Autres
Chapitre sept
Abandon
Elisabeth s’agite dans son sommeil.
Des flashs lumineux, des images, des voix, des cris s’entrechoquent dans un cauchemar ultra réaliste où Hommes et Loups se fondent en des êtres uniques communément appelés lycanthrope, ou plus simplement, loups-garous.
Les événements de ces derniers jours la hantent avec un soupçon de brutalité, un zest de douleur et cerise sur le gâteau, un flot de larmes sur les joues. Elisabeth se tourne et se retourne en une étrange chorégraphie où oreillers et draps sont ennemis. Les doigts crispés sur la taie inondée de larmes, Elisabeth retient ses cris.
Son cauchemar a l’odeur de la chair calcinée…
Ronon tuant le dernier rempart entre eux et Sheppard.
Son cauchemar a la couleur de l’hémoglobine…
Sheppard-le-loup couvert de sang. Tout ce sang coulant entre ses doigts quand elle l’a pris dans ses bras. Tout ce sang dans le lavabo d’Atlantis longtemps, bien longtemps après avoir rapporté le corps. Trop longtemps pour qu’il disparaisse vraiment.
Son cauchemar a le goût du sel…
Ses larmes quand elle a compris que c’était lui. Ses larmes quand elle a senti son souffle chaud se poser lentement sur son cou. Trop lentement pour réchauffer son cœur et surtout celui de Sheppard.
Son cauchemar a la sonorité stressante des cris…
Le hurlement de Sheppard lorsque le petit loup lui a lacéré le cou. Son propre cri en réponse à la souffrance de John. Son propre cri qui depuis résonne en elle jusqu’à l’assourdir.
Son cauchemar a la texture étrange du rêve, nébuleux et insaisissable.
Il est épais et cotonneux mais finalement pas désagréable…
Il n’est que songe, souffrance sans consistance qui ne fait qu’effleurer une réalité bien plus cruelle, bien plus douloureuse.
La terrienne se réveille doucement. Le cauchemar est loin. Le silence de la nuit amplifie les sons internes, ceux du cœur qui palpite, ceux du cri qui perdure encore et encore dans son esprit.
Elle cherche à ranger les brides de pensées qui l’assaillent.
N’aurait elle pas fait un mauvais rêve ? La question reste en suspend car une pensée vient chasser tout autre chose.
Elisabeth soupire.
- Comment vais-je leur annoncer la nouvelle ?
***
Les dents de Teyla se resserrent doucement sur la tenue d’Elisabeth. Elle tient fermement son emprise et semble chercher à attirer Elisabeth vers la caverne. Le docteur Weir quitte à contre cœur le loup qui agonise doucement dans la poussière.
Teyla et Elisabeth pénètrent dans la grotte, laissant derrière elles leur chagrin et leur incertitude. Elles tournent le dos à la clairière qu’elles transforment provisoirement en un vestiaire pour leurs états d’âmes et leur peine.
La caverne est lumineuse.
C’est la première pensée qui frappe Elisabeth. Tout comme Sheppard et Teyla quelques heures plus tôt, elle s’interroge sur le besoin de lumière des loups. Très vite, cette interrogation s’évapore devant la découverte des écritures. Les souvenirs des Anciens et ceux des loups s’entremêlent. Un rapide coup d’œil lui permet d’entrevoir une réalité qu’elle avait supposée et qui malheureusement se confirme.
La secte, les sacrifices, la souffrance et surtout la haine, sont autant de sentiments qui sourdent des murs comme d’une plaie à vif. Ses doigts délicats caressent les signes comme s’ils pouvaient lui en dire davantage. Elisabeth s’arrête un instant, se met à genoux puis retire sa main brusquement. Toujours à genoux, elle se tourne vers Teyla. Sa voix est douce et maternelle.
- Il faut y aller. Je reviendrais ici plus tard.
Elisabeth ne veut pas exprimer ses doutes et ses craintes à haute voix. En sortant de la grotte, elle jette un dernier coup d’œil à ce qui représente la mémoire d’un peuple sacrifié et l’apologie de la bêtise humaine.
McKay s’énerve et bouge frénétiquement autour de Gaslin.
Balbuck se rapproche de lui à petits pas.
- Laisse-le s’en aller. Il savait très bien que cela finirait ainsi. Regarde autour de toi Myos. Nos meutes sont unies et nous sommes là, à côtoyer des deux-pattes sans animosité aucune. C’est une nouvelle ère qui commence pour nos deux peuples.
McKay répond avec plus d’agressivité qu’il ne l’aurait voulu. Balbuck, compréhensif, fait mine de ne pas s’en rendre compte.
- Je ne suis pas Myos, mais Rodney McKay. Je ne suis pas un loup, mais un scientifique d’Atlantis ! Et je suis furieux d’être resté spectateur impuissant du sacrifice de mon ami ! Quant à Myos, il est encore plus furieux de ne pas réussir à prendre le dessus. Il était au courant de tout. Savoir que je suis dans la carcasse d’un loup qui est en partie responsable de la situation est pour le moins désagréable. Si je pouvais, je me mordrais !
- Allons, du calme. Lorsque vous retournerez chez vous, Myos reprendra possession de son corps et comptez sur nous pour le lui faire regretter.
Sans laisser le temps à McKay de répliquer, Balbuck poursuit.
- Il est d’ailleurs grand temps pour vous de nous quitter. Le crépuscule commence à s’installer. Quand la lune sera haute et ronde dans le ciel, nous irons chantez au sommet de la colline. Si la légende est vraie, votre âme devra s’élever sinon elle restera dans le corps de Myos à tout jamais.
McKay fixe Balbuck droit dans les yeux. Brusquement, sans y avoir réfléchit au préalable, Rodney se jette sur Balbuck et vient poser un peu brutalement sa tête sur l’encolure du chef de meute. L’accolade est franche. Balbuck glisse quelques mots à l’oreille de McKay. Ce dernier fait un petit bond en arrière puis quitte Balbuck les yeux pleins de larmes.
Teyla et Elisabeth sont de retour auprès de Gaslin. Fatigués, tant physiquement que psychologiquement, ils laissent le docteur Weir reprendre le contrôle de la situation.
- Retournons à la porte ! J’irai sur Atlantis prévenir Carson de notre retour et mettre en place le rapatriement du colonel.
Ronon se place juste devant Elisabeth.
- Je peux le porter jusqu’à la porte sans difficulté docteur Weir.
- Je le sais Ronon, mais son état nécessite de prendre des précautions. Le moindre faux mouvement pourrait aggraver ses blessures. Tant qu’il y a un espoir de le sauver, il faut s’y accrocher fermement, mais pas n’importe comment !
Elisabeth se tourne vers Teyla.
- Est-ce que vos nouveaux amis pourront prendre soins de lui durant notre absence ?
Teyla fait un signe de tête affirmatif, mais s’allonge en même temps devant Sheppard. Elle a la ferme intention de rester elle-même à son chevet.
Le docteur Weir s’agenouille aux côtés de Teyla et Sheppard. Elle pose doucement sa main sur Gaslin. Elle sent son torse se soulever, irrégulièrement, avec une faible amplitude. Ses doigts caressent son pelage avec tendresse. Ses poils sont un peu rêches mais c’est si doux de le sentir respirer. Elisabeth soulève délicatement la tête inerte de Gaslin et enlace son cou avec la ferveur d’une mère ou d’une amante.
- John…
Ses larmes coulent de nouveaux sans retenues. Elle repose avec la même douceur l’animal inconscient et prend la patte de Teyla dans sa main.
- Nous allons faire vite, mais le temps nous est compté. Et nous pouvons échouer. John n’aurait pas voulu que vous vous sacrifier pour lui. Venez avec nous Teyla.
Avec lenteur, Teyla se redresse, jette un dernier coup d’œil sur Sheppard puis part au pas de course vers la porte.
- Alors, ne perdons pas de temps !
McKay emboîte aussitôt sa course, suivit de près par Ronon.
Elisabeth regarde autour d’elle la meute qui se reconstitue et se rapproche lentement du loup inanimé. Elle pose ses lèvres contre le museau de Sheppard et sent le souffle chaud du loup s’échapper lentement de ses naseaux pour se poser avec douceur dans son cou. Elisabeth frémit. Elle éloigne ses lèvres de la bête et relâche son ultime étreinte. Son regard se pose sur ses doigts dégoulinant de sang puis sur les yeux du loup, clos, éternellement clos.
Le docteur Weir se précipite derrière ses compagnons, laissant la meute pansez les plaies de Gaslin/Sheppard.
***
Devant la porte des étoiles, le docteur Zelenka est extrêmement tendu. Il tient fermement l’arme donnée par Ronon.
Bip…bip…
- Encore !
Zelenka pointe l’arme sur les loups ficelés par Ronon et tire en tremblant. Puis il entreprend de reprogrammer sa montre pour sonner dans exactement dix minutes, encore et encore.
- Je ne m’y ferai jamais.
A peine a-t-il fini sa phrase qu’il voit deux nouveaux loups pénétrer la zone dégagée de la porte. Tremblant de plus belle, il lève son arme et tire sur la bête la plus proche. Le premier tir passe à côté mais le second fait mouche. Le loup s’effondre brutalement aux pieds du scientifique apeuré. Zelenka est hypnotisé par l’animal qui gît devant lui, la gueule béante et les dents tranchantes bien en vues.
Une voix le sort de sa torpeur.
- Félicitation Radek, vous venez de dégommer McKay. Je doute qu’il vous en soit reconnaissant.
Zelenka regarde Ronon qui sort hilare de la forêt. Le second loup est à côté de lui. Zelenka lâche alors son arme et commence à bégayer.
- C’est…heu…je… Vous n’allez pas le lui dire n’est-ce pas ?
L’arrivée du docteur Weir interrompt le dialogue entre les deux hommes.
- Zelenka, programmez de suite les coordonnées du site alpha. Je vais chercher de l’aide. Teyla et McKay…
Son regard se porte sur l’animal qui ronfle comiquement entre les jambes de Zelenka.
- Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Voyant le rire pointer sur les lèvres de Ronon et toutes couleurs quitter le visage de Radek, Elisabeth comprend rapidement le déroulement de l’histoire. Elle coupe donc court à toutes explications et embraye sur ses ordres avec toute la fermeté retrouvée d’un chef d’expédition.
- Teyla, soyez prête à passer la porte dès mon retour. Veillez également à ce que McKay soit dans de meilleures dispositions.
Elisabeth fixe Ronon.
- Au besoin, vous le jetterez dans l’horizon des évènements.
Son regard se déporte vers Radek, qu’elle fusille littéralement des yeux.
- Vous aiderez Ronon à porter McKay si celui-ci dort toujours. Maintenant composez l’adresse !
Le vortex semble exploser dans la clairière qui s’assombrissait rapidement.
Elisabeth regarde la lune qui commence à apparaître. Cette lune est petite mais bien plus luisante que celle de la Terre. Elisabeth n’hésite pas un instant et disparaît dans la vague bleutée. Sur la planète, Zelenka et Ronon sont silencieux.
Teyla secoue McKay de sa truffe avec douceur, puis entreprend de le réveiller avec un peu plus d’énergie. Ronon, s’approche d’elle.
- C’est inutile. L’arme de Zelenka a une durée d’action de vingt bonnes minutes.
Zelenka écoute attentivement Ronon. Subitement il reprend du poil de la bête et invective Ronon avec énergie.
- Quoi ?! Vingt minutes !! Alors pourquoi m’avoir fait tirer toutes les dix minutes ? J’ai cru mourir de peur à chaque fois que je les visais avec l’arme. Je tremblais tellement que je manquais ma cible une fois sur deux !
- Et bien voilà, vous avez la réponse à votre question docteur Zelenka. J’ai préféré jouer la sécurité en vous laissant amplement le temps d’atteindre votre cible.
Ronon est franchement hilare. Même Teyla se met à couiner. Zelenka, boudeur, leur tourne le dos et se remet au travail sur la console de commande.
Les minutes s’égrainent et le silence pèse de plus en plus devant la porte. Même Zelenka regarde la lune avec angoisse.
McKay ouvre difficilement un œil. Son réveil s’accompagne d’une bordée de grognements.
Soudain le vortex rayonne et illumine les Atlantes. Le docteur Weir accompagnée d’une équipe médicale surgit de l’horizon.
- Zelenka, composez les cordonnées d’Atlantis, le docteur Beckett y attend McKay et Teyla.
Un nouveau vortex s’ouvre.
Teyla pénètre la porte sans l’ombre d’une hésitation. McKay s’en approche en titubant, mais hésite un instant. Il ne comprend plus très bien ce qu’il se passe. Ses muscles sont ankylosés et il a du mal à avancer. Ronon le pousse sans ménagement et c’est de biais, en équilibre sur les pattes arrière, qu’il pénètre l’horizon des évènements.
Ronon et Elisabeth retiennent leurs souffles. Un bruit de tôle froissée, un crissement puis le vortex se déclenche de nouveau, éjectant les corps inanimés de Margelle et Myos.
Elisabeth reprend son ton de commandant et désigne les deux loups.
- Attachez-les avec les autres et suivez-moi ! Zelenka, maintenez la porte d’Atlantis ouverte, nous revenons avec Sheppard.
Sur ces mots, Elisabeth suivi de l’équipe de Beckett, puis de Ronon, pénètre la forêt.
La nuit et la forêt engloutissent les humains, ne laissant que le silence et l’attente.
Devant la grotte, seul deux loups sont au chevet de Gaslin. Une jolie louve portant visiblement la descendance de la meute et Balbuck lui-même. Voyant arriver Elisabeth et Ronon, Balbuck quitte le blesser pour venir à leur rencontre.
- La meute est partie vers la colline. Il reste peu de temps avant l’heure fatidique. Que comptez-vous faire ? Gaslin est au plus mal, je ne pense pas qu’il survivra à cette nuit. Balbuck regarde fixement Elisabeth et Ronon. L’échange de regards est intense d’émotion.
Elisabeth pose un genou à terre et avance la main en direction du grand loup.
L’équipe médicale est sidérée. Certains reculent, d’autres lèvent ce qui pourrait servir d’armes, mais aucun ne parvient à parler. Ronon se place devant eux et les rassure d’un geste de la main.
Balbuck est tout près d’Elisabeth maintenant. Il sent son odeur emplir ses naseaux. Il perçoit ce qu’elle-même ignore, le courage, la dévotion, la détermination…
Se tenant bien droit sur ses quatre pattes, le grand loup pousse un hurlement strident.
Les infirmiers et médecins sursautent et s’agitent.
Ronon le regarde avec un peu de méfiance.
Elisabeth reste stoïque.
Balbuck hurle de nouveau.
- Vous êtes incontestablement une chef de meute.
Elisabeth s’adresse au loup avec douceur.
- Je suis navrée mais je ne comprends absolument pas votre langage.
Le docteur Weir montre ses compagnons à Balbuck.
- Ces gens sont des médecins. Ils vont nous aider à transporter notre ami jusqu’à la porte, avec le plus de précautions possible. Nous récupèrerons l’âme de Sheppard puis nous essayerons de soigner le loup qui le porte en lui. Etes-vous d’accord pour nous le confier ?
Balbuck fait un signe de la tête puis s’écarte d’Elisabeth. Il pousse un jappement sec qui a pour résultat de faire partir rapidement la louve qui léchait les plaies de Gaslin.
Balbuck recule, se tourne puis s’éloigne dans la forêt.
Au loin, les loups commencent à chanter.
Au loin, le ciel noir s’éclaire du blanc-bleu de cette étrange petite lune.
D’un signe de Weir, l’équipe médicale s’attelle au travail. Ils ceinturent Gaslin/Sheppard dans une sorte de matelas coquille, puis partent rapidement vers la porte. Elisabeth et Ronon courent avec eux, courent à en perdre haleine.
Zelenka est aux commandes de la porte. Lorsque la troupe de Beckett débarque avec le « colis », il active aussitôt le vortex. L’équipe s’arrête, détache Sheppard du brancard puis pousse ce dernier à travers la vague bleue avec le plus de délicatesse possible.
Ronon et Elisabeth arrivent sur ces entre faits. Tous les membres de l’équipe présents s’écartent et attendent patiemment que le corps de Gaslin leur soit rendu.
La tension est plus que palpable. Pour ne pas rompre le silence quasi-mythique, Ronon se penche pour chuchoter doucement à l’oreille d’Elisabeth.
- Je croyais qu’il était dangereux de faire passer l’horizon à Sheppard.
- Oui, mais nous n’avions malheureusement plus guère le choix.
Elisabeth regarde la lune qui est au firmament. Au loin, le chant des loups est à la fois terrifiant et magique.
Une atmosphère étrange, emprunte de mysticisme et d’ésotérisme, s’installe.
Le silence puis…vlan…le corps meurtri de Gaslin s’étale sans douceur sur le sol.
Les hommes d’Atlantis soulèvent délicatement le corps pour le sangler de nouveau sur le brancard pneumatique. Personne n’ose rompre le charme qu’inspirent les chants. Personne n’ose exprimer ses inquiétudes et ses interrogations.
Elisabeth brise volontairement l’ensorcellement.
- On va emmener ce loup et essayer de le sauver. D’abord parce que je l’ai promis à la meute, ensuite parce que j’ignore si Sheppard a réussi à s’extirper de ce corps. Zelenka, rentrez les coordonnées, nous rentrons à la maison !
Le vortex s’ouvre, la vague bleue les englouti.
Un pied sur le site alpha, un autre vers Atlantis.
Le vortex s’ouvre sur la plateforme de contrôle d’Atlantis. Elisabeth, Ronon et tous les membres de l’expédition pénètrent la cité des Anciens.
Aussitôt une autre équipe prend en charge le loup et l’emmène au bloc. Elisabeth attrape l’un d’eux par le bras.
- Comment vont McKay, Teyla et le colonel Sheppard ?
- On l’ignore. Tous ce que l’on peut dire, c’est que les électro ne sont plus plats. McKay et Teyla ont même un électro quasi normal avec une bonne réactivité. Pour le reste, il faut attendre. Maintenant, si vous voulez bien… ?
Le jeune homme tire son bras et récupère ainsi sa liberté. Il en profite pour se sauver à la suite de ses compagnons. Elisabeth pousse un énorme soupir de soulagement. La mission de sauvetage est réussie, du moins en partie. Rodney et Teyla sont sauvés. Reste maintenant à secourir l’âme de Sheppard et son hôte animal.
De nombreuses questions se bousculent dans son esprit alors qu’elle rejoint l’infirmerie. Sheppard aura-t-il survécu au combat puis au transfert de corps? Retrouvera-t-elle le John qu’elle aime tant ou un être insipide mi-homme mi-loup ?
Tout comme la légende de l’Atlantide avait pour naissance la cité engloutie des Anciens, la légende des loups-garous prenait ses racines dans cette secte où hommes et bêtes se sont noyés. Quand sera-t-il de Sheppard ?
Elisabeth avance sans voir autour d’elle l’effervescence du monde médical. Au loin elle entend des cris et crois reconnaître Carson. Le docteur Beckett donne des ordres, dirige la manœuvre comme sur un champ de bataille. Ses yeux sont ouverts mais ne voient pas. Elle avance plus profondément dans l’infirmerie et pénètre la zone des soins intensifs et de la réanimation.
La vision, lui revient, brutale, froide, douloureuse.
Sur un lit blanc, le corps de Sheppard est bardé de perfusions, de capteurs en tous genres. Des tubulures semblent naître de sa peau et monter en tout sens vers le plafond et les murs alentours.
Du bruit…celui des scopes. Bip bip bip… mais pas seulement.
Celui du masque à oxygène qu’un infirmier pompe avec lenteur.
Les yeux d’Elisabeth sont figés sur ce mouvement, si lent, si doux…Le ballon se gonfle et se dégonfle au rythme des pressions, entraînant l’insufflation d’oxygène dont les poumons ont tant besoin.
Soudain avec la brutalité d’un réveil nocturne, Elisabeth prend conscience de ce qui l’entoure. La scène s’anime plus rapidement, comme si elle reprenait vie. La vie justement, qui s’enfuit loin de Sheppard, loin de John !
Carson fait un massage cardiaque externe alors qu’un interne prépare le défibrillateur.
Ssschak !
Une onde de choc parcourt le corps de Sheppard qui semble pris d’une convulsion unique mais magistrale. Son torse se soulève, entraînant dans son mouvement la tête et les bras du colonel.
Le corps se soulève…et retombe aussi mollement sur le lit.
Le blanc du lit semble envahir la pièce.
Ssschak !
Le son est lointain.
Quelqu’un s’approche d’Elisabeth. Elle voit des lèvres bouger sur un visage lisse et sans forme, mais elle n’entend pas les paroles.
Elisabeth regarde Sheppard. Celui-ci paraît flotter sur un nuage cotonneux. Autour d’eux, tout est flou.
- Ne m’abandonne pas John !
Elisabeth s’effondre sur le sol froid de l’infirmerie.
Au loin, un son est perceptible…
Ssschak !