Star Wars - Prince Vengeur, Episode IV : Un Prince sous Couverture

Chapitre 7 : Le secret de Dorvin

4485 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 11/06/2025 12:07

Dans la pénombre du corridor sud, Fulgus avançait d’un pas mesuré et altier, feignant l’indifférence. Les murs de pierre rougeâtre, gravés de symboles anciens, semblaient absorber la lumière vacillante des torches. Il sentit une présence derrière lui, discrète mais déterminée. Il n’eut pas besoin de se retourner pour reconnaître Brash Lupus, le plus silencieux du trio de Dorvin.

Brash s’approcha, effleurant d'un geste précis l’épaule de Fulgus, et glissa furtivement un petit carré de parchemin dans la main du læri, sans un mot. Puis il disparut, se fondant dans l’ombre comme s’il n’avait jamais été là.

Fulgus poursuivit son chemin jusqu'à une alcôve déserte pour déplier le message. L’écriture était nerveuse, précipitée :

 

« Jerc,

Contacte-moi dès que possible. Discrétion absolue.

Dorvin a une mission, et tu serais l’homme de la situation.

Récompense : source de pouvoir inédite, exclusive, partagée entre nous quatre.

Troisième épreuve : victoire assurée.

Temps serré. Ne tarde pas.

Brash.»

 

Son cœur accéléra. Il savait que tout contact avec Dorvin et ses acolytes pouvait être une épreuve, voire un piège déguisée par les Maîtres. Mais la promesse d’une source de pouvoir… le devoir de survivre, pour Gravus et pour Léritor... et la perspective de faciliter la terrible troisième épreuve… C’était tentant. Trop tentant.

Il hésita, pesant le risque. S’il était démasqué, c’en était fini de lui, voire même de sa famille. Mais refuser, c’était renoncer à une chance unique de s’imposer, d'assurer sa survie, de se rapprocher de ses propres objectifs.

Il froissa le papier, le plaça dans le feu de la torche avoisinante, puis se dirigea vers la prochain cours, le visage impassible. Il croisera sûrement un membre du trio en chemin.

Mais il avait pris sa décision.

Ce soir, il rejoindrait Brash, Carth et Ganno.

Ce soir, il jouerait le jeu.

* * *

 

Dans le couloir relliant la bibliothèque à la grande salle principale, Fulgus aperçut Carth Groundcrawler, près de l'escalier, présent mais absent comme à son habitude. Sa haute silhouette comme désarticulée semblait presque déplacée dans l’Académie austère. Les yeux de Carth, d’un gris pâle, erraient dans le vide, comme s’il cherchait à s’évader de ces lieux. Fulgus s’approcha, feignant l’indifférence. D’un geste discret, il posa une main sur l’épaule de Carth et la fit glisser lentement, marquant le signal convenu : un coup long pour Oui.

— Transmets à Brash et Ganno, murmura-t-il à voix basse avant de reprendre son chemin.

Carth cligna des yeux, l’air absent. Il ouvrit la bouche, puis la referma, hésitant. Un doute traversa son regard.

— Euh… c’était… un coup long, donc… attends… c’est « Oui », ou… deux coups brefs pour « Non » ? marmonna-t-il, le front plissé.

 

Un soupir agacé s’échappa de Brash, qui observait la scène à distance, les poings crispés.

— Par la Force, Carth, tu vas encore tout faire rater ! grogna-t-il à mi-voix, la mâchoire serrée.

Carth détourna les yeux, visiblement confus. Une ombre passa sur son visage, effaçant un instant son air distrait. Il serra les poings, les jointures blanchissant.

— Non… attends… je me souviens, finit-il par souffler, la voix rauque. Un coup long, c’est Oui. Je… je vais leur dire.

Et il se dirigea vers ses deux compères, l'observant depuis la porte du bureau des surveillants de l'autre coté de la salle

— Bon sang, Carth, pesta Brash : Tu ne vas pas me dire que tu es incapable de transmettre une réponse ?

— J'ai la réponse, balbutia Groundcrawler, penaud.

— Alors c'est quoi ? pesta Lupus, perdant le contrôle du volume. Ganno le rappela à la discrétion.

— C'est bien un coup long pour oui, et deux coups brefs pour non, c'est ça ?

Brash Lupus était prêt à en venir aux mains avec son comparse, totalement confus, comme s'il était en mode survie.

Mais Ganno rattrapa son comparse, voyant arriver un groupe de leurs camarades inquisiteurs : Arquila la nautolane, Loomis le rodien et Venusia la mirialane sortaient de la bibliothèque en direction de la salle de classe de Dame Ragate. Lupus eut tout juste le temps de feindre la plaisanterie avant que passe le trio.

— Oui, oui ! il a dit oui ! glissa Groundcrawler entre ses bras levés en posture de défense.

Le trio d'inquisiteurs passa le trio de Dorvin, mais Carth croisa le regard de Venusia Sonter, cherchant une approbation muette, un signe qu’il n’était pas complètement inutile. Derrière sa maladresse, Sonter perçut une douleur profonde, un fardeau invisible que Carth portait seul. Peut-être un passé trop lourd, des cicatrices que personne ne voulait voir. Carth s’éloigna, traînant légèrement les pieds, mais le dos un peu plus droit. Il avait accompli sa mission, aussi simple soit-elle. La mirialane le regarda en partant, songeant qu’il y avait plus de force dans la survie de Carth que dans bien des éclats de sabre-laser.

* * *

 

Deux heures standard plus tard, le groupe de Dorvin se rend en STAP au niveau de la zone avancée de fouilles près du tombeau d'Ajunta Pall, sabre d'entrainement au dos, au motif de travailler leurs katas d'Ataru, "tant qu'à faire, sur des limaces K'lor", selon Lupus, tel que consigné sur la demande d'autorisation approuvée et signée de la main du Seigneur Rottonic.

— S'entraîner en extérieur avec vos armes ? sur des cibles réelles ? demande le Surveillant Harkun au port STAP de l'Académie.

— Tout à fait, surveillant, répondit avec une confiance mesurée le meneur réel du trio, Ganno Dorvin.

— Humm... je reconnais la signature et le sceau du Seigneur Rottonic... et rien n'a l'air forcé... Alors je vous laisse passer. Vaquez, et soyez revenus avant l'heure de double !

— Tierce, Surveillant... tenta de négocier Lupus.

— Silence ! lui répondit sèchement le Surveillant, visiblement indisposé d'être passé ainsi par de simples élèves.

— Le Professeur Violy est indisposée, vous souvenez-vous, Surveillant ? répondit Groundcrawler en vue d'apaiser le Surveillant.

— Silence... lui renvoya le Surveillant, d'une voix cependant quelque peu plus calmée. Certes, le Surveillant ne laisse pas transparaître ses émotions d'un poil, en particulier devant les élèves. Malheureusement pour lui, cependant : son point faible est connu ! Il lui suffit d'entendre le nom de Dame Violy, la professeure de politique impériale à l'Académie, pour que le Surveillant déraille... Mais lui-même le sait : il a été le sujet des moqueries — décentes et raffinées avec l'âge — de ses anciens camarades de classe restés à l'Académie...

Le surveillant Harkun peut dresser tout le scepticisme qu'il veut, il ne peut de toute façon aucunement s'opposer à un Seigneur Sith.

— On peut peut-être vous aider...

— Passez... vite, asséna le Surveillant déboulonné à ses trois interlocuteurs.

— OK... désolé... mima un Groundcrawler feignant la contrition à ses amis intérieurement ravis. Pousser Harkun au-delà de ses gonds est l'un des petits plaisirs des élèves de l'Académie. Plaisir qui semble se transmettre de groupe à groupe, de génération d'élèves à génération d'élèves, à la manière d'un blason ou de traditions locales... Pourquoi donc y manquerait le trio de jeunes humains branchés le plus en vue de l'académie ?

Quoiqu'il en soit, le surveillant n'a que quelque deux minutes standard à tenir en dignité, avant que le groupe n'aie quitté le port STAP de l'Académie en direction de celui de la Vallée des Seigneurs Noirs. Après quoi le surveillant s'effondra debout, laissant sortir d'un long râle une vague de grief qui semblait ne plus pouvoir être ni contenue ni canalisée. Appuyé comme il le pouvait sur la barrière derrière lui, le surveillant Harkun mit quelques longues secondes à récupérer, le masque enfin tombé... avant de le remettre subitement, percevant la Force obscure d'un membre de l'encadrement poindre à l'horizon. Priant presque ne point avoir été vu par d'autres élèves, Harkun se recomposa émotionellement, et reprit sa triste posture droite de surveillant tandis que la bande à Dorvin s'éloignait à l'horizon.

* * *

 

Le dernier des membres du groupe n'a que tout juste posé le pied sur le port STAP des tréfonds de la Vallée, que le droïde donna l'ordre de départ du véhicule vers le garage à STAP de Dreshdae. Visiblement, même pour les droïdes STAP, l'heure, c'est l'heure !

Lupus regarda la scène avec consternation, avant d'être repris par Groundcrawler :

— Ah t'inquiète, Brash ! On le rappellera...

Un Dorvin quelque peu absent ces dernières secondes sembla tiré de son sommeil par la réplique de Carth ,et regarda la scène. D'abord Carth, puis Brash, puis le STAP filant à l'horizon... avant de répondre à son tour en levant les bras :

— Hé, les gars ! Avec ce que nous avons au programme, on n'aura peut-être même pas besoin de ça pour rentrer !

 

Face à l'air avide de Carth Groundcrawler, Lupus tempère :

— Eeeuh... je vous rappelle qu'on n'a que deux heures standard, les gars. Faut d'abord qu'on accède à la grotte, puis qu'on trouve le bon coin, puis qu'on essaie le truc... Pas dit que l'on aie assez de temps après pour...

— Oooooooohhhhh !! Rabat-joie, va ! lui assène alors son comparse en lui tapant amicalement l'épaule gauche.

— Hé ! C'est vrai ! répond alors le prudent Brash Lupus à l'ensemble du groupe. On aura peut-être pas le temps de prendre assez de puissance et de Force obscure pour léviter jusqu'à l'Académie, conclut-il alors en faisant l'emphase sur le mot léviter.

— Il n'a pas tort, assèna alors le meneur avec un sérieux qui acheva presque Carth sur place. D'autant plus que, vu notre veine, c'est Harkun et Rottonic qu'on a blousé pour venir ici. À tous les coups, ils enverront un droïde probe pour s'assurer que l'on est bien à taper du K'lor chez le patriarche.

— Ah ouaiiiis, en plus, repondit Lupus dans l'instant. Du coup ce soir, on ne va pas prendre masse de pouvoir. On est donc bel et bien dans le bantha, asséna-t'il en retournant son regard vers le point à l'horizon d'ou le STAP a quitté leur champ de vision.

— Allons, allons, Brash, reprit Dorvin en constatant la soudaine disparition du moral des troupes : nous allons d'abord observer le truc, voir comment il fonctionne, et tâcher si possible de le faire marcher ne serait-ce que quelques minutes.

Face à la déception de Carth et Brash, Ganno Dorvin tente de garder bonne figure et préserver le moral des troupes :

— Hé, on reviendra ! Le truc est là depuis des siècles, peût-être même un millénaire ! Il ne va pas disparaître du jour au lendemain parce qu'on est passé brièvement aujourd'hui ! Allez, venez, on va d'abord se montrer là ou on est sensé être. Ça va nous faire un bon échauffement !

 

Et le groupe s'élança alors bon gré mal gré, vers l'entrée du tombeau d'Ajunta Pall.


* * *

 

Arrivés à l'entrée nord du tombeau du Patriarche des Sith, le groupe de Dorvin découvre avec joie la présence d'un groupe de limaces K'lor à même les sables encore chauds, les attendant presque.

 

— Stop, messieurs, ordonna Dorvin tout en brandissant son sabre d'entraînement. Commençons par nous échauffer, nous étirer, instruisit le meneur du groupe tout en commençant à s'étirer la nuque, le sabre posé contre lui, la lame dans le sable.

— Pas besoin, répondit un Groundcrawler qui semblait pressé d'en découdre, ou alors désireux de perdre le moins de temps possible avant d'activer leur truc secret dans la grotte. Il se heurta au bras de Dorvin dressé par réflexe.

— Carth. On s'étire, on s'échauffe, on se fait voir à taper du K'lor pendant cinq minutes, et ensuite on ira activer notre petit secret. OK ?

— On perd du temps, là ! s'emporte Groundcrawler. On les a déjà bouffés à peine arrivés sur Korriban ! On peut les transformer en grillade sans aucun problème !

— C'est pour ça que j'ai sorti cet argument pour obtenir l'autorisation de sortie ! s'emporte à son tour Dorvin. Bien sûr qu'on les fume, je le sais qu'on les fume ! Mais tu sais qu'ils vont envoyer de la visite. Tu sais qu'ils vont nous chaperonner ! Tu sais qu'ils vont vouloir savoir si on est bien là ou on l'a dit, à faire ce qu'on leur a dit. D'ou l'intérêt de s'échauffer ici !

— Et pourquoi pas directement dans la grotte ? demanda alors Groundcrawler persuadé d'avoir la bonne réponse.

— Tu y es déjà allé, dans cette grotte ? Lui rétorque Dorvin du tac au tac, toujours dans les tours. Tu y es déjà allé ?! Tu sais ce qui nous attend à l'intérieur ?!?

Carth ne répondit pas.

— Moi non plus !!! Moi non plus, je ne sais pas. Toutes les saletés du Coté Obscur peuvent nous attendre à l'intérieur. Voilà pourquoi on doit s'entrainer et s'échauffer sur ce qu'on sait ! Ce qu'on sait vaincre ! Ce que l'on connait, ce qu'on maîtrise !

Réalisant qu'il perd le contrôle, Dorvin se ravisa et prit Carth puis Brash dans les bras.

— Messieurs. Je vous comprends. Vous voulez taper dans cette réserve de pouvoir, de puissance, de Force supposément illimitée et vous en mettre plein les fouilles, et y'a aucun problème. Moi aussi je veux m'en mettre plein le gosier. Mais je vous rappelle l'intro de l'autre tâcheron : "Il y a une différence galactique entre mourir sur Korriban, et être enterré sur Korriban" ! Si vous n'aviez pas encore compris, les gars : Si on crève dans cette grotte, non seulement ce sera la honte sur nos gueules et nos noms, mais en plus ils nous laisseront pourrir dedans ! Nous n'aurons ni rapatriement, ni enterrement sur place. Le seul enterrement qu'on aura peut-être, si Dieu le veut bien, c'est de faire lever le vent suffisamment longtemps pour pousser quelques quintaux de sable sur nos carcasses !

Dorvin a déjà fait mouche, mais rempile derechef :

— D'autant plus que nous ne sommes pas sensés être là-bas ! Si on y crève, ils nous laisseront pourrir là-bas comme punition ! Et pour l'example aux autres ! Et pour peu qu'ils découvrent eux-mêmes le truc, ils seront capables de le fermer, de le bloquer, de le sceller, voire de faire sauter la grotte ! Ce sont des Sith, pas des Jedi ! Ils ne nous pleureront pas, ils ne regarderont pas en arrière ! Et s'ils découvrent le truc, que croyez-vous qu'ils feront ? Hein ?! Ils se l'arrogeront pour eux-mêmes !! Si ce pouvoir est illimité, vous pouvez être surs qu'on n'y aura plus jamais accès ! Ils se l'arrogeront pour eux-mêmes afin d'empêcher qu'on s'en foute plein les fouilles toutes les nuits, et à terme ne devienne aussi puissants, sinon plus puissants qu'eux !! Vous y avez pensés, à tout ça ?!?

— Non, en effet, admet Lupus à voix basse, n'osant à peine lever le regard vers Dorvin.

— C'est pour ça que c'est moi qui mène la barque, les gars ! Répond alors Dorvin d'une voix posée, feutrée, comme s'il cherchait à assertir son autorité dans le feutré.

Réalisant la situation, Dorvin prit ses deux comparses dans ses bras :

— Je vous aime, les gars, déclara Ganno Dorvin d'une voix ferme mais posée. Je vous aime, les gars ! Je tiens à vous, et je tiens tout particulièrement à ce que vous restiez en vie ! Bien sûr que je veux ce qu'il y a de mieux pour vous, et ce pouvoir illimité en fait partie. Mais ce ne sera pas ce qu'il y a de mieux si on en crève avant de pouvoir en profiter !

Ce fut là la première marque de bienveillance et d'amour désinterressé, d'agape, que Carth et Brash reçurent depuis des années. Carth essuya ses larmes de sa manche, puis se recomposa.

— Allez, messieurs. Prêts à vous en mettre plein les fouilles ?

Les deux comparses s'en remirent et suivirent Dorvin dès lors, commençant alors leurs étirements.


* * *

 

Il plut des coups de sabre d'entraînement sur les infortunés nuisibles. À un moment précis, Dorvin lèva les yeux et vit un des droïdes probe de l'Académie survoler la scène, lentement et en hauteur. Il délivra alors une corde à linge à Lupus, qui surprend les deux, puis rassure Carth puis Brash, et intime l'ordre à ce dernier de lever les yeux. Le droïde continue sa trajectoire nonchalante. Brash comprend. Dorvin le relève et les deux produisent un cri de guerre, puis se jettent sur les dernières limaces vivantes. Les coups ont de plus en plus de dextérité, ainsi qu'une force assurée. Une minute plus tard, la dernière limace s'effondre.

Les trois poussent alors un cri de victoire, puis se dirigent vers le port STAP. Ganno sort sa paire de jumelles, scrute le mouvement ininterrompu du droïde-probe... puis envoie ses potes discrètement vers le couloir des sables et l'entrée de la grotte. Il fait le poteau autoour des cadavres de limaces, des fois que le droide-probe revienne sur sa trajectoire... puis court vers la grotte à son tour. Quelques instants plus tard, le trio est prêt à pénétrer dans la grotte interdite.


* * *

 

Ayant patiemment attendus à l'entrée de la grotte infestée — dont l'accès est interdit aux élèves en temps normal — et remplie de shyracks, le trio se mit en ordre de bataille : Dorvin sortit un blaster d'assasin -arme à distance rigoureusement interdite au sein de l'Académie et prohibée au sein de l'Empire — de sa cape et l'alluma, tandis que Carth Groundcrawler et Brash Lupus dégainèrent leurs sabres d'entrainement. Dorvin, ensuite, sortit son datapad et l'alluma, puis ouvrit ce qui ressemblait à une carte de la grotte. Il activa ensuite les fonctions lampe et boussole de son datapad, et le groupe se lança dans la grotte.

 

Le trio franchit sans trop de difficulté les premières cavités de la grotte. Les shyracks ne posant que quelques troubles mineurs, ils sont rapidement défaîts sitôt que Dorvin parvient à se faufiler derrière. Néanmoins, au bout de quelques temps, Lupus entend une voix étrangère au trio, et selon Dorvin à la classe tout entière : La voix guerrière et sombre semble celle d'un Sith confirmé, et pas l'un de ceux qu'ils croisent couramment dans les couloirs de l'Académie.

— S'il vient là on est morts, annonça un Groundcrawler presque paniqué.

— Si c'est un surveillant, lui répondit Lupus, alors il est peut-être pas en patrouille, mais en garde de quelque chose.

— D'autant plus qu'on est pas sensés être ici, précisa Dorvin tout en rangeant son blaster. Donc ils ne doivent pas voir des élèves ici tous les jours. Et qui plus est, c'est une voix qu'on ne connait pas, ce qui signifie qu'il n'est jamais dans les murs de l'Académie. On a peut-être une chance de le voir sans être vus nous-mêmes.

— Et tu veux faire comment sans ta lampe ? lui demanda Carth en pensant faire mouche.

Ganno Dorvin observa son comparse, puis se mit à tripoter son datapad. La lampe s'éteignit, puis une lueur bleue se mit à émaner de l'écran du datapad, éclairant les contours du visage du meneur.

— Comme ça, répondit Dorvin tout en retournant le datapad pour en montrer l'écran à Carth et Brash : le datapad montrait l'environnement en infrarouge.

— Ouaah, s'exclama Groundcrawler tout en tournant le datapad et observant l'écran.

— Tu as vraiment pensé à tout, ma parole ! rajouta le lunatique Brash Lupus à destination de son compère.

— Hé ! Pourquoi crois-tu que c'est moi qui mène la danse ?

Et le trio suivit le plus petit des trois hommes dans un petit couloir sombre et escarpé.

Ils finirent par atteindre une grande cavité éclairée par des flambeaux posés aux murs, mais lardée d'une énorme crevasse dont, de là ou ils sont, le trio ne voit pas le fond. Dorvin fait arrêter le trio, puis éteint la vision infrarouge et entame un enregistrement holo de la pièce, à trois-cent soixante degrés.

— Arrhorr, s'exclama un homme trapu posté de l'autre coté du ravin : Tu as entendu quelque chose ?

Le trio reconnut la voix précédente.

— Huiiiir ! Horg Gorg Hsiuuuuyrrr Hyuinnn Daaaa ! lui répondit une voix porcine semblant correspondre à l'homme appelé Arrhorr.

Et Dorvin ne s'y trompa pas : C'est bien un gamorrhéen qui rejoignit l'homme en face d'eux. Il inclina la tête devant l'homme à la voix grave, puis reprit des explications.

— Alors cherche la source de ce bruit : Il ne peut être bien loin !


* * *

 

L'heure de la relève des gardes, à l'Académie des Sith de Korriban, est annoncée par un terrifiant son d'ambiance dont on ne connait la provenance. À l'audition du signal, les gardes debout font un pas de coté, la nouvelle ligne de gardes les rejoint et prend leur place, tandis que les gardes relevés présentent les armes et prennent à l'unisson le chemin de la salle des gardes.

Groundcrawler et Lupus, avides d'informations utiles à seconde, voire à troisième vue, se sont vite délectés de cette information capitale, leur permettant de calquer leurs activités illégales sur le niveau de fatigue des gardes d'active attendant la relève. Et ils vendaient cette information à quiconque pouvait lâcher 10 crédits impériaux. Le Prince n'en fut pas exception à la liste, semblant ne pas regretter le moins du monde cet investissement : pour la première fois, ce savoir lui serait non seulement très utile, mais aussi capital : si les gardes le voyaient, même sans pouvoir l'attraper, ils pourraient signaler l'activité illégale du Prince aux autorités du Temple, lui attirant d'inutiles ennuis de la part des Seigneurs Sith, mais aussi de la part de Venentine, qui saurait forcément quoi faire de cette info. Et puis, ce Zabrak étrange, qui le fixe bêtement du regard à chaque fois qu'ils se croisent dans les coursives, et que Fulgus jurerait presque avoir déjà vu sur Leritor...

 

Les gardes vont être relevés et remplacés dans 10 minutes standard environ. C'est peu pour atteindre le lieu de rendez-vous, mais assez pour quitter les murs de l'Académie, à condition de s'y prendre dès maintenant. Ganno Dorvin, sous ses airs débonnaires, est loin d'être tête-en-l'air : il a calculé le nombre de postes de garde (et donc de gardes) que les aspirants hommes rencontrent entre leur dortoir, et le lieu du rendez-vous de ce soir. Information d'ailleurs, qui couta au Prince une seconde dizaine de crédits. Fulgus prit l'ensemble des informations disponibles, ce qui incluait l'emplacement précis de ceux-ci et diverses techniques pour les éviter. Noté sur son datapad, l'ensemble de ces informations (lui ayant couté une nouvelle dizaine de crédits) se retrouverait de prime utilité, sinon d'importance capitale, ce soir.

 

Le Prince devait absolument éviter chaque garde. Profiter de leur état de fatigue pour les induire en confusion par la Force, sinon les endormir quelques instants, et passer. Il devait passer la vingtaine de gardes qui lui barrait la route de la grotte dans laquelle se trouvait le point de rendez-vous. Outre les seuls gardes, le Prince pouvait être à tout coin de corridor surpris par un autre élève, un surveillant, un professeur... Mais la chose promise était trop importante aux yeux du Prince, pour faire l'impasse sur leur intérêt mutuel. Fulgus sortit le datapad pourpre, fit afficher la page correspondant à la liste des postes de garde, prit une grande respiration et s'élança hors du dortoir des aspirants hommes, à la rencontre du groupe le plus en vue de l'Académie cette année...


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Jerc arpentait le couloir reliant les dortoirs des hommes de troisième cycle au premier étage du grand hall, quand il croisa un jeune rattataki de premier cycle en quête d'un coup d'éclat. Celui-ci voulut le dénoncer, mais renonça lorsque le bec du sabre-laser du læri se posa sous son menton.

- Va te coucher, le zebré, grinça le prince. J'ai horreur des excès de zèle.

Le prince attendit derrière une rambarde le passage des gardes dans le grand hall, puis vit les gardes de ronde passer et poursuivre leur chemin vers le mess. Quelques secondes plus tard, il atteignait l'accès de service pour atteindre l'entrée des gardes, la seule ouverte pendant la nuit.

 

 

Fulgus se mit à imiter les gardes lors de leur ronde, longeant la corniche jusqu'au niveau des mannequins d'entrainement au combat. Arrivé sur place, il rompit sa marche cadencée sans coup férir, et se jeta par-dela la balustrade. Pour quelques instants tout du moins, il était hors de vue.


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— Il nous a lachés, pense Groundcrawler.

— Je ne pense pas, lui répond Dorvin : Il a acheté l'ensemble des infos avec intérêt, je ne pense pas qu'il déclinera l'invitation.

— J'ai laissé un droïde-sonde faire le piquet près des marchands d'armures, annonce Lupus. On le verra passer, normalement.

 

— Ah ! Te voilà enfin, le læri ! s'exclama Dorvin en voyant Fulgus hisser sa chevelure argentée hors de la capuche de sa cape.

— J'allais pas rater ça, les gars ! lui répondit le prince tout en lui serrant la main.

— Heureusement que j'ai pensé au droïde-holocaméra ! déclama Brash en éteignant son datapad. Un peu plus, et on se serait lancés sans toi !

— Ouaip, désolé pour l'attente.

— Allez, Brash ! reprend son ami Groundcrawler en tapant amicalement son ami à l'épaule. On va avoir besoin de son sabre-laser dans la grotte, et il va avoir besoin de renforts.

— Puis, reprit Dorvin, avec son sabre-laser et sa cape, il nous suffit de tomber un éventuel acolyte pour lui permettre de tromper les gardes !

— Pas con, Ganno ! Pas con ! s'eclama Groundcrawler.

— On y va, messieurs ? demanda le Prince. Ou bien on attend une demoiselle de la classe pour l'atout charme ?

— Ben on va pouvoir y aller, messieurs, lui répond Dorvin en prenant le pouls auprès de ses deux amis.

— On y va !

 

Et le groupe s'élance, Fulgus en tête tel un apprenti Sith, prêt à tromper les gardes éventuels.


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