We are the dusty men

Chapitre 2 : I got my own style

Chapitre final

3722 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 20/06/2020 12:38

Kirk avait empoigné fermement le bras de « Earp » et l'avait traînée dehors. Comme elle en rajoutait un peu en titubant, le prestige et l'autorité du marshal en furent augmentés. Il alla prendre au passage une corde enroulée dans les fontes de son cheval et la poussa vers le gros arbre au milieu de la rue.

Christine ! souffla-t-il en outrepassant le protocole formel du bord. J'ai failli ne pas vous reconnaître. Je croyais que c'était Uhura qui devait descendre.

— Quelle Christine ? Je suis Wynonna Earp [1]... Vous n'avez pas l'intention de me ligoter, si ?

Elle n'eut qu'une minute pour confirmer que McCoy était bien arrivé et que son accoutrement valait le coup d'œil. Ils furent rejoints par Sulu qui leur agita sous leur nez une affiche, remarquablement dessinée au crayon. L'on y réclamait la tête de Spock (vivant) contre cinq mille dollars.

— Eagle Eye Sarky ? [2] siffla Jim avec admiration. Qui donc le déteste autant ?... Non laissez, je crois que j'ai deviné...

Comme prévu, Sulu se lança dans un numéro tapageur, terminé par un crochet du droit pour assommer « Wynonna ». Celle-ci esquiva d'un pas de côté, le poing atterrit sur la mâchoire de Jim qui rendit aimablement la pareille. Sulu se frotta la joue avec une œillade assassine pas forcément factice, car Jim était assez bon lutteur. A ce stade, il eut enfin l'occasion de dégainer son arme, et les deux chasseurs de primes s'immobilisèrent les doigts survolant nerveusement leur cuisse droite...

Or parmi les curieux rassemblés, un homme à cheval les considérait avec la plus grande attention. Alors que la tension semblait à son comble, il tira un coup de feu en l'air, ce qui doucha les ardeurs.

— Messieurs et... madame, dit-il en touchant son chapeau avec un bref rictus débauché. Personne n'est autorisé à régler ses comptes dans mon corral, ok ?

Il passa une jambe par-dessus le pommeau de sa selle pour glisser souplement au sol. Carabine à l'épaule et portant toujours ses jambières de cuir, le shérif Derringer rentré du convoi qui rapatriait la diligence accidentée, les considérait avec un sourire de façade.

— Vous trois, dans mon bureau immédiatement. Les autres, s'adressa-t-il à la foule, dispersez-vous, la fête est finie !

Kirk glissa à ses comparses un petit regard de renard rusé. Pile le gars qu'ils avaient besoin de voir. Si tu ne peux pas aller à Derringer, Derringer viendra à toi.

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I got my own style, you got your own style

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Une fois le shérif à son bureau, il tomba sur son frère surveillant un médecin qui donnait les premiers soins au démon indien dans sa cellule. Le praticien marmonnait dans sa barbe. Le cadet Derringer fut hélé aussitôt sur le pas de la porte, pendant que les « prévenus » étaient incités du geste à gagner l'autre pièce.

— Samuel, va chez le télégraphiste, dit-il à voix basse. J'ai besoin de savoir qui est ce marshal Van Cleef. Je le sens pas.

Ses ordres donnés, le shérif retourna voir ses trois larrons. Il s'installa derrière son bureau, ajusta son lacet de cravate et se renversa sur le dossier de sa chaise.

— Je vous écoute.

Et durant tout le temps où les autres vitupérèrent tous ensemble, il ne crut pas un mot de ce qu'ils racontaient. Il les laissa faire tranquillement pour les observer. Tout ce dont il avait besoin, c'était de l'information que son frère allait lui ramener d'ici une demi-heure.

Ils furent interrompus par deux coups à la porte. McCoy en chapeau melon, lunettes cerclées, barbiche et petite sacoche de cuir fatigué à la main, apparut dans l'encadrement avec l'air stupéfait. Peut-être l'était-il vraiment – surtout en voyant son infirmière dans cette tenue.

— Excusez-moi de vous interrompre. Le patient est mal en point. Il a une forte fièvre, le poison gagne son organisme et il faudrait retirer la balle. J'aimerais disposer d'une pièce claire, d'eau bouillie, de linges propres et de pinces pour…

Le shérif le coupa en levant la main. Il fit claquer sa langue avec une exaspération navrée et secoua la tête.

— Vous vous prétendez docteur et vous n'avez aucune remarque à faire sur le sang de cet individu ou ses oreilles ?

— Écoutez shérif, je pourrais argumenter sur la nécrose due au poison ou les scarifications en vogue dans sa tribu mais je suppose que ça ne vous intéresse pas. D'après ce qu'il m'a dit, vous étiez prêt à le pendre et il n'a dû sa survie temporaire qu'à un couteau bien lancé par un Indien sur un toit.

— Mais au contraire, vos réponses m'intéressent car je suis du genre curieux. Mais voyez-vous, mes concitoyens n'aiment pas beaucoup les étrangers qui viennent fourrer leur nez dans leurs affaires…

— Mais c'est parfait ! rebondit Kirk avec un geste ouvert des mains. Je suis tout prêt à partir immédiatement avec lui. Ces deux-là n'ont aucune prétention à avoir face à un marshal fédéral... Eagle Eye a renié les accords territoriaux signés par son prédécesseur, le gouverneur tient à l'interroger car il a rallié d'autres tribus…

— En effet, c'est très sérieux, fit la voix un peu grave de l'infirmière en chef.

Décidément très impliquée dans cette mission, Miss Chapel s'était débarrassée de son insultant poncho, et venait de s'asseoir sur le bureau, tournée de façon à laisser apprécier à chacun, et la finesse de sa taille, et sa poitrine visible par le col ouvert de sa chemise. Elle s'autorisa une œillade sensuelle et un sourire suggestif adressés au shérif. McCoy toussa, rouge de confusion, mais le reste des présents n'avait guère envie de se plaindre. Il aurait fallu contre-argumenter, mais comment faire face à la déloyauté de telles armes à bout portant ?

— Je pense que c'est au shérif, et rien qu'à lui, de décider à qui il veut remettre le prisonnier… déclara-t-elle d'un ton charmeur.

Un nouveau coup frappé à la porte les fit sursauter et l'Adjoint passa une tête par l'entrebâillement. Derringer les informa qu'il revenait, les laissant tous quatre dans son bureau.

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— Nous n'avons pas beaucoup de temps, pressa Kirk. Bones, vous avez ce qu'il faut ?

Le docteur opina et sortit la fiole qu'il agita pour répartir le liquide jaune qui serait moins suspicieux une fois mélangé.

— La bouteille de whisky est là, pointa Sulu vers une commode sommaire où trônaient aussi un plateau d'argent terni et deux verres presque opaques.

McCoy y versa la moitié du contenu puis jeta la fiole dans sa sacoche. Après un signe de tête, il sortit prestement.

L'oreille collée à la porte, les infiltrés l'écoutèrent saluer en expliquant qu'il avait des visites à faire avant de repartir par le prochain train. Ils entendirent aussi le shérif prononcer plus bas : « Laisse-le, on va plutôt s'occuper des autres ».

— Vite, réagit le capitaine, sortez par la fenêtre et ne vous faites pas prendre ! Appelez Scotty pour vous sortir de là. Je fais diversion !

Le premier, Sulu sauta souplement par la fenêtre à guillotine avant d'aider galamment Miss Chapel. Dès qu'ils disparurent dans une contre-allée, le timonier sortit son communicateur pour demander à l'Enterprise de les remonter à bord. Les voyant tirés d'affaire, Kirk dégaina et tira deux coups au hasard, vérifiant au passage qu'il n'était pas très bon avec cette arme. Il cria pour être entendu :

— Revenez, vermines ! Vous ne payez rien pour attendre !

Il rouvrit la porte du bureau, mais derrière, le comité d'accueil était un peu froid : deux fusils à canon scié visaient directement son splendide gilet damassé. Par réflexe, le capitaine leva les mains.

— Alors ils sont plus futés que vous, « marshal ». Figurez-vous qu'il n'y a aucun Van Cleef, dans tout le comté, ni dans ceux d'à côté. Vous n'êtes qu'un imposteur !

— Et si je venais de plus loin ? Vous y avez pensé au moins ? rétorqua Kirk avec toute la hauteur condescendante et impatientée dont il était capable.

— C'est la première chose vraie que vous ayez dite depuis le début. Vous venez très certainement de beaucoup plus loin. Mais c'était votre première erreur : vous auriez dû y rester. Allez, pas d'histoires, rentrez dans cette cellule avec l'Indien. La corde ne coûte pas cher. Au lieu d'en pendre un seul, nous en pendrons deux, voilà tout.

Kirk lança un coup d'œil à un Spock gisant, qui l'aurait bien sermonné s'il avait pu le faire sans public. Son second n'avait pas l'air bien du tout : le teint rosâtre, il transpirait à grosses gouttes et chose extraordinaire, ses cheveux toujours impeccables pointaient n'importe comment. Le capitaine comprit qu'on avait dû les empoigner pour le traîner par là. La colère monta en lui et il s'obligea à la tenir sous le boisseau.

— Non, on ne va pas faire ça, rétorqua-t-il avec aplomb. Je n'ai pas beaucoup de temps et il me le faut vivant. Donc je vous propose de sortir régler ça dehors tout de suite. Un coup de feu chacun. Si vous êtes touché, on part. Si c'est moi, pas de chance... Mais je vous garantis que j'ai des collègues qui vont chercher à savoir ce qui s'est passé, et que les canons fédéraux sont d'un autre calibre. C'est d'accord ?

Sans mot dire, Derringer & Derringer se consultèrent du regard. Évidemment, cela ne leur plaisait pas. D'ordinaire, la tranquille assurance et la provocation étaient plutôt de leur côté. Comme il tenait à avoir le dernier mot sans perdre la face, l'aîné répondit :

— Dans une heure. J'ai à faire avant. Je troue la peau des gens après le déjeuner.

Kirk avait bien compté là-dessus. Il fallait lui laisser tout le temps de se désaltérer…

— Je serai au saloon, l'informa-t-il en rajustant son chapeau avec un petit sourire supérieur.

Le shérif le regarda partir à la fois pensif et maussade. D'abord parce que ce faux marshal était séduisant et que cela pouvait lui gagner la faveur des gens. Ensuite, plus particulièrement parce que la sublime chasseuse de primes s'était envolée. Il doutait d'elle aussi, car un détail clochait. Malgré ses vêtements sales et son visage un peu noirci, elle sentait bon. De plus, sa chevelure et ses dents étaient magnifiques. Tous d'ailleurs avaient une dentition parfaite d'une blancheur surnaturelle – même le démon ! – et ce n'était pas normal…

— Tu crois qu'il va vouloir quitter la ville ? questionna le cadet.

— Certainement pas. Mais va le surveiller quand même.

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Dusty Town, quatre-vingt-douze minutes plus tard

(et on ignore les secondes parce que Spock est toujours dans les vapes)

Cette fois, l'air était suffocant en milieu d'après-midi et à peine moins chaud que chez le forgeron. Harnachements, cantines, outils… toute pièce de métal s'avérait brûlante et la réverbération causait une douleur aigüe aux pupilles non averties.

Flanqué de son frère en garde du corps, le shérif en costume propre alla se planter devant les portes du saloon et, bien campé sur ses deux pieds, il appela ce Van Cleef. A part la sueur, beaucoup de confiance exsudait de sa personne. Il savait que les habitants ne piperaient pas s'il s'opposait à un marshal. Comme partout ailleurs, la justice locale n'aimait pas les fédéraux qui débarquaient en croyant qu'ils allaient pouvoir reprendre l'affaire et les renvoyer à leurs chicanes de bornage de fermes et aux vols de bétail… Par ailleurs, il s'était bien assuré qu'on sache que c'était lui qui avait été provoqué, et pas l'inverse.

La foule n'avait pas besoin de savoir non plus que l'homme à la tête des imposteurs, n'était pas celui qu'il prétendait être.

— Marshal ! brailla-t-il pour qu'on l'entende jusqu'à l'autre bout de la ville (et probablement même sur l'Enterprise car Kirk avait laissé son communicateur ouvert). Ne m'obligez pas à venir vous chercher. Voulez-vous qu'on dise partout que Lee Van Cleef est le gros trouillard qui les plus petites couilles de l'Ouest ?

Quelques rires gras résonnèrent tout autour de lui mais pas bien longtemps car on lui répondit dans son dos :

— Oh, j'aimerais bien voir ça !

La silhouette noire de Kirk était adossée d'une épaule contre le pilier qui soutenait une galerie devant les échoppes. Il avait une main à la ceinture et l'autre posée sur son holster.

Le geste agaça le shérif parce qu'il semblait avoir ainsi plus d'autorité naturelle que lui. Et ça n'était pas arrivé souvent dans sa vie. Hommes, wendigos, chupacabras, coyotes-garous… tous savaient qu'il ne fallait pas se frotter à lui. Pour les jolies femmes cependant, il voulait bien faire une exception.

Et comme s'il l'avait deviné, l'inconnu se fraya un chemin dans la foule peu dense distribuant des sourires, touchant son chapeau poliment en lançant des « Madame, excusez-moi ». Cet emmerdeur savait ce qu'il faisait. Il s'y connaissait en charisme et en manipulation des foules. Son cadet l'avait bien compris aussi car il intervint :

— Messieurs dames, reculez s'il vous plaît, nous ne voulons pas de blessés.

Le shérif s'avança et sentit son pas moins assuré qu'à l'ordinaire. Il avait buté sur un caillou... Le soleil tapait toujours autant et il sortit sa fiasque d'alcool pour en reprendre une gorgée.

— Soleil à gauche, j'imagine ? questionna le capitaine avec un sourire entendu. Puisque vous êtes l'offensé ?

Kirk avait vu des films où l'on voyait un cowboy viser en ne se servant que d'un œil. Puisque le shérif était droitier, il était facile de déduire comment il voulait se placer pour ne pas être gêné. C'était un petit avantage, moins éhonté que d'obliger son duelliste à faire face au soleil…

Pendant qu'ils prenaient place, le capitaine évaluait l'opportunité de retirer sa veste trop chaude, mais doublée d'un tissu pare-balle, comme son gilet. Il avait fallu prendre une heure de plus pour préparer ces vêtements et lui épargner le risque de finir avec un trou dans le cœur ou dans l'estomac. Il décida qu'il paraîtrait plus normal qu'il retire sa veste et roule ses manches au coude.

L'air de rien, il tendit le vêtement à McCoy qui fit mine d'en être embarrassé. C'était sans doute le cas. Le docteur ne devait pas donner cher de la vie de son capitaine, si jamais il devait être opéré sur place… Puis il revint à la marque qui était la sienne. Quinze pas les séparaient, il aurait préféré davantage. Face à lui, il vit que le shérif avait retiré aussi son veston, roulant des épaules dans une chemise à carreaux bleus. Il adopta la posture classique, lui assurant une bonne stabilité, les bras légèrement écartés du corps tandis que sa main droite planait sinistrement juste au-dessus de la crosse de son arme.

Derringer se força à s'énerver, notamment de la position de l'arme du marshal. Elle était clairement disposée ainsi pour lui permettre de dégainer plus vite : il ne pouvait pas lui en vouloir. Mais qui lui avait donné une telle idée ? Cette chaleur torride était bizarrement incommodante, il se sentait presque étourdi et la vue un peu brouillée. En ayant grandi ici, il était accoutumé au climat. Mais là, une inhabituelle faiblesse se répandait dans ses jambes. Il se secoua et assouplit sa nuque à droite et à gauche. Dans son intérêt, il fallait que cela soit vite expédié.

— Messieurs, vous êtes prêts ? demanda Samuel.

Tous deux hochèrent la tête en même temps.

En réalité, Kirk était moins prêt que l'autre, mais il comptait sur le petit avantage que McCoy lui avait ménagé pour ne pas mourir trop vite.

— Quand vous voulez, déclara l'Adjoint.

Les deux hommes se firent face, les yeux plissés, les muscles trop tendus quoique pour des raisons différentes, guettant le moindre mouvement précurseur de l'adversaire. Les femmes de l'assistance se tordaient les mains à l'idée qu'un bel homme pouvait mourir dans les cinq minutes alors qu'ils ne courraient vraiment pas les rues… Un beau gâchis, voilà ce que pensaient l'épicière, la femme du boulanger, et même l'institutrice – qui n'avait pas été trop gravement blessée dans l'attaque de sa diligence…

Deux mouches énervantes tournaient autour de la tête du capitaine, comme si la faune locale s'employait à déjouer sa ruse en rétablissant l'équilibre… Kirk savait qu'il ne fallait qu'une fraction d'inattention pour que l'autre prenne l'avantage, en tous cas s'il avait été en pleine possession de ses moyens… Immobiles sous le soleil, les gens se raclaient la gorge, un cheval broncha et une vache anxieuse meugla à son tour…

Derringer s'inquiétait, car sa vision se troublait davantage et son bras gauche devenait plus lourd que du plomb. Il se dit fallait y aller maintenant… L'autre en face n'était pas assez stupide pour se montrer arrogant, il avait assez de pratique pour ne pas avoir l'air trop inquiet mais seulement soucieux. Indéniablement la preuve qu'il avait l'habitude de gérer son stress, même s'il n'était pas marshal… Qu'était-il au fond ? Pourquoi s'intéressait-il à ce démon indien qui n'en valait pas la peine ? Le shérif se dit que s'il l'abattait maintenant, il ne le saurait jamais… Et autant cela le chagrinait un peu, autant il pensait, comme tout le monde et vous compris, que tout cela avait assez duré.

De sa main droite, il sortit son arme en une seconde et tira vers le cœur. Son œil exercé sut tout de suite que sa trajectoire était défaillante. Un infime déplacement, un tremblement inattendu de son muscle contracté et le marshal prit la balle dans le bras gauche.

Reculant de quelques pas en étouffant un cri, Kirk rétablit son assiette et tira à son tour en visant aussi l'épaule (pour ne toucher aucun organe important) et à sa grande honte, sa balle s'enficha dans le genou du shérif qui s'effondra.

La foule poussa un grand cri horrifié tandis que l'Adjoint s'accroupit près de son frère afin vérifier la gravité de sa blessure. Du geste, il ordonna que le chirurgien barbier s'approche, mais la foule agglutinée tout autour lui bouchait la vue.

— Reculez tous, ordonna-t-il en se relevant.

Comme il s'y attendait, le marshal avait disparu. Samuel Derringer qui laissait d'ordinaire son aîné tout gérer, se leva d'un bond pour prendre les choses en main.

— Avec moi ! Tous à la prison ! Ils ne doivent pas s'échapper.

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De sa main valide, Kirk s'acharna à détruire le cadenas de la cellule pour sortir Spock qui haussa un sourcil vaseux dès qu'il sentit qu'on le palpait à la poitrine et au cou.

— Il va vraiment falloir que nous ayons cette discussion sur vos manières un peu lestes, capitaine, murmura le blessé.

— N'y voyez aucun mal, je cherchais simplement le pouls et le cœur !

— Il est plus bas chez les Vulcains ! souffla McCoy tout en regardant la foule approcher. Dépêchez, ils se massent dehors en bloquant les issues. Le jeune shérif arrive. A couvert ! Il va faire sauter la serrure !

Ils s'accroupirent en s'écartant de la porte. Plusieurs détonations retentirent, ils fermèrent tous les yeux pour se protéger des échardes de bois projetées. A tâtons, le capitaine sortit son communicateur de la botte et en ouvrit le couvercle grillagé.

— Scotty pour l'amour du ciel, remontez-nous !

— On s'y emploie capitaine, mais il y a une bourrasque en approche et elle est suivie d'un orage électrique. La téléportation est compromise. Nous allons devoir descendre au plus bas pour vous reprendre !

La porte de la prison céda dans un grand craquement et le jeune shérif chevelu fit irruption, suivi de deux autres hommes. Resté à dessein près de l'entrée, McCoy le prit de vitesse : il avait des décennies d'entraînement pour ce qui était d'estourbir ses victimes à coup de traîtresses substances somnifères… Il lui appliqua un vicieux hypospray à la cuisse, ce qui le déstabilisa, entraînant dans sa chute ses acolytes avec lui.

— Relevez-vous et tirez ! ordonna quand même l'Adjoint en se tenant la jambe.

Face à l'urgence, Jim consulta Bones avec un regard navré mais résolu. Tous les deux tombèrent assez vite d'accord : c'était le seul plan possible…

— Pardonnez-nous, Spock ! grommela McCoy.

— Scotty ! Ça urge ! insista Kirk à voix basse

Puis haussant le ton, il s'adressa à la foule massée au dehors :

— Cessez le feu ! Nous nous rendons ! Nous allons sortir et nous n'avons pas d'arme, ne tirez pas !

— Pourquoi… devrais-je vous pardonner ? réagit le Premier Officier en clignant les paupières.

L'officier médical et le capitaine soutinrent Spock de chaque côté pour l'évacuer et se diriger vers l'endroit le plus dégagé de la rue.

— Euh, pour… ça ! répondit le capitaine en levant la tête vers le ciel.

L'énorme soucoupe de l'Enterprise surplombait toute la petite ville de Dusty Town. Ceux qui avaient suivi son regard se mirent à hurler de terreur, s'enfuyant à toutes jambes dans une belle panique. A quelques mètres d'eux, Dean Derringer, les yeux écarquillés, gisait toujours à terre sans pouvoir se relever.

Se sentant observé pendant qu'il retirait son communicateur du gousset, Kirk se retourna vers lui et d'un geste moqueur, toucha son chapeau pour le saluer.

— Vous aviez raison, shérif, avoua-t-il avec l'esquisse d'un sourire. Nous venions de beaucoup, beaucoup plus loin... Énergie !

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FIN

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Notes de l'auteur

[1] Nom d'une série Weird West mêlant western et surnaturel.

[2] Grosso modo : Aigle Prétentieux (ou Snobinard)

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Je suppose que je peux vous dire maintenant que les frères Dean et Samuel Derringer ont une sacrée ressemblance physique avec les frères Winchester, pour ceux à qui ça parlerait ?

Merci à vous d'avoir lu cette histoire jusqu'au bout.

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