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Chapitre quatre
Gaslin
- Que pouvons-nous faire maintenant ?
Sheppard a reformulé sa question tant à l’attention de McKay que de Teyla.
- Vu, les circonstances, je suis preneur de toutes les idées possibles, même les plus folles. Franchement, à ce stade plus rien ne peut m’étonner. Qui a une idée ?
- Moi !
Sheppard regarde ses compagnons.
McKay a le regard vague, perdu dans de trop profondes pensées. Teyla le regarde, la tête légèrement inclinée, puis se laisse tomber mollement sur le sol. Elle pose délicatement son museau sur ses pattes avant et semble elle aussi plongée dans de terribles réflexions. Leurs gueules ne se sont pas ouvertes, leurs babines ne se sont pas retroussées.
- Qui a dit moi ?
Teyla et McKay redressent leurs oreilles et portent leur attention sur le colonel. Ils le regardent avec étonnement. Serait-ce un nouveau symptôme de leur étrange condition ?
Sheppard continue de parler tout seul.
- Qui que vous soyez, montrez-vous et nous pourrons discuter tranquillement.
McKay interrompt son délire.
- Il n’y a personne d’autre que nous ici, John !
- Chut, McKay, taisez-vous, j’essaye d’écouter.
- Et vous avez raison.
- Qui êtes-vous ?
- Je suis Gaslin.
- Comment se fait-il que je puisse vous entendre avec autant d’aisance ? J’ai l’impression que vous êtes avec moi. Oui, bon je sais, techniquement, vous êtes avec moi ! Mais je veux dire que je vous entends comme si vous étiez devant moi.
- Votre esprit est particulièrement réceptif. De plus, vous avez été affaiblit par les morsures de Lupin. J’ai donc profité de votre inconscience pour grappiller un peu de territoire.
L’échange entre l’hôte et le parasite se poursuit sous l’œil ahuri de Rodney et Teyla.
- Lupin et moi sommes pour ainsi dire, ennemis. Je pense que cela ne vous a pas échappé.
Sheppard regarde l’étrange signe que Lupin a « gravé » sur son torse.
- Oui, il veut faire de vous… heu de nous, son esclave. Même une fois que vous aurez repris le contrôle de votre corps. Finalement, c’est à vous que je dois le traitement de faveur de Lupin.
- C’est exact et j’en suis désolé. Lupin et moi sommes en conflit quand à l’utilisation de nos connaissances. Regardez autour de vous colonel Sheppard.
Sheppard se rapproche des cloisons de la grotte et commence à étudier les écritures avec plus d’insistance. McKay et Teyla continuent de le suivre des yeux sans rien dire. Chacun de leur côté, ils supputent sur l’étrange attitude de leur supérieur.
Est-ce le début de sa transformation en loup ? Est-ce la fin de son humanité ? Ce délire est-il le signe d’une blessure passée inaperçue ?
- Les témoignages qu’ont laissés vos ancêtres ne parlent que de souffrances, de haines et de trahisons. Lupin a pris ces paroles pour doctrine. Il idolâtre ceux qui vous ont précédé. Pourtant ils ont été suffisamment crédules pour se faire avoir.
- Comment cela ?
- Lorsque nos ascendants ont laissé les vôtres emprunter leurs corps pour ces curieuses expériences, ils ont vite réalisé que le prêt n’était pas forcement réversible. Plus le temps passe, plus l’homme se fond dans l’animal. Ensemble ils forment un réceptacle unique pour un savoir double et une conscience qu’ils doivent se partager. Le plus fort prenant en fin de compte l’ascendant sur le plus faible, le plus fragile… sur l’Homme. Entendons-nous bien Sheppard, je ne dis pas que l’Homme est faible, mais dans un corps qu’il ne maîtrise pas et dans un monde qui n’est pas le sien, l’humain perd patte… enfin, je veux dire, perd pied et se noie dans la conscience du loup. Le loup devient ainsi omniscient. Les deux-pattes se sont fait piéger, pour notre plus grand bonheur…du moins au départ.
- Que c’est-il passé ensuite ?
- Les être hybrides ont naturellement pris le commandement de la meute. Mais la rancœur et la haine enfouies au plus profond de leur âme perdue, se sont naturellement retournées contre leurs anciens amis. Le chef de l’époque, issue de ces expérimentations, a fait venir sur notre planète la grande majorité des deux-pattes. Pour se faire, il a prétexté avoir découvert, grâce à sa métamorphose, le secret d’une ascension plus rapide. Quelle naïveté quand même, enfin… Parallèlement, la meute a attaqué les autres et fait de nombreux prisonniers. Autant de corps que pouvaient en avoir besoin les deux-pattes. Autant de prisons organiques providentielles pour les desseins de la meute. Encore maintenant, les autres vouent pour notre meute une haine sans nom. Une haine dont ils ont pour la plupart oublié la genèse.
- Je n’ai pas le sentiment que cela va s’arranger. D’après mes amis, Lupin est justement parti en chasse.
- C’est encore exact. Il compte bien renouveler la terrible erreur de notre peuple. A l’époque, nous avons ainsi augmenté notre meute de près de quinze individus. Cependant, cela n’a pas été sans conséquences. Certes, quinze loups semblent peu au regard de votre population surpeuplée, mais avant l’arrivée de vos ancêtres, notre territoire ne contenait pas plus de cinq ou six meutes. Chacune d’entre elle comportait de six à dix individus. Nos destins s’entremêlaient au grès des accouplements et diverses bagarrent qui rythmaient nos vies. L’augmentation importante de notredémographie et l’accroissement de notre savoir, couplé malheureusement avec celui de notre ego, a entraîné un conflit sans précédant. Un conflit entre nous, entre anciens amis, mais pas uniquement… Les deux-pattes qui ont réussi à reprendre possession de leur corps, et ceux restés dans votre monde sont revenus…
John, que se passe-t-il ?
Gaslin est inquiet. Il sent que l’attention de Sheppard s’échappe. John ne lui répond pas. L’échange à la fois psychique et verbal, si on peut ainsi dire, est d’une telle intensité que Sheppard s’effondre silencieusement sur le sol brut de la caverne.
***
Elisabeth précède Beckett et Ronon Dex dans la salle de contrôle d’Atlantis. Zelenka entre à son tour. Il est tout aussi dépenaillé que l’était Carson, mais dans son cas, cela ne choque nullement. Le scientifique, un peu savant fou d’Atlantis, a les cheveux en bataille, les yeux un peu hagards et la démarche du somnambule.
Heureusement la lumière qui illumine son regard témoigne de son intelligence et de sa vivacité d’esprit.
- Vous m’avez fait demander docteur Weir ?
- En effet Radek. Je vais aller sur la planète avec Ronon. J’aimerai que vous soyez des nôtres.
Zelenka se réveille pour de bon. Sa mâchoire inférieure se met à trembloter et ses lèvres perdent le peu de coloration qu’elles avaient. Sa pomme d’Adam monte puis redescend bruyamment, signe d’une déglutition laborieuse. Tout en bégayant, il répond à la demande de son supérieur.
- Mais, ce n’est pas possible d’y aller. Il y a le barrage filtrant des Anciens. Nous n’avons pas trouvé comment le déconnecter de cette adresse. En plus, je ne vous serais d’aucune utilité là-bas !
- Bien au contraire Radek. Quand au bouclier, il est lié à la porte d’Atlantis n’est-ce pas ?
Zelenka a du mal à suivre le raisonnement d’Elisabeth.
Cela dit, il y a bien longtemps qu’il a cessé de chercher à comprendre le fonctionnement des esprits primaires.
- Oui, docteur Weir. Le bouclier est lié à notre porte des étoiles. Lorsque le vortex s’ouvre à cette adresse, Atlantis dresse sa barrière. Où cela nous mène-t-il ?
- Au fait qu’encore une fois, on est passé à côté de la simplicité. Mon grand-père disait : pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Nous n’avons pas besoin de déconnecter le bouclier, il suffit de le contourner.
Zelenka est catastrophé. Une fois de plus, l’évidence était là, sous leurs yeux. Il est vrai que le dicton de ‘papy Weir’ résume assez bien le cerveau des scientifiques. Abdiquons !
Zelenka écoute Elisabeth exposer son plan.
- Nous allons sur n’importe quelle planète amie et composons l’adresse maudite sur une autre porte. Cette porte-là n’ayant pas de bouclier, nous pourrons rejoindre Sheppard et son équipe.
Zelenka qui n’est pas au fait de la théorie d’Elisabeth, l’interrompt brutalement.
- Mais qu’est ce que vous racontez ?
- Ecoutez Radek, je vous expliquerai tout, mais pour l’instant sachez simplement que je vais avoir besoin de vous pour m’aidez à récupérer la conscience de nos amis. Docteur Beckett ! De votre côté je veux que vous installiez le bloc ici, sur la plateforme. Si tout se déroule comme prévu, nous repasserons la porte avec nos amis et ils pourront réintégrer leurs corps. Si cela ne marche pas, si je me suis trompée… alors, qu’importe… ils seront perdus… corps et âmes.
***
Qui a dit que le ronflement est le propre de l’Homme ?
Vraisemblablement personne !
Sheppard est allongé sur le flanc gauche, le torse exposé aux regards et les pattes fléchis dans une attitude enfantine. Sa respiration bruyante s’accompagne de petites bulles de bave qui éclatent tantôt à la commissure de ses babines, tantôt au niveau de ses naseaux. La douce musicalité des bulles est entrecoupée de ronflements rauques comme si à chaque inspiration Sheppard-le-loup raclait férocement sa muqueuse nasale.
Teyla est sidérée.
L’instant précédant, John parlait tout seul et le voilà maintenant en train de dormir bêtement. « Bêtement » n’a jamais aussi bien traduit la pensée de Teyla. Elle échange avec Rodney un regard qui en dit long sur leur inquiétude quant à la santé mentale de leur chef et ami.
Teyla rompt le silence de cet incroyable tableau.
- Il est épuisé, laissons-le récupérer un peu. Je propose que nous attaquions les gardes de front. De toute façon, si nous restons là à nous regarder en chien (loup) de faïence, nous sommes perdus.
Teyla sort de leur alcôve pour se glisser dans la salle centrale. Elle inspecte rapidement les alentours puis se glisse dans le renfoncement où la meute entrepose la nourriture.
La petite pièce est également éclairée. La luminosité provient de champignons phosphorescents que les loups disposent selon un ordre bien établit. Teyla se demande quel besoin ont les loups d’éclairer davantage ces pièces alors que leur vision nocturne est incroyablement bonne. Peut-être une résurgence du confort tel que l’entendent les Humains. Sans chercher plus de réponse, Teyla se frotte contre la nourriture la moins fraîche, celle dont l’odeur a le plus de chance de calfeutrer la sienne.
Elle revient en trottinant vers McKay.
Celui-ci recule précipitamment.
- Pouhaaa, ce n’est pas comme cela que nous passerons inaperçus !
- Il ne faut pas se leurrer, Rodney, nous sommes incapables de passer discrètement devant les gardes. Ils renifleront notre odeur avant même que nous puissions les voir. Ils ont l’avantage de maîtriser pleinement leur capacité olfactive… et tout le reste.
Teyla remue les pattes avec l’aisance d’un pantin désarticulé. Elle regarde McKay et tente de remuer la queue avec rythme, mais celle-ci vient lui fouetter le flanc violemment.
- Vous voyez bien ! Nous sommes incapables de maîtriser ce corps. Dès que nos pensées cherchent à le contrôler, il n’en fait qu’à sa tête. Je me sens engoncée dans cette peau.
McKay cherche à imiter Teyla, mais ne réussit que trop bien. Il croise accidentellement les pattes arrière et se retrouve en appuis sur le torse, le museau étalé dans la poussière. Il se redresse péniblement.
- Effectivement, je vois très bien ce que vous voulez dire. Quel est votre plan ?
- Nous allons utiliser Sheppard comme appât. Prétextant un malaise ou autre, vous allez attirer la garde ici et nous les prendrons en étau.
McKay regarde de tous côtés. Ses yeux semblent s’exorbiter.
- En étau entre quoi et quoi ?
Teyla soupir… Est-ce que cela soupir un loup ?
- Entre vous et moi voyons ! Bon, je me planque dans le, heu.., le garde manger.
Teyla se glisse au milieu de fruits et quartiers de viandes entreposés pêle-mêle.
McKay tourne un peu en rond, regarde Teyla et Sheppard, puis pousse un hurlement à réveiller les morts. Et c’est exactement ce qu’il se passe !
A la grande surprise de McKay, son hurlement particulièrement plaintif est repris en chœur par Sheppard qui peine à ouvrir un œil. McKay s’affole un peu.
Est-ce que ce réveil prématuré va entraver leur plan ?
Deux gardes se précipitent vers McKay.
- Que se passe-t-il ?
McKay hésite à répondre. Il regarde Sheppard, mais celui-ci se contente de refermer son œil et de se mettre à geindre. McKay saute sur l’occasion.
- Mon ami est mourant !
- Et alors ? Lupin a dit qu’il pouvait mourir.
- Non, non, pas tout à fait. Il a dit, que vous pouviez le tuer si nécessaire, mais j’ai cru comprendre que cela lui ferait plaisir de s’en charger lui-même.
Les deux loups marquent un temps de réflexion, quelques secondes, rien de plus.
Rien de plus, mais déjà trop !
Teyla profitant de ce court laps de temps, se jette sur l’un d’eux. C’est un grand loup gris clair au pelage clairsemé. Bien que maigre, voire un tantinet squelettique, celui-ci lui oppose une résistance… inhumaine.
Teyla lutte difficilement contre son adversaire. De son côté, McKay n’est pas en reste. Il n’a pas eu besoin de s’attaquer au second loup car celui-ci s’est jeté sur son dos dès l’apparition de Teyla. McKay tourne sur lui-même en tentant de lui faire lâcher prise, mais l’animal tient bon. Ses crocs sont plantés dans le dos charnu de Myos/McKay. Ce dernier ne simule plus du tout lorsque son cri plaintif vient agacer les oreilles de Sheppard.
- Hum… laissez-moi dormir encore un peu !
- John, aidez-moi, ce lascar ne veut pas me lâcher !
Difficilement Sheppard consent à ouvrir un œil puis l’autre. Il regarde sans vraiment comprendre la scène qui se joue devant lui. Teyla est quatre pattes debout sur le corps d’un grand loup à l’allure de lévrier afghan. Quand à McKay, il tourne sur lui-même comme un chat qui joue avec sa queue. Sheppard réprime un fou rire. Oh, et puis non…
Il éclate de rire, immobilisant momentanément les quatre combattants. Incapable de s’arrêter, Sheppard poursuit son rire, mélange de petits couinements aigus et de râles caverneux.
Gaslin, au plus profond de son corps, est consterné.
***
Le soleil commence à peine à se lever lorsque le vortex se déclenche, illuminant la clairière d’un bleu opalin.
Les quatre loups laissés par Lupin se rapprochent. Ils sont excités et nerveux, tout à la fois. Dans quelques secondes ils seront les hôtes de consciences humaines et dans quelques jours, ils seront l’élite de leur communauté. Les quatre guetteurs sont comme hypnotisés par l’horizon des évènements. Cela faisait si longtemps que la porte était inerte. Le vortex est activé depuis près d’une minute quand enfin les humains pénètrent le monde des loups. Ce ne sont pas des âmes en perdition qui franchissent la porte, mais bien des humains en chair et en os. Des « deux-pattes » !
Stupéfaits, les loups tardent à réagir, contrairement aux humains et en particulier à Ronon. Celui-ci voyant des masses se mouvoir, dégaine son arme. Trois puis quatre, sont tirés avec une dextérité amplifiée par la colère. Trois boules de poils viennent s’effondrer à ses pieds. La dernière masse velue a juste le temps de faire quelques pas vers la forêt avant de s’écrouler.
Elisabeth Weir s’approche.
- Heureusement que nous avons pris des armes paralysantes. Imaginez que vous ayez tiré sur le colonel, Rodney ou Teyla ?
- Mieux vaut prévenir. Vous l’avez assez répété, on ignore tout de ce qui se passe ici et de ce à quoi ressemblent nos amis. J’en déduis que l’on ignore également à quoi ressemblent nos ennemis. Je me trompe ?
- Non, non, vous avez complètement raison. Bon, maintenant on sait au moins qu’il s’agit de loups.
Zelenka, resté en retrait dès le premier tir, s’approche d’une des bêtes.
- Vous pensez vraiment qu’un de ces loups peut être McKay ?
- Non, mais je ne crois pas aux coïncidences. Ces loups nous attendaient. Je pense même qu’ils espéraient nous capturer de la même façon qu’ils ont emprisonné Sheppard et son équipe. A nous maintenant de les retrouver. Ronon, je suppose que vous savez suivre une piste laissée par des loups.
Sans répondre, Ronon termine de ficeler les quatre animaux puis s’approche de la porte pour repérer les traces les plus fraîches. Celles-ci le conduisent à la lisière de la forêt.
- Par ici il y a des traces de nombreux passages.
Ronon poursuit son exploration et s’enfonce plus profondément dans la forêt. Zelenka n’est pas du tout rassuré.
- Est-il nécessaire que je vienne avec vous, docteur Weir ?
Elisabeth semble hésiter un instant sur la conduite à tenir.
- A priori non. Vous pouvez rester ici. Essayez de voir si le bouclier filtrant peut être désactivé de ce côté-ci de la porte. Et puis assurez-vous qu’un vortex puisse être rapidement ouvert vers notre site alpha. Vous saurez vous débrouiller avec eux ?
Elisabeth désigne du doigt les carcasses inertes entreposées par Ronon au seuil de la porte. Zelenka paraît également hésiter. C’est finalement Ronon qui tranche la situation.
Il fait demi-tour et plante brutalement une arme paralysante dans la main de Radek.
- Tirez-leur dessus toutes les dix minutes. Ainsi, ils ne se réveilleront pas et ne risquent pas d’alerter d’autres loups.
Radek regarde l’arme. Il tremble tellement que celle-ci lui glisse des mains.
- Ronon, vous souvenez-vous de la dernière fois où vous m’avez donnez une arme ? (fanfic : « aux extrémités de la vie »)
Ronon ramasse l’arme et la colle avec brutalité entre les doigts du scientifique. Avec fermeté, il oblige ce dernier à serrer fermement sa prise.
- Je me souviens surtout que vous l’avez admirée au lieu de vous en servir.
C’est une arme paralysante, alors même si c’est sur McKay, pas d’hésitation, tirez et ne réfléchissez qu’après. Compris ?
Sur ces mots, Ronon retourne à son expertise du sol.
Elisabeth sourit gentiment à Radek puis le laisse à ses incertitudes et rejoint Ronon dans la pénombre de la forêt.