Des lettres contre une lettre

Chapitre 5 : Bonzaï, billets secrets, et intarnet sous surveillance

638 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/11/2025 10:21

Cher Adam, mon inestimable ami,


Si j'espère sincèrement que le magazine sur les bonzaï dans lequel j'ai dissimulé cette lettre te plaira, et si j'ai pensé chaque ligne des banalités amicales du billet qui l'accompagnai, sache que seul ce message-ci importe. Tu l'as certainement deviné, si j'en suis réduit à correspondre avec toi par ce biais détourné, c'est que je me trouve au devant de grandes difficultés, et que j'ai de bonnes raisons de me savoir surveillé.

Hélas, mon ami ! Je fus négligent dans une affaire qui relevait de la plus grande prudence. J'eus nombre de fois l'occasion de mesurer ta probité, et tu m'offris en maintes occasions et sans aucune retenue ta loyauté, alors sois assuré que je te révélerai absolument tout sur l'affaire qui me préoccupe. Mais le temps presse, je dois poster cette lettre avant la levée du courrier, car il faut absolument que tu rassures au plus vite une pauvre âme qui souffre de ne pas avoir de mes nouvelles, et que tu me libères du poids qui étouffe mon cœur de la savoir ainsi en peine. Je ne peux la contacter sans la compromettre, et me vois obligé de me retirer temporairement du théâtre des opérations dans lequel je l'ai précipitée, la laissant seule là où je devrais la précéder, ayant la responsabilité morale d'avoir engagé notre action commune. Préviens-là, mon ami, préviens-là que je vais bien et mal à la fois, que je suis sauf dans mon corps et meurtris dans mon âme de lui causer tant d'inquiétudes. Une simple lettre te suffira, toi qui n'es pas pisté. Voici son adresse [...]

Sache toutefois, afin de ne pas tomber toi aussi dans de mesquins filets, qu'il te faudra à tout prix éviter de te mêler des affaires entourant un certains Monsieur X. Une lettre mystérieuse qui recouvre de bien sombres secrets, je n'en doute plus. C'est en tentant une recherche sur notre intranet, confiant dans l'inviolabilité de mon bureau et fort des codes d'accès réservés aux officiers dont je disposais pourtant, que je fus appréhendé. Les fichiers informatiques concernant ce personnage étaient protégés, et le simple fait de chercher à les consulter déclencha une alerte. Je fus convoqué le jour même, et si je trouvai un prétexte hasardeux mais crédible afin de donner le change, je compris au regard défiant de mon supérieur que je ne levai pas ses soupçons.

Voici un avant goût de l'étendue des forces que j'ai juré d'affronter. Ne te compromet pas, je ne pourrais supporter de te causer du tort. Si tu as bien reçu mon message, porte les prochains jours un pantalon noir. Et si tu as pu transmettre le mien à Mme Fielding, vêts-toi de ton T-Shirt jaune favori. Je te guetterais au réfectoire, mais ne viens pas t'asseoir à ma table, ne prenons pas plus de risque. Si je te repères habillé conformément à notre code, je serais enfin rasséréné et pourrais t'expliquer plus placidement la conjoncture des événements qui me tourmentent.


Adam ! D'avoir couché ton nom le papier me redonna espoir ; terminer ce message rouvre la porte de mon cœur à l'angoisse, et cependant il me faut te quitter. Puisse ce courrier voler vers toi à la mesure de mon attente. Tu avais déjà acquis ma reconnaissance éternelle, tu l'obtiendras au double et au triple si tu exécutes ma requête, mais pour autant demeure précautionneux dans chacun de tes actes. Notre amitié n'a plus besoin de la moindre formule de politesse, et je te laisse enfin sur un Bye ! qui vaut la plus chaleureuse des salutations.

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