Ô nuit, étoiles, Revenez!

Chapitre 2 : Ou je pourrai leur rendre leur liberté

4926 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 09:46

« La Force est un conte », cracha Rey en jetant son sac sur le sable et campant les poings sur ses hanches. Elle avait entendu des histoires, toutes ces années, sur les Jedis et les Sith, sur Luke  Skywalker et les héros de la Grande Guerre. Elle avait entendu parler des gens qui déplaçaient des montagnes à la force de leur esprit. Mais jamais Rey n’avait rien vu de tel, et elle leva les yeux au ciel devant l’homme aux cheveux d’ébène qui se tenait face à elle. « Ça n’existe p…-»

Elle ne parvint pas à finir sa phrase, bouche-bée, car l’homme avait tendu la main devant lui et accomplissait quelque chose d’incroyable. Il n’en toucha aucun, mais les coussins crasseux alignés dans la tente se mirent à  léviter et à s’organiser. Un par un, ils se déplacèrent jusqu’au coin opposé de l’abri et s’empilèrent les uns sur les autres en une colonne parfaite. L’homme abaissa sa main et regarda Rey avec gravité.

« La Force n’est pas un conte, » Déclara-t-il. « As-tu déjà entendu parler des midi-chloriens ? »

Rey se renfrogna, mal à l’aise. Elle n’avait évidemment pas été à l’école sur Jakku, et elle n’aimait pas se sentir idiote. Elle haussa les épaules et répondit d’une voix égale, « Non, jamais. C’est quoi ? » 

« Les midi-chloriens sont des particules minuscules, plus petites que ce que tu peux imaginer. On les trouve dans les cellules de tous les êtres vivants… Ils sont… en nous. » 

Rey eut un mouvement de recul et baissa les yeux sur ses bras, se demandant s’il était possible qu’il y ait des « particules minuscules » sous sa peau. Elle se gratta machinalement et leva les yeux vers l’homme lorsqu’il gloussa.

 «  Ne t’inquiète pas, » dit-il, levant sa main à nouveau. « Tout le monde en a. En quantités variables. Certaines personnes avec très peu de midi-chloriens vivent parfaitement heureux, et sains, et ont des vies normales. Mais ils n’ont aucun pouvoir de Force. Ceux qui au contraire, ont de très grandes quantités de midi-chloriens ont un potentiel de Force infini. Et toi… Rey, la Force est très puissante en toi. »

 «  Qu’est-ce que ça veut dire ? » Rey s’éloigna instinctivement de l’homme à la cape noire. Il était fou. C’était évident. Elle secoua la tête et insista, « Vous vous trompez de personne. Je n’ai rien à voir avec la Force, avec des particules invisibles, ni avec le potentiel de faire quoi que ce soit. Je vous en prie, laissez-moi tranquille. »

 Elle souleva son sac du sol et tourna les talons pour sortir de la tente. Quand elle sentit la main de l’homme saisir son coude, son sang ne fit qu’un tour : elle pivota sur ses pieds et lui jeta son coude au visage. Elle le frappa avec une telle violence que du sang jaillit de son nez, mais Rey n’en avait pas fini. Elle fit pression des deux mains sur son torse et le repoussa de toutes ces forces. Il fut projeté en arrière avec beaucoup plus de force qu’elle ne s’y attendait, et ses paumes la démangèrent. Elle regarda ses mains avec curiosité alors que l’homme se relevait maladroitement, frottant son nez ensanglanté  avec sa manche.

 « Tu vois ? » Dit-il d’une voix étouffée par le sang. « Tu vois ce que tu peux faire ? »

 Rey baissa les bras et secoua de nouveau la tête. « Je vous ai poussé, c’est tout. Et vos petits tours de magie avec les coussins ne prouvent rien du tout. »

 « Ils prouvent tout, » Corrigea-t-il, toujours en s’essuyant le sang du visage. Il ferma ses yeux un instant et inspira profondément, et Rey vit avec stupeur le saignement cesser. Le bleu qui apparaissait déjà sur son visage s’estompa. Il ouvrit les yeux, et Rey eut peur.  Mais ses jambes ne lui obéirent plus, et l’homme s’approcha d’elle. Elle le parvint pas à lever les pieds, ni crier, ni faire quoi que ce soit d’autre que se tenir immobile, alors qu’il prenait la parole.

 « La Force est puissante. C’est de l’énergie. Elle est en tout ; elle est partout. Elle a toujours été autour de toi, et en toi, même si tu ne l’as jamais su. Ton niveau de Midi-Chloriens a été évalué il y a des années, Rey, et la Force est extrêmement puissante en toi. Ce que tu viens de faire, me repousser avec une telle violence… admets le. Tu sais que tu peux réaliser des choses que tu aurais toujours crues impossibles. Maintenant ferme les yeux et libère toi de mon emprise. »

Rey se força à fermer les yeux et à faire ce qu’il lui ordonnait, ne serait-ce que pour se libérer coûte que coûte des liens invisibles qui la tenaient prisonnière. Ses paupières refusèrent de se baisser, et elle réalisa l’ampleur de l’emprise de l’homme sur son corps. Ça la mit dans une colère folle, et subitement, elle sentit un flux d’énergie parcourir ses veines. Elle cligna plusieurs fois des yeux, les ferma, et son corps tout entier poussa un rugissement lorsqu’elle projeta une énergie brûlante en dehors d’elle, dans une tentative désespérée de se libérer du contrôle de cet homme.

Ses jambes bougèrent. Ses bras bougèrent. C’était comme s’éveiller de la raideur de la mort. Elle inspira bruyamment et trébucha, mais l’homme la rattrapa avant qu’elle ne s’écroule sur le sol. Elle voulut se dégager, mais sa tête tournait trop. Elle sentit les bras de l'homme la guider en position assise, et sa voix murmura,

« C’était… pas mal. Mais tu vas te sentir épuisée un moment. Reste assise. »

« Qui êtes vous ? » Demanda Rey une fois de plus, fermant les yeux pour étouffer la sensation de tourbillon autour d’elle. Elle toucha son front de ses doigts tremblants et demanda « Qu’attendez-vous de moi ? »

« Mon nom est Kylo Ren. Je suis le Maître d’une organisation qui s’appelle Les Chevaliers de Ren, rattachée au Premier Ordre. La Force est puissante en moi aussi, mais j’ai été entraîné. Formé. Tu pourrais être très puissante si tu acceptais d’être formée. »

Rey eut un rire silencieux et leva les yeux vers l’homme. « Et donc ? Vous me voulez comme votre… votre apprentie, Maître Kylo Ren ? Vous me voulez comme disciple ? C’est ça ? »

« Quelque chose de ce genre, oui » acquiesça-t-il. Rey se sentit rougir de perplexité autant que d’un autre sentiment, et elle avala sa salive, les yeux rivés sur le sable.

« Je ne vais nulle part avec vous. J’attends le retour de ma famille. Je ne peux pas quitter Jakku. »

« Ta famille. » Kylo Ren descendit à sa hauteur, s’accroupissant dans le sable devant elle, et plongea son regard dans le sien. Rey replia ses jambes contre sa poitrine et ne détacha pas les yeux du sable. Il dit avec douceur, « Tu n’as pas de famille, Rey. Tu as été confiée à Unkar Plutt. Il a touché beaucoup d’argent pour s’assurer que tu ne finisses pas comme un cadavre juvénile desséché dans le désert.  C’est bien ce qu’il a fait ? »

« Comment pourriez-vous savoir quoi que ce soit sur ma vie ? » éructa Rey, levant vers lui un regard brûlant. « Qui croyez-vous être pour moi ? Vous êtes juste un magicien taré sorti de nulle part pour me kidnapper. Voilà ce que vous êtes. »

Il eut une drôle d’expression que Rey eut du mal à déchiffrer. Il fallut un long moment pour que ses traits se coordonnent en une mimique identifiable. Ses yeux s’agrandirent dans une expression de grande tristesse. Sa bouche se serra, et il se mordit la lèvre inférieure. Rey vit qu’il était contrarié, tourmenté par une pensée muette, mais il finit par se résigner et demanda avec douceur,

« Te souviens-tu des fleurs de Vormur ? Leur parfum… ferme les yeux. »

Rey hésita. Elle n’avait pas confiance en cet homme. Elle ne voulait pas fermer les yeux et baisser sa garde en sa présence. Mais quelque chose de profondément enfoui en elle la poussa à baisser les paupières et imaginer… Qu’avait-il dit ? Les fleurs de Vormur ? Elle n’avait jamais entendu parler de telles –

Soudain un parfum entêtant, agréable, emplit la tente. C’était à la fois nouveau et familier, et la respiration de Rey se fit irrégulière alors qu’elle inspirait à pleins poumons. Elle entendit la voix de Kylo Ren qui disait

« La petite fille qu’on appelait Rayon de Soleil… elle apportait des bouquets d’herbes sèches à un adolescent jusqu’à ce qu’il lui suggère de cueillir plutôt des fleurs de Vormur. Elle voulait toutes les accrocher dans les cheveux du garçon, mais il n’aurait jamais autorisé tant de frivolité. Elle disait qu’elle était une mariée, serrant les bouquets de fleurs, et le garçon la laissa faire quelques minutes, un jour, lorsqu’il la laissa lui prendre la main. Te souviens-tu de cette petite fille ? »

Rey ouvrit les yeux, et le parfum des fleurs disparut. Elle était troublée par cette histoire, le jeune garçon et la fillette, le « Rayon de Soleil » et les deux mains serrées. Elle secoua la tête et dit tristement,

« Je pense que vous vous trompez de personne. Je ne suis pas la disciple que vous cherchez. »

« Mais si, c’est bien toi ». Il se redressa, et se racla la gorge. Rey garda les yeux au sol encore un moment, écoutant les cliquetis et sifflements au-dessus d’elle. Lorsqu’il reprit la parole, le son de sa voix était transformé par le filtre dans son masque.

« Je vais rester ici, à l’Avant-Poste Niima, jusqu’à nouvel ordre. Si tu souhaites parler, ou voir d’autres ‘tours de magie‘, ou me frapper et me faire saigner du nez, tu sais où me trouver. Oh… Au fait. Prend ceci. Troque le à Unkar Plutt. Tu avais besoin d’un nouveau générateur, n’est-ce pas ? Il en a un en stock. Contre ceci, il te l’échangera, et peut-être même un peu plus. »

Un petit objet brillant tomba sur le sable aux pieds de Rey. Elle le ramassa et l’observa attentivement. C’était un cryoboard, une pièce  électronique utilisée dans les boucliers déflecteurs.  Rey savait que tous les vaisseaux de la décharge avaient été pillés et chaque cryoboard revendu à prix d’or. L’homme qui se faisait appeler Kylo Ren avait raison ; avec celui-ci, elle pourrait négocier une fortune auprès d’Unkar Plutt. Mais elle le tendit à l’homme alors qu’elle se redressait.

« Merci quand même, » dit-elle froidement, en insistant pour lui rendre le petit cercle métallique. « Je n’ai ni envie ni besoin de votre charité. »

Il hésita un instant, mais finit par reprendre le cryoboard de sa main, le saisissant entre deux doigts gantés de noir et le glissant dans sa ceinture.

« Si tu changes d’avis à son sujet, » dit-il en se dirigeant vers l’ouverture de la tente, « Je serai dans une chambre louée dans le bâtiment derrière le stand de troc. »

Rey le regarda s’éloigner, et elle resta debout quelques minutes dans l’abri, seule, à reprendre ses esprits. Elle regarda autour d’elle, vit les larges empreinte de ses pas sur la sable, et les coussins empilés soigneusement avec ses étranges pouvoirs magiques.

Il lui avait dit son nom, avait déclaré être le chef d’un groupe de ‘chevaliers’, qu’il était à la solde du Premier Ordre. Il avait insisté sur le fait qu’ils se connaissaient déjà. Il prétendait connaitre sa famille, ou son absence de famille, du moins. Mais qui était il ? Rey se saisit de son bâton et de son sac de portions, déchirant un des emballages avec les dents et le mâchonnant longuement. Elle fit son possible pour se souvenir de lui, pour se souvenir des fleurs dont il avait parlé, de la fillette et du garçon de son histoire. Mais rien ne lui venait. Elle savait qu’il était un homme étrange aux pouvoirs étranges, quelqu’un de persuadé qu’elle avait des compétences exceptionnelles. Elle fronça les sourcils et sortit de l’abri, se dirigeant d’un pas vif vers son speeder, convaincue de ne plus revenir à Niima tant qu’elle aurait du rab de portions. Avec un peu de chance, d’ici là l’homme serait parti.

 « Tu as failli lui révéler son passé », siffla le leader Suprême Snoke. Kylo Ren baissa les yeux et dit avec prudence,

 « Je sais, Maître. Je vous présente mes excuses. Elle n’était pas du tout réceptive à mes enseignements sur la Force, ni sur son potentiel. Elle était hostile, et agressive. Elle m’a fait saigner et m’a projeté à travers la tente.

Le petit hologramme de Snoke sur le communicateur tressaillit. A l’extérieur de la petite pièce qu’il avait louée, Kylo Ren entendit des clameurs et un bruit de bagarre. Il tourna le regard vers le métal rouillé et jeta un œil à travers une lézarde, pour voir ce qui se passait. La voix du leader Suprême Snoke était tranchante, lorsqu’il parla à nouveau.

«  Vous vous êtes séparés en aussi mauvais termes qu’au début de votre rencontre, donc ? »

Ren fit la moue et tenta d’ignorer le raffut de l’autre côté de la cloison. « Je dois reconnaître, Leader Suprême, que je… »

Sa voix s’étouffa dans sa gorge lorsque parmi les cris à l’extérieur, il reconnut une voix familière. C’était elle – Rey – qui affrontait avec son bâton une bande d’humains et d’aliens. Sans réfléchir, Kylo Ren lâcha le communicateur sur le sable et se hissa pour observer à travers la lézarde. Il pouvait la voir tabasser un rodien au sol, frappant de grands coups sur sa tempe reptilienne avec la pointe de son bâton. Le pouls de Ren accéléra, et les mains tremblantes, il ramassa l’appareil tombé au sol et balbutia,

« Maître, je dois… Puis-je y aller ? Elle est dehors ; en train de se battre, et -  »

« vas-y. Nous reprendrons plus tard. » L’image de Snoke disparut et Ren comprit qu’il avait coupé la communication. Ren balança l’appareil sur le tas désordonné de couvertures jetées à même le sol que le propriétaire avait le culot d’appeler ‘un lit’. Ren empoigna la garde de son sabre, sur sa hanche, et de son autre main, enfila son casque sur sa tête alors qu’il franchissait la porte. Il ne s’inquiéta pas de la verrouiller ; si quelqu’un voulait s’emparer de cet endroit miteux, qu’il ne s’en prive pas.

Il s’élança dans le couloir étroit et ensablé, et déboucha derrière le stand d’Unkar Plutt. La bagarre était devenue générale, et Kylo Ren eut besoin de quelques instants pour comprendre la situation. Rey s’était désintéressée du rodien qu’elle tabassait tout à l’heure, et les trois hommes qui tentaient de la maîtriser recevaient une pluie de coups de poings et de pieds. Son bâton était entre les mains d’une adolescente aux cheveux noirs qui se tenait derrière le rodien. Unkar Plutt en personne avançait lourdement en direction du centre de la place poussiéreuse où tout le monde criait, et clama,

« Qu’est-ce qui se passe ici ? Expliquez-vous ! »

Rey se dégagea de la poigne des hommes qui la tenaient, et trébucha aux pieds d’Unkar Plutt. Elle se releva en toussant, et cracha,

« Ce misérable a volé mon speeder et l’a vendu. Je l’avais laissé juste ici. Ça fait des années qu’il le reluque ; je l’ai vu - »

« S’il t’avait volé ton speeder, tu ne crois pas qu’il serait parti avec ? » Dit la fille aux cheveux noirs. Rey tendit le bras pour arracher son bâton des mains de la fille, et balayant une mèche de ses yeux, elle répondit,

« C’est comme je te dis, Lera. Il l’a vendu. Il l’a reconnu. N’est-ce pas ? N’est-ce pas ? »

Le rodien haussa les épaules et dit tranquillement à Unkar Plutt, « Le verrouillage était trop facile à craquer. J’y suis pour rien si elle n’a pas sécurisé son speeder. Je lui donnerai un pourcentage sur le prix de la vente. »

« Je l’avais bricolé moi-même ! » S’exclama Rey, les mâchoires serrées. « Tu vas me donner tout l’argent, et même plus ! Tu devrais même me procurer un nouveau speeder ! »

Soudain un petit alien aux yeux verts et au visage presque entièrement couvert d’un chiffon noir, s’avança sur la place. Il leva les mains pour séparer Rey et le rodien et dit,

« En tant qu’Officier, il est de mon devoir d’intervenir quand une injustice a été commise. Si le speeder a été laissé sans surveillance, alors on n’y peut rien s’il a été volé. Après tout, notre gagne-pain consiste à récupérer ce qui traîne ! A partir de là, le ‘vol’ est une notion discutable. »

« Bien dit, Connétable Zuvio, » dit le Rodien avec assurance, et la fille brune derrière lui hocha la tête. Rey poussa un juron bruyant et déclara,

« Non. Je refuse. Il va falloir me payer, et pas - » 

Elle ne finit pas sa phrase, soudain pliée en deux. Kylo Ren vit avec stupeur le sable se teinter de rouge devant elle, et elle couvrit sa bouche de ses deux mains en tombant à genoux sur le sable. Unkar Plutt l’avait giflée du revers de la main, son poing énorme la projetant violemment au sol.

« Plus un mot, ou tu ne recevras plus jamais de portions de ma part , » la prévint-il. La fille brune et le rodien se mirent à rire devant Rey, qui bien que recroquevillée et couverte de sang, fusillait le chef du regard. Les trois humains qui l’avaient maintenue un peu plus tôt avaient reculé prudemment, ne voulant visiblement plus rien à faire avec cette histoire. Le connétable grommela un vague reproche à Unkar Plutt, quelque chose à propos de « retenir ses impulsions » et « justice ». Mais Unkar Plutt ne lui prêta aucune attention, et se massant le poignet, il tourna les talons et retourna à son stand. Le connétable rentra les épaules, et fila à son tour dans la direction opposée. Rey se releva sur ses jambes, et cracha le sang de sa bouche  aux pieds du rodien.

C’en était trop pour Kylo Ren. Il savait Rey parfaitement capable de se défendre toute seule dans une bagarre, mais ce conflit là ne se réglerait pas à la seule force des poings. Il quitta l’ombre d’où il avait observé la scène, et marcha à grands pas vers la place, glissant son pouce sur la garde de son sabre pour l’allumer. Il observa avec amusement la terreur dans les yeux du rodien, et le sursaut effrayé de la fille brune. Rey, quant à elle, trébucha en arrière, les lèvres en sang, et Kylo Ren lui fit un signe du menton. Il se tourna vers le rodien, et d’un mouvement du bras dans sa direction, projeta le reptilien et son acolyte plusieurs mètres en arrière. Ils décollèrent du sol et retombèrent avec fracas sur le sable.

La fille poussait maintenant des jurons ininterrompus, maudissant Rey et tentant de s’échapper sans même prendre le temps de se relever. Kylo Ren tendit les doigts vers elle et referma le poing, et une main invisible tira la fille en arrière jusqu’à lui en soulevant des nuages de sable. Il fit approcher le Rodien également, dont les yeux violets brillaient d’épouvante. Keylo Ren brandit son sabre dans leur direction, savourant sur leur visage les reflets rouges et les étincelles projetés par sa lame.

« Où est le speeder ? » Demanda Kylo Ren. Le rodien eut un rictus méprisant, mais la fille brune répondit immédiatement , 

«  Nous l’avons vendu à deux ferrailleurs de la Corniche. Contre six générateurs… Ils sont là-bas ! »

Ren leva les yeux dans la direction indiquée par la fille. Contre le mur du stand de troc, une bâche crasseuse recouvrait ce qui semblait être un empilement de boîtes. Kylo Ren eut un sourire derrière son casque. Des générateurs, mmm ? Précisément ce qui intéressait Rey.

Pendant une seconde, Kylo Ren envisagea d’exécuter le Rodien et la fille. Il savait combien il serait facile de trancher dans leur chair avec la lame de son sabre, et de remettre les générateurs à Rey. Mais il croisa le regard de Rey, dont le visage portait les marques des coups donnés par Unkar Plutt, et il la vit balancer lentement la tête. Elle avait compris ce qu’il voulait faire, les tuer tous les deux, et elle lui faisait signe d'arrêter. Il réfléchit un instant, songeant que la clé pour réussir la mission que lui avait confiée Snoke était de faire de Rey son alliée. Alors il baissa les yeux vers les deux voleurs et dit d’une voix ferme,

« Hors de ma vue. Partez très loin, et ne vous avisez pas de remettre les pieds à l’Avant-Poste Niima, si vous tenez à rester en vie. »

La fille trébucha en se redressant, et tenta d’aider le rodien à se relever. Il la repoussa sans ménagement et chacun prit la fuite dans une direction opposée. Kylo Ren resta sur place encore un moment, son sabre laser crépitant dans sa main, et il sentit un plaisir coupable à les regarder détaler. Il entendit une voix grave derrière lui – la voix de Rey- et elle dit,

« Je ne vous ai rien demandé. »

« Bien sûr que non », admit-il, éteignant son sabre et le glissant dans sa ceinture.  Il baissa le visage vers elle et haussa les épaules. « Mais tu as récupéré six générateurs au passage. De rien. »

Il pivota sur ses talons et s’éloigna en direction de la petite chambre de location, en se demandant si elle aurait la présence d’esprit de le suivre, et de stocker ses générateurs à l’intérieur pour la nuit. Après tout, elle n’avait plus de moyen de transport, et donc nulle part où aller.

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