Enfant Soldat

Chapitre 1 : Enfant Soldat

Chapitre final

848 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 03/12/2017 12:22

8

Style

7

Scenario

8

Note globale

390 point(s)

Remise en selle rapide ! Je change un peu de fandom, mais reviens encore une fois à de vieux amours avec un OS très court de Zed3Et. Je me demandais quelle serait ma première review Star Wars. J’avais prévu une autre fic, mais celle-ci s’étant présentée, j’y suis allée de bon cœur, et d’autant plus volontiers que c’est bien écrit.

Enfilez vos casques et ajustez vos tirs, Stormtroopers. Nous allons explorer l’un des petits recoins honteux de la République, à savoir l’utilisation éhontée et sans scrupule des enfants soldats lors de la peu glorieuse Guerre des Clones…


Style/Orthographe


Je passerai très vite sur la partie orthographe, puisque je n’ai relevé aucune faute. En même temps, sur un texte aussi court, ce n’est pas un exploit hors du commun. Mais ça reste agréable de lire un récit sans buter sur des erreurs ou des maladresses.

Côté style, c’est enlevé et efficace. Des phrases courtes, qui vont à l’essentiel et font ressentir au lecteur tout le stress de la guerre : de l’anxiété paralysante lors de l’attente de l’engagement à la frénésie chaotique du champ de bataille. On perçoit, dans le rythme choisi par l’auteur, l’urgence et l’angoisse du personnage principal qui doit avancer coûte que coûte vers un destin inéluctable.

Le choix du présent, même s’il est parfois controversé, prouve ici toute sa force en rendant l’action dynamique et immédiate. Le lecteur est immergé dans la bataille et subit le récit de plein fouet.

Le vocabulaire choisi est sobre mais, une fois encore, efficace. La narration étant alignée sur le personnage principal, normal que le langage utilisé soit en adéquation avec son âge.

Pas de dialogue. Nous avons affaire à un texte concis, qui sait parfaitement où il va et ne dévie pas de sa trajectoire. Aucune fioriture. C’est dépouillé, nu et, d’une certaine manière, cela permet de mieux rendre compte de la vulnérabilité des personnages. Ils n’ont rien derrière quoi se cacher et l’auteur nous les offre tels qu’ils sont, bruts et sans carapace. Vrais.

D’autres auraient choisi de noyer l’intrigue sous des dialogues inutiles, peut-être même humoristiques pour détendre l’atmosphère, et ça aurait été au détriment de l’ambiance camarade et solennelle qui émane de cette escouade condamnée.

Je n’ai qu’un avis positif à émettre sur le style. Sobriété et efficacité sont les maîtres mots de cet OS.


Histoire/Personnages


C’est une tranche de vie. Les pensées agitées et anxieuses d’un jeune Jedi anonyme avant et pendant l’affrontement, sa vision exorbitée de la guerre et de ses horreurs. Nous le suivons pas à pas à travers le champ de bataille, partageons avec lui la tristesse de la perte progressive de tous ses hommes – de ses amis – et, malgré tout, son abnégation, sa volonté d’aller jusqu’au bout de la mission qui lui a été assignée. Comme un bon petit soldat, docile et obéissant. Comme un enfant qui a le désir de plaire et de bien faire.

Zed place sa fic pendant la Guerre des Clones et a choisi d’aborder un thème délicat que je n’ai pas vu si souvent : l’envoi d’enfants Jedi à la guerre.

Enfant est un grand mot. Le héros a quatorze ans. Un âge raisonnable si l’on en croit George R.R. Martin, qui lui n’hésite pas à les sacrifier bien plus jeunes et à les faire monter sur le trône, leur donnant par là-même des devoirs et des responsabilités que l’on préférerait voir échoir à des adultes.

Il est cela dit de notoriété publique que le Conseil des Jedi envoyait allègrement ses jeunes au combat et cette fic expose la peur teintée de fierté des recrues juvéniles qui se retrouvaient d’un coup confrontées aux horreurs du champ de bataille et à la responsabilité écrasante de commander à des hommes se trouvant sous leurs ordres.

Le texte de Zed, s’il est court, n’en est pas moins bien pensé et redoutablement immersif. Il nous emmène avec lui, et, accroché à ses basques, nous fonçons sans réfléchir à travers les tirs lasers des droïdes et les grenades explosives. Le cuir roussi et le cœur battant, nous courons avec le personnage principal, tâchant de ne pas trop regarder derrière nous pour ne pas trop nous apitoyer sur les soldats dont les corps tombent comme des mouches autour de nous. Pourtant leur mort nous touche, bien que nous n’ayons fait leur connaissance que quelques minutes auparavant.

Et, même si nous avons beau nous y attendre, la fin, brutale comme un couperet, nous serre le cœur.

Le sujet est grave mais traité avec sobriété, sans jamais tomber dans le pathos.

Ce héros anonyme, qui essaie juste d’arriver au bout de sa mission et de survivre, pourrait être n’importe qui. Nous savons qu’il est Twi’lek, et Jedi. Il est entouré de quelque clones, avec lesquels il a sympathisé et dont nous n’apprendrons que les noms, ou plutôt les surnoms, associés à une caractéristique de leur personnalité. L’un d’eux aime boire et rire, un autre est redoutable aux courses de swoop. Le troisième est simplement gentil.

C’est tout ce que nous saurons sur eux, mais c’est suffisant pour nous les rendre familiers. Les clones ont beau partager le même ADN et se ressembler comme deux gouttes de vodka, on oublie trop souvent qu’ils ont tous leur individualité propre.

Malgré lui, le jeune Twi’lek met les autres clones dans le même sac en ne se souvenant que de trois d’entre eux. Il n’est pas utile de s’attacher, après tout. Tous sont de la chair à canon ; ils ont d’ailleurs été créés et élevés dans cette optique.

Et pourtant, nous, en tant que lecteur, éprouvons un léger pincement à chaque mort, peut-être parce que le personnage principal porte sur eux un regard d’enfant, à la fois naïf et terrifié, accentué par la sensation que ça aurait pu être lui. Il ne s’arrête pas pour autant et poursuit sa course folle à travers les lignes ennemies, tranchant et parant, avançant toujours plus loin, s’enfonçant au cœur de la bataille.

Ainsi, pris dans l’urgence du combat, il ne réfléchit même plus, subit les assauts des droïdes et ne s’inquiète pas de son sort. La mort le cueille par surprise, sans qu’il ait vraiment eu le temps de la redouter.

Jeune agneau sacrifié à l’autel de la Guerre.


En conclusion


Je vais me répéter : un OS court, sobre et efficace. Une tranche de vie effrénée, menée trop vite pour être vraiment triste, mais qui laisse un sentiment de gâchis quand on pense que ce jeune Jedi n’est pas le seul à avoir péri. Je connais l’âge de l’auteur, j’imagine donc que c’est un sujet qui le touche de près, et je ne peux que le féliciter pour ce beau texte, aussi fort que subtil.