Huis-clos...trophobie

Chapitre 2 : Scorpion

Catégorie: K+

Dernière mise à jour 08/11/2016 17:10

 

Chapitre un
 
Scorpion
 
La salle de contrôle d’Atlantis est en effervescence.
Du simple technicien de contrôle au plus chevronné des scientifiques, toute la population atlante est en ébullition. Le dernier signal de détresse avait été enregistré trois heures auparavant et depuis, c’était le black-out complet. Le docteur Zelenka était rapidement parti en expédition de secours dans un jumper piloté par le major Lorne. Une sensation de déjà vue plutôt rassurante de prime abord.
 
La première réaction du docteur Weir en apprenant que le jumper de Sheppard avait envoyé un S.O.S. avait été un fou rire incontrôlable. De mémoire d’Atlantis, jamais rire n’avait été à la fois si mal approprié et si communicatif. La première heure de recherche s’était donc effectuée dans une ambiance étrange, mêlant mauvais jeux de mots et blagues de comptoirs. La cité subissait un curieux phénomène proche de l’envoûtement, mais lorsque les minutes s’égrainant, les terriens comprirent que l’appel était plus qu’inquiétant, le silence remplaça le pénible brouhaha.
Seul le bruit des claviers d’ordinateurs et celui des pas qui s’activent semblent maintenant rompre le silence. C’est dans cette tension épaisse et lourde comme une chape de plomb que le docteur Weir attend des nouvelles de l’expédition de secours.
 
Après avoir franchi le cap de la surprise puis celui du raz le bol, Elisabeth Weir est maintenant très inquiète. Elle rumine dans son bureau lorsqu’un appel la fait sursauter.
-Atlantis, ici Lorne.
-Vous avez retrouvez le jumper du colonel Sheppard ?
-Non madame, mais ce qu’il y a devant nous devrait vous intéresser.
-Qu’est-ce que c’est ?
-En fait, je n’en suis pas certain, mais cela ressemble à une porte des étoiles. Elle a l’air inactive et si le colonel n’avait pas disparu, je jurerai qu’elle n’a pas fonctionné depuis des lustres.
-Vous suggérez que le jumper a franchi cette porte ? 
Le docteur Zelenka, prend aussitôt la parole et donne son avis d’expert.
-Docteur Weir, je pense effectivement que c’est la seule explication plausible. Le jumper ne donne plus aucun signe de vie et la présence de cette porte dans la zone de recherche ne peut pas être le fruit du hasard.
-D’accord, mais pourquoi diable auraient-ils passé cette porte ?
-J’avoue que cela fait bien longtemps que j’ai cessé de comprendre les motivations du docteur McKay. Maintenant je doute qu’ils soient passés de leur plein grès. Personnellement j’en serais incapable. La porte ne réagit pas au DHD du jumper et je ne distingue aucun tableau de commande permettant de composer une adresse. 
Le major Lorne ne peut s’empêcher de commenter les propos du scientifique.
-De toute façon, j’imagine mal McKay enfilant un joli scaphandre pour aller composer une adresse sur un quelconque tableau de commande. 
Voyant que le débat risque fortement de dévier sur les capacités supposées de McKay, Elisabeth coupe nette la discussion.
-Bon, de toute façon, votre présence sur place ne changera rien et j’avoue que j’aimerais mieux vous savoir ici en sécurité qu’aux côtés d’une porte qui risque à tout moment de vous engloutir. Prenez un maximum d’informations et rentrez dans la cité. Il faut maintenant espérer que nous trouverons des renseignements dans la base de données des Anciens. 
Le docteur Zelenka et le major Lorne jètent un œil circonspect sur la porte puis échange un regard lourd de sous-entendus. Sans prononcer le moindre mot, ils se remettent à leur place. Le jumper reprend de la vitesse et quitte les fonds marin de Lantia, laissant derrière lui beaucoup de doutes et d’inquiétudes.
 
 
***
 
 
John ouvre péniblement les yeux. Devant lui, la carcasse amorphe de McKay semble s’étaler de tout son long sur le tableau de commande du jumper. La bouche ouverte et prête à gober les mouches, le scientifique ronfle bruyamment. Le colonel réprime un fou rire en pensant au pittoresque tableau qui s’offre à lui. Que ferait McKay pour qu’une telle situation ne s’ébruite pas dans tout Atlantis ?
Sheppard est finalement hilare quand il secoue McKay.
-Allez la belle au bois dormant, il est tant de se réveiller !
-Hum… Si vous croyez que je vais vous prendre pour un chevalier, vous vous fourrez le doigt dans l’œil.
-Allez, McKay, cessez donc de jouer l’enfant. 
Se souvenant soudainement de la situation, McKay se redresse rapidement…trop rapidement. Sa tête vient cogner le plafond du jumper, lui permettant de prendre conscience de sa position ridicule.
-Aï ! Je me suis fait mal !
-Et bien, au moins cela prouve que vous êtes en vie. Rodney, arrêtez donc de râler pour une fois et aidez-moi à ouvrir le sas arrière. Le mécanisme est caput. 
-Attendez, attendez !! Nous ne sommes plus dans l’océan ?
-Si, bien sur, mais j’ai décidé de tenter une nouvelle expérience.
-Oui, bon, ça va hein ! Laissez-moi deux secondes pour me remettre dans le bain…, enfin je voulais dire pour prendre connaissance de l’état des lieux. 
Sheppard s’assoit confortablement à l’arrière pendant que McKay examine toutes les données en leur possession.
-Bon, effectivement, nous ne sommes plus sous l’eau et l’air est viable à l’extérieur. Le jumper ne paraît pas endommagé. Pouvez-vous le faire décoller ?
-Non, les commandes ne répondent plus du tout. Visiblement ceux qui nous ont attiré ici ne voulaient pas que l’on puisse repartir si facilement. Allons donc voir de quoi il s’agit, puisque nous n’avons guère d’autre choix. Prenez le pistolet qui est dans la réserve ainsi que ces deux grenades. 
McKay regarde le militaire avec étonnement. Celui-ci pense devoir se justifier.
-Vous ne sortez jamais sans votre PC, et bien moi c’est pareille, je ne quitte jamais mon petit attirail de combat. 
 
 
Ensemble, John et Rodney ouvre le sas arrière. Une étrange lumière artificielle pénètre dans le jumper. Trop éblouis pour distinguer quoique ce soit, les deux terriens sortent prudemment de leur vaisseau. Deux petits pas en avant et l’environnement semble s’ouvrir à eux, juste le temps d’accommoder leurs visions.
Alors qu’ils commencent à peine à distinguer de grandes formes sombres un peu partout autour et au-dessus d’eux, un flash aveuglant les enveloppe. Un froid intense les saisit et ils perdent quasi-instantanément connaissance. La perte de conscience est de si courte durée qu’ils se réveillent au moment précis où leurs corps s’affalent sur le sol.
 
Le sol est dur et froid. Sheppard et McKay se relèvent simultanément en grimaçant. Ils sont dans une petite pièce au plafond bas, recouverte presque entièrement de boutons jaunes ou rouges, de manettes et de cadrans divers. A une extrémité de la pièce, une porte blindée est fermée par une écoutille. John et McKay ne prononcent pas un seul mot. Chacun de leur côté ils examinent les lieux, à la recherche d’une explication ou du moins d’un début de compréhension. Le tour du propriétaire est rapide, un simple coup d’œil permet d’évaluer l’état des lieux. McKay rejoint le colonel Sheppard qui tente de faire tourner le « volant » de l’écoutille.
-Avez-vous la moindre idée de ce qui s’est passé ?
-Je pense que nous avons été téléportés dès la sortie du jumper.
-Et nous sommes où là ?
-J’ai une petite idée mais elle ne va pas du tout vous plaire.
-Mais encore ?
-Je pense que nous sommes dans un sous-marin.
-Un quoi ?!
-Un sous-marin, un submersible, un vaisseau qui va sous l’eau…comme notre jumper finalement.
-Oui, merci, je sais ce qu’est un sous-marin. Mais qu’est-ce que l’on fait dans un sous-marin et…attendez une minute…Il y a des sous-marins dans la galaxie de Pégase ?
-McKay.
-Oui ?
-Ne me posez pas une question dont vous savez pertinemment que la réponse ne vous plaira pas. Venez donc m’aider à débloquer cette écoutille.
 
Joignant leur force, Sheppard et McKay ouvre la lourde porte qui permet de quitter le poste de commande de la propulsion et de rejoindre les divers quartiers du personnel. Le spectacle de ces sombres alcôves est saisissant. Plusieurs dizaines de squelette chevauchent le sol de la pièce.
McKay semble soudain pris de panique.
-Ne me dites pas que nous sommes les seuls âmes vivantes dans ce sous-marin ?
-…
-Dites quelque chose bon sang ! Colonel !!!
-Quoi ? Faudrait savoir ce que vous voulez Rodney.
-Ce que je veux c’est que vous me disiez que nous ne sommes pas dans un sous-marin, quelques centaines de mètres sous l’eau et sans personne pour le contrôler.
-D’abord calmez-vous et arrêtez de vous agitez ainsi, sinon je vous mets mon poing dans la figure. 
Sheppard regarde le scientifique qui devient rouge de colère puis s’assoit bêtement au sol, la tête entre les bras. Le colonel se pose près de lui puis laisse passer une minute de silence, permettant à Rodney de se calmer. Le militaire reprend la parole d’une voix calme et presque hypnotique. Il s’adresse à son ami comme il le ferait à un enfant perdu.
-La situation est difficile mais nous en avons connu d’autre. Certes nous sommes coincés dans ce navire avec pour toute compagnie, celle d’un équipage réduit à l’état de squelette, mais rien n’est désespéré.
-Merci colonel, vous savez trouver les mots qui rassurent. 
Sheppard rigole doucement puis à gorge déployée. Son rire contamine rapidement le scientifique. Un rire sonore emplit rapidement la pièce. S’il n’est pas particulièrement approprié à la situation, il a le mérite de servir de soupape au stress et à la fatigue.
 
Laissant derrière lui McKay dans le centre de contrôle, Sheppard entreprend de visiter chaque compartiment du sous-marin. Les uns après les autres, les sas s’ouvrent sur des ossements et des dégâts importants, traduisant une lutte entre les divers occupants du vaisseau. Le compartiment arrière du sous-marin renferme l’armement. Le regard expert du colonel le renseigne immédiatement sur la nature des armes. Il s’agit de torpilles à tête nucléaire.
Tout à sa découverte, Sheppard ne prête pas attention à l’ombre qui s’approche derrière lui.
-John ? 
Sheppard sursaute violement et se retrouve en un quart de seconde accroupi sur un McKay terrorisé.
-Mais qu’est-ce qui vous prend ? 
Sheppard se laisse choir de côté, libérant son ami de son étreinte.
-Excusez-moi, vous m’avez fait peur. 
McKay est à la fois surpris par cet aveu et fière d’avoir su surprendre le militaire. Voyant le sourire sarcastique du scientifique, Sheppard croit bon d’ajouter quelques mots, son fameux sourire en coin mi-charmant, mi-menaçant.
-Je suppose que si vous oubliez cet incident, je serai capable d'omettre dans mon rapport vos ronflements après le passage par la porte. 
McKay et John se regardent puis se serrent la main en signe de contrat.
-Pourquoi avez-vous quittez le centre de commande ?
-Vous n’allez pas me croire. En regardant les tableaux de bords et les données qui y sont notées, il semblerait que nous soyons dans un sous-marin à propulsion nucléaire. Il y a même dans le compartiment central un magnifique réacteur nucléaire. Vous ne l’avez pas vu ?
- Si vous voulez mon avis, il n’y a pas que la propulsion qui soit nucléaire sur ce bâtiment. *
Sheppard reste muet mais ses yeux en disent long et en suivant la ligne imaginaire de son regard, celui de McKay se pose sur les ogives. Il s’avance vers les engins puis redressant ses manches, se met immédiatement à les manipuler, délicatement, comme s’ils étaient en coquilles d’oeuf.
-Bon commençons par rendre inoffensifs ces missiles avant qu’ils ne nous fassent exploser. Je serai plus rassuré de savoir ces engins désamorcés au cas où…
-Dans le cas présent, ce ne sont pas des missiles mais des torpilles.
-Hum…mouai, n’empêche que si elles nous pétent à la figure, torpilles ou missiles, le résultat sera le même.
-Ok chef ! 
Sheppard aide McKay à déplacer les lourdes torpilles et à en extraire les charges nucléaires. Une fois cette tâche réalisée, McKay entreprend de s’attaquer au réacteur lui-même. Sheppard le quitte, non sans lui lancer une petite boutade.
-Je vous laisse à vos joujoux. On se retrouve là-haut.
-Comment ça, là-haut. Vous parlez d’où là ? 
Comprenant parfaitement le sous-entendu planant derrière l’expression là-haut, le colonel se rapproche de McKay et lui glisse quelques mots à l’oreille, comme s’il s’agissait d’un terrible secret.
-Je vais au dessus du centre de commande, dans le kiosque.
-Le quoi ? 
Mais le colonel a déjà disparu et McKay se remet aussitôt à sa besogne.
 
Sheppard quitte McKay et rejoint rapidement le poste de commandement puis le kiosque qui le surplombe. Sachant pertinemment ce qu’il rechercher, le colonel perd peu de temps avant de se retrouver aux commandes du périscope. L’engin est vieux et grippé par de longues années d’inactivités. Après quelques minutes, Sheppard est enfin récompensé de sa persévérance. Le périscope se déploie et lui donne une image un peu floue mais assez claire du monde qui les entoure.
A la place du bleu de l’océan, l’image lui renvoie la luminosité qui les avait accueillis à l’ouverture du jumper. Malgré la solitude qui l’entoure, Sheppard croit utile de commenter ses découvertes à haute voix. Son timbre chaud réchauffe la pièce et le rassure artificiellement.
-Nous ne sommes pas sous la mer. 
McKay entre au même moment dans le compartiment.
-Comment ça pas sous la mer ?
-Non, je ne vois pas grand-chose mais je peux vous assurer que ce sous-marin est simplement posé sur le sol. Même si je ne vois pas le ciel, je distingue nettement la surface sur laquelle nous sommes échoués…et nous ne sommes pas seuls. 
  
 
*J’ai pris quelques libertés sur la  « réalité » des faits. Le sous-marin Scorpion qui a disparu le 27 mai 1968 à 50 miles marins au sud des Açores ne transportait pas d’ogives nucléaires. Du moins pas d’après mes faibles recherches. Bien que retrouvée par la suite, son épave n’a jamais pu être examinée et la catastrophe n’est donc pas à ce jour expliquée avec certitude…entretenant le mythe.

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