plan de sauvetage. Mycroft a appelé Williams pour que nous soyons certains de sa localisation et pour endormir sa méfiance. Nous avons alors fermé le périmètre, tout en restant prudent, nous ne voulions pas que vous subissiez les conséquences de nos actes. Je savais que Williams penserait que je ferrait cavalier seul, c'est donc ce que j'ai fait...m'assurant tout de même une arrière garde conséquente. C'était moi qu'il voulait, nous savions qu'une fois qu'il m'aurait, son attention serait portée sur moi. Je ne devais plus que gagner du temps et attendre que les renforts arrivent.

Quand il eut finis, je racontais ce que Kate et moi avions vécu à l’intérieur, comment Williams s'était servi de nous comme monnaie d'échange et le choix que Sherlock avait du faire. Quand j’eus finis, Greg sembla très agité, il se mit à faire les cent pas et à grommeler, sous le regard interrogatif de sa fille.

_ Ce que je ne comprends pas, finit-il par dire, peinant à garder son calme, c'est pourquoi Kate a été choisie comme otage. Elle n'est rien pour Sherlock, vous vous connaissez à peine.

Les deux intéressés échangèrent un regard discret. Je ne pouvais plus douter que quelque chose se soit passer entre mais ils semblaient vouloir en garder le secret. Il fallait quand même que j'en parle avec Sherlock.

_ Ce n'étais pas l'avis de notre ravisseur, répondis-je en voyant que mon ami restait muet.

_ Qu'est ce que c'est encore que cette histoire ? Kate, désolée ma chérie mais je ne peux pas supporter ça. Je sais que que tu es grande et que tu sais prendre soin de toi mais je suis ton père et je ne peux pas ignorer les dangers qui t 'entourent.

_ Je crois que cette histoire m'a servit de leçon, je ne me mêlerai plus des affaires compliquées de Sherlock.

_ Tu ne comprends pas que c'est justement sa présence qui te mets en danger ? Sherlock est un de mes amis mais je préférerai que tu ne le fréquente pas.

Mon ami fusilla Lestrade du regard. Alors que je m'attendais à ce qu'il l'invective, il resta très calme et se contenta d'ignorer Kate qui cherchait à croiser son regard. La jeune femme n'aimait pas qu'on lui dicte sa conduite et avait été particulièrement docile ces derniers temps. Mais cette fois c'était trop.

_ Comme tu le dis je sais m'occuper de moi même et je suis la seule à savoir ce qui est bien pour moi. Je ferai ce qu'il me plaît, je n'ai plus trois ans, s'écria-t-elle.

_ Chérie, ne le prends surtout pas comme ça, je ne veux que ton bonheur.

_ Et bien dans ce cas lâche moi la grappe.

_ Non, tu dois quitter Londres, répondit son père, il hésita quelques instants avant de continuer. Ta mère veux que tu retournes vivre chez elle, elle est inquiète.

Kate le regarda sans comprendre :

_ Tu as parlé à Maman ?

_ Quand je ne savais pas où tu étais hier, je l'ai appelé et je lui ai tout raconté. Elle veux que tu rentre.

_ De quel droit a tu fais ça ? Je suis majeure, tu sembles si souvent l'oublier ! Je vais où je veux, quand je veux avec qui je veux et je n'ai de compte à rendre à personne. Comme je vis sous ton toit, j'accepte de respecter certaines de tes règles. J'ai arrêté de me mêler des affaires de Sherlock quand tu me l'a demandé, j'ai été obéissante. Mais je n'accepte pas que tu contrôle ma vie comme ça.

_ Je ne cherche pas à contrôler ta vie... Ta mère veut que tu rentres, alors si tu ne le fait pas pour toi, fais le pour elle.

Je trouvai que c'était un coup bas. Kate était quelqu'un de très généreux et présenter l'affaire sous cet angle ne lui permettait plus de refuser. Mais elle était furieuse. Elle se leva cria :

_ Qui crois tu que tu es pour me dire ce que je dois faire !?

_ Ton père, Kate, juste ton père, répliqua Greg en se passant une main sur le visage.

Un éclair noir passa dans les yeux de la jeune femme.

_ Si c'est ça le rôle d'un père alors je me félicite de ne pas t'avoir connu durant toutes ces années.

Greg blêmit violemment. Le coup sembla lui avoir fait vraiment mal. Kate se prit la tête entre les mains et se laissa tomber sur le canapé. J'aurais pus croire qu'elle pleurait mais je commençait à la connaître et je savait qu'elle était juste en train de réfléchir. Son père se tourna vers elle et dit d'une voix faible :

_ C'est vraiment ce que tu penses ?

Elle leva les yeux vers lui et vit le désarroi dans ses yeux. Elle prit une grande inspiration pour se forcer à se calmer et dit d'une voix plus douce :

_ Non, je suis désolée. J'ai vécu toute ma vie chez ma mère qui m'a toujours dicté ma conduite, elle était toujours sur mon dos et voulait toujours tout contrôler. Puis je t'ai rencontré et je me suis découvert un père qui faisait passez mes intérêts avant les siens, qui se souciait de ce que je désirais. Quelqu'un qui prend ma parole en compte. Tu ne sais pas à quel point, ma vie a changé dès que je t'ai rencontré. Je viens juste de te retrouver alors je ne veux pas que nous soyons séparés de nouveau.

La tristesse et la sincérité de ses propos m’émus considérablement et je cru que Greg allait céder. Kate menait son combat avec beaucoup de finesse et de talent qui ne laissait présager qu'une issue favorable à ce conflit.

_ Je veux seulement mieux te connaître. Je n'ai pas eu de père pendant vingt ans, je ne demande que de rattraper le temps perdu.

_ Nous pouvons nous voir certains week-end et pendant nos vacances, mais tu dois retourner chez ta mère, tu y seras plus en sécurité.

La carte de l'affection ayant échoué, Kate tenta une nouvelle approche.

_ Et mes études en vile ? Où, en dehors de Londres, je pourrai trouver un stage à la hauteur de mes qualifications. Je me suis donné un mal de chien pour le trouver alors je ne peux pas le lâcher.

_ Tu en trouveras un autre, toutes les entreprises sont à la recherche de quelqu'un comme toi.

Elle pesta et dit en nous montrant :

_ Mais j'ai fais ma vie ici, je me suis fait des amis chers !

_ Quels amis ? Tu as failli mourir plus d'une fois à leur côté ! Kate soit raisonnable. Nous passerons le réveillon ensemble, un train pars de King Cross pour Bath demain à onze heure. Ta mère et ton amie Charlotte t'attendent pour le repas de Noël.

_ Si tu m'obliges à partir je ne reviendrai plus jamais !

_ J'accepte de faire ce sacrifice pour toi. Tu t'es toujours débrouillée sans moi, tu t'en sortira.

Elle semblait au bord des larmes. Elle avait les pieds et les mains liés, elle devait rentrer chez elle. J'étais très ému, nous avions vécu des choses si fortes côte à côte que ne plus la revoir me coûterais. Mais son père avait raison, pour sa propre sécurité, elle devait partir. Alors elle rendit les armes et accepta. Lestrade la prit dans ses bras et lui dit :

_ Je fais ça pour ton bien, ne me déteste pas trop.

_ Je comprends mais je suis quand même fâchée, répondit-elle.

Greg nous salua et s'en alla, laissant Kate nous dire au revoir.

Sherlock avait assister à la scène le visage parfaitement neutre, les doigts joints sous son menton, dans une immobilité absolue. Quant la jeune femme se tourna vers lui et lui lança un regard implorant, il fronça les sourcils, embarrassé. Mary se leva et la prit dans ses bars.

_ Cela a été un plaisir de te rencontrer, Kate. Je regrettes que nous ne puissions faire d'avantage connaissance. Je crois que nos deux complices sont de mon avis.

_ Je ne veux pas partir. Je n'ai jamais vécu aussi entièrement depuis que je vous ai rencontré tout les trois. Je pense avoir trouvé ma place à Londres et tout laisser tomber est...difficile.

_ Tu repasseras nous voir, lui dis-je gentiment.

Sherlock ne disait toujours rien et se contentait de fixer la jeune femme d'un air buté. Elle soutint longtemps son regard avant d'annoncer, d'un ton sans appel :

_ Je ne quitterai Londres que si Sherlock veut que je parte.

L'effet que cette annonce eut sur mon ami un effet assez confus : une petite lueur d'espoir s'alluma d'abord dans son regard et je vis l'ombre d'un sourire apparaître sur ses lèvres, mais aussitôt son visage s'assombrit et il dit :

_ Tu dois partir.

Kate blêmit. Il ne faisait aucun doute qu'elle fut amoureuse de Sherlock et se faire éconduire de la sorte était tout sauf agréable.

_ Je n'aurai jamais cru dire ça un jour, mais Lestrade a raison. Je suis trop dangereux, continua-t-il. Tu as trop souvent risqué ta vie pour moi. Quitter Londres serait plus prudent.

_ Je n'en ai rien à faire ! Risquer ma vie pour toi ne me gène pas ! Tu as toujours été là pour me sauver.

_ Et si un jour j'arrivai trop tard ? Si je manquai mon coup ? Si un jour où j'arrivai en retard je devait ramener ton cadavre encore chaud à ton père ?

_ Cela n'arrivera pas. J'ai confiance en toi.

Sherlock se leva et se dressa devant elle :

_ Quel est le problème avec toi ? Pourquoi continues tu à me faire confiance malgré toutes les horreurs que tu as subies par ma faute ? Tout le monde a peur de moi, tout le monde cherche à rester loin de moi, tout le monde m'évite sauf toi !

_ Nous nous ressemblons Sherlock, tu ne me fais pas peur. Je sais que je suis en sécurité avec toi.

_ Tu es folle ! Tu l'as dit toi même : tout te recommande de t'éloigner de moi, l'éthique, la prudence et le bon sens. Je suis un sociopathe égoïste et potentiellement dangereux, me fréquenter n'est pas sain. Je ne veux pas ça pour toi, je veux que tu partes.

Il tremblait légèrement et luttait pour se contrôler à chaque mots qu'il prononçait. Si chacune de ses paroles blessait Kate, elles semblaient lui brûler la langue et les prononcer lui coûtait douloureusement.

_ Tout cela m'est égal, murmura-t-elle, si tu veux bien de moi, j'endurais tout ce qu'il faudra.

Sherlock se figea. Je le connaissais suffisamment pour savoir qu'il était troublé, qu'il ne contrôlait pas la situation. Pour la première fois de sa vie il n'allait pas se permettre d'être égoïste, elle méritait bien ça.

_ Je ne veux pas de toi, cela a assez duré.

Il avait lâché ces mots et ils avaient frappés la jeune femme comme des coups de poignards. Son regard se glaça et sa lèvre inférieure se mit à trembler pendant qu'elle luttait contre les larmes. Sherlock alla se mettre devant la fenêtre, lui tournant le dos.

_ Tu ne peux pas faire ça, dit-elle la voix plus assurée que je ne l'aurai pensé.

Il resta silencieux et ne se retourna pas.

_ Il y a quelques temps, c'était le lendemain de notre rencontre, continua-t-elle après un silence, tu m'as demandé en quoi je croyais. Tu trouvais stupide que je puisse croire en Dieu. Je ne crois pas en Dieu, ni en aucune forme d'être surnaturel. Je t'ai promis de te dire vers qui se tournaient mes croyances. Je crois que c'est le bon moment. Je croyais en toi Sherlock, je croyais en nous. Mais peut être me suis-je trompée. Peut être suis-je comme tout le monde, trop stupide pour ouvrir les yeux.

_ Au revoir Kate, murmura Sherlock.

Le temps resta comme suspendu. Puis, la jeune femme se tourna vers nous, les yeux éteins, nous fit un signe de tête, attrapa son manteau et prit le chemin de la sortie.

_ Kate ! la rappela Sherlock.

Elle se retourna, reprenant espoir. Il s'approcha d'elle et tendit le bras : entre ses doigts se trouvait le pendentif de la jeune femme.

_ Tu as oublié ceci hier matin, cela ne t'a pas porté chance.

Le regard de Kate flamboya et contre toute attente, elle le gifla et s'écria :

_ Jette le ! Je n'en veux pas !

Elle quitta l'appartement en claquant la porte, laissant un Sherlock déconfit et sans voix. Après un long moment de silence, durant lequel Mary et moi échangions des regards embarrassés, il revint s’asseoir dans son fauteuil, l’œil morne et le visage fermé.

_ Sherlock ...tenta Mary.

_ Je ne veux pas en parler. Laissez moi seul.

Nous quittâmes l’appartement à notre tour, non sans lui rappelez qu'il était invité à passer le réveillon avec nous. Je n'obtins pas de réponse.

 

Mes parents sonnèrent à la porte de notre maison Bolsover Street à vingt heures précise. Ma sœur Harriett et sa nouvelle compagne Sandy étaient arrivées de Sacramento en Californie, le matin même. Toute ma famille nous félicita pour l'arrivée prochaine de notre enfant et la soirée s'annonçait on ne peut meilleure.

_ Ton ami n'est pas encore là ? demanda mon père ?

_ Non, il a prévenu qu'il arriverai en retard, répondis-je en mentant effrontément.

Ce que ne manqua pas de me faire remarquer ma femme quand nous nous retrouvâmes un instant seuls dans la cuisine.

_ Il y a fort à parier qu'il ne viendra pas, dit-elle. Avec ce qu'il s'est passé aujourd'hui, il aura plutôt tendance à se refermer sur lui même et à rester seul.

_ Il viendra, lui assurai-je, confiant.

 

J'eus raison de croire en mon ami car, une heure plus tard, alors que nous allions passer à table, quelqu'un sonna à la porte. C'était lui, une bouteille d'un très bon vin français à la main. Je le fis entrer, heureux de le voir et il me présenta ses excuses pour son retard.

_ J'ai du terminer une affaire urgente, dit-il.

Je lançai un regard triomphant à Mary, qui me tira la langue en retour.

Durant tout le repas, Sherlock fut d'une exquise politesse et se montra un convive idéal. Ses manières étaient parfaites, comme toujours quand il voulait bien s'en donner la peine. Mais derrières ses sourires polis, je devinais une grande nostalgie pointée de tristesse. Il était toujours pris de mélancolie quand une grande affaire se terminait mais je soupçonnais plutôt le départ de Kate d'être le responsable de son apitoiement. Il s’arrêtait de sourire et son visage se fermait à chaque fois qu'il pensait que nous regardions ailleurs et sa consommation de vin fut bien plus importante que d'habitude. Cela n'échappa ni à moi, ni à Mary qui le couvait d'un regard désolé.

Quand minuit eut sonné, nous nous souhaitâmes un joyeux Noël et Sherlock exprima le souhait de rentrer chez lui.

_ J'ai fait ce que tu m'as demandé, me dit-il en aparté en enfilant son manteau. Je voudrais passer le reste de la nuit sans dinde de Noël et sans les gloussements de ta mère.

Je soupirais.

_ Prend soin de toi, dis-je.

Il leva les yeux au ciel et s'en alla.

_ Il faudrait que tu lui parles, me dit Mary, quand, plus tard, ma famille fut partie.

_ Il ne m'écouteras pas.

_ Il ne connais pas cette situation, il a besoin de conseil même si il ne l'avouera jamais. Il tenait à cette jeune femme et nous savons tout deux que quand Sherlock se sent mal, il dérape. Tu es son ami, il a besoin de toi.

_ Je ferais ce que je pourrais.

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