The eleven

Chapitre 1 : Robb Fawkes

1379 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 25/06/2020 10:17

Chapitre 1 :

(Robb Fawkes)


Merde ! Merde ! Merde !


Dans quoi je me suis encore embarqué bordel ?


J’ai besoin de café.


Beaucoup de café.


Je porte la tasse remplie du liquide brûlant à mes lèvres et m’assois sur le canapé.


Elle s’est endormie, roulée en boule, la tête sur l’accoudoir.


Quand Isaac m’a demandé d’héberger cette gamine, il m’a raconté ce qu’elle avait subi, mais j’étais loin de m’imaginer ça !


Je jette un regard à ses cheveux rasés, sa blouse d’hôpital et au tatouage sur son bras, 009.


Qu’est-ce que ça signifie ?


La dernière fois que j’ai entendu parler de tels tatouages, c’était pendant la guerre, imprimés sur la peau des détenus des camps de concentration…


Un frisson me parcourt le dos.


Cette gamine a sûrement déjà plus souffert que la plupart des gens à cet âge.


Elle est arrivée il y a seulement quelques heures, trempée par la pluie.


Elle s’est écroulée d’épuisement au moment où je lui ai ouvert la porte.


Mon frère n’était pas avec elle… Il avait pourtant affirmé qu’il l’amènerait directement ici…


J’espère qu’il n’a rien…


Je pose une couverture bariolée sur les épaules de la fillette.


Après que je l’ai installée sur le canapé et lui ai donné de quoi manger, elle m’a tout raconté.


Elle m’a dit s’être échappée de l’endroit où elle était enfermée à l’aide d’une femme nommée Roxane et de deux hommes dans une voiture grise. Son récit était un peu embrouillé, mais d’après la description qu’elle m’en a faite, je suppose que l’un d’eux était mon frère, Isaac.


Suite à ça, elle s’est retrouvée dans un hôpital où elle s’est crue en sécurité, jusqu’à ce que le connard qui l’avait enfermée, Brenner je crois, la retrouve.


En voyant les voitures de ses collaborateurs, elle a fui par la fenêtre de sa chambre et a couru le plus loin possible, pour mettre le plus de distance entre elle et eux.


Elle m’a dit qu’on lui avait laissé mon adresse, elle s’est donc mise à ma recherche. Elle a trouvé l’emplacement de la rue sur une carte accrochée à un arrêt de bus.


Elle s’est mise en route, mais, pour une raison que j’ignore, elle a complètement paniqué quand la pluie a commencé à tomber et elle a parcouru toute la ville en long et en large en courant jusqu’à trouver où j’habitais…


Pauvre gamine…


Je me ronge anxieusement les ongles en me dirigeant vers la cuisine.


Je vais avoir besoin de plus de café.


. oOo.


Une voiture se gare dans l’allée.


Je me relève brusquement et m’approche de la fenêtre.


Les flics.


Les flics sont devant chez moi.


Je cache rapidement la gamine sous une couverture et me place devant la porte.


L’angoisse me noue les entrailles.


Je pose la main sur la poignée et entrouvre la porte.


« Bonjour. Dis-je au policier le plus proche. Je peux faire quelque chose pour vous ? »


Son visage est grave.


Je me place dans l’ouverture afin qu’il ne puisse pas voir l’intérieur, qu’il ne voit pas l’étrange gamine dormant sur mon canapé.


« Je suis vraiment désolé. Dit-il. Nous apportons une mauvaise nouvelle… »


. oOo.


Le vent me fouette le visage.


Je souffle et rejette devant moi un nuage grisâtre.


J’avais pourtant décidé d’arrêter de fumer…


Je laisse tomber ma clope sur le trottoir bétonné et l’écrase avec le bout de ma chaussure.


Quel merdier...


Isaac, putain…


Une larme coule sur ma joue.


Un accident de voiture d’après les flics.


C’est pour ça que la fille s’est retrouvée à l’hôpital et est arrivée seule.


Mon frère…


Une main se pose sur mon bras.


C’est la gamine.


Elle ne dit rien, mais je vois dans son regard qu’elle a compris mon désespoir.


Elle me sourit tristement et prend ma main.


Le contact de sa paume glacée contre la mienne me rappelle soudain pourquoi mon frère est mort, ma mission, mon devoir envers cette enfant. Je suis censé prendre soin d’elle, pas l’inverse bordel !


Nous restons ainsi quelques secondes…


Ma décision est prise.


Je protégerais cette gamine.


Je prendrais soin d’elle sans lui poser aucune question sur son passé comme je l’ai promis à Isaac


Je ne laisserais plus personne l’enfermer.


Plus personne ne lui fera le moindre mal.


Plus jamais !


. oOo.

4 ans.


Voilà presque 4 ans que j’ai rencontré Ella.


Je descends prudemment la rue verglacée, un sac dans chaque main, et me dirige vers la petite maison en contrebas.


Nous nous sommes installés ici il y a quelques mois, l’aboutissement d’une vingtaine de déménagements et de plusieurs changements d’État.


Le portail écaillé du jardin grince quand je le repousse du pied. La pelouse est couverte de givre.


J’entre dans le salon et pose les deux sacs sur la table.


« Ella ! Tu pourrais venir m’aider à ranger les courses s’il te plaît ? »


« J’arrive ! »


Elle entre dans la cuisine en marchant, les mains dans les poches.


Elle a beaucoup changé depuis que je l’ai vue pour la première fois, elle a grandi d’une quinzaine de centimètres et ses cheveux, auparavant rasés, tombent en boucles désordonnées sur ses épaules. Le tatouage qu’on lui avait fait au laboratoire a été recouvert par un nouveau à l’effigie d’un loup. Nous avons pris cette décision un peu avant notre départ, quand Ella avait failli être démasquée à cause de celui-ci.


Je prends une bouteille de lait dans la première poche et ouvre le frigo pour la ranger.


« T’as pris des chewing-gums ? me demande Ella en posant un paquet de pâtes dans un tiroir. »


« Non, j’ai oublié »


« Fais chier… »


« Surveille ton langage, jeune fille ! ricanais-je. »


Elle éclate de rire.


« Désolée, mais, sans vouloir te blesser Robb, t’es vraiment mal placé pour dire ça ! »


« Quelles horribles accusations ! m’écriais-je d’un air faussement offusqué. Je nie toute responsabilité dans votre mauvaise éducation, ma chère enfant ! »


« Enfant, enfant… J’ai 16 ans je te rappelle ! »


« On en reparlera quand tu en auras 38, comme moi ! blaguais-je en rangeant les deux sacs dans l’entrée. Tu peux allumer la télé s’il te plaît ? J’aimerais voir les infos… »


Elle s’exécute et une voix féminine s’élève du poste.


« Depuis la divulgation de l’enregistrement, la ville tranquille de Hawkins, dans l’Indiana s’est retrouvée, contre toute attente, sous le feu des projecteurs. Sous la pression, des membres haut placés du Département de l’Énergie ont admis leur implication dans la mort de Barbara Holland décédée après avoir été exposée à un asphyxiant chimique expérimental qui s’était échappé du laboratoire. Nous avons envoyé April Kline parler aux habitants de Hawkins qui nous ont confié qu’ils croyaient vivre dans une ville sûre. Le genre de ville où il ne se passe jamais rien… »


Un bruit d’explosion me fait me retourner.


Ella est assise sur le canapé.


Devant elle, la télévision commence à fumer.


Du sang coule de son nez.


« Ella ! Qu’est-ce que tu as fait bon sang ? Apprends à te contrôler ! »


Elle ne répond pas, les yeux fixés sur l’écran devenu noir.


« Hawkins. Chuchote-t-elle. Le laboratoire d’Hawkins… »



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