Super Mario Bros Collection

Chapitre 4 : Hello Brooklyn !

6052 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 26/06/2023 17:19

Cette fois-ci une histoire un peu différente. J’aime explorer cet univers, utiliser toutes les informations mises à notre disposition grâce au film.

L’amitié est mise en avant dans cet OS. Aucune ambiguïté !

Hello Brooklyn !

«Prête ?»

Solfège regardait fixement le trou noir du tuyau vert face à elle. Comme absorbée par lui, elle ne pouvait détourner les yeux de cette noirceur infinie qui conduisait à un tout autre monde. Un endroit où elle n’avait encore jamais mis les pieds. Existait-il plus excitant que l’inconnu ? A la fois effrayant et intriguant … Un lieu où l’imagination était permise, où tout n’était qu’interprétation après ces nombreux récits rapportés du monde d’en haut comme elle aimait l’appeler. Là où les gens ne roulaient pas sur les arcs-en-ciel ni n’avaient de grands châteaux colorés … Un monde rempli de mystères. Sa grande curiosité finit par avoir raison sur sa peur alors qu’elle prit enfin un pas décisif en avant. Avalant nerveusement à cette appréhension qui commençait lentement à la gagner, la fille aux cheveux de feu décala son regard sur les deux frères tous deux de chaque côté de ce tuyau source de nombreuses interrogations.

«Prête.» Elle hocha une fois la tête d’un regard déterminé.

Sans hésitation, Solfège attrapa les deux mains tendues de Luigi et de Mario pour tous les trois s’enfoncer dans le tube vert qui les aspira d’un son familier. Le chemin jusqu’à ce monde était assez long, mais loin d’être ennuyeux. Ils voyagèrent rapidement à travers les nébuleuses multicolores et les nuages blancs jusqu’à atterrir sur un sol dur et humide d’un petit glapissement de douleur à la brutalité de leur chute. Affalée sur les deux garçons face contre terre, Solfège se redressa lentement pour regarder autour d’elle avec de grands yeux fascinés. Elle libéra un petit "oh" de surprise lorsqu’elle remarqua à quel point l’endroit dans lequel elle avait atterrir était sombre et inhospitalier. Mais où avait-elle atterrit ? Se décalant sur le côté une fois de retour à ses pieds, elle lissa les plis de sa robe rouge légère pendant que les frères gémissants s’étiraient le dos.

«C’est donc à ça que ressemble Brooklyn ? C’est plutôt lugubre comme endroit.» Déconcertée, Solfège tourna sur elle-même pour regarder au-dessus d’elle à ces nombreux escaliers métalliques qui montaient. Elle ne voulait pas être négative, mais elle ne s’attendait pas à quelque chose d’aussi … Austère à vrai dire. Surtout pas après ce que les garçons lui avaient racontés concernant leur monde. Où étaient ces tours atteignant presque le ciel ? Les marchands de nourriture ? Les habitants ? Les mains à ses hanches, elle se mit à froncer les sourcils pendant que Mario redressait sa salopette bleue d’un petit rictus à la douleur au bas de son dos. 

«Non, nous sommes sous Brooklyn. Ici c’est les égouts. Et tout ce que tu vois là, ce sont les canalisations de toute la ville.» Indiqua-t-il d’une pointe de fierté tout en repositionnant sa casquette rouge sur sa tête.

«Alors un conseil, ne respire pas trop fort !» Luigi claqua deux doigts d’un petit clin d’œil lorsque le visage de Solfège se contracta de dégoût.

«Beurk, c’est quoi cette odeur répugnante …» Elle gémit puis couvrit immédiatement sa bouche avec ses deux mains tandis qu’elle se mit à suivre les deux plombiers vers les escaliers. Elle préférait largement l’odeur du souffre du château de Bowser plutôt que celle-là !

«Je te l’avais dit !» Ricana Luigi devant elle.

«La surface n’est pas très loin. On devrait se dépêcher de l’atteindre avant qu’un accident ne se produise !» Mario haussa les sourcils d’un petit sourire espiègle quand il remarqua à quel point Solfège était devenue pâle, enfin plus que d’habitude. Il ne manquerait plus qu’elle ne tombe dans les pommes à cause de l’odeur infecte étant donné qu’elle n’avait jamais mis les pieds dans un égout …  Attrapant la rampe des escaliers, les trois gravirent les nombreuses marches vers les portes de sortie qui se trouvaient à quelques mètres au-dessus de leur tête.

«Est-ce que quelqu’un habite ici ? Dans les égouts ?» Questionna Solfège intriguée en se tournant sur la gauche lorsqu’un tuyau libéra de la fumée blanche d’un bruissement inquiétant. Cet endroit lui donnait la chair de poule.

«Mhmm, non, pas à ma connaissance. Qui voudrait vivre dans les égouts ?» Répondit Luigi qui était passé derrière elle pour fermer la marche et s’assurer qu’elle suivait bien Mario dans ce labyrinthe de tuyaux. Il haussa les épaules avant de se mettre à faire un sourire taquin quand il se souvint de quelque chose d’amusant ; «enfin sauf peut-être les tortues Ninjas … Mais on n’en a encore jamais croisé par ici. Pas une seule fois depuis qu’on fait des allers et retours entre les deux mondes. Pas vrai Mario ?»

«Je pense qu’ils se cachent mais ils nous observent, j’en suis sûr. Ils sont sans doute quelque part dans les égouts à regarder chacun de nos faits et gestes … Tapis dans l’ombre.» Mario joua le jeu alors qu’il plissait les yeux d’un geste vague de sa main à l’immensité de cet endroit qui cachait sans doute bien des mystères.

«Des tortues Ninjas ? Sont-ils des cousins des Koopas ?» Hébétée mais curieuse, Solfège s’arrêta au beau milieu des marches pour regarder le moustachu devant elle, les yeux larges de stupéfaction. Elle n’osait regarder à ses pieds car le vide sous les marches lui donnait des hauts le cœur terribles à cause de cette noirceur.

«Je ne crois pas ?» Hésita Mario d’une grimace incertaine à son frère en contre-bas. Il leva les mains à ce dernier pour l’inciter à l’aider à sortir de cette impasse.

«Ils sont mi humains mi tortues, alors je ne pense pas qu’ils aient un quelconque lien de parenté avec les Koopas … Tu imagines ? Le mélange serait plutôt bizarre, voire carrément effrayant.» Rit nerveusement Luigi tout en imitant le haussement d’épaules de son frère plus haut.

L’expression hébétée de Solfège s’approfondit davantage à cette réplique. Elle ignorait que le mélange tortue et humain était même possible ! Elle venait d’apprendre quelque chose d’intéressant … Cependant à cette dernière pensée, ses joues prirent une teinte foncée tandis qu’elle reprit la marche juste derrière Mario. Voilà qui était assez embarrassant car elle ne s’était encore jamais posée la question jusqu’ici. En tout cas elle aurait adoré rencontrer ces tortues de Brooklyn ! Peut-être que Bowser les connaissait ? Solfège grimaça à la froideur et à l’humidité de la rampe quand elle l’attrapa pour se hisser sur les prochains escaliers, n’aimant pas spécialement cet endroit sinistre où seul le bruit de la vapeur résonnait. C’était terne, brumeux. Inquiétant. Lorsqu’ils arrivèrent enfin à la porte de sortie après une ascension de plusieurs minutes, Solfège couvrit son visage de la lumière aveuglante dès l’instant où Mario poussa la porte.

Il y eut un vent chaud qui caressa son visage puis qui souffla ses longs cheveux bouclés en arrière à cet appel d’air provoqué par l’ouverture. La toute première chose qui l’interpela fût le parfum de cet air bien plus frais. Un mélange sucré mélangé à quelque chose qu’elle n’avait jamais senti auparavant … Mais qui n’était pas désagréable. Juste curieux. Solfège retira son bras de son visage pour enfin prendre en compte les éléments qui l’entouraient tandis que les deux frères l’emmenaient avec eux pour faire son tout premier pas dans la ville de Brooklyn. Son regard s’émerveilla face à tous ces gratte-ciels et ces boutiques en tout genre peuplant la grande rue. Elle fût surprise par le raffut produit par les étranges véhicules qui circulaient et ces voix qui parlaient toutes en même temps mais la vie pullulait dans chaque coin et recoin de la ville gigantesque. Fascinée par cette architecture bien différente de celle du monde d’en bas, sa bouche s’ouvrit de saisissement alors que la chaleur étouffante réchauffait ses bras engourdis par le froid des égouts.

«C’est quoi cet endroit ?» Se retrouva-t-elle à dire sans s’adresser à qui que ce soit en particulier, accaparée par toutes ces nouvelles choses qu’elle découvrait en même temps. A force d’avoir été tenue dans l’ignorance, c’était pour elle une première.

«Bienvenue à Brooklyn ! Aller vient ! On a tant de choses à te faire découvrir !» Mario et Luigi lui firent signe de la main de les suivre après qu’ils se mirent à courir dans une rue animée.

Solfège se dépêcha de les rattraper pour ne pas se perdre dans la foule de passants. Il y avait énormément d’humains dans les parages ! Elle n‘en avait jamais vue autant, la princesse Peach et les deux frères étant les seuls qu’elle ait croisé jusqu’à présent. Curieusement, elle ne vit aucune autre créature … Pas un seul Koopa, ni un Toad ou encore l’un de ces petits bonhommes en tunique rouge et masque blanc. Personne d’autre n’habitait dans ce monde extraordinaire ? Pourtant c’était très accueillant ! S’excusant brièvement lorsqu’elle bouscula une jeune femme par mégarde, elle s’arrêta devant des stands de fruits et de légumes qu’un marchand exposait dans la rue. Ses yeux vert pomme s’écarquillèrent à tous ces délicieux fruits qui dégageaient une odeur divine, leur couleur éclatante les rendant encore plus appétissants.

«Comment un tel monde peut exister au-dessus du nôtre sans que personne ne l’ait jamais découvert ?» Se questionna Solfège qui avait récupéré une pomme rouge pour l’admirer sous toutes les coutures. Haussant les épaules de perplexité, Mario récupéra vite la pomme pour la remettre à sa place sur l’étalage d’un regard d’excuse au marchand mécontent.

«C’est une question à laquelle je n’ai pas de réponse. Mais peut-être que c’est mieux ainsi ? Que chaque monde reste à sa place. Au moins, ça vous fait une destination touristique supplémentaire.» Rétorqua ce dernier d’un sourire en coin, son regard attendrit se posant sur la jeune femme qui avait plein d’étoiles dans les yeux. Elle s’émerveillait pour chaque petite chose, passant d’un simple fruit au chat errant qui passa entre ses jambes. Cela lui faisait chaud au cœur de savoir qu’elle appréciait autant leur monde qui à leurs yeux était plutôt terne et morose, ce qui offrait une toute nouvelle perspective.

«C’est formidable !» Se réjouit Solfège tout en écartant les bras, manquant de peu de frapper quelqu’un au passage.

«Et tu n’as pas encore tout vu ! Il faut absolument qu’on te montre le pont, tu vas adorer c’est certain !» Assura Luigi d’un hochement de tête assuré, son sourire s’élargissant lorsqu’il croisa le regard lumineux de son amie.

Les trois se dirigèrent à la hâte vers ce fameux pont historique qui reliait Manhattan à Brooklyn. Le trafic était dense, la hauteur vertigineuse, la vue exceptionnelle. Etant le pont en acier le plus long du monde, il faisait la fierté de ses habitants et plus particulièrement de Luigi et de Mario qui ne cessaient d’en faire les éloges. Solfège se pencha au-dessus de la barrière pour regarder l’eau turquoise ici-bas où passaient des bateaux, les bourrasques irrégulières soufflant ses cheveux et sa robe. Elle avait un peu le vertige et même si elle avait l’habitude des hauteurs avec le château de Bower, elle trouvait que c’était une sensation différente. Ce pont n’était pas entouré de nuages noirs qui empêchaient de voir le sol ! La vue était à couper le souffle … Son cœur s’étreignait à la beauté de ce monde, à cette particularité qu’il avait d’instaurer un sentiment de sérénité en elle à chaque fois qu’elle levait les yeux sur ces tours argentées dans le lointain.

Les frères l’emmenèrent ensuite dans une autre rue un peu moins bondée cette-fois ci où il y avait des boutiques de vêtements diverses et variés. Intriguée par l’une d’entre elles où l’enseigne était l’emblème de la ville, Solfège s’approcha de la vitrine pour regarder les mannequins qui portaient des t-shirts et des pantalons amples de couleur pastel. Elle aimait beaucoup la couleur. Ça avait l’air d’être drôlement confortable ! N’étant pas vraiment familière avec ce type de vêtements, elle se sentit donc confuse lorsque Luigi lui prit la main pour l’emmener avec lui à l’intérieur. Pour ensuite ressortir quelques minutes plus tard avec un nouvel ensemble de vêtements que les deux lui avaient acheté pour lui faire plaisir. Et effectivement, ces vêtements étaient incroyablement confortables à porter ! Etirant son nouveau t-shirt blanc ample à manches courtes pour regarder le dessin dessus, elle admira les grandes lettres écrites en bleu pastel ainsi que ce cœur rouge qu’elle trouvait adorable.

I love Brooklyn y était inscrit.

«Maintenant on dirait une vraie touriste. Tu passes carrément inaperçue avec ça !» Satisfait, Luigi acquiesça rapidement suivit par Mario.

«Et si on allait manger un morceau ? C’est que ça creuse de faire des visites guidées ! Je connais un coin sympa où tu pourras goûter la meilleure cuisine italienne de Brooklyn !» Annonça le frère à la casquette rouge tout en entortillant son doigt ganté autour de sa jolie moustache taillée. Puis il esquissa un sourire quand son homologue plus fin s’exclama joyeusement à ses côtés.

«Pizza Punchout ! Mama mia … J’en salive déjà ! Oh Mario, il faut qu’elle goûte la pizza peppéroni … Ce petit goût de tomate fraiche est unique, ces rondelles de saucisses sont coupées aux millimètres près pour que chaque morceau soit d’une épaisseur parfaite ... C’’est de l’art à consommer sans modération.» Rêvassa-t-il tout en positionnant ses mains à ses joues, son regard se perdant dans le ciel bleu lorsqu’il imagina la délicieuse pizza qu’il allait commander. Il était sur le point de gémir d’impatience cependant le regard confus de Solfège le coupa.

«Pizza peppéroni ?» S’interrogea-t-elle en penchant la tête sur le côté, n’étant pas certaine de comprendre à quoi ils faisaient allusion.

«Quoi ?! Tu ne connais pas les pizzas peppéroni ?» S’horrifièrent les deux frères avec de grands yeux choqués, leurs expressions consternées se creusant à la secousse négative de sa tête.

«Dans ce cas, il n’y a pas une minute à perdre ! Nous allons te faire découvrir notre cuisine traditionnelle, une expérience culinaire que tu n’es pas prête d’oublier. Let’s-a-go !» Mario sautilla en l’air avant d’entrainer la jeune femme avec lui pour s’enfoncer dans des ruelles jusqu’à atteindre une place qu’ils avaient pour habitude de fréquenter étant donné qu’ils vivaient à seulement quelques pâtés de maisons de là. Un endroit plus tranquille loin du centre.

A peine arrivés que Solfège sentit immédiatement une odeur savoureuse flotter dans l’air, quelque chose qui lui rappelait de la cuisine de Koopa Cuistot mais avec des aromates qu’elle ne saurait identifier. C’était un charmant petit restaurant ou plutôt pizzéria de ce qu’elle pouvait lire sur la devanture atypique rouge et verte alors qu’ils entraient à l’intérieur du bâtiment accueillant. Mario et Luigi saluèrent chaleureusement le pizzaiolo derrière une alcôve sur la gauche pendant que Solfège prenait notes des lieux d’une bouche légèrement béate. Les murs étaient faits de pierre rouge, des petits fanions aux couleurs de l’Italie étaient suspendus, le sol ressemblait à un damier noir et blanc, les fauteuils avaient une banquette rouge moelleuse, une multitude de cadres de sportifs et de célébrités décoraient les murs, d’anciennes bornes de jeu … Il n’y avait pas à dire, cet endroit respirait la joie de vivre.

Les frères moustachus se dépêchèrent ensuite d’atteindre le mur du fond pour fièrement indiquer une empreinte rectangulaire qui avait décoloré le mur jaune, juste au-dessus d’un morceau de journal encadré où les deux figuraient comme étant les sauveurs de Brooklyn.

«C’est sur ce mur que nous sommes devenus célèbres !» Expliqua Mario d’un sourire ravi.

«Nous avons visionné notre toute première pub ici-même, sur cet écran !» Poursuivit Luigi avec enthousiasme tout en faisant un geste vers cette fameuse forme plus claire. Se rendant vite compte qu’il manquait quelque chose pour qu’elle comprenne, il se mit à rire d’embarras ; «hé hé, enfin avant il y avait une télévision sur ce mur … Mais Pablo n’en a pas encore racheté depuis la bataille. C’est dommage, on aurait pu te montrer nos tous premiers pas dans le cinéma !»

«En tout cas, c’est là que tout a commencé …» Mario passa lentement ses doigts sur le mur où se trouvait autrefois la télévision, son regard s’attardant sur le journal où lui et son frère se tenaient par les épaules face au photographe. Les sauveurs de Brooklyn … Bien des choses s’étaient passées depuis ce temps-là.

Solfège fronça les sourcils aux visages nostalgiques de ses deux amis. Apparemment, cet endroit regorgeait de souvenirs pour eux, bons comme mauvais. Ce lieu avait une grande signification et elle se demandait si un jour, ils lui expliqueront tout depuis le début car leur histoire l’intéressait énormément. Après quelques brèves explications supplémentaires sur l’origine de cette pizzéria, les trois s’installèrent sur l’une des banquettes disponibles puis commandèrent les fameuses pizzas peppéroni. Lui ayant vendu du rêve depuis bientôt vingt longues minutes, qu’elle fût sa surprise lorsqu’elle reçu enfin son plat qui dégageait cette incroyable odeur à l’en faire saliver. Ils avaient raison ! Elle n’avait encore jamais mangé quelque chose d’aussi exquis. Elle avait hâte d’en parler à Koopa Cuistot pour partager cette trouvaille à Bowser et Junior. Sans bien sûr leur dire l’origine de ce plat ni qui le lui avait conseillé, sinon ils pourraient se sentir offensés ou pire ! Carrément ne pas goûter à ce met délicat par fierté.

Une vraie tragédie !

Ils se mirent à discuter puis à rire de tout et de rien, les éclats de rire de Solfège emplissant vite le restaurant. Luigi lui raconta comment lui et son frère avaient tourné leur pub tandis que Mario se contenta de commenter de temps à autre le récit palpitant. Les bras croisés, sa moustache frétilla quand Luigi parla avec entrain de leur affaire qui fonctionnait à merveille depuis qu’ils avaient sauvé Brooklyn. Mine de rien, c’était un énorme coup de pub pour eux ! Battre Bowser devant tout le monde avait plus d’un point positif. Après avoir dégusté leur pizza, ils emmenèrent Solfège au jardin botanique pour qu’elle puisse voir à quel point leur monde pouvait être beau avec des fleurs. La jeune femme était aux anges. Des cerisiers en fleurs, une rivière, une serre chauffée avec des plantes exotiques ainsi que de curieuses structures placées un peu partout. Mario lui expliqua qu’il s’agissait de petites répliques de monuments historiques.

Passant ses mains sur son pantalon mauve, Solfège s’accroupit pour caresser un petit chien blanc d’un regard doux à la créature qui remuait joyeusement la queue. Heureux d’avoir de l’attention. Derrière elle, Luigi se cacha dans le dos de son frère à l’animal qui ne lui inspirait aucune confiance. Depuis Francis, il avait encore plus peur des chiens car ces derniers pouvaient vraiment se montrer imprévisibles et fourbes. Et il détestait l’imprévisibilité … Attrapant le bras de Solfège pour l’empêcher de s’arrêter tous les dix mètres pour caresser chaque chien qui passait, Mario l’entraîna avec lui pour continuer la visite. Ils avaient tant de choses à lui faire découvrir … Et si peu de temps. Luigi pointa du doigt une haute tour symbole de New-York. Dommage qu’ils n’avaient pas pensé à prendre un appareil photo car les expressions enchantées de Solfège méritaient vraiment d’être immortalisées, rien que pour lui laisser un souvenir de cette sortie mémorable.

S’enfonçant ensuite dans une autre rue où le style des bâtiments était un peu plus vieillot, elle s’arrêta subitement devant une vitrine pour regarder avec de grands yeux ébahis tous ces écrans qui reflétaient tous la même chose. En simultané. Un groupe de musique qui jouait une chanson, le rythme endiablé lui donnant presque l’envie de se trémousser avec eux. Dès que Mario et Luigi la rattrapèrent, à bout de souffle, elle s’exclama.

«Qu’est-ce que c’est que ça ?» Solfège indiqua les écrans du doigt.

«Des télévisions. Et ça, c’est un groupe de rock très connu.» Répondit Mario à la hâte d’un haussement d’épaules perplexe à son manque de connaissance avant de se souvenir que là où elle venait, ils ne devaient sans doute pas connaître ce genre de technologie.

«Hey, ça vous dit un donut ?» Appela soudainement Luigi qui gesticulait d’impatience à l’idée de se prendre un donut nappage fraise, son préféré ! Toutefois au coup d’œil sceptique de son frère, il se plaignit ; «oh aller Mario, il faut absolument qu’on lui fasse goûter ça ! Tu ne veux quand même pas passer à côté de cette occasion ? Ce dessert est un incontournable ! Une explosion de saveurs qui ravira nos papilles en cet après-midi chaud et ensoleillé.»

«Bon d’accord. Mais juste un ! Je dois faire attention à mon cholestérol …» Soupira Mario de défaite alors que ses épaules s’affaissaient, ce qui fit rire Solfège à ses côtés. Son frère avait toujours les bons arguments de toute façon.

«J’ai hâte d’y goûter !» S’enthousiasma leur amie d’un petit rebond d’excitation rapidement rejoint par Luigi tout aussi impatient qu’elle.

De l’autre côté de la rue, un marchand ambulant réalisait des donuts de toutes les couleurs suivant les demandes. Du bleu, du rose, du blanc, du brun, du vert … Il y avait absolument de tout ! Avec ou sans garniture, ces petits beignets dorés fris dans l’huile avec un trou au milieu intriguèrent Solfège qui se pencha au-dessus de la petite vitrine pour admirer les jolis desserts apparemment typiques de ce quartier réputé pour la Street Food. Il y avait un monde fou autour d’eux, mais plus particulièrement des enfants surexcités en attendant d’avoir leur propre donut personnalisé. Certains de ces enfants lui faisaient penser à Junior … Et à la simple pensée de la petite tortue qu’elle affectionnait, son cœur se serra dans sa poitrine car elle aurait adoré l’emmener avec elle dans ce monde fabuleux pour lui faire découvrir toutes ces choses. Mais malheureusement, c’était trop dangereux. Il ne passerait pas inaperçu.

«Mhmmm, celui-là !» Choisit Solfège après avoir désigné un donut couleur bleu avec des petites vermicelles roses. Frappant dans ses mains, elle remercia gracieusement le vendeur puis attrapa le donut pour regarder à travers le trou béant au milieu.

«On dirait un cyclope !» Commenta Luigi d’un ricanement lorsqu’il reçut le sien pour imiter les idioties de son amie aux cheveux rouges. Regardant son frère via le trou du donut glaçage fraise, ce dernier croqua à pleines dents dans son beignet d’un petit gémissement de bonheur à ce doux goût de sucre saupoudré.

En effet, ce dessert était tout aussi délicieux que la pizza !

Solfège se lécha les doigts tandis que les deux frères moustachus dévorèrent leur donut en seulement quelques bouchées. S’essuyant la moustache pour retirer le sucre, ils eurent subitement une idée derrière la tête lorsqu’ils virent une machine à l’angle de la rue sous un voile d’ombrage d’un magasin médiatique. Ils s’échangèrent un regard complice puis attrapèrent Solfège pour la conduire jusqu’à cet étrange appareil avec un rideau vert foncé et des photos en présentation sur la devanture. Ni une, ni deux, ils s’engouffrèrent à l’intérieur du photomaton. D’abord confuse, la jeune femme finit par comprendre de quoi il s’agissait après que les premiers flashs illuminèrent la cabine pour prendre une série de photos. Désormais assise entre les deux garçons faisant des grimaces, elle les imita pour faire des clichés comiques à leurs côtés, trouvant cette activité particulièrement amusante à faire. Oh, si seulement elle pouvait avoir quelque chose comme ça dans son monde ! Elle s’amuserait avec Bowser Jr et les Koopalings à faire le clown.

Riants à gorge déployée à toutes ces photos plus ridicules les unes que les autres, Solfège regarda chaque visage déformé avec une touche d’adoration. Son sourire émotif joua à ses lèvres alors qu’elle passait délicatement son pouce sur les quelques photos que Mario et Luigi lui avaient offertes en guise de souvenir de leur voyage à tous les trois. Elle était vraiment gâtée. Non seulement ils lui avaient offert des vêtements spéciaux pour venir ici, mais en plus ils lui donnaient des souvenirs qu’elle gardera précieusement une fois de retour chez elle. Evidemment, là où personne ne les trouvera … Question de précaution. Remerciant les frères d’une douce accolade, elle rangea ses précieuses photos dans le petit sac contenant ses anciens vêtements.

«Grâce à vous, ce jour restera à jamais gravé dans ma mémoire. J’adore votre monde ! Il est rempli de surprises et de douceurs. Il est merveilleux ... Et les gens sont si gentils ! Je suis heureuse de vous avoir comme amis. Merci pour tous ces moments.» Remercia Solfège d’un faible hochement de tête quand les joues des deux garçons en salopette commencèrent à devenir rose à tous ces compliments.

«Avec plaisir ! Sache que tu seras toujours la bienvenue ici à Brooklyn.» Répliqua aussitôt Mario tout en jouant avec sa moustache d’un torse bombé, l’autre main en poing à sa hanche.

«Et que nous serons toujours là pour t’en faire la visite !» Luigi hocha frénétiquement la tête, son sourire s’élargissant au petit rire de son amie.

«Je n’en doute pas.» Amusée, elle croisa timidement les bras derrière son dos lorsque soudainement, une ombre la recouvrit.

«Hey, mais ne serait-ce pas les supers Mario bros ?» Prononça une voix masculine. Les yeux de Solfège s’écarquillèrent à ce timbre rempli de sarcasme.

«Salut, Spike.» Maugréa Mario qui croisa les bras d’un petit reniflement dédaigneux, insistant bien sur le prénom de son ex-employeur détestable. Génial, il ne manquait plus que lui …

«Mais qui est donc cette charmante demoiselle ?» Spike s’abaissa vers Solfège pour mettre son bras autour de ses épaules afin de la tirer contre son flanc gauche, son sourire narquois crispant la jeune femme désormais prise au piège. Rigide, elle serra la mâchoire à ce parfum désagréable qui lui piquait le nez, évitant de croiser le regard de l’homme barbu au-dessus d’elle.

«Mêle-toi un peu de tes affaires Spike. Ça ne te regarde pas.» Contesta Mario entre ses dents tandis que le regard soucieux de Luigi se posait sur son amie mal à l’aise.

«Tu ne devrais pas traîner avec ces deux loosers ma jolie.» S’acharna Spike en abaissant ses lunettes de soleil jaune sur la fille qu’il détenait avant de pointer du doigt les deux moustachus agacés.

«Et c’est reparti pour un tour …» Soupira Mario, les yeux au ciel.

«Ce sont mes amis et je ne connais pas plus braves qu’eux.» Solfège décida de prendre la parole pour faire connaître son désaccord, grimaçante à cette proximité et aux outils à sa ceinture qui rentraient douloureusement dans sa hanche. Non seulement il empiétait dans son espace personnel sans aucune retenue, mais en plus il insultait ses amis devant elle ? Quel grossier personnage. Réussissant enfin à sortir de son emprise après plusieurs essais, elle se glissa hors de sa portée pour se rendre compte qu’il lisait ce qu’il y avait sur son T-shirt. Alors elle leva les pouces d’un sourire radieux.

«J’adore Brooklyn !» S’écria-t-elle.

«Mais bien sûr, t’es une touriste ! J’aurais dû le deviner. Je t’avais jamais vu dans le coin avant. J’aime bien les rousses. Moi, j’connais un tas d’endroits sympas où je pourrais t’emmener sans ces deux lèches-bottes, si tu vois ce que je veux dire. Ici il n’y a jamais rien qui se passe, c’est à mourir d’ennui. Ces gars-là sont pas intéressants. Ce sont des minus ! Ils n’ont rien à faire avec les gens comme nous.» Se moqua allègrement Spike d’un ricanement si fort qu’il serra son estomac avec son bras.

«Merci mais non merci, sans façon.» Refusa instantanément Solfège en passant ses mains sur ses vêtements froissés par l’accolade indésirée. Elle ne voulait surtout pas les salir ! Elle tenait beaucoup trop à ce cadeau pour qu’un idiot de son genre l’abime.

«Il n’y a encore pas si longtemps que ça tu nous respectais en nous remerciant d’avoir sauvé tes fesses. Tu te souviens ? Voyons, je crois même t’avoir entendu nous faire de la pub la semaine dernière. Où est donc passée cette reconnaissance ?» Mario haussa les épaules d’un sourcil arqué, ennuyé d’avoir croisé la route de Spike car sans lui cette journée aurait été parfaite.

Chouette.

«Et même que j’étais là !» Luigi pointa fièrement son torse avec son pouce, le menton levé.

«Fais un petit effort, c’est la première fois qu’elle vient ici.» Encouragea Mario sans cette petite pointe de sarcasme après avoir haussé les épaules de lassitude.

«J’aimais bien cette période-là quand tu étais gentil avec nous ! Dommage qu’elle ait été si courte …» Admit ensuite Luigi, sa voix sortant plus nerveuse qu’il ne l’aurait voulu. S’écartant de son frère plus courageux, il se mit aux côtés de Solfège pour s’assurer qu’elle n’avait rien après cette petite altercation. Mais celle-ci le rassura vite d’un autre de ses sourires réconfortants.

«Quoi ? Pff, je ne vois vraiment pas de quoi ils parlent !» S’offusqua Spike en se tournant vers Solfège pour lui hausser les sourcils derrière ses lunettes jaunes. Il se mit à rire d’embarras avant de reprendre son sérieux d’un raclement de gorge, le doigt tendu vers Mario imperturbable ; «et puis d’abord je n’en aurais fait qu’une bouchée de tous ces monstres ! Sans l’aide de personne !»

«Ah oui ? Tu veux que je rappelle le gros balèze pour qu’on règle ça ?» Provoqua Mario d’un sourire effronté.

«Tu me parles de cette grosse tortue ? Ha ! Elle est bien bonne. Je me bat pas contre les animaux de compagnie mais les vrais hommes.» Se glorifia Spike tout en montrant ses muscles d’un sourire à pleines dents, espérant impressionner la jeune femme par la même occasion. Toutefois il ne s’attendit pas à recevoir un regard échauffé ni à cette réplique indignée.

«Vous ne ferez jamais le poids contre Bowser. Il n’y a pas plus fort, plus puissant et plus féroce que lui. Face à lui, vous êtes minuscule. Un grain de poussière ! Un moins que rien. Sa colère vous réduirait en cendres avant même que vous ne puissiez dire ouf. C’est un grand Roi et un-» Se révolta Solfège, l’index pointé vers Spike mais malheureusement elle ne put terminer sa phrase car Mario et Luigi s’interposèrent vite d’un sourire maladroit qui ressemblait plus à une grimace.

«Oh mais il se fait tard ? On va y aller maintenant. Ravi de t’avoir parlé !» Se dépêcha de dire le moustachu à la casquette rouge d’un claquement de doigts.

«A plus Spike !» Salua Luigi en prenant Solfège par les bras en même temps que son frère pour s’éloigner le plus vite possible de Spike.

Elle avait été sur le point de dévoiler des informations importantes ! Des choses qu’il vaudrait mieux garder secrètes. De plus que Spike n’était vraiment pas une personne de confiance … S’assurant qu’ils n’étaient pas suivis une fois adossés contre le mur d’une ruelle à l’opposé, les trois se mirent à rire de la situation ridicule, encore gênés par cette rencontre. Lorsqu’ils retrouvèrent leur calme, Mario et Luigi prirent la décision de montrer le coucher de soleil de leur monde avant de retourner dans les profondeurs. Solfège aimait ça, alors c’était une bonne idée pour conclure leur journée mouvementée. Tous les trois accoudés contre une rambarde d’un pont, ils attendirent que les derniers rayons du soleil ne disparaissent derrière les tours en argent à l’horizon. Dans un silence satisfait, ils admirèrent le spectacle de couleurs qu’apportait ce moment précis de la journée. Du jaune, de l’orange avec quelques notes de rose dans ce ciel épuré, les couleurs se mélangeaient pour faire de ce coucher de soleil quelque chose d’unique.

Elle aura tout un tas de choses à raconter une fois à la maison.

Fin

Honnêtement, j’aimerais pouvoir être à la place de Solfège ! J’espère un jour pouvoir visiter cet endroit pour de vrai. Qui sait, peut-être vais-je croiser les frères dans cette pizzéria ?

VP

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