Ô nuit, étoiles, Revenez!

Chapitre 1 : Pourquoi le matin est-il venu briser

4940 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 08:34

Note de la traductrice : Ce texte est la traduction d'une fanfic en anglais. J'ai procédé à la suppression de toute référence au nom de l'auteur, à ses autres récits, et au titre d'origine, à la demande de l'auteur elle-même. Pour des raisons de contrat d'auteur professionnel, elle doit effacer toute trace de sa participation aux fandoms en ligne. Avec son autorisation, ce récit peut rester accessible. Merci de respecter son souhait d'anonymat. Je peux répondre aux questions en MP.N'hésitez pas à partager ce texte s'il vous a plu ! Assez bavardé, Je vous laisse à la lecture.

Note de l'auteur: Bonjour à tous et bienvenue ! Il y aura des scènes pour adultes avertis, ponctuant l'intrigue. Soyez donc bien conscient qu'il y aura des scènes érotiques explicites Reylo. Par contre, cette fois les choses iront plus lentement : l'attraction montera progressivement en intensité, donc d'avance, merci pour votre patience !

Ô Etoiles, rêves et nuit fertile, Ô Nuit, Etoiles, revenez !Dérobez-moi à la lumière hostile, Qui brûle, au lieu de réchauffer Qui draine le sang des hommes pantelantsBoit des larmes, faute de rosée Offrez-moi le repos en son règne aveuglant Pour ne m’éveiller qu’à vos côtés Ah ! Éblouissant est le soleil ! 

« Ah ! Éblouissant est le soleil ! » Emily Brontë_______________________________________________________________________Jakku,

29 ans après la Bataille d’Endor.

Rey avait déjà vu de nombreuses tempêtes, toutes ces années sur Jakku. L’haleine brûlante des tempêtes de sable était devenue un élément récurent, même si toujours désagréable, de la vie quotidienne sur cette planète. Pendant cette tempête là, Rey s’était calfeutrée à l’intérieur du compartiment de transport de troupes de la carcasse d’AT-AT qui lui servait d’abri, attendant que cesse le crépitement du sable à l’extérieur des parois métalliques. Bien qu’elle ait fixé des couvertures pour calfeutrer l’écoutille, chaque éclair illuminait l’intérieur. A chaque violente bourrasque, Rey voyait les particules de sable s’infiltrer dans son abri.

Elle appuya l’arrière de sa tête contre le métal froid, se demandant ce que ça devait être de vivre dans un endroit humide et verdoyant… un endroit avec beaucoup d’eau, beaucoup de ressources, où les tempêtes arrosaient la terre et faisaient pousser les plantes. Elle avait déjà vu ces endroits, dans des films courts sur son simulateur de vol, et ils lui avaient paru plus tentants encore que les meilleures rations. L’esprit de Rey lui soufflait que des endroits pareils ne pouvaient pas exister pour de vrai, tant ils étaient éloignés du monde qu’elle connaissait.

Au bout d’un moment elle s’assoupit, roulée en boule sur le sol de l’AT-AT. Lorsqu’elle se réveilla, le sifflement du vent avait cessé, et la lumière du jour s’infiltrait par les lézardes du blindage, au lieu d’éclairs violacés. Rey cligna des yeux et tira les couvertures fixées sur l’écoutille, aveuglée un instant par l’éblouissante lumière du soleil, déjà haut dans le ciel. Les dunes avaient changé de place, dessinant de nouvelles collines et de nouvelles vallées. Sur Jakku, le paysage changeait en permanence. La planète entière obéissait à la volonté des tempêtes.

Au loin, Rey aperçut Teedo sur son luggabeast, traînant derrière eux un filet chargé de pièces métalliques. Si Teedo était parti de l’avant-Poste Niima, la tempête devait être finie depuis longtemps. Combien de temps Rey avait-elle dormi ? Le grondement sourd de son estomac confirma qu’elle n’avait pas mangé depuis trop longtemps, et la douleur brûlante dans sa gorge signifiait qu’il était grand temps de chercher de l’eau. Elle rampa en dehors de l’AT-AT, dégageant tant bien que mal avec son bâton la dune sableuse qui avait englouti le transporteur échoué. Elle dégagea son speeder, qu’elle avait mis à l’abri dans un autre compartiment du transporteur, et jeta ses dernières trouvailles à vendre dans le filet. Elle avait réussi à mettre la main sur quatre communicateurs dans l’épave d’un cargo. Ils ne fonctionnaient plus, mais ils comportaient des pièces avec assez de valeur pour la nourrir une semaine.

Elle enfourcha son speeder et activa le moteur. Elle fila vers L’avant Poste Niima, sentant sa faim et sa soif empirer à l’approche de la station. Peut-être, songea-t-elle, aura-t-elle l’occasion de rincer le sable de sa peau à la station de lavage. De temps en temps, après une tempête particulièrement violente, les ferrailleurs comme elle étaient autorisés à passer un court moment sous les brumisateurs. Rey n’avait pu le faire que trois fois dans sa vie, mais à chaque fois la sensation était si merveilleuse qu’elle en avait eu les larmes aux yeux. Peut-être qu’Unkar Plutt prendrait pitié d’elle cette fois et lui ordonnerait d’aller se rincer. Peut-être. Probablement pas.

Rey ne parvenait pas à se remémorer un seul moment de sa vie sans Unkar Plutt, et il ne manquait pas de le lui rappeler. Les ferrailleurs surnommaient secrètement Unkar « le blob » parce que son corps de Crolute pendouillait lamentablement en dehors de son milieu naturel aquatique. Il était le chef des ferrailleurs, efficace et sans pitié, avec à sa botte une véritable armée de brutes pour s’assurer qu’aucun pilleur d’épave ne tente de mettre en place un marché parallèle ni ne remette en question son autorité. Ceux qui démantelaient les vaisseaux dans les environs de Niima vendaient leurs marchandises à Unkar Plutt. C’était tout. On ne discutait pas. Il changeait les prix au gré de ses humeurs ; pour un limiteur de flux, Rey avait obtenu parfois 12 portions, parfois deux. Elle se revoyait toute petite, vivant tout près de l’avant-poste Niima, mais Unkar Plutt l’avait toujours mise mal à l’aise, alors elle s’était éloignée année après année.

Aujourd’hui, Unkar ne semblait pas être à son poste habituel. Rey gara son speeder et enclencha le verrouillage, puis descendit du véhicule et jeta son bâton sur son épaule. Elle tira son sac de communicateurs hors du filet, et les tira sur le sable jusqu’à la station de lavage. Elle consacra dix minutes à les dégripper et les lustrer, surprise d’être pratiquement seule. Elle supposa que les autres n’avaient probablement pas encore eu le temps de se remettre de la tempête, de fouiner pour de nouveaux appareils à revendre puis de revenir jusqu’à Niima. La seule autre personne à la station de lavage était une femme humaine si vieille que Rey ne distinguait pas ses yeux sous les plis de ses rides. La peau de la femme avait été changée en cuir par des années de soleil et de sable, mais ses mains étaient agiles alors qu’elle frottait vigoureusement les morceaux métalliques. Rey acheva le nettoyage des communicateurs et les glissa à nouveau dans son sac, se redressant sur ses jambes tout en jetant un regard envieux en direction du robinet dans le coin.

« Vas-y », entendit-elle derrière elle. Elle se retourna et vit le connétable Zuvio, un Kyuzo aux yeux verts, réputé pour son sens aigu de la justice. La moitié de son visage était cachée dans un chiffon noir, mais Rey vit un éclair de compassion dans ses yeux verts. Le Connétable Zuvio fit un mouvement du menton en direction du robinet sur le mur et répéta « Vas-y.Une minute. Prend du savon et un grattoir. »

« Merci, Connétable », dit Rey immédiatement, pour ne pas lui laisser le temps de changer d’avis. Elle bondit de son siège, trainant le sac de communicateurs derrière elle. Elle attrapa le pain de savon  et le grattoir en poils durs posés à même le sol, et ouvrit le robinet. Elle ne prêta pas attention à la morsure de l’eau froide sur sa peau, ni à ses vêtements trempés. Ils avaient bien besoin d’être lavés eux aussi, pensa-t-elle. Elle n’avait pas l’occasion de se baigner nue, et ne ressentait aucune gêne à se sécher en laissant simplement l’eau s’évaporer et la rafraîchir. Elle frissonna et ses doigts tremblaient terriblement alors qu’elle frottait le savon sur son corps, faisant des cercles d’un geste aussi rapide que possible. Elle racla la brosse sur sa peau, ignorant le frottement des crins détachant le sable et la saleté. Elle profita d’un moment sous le filet d’eau glacée, laissant le savon s’écouler alors qu’elle fermait les yeux. Elle s’imagina ailleurs, sur une des planètes du simulateur de vol. Un endroit de pluies froides.

« Ça suffit », entendit-elle dire le Connétable Zuvio, et Rey revint à la réalité. Elle redressa la poignée du robinet et acquiesça en silence, grelottant alors qu’elle dégoulinait d’eau glacée. Elle jeta le sac de communicateurs sur son épaule et inclina la tête pour remercier Zuvio lorsqu’elle passa devant lui pour se rendre sur le stand d’Unkar Plutt.

Il était revenu, et regardait d’un air atterré par la station vide devant lui. Rey s’approcha de l’ouverture et souleva avec difficulté les communicateurs qu’elle déposa sur le comptoir avec un grognement.  Unkar Plutt en saisit un et tapota la surface de son gros doigt mou.

« Est-ce qu’ils fonctionnent ? » demanda-t-il d’un ton bourru, et Rey fit non de la tête, en silence. Unkar poussa un soupir, sa poitrine grondant bruyamment alors qu’il s’empara des communicateurs. « Cinquante portions », dit-il, en se tournant pour se saisir des portions avec lesquelles payer Rey.

Rey haussa les sourcils, incrédule. Cinquante portions ? Elle s’attendait à, disons, cinq. Pas plus de cinq, en tous cas. Ce n’était pas la première fois que Rey apportait à Unkar du matériel de communication défectueux, et jamais il ne lui en avait donné plus de 5 portions. Cinquante ? C’était suspect.

Rey observa avec perplexité Unkar Plutt faire disparaître les communicateurs derrière son comptoir et déposer une pile de portions devant elle. Elle les enfouit dans son sac avant qu’il ne change d’avis, se demandant si l’absence d’eau salée avait achevé de lui griller les neurones. Elle fit demi-tour pour s’éloigner, quand la voix d’Unkar Plutt résonna derrière elle.

«  Attend, jeune fille. »

Elle le savait. Elle savait bien que c’était trop beau pour être vrai. Cinquante portions pour des communicateurs…ha ! Rey se retourna et jeta un regard noir à Unkar Plutt.

« Quoi ? Qu’est-ce que tu veux ? » Demanda-t-elle. Unkar fit un geste sur sa gauche, en direction d’un cercle d’abris provisoires fixés sur le sable. Rey savait qu’ils avaient été récupérés dans des épaves. Leur toile de métaux mélangés s’étirait sur des squelettes métalliques, et ils étaient assez grands pour protéger deux personnes des éléments. Rey savait bien ce qu’on faisait dans ce cercle de tentes. Elle fréquentait Niima depuis assez longtemps pour avoir vu les femmes entraînées à l’intérieur, de gré ou de force, avec les ferrailleurs ou les contrebandiers d’outre-mondes. Rey sentit se gorge se serrer, et secoua énergiquement la tête et s’adressant à Unkar Plutt.

« Je ne suis pas une putain » lui dit elle, et il leva les yeux au ciel.

« Je sais bien ! » aboya-t-il. « Il y a un homme dans la grande tente… Il m’a payé grassement pour te rencontrer. En tout bien tout honneur. »

« Je ne suis pas à vendre ! » S’étouffa Rey. Elle commença à retirer les portions de son sac et les jeta sur le comptoir. « Si tu m’as donné tout ça parce que tu comptais m’envoyer sous une tente avec un inconnu, tu peux très bien aller te faire… »

« Garde les portions » Répondit calmement Unkar Plutt, en les repoussant vers Rey. « Il ne te veut aucun mal. Fais-moi confiance. »

Rey fut déstabilisée. Unkar Plutt ne s’était jamais adressée à elle de cette manière. Elle cligna des yeux plusieurs fois et se rappela comment il la trimballait partout quand elle n’était qu’une enfant. Parfois, se souvenait-elle, il l’entraînait loin des gens, sans qu’elle ne comprenne pourquoi. Est-ce que le chef de la ferraille avait veillé sur elle, depuis toutes ces années, à sa façon ? Etait-il en train de la protéger en ce moment même, lorsqu’il lui assurait avec cette voix étrange que l’homme sous la tente était inoffensif ? Ou était-il en train de la piéger, de la tromper ? Rey reluqua les portions sur le comptoir. Elle n’aurait plus à craindre d’avoir faim pendant des semaines.

Elle les fit tomber dans son sac et se dirigea d’un pas ferme vers les tentes. Le pire qu’il puisse lui arriver, songea-t-elle un instant, serait d’assassiner un homme dans un abri provisoire.

_________________________________________________________ «  Son nom est Rey. »

Kylo Ren s’était immobilisé lorsque le Leader Suprême Snoke avait prononcé ces mots, en penchant son hologramme lentement dans sa direction pour guetter sa réaction. Ren avait failli oublier ce nom, - Rey - , mais soudain un flot de souvenirs inonda son esprit.

Rey, la plus menue des novices à l’académie Jedi de Luke Skywalker. Celle qui l’avait enquiquiné inlassablement tout au long de son adolescence tourmentée. Celle dont les petit pas légers le suivaient partout. Elle voulait être comme lui quand elle serait grande. C’était ce que la petite Rey avait déclaré fièrement. Mais Ben Solo n’était pas de cet avis ; il savait qu’il avait déjà un pied dans le côté obscur, et il chassait la fillette en lui ordonnant de le laisser tranquille. N’avait-elle rien de mieux à faire que de suivre ses aînés padawans partout comme un parasite, lui avait-il demandé ? Pourquoi n’allait-elle pas jouer avec les autres novices ? Mais alors même que Ben Solo se débattait contre l’obscurité qui s’immisçait irrémédiablement en lui jour après jour, il trouvait une forme de réconfort dans la compagnie de la fillette. Il se mit à apprécier cette façon qu’elle avait de lui ramener des fagots d’herbes sèches qu’elle appelait des fleurs. Il se mit à apprécier ses chansons naïves et sa façon de trottiner derrière lui. Il ne parvint pas à repousser la bouffée de fierté qu’il ressentit le jour où elle prit un sabre laser en main pour la première fois, paraissant si minuscule derrière cette arme immense.

Ben l’appelait « son rayon de soleil », car elle irradiait de bonheur et de chaleur comme si elle était une étoile à elle seule. Il l’avait appelée « Rayon de Soleil » jusqu’au jour où il avait massacré quasiment tout le monde à l’académie. Luke Skywalker lui avait échappé,  évidemment, et aussi la fillette aux petits pas légers. Rey. Il avait été au dessus des forces de Kylo Ren de frapper cette cueilleuse de bouquets, pris d’un soudain sursaut de scrupules.

A présent, Kylo Ren était contraint d’écouter le Leader Suprême prononcer le nom de la filette et lui expliquer qu’elle vivait sur Jakku depuis toutes ces années. Snoke raconta que la fille était pilleuse d’épaves, qu’il avait réussi à suivre sa trace à travers la Force après une série d’échecs. Le dernier Padawan, c’était ainsi que Snoke parlait d’elle, et il ordonna à Kylo Ren de se rendre sur Jakky pour aller la chercher.

« Elle ne se souvient de rien » lui avait dit Snoke. « Le côté clair de la Force l’a préservée. Je ne pense pas… que la fille soit consciente le moins du monde de ses pouvoirs. C’est un potentiel brut pour nous. Amène-la sur la base Starkiller. »

Kylo Ren avait demandé des précisions. Devait-il la capturer et la ramener comme prisonnière ? Devait-il effacer sa mémoire et remplacer les souvenirs de la fille, pour qu’elle veuille venir sur Starkiller ? Non, avait répondu Snoke. Kylo Ren devait être son professeur, l’informer sur ses capacités et lui enseigner que son avenir était au service du Premier Ordre. Il devait tout lui apprendre sur la Force, sur les capacités d’un Utilisateur de la Force, sur le confort et le pouvoir dont elle disposerait si elle venait sur la Base Starkiller. Il devait l’y amener de son plein gré, ou pas du tout. C’était les ordres de Snoke.

Il était venu seul sur cette planète désertique isolée, pilotant lui-même avec des compétences limitées le vaisseau le plus simple qu’il ait pu trouver, disposant d’un hyperdrive. Il était arrivé juste avant qu’une monstrueuse tempête de sable ne s’abatte, et il avait du attendre que cessent les éclairs et les bourrasques se sable pendant plusieurs jours dans la décharge qu’était l’Avant-poste Niima. Il avait identifié facilement le chef des ferrailleurs que lui avait indiqué Snoke – celui qui s’appelait Unkar Plutt – et il avait payé à la créature une somme énorme en échange d’un peu de temps avec Rey la pilleuse d’épaves. Il avait été très clair sur le fait qu’il n’était pas un client cherchant une prostituée, et qu’il n’avait aucune intention de lui faire du mal. Du temps et un endroit calme, avait-il demandé. C’était tout ce dont il avait besoin.

Et maintenant, il se tenait droit dans l’abri provisoire, tournant en rond pour tuer l’attente. Il avait choisi la plus grande tente du cercle, une unité pour six personnes au lieu des petites tentes pour deux qui constituaient le reste des abris. Il songea qu’au moins, il pouvait tenir debout à l’intérieur de celle-ci. Il leva la main et ajusta sa capuche sur son casque, et regretta un moment de ne pas avoir d’uniforme plus adapté à la chaleur du désert. Les nombreuses épaisseurs de tissu noir étaient étouffantes, même à l’ombre, et il portait son casque, ce qui l’empêchait de boire à sa gourde. Il avait pris trois capsules d’hydratation il y avait à peine une heure, mais il sentait la sueur tremper ses vêtements et le déshydrater progressivement.  Il posa par sécurité la main sur sa hanche, et toucha la garde de son sabre écarlate. Il se demanda si Rey se souviendrait de ce qu’était un sabre laser, ou si elle était trop jeune à l’époque pour s’en rappeler. En tous cas, elle n’en avait certainement croisés depuis, dans cet endroit sordide.

« Je ne sais pas qui vous êtes » fit une voix tranchante depuis l’ouverture de la tente, « Et je ne sais pas ce que vous me voulez. Sachez que je suis tout à fait capable de me défendre toute seule, et je vous conseille de ne pas tourner autour du pot. »

Il esquissa un sourire derrière son casque. Ses cheveux étaient humides, ses vêtements trempés, et Kylo Ren songea qu’elle avait du s’arranger pour se rafraichir rapidement sous un des robinets qu’il avait vus aux murs près du stand de troc. Elle ne le quitta pas des yeux en entrant dans la tente, et il vit que le sac qu’elle avait sur l’épaule était rempli de portions nutritives. Dans son autre main, elle tenait un bâton de combat. Ses yeux noisette étaient froids – magnifiques, mais froids – et ses lèvres serrées en une ligne sévère.

«  Et bien, comme tu as grandi, Rayon de Soleil », dit Kylo Ren, sa voix transformée par le micro à l’intérieur du casque. Il observa sa grimace, et s’accorda un moment pour l’observer des pieds à la tête. Il n’avait pas tort ; elle avait vraiment grandi. Bien sur, la dernière fois qu’il l’avait vue, Ben Solo n’était qu’un garçon maigre à la peau constellée et aux oreilles décollées. Mais elle était une fillette attentive, et maintenant… Maintenant, elle n’était plus une fillette. Ses vêtements mouillés moulaient un corps avec des courbes, une taille fine, des seins et des hanches, et il comprit que la fillette était aussi disparue que Ben Solo. A la place il y avait cette femme, cette pilleuse d’épaves qui avait aiguisé son regard depuis des années de survie solitaire.

« Qui êtes-vous ? » Demanda-t-elle encore, et il vit son regard glisser vers sa hanche, où il tenait ses doigts serrés sur la garde de son sabre.

« Veux-tu t’asseoir ? » Demanda-t-il simplement, accompagnant ces mots d’un geste en direction des coussins alignés le long des parois de la tente. « Je vais tout t’expliquer. »

« Je ne toucherai rien d’ici » Dit Rey, en faisant une grimace de dégoût. « Je sais ce que les gens font dans ces tentes. »

« Ce n’est pas ce qui va t’arriver. Sois tranquille ; je ne souhaite rien de plus qu’une conversation. »

« Dans ce cas retirez votre masque », lui ordonna-t-elle avec un mouvement du menton dans sa direction. « Je refuse de parler à un monstre sans visage. Je veux savoir qui vous êtes. »

Kylo Ren hésita. Il ne retirait son masque pour personne, ces derniers temps. C’était une façon d’entretenir son lien avec le côté obscur – il se dissimulait entièrement aux yeux de tous ceux qu’il rencontrait. Chaque centimètre de sa peau était couvert, du menton jusqu’au bout des doigts, jusqu’aux chevilles et plus important encore, son visage. Il y avait une vulnérabilité certaine dans le fait de se dévoiler, et Kylo Ren avait mieux à faire qu’être vulnérable. Ses doigts tressaillirent sur ses côtés alors qu’il considérait la requête de Rey. Il pouvait refuser de retirer le casque, mais elle risquait de tourner les talons et quitter aussitôt la tente. Snoke avait été très clair sur le fait qu’elle devait le suivre de son plein gré.

Il leva donc ses mains gantées et abaissa sa capuche noire. Du bout des doigts, il pressa les boutons sur les côtés de son casque, et un sifflement pneumatique retentit alors que le masque se décrochait du casque. Il souleva le casque au-dessus de sa tête et le logea sous son bras, passant les doigts gantés de sa main droite dans ses cheveux moites.

Il observa Rey, étudiant son visage en quête d’un signe de reconnaissance. Y avait-il la moindre chance que la fillette aux fleurs – la fillette qu’il appelait « Rayon de Soleil » - ne jaillisse de derrière ce regard de pierre ? Il observa, et attendit, mais la fillette avait disparu. Elle ne le connaissait pas… Elle ne connaissait pas Ben Solo, et encore moins Kylo Ren.

« Très bien, » Murmura-t-elle. « Qu’est-ce que vous voulez? »

Il fit un demi-sourire et déclara d’un ton neutre, « J’aimerais discuter avec toi de quelque chose qui va changer ta vie pour toujours. Quelque chose qui s’appelle La Force. »

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