The eleven

Chapitre 0 : The laboratory

1628 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 25/06/2020 10:10

Chapitre zéro :

(009)


J’ai mal.


J’ai mal partout.


Je lève lentement mon bras devant mon visage. Il est toujours là. 009. Et quelques centimètres dessous, une perfusion. Je m’y attendais. Je tente de l’arracher mais mon autre bras ne me répond plus. Tout le côté droit de mon corps est encore engourdi.


Le visage du docteur Brenner apparaît soudain devant moi.


« Tu es enfin réveillée… Parfait ! Nous allons pouvoir reprendre l’expérience »


Un autre homme en blouse blanche entre dans mon champ de vision et s’approche de lui.


« Vous êtes sûr docteur ? La dernière session a failli la tuer, il serait plus prudent de… »


« Continuez l’expérience, j’ai à faire avec Eleven »


L’autre baisse la tête.


« Bien docteur »


Le docteur Brenner se retourne et se dirige vers la porte.


« Docteur Willson ! Ajoute-t-il. Vous passerez au niveau supérieur avec le sujet Nine, si elle ne supporte pas ça elle nous est inutile. »


« Bien docteur Brenner. »


. oOo.


Piégée. Comme un animal.


Je tremble.


La peur. La peur primaire.


Les fenêtres de verre sans tain sur les murs tout autour de moi me renvoient mon reflet.


Une goutte tombe sur mon front.


Ça commence.


D’abord l’eau puis l’électricité.


Ma mince tunique d’hôpital est déjà trempée. Il n’y en a plus pour longtemps…

J’écarte les bras, ferme les yeux et attends la douleur.


J’attends.


Elle ne vient pas.


L’eau cesse de ruisseler sur mon corps.


J’ouvre les yeux. Au même moment la porte claque. Une femme, un revolver au poing, entre, m’agrippe par le bras et me crie :


« Viens ! Suis-moi, vite ! »


Elle m’entraîne dans le couloir. Je jette un coup d’œil en arrière. Le docteur Willson gît sur le sol, sa blouse habituellement immaculée tachée de sang.


La jeune femme se tourne vers moi.


« Je m’appelle Roxane Jones, je vais t’aider à sortir d’ici. » Elle me tend un couteau et me sourit. « Tu pourrais en avoir besoin… Suis-moi ! »


Nous courons. Nos pas résonnent dans le couloir désert. Une seconde plus tard, une alarme stridente nous vrille les tympans ! Roxane accélère.


« Merde… lâche-t-elle les dents serrées. Je pensais qu’on aurait plus de temps… »


Je tente de la suivre mais mes jambes, encore endolories, refusent de suivre le mouvement.


« Allez Nine, on va y arriver ! Accroche-toi ! »


Je sais que c’est faux, on ne peut pas y arriver, le laboratoire tout entier est sûrement déjà à notre recherche.


Et pourtant, je continue à courir…


. oOo.


« Arrête-toi ! »


Je stoppe et bouscule presque Roxane.


Elle se plaque contre le mur. Je l’imite aussitôt.


Moins d’une seconde plus tard une file de militaires armés passe près de nous sans nous voir.


Après que le dernier ait disparu au coin du couloir, nous continuons vers la droite…


Et tombons nez à nez avec un grand homme brun, tenant un balai dans une main et un seau dans l’autre.


Il nous a vues.


Le temps semble suspendu. Tout ne se résume plus qu’à la sirène assourdissante de l’alarme, aux battements affolés de mon cœur et à la respiration régulière de ma sauveuse à côté de moi.


L’homme, alors, fait quelque chose d’étrange, il sourit. Il sourit et hoche la tête.


Roxane lui rend son sourire.


« Les autres ont libéré les couloirs secondaires. » Lui souffle-t-il.


Et il continue son chemin comme si rien ne s’était passé.


Nous repartons à travers le laboratoire.


. oOo.


Mes muscles vont lâcher.


Ma jambe droite me fait souffrir à chaque pas.


Je ne tiendrais pas.


Si je cours encore une minute de plus, je vais tomber.


Roxane ralentit, s’arrête et se tourne vers moi.


« Écoute, c’est très important. Derrière cette porte se trouve la sortie. Et il y a peu de chance que Brenner nous déroule le tapis rouge pour nous laisser sortir… Il y aura forcément des gardes armés dehors. Je vais essayer de les retenir mais je ne tiendrais sûrement pas très longtemps.

En sortant, tu verras une voiture grise. À l’intérieur se trouvent deux amis à moi, ils t’emmèneront en sécurité. Si quoi que ce soit m’arrive, continu ! Laisse-moi ! »


« Roxane… »


« Promets-le ! » me crie-t-elle


Mon visage se crispe.


« Promis »


« Parfait, tu es prête à courir ? » me demande-t-elle en se détournant.


Elle ouvre la porte.


Un millier d’odeurs m’assaille, l’herbe fraîchement coupée, les arbres…

Le vent sur ma peau me fait frissonner.

Le ciel… Magnifique, plein d’étoiles, ce doit être la nuit…


« Mais cours ! » me crie Roxane en me poussant en avant. « Dépêche-toi ! Cours ! »


Des coups de feu éclatent.


Courir.


Il n’y a plus que ça qui compte.


Ça et la voiture grise garée au bout de l’allée.


Courir. La voiture grise. Courir.


Une douleur intense me fend l’épaule.


Je tombe.


Courir. La voiture grise. Courir.


Je me relève.


J’arrive à la hauteur de la voiture.


Un cri me déchire les tympans.


C’est la voix de Roxane.


Je me retourne juste assez tôt pour la voir tomber en arrière, le corps criblé de balles.


Une exclamation étouffée m’échappe.


« Roxane ! »


Je me sens agrippée et des mains me tirent à l’intérieur de la voiture qui démarre aussitôt.


Quelque chose coule sur ma joue.


Je plaque mes mains sur mes oreilles. Je ne supporte pas le son des coups de feu qui nous poursuit.


C’est de ma faute ! Ma faute ! Je l’ai tuée ! Elle est morte pour moi !


Je me griffe le visage, écorche chaque centimètre carré de ma peau.


Non ! Pas encore !


Sur notre passage, les lumières des lampadaires explosent projetant du verre dans toutes les directions.


L’homme assis à l’arrière pose sa main sur mon épaule.


« Calme-toi Nine… Tout va bien, on t’emmène en sécurité… »


Une des balles de nos poursuivants transperce la vitre arrière de la voiture et l’atteint à l’arrière de la tête faisant exploser son crâne.


Il tombe à la renverse.


Ce sang. Tout ce sang.


Je me retourne, submergée par la colère.


« Les phares », chuchotais-je


Je ferme le poing.


Au même instant, tous les phares des véhicules derrière nous explosent et propagent autour un courant électrique extrêmement puissant.


Nos poursuivants sortent à toute vitesse de leurs camionnettes, affolés.


J’augmente la pression de mes doigts.


Une goutte de sang coule sur mon poignet.


Les voitures explosent dans une gerbe d’éclairs.


« Merde ! s’écrie le conducteur. La grille ne s’ouvre pas ! »


Il saisit d’une main le talkie-walkie posé sur le tableau de bord.


« Sam ! Sam, qu’est ce que tu fous ? Sam ! »


Je me tourne vers l’avant et tends la main vers le portail.


Je me concentre. Il est électrique lui aussi.


Il s’ouvre d’un coup. Autour, le grillage envoie en tout sens des éclairs bleus mettant le feu à la pelouse soigneusement tondue.


Je me laisse retomber sur mon siège.


Je me sens faible… Si faible…


Tout devient noir.


. oOo.


Le mur blanc.


La perfusion dans mon bras.


Non !


Pas ça, je vous en supplie !


Une main me caresse les cheveux. J’ai un mouvement de recul. Tous les traits de mon visage se crispent.


« Bonjour petite… ne t’inquiète pas, je ne vais pas te faire de mal… »


Ce n’est pas la voix du docteur Brenner.


Je relève la tête.


Une jeune femme blonde au visage jovial, presque enfantin, portant une blouse blanche me fait face.


« Bonjour, mon nom est Carry Mayer, on t’a déposée ici ce matin. »


« Ici ? » demandais-je sur mes gardes


« L’hôpital de Tarly Town, dans l’Idiana. J’y travaille comme infirmière. » Me répond-elle doucement. « Tiens, on a gardé tes affaires. »


Sur ces mots, elle pose devant moi des vêtements et un sac.


« … Mes affaires ? »


« Oui, tu les portais quand nous t’avons trouvée tout à l’heure… »


Je tends la main, attrape le sac et l’ouvre.


À l’intérieur d’autres vêtements, une bouteille d’eau et un portefeuille.


Je l’ouvre et y trouve un peu d’argent liquide, des papiers d’identité et une feuille pliée en quatre.


Carry Mayer s’assoit à côté de moi.


« Tout est là, il ne manque rien ? »


Je reste muette.


Je déplie la feuille de papier et déchiffre ce qui y est inscrit.


C’est une adresse : 51 Martin Luther King Avenue, Tarly Town.


Les papiers sont au nom de « Ella Jones », prénom accolé à une photo de moi, celle qui était affichée sur les emplois du temps des médecins qui s’occupaient de moi au laboratoire.


Ella Jones.


Ma nouvelle identité.









Laisser un commentaire ?