L'amour a ses drogues que les dealers ignorent

Chapitre 1 : Le journal d'Alexy

5649 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 21/09/2016 20:28

4 Mars 1990, 09:00 pm

Moi, C'est Alexy Weith. Je vis à New York, j'ai 17 ans, et je suis au lycée. Mon meilleur ami s'appelle Tony. Si je parle toujours de Tony, c'est parce qu'il est plus important que moi-même. Il est mon idole, je l'admire, je l'aime, et je ferais tous les plus grands sacrifices pour lui. J'en ai déjà fait, et je continuerai d'en faire. Je le suis partout. Je l'accompagne à ses matchs de football américains, je le regarde s'entraîner pendant des heures, alors que je déteste ce sport. Je l'ai suivi dans la filière de droit et d'économie, alors que j'aurais voulu prendre art et littérature. J'ai toujours tout fait pour rester avec lui. Car il est mon seul ami, mais il me suffit. Largement. Nous avons un an d'écart, mais je suis née en début d'année, et j'ai travaillé comme un enfoiré pour sauter une classe, et me retrouver au même niveau que lui au lycée. Je ne sais pas s'il a remarqué tout ça, mais je ne fais pas ça pour qu'il me remercie, ou qu'il m'admire. Je fais ça pour continuer d'être avec lui. Tout simplement. Aujourd'hui, nous sommes Samedi, et cela fait une semaine que Tony n'est plus venu en cours. Il ne répond plus à mes appels, et quand je suis allé chez lui, ni sa mère, ni son père, n'a voulu me laisser entrer. Ce qui n'a fait qu'amplifier mon inquiétude. Alors hier soir, dans la nuit de Vendredi à samedi, je me suis introduit chez lui. Oui oui, j'ai fait ça. Moi qui m'étais promis de ne jamais entrer chez quelqu'un par effraction, j'ai dû bousculer tous mes principes. Pour lui.

 08:00 pm

Je suis allé chez Tony à pied, car nous sommes pratiquement voisins. Par chance, Tony a un balcon à sa chambre, qui est au premier étage de son immense maison. Je suis discrètement allé chercher une chaise dans le jardin, et je l'ai ramené pour la mettre en dessous de son balcon. La fenêtre juste en dessous de la sienne, c'est la fenêtre du salon, où ses parents sont assis sur le canapé. Tout en discrétion, je me suis mis debout sur la chaise, et j'ai sauté pour attraper les barreaux du balcon. Il faut dire que je suis plutôt bon en escalade, ce qui m'a beaucoup aidé. Une fois sur le balcon, j'ai collé mon nez à la vitre, pour voir Tony allonger sur son lit, une jambe et un bras dans le plâtre. Que de coup de chance, la fenêtre était ouverte. Je suis entrée dans sa chambre, et je me suis assis sur le rebord de son lit, pour poser mes mains sur son visage.

- Tony... Qu'est-ce qu'il t'a fait ? ...- demandais-je d'une petite voix, avant de poser délicatement mes lèvres sur les siennes. Pour la toute première fois.

Tony ouvrit enfin les yeux, plus que surpris de me voir ici.

- Alexy ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Je m'inquiétais pour toi Tony...

- Tu dois partir Alex...

- J'en ai bavé pour monter ici, alors maintenant, je reste !

- Il va te faire du mal à toi aussi... Vas-t-en...

J'ai posé mon front contre le sien, en le gardant bien contre moi. Le voir comme ça m'a brisé le cœur. Je n'ai pas l'habitude de le voir si faible, et si vulnérable. J'ai caressé délicatement ses joues, tandis que je sentais ses bras entourer mon dos. Les larmes dévalèrent mon visage, mes lèvres se posant une nouvelle fois sur les siennes. J'ai relevé brusquement la tête en entendant une voix grave et des pas gravir les escaliers.

- Va-t’en Alex, Vite !

- Mais Tony, je ne peux pas te laisser ici tout seul, il va encore te faire du mal !

- Vas t'en je te dis, Vite !! Bouge-toi !

Ne sachant plus quoi faire, je me suis levé, et j'ai déposé un rapide baisé sur ses lèvres, avant de sortir de la pièce par le balcon. J'ai sauté dans l'herbe, avant de me diriger vers la route. Je me suis retourné une dernière fois, pour voir l'ombre du monstrueux père de Tony, en train de le battre. Une fois de plus. Et je m'en suis voulus... Tellement...

5 Mars, 08:00 am

Aujourd'hui, je suis assez inquiet. Depuis que je suis allé chez Tony hier soir, je ne peux pas m'empêcher de penser à toute la souffrance que son père à encore dû lui faire endurer. Et encore une fois, je n'ai rien pu faire. Tony doit tellement m'en vouloir. En même temps, je ne vois pas trop ce que je pouvais contre ce monstre qu'est son père. Il m'aurait tordu le cou en une fraction de seconde. En plus, quand il n'y a pas Tony, tout le monde en profite pour me malmener au lycée. (Je sais que c'est un peu égoïste comme réaction, mais c'est vrai !) C'est lui qui me protège contre les moqueries et les mauvais coups. Tout le monde craint Tony. Non seulement parce que sa famille est puissante, mais aussi parce que sa carrure est impressionnante pour son âge. Personne n'ose venir se frotter à lui. Donc à moi non plus. Croyez- moi, la dernière personne qui a essayé de porter atteinte à ma vie et à ma dignité s'en souvient encore.

12:30 pm

C'est bien ce que je pensais, cette brute épaisse de Stevy m'a encore piqué mon dessert à la cantine. Il n'y a rien à faire, s'il n'y a pas Tony, pas moyen de me faire respecter, ou de me faire traiter correctement. Même les filles me marchent dessus ! Il faut toujours qu'il me protège, et c'est vrai que parfois ça me gêne un peu. J'ai juste l'impression d'être un boulet pour lui. À la fin du déjeuner, étant encore tout seul, je suis sorti du réfectoire, puis je suis allé m'asseoir dans les gradins du stade de Football Américain. Normalement, Tony s'entraine à cette heure-là. Je regarde tous les joueurs sur le terrain, en cherchant désespérément mon joueur préféré des yeux, alors que je sais bien qu'il n'est pas là. Si Tony était un champignon qui poussait comme ça au milieu d'un stade, ça se saurait. D'autant plus qu'il a une jambe et un bras dans le plâtre. La sonnerie de mon portable me sortit de mes pensées. Bénis soyez-vous Jésus, un appel entrant de Tony. Je m'empresse de décrocher, mais j'ai quand même un mauvais pressentiment, et en général, mon instant ne me trompe jamais.

- Allo ! Tony ? Est-ce que ça va ?

- Écoute-moi bien petit con, si tu essayes encore une seule fois de t'introduire chez moi par la fenêtre de la chambre à Tony, je t'arrache la tête. J'espère m'être bien fait comprendre !

Une fois n'est pas coutume, j'avais raison. Ce n'était pas Tony. C'était son père. En revanche, il m'a bien appelé avec le téléphone de Tony. Rien que le fait de savoir que cet enfoiré est en présence de la personne la plus précieuse à mes yeux, ça m'bouffe de l'intérieur. Je ne peux pas laisser passer ça, je n'ai pas le droit ! Menacer quelqu'un de mort par téléphone, même dans un pays libre, c'est interdit. Et s'il existe bien une chose que je ne supporte pas, c'est les gens comme lui qui se croient tout permis sous prétexte qu'ils ont du fric et des poings ! Je suis sorti des gradins pour me diriger dans la rue où j'habite, car c'est aussi celle où habite Tony. Ok, j'avais encore cours cet après-midi. Ok, je vais me faire tuer, mais c'est pour la bonne cause.

13:00 pm

Arriver devant chez Tony, ma colère et ma folie retombe. Je ne sais plus vraiment quoi faire. D'un côté, j'ai très envie d'arracher la tête à son con de père, mais d'un autre côté, je n'ai pas envie qu'il m'arrache la mienne. Oh et puis je m'en fou, s'il me touche, mon père viendra lui casser la gueule. Il n'y a pas que monsieur West qui sait frapper ! Je toque à la porte avec vivacité, étant prêt à faire face, mais c'est Tony qui vient m'ouvrir, pour mon plus grand bonheur. Je lui saute au cou en faisant attention de ne pas lui faire mal. Il a vraiment une sale mine.

- Tony… Je pensais tomber sur le monstre… Tu es tout seul ?

- Qu'est-ce que tu fou là Alex ? T'es devenu suicidaire en plus d'être con ?

- Ni l'un ni l'autre, j'ai toute ma tête. Bon, tu es seul oui ou non ?!

- Ouais, mais j'te ferais pas entrer. S'il te trouve ici, tu vas passer un sale quart d'heure, et je veux rien qu'il t'arrive. Alors maintenant sois mignon, fait moi plaisir et rentre chez toi.

- C'est pour passer un sale quart d'heure que je suis là justement ! Je te signale que ce malade m'a appelé avec TON téléphone, pour me menacer de me décoller la tête des épaules si je faisais une nouvelle tentative d'approche du périmètre de ta chambre. Je n'ai pas l'intention de me laisser faire.

*Court Silence*

- Ouais, c'est bien ce que je disais. Tu es devenue suicidaire EN PLUS d'être con. Ou l'inverse, j'hésite.

Après cette petite discussion, Tony m'a fermé la porte au nez, sans autre forme de procès. Je n’en reviens pas. Il ne m'avait jamais fait ça. Jamais. C'est la première fois qu'il est aussi violent et aussi agressif avec moi. Anthony West, tu ne payes rien pour attendre...

10 Mars, 10:00 am

Aujourd'hui, cinq jours ont passé depuis mon petit accrochage avec Tony. Et depuis, on ne s'est pas recontacté. Tant pis pour lui, il n'avait qu'à mieux me parler. Je ne cache pas que ça a vraiment été dur de ne pas lui adresser la parole pendant cinq jours. Cinq longs jours. J'avais eu l'idée d'aller le voir, et de parler avec lui. Mais je crois que ça attendra qu'il se soit un peu calmé. D'autant plus que nous sommes les deux finalistes du grand concours de science de l'école qui aura lieu dans trois jours. Mais cette fois-ci, je ne compte pas laisser Monsieur gagner comme à chaque fois. Cette fois-ci, je vais le terrasser, il ne va rien comprendre ! Car si moi je suis nul en Electro-physique, lui, il est nul en chimie et en biologie. Comme c'est dommage que le concours ne porte que sur les matières où c'est moi le boss... Ça lui apprendra !

07:00 pm

Ce soir alors que je rentre chez moi, j'ai découvert qu'il y avait une invitation à une fête dans ma boîte aux lettres. C'est Christina, la fille la plus superficielle que ce monde n'est jamais portée qui l'organise, et je me demande bien ce qui lui est tombé sur la tronche pour qu'elle m'invite. C'est simple, je la déteste, elle me déteste, alors pourquoi ? Je suis curieux de savoir si Tony va y aller. Je sais qu'il est invité, parce que si moi je le suis, alors lui aussi. Surtout que je me doute bien que cette peste veut mettre Tony dans son lit depuis que ses gros yeux entourés de noir charbon et recouverts de mascara pâteux se sont posé sur lui. En ce qui concerne ce mec, je sais que le lycée tout entier est ma rivale. Qui ne l'aimerait pas ? Ce type est à la jonction parfaite entre le bon et le mauvais, c'est à dire, à la perfection. Il est doux, mais autoritaire, sage, mais rebelle, intelligent mais déconneur... il a vraiment tout pour lui. Ses seuls défauts : il est impulsif, et terriblement lunatique ! Heureusement qu'il n'a pas de petit frère ou de petite sœur, parce que je crois qu'il ne lui aurait pas laissé grand-chose... Bref je m'égare. De toute façon j'ai décidé de ne plus lui parler à cette perfection, yen a marre de toujours ramper à ses pieds, à son tour de me supplier un peu. La fête est annoncée pour demain soir, et même si je préférerais réviser le concours de science, j'ai décidé d'y aller juste par curiosité, juste pour voir si monsieur serait présent, ce qui, je ne le cache pas, me décevrais, et m'étonnerais beaucoup venant de ça part, lui qui n'aime pas ces fiestas de gonzesse superficielle. Si Tony ne vient pas, je repartirais aussi tôt. Je le jure.

11 Mars, 08:00 pm

Voilà enfin le "grand" soir. Ce que tout le monde appel "La fête de l'année". Moi j'aurais plutôt eu tendance à appeler ça le rassemblement des PCGF. Pour ceux qui ne connaissent pas : Petit Cerveau Grosses Fesses. C'est un sigle que j'ai inventé avec Tony pour qualifier 90% des filles de mon lycée. La maison de cette Christina est tout simplement immense, sur trois étages. Le plus gros de la fête se passe au rez-de-chaussée, et puis ce qui se passe dans les chambres... à vrai dire je ne veux même pas savoir. Voilà à peine 10 minutes que je suis arrivé, et je n'ai toujours pas vu Tony. Je commence de plus en plus à croire qu'il n'est pas venu, ce qui ne m’étonnera pas parce que de toute façon, Il a une jambe dans le plâtre. Ne le trouvant toujours pas au bout d'un quart d'heure, j'allais enfin pouvoir rentrer chez moi, quand mes yeux se posèrent avec horreur sur ce canapé noir en cuir de buffle, et bien sûr, Tony était assis dessus, entouré de nanas écervelé. Nan mais je rêve. Ses bras sont étalés des deux côtés du canapé, caressant les épaules de deux des filles. Monsieur a l'air aux anges, il sourit comme un bien heureux au milieu de toutes ces filles. Je me suis approché de lui, mettant mon visage en face du sien.

- Tient donc, tu es là toi ? je peux savoir où est passé ton plâtre gros malin ?

- Oui, et toi aussi à ce que je vois ! M'en fou du plâtre, j'ai pas mal !

- Oui j'ai été invité tu vois. C'est bizarre je sais, mais bon. Tu n'as pas mal ? Et si je te mets un coup de pied dans le tibia, tu diras la même chose ?

- T’amuse même pas mon grand. Détends-toi un peu, viens t'asseoir avec nous, t'es tendu comme le string de toutes ces demoiselles ici présentes !

Exaspéré, je me suis assis entre lui et une autre fille, qui n'avait pas l'air d'apprécier que je l'éloigne de Tony. Nous sommes resté quelques heures assis sur ce canapé, j'ai regardé Tony s'enfiler des verres d'alcool toute la soirée, mais je n'osais rien dire pour l'en empêcher, car je savais que j'allais me faire jeter. Ce n'est que vers 01: 30 du matin que j'ai réussi à faire sortir mon meilleur ami de ce temple des excès de substances licites et illicites. Je l'ai pris par le bras, cet imbécile ne tenait même plus debout tant il avait bu.

- Alex... tu sais que j't'aime toi hein...

- Tony s'il te plaît arrête de dire des bêtises, tu as trop bu mieux vaut que tu ne parles pas !

- J'ai bu qu'deux verres Alex, t'es un menteur !...

- Si je comptabilise tes 3 verres de Jet 27, tes deux verres de Vodkas, tes 3 coupes de champagne, ainsi que tous les petits shooter que tu t'es enfilé, tu as du boire plus d'1, 5 litres d'alcool à toi tout seul. Sans parler que tu as fait beaucoup de mélange, que tu es fatigué et que tu n'as pas mangé !

- Pfffff mais tu sais, j'ai un réservoir de 45 litres ! Dit-il en riant

- Je pense que si tu bois 45 litres d'alcool, tu ES de l'alcool, il ne te manquera plus que le bouchon sur la tête idiot ! Et puis scientifiquement c'est impossible, si c'est pour faire honte à la science que tu parles, alors ne parle pas, tu es plein comme une barrique. Oh et j'y pense, je vais te ramener chez moi, si ton père te voit rentrer dans cet état, je ne suis pas sûr que tu sois encore en un seul morceau demain matin !

J'ai ramené cet imbécile heureux chez moi car mes parents se sont absentés pour la semaine. Je l'ai monté jusqu'à ma chambre, Et seigneur qu'est-ce qu'il est lourd ! Une fois arrivé dans la pièce, je l'ai allongé sur mon lit, le recouvrant d'une couverture. Je me suis tourné pour aller dans la cuisine lui chercher quelque chose à manger, lorsque j'ai senti une main m'agripper avec une telle force que je n'ai pas eue d'autres choix que de m'asseoir sur le lit.

- Qu’est-ce que tu veux ? Lui ai-je demandé en lui caressant la joue. Il avait beau être ivre, il n'en restait pas moins magnifique avec son visage enfantin souriant bêtement.

- Je te veux toi...

Il m'a attrapé le bras pour que je tombe sur lui, nos deux visages se retrouvant alors à quelques centimètres l'un de l'autre. Il a passé sa main derrière ma tête, puis il a appuyé dessus afin que nos lèvres se touchent. Je crois bien que ce soir-là, il m'a roulé la plus grosse pelle de l'histoire des États-Unis d'Amérique ! Je n'ai pas pu me défaire de son étreinte avant qu'il ne me lâche de lui-même, car Tony, plus il a bu, plus il a de force. Je me suis relevé vivement, plongeant mon regard dans le sien.

- Je peux savoir ce qui te prend ?-

Il n'a même pas pris la peine de me répondre, et il m'a tiré contre lui, me plaquant au lit. En deux temps trois mouvements, il m'avait fait prisonnier de son étreinte. Mes joues sont devenues toutes rouge, j'avais chaud, très chaud ! Mes yeux ne voulaient plus quitter les siens. Je commençais vraiment à me poser des questions sur ses attentions, lorsque je le sentis s'écrouler sur moi de toute sa masse. Il s'est endormi. Sur moi. Tony fait 70 kilos. Et mine de rien, 70 kilos, c'est lourd. J'ai dû forcer comme un malade pour me dégager de ma prison de muscles, et j'y suis finalement arrivé. Je l'ai regardé dormir pendant une bonne partie de la nuit, puis j'ai fini par m'endormir à mon tour.

12 Mars, 09:00 Am

Ce matin, Je me suis réveillé sereinement, reposé, tranquille. Je me suis levé de mon lit et me suis étirés devant ma fenêtre, puis je me suis rendu compte que j'étais encore tout habillé...

- Tony ! M’écriai-je en me rappelant de tout ce qui s'était passé la veille.

Lorsque je me suis tourné vers mon lit, il n'était plus là, et je ne l'ai même pas entendu partir. Je suis descendu en hâte dans le salon pour voir s'il n'y était pas, et il n'y était pas. J'ai empoigné mon téléphone resté dans ma poche pour essayer de le joindre, mais je n'y suis pas parvenue. Quand même, partir comme ça, comme un voleur ! Ça ne se fait pas ! Je ne sais pas trop ce qui se passe dans sa tête ces derniers temps, mais ce n'est pas clair... Tant pis pour Tony aujourd'hui, je dois absolument réviser mon concours de science, et puis de toute façon, je vois mal ce qui aurait pu lui arriver, je n'ai aucune raison de m’inquiéter, Il a certainement dû rentrer chez lui, et il n'a pas eu beaucoup de chemin à faire, il vit à deux pâtés de maisons. De toute façon, je vais très vite le revoir.

13 Mars, 14:00 pm

Nous y voilà. Le grand concours de science annuel va commencer dans moins de 10 minutes, et toujours pas de Tony. S'il ne vient, je serais désigné vainqueur d'office. Et ce qui m'effraie, c'est qu'il sait que je tiens à ce trophée, et le connaissant, il serait capable de ne pas venir, ou de déclarer forfait pour que je gagne. Mais je ne l'aurais pas mérité, ma victoire aurait était vaine, et ça n'aurait servi à rien. C'est pour ça que je tenais absolument à ce qu'il se pointe, et vite. Assis sur un banc dans le vestiaire, vêtue de ma blouse blanche et armé de mon stylo porte-bonheur, je relis une dernière fois mon cours, en essayant d'oublier le fait que Tony ne viendras peut-être pas. Alors que je suis concentré sur mes notes, j'entends la porte du vestiaire s'ouvrir. Tony est là, dans l'encadrement de la porte. Il a une attèle au bras, et il est couvert de blessures. Je me suis levé pour le prendre dans mes bras, mais il a fait quelque chose d'horrible, à la quel je ne m'attendais pas du tout. Il est passé à côté de moi, sans un mot, sans un regard, comme si il ne m'avait pas vu. Il m'a ignoré de la même façon que font tous les autres pour me faire souffrir, car ils savent que je n'aime pas ça. Je me suis sentit ignoré, rejeté, repoussé, abandonné, délaissé… C'est fou comme une simple réaction de sa part pouvait me faire autant de mal. Je n'ai pas pu retenir mes larmes, puis je suis sorti en courant du vestiaire pour aller m'asseoir devant la salle où le concours allait avoir lieu.

J'ai pleuré pendant plusieurs minutes sans pouvoir m'arrêter. Mon cœur me faisait atrocement souffrir, j'avais vraiment l'impression que l'on m'avait poignardé, roué de coup de pied dans la poitrine. En entendant des pas s'approcher de moi, j'ai ravalé mes pleurs et je me suis levé, essuyant mes joues pour paraitre fière, alors que j'étais brisé. Il s'est approché de moi, et là encore il a fait quelque chose à laquelle je ne m'attendais pas. Du moins je ne m'y attendais plus. Il a posé sa main sur ma joue, et il a délicatement essuyé mes larmes en passant son pouce sous mon œil, puis il a planté son regard dans le mien, toujours avec une expression du visage des plus neutres. Décidément, je ne comprendrais jamais ce mec.

- Bonne Chance, et que le meilleur gagne.

Dit-il d'une voie enroué. Il a pleuré lui aussi. Je le sais, je le sens dans sa voix. Sa main tremble sur ma joue, et ça m'étonnerais qu'il est peur pour un concours dont il se fou au plus haut point. S'il participe, c'est pour me faire plaisir, je le sais. Il est torturé ce type. Par son père certes, mais aussi par lui-même. Il se fait du mal tout seul en me repoussant alors que je suis la seul personne en mesure de l'aider. Nous entrons tous les deux dans la salle, sous les applaudissements du jury et des spectateurs. Ici, ce ne sont pas nos parents, ni nos camarades qui nous observent, mais bien des chercheurs, des scientifiques, des chimistes, et toutes sortes d’autres grands manitous de la science. La pression commence à monter lorsque je me place devant mon bureau, et prend mon sujet en main. À ce moment-là, ce n'est pas pour moi que j'ai peur, mais plus pour mon adversaire, car lui, il n'est pas venu en cours quand nous avons fait le chapitre sur ce dont porte le sujet. Et c'est difficile de souffler des réponses devant 200 personnes qui ne regardent que vous. Mais j'ai eu une idée. Une idée de génie. Nous n'avons qu'une seule poubelle, et elle se trouvait sous mon bureau. J'ai griffonné quelques réponses sur un papier que j'ai jeté dans la poubelle de sorte à ce que Tony puisse lire, puis je l'ai placé bien en évidence entre nos deux bureaux. J'espérais seulement qu'il allait comprendre pourquoi j'avais fait ça.

Dieu merci, il a compris, et il a jeté son regard perdu sur la poubelle. L'heure tourne, la sonnerie retentit et le concours s'achève. Deux hommes nous enlèvent nos copies quelques secondes après la sonnerie, puis tout le monde se met à nous applaudir. Une fois que toutes les personnes présentent dans la salle avait débarrassé le plancher, j'ai courus vers Tony qui était en train de partir. Je l'ai rattrapé par derrière, j'ai collé mon torse contre son dos, puis j'ai enroulé mes bras tout autour de lui pour le serrer fort contre moi.

- Arrête. Arrête de me faire souffrir comme ça Tony. Pourquoi tu m'évite, pourquoi tu ma snobé tout à l'heure dans le vestiaire ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Si j'ai fait quelque chose de mal je m'en excuse, je vais me rattraper, mais je t'en supplie, ne m'abandonne pas…

- Je vais partir Alexy.

- Quoi ?! Mais comment ?! Où ça ?! Pourquoi faire ?!

Je me suis décollé de lui immédiatement pour venir me placer face à lui. J'ai posé mes mains sur ses épaules, et j'ai planté mon regard bleu fermement dans le sien.

- Parle Anthony ! Dit moi ! Pourquoi tu...

- LA FERME !

- Quoi ?! Nan mais comment ça la ferme ?! Comment tu me parles ?!

- Je m'en vais et puis c'est tout. Je vais intégrer une école de droit pour devenir avocat. Mon père m’a bien fait comprendre que je n'avais pas le choix de toute façon. Alors il serait plus simple pour nous deux si tu acceptais sans faire d'histoire !

- ...

- Tu ne dis rien ?

- Plus simple ? Tu te fou de la gueule de qui la ? Tu penses que ça sera simple pour moi d'accepter que la personne que j'aime parte sans faire d'histoire ? Est-ce que tu as pensé à moi ? Est-ce que tu te mets à ma place 30 secondes des fois ? Ça t'arrive de te préoccuper de ce que je ressens ou t'en a complètement rien à foutre ?!

Sans même que je comprenne pourquoi, il me tira une violente claque qui me fit autant mal à la joue qu'au cœur. J'ai tourné ma tête en face de la sienne, une larme roulant encore sur le long de ma joue. Il n'avait jamais levé la main sur moi avant, et pourtant je lui en ai dit des pires. J'allais bientôt comprendre la raison d'une telle violence.

- Et toi est ce que tu penses à moi ? Est-ce que tu te mets à ma place ? Je me fais rouer de coup par mon salopard de père tous-les-jours que Dieu fait. Pourquoi ? Parce que jusqu'ici je ne voulais pas entrer dans sa putain d'école d'avocat, j'ai résisté, je me suis battus, mais là je suis à bout, je laisse tombé, je baisse les armes. J'ai plus la force de me battre et d'encaisser encore ne serait-ce qu'une seule gifle. Et j'aimerais beaucoup que tu puisses comprendre ça. Ça m’aidera à avancer.

Après avoir prononcé cette phrase, il a avancé jusqu'à la porte, où il s'est arrêté plusieurs secondes sans pour autant se retourner.

- Adieu Alexy. Sache que je ne t'oublierais jamais.

Puis il est partit. Me laissant seul ici avec ma tristesse. Une fois seul, je me suis écroulé. J'étais totalement en larmes, allongé au sol. J'étais abattu comme n'importe qui l'aurait était en perdant ce que je venais de perde : Tout.

Je suis rentré chez moi, et le lendemain matin en revenant au lycée, j'ai appris officiellement par un professeur qu'il était partit pour toujours. J'ai essayé de le contacter plusieurs fois, mais il a changé de numéro de téléphone. Depuis ce jour, je n'entendis plus jamais parlé d'Anthony West

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