Les Boîtes de Pandore

Chapitre 1 : Matriochka

1740 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 30/10/2025 16:08

Chapitre Un

Matriochka



Les deux jeunes pilotes n'avaient pas osé échanger un mot depuis leur départ de la station spatiale, gardant les yeux rivés sur la console de pilotage.


Leur passager était très certainement le plus haut dignitaire de l'Empire qu'ils avaient transporté jusqu'à présent. Le Seigneur Noir avait la réputation d'être implacable, impitoyable, mais surtout d'être le meilleur pilote de flotte.

Les pauvres navigateurs sentaient peser sur eux le jugement du Commandant Suprême.

Si celui-ci restait également mutique, le voyage n'était pas pour autant silencieux.


Sa respiration était lourde, douloureuse, lente et sonore. L'appareillage qui ornait le torse de son armure noire le maintenait en vie depuis maintenant plusieurs années.

Vivre était une torture quotidienne, une souffrance qui nourrissait sa colère persistante. Il lui arrivait parfois, par habitude, de faire abstraction de la douleur physique. La culpabilité et la honte prenaient alors le relais.


Le chevalier Sith était intimement convaincu du bien fondé de ses actions, mais les événements qui avaient fait de lui Dark Vador avaient laissé son âme meurtrie à jamais, sans aucune lueur de rédemption.

Autant de séquelles physiques et psychiques qui l'avaient lié à jamais au côté obscur de la Force, dont il était l'un des derniers dépositaires, l'un des plus puissants après son Maître, le terrible Dark Sidious.

Sous le casque noir qui couvrait jusqu'à son visage, le Seigneur Vador se repassait les évènements récents en mémoire.


Sa routine s'était vue malmenée par le retour des spectres de sa jeunesse passée, en la personne de son ancien Maître, Obi Wan Kenobi, le ramenant à son ancienne vie de Jedi.

Bien qu'il eut parfois l'étrange sentiment de ne plus être guère que le sarcophage de l'ancien chevalier Jedi qu'il avait été, son nom n'était plus Anakin Skywalker depuis bien longtemps.

Cela importait peu désormais, il avait tranché de son sabre laser les derniers liens avec sa précèdente existence en éliminant Obi Wan.

Du moins, en était il convaincu.


L'impassibilité apparente du seigneur Sith commençait à peser sur le moral des pilotes, qui furent soulagés de voir apparaître au loin une petite forme triangulaire en orbite autour d'une petite sphère mandarine.

Le Destroyer l'Étendard ainsi que la planète prirent rapidement de l'ampleur à mesure que la navette approchait.



La manœuvre d'accostage fut une partie de plaisir ainsi qu'une libération pour les pilotes.


Les ailes de la navette se relevèrent doucement, se plaquant presque au fuselage, pour pénétrer à la verticale sous le ventre du Destroyer afin de se poser dans le hangar d'accostage.


La porte à l'arrière de la navette s'ouvrit, laissant entrer un flot de lumière qui découpa l'impressionnante silhouette du passager qui venait de se lever.

Avant de descendre, sans se retourner, celui-ci s'adressa aux conducteurs de son timbre lourd :

-Vous avez bien piloté.

Puis, il quitta l'espace exiguë pour le quai.

Les deux jeunes hommes se regardèrent.

-Il nous a félicités ? Demanda le premier, interloqué.

-Tu penses qu'il a lu dans nos pensées ?

-Dans TES pensées, tu veux dire… J'avais parfaitement confiance en mes qualités de pilote.

Son comparse se focalisa sur son tableau de commande. Tout en pianotant son poste de pilotage, il hasarda :

-Il doit être perturbé. J'ai entendu dire qu'il s'était mis en tête de retrouver le rebelle qui avait mené l'assaut sur l'Étoile Noire.



Vador avançait, droit et impérial, entre les rangées de stormtroopers alignés pour l'accueillir, plus d'une centaine de soldats aux armures immaculées.


Pourquoi avait-il pris la peine de féliciter deux pilotes moyens et anonymes ? Un wookie aurait fait aussi bien. Le rebelle qui avait eu raison de l'Étoile Noire aux commandes de son x-wing, ça, c'était un pilote.

Lorsqu'il avait été à proximité, Vador avait senti la Force protéger le jeune rebelle. Il avait mis des semaines, en usant de tout son réseau de renseignements et d'espions, pour apprendre le nom de ce brillant insolent : Luke Skywalker.

Son fils était vivant, quelque part dans la galaxie, et avait rejoint la résistance.



L'amiral Dukas, maigre, flanqué d'une barbe de trois jours, arrivait vers le seigneur Sith en ajustant la veste grise de son uniforme.

-Commandant Suprême, le Destroyer l'Etendar est à votre disposition, annonça-t-il en peinant à se mettre au garde à vous devant un Vador qui continuait à avancer.

-Cela va sans dire, Amiral Dukas.

Vador était cassant.

L'Empereur avait rejeté sur lui le fiasco de l'Etoile Noire, aussi, était-il de nouveau assigné aux basses besognes.

-Je suis ici pour régler votre petit problème de résistants.

Dukas s'arrêta, forçant son supérieur à en faire de même. Celui-ci se tourna vers lui, les mains dans le dos.

-Il ne s'agit pas de… De résistants, Seigneur Vador.

Le Seigneur Sith combla lentement les quelques pas qui les séparaient. Sa respiration seule était menaçante.

La voix de l'amiral était mal assurée.

-Les rares témoins à avoir vu l'ennemi parle d'un droide de type inconnu. Un droïde présentant des similitudes avec les vieux droïdes astro mecano.

Dukas eu un rictus. Il était pâle, nauséeux. Donner cette information lui avait coûté.

Vador ne goûtait pas la plaisanterie.

-Dois-je comprendre, Amiral Dukas, que vous avez expressément demandé des renforts auprès du haut commandement parce qu'un vieux droïde astro mecano vous empêchait d'atteindre votre objectif ?

L'amiral dégluti péniblement avant d'argumenter:

-Vous avez exigé que ce site ne soit pas bombardé, afin de préserver toutes les informations potentielles de cette ancienne cache rebelle. Mais l'ennemi qui tient les lieux a décimé à lui seul huit colonnes de stormtroopers.

Vador se redressa légèrement, comme pour apprécier l'information à sa juste valeur.

Dukas aurait pu jurer entendre un soupir au milieu de la respiration mécanique de son supérieur.

-Soit, je vais descendre moi-même.

Il pointa un index menaçant sur Dukas:

-Soyez prévenu, Amiral, si cela s'avère une perte de temps, vous pourriez bien le payer de votre vie. Faites préparer mon chasseur.

L'officier glissa son doigt dans le col trop serré de son uniforme, avant d'annoncer dans un débit précipité :

-... c'est-à-dire que votre navette n'a pas encore été livrée…

C'en était trop. Vador leva sa main gauche, suspendant, dans un élan de la Force, Dukas a plus d'un mètre du sol.

Un frisson d'inquiétude parcouru la centaine de Stormtroopers toujours au garde à vous.


Le regard du Seigneur Noir repéra les deux jeunes pilotes qui l'avaient escorté quittant désormais leur navette en plaisantant.

La voix de Vador résonna dans l'air :

-Vous deux !

Puis, il lâcha sa prise sur Dukas qui s'affala au sol en prenant de grandes bouffées d'air.

Sa longue cape noire virevoltant dans son sillage, Vador se dirigeait dorénavant d'un pas vif vers les deux jeunes soldats qui n'osaient plus bouger, tel des Womp Rats pris dans les phares d'un speeder.

-Faites décoller cet engin, nous repartons sur le champ !



...




La descente au travers l'atmosphère bleutée de la planète fut de nouveau propice à l'introspection. Son Maître l'avait enjoint à plus de tempérance. Vador avait en effet jusqu'alors supprimé un nombre d'officiers incompétents un peu trop élevé selon les standards de Dark Sidious. Le Seigneur Noir regrettait néanmoins de ne pas avoir brisé la nuque de Dukas. La découverte de l'existence de son fils l'avait-il affaibli ?

Le fils d'Anakin, corrigea-t-il intérieurement.

Toujours était-il qu'il s'était abstenu de révéler l'existence du jeune Skywalker à son Maître.



La navette s'enfonça finalement dans une canopée d'or et de cuivre, au centre d'une clairière au tapis de mousse aux éclats coquelicots.

Les lieux étaient somptueux. Vador n'en avait cure.

Après avoir quitté la navette, il suivit un sentier sinueux qui descendait en lacet et en pente douce vers un plateau en contrebas qui était dominé par un haut temple ancestral, aux angles droits et aux larges pierres beiges.

L'air frais de ce début d'après midi ne dérangeait nullement l'homme en armure.


De la fumée s'élevait d'un camp de fortune composé de quelques tentes, situé à un jet de pierre de l'ouverture du temple. Une imposante porte avait dû être arrachée pour ouvrir la bâtisse à en juger par les épaisses planches brûlées qui pendaient encore aux gonds d'acier.



Les quelques Stormtroopers qui occupaient le camp furent pris au dépourvu, réajustant leurs casques à l'arrivée du Seigneur Vador.

L'un des soldats en armure blanche contourna le feu de camp sur lequel reposait un vieux chaudron en fonte.

-Votre Sombre Noirceur, votre présence nous honore !

-Je vous saurait gré de réserver votre flagornerie pour votre Amiral Dukas, trancha le Sith. Il en aura besoin si je décide de l'épargner à mon retour.

Il n'avait pas accordé un seul regard aux quelques soldats, préférant inspecter les lieux, tout en appréciant l'architecture de l'ancien temple Jedi.

-J'attends votre rapport. Que pouvez-vous me dire de l'ennemi ?


Le rapport fut succinct. L'ennemi, un quelconque droide de sécurité selon le soldat, était retranché dans les sous-sols et disposait d'une puissance de feu déraisonnable et illimitée.

Le droïde tenait, depuis maintenant plusieurs semaines, le centre névralgique de l'ancienne base rebelle, ne montrant aucun signe d'affaiblissement.



Vador avançait désormais vers lui. Cheminant le long de couloirs en pierre brute, aux murs parcourus de câbles et d'éclairages électriques.

Le Seigneur Noir saisi le manche de son sabre laser qui pendait à sa ceinture. Avec sa respiration lourde et sonore, il avait perdu depuis longtemps l'idée d'attaques surprises. Il avait troqué cette idée pour autre chose. Le souffle qui précédait Vador était la personnification de sa réputation, une promesse implicite de fureur implacable.


Dans le large encadrement, au cœur des ombres de la pièce qui était son objectif, s'allumèrent deux balises, accompagné en leur centre un petit halo de lumière azur.


La menace de l'ennemi fut plus explicite qu'un simple souffle :

-EX-TER-MI-NEZ!

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