Star Wars - Prince Vengeur, Episode IV : Un Prince sous Couverture
Un vaisseau de transport læri peint et orné de dorures entame son approche de Coruscant, l'œcuménopole servant de capitale à la république galactique.
— Spatioport du Sénat, ici Leth-Enth 0171 Grek-Nerk 0610. Demandons autorisation d'atterrissage et vecteur d'approche.
— Leth-enth 0171 Grek-Nerk 0610, ici la tour de contrôle du Spatioport du Sénat. Merci de suivre le vecteur d'attente Aurek, le temps pour nous de libérer le hangar Daragon et le préparer à votre arrivée. Temps d'attente estimé : Quatre minutes galactiques standard.
— Bien reçu, Tour de contrôle, reprit le pilote de l'Ongle de Gladius tandis que le copilote téléchargeait les données du vecteur. Attendons réception et définition du vecteur...
— Suivez les holo-signaux verts Mern et Resh pour vous guider en attendant, leur consigna la tour de contrôle.
— Bien reçu, tour de contrôle... Vecteur d'attente Aurek reçu et établi, Nous entamons notre approche du vecteur d'attente.
Le responsable protocolaire de l'entourage de la Duchesse assista à l'approche.
— Quoi ? s'offusqua-t'il obséquieusement. Ils font attendre madame la Reine-Mère ?
— Pas eux, reprit le pilote, mais plutôt le fait que tous les hangars soient actuellement occupés. Nous pourrions tenter d'atterrir sur un autre vaisseau éventuellement, mais j'aimerais pouvoir repartir après la réunion, si ça ne vous dérange pas !
Le responsable de la cour ne répondit mot et s'en tourna les talons.
— Aah, gloussa le pilote sans se détourner du pare-brise : ces cons obséquieux, c'en est désespérant !
— Comment font-ils pour ne pas sentir qu'ils s'assoient sur leurs couilles ? confirma grassement le copilote.
* * *
Le responsable protocolaire entre en holocommunication avec la Duchesse.
-Oui, Responsable ? Demanda Malysire.
-Madame la Duchesse, ceci pour vous signaler notre entrée sur Coruscant, et notre atterrissage dans Quatre minutes galactiques standard environ.
-Très bien, lui répondit la duchesse en faisant mine de réajuster un diadème sur sa tête. Nous serons prêtes. Organisez la grande sortie, de sorte à nous faire gagner du temps.
— Ce sera fait, Madame, lui confirma le responsable protocolaire avec son habituelle obséquiosité.
— Parfait, lui répondit la Duchesse. Vous pouvez disposer.
— Bien, madame, répondit le responsable protocolaire en courbant l'échine.
Puis une femme apparut dans le champ de vision par la droite, précipitant la Duchesse vers l'holoemetteur, qu'elle fit basculer avant de couper la transmission.
— Sarna ! alerta la Duchesse. Nous n'avions pas encore coupé !
La demoiselle qui semble s'appeler Sarna se couvrit par réflexe, choquée à l'idée d'être vue nue par un homme, et qui plus est le responsable protocolaire.
— Ne t'inquiète pas, Sarna, rassura la Duchesse. Le Responsable protocolaire est un homme de confiance. Puis, il s'était incliné pour me saluer, il ne t'a probablement pas vue.
— J'espère, ma Duchesse, dit-elle en s'approchant d'elle séductivement. Suis-je assez embellie ?
— On dirait presque une Jedi... parfatite, tout simplement parfaite, lui répondit une Malysire la regardant de haut en bas comme un jeune homme à l'heure de sa première fois. Et moi, ma chère ? demanda la Duchesse tout en commençant à poser à son tour.
— Jeune et belle à croquer, lui murmura Sarna. Tu me donnes faim, gémit-elle en s'approchant davantage.
— Pas maintenant, ma favorite, lui sussura alors la duchesse en plaçant son doigt sur sa langue. Nous arrivons.
— Ooh, se plaîgnit la jeune Sarna, un tout petit peu ! Tu me donnes faim, ma Duchesse !
— Tsst, rejeta Malysire. Tiens bon, voila ta mission... et ça, ce sera ta récompense, lui répondit la Duchesse suggestivement.
L'œil dressé lors de sa révérence afin de repérer la réaction de la duchesse, le responsable avait bien vu cette situation étrange et s'en étonnait : la dame était nue comme un ver et, croyant même entrevoir les mamelons ducaux lorsqu'elle fit basculer l'holoémetteur, la Duchesse sembla l'être elle aussi... Mais que se passe-t'il entre ces deux femmes ?
Il n'eut cependant pas le temps d'y penser davantage : le copilote lui affirmant par holocom le départ d'un cargo correllien du hangar Daragon.
* * *
L'Ongle de Gladius se glissa en douceur dans le hangar Daragon fraîchement libéré et remis en condition. Alors que les trains d'aterrisage s'engagèrent, l'activité bouillonante de la capitale républicaine se fit sentir : un flot constant de créatures, de droïdes et de véhicules en provenance de milliers de mondes. La rampe du vaisseau læri s'abaissa dans un souffle, révêlant une garde armée traçant une haie d'honneur de part et d'autre du chemin reliant la porte à la rampe.
Le responsable protocolaire émergea alors du sommet de la rampe, et fit lancer le protocole. Un hymne se fit alors jouer, tandis que les ombres de Malysire Dral et de sa favorite, émergèrent au sommet de la rampe. La duchesse portait sa couronne ducale, scintillante et respelendissante, au-dessus de sa bure de maîtresse Jedi digne mais dépourvue de toutes autres dignités. Seule sa prestance nobiliaire et sa couronne indiquent son statut.
En face du vaisseau, au bout de la haie d'honneur, se tient une délégation républicaine menée par, notamment, le maître Jedi Tol Braga et les généraux Var Suthra et Rossin, ce dernier coordonnant l'effort de guerre de la république dans le système. Les sénateurs de Leritor, bien que fidèles aux Kallig, sont également présents pour saluer la Duchesse, tout de même mère du quatrième prince dans l'Ordre de Succession au Trône.
— Souviens-toi, Sarna : ta discrétion est capitale dans cette affaire, rappela la Duchesse à sa favorite, désormais vêtue d'une armure de combat légère similaire à celle des gardes.
— Oui, ma duchesse, roucoula-t'elle d'une voix douce à travers son heaume.
Et le duo de femmes descendit la rampe, suivi de la procession protocolaire et de quelques diplomates et conseillers, au son d'une marche læri.
Après les salutations d'usage, le groupe avança d'un seul homme vers le transport les conduisant à la Tour du Sénat. Les gardes républicains faisaient respecter l'ordre comme à l'usuel, mais les gardes læri offraient un spectacle original aux locaux, touristes, passagers et autres voyageurs en transit. La garde offrait la sécurité effective à la Duchesse, mais Sarna se tenait près d'elle de toute façon. Les différents diplomates et conseillers constituaient l'arrière-garde. Les holocaméras se levaient sur le passage de la Duchesse et de sa Cour, mais elle ne dévia pas de sa course, se contentant de saluer discrètement les passants s'inclinant sur son passage.
La procession sort alors du spatioport, et se retrouve face à la tour du Sénat. Sarna ne peut s'empêcher de marquer un temps d'arrêt face à la majesté de l'imposant champignon trônant au beau milieu des cubes, des pavés dressés de l'œcuménopole républicaine. Elle en vient presque à regretter la vitrification de Taris, l'équivalente impériale, l'espace d'un court instant. Mais un garde læri, d'une main sur l'épaule, la ramène à la réalité et la fait reprendre chemin. Malysire lui intime l'ordre de reprendre sa place. "On visitera plus tard", pensa-t'elle.
Les lignes de gardes se placent en alternance autour des bords de la barge, à raison de deux gardes républicains pour un garde læri. Les officiels forment la garde interieure, et la Duchesse , Sarna, le Maître Jedi Tol Braga et le Général Rossin, au centre. Au-dessus de la porte du spatioport, deux tireurs d'élite républicains sont placés et postés, ainsi qu'un canon trépied et ses deux opérateurs ; Au-dessus du bâtiment, la tourelle anti-aérienne lourde est sortie. Se sentant piégée, Sarna ne peut s'empêcher de mentionner la garde à la Duchesse :
— Maîtresse, entama Sarna, la garde est de sortie...
— Evidemment, répondit la Duchesse avec arrogance.
— S'ils me repèrent, je suis morte, du coup ? demanda la dame de compagnie.
— Exactement, asséna Malysire Dral avec réalisme. D'ou l'intérêt pour toi de n'éveiller aucun soupçon.
— Eh bien, répondit une Sarna bousculée dans le vif, j'ai intérêt à bien me tenir, dans ce cas.
— En espérant que la république soit prête à nous entendre...
— En effet, sourit Sarna sous son masque. Espérons...
* * *
Malysire Dral entra dans la salle de réunion du Conseil de Crise, entourée par ses gardes, Sarna se tenant à une unité galactique standard derrière elle. Les holocaptures continuèrent de tourner pendant un instant, avant que tous ne fûrent invités à quitter les lieux. Le général Rossin invita Sarna à le rejoindre discrètement, dans une salle spécifique.
Le commandant républicain conduisit Sarna dans une pièce discrète renfermant un holotransmetteur. Ils firent des essais puis ils programmèrent la fréquence pour rejoindre la réunion de crise de façon cryptée. Arriva alors une membre de l'équipe protocolaire, portant une boîte en plastacier et la présentant à Sarna. Celle-ci se retira, suivie par le général Rossin. Deux gardes, un républicain et un læri, gardaient la porte.
Peu après, l'ensemble des participants était présent.
Les hologrammes des membres du Conseil de crise flottaient au-dessus de la table, projetant une lumière bleutée sur les visages graves des participants. Au centre de la table, la Maîtresse Jedi Malysire Dral se tenait droite, son regard perçant trahissant une colère contenue.
— Nous ne pouvons pas laisser cet acte impérial odieux impuni ! Que l'on m'explique, ordonna la Duchesse, comment l'Empire a pu infiltrer un pilote dans vos effectifs carcéraux critiques, sans que cela ne se soit su !
Un murmure d'approbation parcourut la salle. Les autres membres du Conseil acquiesçaient, conscients de la gravité de la situation.
— Le Service d'Informations Stratégiques était-il totalement inconscient de ce qui allait arriver ?!? Ou a t-il touché quelque chose au passage...
— Maîtresse Dral ! fulmina un haut-gradé du renseignement républicain. Je ne vous permets pas cet affront !
— Ni moi celui fait à mon peuple ! lui rendit la Duchesse. Thyrdreus Kallig est un criminel dangereux, et sa libération par l'Empire est une provocation directe ! Tant à la république qu'au peuple de Leritor, qui se bat pour sa libération !
— Et il a tué votre fils, lui répondit l'un des conseillers, cependant, d'un ton dépourvu d'équivoque.
— Est-ce vrai, Général Rossin ? demanda alors l'un des conseillers, avant de se raviser : Est-ce vrai, Maîtresse Jedi ?
— Euh.... oui, c'est vrai, mais...
— Donc vous êtes Juge et parti dans cette affaire, Malysire... Dral !
— D'autant plus qu'il me semblait interdit aux Jedi d'avoir des enfants, rajouta un autre conseiller.
— Allons, un peu de respect, vénérables Conseillers, reprit un haut dignitaire. La Maîtresse Jedi Malysire Dral, ici présente, est membre de la famille royale de Leritor. Cousine directe du Roi.
— Et elle a de ce fait reçu un passe-droit de la part du Conseil, répondit Sarna.
— Une Sith, ici ?! demanda l'un des conseillers, reconnaissant la bure de la Dame Sith.
— Pas une Sith : une Jedi Sentinelle infiltrée chez les Sith. Nuance, reprit la Duchesse.
— Je suis la disciple padawan de Madame la Duchesse, actuellement en infiltration sur Korriban, affirma Sarna.
— Merci pour la présentation, Maîtresse Jedi, reprit la haut-gradée du S.I.S. ; Mais revenons-en aux faits.
— Lesquels, madame renseignements ? décocha la Duchesse. L'incompétence de vos ouailles ? ou le fait qu'un meurtrier régicide aie pu s'en servir pour s'échapper ? Un meurtrier pourtant condamné à mille ans de prison dans un bloc de glace par vos propres services !
— Meurtrier de votre fils, encore une fois, reprit le conseiller sceptique.
— Ce n'est pas le meurtrier de mon fils que je désire voir m-
— -incarcéré sur Belsavis, reprit un autre dignitaire républicain en y mettant mielleusement les formes.
— ... euh, oui : incarcéré sur Belsavis, reprit Malysire Dral en fixant son interlocuteur avec un sourire de présentatrice des Holonews. Ce n'est pas le meurtrier de mon fils que je veux voir incarcéré, mais le régicide et le criminel de guerre, puisque, je le rappelle, le Soleil de l'Aube, ce sont des militants et des partisans du ralliement de Leritor à la République ! D'autant plus, chers dignitaires, reprit-elle d'un ton solennel, que chez nous les régicides sont condamnés et éxécutés, ce qui nous aurait évités cette bourde !
— Ouiiii, tança ironiquement le premier conseiller. Parlons-en, tiens, des exécutions sur Léritor... La lame arc-en-ciel, ça vous parle, chers notables de la république ? J'ai assisté à son envol, à la lame arc-en-ciel, qu'ils disent... Ben plus jamais ! Vous pouvez vous le garder, votre arc-en-ciel ! Et la barbarie de vos méthodes avec, j'aime autant vous le dire !
— Puisque vous parlez de nos méthodes millénaires d'exécution des condamnés, monsieur le conseiller, lui asséna la Marquise avec l'impatience des génies écoutant les ignares ; Vous devriez savoir qu'étant issu de la noblesse, Thyrdreus Kallig n'aurait jamais subi la lame arc-en-ciel, mais une simple décapitation à l'épée ! Ce triste bougre est malheureusement né au sein de la famille royale de Leritor.
— Contrairement à vous, Madame, reprit le général Var Suthra en oubliant de mettre les formes. Il est le fils cadet du Roi, vous en êtes la cousine par alliance.
— Pardon ? demanda une Malysire Dral outrée, qui laissa transparaître un court instant une faille.
— Serait-ce faux, Madame la Marquise ? demanda alors le Général calamari.
— Et pourtant mon fils sera le prochain roi ! préempta la maîtresse Jedi. Dois-je vous rappeler que le "roi" actuel, l'autoproclamé Thyson II, a usurpé le trône en organisant la mort du roi précédent et de son fils ? Thyrdreus comme le roi son père sont des régicides, Général Var Suthra : Thyrdreus Kallig n'a plus de royal que le nom ! Il n'est plus rien !
— S'il vous plait, cher collègue, reprit le Général Rossin. Nous avons déjà fort à faire au point de vue diplomatique, depuis l'incident catastrophique pour lequel nous sommes ici. Alors de grâce, n'ajoutons pas d'autres bévues à l'équation... Cela vaut d'un coté comme de l'autre, maîtresse Jedi !
Le général calamari se ravisa, suivi de la duchesse.
— Madame la Duchesse, reprit un dignitaire. Vous connaissez Thyrdreus Kallig mieux que quiconque ici. Que suggérez-vous ?
Sarna ne put retenir un gloussement, mais le cacha en quinte de toux. Malysire Dral se tourna vers elle d'un seul mouvement, la fusillant du regard.
— Nous devons agir rapidement, reprit la Duchesse d'un geste. Doué comme il est au sabre-laser, Thyrdreus Kallig est très probablement déguisé en acolyte à l'Académie des Sith sur Korriban à l'heure qu'il est. Alternativement, il serait placé par eux dans les pattes d'un quelconque Sith sur Dromund Kaas. Nous devons envoyer une équipe d'agents secrets compétents -dit-elle en tournant sa tête vers la responsable du renseignement républicain— pour le capturer rapidement.
— Pourquoi rapidement ? demande un membre du Service Diplomatique.
— Parce qu'une fois formé chez les Sith, Thyrdreus Kallig sera à coup sûr doté d'un vaisseau personnel, et ainsi fera des ravages en n'importe quel point de la Galaxie, lui répondit la matriarche des Dral. On peut donc parier que tot ou tard l'un de ces points sera Leritor. Mais rien ne nous dit que ce meurtrier ne tentera pas un coup d'éclat sur Coruscant !
— Ça reste très improbable, répondit un dignitaire rondouillard.
— Certes, monsieur le conseiller, reprit Malysire. D'autant plus qu'il fera bien moins de dégâts ici que sur Leritor. Mais l'Empire pourra le dépêcher sur n'importe quelle ligne de front pour paralyser vos forces, messieurs les généraux...
Les généraux semblent pencher vers Malysire Dral, entraînant les dignitaires de la république avec eux.
— Or, reprit la Duchesse, étant donné la présence de mon apprentie sur Korriban à l'instant ou nous parlons, et la probabilité qu'il y soit lui-même, éliminer le fugitif discrètement et mettre ça sur le compte des Sith eux-mêmes, me semble l'option idéale.
— En effet, se risqua Sarna, si je puis me permettre messieurs les dignitaires : Korriban et les Sith ne laissent aucune place aux faibles. La mort est la conséquence du plus trivial échec, chez ces dégénérés. Or, le cursus de formation des Sith inclut la visite des tombeaux des fondateurs de leur ordre...
— Ceux qui entourent la Vallée des Seigneurs Noirs ? demanda le Maître Jedi Tol Braga.
— Ceux-là même, Maître Braga, confirma la Sith sous couverture.
— J'ai été sur place, reprit le maître Jedi. Ces tombeaux puent le coté obscur, vous pourriez le sentir. C'en est oppressant, ajouta-t'il.
— Toute la planète est ainsi, lui répondit Sarna.
— Quoi qu'il en soit, c'est non, asséna un magistrat. Nous n'outrepasserons pas le jugement donné par la Cour Galactique de Justice.
— Oh que si, nous le ferons, Magistrat, lui répondit le Général Rossin, pointant le magistrat du doigt avec une pointe d'énervement dans le regard. Nous le ferons, et pour apaiser vos collègues, nous leur dirons que le condamné est mort de la main des Sith, dans un tombeau sur Korriban. Ça vous va ?!
— Cela suffit, Messieurs ! réasséna le représentant du Chancelier suprême. La présence de ce Kallig sur Korriban, si elle est confirmée, est effectivement une opportunité inespérée pour nous de frapper fort une monarchie qui, si nous en croyons les rapports du Général Rossin, nous est hostile en tout point.
— Errm... la branche actuelle de la monarchie læri, précisa Dral. Et la remplacer par la notre profiterait en tout point à l'effort de guerre de la république de la Voie Perlemienne jusqu'à l'Empire des Hutts !
— Et ça vous mettrait vous sur le trône, accessoirement, n'est-ce pas ? renvoya le conseiller sceptique.
— Même pas ! lui répondit la duchesse. Et je vous serais grée de ne pas m'insulter de la sorte, monsieur l'impépublicain, renchérit-elle. Si vous aviez lu vos fiches, vous sauriez que c'est insulter une femme, que de lui demander d'être roi ! C'est mon fils, Corvus Dral, qui montera sur le Trône ! Vous avez perdu une occasion de briller en société.
— On sait tous que derrière un roi, il y'a une reine-mère... répondit-il avec brio.
— Cela ira, merci ! reprit le représentant du Chancelier suprème.
— Madame la Duchesse, reprit le général Var Suthra : Korriban est sous le contrôle de l'Empire, et l'une des préambules du Traité de Coruscant est notre interdiction d'approcher le système. Infiltrer des agents là-bas serait extrêmement risqué, nonobstant la "puanteur" du coté obscur que vous et votre confrère Tol Braga ici présent nous signaliez.
— En effet, ajouta ce dernier : Avec l'oppression qu'exerce le coté obscur là-bas, il vous faudra au moins deux Jedi Sentinelles, sinon plus. Et pas de simples padawan.
— Il faut prendre ce risque sans hésiter, répliqua la Duchesse avec assurance. De plus, ma disciple est actuellement sur place. Elle pourra préserver les agents de l'oppression du coté obscur, mais aussi nous fournir les dates des épreuves, et ainsi préserver vos agents infiltrés, en les limitant à l'observation de la cible.
— Si je puis me permettre, messieurs les hauts-dignitaires de la république, tenta Sarna : Ce sera une mission-scalpel, véritablement. Quatre agents observateurs suffiront amplement ! Il faut juste trouver Kallig, c'est tout ! On n'aura plus qu'a profiter des épreuves à venir pour mettre en place des pièges, tuer Thyrdreus Kallig, et ainsi mettre la zizanie dans les bons rapports entre le Roi et l'Empire ! Vous n'aurez plus qu'à envoyer quelques diplomates offrir vos condoléances à Madame Panteer...
Les membres du Conseil échangèrent des regards inquiets. L'infiltration d'un groupe d'agents secrets de la république au cœur de l'ordre Sith était une proposition téméraire, mais le jeu en vaut la chandelle. Et le temps pressait.
— Avez-vous d'autres questions ? demanda le représentant du Chancelier suprême.
Après quelques derniers échanges, le représentant du Chancelier envoya les dignitaires délibérer.
* * *
— Agente Undossa ? demanda le conseiller sceptique via l'intercom. Une jeune mirialane lui apparut.
— Oui, conseiller ?
— Vous êtes toujours au niveau du Spatioport ?
— Affirmatif, conseiller ! Puis-je vous être utile en quoi que ce soit ?
— Bien sûr. J'ai besoin de l'identifiant d'un vaisseau diplomatique læri venant d'arriver ce matin ?
— Un vaisseau diplomatique læri... reprit Undossa en cherchant le journal des arrivées. Leth-Enth 0171, de mémoire... oui, c'est bien ça... Oui ! Oui, j'en ai un arrivé il y a trois heures au hangar Daragon, toujours là !
— Identifiants ? demanda le conseiller alors qu'il sortit son bloc de données.
— Tout de suite, conseiller... J'ai ! Vaisseau-frégate læri de classe Avalon III immatriculé 302.541.340.350.435.046.043, Identifiant Grek-Nern 0610, "l'Ongle de Gladius" !
— Parfait, lui répondit le conseiller avant de mimer à la dignitaire du S.I.S. de le rejoindre. Undossa, peux-tu m'envoyer l'holocapture de la sortie de chacun des passagers, s'il te plait ?
— Je peux, oui... Oulà, se reprit-elle : l'enregistrement est volumineux !
— Mais tu peux le faire ? demanda le conseiller.
— Oui, bien sûr, conseiller, lui répondit la mirialane. Mais il faudra fragmenter l'envoi, si vous voulez pouvoir voir les visages.
— Fais donc, coupa le conseiller semblant vouloir couper la conversation, avant de se raviser et rappeler l'agente du SIS en ligne.
— Vasla, demanda le conseiller tandis qu'il s'approcha de l'holoemetteur comme pour plus de discrétion : Tu as toujours ton sabre-laser, padawan ? lui demandit-il avec un sourire mesuré.
— J'espérais que tu me le demandes un jour, lui répondit la mirialane souriante et joyeuse. Sabre et bure ! Tout est là, dans mon vestiaire ! J'ai même des cristaux et pièces de sabre-laser en rab !
— Parfait... Je veux que tu t'insères à bord du vaisseau et que tu me mettes chaque pièce, chaque coursive de l'Ongle de Gladius en écoute. Même les chiottes ! Profite de tes cristaux et pièces de sabre pour faire un cadeau à la Duchesse, ça te donnera un alibi pour monter à bord.
— Enfin une mission pour la padawan, répondit-elle avec soulagement. J'y vais tout de suite ! Merci, maître. Vasla Undossa, terminé.
Et elle coupa la transmission. La haut-gradée du renseignement républicain n'en croyait pas ses oreilles.
— Maître ! reprit-elle. Tu es un maître Jedi ?
— Chut, lui ordonna discrètement le conseiller sceptique avant de faire un rapide tour d'horizon. La duchesse de Léritor a au moins raison sur un point, reprit-il tandis qu'il plaça son bras droit sous le bureau, appuya sur un bouton sur son bracelet et activa du poignet un mécanisme faisant sortir d'un clic l'émetteur d'un sabre-laser : Vous êtes vraiment aux fraises, au S.I.S. !
— Oooh.. ça va, hein ? s'offusqua la responsable. L'obéissance naïve qu'exige l'autre gourde de Saresh au Traité de Coruscant et les coupes budgétaires drastiques ne nous aident vraiment pas, justifia-t'elle.
— Ça va, ça va, rassura-t'il alors. Je suis d'accord avec toi sur ce point. Nous ne sommes point en paix, mais en guerre froide avec l'Empire, affirma le conseiller Jedi avec conviction. Mais mes sens de Jedi Sentinelle m'indiquent que tout ça sonne étrangement faux... et je connais pas cette pseudo-Sentinelle infiltrée chez les Sith, ce qui me laisse penser que c'est plutôt l'inverse : c'est une Sith qui s'infiltre dans nos réunions stratégiques. Une cultiste tenant la duchesse sous influence, ou bien une inquisitrice employant la Force pour dissimuler son vrai visage sous les charmes de la jeunesse et de l'innocence...
— Doit-on les arrêter ? demanda l'agente du renseignement, un peu perdue.
— Non, asséna sec le Jedi Sentinelle.
— Non ? demanda l'agente du rensignement, cette fois-ci franchement perdue.
— Chose curieuse, n'est-ce pas ? Le maître Tol Braga m'a indiqué la même consigne.
— On laisse une Sith nous infiltrer ?
— Ben non, du coup, reprit le Jedi Sentinelle. Ben non, du coup, puisqu'on sait que c'est une Sith. Donc elle ne nous infiltre pas du tout ! On la laisse avancer et déplier sa camelote. De plus, il faut bien le reconnaître : Leur appât est bien trop succulent...
— Ooh, répondit la responsable du renseignement, une lueur de réalisation dans son esprit : On active le piège à distance, c'est ça ?
— Exactement. De plus, tuer discrètement ce... Kallig, là, et mettre ça sur le compte des Sith, c'est une trop belle opportunité. La mettre à l'envers à Darth Gravus et au roi de Léritor, ça fait des années que le général Rossin en rêve... D'ailleurs, vous devriez le mettre sur écoute, lui aussi, des fois qu'il soit de connivence avec l'Empire... ou bien avec cette duchesse, et que sans le savoir, cette duchesse le soit elle-même...
Un jingle retentit, avertissant les deux personnages de la reprise de la réunion stratégique.
— Je suis prêt à te parier mon sabre-laser, lui annonça le conseiller sceptique, que la duchesse est en vendetta personnelle contre ce Kallig et n'a aucune intention de nous le ramener vivant.
— T'es sûr de ton coup ? lui demande l'agente du S.I.S.
— Sûr et certain, lui répondit le Sentinelle. Elle le fera tuer cinq cent fois — et le tuera elle-même une centaine de mieux — avant de nous le ramener... Et Rossin ne s'en plaindra pas !
— Mais donc qu'est-ce qu'on fait là exactement, demanda l'agente du S.I.S. tandis qu'ils rentrèrent à nouveau dans la salle de réunion.
— On tire un maximum la couette vers nous, lui répondit le Sentinelle tandis qu'ils reprirent place. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai envoyé ma padawan mettre la duchesse sur écoute, glissa-t'il à l'oreille de l'agente tout en tournant le dos à Malysire Dral, qui rentrait alors à son tour...
* * *
La réunion reprit, près d'une heure galactique standard et quart après l'envoi en délibération.
— Très bien, Maîtresse Dral, reprit le représentant du Chancelier Suprème. Vous avez notre soutien discret, nous ne voulons créer un conflit ouvert si peu de temps après le Traité de Coruscant. Le Chancelier Suprême s'y refuse catégoriquement. Prenez les mesures nécessaires pour capturer Thyrdreus Kallig vivant si possible, et un mandat d'arrêt vous sera délivré afin d'autoriser sa mise aux fers. Dans le cas ou il s'oppose, vous nous confirmerez le décès du fils cadet Kallig par holocapture, et le Service Diplomatique assurera la Famille Royale des condoléances de la République. La séance est levée.
Malysire Dral s'inclina respectueusement, et salua les divers conseillers quittant la réunion l'un après l'autre.
Une fois seule présente, la Duchesse se retira à son tour de la salle, avec les félicitations du Général Rossin.
* * *
— Brava, madame la duchesse ! lança un général Rossin enjoué.
— Merci, général, répondit la duchesse de façon lunaire. Mais, je crains de ne pas avoir totalement réussie ma mission.
— Vous avez reçu l'aval -certes officieux— de la république ainsi qu'un mandat d'arrêt intergalactique contre Thyrdreus Kallig : Qu'est-ce qui ne va pas ?
— Je sens que certains membres ont vu clair dans notre jeu, répondit la matriarche Dral. Notamment ce conseiller en habit blanc, là... Comme s'il avait tout compris !
— Qu'importe ? demanda le général Rossin. Qu'importe, qu'il aie ou non tout compris ! Le représentant du Chancelier Suprème Saresh n'y a vu que du feu ! C'est tout ce qui compte !
Rejoints par Venentine, les deux chefs républicains continuèrent à discuter stratégie tandis que la délégation læri remonta le parvis du Sénat en direction du Spatioport. L'Ongle de Gladius était prêt à rallumer les moteurs.
— J'ai hâte, confie alors le général Rossin à la Duchesse tandis qu'ils se séparèrent. J'ai hâte de vaincre Gravus.
— J'ai hâte aussi, Général, confirma la Duchesse sur la rampe du vaisseau. Hâte de voir mon petit Corvus ceint de la Couronne, hâte de signer l'éviction de l'Empire, hâte de signer le ralliement à la république...
Venentine se mit à ricaner à travers son masque, mais les deux chefs républicains se tournèrent vers elle. Dral la fusillait du regard.
— Errm... se reprit Venentine : Votre Altesse, le vaisseau vous attend pour décoller, annonça-t'elle pour reprendre figure.
— Il attendra une minute, lui répondit sèchement la duchesse.
— Oui, Madame, répondit la Sith effrayée.
— Merci pour tout, Général, reprit la veuve Dral en se retournant vers le général Rossin.
— Ensemble, lui répondit le commandant républicain tout en s'inclinant selon l'honneur.
— Ensemble, acheva la Duchesse en inclinant légèrement la tête.
Et celle-ci remonta la rampe du vaisseau ducal, après avoir salué l'ensemble des effectifs en présence. Quelques instants plus tard, le vaisseau ducal franchissait l'écran du hangar Daragon, et quittait le brouha perpétuel de l'œcuménopole républicaine avant de reprendre le chemin du vecteur d'hyperespace.
* * *
Sarna fit rouler la garde de la suite privée de la Duchesse, avant de s'y insérer. Sitôt arrivée, elle retira son heaume, rêvélant le visage d'une femme aux cheveux noirs de jais mais aux racines blanches, trahissant l'origine de la garde personnelle de la veuve Dral.
— Madame la Duchesse ?
— Entre, Sarna, lui répondit la veuve Dral.
Sarna s'exécuta. Le heaume au corps, elle contempla Malysire dans une robe longue de bain simpliste. Le bain coulait, et l'odeur des savons commençait à titiller les quatre narines en présence.
— Tu as manquée de discrétion lors de tes prises de parole, Sarna.
— Pardon ma duchesse, lança Sarna dans la seconde, telle une fillette désireuse d'éviter une punition. J'ai fait au mieux pour me tenir dignement aux yeux de l'extérieur, et peut-être ai-je négligée les personnes plus proches...
— Je pense que le conseiller en habit blanc t'a repérée, rajouta Dral.
— Est-ce si dramatique que ça, ma duchesse ?
— Non, mais je crains qu'il ne te faille repartir rapidement sur Korriban désormais, lui annonça la matriarche des Dral.
Sarna eût les larmes aux yeux.
— Mais tu t'es bien débrouillée à part ça, rassura alors la duchesse tandis qu'elle se rapprocha de sa favorite avec un sourire mutin.
Sarna ne savait plus ou se mettre, espérant malgré l'espérance un geste tendre de la part de sa duchesse. Geste qui ne tarda pas : quelques secondes plus tard, les deux femmes verrouillèrent leurs lèvres d'un tendre bisou. Quelques autres secondes de mieux, et la duchesse passa derrière Sarna, passa ses doigts fins sur l'attache de la robe de la Sith infiltrée et détacha celle-ci, faisant tomber d'un geste la longue jupe sur ses pieds. La læri aux cheveux noirs de jais, était nue comme un ver. Quelques instants plus tard, Sarna et Malysire partagèrent le bain chaud et sabrèrent une bouteille de grand cru Tarulien.
— J'ai hâte de voir la tête de Thyson et Dorothea lorsqu'ils verront leur fils accroché au portail du Palais Royal par la nuque... déclara la duchesse tout en remplissant les deux verres de sa main droite. La gauche, quant à elle, parcourait le corps de la læri aux cheveux noirs, pour son plus grand plaisir. Bien qu'entrecoupé de gémissements, le sourire complice de Sarna effraierait jusqu'au Conseil Noir.
— À la victoire, ma chère favorite ! clama la duchesse.
— À la victoire... mon amour, déclara Sarna.
Et les deux femmes trinquèrent à la mort prochaine de Thyrdreus Kallig.