In Medias Res - Star Wars Knights of The Old Republic

Chapitre 7 : En direction de la Ville Basse

3862 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/10/2022 00:45

La nuit fut longue et bien plus reposante que je me l'étais imaginée. Un profond sommeil sans la moindre nuisance. Cela devait tenir à la fois à la très grande fatigue de ma forme physique quelque peu ébranlée, à l'anxiété des dernières aventures que j'avais vécues, et peut-être aussi à ces quelques gorgées d'alcool qui avaient échoué dans mon estomac quasi vide. 


Je maintenais mes yeux clos, savourant ne serait-ce que quelques minutes de plus le calme et la fraîcheur de la matinée. Contrairement à Coruscant, le ciel de Taris était tranquille. Pourtant, les deux villes partageaient bien des points communs : une terre littéralement tapissée de tours, toutes plus élevées les unes que les autres. On aurait pu s'attendre à ce que les matins de Taris soient mouvementés. Mais ce n'était pas le cas. Peut-être était-ce le résultat de la présence et du contrôle des Sith ? Sans doute. Ils devaient certainement fourrer leur nez dans tellement d'affaires que cela ralentissait les activités.


Je pris une longue inspiration et la libérai lentement par mes narines. L'air chaud que je relâchais avait quelque chose d'apaisant. Je regrettais de ne pas pouvoir rester ainsi plus longtemps. Mais je fus brutalement tiré de mon semblant de méditation par Carth, que j'entendis bondir hors de son lit et se précipiter quelque part dans l'appartement. Je me redressai, les jambes toujours recouvertes du mince drap, et me concentrai péniblement sur la silhouette affolée de l'officier. Ce dernier, qui se trouvait maintenant dans le séjour, se précipita vers la cellule sanitaire située derrière le dortoir et ce, sans même me prêter attention. Il en ressortit à peine une seconde plus tard. Enfin, il posa sur moi un regard qui aurait pétrifié même un Mandalorien.


« Elle s’est tirée ! » Aboya l’homme.


Je ne répondis pas immédiatement. Je dégageai mes jambes du drap et posai mes pieds à plat sur le sol, tout en demeurant assis sur ma couchette. Après avoir balayé négligemment mes cheveux des deux mains, je soufflai un coup et répondis d'une voix peu éveillée :


« Il doit y avoir une explication. »


« Evidemment ! » Rétorqua Carth. « Elle est toute simple : elle s’est fichue de nous, et vous, vous êtes un gros naïf ! »


Je posai alors un regard sévère sur mon supérieur. Je me levai enfin et fis le tour de mon lit. Carth m'observait en silence, mais je pourrais jurer qu'il haletait d'impatience, sinon de rage. Je scrutais la pièce. Effectivement. Pas une trace de la Bek Cachée. Elle s'était enfuie, profitant de notre profond sommeil. Dans un élan d'interrogation, je pris quelques secondes pour vérifier si nos rares possessions n'avaient pas été dérobées. Mais tout semblait être là. Je me redirigeai vers Carth et aperçus du coin de l'œil un petit bloc de données et le passe de sécurité posés sur la tablette de mon lit. Sans plus attendre, je m'approchai et attrapai le bloc. Après quelques brèves manipulations, l'appareil émit une lueur entre le bleu et le vert, et afficha un message.


« Qu’est-ce que c’est ? » S’impatienta Carth.


Je ne réagis pas à sa demande. Il se passa une très courte minute pendant laquelle je lisais une part du contenu du bloc, puis, d’un geste soudainement détendu, je tendis l’objet au lieutenant. Il s'en empara en me fixant d'un air perplexe. Alors qu'il s'apprêtait à examiner l'appareil, je me rendis dans la cuisine pour me servir un peu d'eau et de nourriture. Au loin, je pouvais entendre Carth lire le mot à haute voix :

« Chers amis, la relève de la garde Sith se fait aux premières lueurs du jour, c'est le moment propice pour me faufiler jusqu'à la ville basse. Corem, nous vous attendons à la base principale des Beks Cachés. »


« ‘’Gros naïf’’, c’est bien ça ? » Interrompis-je, alors que je m'étais assis avec désinvolture sur une chaise du séjour. Carth releva les yeux vers moi, passablement irrité :


« Attendez voir. » Répondit-il, résolument disposé à la confrontation. Il revint au bloc de données et reprit sa lecture :


« Passez chez Loubok, le gars de l'informatique dans le quartier commerçant de là-haut. Dites-lui que c'est moi qui vous envoie. Il s'occupera du passe sans vous poser de questions. Ensuite, vous pourrez envisager de descendre. Une fois que vous aurez franchi la sécurité de l'ascenseur près de l'ambassade Sith et que vous serez en bas, vous vous dirigerez vers la cantina de Javyar. Longez la ruelle bordée d'échoppes de bijoux et autres bibelots jusqu'à ce que vous tombiez sur plusieurs comiques attardés qui protègent une porte. Vous traverserez la ruelle en face d'eux et lorsque vous arriverez au bout, vous tournerez la tête à droite ; vous verrez un petit Rodien armé d'un blaster écaillé : c'est le videur de la cantina. »


Carth cessa de lire et reporta son attention sur moi, arborant un très léger sourire. Il fit les quelques pas qui le séparaient de la table du séjour tout en observant le bloc de données. Puis, une fois devant la table, il me regarda à nouveau et me demanda d'une voix triomphante :


« Vous aviez lu jusque-là ? »


Je lui lançai un regard provocateur, mais il m'était bien difficile de contenir complètement mon inconfort. Peut-être que Sivir ne se fichait pas totalement de nous, mais elle semblait nous embarquer dans un véritable jeu de piste. Carth n'attendit pas ma réponse et enchaîna sur sa lecture, qu'il énonça de manière particulièrement articulée 


« Dans la cantina, vous commanderez au barman son digestif le plus fort. Vous en boirez une gorgée et réciterez les mots suivants : ‘’voilà un breuvage digne des plus grands de ce bourbier.’’ »


A mesure que Carth lisait, je me sentais toujours plus mal à l'aise. Pourquoi toutes ces bêtises ? Carth leva une fois encore les yeux de l'appareil et se laissa emporter par un éclat de rire qui me parut tenir plus de la nervosité que d'autre chose.


« C’est grotesque ! » Dit-il en balançant sans ménagement le bloc de données sur la table avant de faire les cent pas entre la baie vitrée face aux couchettes et notre table. Malgré mon extrême inconfort, je me saisis à nouveau du bloc et jetai un coup d'œil au message. Carth n'avait pas pris la peine de lire la dernière phrase : « La suite viendra d’elle-même. »


Je laissai filer une grande expiration. Je posai le bloc sur la table, vidai mon verre d'eau et engloutis à la hâte la petite poignée de victuailles dont je m'étais servi. Puis je me levai et me dirigeai vers la cellule sanitaire. Carth interrompit ses allées et venues et m'interpella avec agressivité :


« Vous faites quoi ? »


« Ca ne se voit pas ? » Répondis-je agacé, sans pour autant ralentir mon rythme. « Je vais me préparer et je vais y aller. Comme prévu. »


Je ne pouvais rien voir, mais j'étais certain que Carth avait tressailli. Avant même que je puisse refermer la porte de la cellule, l'officier haussa une nouvelle fois la voix :


« Vous n’êtes pas naïf en fait, vous êtes complètement demeuré ! »


J'en avais assez. Je comprenais que le Lieutenant puisse être anxieux, mais il n'était pas question de le laisser me proférer des insultes avec autant de facilité. Je me retournai, lui adressai un regard assassin, et fis quelques pas hors de la minuscule pièce. Puis, aussi autoritairement que possible, je rétorquai à l'homme :


« Et qu’avez-vous de mieux à me proposer ?! » Commençai-je, frôlant le hurlement. Un ton auquel le militaire n'était de toute évidence pas préparé, si bien que son visage bascula de la colère à quelque chose de proche de la terreur. Je laissai filer quelques secondes, fixant toujours aussi sévèrement l'homme.


« Rien ?! » Repris-je. « Dans ce cas, vous allez cesser de me traiter comme un parfait crétin et me laisser me préparer en me foutant la paix ! »


Après cela, nous nous regardâmes encore, sans que Carth ne prononce le moindre mot. Je pris une profonde inspiration et terminai plus sereinement :


« Je suis d’accord avec vous, ce message n’est pas rassurant. » Repris-je. « Mais on a aucune autre piste, et on ne peut pas se permettre de perdre plus de temps. Entre vous et moi, il est préférable que je prenne les risques. La République a besoin de vous. Elle saura bien trouver d'autres traducteurs. »

Carth demeurait silencieux, mais on lisait dans ses yeux un sentiment bien différent de la rage qui avait grondé en lui jusqu'à présent : il était touché, et peut-être même quelque peu désolé. Il jeta un coup d'œil vers le sol, puis revint à mon visage.


« Vous avez raison. Je vous présente mes excuses Corem. » Prononça-t-il d’une voix radoucie.


« Je ne vous en veux pas. » Dis-je avant d’initier mon retour dans la cellule sanitaire ; action qui fut à nouveau interrompue :


« Corem. » Apostropha Carth. Je me tournai une nouvelle fois vers lui, expectatif.


« Personne n’est dispensable. » Termina-t-il en s’approchant de moi, et en me tendant son pistolet blaster qu’il avait probablement empoigné lorsqu’il cherchait Sivir dans l’appartement.


J’attrapai l’arme en esquissant un sourire reconnaissant. Je n’étais pas particulièrement convaincu par ces mots. Toutefois, je ne remettais pas en question la sincérité de mon supérieur.


« Peut-être. » Répondis-je sans élaborer. Puis je regagnai enfin la cellule, pour pouvoir me préparer pour cette nouvelle péripétie somme toute singulière.

 

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Les rues de notre arrondissement, contrastant avec ce qui m'apparaissait comme un début de journée très calme, bouillonnaient de vie. Le matin était propice aux croisements entre les bureaucrates se rendant au travail, les commerçants installant leurs marchandises, les étudiants à la poursuite des navettes de transport qui s'apprêtaient à quitter le quartier pour l'université, les parents conduisant leurs enfants à l'école, ou encore les badauds et les réchappés d'une trop longue nuit de beuverie. Et, bien sûr, dans toutes ces strates de la population de la ville haute, on trouvait des fantassins Sith patrouillant dans les artères principales du secteur. Une chose me frappa, cependant, les habitants ne donnaient pas l'impression d'être particulièrement préoccupés par cette présence militaire, pourtant par définition ennemie, Taris étant officiellement une planète de la République. Quelque part, cette bizarrerie était la bienvenue. Ma mission était déjà suffisamment anxiogène en elle-même, et cette absence de tension ambiante contribuait à me tranquilliser.


Conformément au message de Sivir, je me rendis au cœur de la zone commerciale du quartier en quête du fameux Loubok. Ce matin-là, j'avais veillé à être le moins repérable possible. Je n'avais pas gardé la veste que j'avais portée la veille lors de la réception. J'avais attaché mes cheveux en un chignon serré à l'arrière de mon crâne. Il était exclu que les Sith puissent reconnaître l'homme qui avait assommé d'un puissant crochet l'un des leurs lors d'un événement mondain grouillant de hauts fonctionnaires de tous bords.


Il ne me fallut que peu de temps pour repérer l'endroit que je cherchais. Alors que je me frayais un chemin dans les rues bondées du quartier commerçant, je remarquai une enseigne lumineuse surmontant une toute petite porte à une vingtaine de mètres de là : « Lubok informatique. L'enseigne était massive. Exagérément grande pour un magasin qui lui paraissait minuscule. Je poussai un souffle bref. Une première étape accomplie, et sans accroc. Pour l'instant.


À l'intérieur, on ne voyait presque rien. Aucune ouverture ne permettait de laisser passer ne serait-ce qu'un peu de lumière naturelle. On ne pouvait voir que grâce au rayonnement très irrégulier des ordinateurs et autres machines qui s'entassaient dans ce que l'on pouvait légitimement décrire comme un immense bric-à-brac. Pas étonnant que les gangs optent pour ce genre de relations d'affaires. Devant un tel fatras, nul n'aurait le courage de rechercher quoi que ce soit.


Tandis que je regardais autour de moi, je vis une forme surgir derrière une étagère surchargée : la tête d'une femme, qui portait une épaisse paire de lunettes et qui me fixait avec un certain étonnement.


« On peut vous aider monsieur ? » Me demanda-t-elle au loin, sur un ton perçant mais cependant pas antipathique.


Je me permis quelques pas pour me rapprocher de cette femme. Je constatai qu'elle travaillait à souder je ne savais quoi, d'où les lunettes, qui lui donnaient un air plutôt espiègle.


« On m’a dit de venir ici. » Répondis-je avec hésitation. « Sivir m’a dit de venir ici. » Précisai-je.


La femme afficha soudainement un large sourire. Elle ôta ses grosses lunettes, qu'elle déposa sur son établi, et se leva plus franchement de son siège. Elle manœuvra tant bien que mal à travers les piles de composants électroniques en tout genre pour venir me rejoindre de l'autre côté de la petite étagère, sur laquelle elle jeta la paire de gants qu'elle venait à peine d'enlever. Puis je la vis présenter la paume de sa main et, toujours aussi souriante et l'air candide, elle me demanda :


« Vous me le donnez ce passe ? »


Quelque peu timidement, je m'exécutai. Je récupérai le précieux sésame de ma poche et le tendis à la femme. Celle-ci entrepris alors de se diriger vers un autre coin de l'atelier.


« Venez avec moi, ça ne sera pas long. »


Sans un mot, je la suivis jusqu'à un ordinateur équipé d'un étrange terminal. Elle s'assit devant le dispositif et plaça le passe dans une fiche prévue à cet effet. Quelques gestes après, l'ordinateur émit toute une série de bips, vraisemblablement pour signaler que la connexion avait été établie.


« C’est pas tous les jours que Sivir nous envoie de parfaits inconnus. » Annonça la technicienne alors qu’elle travaillait sur le passe.


Mon regard bascula vers elle.


« Peut-être, je ne sais pas. » Répondis-je sans passion.


« Vous n'avez pas l'air à l'aise. » Enchaîna-t-elle d’une insolente sincérité.


« Vous n’êtes pas tout à fait la personne à laquelle je m’attendais, pour être tout à fait honnête. » Admis-je. Brusquement, la femme délaissa l'ordinateur du regard et me fixa sévèrement.


« Encore un qui se méfie d’une femme en atelier ! » Aboya-t-elle, les bras désormais croisés.


Je fronçai les sourcils. Elle avait interprété mes paroles à l'envers ! Toutefois, en prenant un peu de recul, je compris sa réaction. Je n’avais été d’une grande adresse envers cette personne qui m’apportait une aide précieuse.


« Pas du tout. » Rectifiai-je. « C’est seulement qu’on m’a annoncé un ‘’type’’ nommé Loubok. Et vous n’êtes pas le portrait que je me faisais d’un ‘’type’’ nommé Loubok. Ca n’a rien à voir avec le fait que vous soyez une femme qui travaille dans un atelier. »


La mine grave de la femme se détendit très soudainement. Et elle recouvra son petit sourire innocent. Puis elle reporta son attention sur l'ordinateur et se remit au travail.


« Loubok, c’est mon frère. » Annonça-t-elle. « Il s’occupe depuis peu d’une autre boutique qu’il a ouverte. C’est moi qui m’occupe de celle-ci. Evidemment. Il se garde la plus étincelante ! Il préfère me garder dans ce fourbi. Il a trop peur que je finisse par le détrôner ! Je suis bien plus douée que lui. Il m'a tout appris, et pourtant je l'ai surpassé bien vite. Je vous ferai du bon travail, rassurez-vous. »


« Je ne suis pas inquiet. » Répondis-je posément. « Vous vous appelez comment alors ? »


« On me surnomme Mikann. »


« Dans ce cas, content de faire affaire avec vous, Mikann. » Terminai-je, soucieux d’atténuer les tensions précédentes.


« Egalement ! » Rétorqua-t-elle vivement. « Toujours un plaisir d’enguirlander des Sith ! »


Je souris. Mikann était une femme divertissante. Une compagnie appréciable. Un sentiment curieux me traversait, quelque chose qui me soufflait qu'elle était digne de confiance, que je me trouvais sur la bonne voie. Je ne devrais pas me fonder sur des perceptions irrationnelles. Cependant, fiables ou non, ces sensations avaient au moins pour effet de me mettre davantage en confiance.


« Oh ! » S’écria Mikann, une main levée, mais l’attention toujours pleinement focalisée sur l’ordinateur. « J’allais oublier. Derrière le comptoire à votre droite, vous trouverez une consigne. Il y a des affaires dedans, elles ont été préparées pour vous. Equipez-vous pendant que je bidouille votre machin. »


Je fis un mouvement de tête vers ce qui avait effectivement l'air d'un comptoir, dissimulé derrière davantage de bidules de toutes sortes. Je me rendis à ce comptoir et en fis le tour. En effet, il y avait bien derrière lui la fameuse consigne. Je m'accroupis et l'ouvris. A l'intérieur étaient disposés plusieurs pièces de vêtements, pliées plus ou moins soigneusement. Je les empoignai et les sortis successivement de leur contenant. Il s'agissait vraisemblablement d'habits plus ordinaires et quotidiens que ceux que je portais en ce moment même. Mais rien là-dedans ne me protégerait réellement d'une quelconque attaque. Il fallait faire un choix : la prudence ou la pagaille. La première option était sans doute la plus sage. Je posai les vêtements près de moi. Jetant un nouveau coup d'œil à l'intérieur de la consigne, je constatai alors que sous ces vêtements, on avait placé un coffret. Je le saisis et je l'ouvris pour me découvrir en présence d'un pistolet blaster, un modèle " lourd ". Ce qui, malgré les termes techniques, ne se rapportait nullement à son poids, mais plutôt à sa puissance. Moi qui n'étais pas habilité à posséder une arme de portée, je me retrouvais maintenant équipé de deux blasters, dont un nécessitant une habilitation renforcée. Dans son écrin, le pistolet était présenté logé dans son holster. Je le pris et me levai, afin de mieux l'examiner malgré la faible lumière de la boutique.


« Cachez tout ça sous la veste qu’on vous a laissée. » Interrompit Mikann, toujours au travail. « Le port d’arme n’est pas interdit ici, mais il y a des modèles qui attirent plus l’œil que d’autres. » Termina-t-elle avant de se muer à nouveau dans le silence.


Je jetai un dernier regard sur l'arme et la replaçai dans son coffret. Je récupérai les vêtements, tantôt les enfilant par-dessus certains de ceux que je portais déjà, tantôt en remplacement de certains d'entre eux. Ainsi, avant de me glisser dans la veste, je saisis le blaster et ajustai le holster par-dessus mon épaule afin que l'arme repose contre l'un de mes flancs. Je procédai pareillement avec le pistolet de Carth, qui vint alors se positionner de l'autre côté. Puis je revêtis la fameuse veste : un épais vêtement composé d'une reproduction de cuir brun ; un tissu davantage adapté aux bourses modestes. Ensuite, je refermai la consigne et revins auprès de la femme. Alors que je me tenais à côté d'elle, légèrement en retrait, je la vis me lancer quelques coups d'œil rapides et saccadés.


« Vous êtes bien mieux comme ça ! » S’écria-t-elle, à nouveau pleinement concentrée sur son travail.


Conscient que j'étais affublé d'un accoutrement digne d'une canaille de quartier, je ne sus pas comment réagir à cette remarque.


« Content que ça vous plaise. » Répondis-je alors sans émotion.


« Allons, l’ami ! » Répliqua la jeune femme malicieusement. « On vous rhabille, on vous arme, on vous file de quoi descendre sans problème pour régler vos petites affaires, et vous boudez ! Quel ingrat vous faites. »


« Je crois savoir que je vais devoir aussi régler certaines de vos petites affaires. » Corrigeai-je.


« Leurs petites affaires. » Rétorqua Mikann.


« Oui. » Dis-je dans un souffle las. « Leurs petites affaires. »


« Croyez-moi ». Reprit la technicienne qui fit rouler sa chaise vers sa gauche. Elle saisit une petite carte qu’elle vint insérer dans l’ordinateur, après une nouvelle glissade de sa chaise vers sa place initiale. « Quitte à s’associer à un gang, vaut mieux que ce soit eux. » Ajouta-t-elle en reprenant ses manipulations informatiques.


« Si vous le dites. » Me contentai-je de répondre.


Quelques longues secondes s’écoulèrent dans un silence quasi parfait. Puis Mikann tourna la tête vers le terminal à côté de son ordinateur, fit quelques manipulations et attrapa le passe de sécurité. Elle fit tourner sa chaise et se retrouva face à moi. Toujours aussi souriante, elle me tendit le passe et déclara :


« Je vous le dis. » Elle fit un geste impatient de la main, m’invitant à prendre le passe. Je l’attrapai entre mon pouce et mon index. « Si vous êtes réglo, ils le seront. Je peux vous l’assurer. »


Je me contentai de hocher légèrement la tête et de lui adresser un petit sourire sincère en remerciement de l'aide qu'elle m'avait apportée.


« Merci Mikann. » Dis-je.


« C’est un plaisir ! » Répondit-elle gaiement. « Allez, tirez-vous de là. Vous avez une longue journée devant vous. »

Un rire sourd, certainement imperceptible, s'échappa de ma poitrine. Je glissai le passe de sécurité dans une poche à fermeture et, après un nouveau signe de tête à la technicienne, je quittai la boutique. Direction le quartier des ambassades. L'ascenseur vers la ville basse.

 

 


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