Les contes de l'Eiesia - De sang froid

Chapitre 5

1195 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 24/01/2022 19:05

Ça faisait quelques semaines que Blizna avait trouvé l’endroit où se cachait sa mère depuis toutes ces années. Elle s’était naturellement installée chez elle et… en dépit qu’elles soient le jour et la nuit et dans un espace assez étroit, la cohabitation n’était pas si catastrophique. En fait, le vrai problème, c’était la meute de loups de l’Eiesia qui était un peu plus loin et les laissait dans un désaccord quasi-permanent. Blizna était sûre qu’il fallait s’en débarrasser, mais sa mère voulait les laisser en vie, convaincue qu’ils pouvaient être utiles.

Et aujourd’hui, sa mère avait raison. La meute était venue autour de leur maison avec plusieurs animaux blessés, tous gémissant et cherchant la protection des deux eiesiennes. Malheureusement, Athecryos n’était pas là, laissant Blizna s’occuper du problème seule…

La jeune femme se transforma et décida de remonter les traces pour savoir ce qu’il s’était passé.


Un monstre à première vue aviaire jaune et bleu était en train de fouiller dans une carcasse de loup, certainement pour y trouver la viande. Une gueule grise ensanglantée est finalement sortie du corps avec le foie. Cette chose était immense, même par rapport à ce qu’il restait du loup, mais faisait preuve d’une précision impressionnante. Donc elle a crié pour attirer son attention. Des yeux ambrés se sont dirigés vers elle, un rugissement l’accompagnant.

Après un débat de rugissements et de grognements à tenter de faire savoir que le territoire était occupé, l’énorme monstre a bondit sur Blizna, tentant immédiatement de mordre son cou. Il s’est retrouvé confronté à l’épaisse crinière de Blizna, cette dernière profita de ce moment de surprise pour générer son bouclier, piégeant l’ennemi dans une ridicule collerette de glace quand il recula. Pendant que cet espèce d’oiseau tentait de se défaire de l’encombrant bouclier. Blizna sauta sur lui et enfonça ses crocs dans son épaule. Un hurlement de douleur s’échappa de la chose, avant qu’elle ne commence à rétrécir. Elle balança ensuite la forme entre ses dents contre une paroi pas loin.

Le bruit de l’impact, puis une masse tombant dans la neige.

Elle avait gagné.


---


La tête d’Achille lui faisait mal, son épaule aussi. Mais le plus étrange était la sensation d’être restreint au niveau de cette dernière et autour de sa poitrine. Que s'était-il passé?

Il devrait sans doute ouvrir les yeux et essayer de se souvenir de tout ça. Son dernier souvenir était ces hommes autour de Dorota qui-

Il poussa un cri de choc, ouvrant enfin les yeux. Aucune trace de Dorota ou de ses agresseurs. En fait, il n’était même plus dans la rue, étant seul dans une maison encombrée. Quand il se sentit prêt, il tira la couverture et remarqua le bandage qui l’étreignait, la partie brunie au niveau de son épaule et entourait sa poitrine pour en maintenir la forme. Il devrait remercier son sauveur. En attendant qu’il apparaisse, il se dirigea vers la fenêtre pour regarder dehors. Un autre choc le traversa: il n’était même plus à Epissons, mais au milieu des montagnes!

Puis quelque chose lui plaqua la tête violemment contre la vitre. Une chose douce et épaisse, mais avec d’énormes griffes grises foncées.

“Qui es-tu?” demanda une voix tranchante comme un pic à glace, séparant délicatement chaque mot.

La confusion l’empêchait de répondre, et, visiblement insatisfaite, la chose appuya davantage sur son crâne.

“Tu t’en prends déjà à ma fille et tu te permets de me manquer de respect?”

Il déglutit.

“Quoique j’ai fait, je suis désolé… je ne sais même pas ce que je fais là...”

“Vraiment?”

“Oui… s’il vous plait, enlevez votre patte de moi, je ne ferai rien.”

“Tu le jures?”

“Sur ma propre vie…”

Un instant, puis la patte recula enfin, lui rendant sa liberté de mouvement. Quand il se tourna, ce fut un nouveau choc pour lui: une femme, avec des cheveux bonds aux pointes bleues. En dépit des yeux bleus perçants qui le fixaient, il ne pouvait pas détacher son regard de la chevelure de cette inconnue.

“La moindre des choses est de me regarder dans les yeux, jeune homme.”

“Vos cheveux… c’est naturel?”

L’instant de silence suffit à faire comprendre qu’elle avait été prise de court, mais son visage ne changeait pas.

“Oui, pourquoi?”

L’espoir gonfla le cœur de l’homme.

"Ça va vous sembler absurdes, mais c’est aussi mon cas… et il parait que je tiens ça de ma mère!”

Il l’étudia un peu mieux, la trouvant bien trop jeune pour être sa potentielle mère.

“C’est une caractéristique rare… nous serions… frères et soeurs?”

“Je n’ai pas de frère et je n’en aurai jamais.”

Cette phrase a suffit à détruire ce qui s'était construit dans le fantasme de l’homme. La porte d’entrée s’est ouverte, laissant entrer une autre fille qui semblait de la même tranche d’âge que la première.

“Ah, notre invité s’est réveillé!” s’enjoua-t-elle.

“Comme tu peux le constater, Elen” dit l’autre avec la même expression depuis le début.

Achille concentra son regard sur Elen, la comparant à ce qui était visiblement sa colocataire. Ses cheveux étaient blonds avec une mèche bleue en plein milieu, dans le même style que Katrina. Mais contrairement à la première et ses cheveux légèrement ondulés, ceux de la dénommée Elen étaient une épaisse toison bouclée, attachée en queue de cheval avec deux bâtons rouges qui la tenaient. Et toutes les deux portaient des tenues à la fois longues mais avec des tissus qui semblaient fins, comme pour des vêtements d’été. Elles avaient aussi toutes les deux les yeux bleus, et finalement, se ressemblaient comme des soeurs.

“Elen? Joli nom!” dit l’homme avec un sourire.

“Merci!” répondit l’intéressée avant de mettre ses mains sur l’autre. “Et elle, c’est Elisabeth.”

“Hum.”

Son expression n’avait toujours pas changé, ça devenait presque perturbant.

“Elle…. sourit, des fois?”

“Eh bien, jeune homme, tu sauras que ma petite maman n’est pas très expressive… Mais ça ne l’empêche pas d’être gentille et de sourire, des fois!”

“Mère? Mais vous avez presque le même âge…”

Elen a éclaté de rire.

“Nous ne sommes pas humains, on ne vieillit pas à la même vitesse. Mais assez parlé de nous, quel est ton nom?”

“Achille. Achille Pium-”

Il n’a pas eu le temps de finir sa phrase qu’Elisabeth lui a pratiquement sauté dessus, sa perturbante neutralité ayant laissé place à une expression féroce et pleine de colère, presque inhumaine.


Laisser un commentaire ?