Équilibre

Un petit vaisseau cargo filait à travers le système solaire. Assez grand pour accueillir les soixante survivants que Doremi et Ahsoka avaient sauvés du temple, il était cependant exigu pour un voyage aussi long. Mais avec l’Empire à leurs trousses, le confort était un luxe secondaire. La survie seule importait.

Et puis, au loin, apparut la planète bleue.

Depuis le cockpit, Doremi contempla la Terre. Une vague de nostalgie la traversa. Cela faisait dix ans. Dix ans qu’elle avait quitté ce monde. Elle aurait aimé qu’Ahsoka soit à ses côtés pour ce moment, mais son amie avait pris une autre route — protéger les enfants Jedi, les mettre à l’abri.

Doremi activa le système radio du vaisseau et, pour la première fois depuis une décennie, parla en japonais.

-Ici le vaisseau Jedi Souffle Astral, à destination de la planète Terre. Quelqu’un me reçoit ?

Silence.

Elle attendit deux minutes, puis lança un second appel :

-Ici le vaisseau Jedi Souffle Astral, nos intentions sont pacifiques. J’escorte des enfants qui ont besoin d’un refuge. S’il vous plaît, répondez.

Elle allait tenter un troisième message quand les haut-parleurs grésillement, puis une voix grave et assurée résonna :

-Ici le capitaine Jacob Keyes de l’UNSC Pillar of Autumn. Vaisseau Souffle Astral, vous allez être escorté vers un pont d’amarrage. Préparez-vous à une fouille complète.

Doremi resta figée, les yeux écarquillés d’émerveillement. Son cœur manqua un battement.

Là, dans le vide stellaire… il apparut.

Le Pillar of Autumn.

Majestueux. Monolithique.

Un croiseur colossal, plus grand qu’un Venator de la République, émergeait des ombres comme une cathédrale d’acier, forgée dans l’ambre d’une étoile morte. Son blindage gris acier, immaculé au combats, scintillait sous la lumière des étoiles. Des tourelles, silencieuses mais menaçantes, montaient la garde. L’avant du vaisseau, profilé comme une flèche, semblait viser l’infini.

En lettres capitales, sur sa coque, brillait son nom :

UNSC PILLAR OF AUTUMN

Ce vaisseau n’avait pas été conçu pour la paix. Il chantait la bravoure, la ténacité, la guerre. Il était une forteresse spatiale. Un testament de résistance.

-Par la Force… murmura Doremi, comme si le moindre son risquait de briser la magie du moment.

Autour d’eux, des chasseurs s’approchaient. Certains ressemblaient à des avions de chasse terrestres, d’autres à des droïdes Vautours — mais leurs mouvements étaient trop fluides, trop autonomes.

-Ils sont pilotés à distance… souffla Doremi.

Le Souffle Astral fut escorté jusqu’au pont d’amarrage. Depuis le cockpit, Doremi aperçut la formation d’accueil : des droïdes Dekka, boucliers déployés, formant une première ligne, tandis que des droïdes B1 et des soldats humains se servaient d’eux comme couverture. Si les Séparatistes avaient adopté une telle stratégie à l’époque de la Guerre des Clones, les Jedi auraient été écrasés.

Doremi descendit la rampe seule.

Un homme l’attendait. La cinquantaine, cheveux gris, regard bleu perçant. Son uniforme noir impeccablement boutonné, il imposait le respect d’un seul regard.

-Capitaine Jacob Keyes, je présume ? dit-elle. Je suis Maître Doremi Harukaze, du nouveau Conseil Jedi. Les enfants à bord ont échappé de peu à un massacre. Je vous en prie… soyez doux avec eux. Ils ont déjà enduré bien trop.

Keyes hocha la tête sans un mot.

Un à un, les enfants descendirent. Des humains, des Twi’lek, des Zabrak, des Togruta… même un jeune Wookiee et un Mon Calamari. Tous furent pris en charge, examinés, puis conduits dans un dortoir spartiate, mais suffisamment sûr pour les accueillir.

Resté seul, le capitaine activa un terminal. Une intelligence artificielle s’afficha sous forme d’un hologramme féminin.

-Cortana, je veux les résultats d’analyse des taux de Symbioïtes dans leur sang.

-Leurs taux sont bien plus élevés que la moyenne humaine. Identiques à ceux des… guerriers magiciens.

Keyes fronça les sourcils.

-Tu parles de ceux capables de télékinésie, de perception extrasensorielle, de persuasion mentale…

-Oui, capitaine. Leurs aptitudes sont inexplicables… mais bien réelles. Et c’est probablement la raison pour laquelle les tuteurs de ses Jedi ont été massacrés, comme nous l’a expliquer miss Harukaze.

-Je vois…

-Il y a autre chose, capitaine.

Il se tourna vers l’hologramme.

-J’ai consulté les archives de la pré-invasion. Doremi Harukaze est née sur Terre. Son ADN est étrangement similaire à celui d’une autre guerrière magicienne répertoriée : Pop Harukaze.

Keyes écarquilla les yeux. Il comprit immédiatement les implications, et cela expliquait comment elle pouvait connaître le japonais.

-Elles sont sœurs, capitaine.