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Chapitre 9 : L'adieu

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Dernière mise à jour 09/11/2016 18:16

 

Chapitre huit
L’adieu
 
 
Le docteur Beckett est énervé. Il fixe agacé le dernier bilan que lui a remis l’infirmière de l’Unité de Soins Intensifs. Il froisse le papier dactylographié et le jette en direction de la poubelle. La boule blanche vient s’échouer au pied de la corbeille, ajoutant une pierre supplémentaire au curieux édifice en construction.
Elisabeth Weir pénètre au même instant dans l’antre du médecin. Carson l’accueil avec un triste sourire.
- Comment vous sentez-vous docteur Weir ?
- Bien mieux, merci Carson. Vos somnifères ont fait des merveilles. J’ai passé une excellente nuit. 
Les cernes qui creusent le visage d’Elisabeth démentent formellement ses propos. Carson n’est pas dupe et Elisabeth le sait. Elle s’assoit au côté du médecin et fixe le monticule de papiers froissés.
Le silence s’installe, gênant, embarrassant mais reposant.
 
Un soupir puis Elisabeth se jette à l’eau.
- Vous leur avez annoncé la nouvelle ?
- Non. Je pensais que vous auriez préféré le faire vous-même… en tant que chef d’Atlantis et… amie. 
- Vous avez bien fait Carson. Comment vont-ils ?
- Très bien. Teyla voudrait retourner auprès des siens. Elle n’a pas posé la moindre question. Je pense qu’elle redoute la réponse.
Elisabeth sourit. Teyla est tout sauf sotte et son empathie est parfois très à fleur de peau. Alors même qu’elle se fait cette remarque, Elisabeth réalise que cette description lui correspond également. Comme elle aimerait pouvoir se détacher de la souffrance d’autrui !
Carson poursuit, faignant d’ignorer les tracas d’Elisabeth.
-  Quant à McKay, vous le connaissez ! Il parle sans arrêt, même les infirmières les plus chevronnées me demandent de le faire sortir. Du coup, elles sont très efficaces. Plus vite il sera sur pieds, plus vite il quittera l’infirmerie. 
C’est au tour du docteur Beckett de sourire.
- Et Rodney pense qu’elles sont toutes folles de lui ! 
Elisabeth se joint volontiers à ce moment de détente.
- Rien ne changera McKay, et c’est comme cela qu’on l’aime. Bien, je pense qu’il est grand temps que j’aille les voir. Est-ce que vous m’accompagnez ? 
Carson hésite quant à la conduite à tenir. En tant que médecin et ami, il se doit d’être présent, mais en tant que Carson tout court, il s’en sent totalement incapable. Elisabeth perçoit très bien le dilemme du docteur et préfère prendre la décision à sa place.
Tout en se levant, Elisabeth pose sa main sur l’épaule voûtée de Beckett.
- Est-ce que je peux conduire Teyla et Rodney jusqu’à lui ?
- Oui, mais je crains que cette vision ne perturbe davantage leur équilibre encore précaire. Vous savez, Teyla continue de hurler dans son sommeil. Quant à McKay, il renifle en permanence les infirmières. Je pense qu’ils ont parfaitement conscience d’être « limite » et cela leur fait peur.
- Ont-ils raisons de s’inquiéter ?
 
- Non, tout rentrera dans l’ordre très vite. Leur esprit est un peu confus et maintient quelques réflexes qui se perdront avec le temps. Il leur faut être patient et de notre côté, nous devons être compréhensifs et indulgents. Teyla vit assez mal le fait de se réveiller au pied du lit. 
Carson rit franchement.
- Il faut avouer que c’est une situation assez comique et Rodney ne se prive pas de la taquiner.
- Et McKay, comment vit-il son odora exacerbé ?
- Il dit que c’est son allergie qui le fait renifler ainsi en permanence. 
Elisabeth se joint joyeusement au rire de Carson.
- Merci docteur, je vous tiens au courant de leur réaction. 
Elisabeth Weir quitte le docteur Beckett. La porte se ferme derrière elle avec son petit chuintement caractéristique. Elisabeth ne peut se défaire d’un sentiment de malaise. Elle se tourne face à la porte close et fixe la pancarte rouge et blanche qui orne l’entrée.
 
U.S.I
Personnel médical uniquement
 
 
Son sentiment de malaise s’accentue.
Dans deux jours le Deadale partira vers la Terre en emportant le colonel Sheppard dans ses soutes.
Elisabeth se souvient de sa conversation avec le colonel Caldwell.
- Non docteur Weir, c’est hors de question !
- Pourquoi colonel ?
- Parce que lui faire franchir la porte ne nous paraît pas sans risque. Même votre docteur Beckett est de cet avis. Nous le mettrons dans la soute. 
Elisabeth se souvient s’être énervée et avoir littéralement aboyé sur Caldwell.
- Vous ne pouvez pas faire ça ! Par respect pour ce qu’il était, vous n’avez pas le droit de le mettre en soute comme un vulgaire bagage !
- C’est pourtant ce qu’il est, maintenant. 
Cette dernière phrase avait eu pour effet de faire exploser le docteur Weir. Des larmes pleins les yeux, elle avait empoigné le chef militaire et l’avait proprement jeté hors de son bureau.
Le colonel était également furieux.
L’attitude du docteur Weir était inadmissible et les regards noirs et enflammés des membres du personnel d’Atlantis, suite à cette mise à la porte, étaient intolérables. Elisabeth se doutait qu’un rapport en ce sens finirait sur un bureau du SGC, mais quelle importance ?
L’idée du corps inerte et blafard de Sheppard, couché sur un vieux brancard miteux au milieu d’un amoncellement de caisses et de cartons la désolait et il faut bien l’avouer… lui donnait la nausée. A l’idée du rapatriement du corps de John sur Terre, Elisabeth avait simplement envie de vomir sa peine et sa haine.
Que fera-t-on de lui là-bas ? Personne ne viendra se recueillir auprès de lui.
Un général accrochera sur sa combinaison une jolie médaille qui finira quelques minutes plus tard dans un tiroir ou dans la poche d’un sous-fifre peu honnête.
 
Tout en marchant le long du couloir qui la mène à l’infirmerie, Elisabeth pleure à chaudes larmes. Quelques centaines de pas puis elle s’arrête devant une porte, dernier rempart entre elle et les deux survivants. Des bruits étouffés parviennent à filtrer jusqu’à Elisabeth. Des rires moqueurs, un léger tintamarre, le gai chahut d’une chambre d’enfants. Oui, ce sont bien des enfants inconscients qu’elle vient visiter.
La porte s’ouvre sur une Teyla hilare et un McKay boudeur.
 
Une infirmière remarque l’entrée du docteur Weir et la salue d’un geste silencieux. Tout en s’approchant, Elisabeth réalise à quel point l’ignorance est une très bonne chose.
Elle hésite à faire marche arrière, mais Teyla la remarque soudain. Aussitôt le rire se meurt dans un silence pesant. McKay sort la tête de son drap pour voir la cause de cette bienveillante accalmie. Son regard se porte d’abord sur Teyla. L’athosienne a repris son air grave habituel. Rodney suit la ligne invisible qui relie les yeux de Teyla à ceux d’Elisabeth.
Découvrant la terrienne, il affiche un énorme sourire.
- Docteur Weir ! En voilà une bonne surprise. Vous nous avez snobés ? Cela fait quand même bientôt une semaine que nous sommes de retour et vous n’avez pas daigné venir nous voir. Bon, je suppose que vous venez nous annoncer une très heureuse nouvelle ? 
 
Elisabeth devient brutalement très pâle.
Elle s’attendait à cette diarrhée verbale venant de McKay.
Elle s’attendait à cet étrange froncement de nez qu’il cherche à dissimuler derrière un simulacre de rhume.
Elle s’attendait à tout, sauf à cette dernière question.
 
Teyla remarque aussitôt la perte suspecte de toute couleur sur le visage du chef d’Atlantis.
- Je crains au contraire que la venue du docteur Weir ne présage rien de bon Rodney.
- Quoi ?! Vous ne venez pas nous annoncer notre libération ? Ne me dites surtout pas que nous devons rester ici encore une semaine ? Non, parce que j’en ai ma claque de… 
- McKay ça suffit !
Elisabeth avait imaginé cette rencontre un millier de fois, mais dans aucune de ces versions virtuelles, elle ne commençait par engueuler Rodney. Malgré cette surprenante prise de conscience, elle poursuit sur le même ton.
- Rodney taisez-vous donc un peu que l’on puisse discuter tranquillement. Et puis rassurez-vous, vous êtes libres de partir dès maintenant.
- Ah, mais que ne le disiez-vous pas. Merci beaucoup. 
McKay commence à sortir de son lit, mais un bras l’agrippe fermement.
- McKay, cessez un instant vos enfantillages et écoutez ! 
- Non, mais ça va pas Teyla. A qui croyez-vous parler ? 
Tout en disant cela, Rodney se tourne vers Elisabeth et fixe ses yeux, pensant y lire, sinon un encouragement, du moins un consentement.
Ce qu’il y lit ne doit être que chagrin et souffrance car son visage se ferme aussitôt. La moue pincée et les yeux incroyablement figés sur un point invisible, McKay se rallonge et fait signe de la main à Elisabeth.
- Nous vous écoutons docteur Weir. 
 
Elisabeth prend une chaise et s’installe entre les deux lits. Elle entend la respiration légèrement sifflante de Rodney. Finalement l’allergie n’est peut être pas une simple excuse. Elle regarde Teyla dont l’air grave et attentif l’encourage à parler, et vite.
Le docteur Weir prend une grande inspiration puis commence son long monologue.
 
***
 
Le colonel Caldwell ne décolère pas depuis son entretient avec le docteur Weir. Assis sur le siège de commandant de son vaisseau, il dispatche les dernières consignes avant le départ pour la Terre.
Dans trente-six heures le Deadale doit quitter Atlantis avec à son bord le corps du colonel Sheppard. Caldwell parlerait bien de « dépouille », mais le docteur Beckett a bien insisté sur le fait qu’il n’en est rien. Pourtant le colonel se remémore sa visite auprès de Sheppard et franchement, il ne voit pas bien la différence.
L’attitude d’Elisabeth Weir le contrarie à plusieurs niveaux. D’abord parce que ses émotions brutes et incontrôlées le touchent plus qu’il ne voudrait l’admettre, ensuite parce qu’elles risquent de gêner la bonne marche du vaisseau.
Que vont dire les hommes d’équipage s’ils apprennent que Sheppard occupe l’une des cabines.
Les rumeurs sont pires que les poisons les plus violents.
Et les rumeurs au sujet de l’ancien colonel sont terrifiantes. Rien n’est sensé filtrer de l’USI, pourtant tout Atlantis ne parle que de ça. A la connaissance de Caldwell, seul Teyla et McKay sont maintenus dans l’ignorance et encore, pas pour longtemps, si ses sources sont exactes.
Caldwell quitte son fauteuil et part précipitamment dans sa cabine. A force de ressasser les événements de ces derniers jours, il en vient à une seule conclusion : il faut partir plus tôt que prévu et préparer l’embarquement de Sheppard clandestinement. Seul, attablé à son petit bureau, Caldwell note point par point comment il envisage les choses.
Point numéro un, souligné en rouge, maintenir le docteur Elisabeth Weir dans l’ignorance !
 
***
 
McKay ne parle pas. Son silence, si inhabituel, n’en est que plus douloureux.
Teyla ne dit rien non plus, mais se lève doucement, attrape sa combinaison sur la petite table de chevet puis disparaît derrière un paravent.
Elisabeth se laisse aller sur le dossier de son siège. Elle se sent soulagée d’avoir partagé son fardeau avec ses amis, mais paradoxalement elle se sent comme vidée de tout espoir. Tant qu’elle n’avait pas verbalisé le diagnostique de Beckett, tout cela semblait si irréel, mais maintenant…
 
Teyla surgit de derrière le paravent.
- Bon, on y va ? 
McKay la regarde étonné.
- On va où ?
- Et bien on va voir le colonel Sheppard. 
 
Des échanges de regards…
Teyla/Elisabeth
McKay/Elisabeth
Elisabeth/Teyla
…juste des regards.
 
McKay suit les deux femmes qui marchent avec entrain. Il ne veut pas voir John, il ne veut pas être confronté à cette réalité qu’il fuit comme la peste depuis une semaine. Carson le croit fragile, noyé  sous des tonnes de tics et de tocs en tous genres. La réalité est autre, enfin presque.
Rodney était intimement persuadé qu’il s’était passé quelque chose de grave. D’ailleurs, l’état de Gaslin laissait peu d’espoir pour une guérison miraculeuse. Rodney a tout d’abord pensé à la mort de son ami, mais cela n’aurait pas pu leur être caché.
Maintenant Rodney sait que la réalité est pire que tout ce que son esprit avait pu envisager.
McKay se mord la lèvre inférieure. Il se sent coupable. Coupable d’avoir découvert les coordonnées galactiques de la planète et coupable de ne pas être intervenu.
Tout à ses pensées, le scientifique ne remarque pas que les deux femmes se sont arrêtées. Il rentre de plein fouet dans Teyla, bousculant l’athosienne sans aucun ménagement. Celle-ci n’y prête aucune attention et passe la main devant le mécanisme d’ouverture de porte.
 
L’unité de soins intensifs est l’un des lieux les plus fermés d’Atlantis. Du moins pour le visiteur profane.
McKay pénètre rapidement à la suite d’Elisabeth et de Teyla. Le docteur Beckett les accueille avec le sourire de convenance qu’affiche un médecin face à son malade.
Elisabeth prend la première la parole.
- Docteur Beckett, Teyla et Rodney souhaiteraient rester un peu au chevet du colonel Sheppard. Est-ce possible ?
- Je vous accompagne. 
Carson prend un couloir qui part sur la droite puis s’arrête devant une petite cellule vitrée de moins de neuf mètres carré. Un lit, une table et un chariot de réanimation avec une batterie impressionnante d’instruments sont tout le mobilier de la pièce.
Allongé sur le lit, ou plutôt sanglé sur le lit, le colonel Sheppard semble dormir. Il est vêtu d’un pyjama blanc qui tranche étrangement avec la noirceur des sangles. Chaque poignet, chaque cheville, mais aussi sa taille, ses genoux et son front sont maintenus ainsi. De sa bouche dépasse l’extrémité d’une canule maintenue par un morceau grossier de sparadrap.
 
Carson rompt le lourd silence de consternation.
- Nous venons d’interrompre les très hautes doses de psychotropes. On pourrait croire qu’il est dans un coma artificiel, mais en fait, il a même dépassé ce stade. Avant la mise sous traitement, il était tellement agité qu’il a blessé deux infirmiers. 
Montrant les bandages à ses mains et les entailles sur son visage, Carson poursuit.
- Il était devenu dangereux pour les autres mais aussi pour lui-même. Sa folie avait pris des proportions vraiment très préoccupantes. A la frontière entre l’Homme et le Loup, il ne savait plus où se situer et ses rares moments de lucidité le faisaient énormément souffrir. L’utilisation des stupéfiants n’a pas été facile et a eu des répercussions inattendues.
Si dans un premier temps, les drogues l’ont calmé, elles l’ont rapidement fait tomber dans cet état de catatonie. Ses fonctions cérébrales se sont complètement shuntées, pour finalement le plonger dans ce coma artificiel. Nous ignorons comment l’en extraire, si tant est que cela soit possible. Son état général s’est maintenu correctement mais depuis quelques jours il décline sans que l’on en connaisse l’origine. A ce rythme, ce sera bien un cadavre que le Deadale emportera vers la Terre. 
Carson reprend son souffle et termine son explication.
- En d’autres termes, nous ne comprenons pas pourquoi le colonel est dans cet état végétatif et pourquoi son organisme se meurt à petit feu. Nous ne comprenons pas et nous ne savons pas quoi faire. 
McKay et Teyla ont bu les paroles du docteur avec une attention presque religieuse, et c’est tout aussi silencieusement que Teyla ouvre doucement la porte et avance vers Sheppard.
Son teint est cadavérique. De grosses cernes grises sont creusées sous ses yeux clos. Sa peau marbrée est zébrée de fines rayures rosées, autant de griffures que le loup a infligées à l’homme.
Teyla avance sa main pour le toucher mais Carson retient celle-ci. L’athosienne regarde gentiment le docteur Beckett puis reprend le contrôle de sa main. Avec tendresse elle passe les doigts dans les cheveux de John puis lui caresse la joue. La peau est froide et Teyla sent un frisson glacial lui parcourir l’échine. Elle a envie de hurler comme un loup, elle a envie de se coucher près de lui, comme au sein de la meute.
 
Teyla respire profondément puis recule, des larmes pleins les yeux.
McKay s’approche à son tour. Il tend la main mais la stoppe à quelques centimètres de Sheppard et se tourne vers Beckett.
- Pourquoi ?
- On suppose que l’état de santé du loup n’a pas permis un transfert correct de la conscience du colonel. On pense que le processus de transfert n’est pas complètement automatique et qu’il nécessite une action de la part du loup et de l’homme. Sheppard et…Gaslin étaient si étroitement liés qu’ils n’ont peut-être pas su comment se diviser, ou n’ont pas voulu se séparer.
- Vous pensez vraiment une ânerie pareille ?
- Ecoutez Rodney, Sheppard était en symbiose avec ce loup depuis trop longtemps, si on se réfère aux renseignements que vous nous avez donnés. Leurs consciences s’étaient fondues l’une dans l’autre et ils devaient leurs être impossible de faire la part entre celle de Sheppard et celle de Gaslin. Le transfert par la porte a donc été arbitraire et aucun des deux, ni Sheppard, ni Gaslin n’a récupéré son âme dans son intégralité. 
McKay reste silencieux. Il semble réfléchir.
Le docteur Beckett et le docteur Weir quitte la petite pièce en laissant Teyla et Rodney seuls avec leur ancien chef.
 
***
 
Le colonel Caldwell peaufine les derniers préparatifs.
Trouver des hommes surs, et surtout acceptant ce genre de mission n’a pas été simple. Caldwell savoure cet instant comme une petite vengeance envers Elisabeth Weir.
Comment cette femme fait-elle pour le mettre tellement en rogne ?
En même temps, il imagine que cette dernière ne restera pas sans réagir. Quelles pourront être les répercussions d’une telle action ? Le colonel sourit en pensant au terme de mutinerie. Si on lui avait dit un jour que lui, le colonel Steven Caldwell, toujours si militaire, si carré, fomenterai un mini coup d’état sur Atlantis. Caldwell rit puis se tait et prend son verre. Le liquide ambré le réchauffe. Il pose son verre sur sa table. Une petite auréole se dessine sur le papier à entête du Deadale et à destination du SGC.
- Bon, va falloir que je refasse ce rapport… encore une fois ! 
 
***
 
McKay pose son verre sur la table du réfectoire. Autour de lui, Teyla, Carson et Ronon sont silencieux. Zelenka est tout rouge et retient difficilement son agacement. N’y tenant plus, il explose face à un Rodney plus virulent que jamais.
- Ce n’est pas ma faute, bon sang, c’est Ronon qui m’avait dit de tirer !
- Hum, n’empêche que si j’avais été pleinement conscient, je suis certain que j’aurai pu faire quelque chose.
- Docteur McKay, insinuez-vous que c’est de ma faute ?
- Non. Et puis si ! Vous ne pouviez pas trouver une solution ?
- Mais que vouliez-vous que je fasse. Je ne comprends même pas pourquoi ce loup que vous nommer Gaslin a eu une telle emprise sur Sheppard. Pourquoi vous et Teyla n’avez-vous pas autant réagis ?
- Parce que Margelle, la louve de Teyla était soumise et peu combative. Par contre Myos était une vraie brute, de mèche avec Lupin qui plus est.
- Et comment lui avez-vous résisté ? 
La question vient de Carson et non de Zelenka. Ce dernier est soulagé que le débat ne le concerne plus. Déjà que tout le mess est suspendu à leurs mots.
Zelenka déteste être au centre de l’attention du personnel d’Atlantis. De ce point de vue, lui et McKay sont vraiment à mille lieux l’un de l’autre. Aussi, quand Rodney est entré en aboyant dans la cafeteria puis l’a apostrophé, Zelenka aurai voulu disparaître.
Oubliant Zelenka, McKay continue son explication.
- Myos avait beau être féroce, ce n’était rien comparé à Cadman. 
Le docteur Beckett se met à rougir. McKay continue comme si de rien n’était.
- J’avais une assez bonne idée de ce à quoi m’attendre et je dois avouer que le fait de résister à Myos était particulièrement jubilatoire. 
 McKay marque un temps d’arrêt avant de reprendre sur un ton plus mélancolique.
- Le colonel a été blessé dès le début de notre mésaventure. Cela a fragilisé ses résistances. De plus, il était d’accord pour laisser sa place à Gaslin car c’était notre seule chance de salut. Il va mourir en héros… une fois de plus. 
Cette dernière remarque fait tiquer McKay.
- C’est moi qui aurai du mourir en héros à sa place. C’est de ma faute tout cela. Qu’avais-je donc besoin d’étudier les données des anciens. Tout ça pour mieux comprendre les notions de dématérialisation. Tout ça pour mieux comprendre le fonctionnement du… 
McKay se tait et se lève brusquement.
Tout le mess est silencieux.
Tous reconnaissent en cette attitude Rodnesque, la lueur de l’idée géniale, celle qui donne de l’espoir.
McKay regarde ses amis puis fonce vers la sortie. Juste avant de disparaître, il se retourne et adresse un cri à l’attention de ses amis.
- Mais qu’est-ce que vous attendez ? Ne restez pas plantés là, venez ! 
 
***
 
La porte s’ouvre avec son fameux chuintement. Une ombre avance avec précaution. Ne voyant personne réagir, celle-ci fait un signe puis disparaît dans un couloir de droite. Aussitôt deux, trois puis quatre autres silhouettes se glissent dans l’unité de soins avant de se fondre à la suite de leur chef.
 
***
 
McKay rentre dans le bureau du docteur Weir. Avant même que celle-ci ne réalise l’intrusion, Rodney est déjà adossé à son bureau et commence à parler.
- Docteur Weir, je crois que j’ai une idée. Arrêter moi si je me trompe mais...
- Justement Rodney, je vous arrête ! Que se passe-t-il ?
- J’ai eu une idée au sujet de Sheppard, enfin, du colonel. S’il y a une chance de le soigner, il faut la saisir.
- Mais Carson ignore pourquoi sa santé décline comme cela.
- Et bien moi, je crois savoir. Je suis prêt à parier sur mon disque dur (toujours lui) que Gaslin, le loup, va mal lui aussi. 
Carson et Elisabeth échangent un regard étonné. C’est le docteur Beckett qui répond à la question de McKay.
- C’est exact. Nous l’avons opéré puis soigné du mieux que nous pouvions mais après un rétablissement de bonne augure, il a lui aussi commencé à dépérir. Vous pensez qu’ils sont encore liés l’un à l’autre.
- Oui, c’est exactement ça ! J’ignore comment, mais je pense que d’une certaine façon leur conscience a été encodée par le bouclier filtrant lors du passage par la porte. Cela explique que les consciences regagnent le bon corps. Si ce raisonnement est faux, comment expliquer que j’ai récupéré mon âme et non celle de Teyla ? Nous sommes pourtant passés par la porte en même temps. 
Elisabeth qui s’était relevée à l’entrée du scientifique, se rassoit et s’enfonce dans son fauteuil.
- Oui, cela semble logique en effet. Et où cela nous mène-t-il Rodney.
- Au fait que le codage de Sheppard et Gaslin n’a pas été réinitialisé correctement. Du coup leur corps bug si je puis dire. 
Zelenka enchaîne à la suite de son collègue.
- Pour les sauver, il suffirait donc de les reprogrammer, comme un ordinateur. Mais c’est une idée fabuleuse docteur McKay !
- Oui, je l’avoue, je suis génialissime !
Elisabeth se relève de nouveau. Dans cette agitation, il est difficile de garder son calme et de rester inactif. Même Teyla et Ronon ne cessent de gigoter d’un pied à l’autre.
- Ok, Rodney, on a compris le principe, mais comment peut-on les reprogrammer ? Ce ne sont pas des machines ?
- En fait, tout est arrivé parce que j’étudiais les données des anciens sur la dématérialisation. Je voulais comprendre le fonctionnement du dart pour éventuellement trouver une parade au faisceau des Wraiths. Je voulais aussi approfondir mes connaissances sur ce qui s’est passé entre Cadman et moi. 
Carson tilt de suite.
- Et que s’est-il passé entre vous ?
- Je parlais de notre cohabitation dans mon corps Carson !
- Ah, excusez-moi. Continuez, je vous pris.
- Bien. Gaslin et Sheppard fonctionnent finalement de la même façon. J’ignore encore comment ça marche mais je suis persuadé que le faisceau du dart saurait remettre dans le bon ordre les codes de Sheppard et ceux de Gaslin. 
Elisabeth reformule les propos de McKay  en langage moins scientifique afin de s’assurer de sa bonne compréhension.
- Donc, si je vous comprends bien, on capture Sheppard et le loup avec le faisceau du dart puis on les rematérialise et hop, le tour est joué ?
- C’est exactement cela ! 
Le docteur Weir se tourne vers Zelenka.
- Vous pensez que c’est jouable ?
- Je pense que c’est une excellente idée. 
- Très bien. Docteur Beckett, ramenez Sheppard et le loup au labo de Zelenka. Teyla et Ronon vont vous y aider. McKay, vous et Radek allez préparer le dart. Je vous retrouve là-bas dans quinze minutes. 
 
Tout le monde quitte le bureau d’Elisabeth pour accomplir la tâche qui lui a été dévolu. Elisabeth quant à elle, se laisse aller sur son bureau. La tête entre les bras, elle ferme un instant les yeux. Se pourrait-il que le plan de McKay marche réellement ? Il est vrai que Sheppard a le don de se mettre dans des problèmes incroyables, mais aussi de s’en sortir in extremis.
Peut-elle vraiment s’attacher à cet espoir ?
Un appel radio la sort de sa rêverie.
- Docteur Weir, ici Carson ! On a un problème.
- Quoi Carson ? Que se passe-t-il ?
- Sheppard a disparu. Sa cellule est vide et personne ne sait où il est passé.
- Et le loup ?
- Il est toujours là mais son état a brutalement décliné. Si Rodney a raison, cela n’est pas bon signe pour le colonel.
- Bon, chercher partout dans l’USI. De mon côté je vais alerter tous les membres d’Atlantis pour qu’ils nous aident. 
Elisabeth quitte précipitamment son bureau pour rejoindre la salle de contrôle.
- Mettez-moi en relation avec le Deadale et le colonel Caldwell. Je veux que tous les membres d’équipage disponibles viennent ici nous aider.
- Le Deadale a quitté Atlantis il y a une heure docteur Weir.
- Pourquoi ne pas m’avoir prévenue ?
- Il est parti en dehors de son plan de vol prévu. Il semblerait qu’ils aient eu une urgence. 
 
Elisabeth comprend assez rapidement de quel type d’urgence il peut s’agir.
- Contactez-les, je veux parler au colonel Caldwell IMMEDIATEMENT !!! 
- Bien docteur, je vous mets en relation. 
 
Elisabeth se tient droite comme un piquet. Le silence qui précède la réponse du Deadale est mortel.
- Docteur Weir, je ne m’attendais pas à un appel de votre part, du moins pas si rapidement. Que me vaut ce plaisir ? »
 Le ton est mielleux à souhait.
- Colonel Caldwell, pourquoi avoir quitté Atlantis si brusquement ?
- Dois-je me justifier docteur Weir ? Je vous rappelle que je ne dois des explications qu’à mes supérieurs, dont vous ne faites pas partie… désolé !
- Colonel, êtes-vous au courant de la disparition du colonel Sheppard ? 
- Et combien même, je ne vois pas en quoi cela vous concerne dorénavant. 
Elisabeth est furieuse. Le ton entre elle et le militaire monte si rapidement que les membres de la salle de contrôle qui ne sont pas indispensable au bon fonctionnement, se sauvent les uns après les autres.
Surtout ne pas prendre parti.
D’un côté ils appréciaient vraiment le colonel Sheppard, d’un autre, maintenant qu’il est plus proche du fantôme que de l’humain, ils sont soulagés de le savoir loin d’Atlantis.
- Cela me concerne dans la mesure où nous avons besoin de lui.
- Et bien c’est trop tard ! Fin de communication, bonne nuit docteur Weir ! 
Sur ces mots le commandant du Deadale coupe la communication radio.
Elisabeth est hors d’elle.
- Reprenez contact tout de suite avec le vaisseau !
- C’est impossible docteur Weir. Le Deadale a coupé ses communications radio. 

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