La Nuit des Archanges

Chapitre 1 : La Nuit des Archanges - Partie 1 - Renée

7972 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 30/05/2020 09:34

Cette fanfiction participe au Défi d'avril-mai 2020


La Nuit des

Archanges [1]


Partie 1 : Renée


Vous les voyez, tous les six, marcher deux par deux sur cet ombrageux chemin forestier ? Trois d’entre eux sont mes fils. Mon aîné marche le premier, et le jeune homme avec qui il discute est son propre fils. Les deux qui les suivent sont aussi mes fils. Et ceux qui ferment la marche sont… et bien, disons-le franchement, ce sont mes deux héros préférés dans toute cette histoire. Ils sont allés récupérer les deux premiers, qui étaient prisonniers chacun de leur côté. Mais ils vont bientôt rentrer chez eux.

Les voici qui s’approchent de la faille inter dimensionnelle et j’ai envie de m’amuser encore un peu. Encore quelques mètres et… après quelques grésillements, la faille se referme… devant leur petit groupe qui reste estomaqué. 


“Et merde ! Qu’est-ce qui se passe avec cette faille ?” - celui qui a parlé ainsi est l’aîné des deux frères Winchester. Il se tourne vers mon petit-fils avant d’ajouter - “Jack ! Ouvre-la ! Il faut qu’on disparaisse avant que la nuit tombe et que nos poursuivants arrivent…” [2]

“Tout de suite, Dean !”

Le jeune homme claque des doigts et la faille réapparaît, avant de disparaître de nouveau au bout de cinq secondes.

“Bordel, Jack, qu’est-ce que tu nous fais, là !” - lance derechef Dean.

“J’ignore ce qui se passe, Dean…” - lui répond Jack, surpris.

Il s’apprête à répéter son geste quand Lucifer intervient.

“Je pense que tu manques un peu de grâce, fils ! Attends, papa va te montrer comment on fait…”

Il claque à son tour des doigts et la faille se rouvre, avant de se refermer dans la seconde à sa grande stupeur.

“Ah, là, c’est sûr que tu as plus de grâce que ton gamin, frangin !” 

“Oh, la ferme, Gabe ! Tu crois que tu ferais mieux, petit frère ?”

“Il y a encore quelques heures de ça, j’aurais pu rouvrir cette faille d’un simple claquement de doigts. Mais maintenant que tu m’as pris le peu de grâce que j’avais conservé avant de traverser, ça risque d’être dur ! Je l’avais ouvert pour secourir le petit, moi. Il a voulu qu’on vienne chercher son paternel, ce qui nous a un petit peu retardés. Mais normalement, on avait encore une vingtaine de minutes avant que la faille ne se referme…”

“Qu’est-ce que tu veux dire, Gabriel ? Que cette faille n’aurait pas dû se refermer…” demanda le cadet des Winchester.

“Non, ce que je veux dire, Sam, c’est qu’elle devrait encore être ouverte… J’ai laissé suffisamment de grâce d’archange à Rowena pour que cette faille soit encore là un moment. Je lui ai dit quelle quantité utiliser et à quelle vitesse. Je suis certain que votre amie la sorcière rousse est aussi surprise que nous d’avoir vu cette faille se fermer. Et que si mon cher frangin ne m’avait pas emprunté la quasi-totalité de ma grâce, je pourrais la rouvrir.”


“Attends, Gabriel, tu veux dire qu’on est coincés ici ! T’es sérieux ?! Tu peux pas essayer de la rouvrir, cette faille ?” demande Dean, au bord de la panique.

“Ok, je vais essayer… Mais je ne garantis rien, et j’aurai besoin de refaire le plein de grâce, que j’y arrive ou pas !”

“Eh, il n’est pas question que je te laisse prendre ma grâce, petit frère ! Je ne marche pas dans ta combine ! Et je t’interdis de prendre celle de mon fils. Je te garantis que si tu essaies, ça va sérieusement chauffer pour toi !” 

Sachez-le, si Lucifer est prêt à se battre contre Gabriel pour protéger la grâce de Jack, ce n’est pas pour les beaux yeux de son fils… Non, s’il s’y oppose c’est qu’il considère le jeune nephilim comme sa propre source de grâce personnelle et n’a jamais aimé partager quoi que ce soit avec quiconque.

“Gabriel, si tu nous sors de là, je te donnerai un peu de la mienne, si ça peut t’aider.”

“Et allez ! Regardez-le, ce grand nigaud qui se laisse prendre au piège ! Castiel, t’es qu’un idiot ! Gabriel a autant besoin de ta grâce que d'un coup de pied aux fesses… Non, attends, il en a moins besoin, en fait !” 

“Et bien, moi, je suis plus fier d’avoir Castiel que toi comme frère, Luci ! Lui, au moins, il a le sens de la famille !”

“Tu sais comme moi ce qu’il pense de nous… Nous, on n’est pas sa famille… Nous, on est juste des emmerdeurs ! Pour cet imbécile, sa famille c’est juste les deux déplumés préférés de Papa et leur petite bande !”

“Tu te trompes, frangin ! Le gamin fait partie de la famille de Castiel, et moi aussi ! La seule chose, c’est que TOI, il ne veut pas que tu en fasses partie, justement parce que TOI, tu es un emmerdeur de première. Tu n’es pas égocentrique, tu es égotique ! Tu crois depuis toujours que tous les autres sont des moins que rien.”

Jamais Castiel ne se serait attendu à ce que Gabriel prenne sa défense de cette façon face à leur aîné. Mais, même si leur relation avait été houleuse quelques temps après leurs retrouvailles, le plus jeune des deux archanges était redevenu quelqu’un que Castiel appréciait. De tous ses semblables, Gabriel était celui avec lequel il s’entendait le mieux, sans doute parce qu’il était lui-même ‘un peu sorti des clous’, comme le disait Dean, quel que soit le sens de cette expression.

“De quel droit tu me parles sur ce ton, petit frère ? Attends qu’on soit rentrés et je te flanque la correction que tu mérites !”

Sam est le premier à tenter de s’interposer entre eux. Mais Gabriel regarde son aîné et lance sur un air de défi :

“Chiche ! Mais si j’arrive à ouvrir cette faille et qu’elle tient plus longtemps que la tienne, quand je le déciderai, tu devras… te mettre à genoux devant moi en disant que je suis meilleur que toi !”

“D’accord ! De toute façon, tu n’y arriveras pas !”

“Et présentes des excuses à Castiel, aussi !”

“Quoi !? Et puis quoi encore !”

“Puisque c’est ça tu passeras en dernier dans la faille, grand frère ! C’est moi qui décide qui a le droit d’emprunter le passage que j’ouvre, tu te souviens, c’est ce que tu m’as appris, avant que papa ne te chasse de la maison.”

“Oh, d’accord, puisque tu insistes, je lui présenterai des excuses !”

“Maintenant, Luci ! Pas plus tard… Je n’ouvrirai pas cette faille tant que tu ne l’auras pas fait !”

“T’es vraiment un emmerdeur, quand tu t’y mets, Gabe !”

“Oui, j’ai eu le meilleur des professeurs, pour ça !”

Lucifer ne s’y est pas trompé. Le compliment que vient de lui faire Gabriel a une saveur douce-amère : il enrobe une savoureuse insulte. Pour la seconde fois en quelques minutes, son cadet vient de le traiter d’emmerdeur devant quatre témoins, dont son fils et, pire que tout aux yeux de mon ancien porte-flambeau [3], devant deux vulgaires ‘déplumés’, pour reprendre son expression. Alors, même si cela ne lui plaît guère, il se tourne vers Castiel et, sans aucune sincérité dans la voix, il lui dit :

“Excuse-moi, Castiel… Je regrette de t’avoir traité d’idiot !”

“C’est fou ce que tu as l’air de penser ce que tu dis, frangin !”

“T’avais pas précisé qu’il fallait que je sois sincère, petit frère…, mais si tu permets que j’ajoute quelque chose, au moins ça sera un peu plus sincère.”

“Ajoute ce que tu veux !”

“Bon, je regrette de t’avoir traité d’idiot… même si je pense sérieusement que tu l’es, Castiel.”

“Cas’, Gabe, ce mec est peut-être votre frère, mais il me tue !”

“J’aimerai tellement accéder à ta requête, Dean !” - réplique Lucifer, pince-sans-rire.

Cette phrase, que l’aîné des archanges n’aurait jamais dû dire devant son fils, fait reculer ce dernier. Jack se rend soudain compte que, comme son père de substitution et ses trois oncles le lui ont dit avant de secourir Lucifer, celui-ci est un être mauvais, toxique et pourri jusqu’à l’os. 

Contrairement à son aîné, Gabriel a vu la réaction de son neveu. Le pauvre gamin, qui voulait sincèrement apprendre à connaître son géniteur, a de quoi être déçu. L’archange s’approche de Jack et pose une main compatissante sur son épaule en lui adressant un sourire de soutien. Un tel geste de sa part lui donne un petit côté ‘tonton gâteau’ auquel je ne m'attendais pas du tout. Et d’après la tête que font Sam et Dean en ce moment, je ne suis pas le seul à être surpris.


L’instant d’après, Gabriel s’étire un peu, histoire de faire circuler le peu de grâce qui lui reste encore, s’essuie la main et lève le bras.

“Bon, et bien, je vais tenter le coup si vous me le permettez.” 

Après une profonde inspiration, l’archange claque des doigts. La faille apparaît instantanément, grésille une fraction de seconde puis se stabilise, à la stupeur déconfite de Lucifer. 

“Apparemment, tu as encore assez de grâce pour ouvrir cette fichue faille, petit frère ! Où l’avais-tu cachée ?”

“Je suis aussi surpris que toi, frangin ! J’avoue que je ne m’attendais pas à réussir cet exploit !”

“À d’autres, Gabe…”

C’est pourtant la pure vérité. Gabriel n’est pour rien dans la stabilisation de cette faille inter dimensionnelle. Même s’il l’a bel et bien ouverte seul, je l’ai un peu aidé à la maintenir ouverte. Il faut qu’ils la franchissent… Ce qu’ils ont fait, l’un derrière l’autre, Gabriel veillant à ce que son aîné ferme la marche. Je vais les suivre et je vous invite à faire comme moi. Passez devant… La suite va sans doute s’avérer intéressante.


***


Le moins que les Winchester puissent dire sur ce qui se trouve de l’autre côté du miroir, pardon, de la faille, c’est qu’ils ont quitté la fraîche forêt ombrageuse. Et qu’ils ne sont absolument pas rentrés chez eux… À la place des frais locaux du QG des Hommes de Lettres, ils n’ont devant eux qu’un paysage d’un rouge orangé qui ressemble furieusement au parc de Monument Valley, dont John Wayne disait que c’était l’endroit où j’avais mis l’Ouest [4]. Il y fait une chaleur écrasante et il n’y a pas plus de nuages dans le ciel que d’oiseaux au fond de l’océan. Dean regarde les autres. Gabriel a haussé les sourcils de surprise. Lucifer rit sous cape, amusé par l’échec évident de son cadet et littéralement aux anges. Sam et Jack se regardent mutuellement, l’air vaguement inquiet. Ou, tout du moins, déboussolés. 


Et Castiel me direz-vous ? Et bien, égal à lui-même, il explore le paysage d’un œil neutre. 

“À ton avis, Dean, où est-ce qu’on est ?” demande-t-il à son ami.

“Toto, j’ai l’impression que nous ne sommes plus au Kansas.” [5] - lui répond l’intéressé.

Castiel le regarde, soupire et répond :

“Dean, je ne suis pas un chien. Et je ne m’appelle pas Toto !” [6]

“C’est qu’il mordrait presque, le toutou à son Dea-Dean !” - lâche Lucifer, hilare.

Dean le fusille du regard mais, déjà, Gabriel s’interpose et plante le sien dans celui de son aîné pour lui dire :

“Encore une seule remarque de ce style et tu ne reviendras pas avec nous, frangin !”

Ils se mettent donc en route en silence. L’ange au regard bleu profond est le premier à voir le petit amas de constructions à une demi-douzaine de kilomètres. De la fumée s’élève, claire, au dessus d’un toit, un peu à l’extérieur de la ville. En marchant tout droit et sans traîner, ils en auront pour une vingtaine de minutes. 


***


Il leur reste environ un kilomètre à parcourir quand, soudain, une cavalcade se fait entendre derrière eux. Gabriel se retourne. Immédiatement, il voit le nuage de poussière qui s’élève du sol et se rapproche rapidement d’eux. Il hurle aux autres :

“Sur les côtés !”

Voyant que Jack ne réagit pas, Gabriel agite la main et le projette hors de la trajectoire de la diligence qui s’approche à grande vitesse avant de se jeter lui-même à terre et de disparaître entre les sabots des deux premiers chevaux. À peine ceux-ci sont-ils passés que Castiel, Dean et Sam se précipitent vers leur neveu, tout aussi inquiets pour lui les uns que les autres.

“Jack !” 

“Je vais bien…” - leur répond ce dernier à leur grand soulagement. Il s’assied sur le sol, massant son crâne et la bosse qu’il sent s’y former peu à peu - “Juste un peu sonné… Et Gabriel ?”

Castiel en se redresse et appelle :

“Gabriel ?!” 


Au début, aucune réponse ne leur parvient, puis un gémissement sourd suivi d’une quinte de toux. Enfin, la poussière retombant peu à peu, ils aperçoivent une vague forme humaine qui se relève et s’étire. Aucun doute n’est possible quand à son identité car deux immenses ailes apparaissent dans son dos. Gabriel les bouge lentement, évitant d’agiter l’air et de soulever de nouveau la poussière, pour s’assurer qu’elles sont intactes. Puis, les ayant repliées, il s'époussette en toussant un peu plus.

“Je vais bien ! Et vous ? Toujours entiers ?”

“Je suis dans une forme du feu de papa [7] !” - lance un Lucifer qui, effectivement, semble ne pas avoir été blessé.

“C’est pas à toi que je parlais, Luci ! Je sais bien que c’est pas une quatre chevaux [8] qui va te faire mal ! Par contre, si un seul de ces bestiaux avait posé son sabot sur ton fils, je ne suis pas certain que ça t’aurait dérangé outre mesure.” 

“Qu’est-ce que tu insinues, là ? Que je ne m’inquiète pas pour Jack ? Qu’il n’est pas imp…”

Un coup de sifflet de Dean interrompt Lucifer. Les deux archanges regardent l’aîné des frères tandis que le Chasseur s’essuie le pouce et l’index sur sa chemise avant de parler.

“Si vous ne vous calmez pas un peu tous les deux, je vous garantis que j’en prends un pour taper sur l’autre !” - Ils échangent un regard en chien de faïence. Lucifer fait mine de vouloir donner un coup de boule à Gabriel mais celui-ci ne recule pas d’un pouce, bien décidé de ne plus se laisser impressionner par son aîné. Vexé, celui-ci se détourne pour aller bouder dans son coin et réfléchir à comment reprendre la main. Dean continue - “Bon alors, Gabriel, tu m’expliques ce qu’on fait là ? Et d’ailleurs, on est où ?”

“Je peux pas…” - Dean a visiblement des doutes et Gabriel reprend - “C’est pas que je ne veux pas, Dean… C’est que je ne peux pas ! J’y suis pour rien !”

Dans son coin, Lucifer imite son cadet d’un ton moqueur en répétant sa dernière phrase. Celui-ci l’ignore copieusement. Il a envie d’égratigner l’amour-propre de son aîné. Et, croyez-moi, la technique a l’effet escompté car celui-ci se renfrogne un peu plus. 

Aux yeux de Dean pourtant, Gabriel a l’air sincère. Il n’a pas ce regard moqueur qui est le sien quand il leur joue un tour. Il a même l’air aussi perdu qu’eux alors, tout en continuant de discuter, ils reprennent leur route vers la ville toute proche.

“C’est pourtant toi qui l’a ouvert cette faille, non ?”

“Oui, mais j’ai jamais cherché à arriver ici ! Où que se trouve ce ici, d’ailleurs… J’ai juste pensé : ‘Je veux rentrer à la maison, [9] récupérer la grâce qui reste dans le récipient et dire un truc à Rowie.’” 

“Rowie ?” - demandent les deux Winchester au même moment, un sourire aux lèvres. 

Pourtant, ils savent très bien qui l’archange a appelé ainsi… Rowena McLeod. En effet, il y a quelques semaines à peine, Castiel est venu leur demander conseil après avoir surpris l’archange et la sorcière en pleine lecture derrière une étagère de la bibliothèque. [10] C’est, du moins, ce que les deux intéressés avaient prétendu, mais ils avaient eu l’air si gênés que l’ange en trench-coat avait compris qu’ils mentaient. La vérité, c’est que Gabriel plaît à la sorcière et qu’il n’est pas non plus insensible à ses charmes. Ils se sont entichés l’un de l’autre. Pourtant, même s’ils sont restés très discrets, les autres habitants du Bunker se sont aperçus que, dès qu’ils se retrouvaient dans la même pièce, leurs regards se croisaient et se détournaient un peu trop fréquemment depuis bientôt un mois et demi.

“Ok, les gars ! On a… sympathisé, elle et moi !” - concède-t-il soudain.

Accélérant l’allure, Lucifer les dépasse. Il se plante devant son frère.

“Sympathisé ? Tu as… sympathisé avec une sorcière qui est, qui plus est, la mère de celui qui m’a volé mon trône ! Je comprends maintenant pourquoi tu trouves que Castiel n’est pas un idiot… T’es encore plus débile que lui !” [11]

Comme pour marquer son désaccord avec Lucifer, Dean ajoute :

“Ok, peu importe ! Gabe, tant que ce n’est pas avec notre mère que tu flirtes, tu peux draguer qui tu veux, Sam et moi, on s’en fout.” 

“Oui, on est la Team Libre-Arbitre après tout !” - confirme Sam.


Le visage de l’archange s’éclaire quand il passe soudain du coq à l’âne et annonce :

“Tombstone, [12] Territoire du Nouveau Texas. [13] Population : 1667 âmes.”

 Pour Sam et Dean, la conversation semble de plus en plus surréaliste et l’incompréhension peut se lire sur leurs visages.

“Tombstone !?” - répète le cadet des Winchester - “Au Nouveau Mexique ? Non, ça, c’est impossible ! Tombstone se trouve en Arizona, pas au Nouveau Mexique…”

“Sauf que je n’ai jamais parlé du Nouveau Mexique, Sam. J’ai dit ‘Territoire du Nouveau Texas’. Et je ne sais pas plus que toi ce que ça signifie… À part qu’on est pas dans notre univers. Et que c’est que qui est écrit sur cette pancarte.” 

Gabriel a pointé du doigt l’assemblage de trois planches blanchies à la chaux et clouées de guingois qui porte ces informations. À l’exception du nombre d’habitants, tracé à l’encre de Chine noire, le reste est gravé au couteau. Abattu, Dean s’assied sur le tas de pierres qui maintiennent le panneau planté dans le sol.

“Génial ! On est coincés dans un univers parallèle, près d’une ville qui devrait se trouver dans un autre état. On a failli se faire piétiner par une diligence tirée par des chevaux… Et je vous parie qu’ils n’ont pas l’eau courante… Ni le câble. C’est la totale !”

“On aura déjà de la chance si on trouve un téléphone public, Dean !”

“Et tu penses appeler qui, Sam ? Je ne suis même pas sûr qu’on connaisse quelqu’un dans cet univers ! À part Cas’, dont les doubles qu’on a rencontré sont franchement flippants, et Gabriel ! Et d’ailleurs, qu’est-ce que t’as foutu, Gabriel ? Tu nous joues encore un de tes tours minables ?”

“Désolé Dean, mais je n’y suis pour rien ! Je te l’ai déjà dit.” - dit Gabriel, déconfit, avant d’ajouter sur un ton plus enjoué - “En tout cas, je ne sais pas vous, les copains, mais moi, je commence à avoir soif. Alors, qui en est pour se coller un verre derrière la cravate ? C’est moi qui régale !”

Lucifer est le premier à lever la main, trop content de voir son petit frère s’humilier lui-même en offrant à boire à tout le monde. Il est rapidement imité par Jack, Dean et Sam. Castiel, réalisant qu’il ne reste plus que lui, se décide à faire de même en soupirant. Alignés côte à côte, ils franchissent d’un même pas les limites de la ville et remontent la rue principale. 


Face à eux, une petite bâtisse peinte en blanc sert visiblement d’école et d’église. Sur leur gauche se trouvent quatre bâtiments. Le premier est la forge. Et apparemment, le forgeron sert aussi de maréchal-ferrant et de palefrenier. Vient ensuite l’échoppe du croque-mort. Le troisième et le quatrième bâtiments ont visiblement été construits ensemble. Au-dessus de la porte de celui de gauche, trônent les mots “Shérif” et “Hôtel de ville” peints en noir et celui de droite, séparé de son jumeau par une minuscule allée couverte, n’a qu’une seule fenêtre, placée à deux mètres au-dessus du sol. Les barres métalliques en travers de l’ouverture ne laissent aucun doute sur l’usage du lieu : la prison.

En face de la forge, un autre bâtiment domine la rue. Il sert d’épicerie et de poste. La diligence qui a manqué de les écraser est arrêtée devant.

Juste à côté de l’épicerie se trouve l’hôtel, construit sur deux étages, avec une salle à manger en rez-de-chaussée et une demi-douzaine de chambres à l’étage. C’est de là que s’élevait la fumée, tout à l’heure. Enfin, juste en face du bureau du shérif, le saloon et son habituelle porte à double-battant. 

“La vache !” - s’exclame Dean - “On se croirait dans La Petite Maison dans la Prairie. Vous me le dites, si vous apercevez Melissa Gilbert, [14] hein !”


***


Sans attendre ses compagnons, Lucifer a gravi les deux marches devant le saloon, poussé le battant de droite tandis que sortait, par celui de gauche, un homme au pas peu assuré. Il y a sept tables dans la salle et une seule d’entre elles est libre. Il se dirige vers elle et s’assied sans tarder.

“Eh, toi ! Ici, les tables sont réservées aux groupes alors tu dég…”

Le barman n’a pas le temps de finir sa phrase que les yeux de l’archange s’illuminent d’une lueur mauvaise. Heureusement pour l’homme, Gabriel et les autres entrent à leur tour. Et, comme s’ils répondaient tous à un signal convenu, les autres clients se lèvent et sortent rapidement, en jetant des regards inquiets par dessus leurs épaules, pendant que Gabriel lance : 

“Luci ! Commence pas à chercher la bagarre, tu veux !” - il se dirige vers le comptoir tandis que les autres s’asseyent autour de la table. Dean et Sam s’installent face à Lucifer, Jack entre Sam et son père et Castiel à côté de Dean, laissant la place à gauche de l’aîné des archanges à son autre frère. Gabriel commande - “Six salsepareilles, s’il vous plaît !”

“Eh, Gabe ! Je veux une bière, moi !” - s'exclame Dean en se retournant vers le comptoir.

Au même moment, Lucifer lui dit :

“Noooon, pas de salsepareille pour moi, petit frère ! Je veux un whisky ! Sec… et double ! Et un autre pour Jack !”

“Non !” - s’y oppose sèchement Castiel qui ajoute - “Jack est trop jeune ! Il ne peut pas boire de whisky ! Mais il peut avoir une bière, s’il le souhaite.”

“Je n’ai jamais goûté à la salsepareille, j’ai envie d’essayer…” - répond le jeune nephilim sur un ton doux.

“OK, d’autres modifications dans la commande… Sam ? Castiel ?”

Castiel fait non de la tête et Sam répond :

“Non, une salsepareille, c’est parfait…” - Dean tente de masquer son dépit derrière sa main - “Ça me changera, pour une fois !”

“Bon, alors finalement, ce sera une bière, un double whisky sec et quatre salsepareilles, s’il vous plaît.”

Le barman hoche la tête et commence à préparer leur commande. Gabriel rejoint les autres à table. Un silence de mort s’abat sur le petit groupe. On pourrait entendre un ange voler. Et je dois vous avouer que je n’ai, de toute mon éternité, jamais entendu Lucifer et Gabriel être aussi silencieux, même sur le plan subtil des discussions angéliques. Castiel joint le bout de ses doigts ensemble, comme s’il allait me prier, mais n’en fait rien. Il cherche à être laissé en paix pour se concentrer un court instant sur ses pensées. Ils me déçoivent, tous les trois. Le barman rompt un instant le charme en apportant les boissons. Mais à peine s’éloigne-t-il que la chape de plomb retombe sur eux. 


***


Jusqu’à ce qu’elle entre dans le saloon… Elle porte une chemise en flanelle et d’un pantalon étrange. En mouvement, on dirait un sarouel coupé dans de la toile serge de Nîmes teinte bleu de Gênes, [15] mais, lorsqu’elle s'immobilise, il ressemble à un simple pantalon. La femme a aussi un holster accroché à son ceinturon. Et à l’épaule, attaché par une solide bride en cuir, un fusil à pompe. [16] Elle n’a pas fait trois pas à l’intérieur de la salle que le barman l’interpelle.

“Hé ! Qu’est-ce que je t’ai dit la dernière fois que t’es venue ici ? Tu rentres pas tant que t’as pas payé ton ardoise !”

“Du calme, Joe ! [17] Tu penses que je vais te payer comment, si tu m’interdis d’entrer ? Je me suis arrangée avec le shérif, il a accepté de me payer une partie de ma prime en réales sonnantes et trébuchantes. Et la première chose que je fais en sortant de son bureau, c’est de venir chez toi pour régler ma note ! Qu’est-ce que t’en penses, hein ?”

 Sans attendre la moindre réponse, elle se dirige vers le comptoir et y dépose cinq pièces de huit réales. Le barman les ramasse d’un geste rapide. Depuis sa place à table, Castiel l’a regardée faire, visiblement intrigué par sa présence. Quand il se lève pour l’approcher, Dean, pensant que son angélique ami se décide enfin à draguer, le suit un instant du regard avant de dire, un sourire aux lèvres :

“Attention les yeux, Cas’ part en chasse !”

Mais Castiel n’est pas le seul à être stupéfait par cette femme. Les deux archanges semblent aussi surpris que lui. Et il y a de quoi l’être, je le reconnais volontiers, vous allez voir… 

Castiel se plante donc, silencieux comme à son habitude, à moins de cinquante centimètres derrière elle et la fixe du regard. Elle le regarde dans le miroir, ses yeux gris y prennent une étrange teinte violette, à moins que ce ne soit un reflet. Après quelques secondes, elle lâche froidement :

“Bonjour, Castiel !”

“Renée… Qu’est-ce que tu fais ici ? Où sont tes enfants et ton mari ?” - lui demande l’ange qui, visiblement, la connaît bien.

“Ann et Henry sont chez nous, en Virginie, avec Richard. Dis-toi bien que je ne les amène pas avec moi quand je travaille, mon ange !”

“Tu travailles ? Et qu’est-ce que tu fais, comme travail, hein ? Ne me dit pas que tu… travailles dans un… un lieu de perdition.”

“Tu me prends pour qui, Castiel ?” - Elle se tourne vers lui et plante ses yeux gris dans ceux, bleus, de l’ange - “Je suis une Chasseuse ! Je travaille pour mon mari et ses amis Hommes de Lettres ! Et aussi comme chasseuse de prime pour le shérif local.” - Le regard de la femme, qui s’appelle donc Renée, dérive lentement sur la droite et, à l’instant où il se pose sur Lucifer, l’étrange reflet violet reparaît dans ses iris gris. L’archange a un soubresaut et un léger mouvement de recul quand, dans la fraction de seconde suivante, elle se retrouve si près de lui que leurs nez se touchent presque. Dean et Sam ont sursauté, immédiatement sur leurs gardes, mais elle semble n’avoir d’intérêt que pour l’aîné des archanges. - “D’ailleurs, en parlant du shérif… je ne saurais que trop te conseiller de te tenir tranquille, si tu ne veux pas qu’il te renvoie dans ta cage, mon mignon !”

Castiel la rejoint, apparemment peu enclin à laisser passer la moindre erreur qu’elle pourrait faire.

“Renée Thibodeaux-Winchester !” - l'interpelle-t-il avec une autorité que Dean et Sam ne lui ont pas connu depuis qu’il s’est littéralement pris pour un autre moi. 

Les frères se regardent un instant, estomaqués, se demandant si cette femme pourrait être une parente à eux dans cet univers ? En tout cas, elle s’est redressée et, dans un semblant de garde-à-vous, fixe maintenant le mur devant elle, impassible.

“Oui, mon commandant !” - a-t-elle répondu, haut et clair, détachant chaque mot. 

“Ass…” [18] - commence Castiel avant d’être interrompu par Lucifer.

“Wow ! Notre petit ange nous refait une crise d’autorité, on dirait…” - dit-il avant de regretter ses paroles dans la fraction de seconde qui suit, en sentant le fil d’une lame sur sa gorge. D’un coup d’œil en coin, il identifie la lame d’un chérubin, d’une teinte gris-rose. Les iris de celle qui la tient ayant viré au violet pourpré, [19] il devine qu’elle ne le laissera pas manquer de respect à Castiel sans réagir… et qu’il risque de ne pas pleinement apprécier l’expérience. - “Ok, je retire ce que je viens de dire, beauté !” - ajoute-t-il en essayant de repousser la lame du bout du doigt sans se le faire couper. - “Tu dégaines plus vite que ton ombre, [20] toi…”

“Fait attention, ou la prochaine fois, je te raserai de très près, si tu vois ce que je veux dire…”

“J’ai… J’ai compris.” - lui répond-il, un peu inquiet, malgré sa morgue [21] habituelle.

“Là, Luci, tu t’es fait moucher en beauté !” - lance Gabriel avant de dire à Renée - “Franchement, je te tire mon chapeau ! J’ai jamais vu un humain réussir ce coup-là avec lui.”

“C’est peut-être dû au fait que je ne suis pas à cent pour cent humaine… Tonton [22] !”

“Wow wow wow !” - réagit Dean - “Attendez-une minute, là ! J’ai plusieurs trucs à éclaircir… Premièrement : vous vous appelez ‘Winchester’ ?” - Dean a tellement insisté sur le nom de famille que Renée est intriguée.

“Exact ! C’est en tout cas ce que m’a affirmé le pasteur qui a officié à mon mariage. Pourquoi ?”

“Contentez-vous de répondre, pour l’instant. Je vous expliquerai après…” - Elle soupire avant d'acquiescer en silence - “Bon, alors, deuxième question : Vous êtes quoi d’autre, si vous n’êtes pas ‘à cent pour cent humaine’ ?”

“Qui le demande ?”

“Moi, pour commencer… et mon petit frère aussi !” - répond Dean, désignant Sam du pouce. Ce dernier confirme d’un signe de tête affirmatif.

“Non, ce que je veux savoir, c’est… De quel droit vous me posez cette question…”

“Renée, réponds-lui !” - intervient Castiel.

Elle se tourne vers l’ange et, le regardant droit dans les yeux, lui dit :

“Je n’ai jamais remis ton autorité sur moi en question, Castiel… Mais comprends-moi, j’ai besoin de savoir ce que je peux leur dire de ma nature…”

Il hoche lentement la tête avant de répondre :

“Tu peux leur dire la vérité, pleine et entière. Ce sont… des Chasseurs, comme toi. Et leur grand-père était un Homme de Lettres.” - Les yeux de Renée s’étrécissent légèrement. - “Ils peuvent entendre ce que tu es mieux que quiconque, à part Jack, mes frères et moi.”

“Bien, si tu le dis, je te crois.” - se retournant vers Dean, elle ajoute - “Disons, pour simplifier, qu’une de mes lointaines ancêtres était… un chérubin.”

“Un chérubin ?! Vous voulez dire… un ange ? Comme… Cas’ ?”

Elle regarde Castiel, inquiète de ne pas avoir été comprise. Il répond à Dean à sa place.

“Oui, Dean… C’est précisément ce qu’elle veut dire.”

“Attends, Castiel… Je me souviens très bien de l’état dans lequel vous étiez, Gabe et toi, quand vous avez découvert que Jack avait été… conçu. Il était super nerveux et tu voulais littéralement retrouver la mère du petit pour le tuer avant qu’il vienne au monde !” - s’étonne Sam.

Le jeune nephilim regarde celui qui l’a élevé depuis sa naissance [23] comme s’il le voyait pour la première fois. Était-il possible que celui-ci le déteste au plus haut point et qu’il ait souhaité le tuer ?

Espérant en profiter pour reprendre un peu d’ascendant sur son fils, Lucifer tente.

“Et c’est lui que tu considères comme ton père ? Fiston, moi je te le dis, celui qui veut te tuer n’est pas digne d’être ton père ! Regardes, moi, j’ai jamais essayé de te tuer… Parce que je suis ton père !”

Castiel secoue la tête, blessé que Lucifer puisse avoir raison… Avoir tenté d’éliminer Jack n’est pas une chose dont il se sent spécialement fier. Pour que Jack le comprenne il doit reconnaître ses torts. Il s’apprête à parler quand Gabriel intervient.

“On avait des ordres, Jack. Et Lucifer les connaît aussi bien que Castiel ou moi. ‘Tuez les nephilim !’, [24] c’est ce que Papa nous a dit ! Je t’assure que ton père adoptif n’a rien à se reprocher, pour le coup… À part d’avoir désobéi à un ordre inique ! Et ça, ce n’est pas si grave, d’après moi !”

Inique ! Non mais regardez-le… Pour qui se prend-t-il ? Je ne sais pas ce qui me retiens de le faire disparaître de ma création d’un claquement de doigts. Ah, si, je me souviens, l’Annonciation... Il faudrait que je trouve un autre messager pour ça s’il disparaît… Gabriel s’est porté volontaire pour cette mission. Bon, j’admets que je n’ai pas été… un papy gâteau avec les enfants de mes fils… Mais la plupart sont des monstres… Ils ont un nombre d’ailes aléatoires : généralement compris entre une et trois… Essayez un peu de voler, avec une seule aile, pour voir ! Ou alors elles sont mal appariées. Si j’ai créé les anges avec des ailes en nombre pair et d’une taille égale, c’était pour une bonne raison ! Mais je dois admettre que, sur ce point là, mon aîné n’a pas si mal réussi son fils. Il est plutôt beau garçon et mentalement plus équilibré que les autres. Mais de là à dire que mes décisions sont iniques, Gabriel n’y va pas avec le dos de la cuillère ! Vous n’êtes pas d’accord avec moi ? En plus, je leur ai aussi donné un autre ordre, à propos des nephilim. Il serait bon que l’un d’eux s’en souvienne, tout de même ! Ah, attendez, on dirait que Gabriel n’a pas tout à fait terminé… 

“En même temps, c’est vrai que je comprends Papa pour les nephilim… La majorité d’entre eux étaient plutôt… dérangeants, pour ne pas dire dérangés. La première fois que j’en ai vu un un face, il y avait vraiment de quoi avoir la frousse ! Je suis pas un trouillard, mais il faisait une demi-tête de moins que moi, et je ne parle pas de mon véhicule actuel, mais de ma vraie forme. Je suis plus grand que l’Empire State Building [25] et le bestiau faisait la même taille que ce bâtiment ! C’était flippant, je vous garantis ! J’ai eu besoin du renfort de trois autres archanges pour m’en débarrasser… Jack, ce qu’il faut que tu saches, c’est que notre propre père a été on ne peut plus clair quant à ton existence : il a dit que, de tous les nephilim qui seraient engendrés, l’enfant de Lucifer était à éliminer en priorité. Et si Castiel a refusé d’obéir à cet ordre, c’est parce qu’il t’aime sincèrement, gamin. Il t’aime comme un père.”

“Oh, arrête, Gabe ! Tu vas me faire pleurer…” - geint Lucifer en grimaçant, écœuré par les sentiments que ses frères sont capables d’éprouver pour le jeune nephilim.

“Mais, il y a une chose que je ne comprends pas… Castiel, Gabriel, si votre père,” - s’apercevoir que Jack ne le questionne pas lui aussi sur le sujet vexe un peu plus Lucifer, qui se renfrogne de nouveau - “qui est aussi mon grand-père, a ordonné que vous tuiez les nephilim et que cette femme est une nephilim… Est-ce que vous ne devriez pas… la tuer ? Je ne vous demande pas de le faire ! Je veux juste comprendre.”

“C’était ma question suivante…” - réagit Dean. Sur sa gauche, Sam fit signe que c’était aussi la sienne. - “Comment ça se fait que Cas’ ne vous a pas tuée avant ? Je veux dire, vous avez l’air de bien vous connaître, tous les deux…”

Castiel regarde Renée. Il hésite à dire certaines choses qui pourraient changer la relation qu’elle a avec la version locale de lui-même. Il décide donc de minimiser les informations données. 

“Jack, Dean, sa lignée a été autorisée à perdurer parce que… parce qu’elle mène à des véhicules plus stables pour certains anges… Comme moi, par exemple. Jimmy, mon véhicule actuel, est… un cousin éloigné de Renée.” [26]

Cette dernière s’apprête à parler quand, soudain, son regard se fait lointain, comme si elle avait entendu quelque chose inaudible aux autres et qu’elle cherchait à écouter plus attentivement. 

“Cas’ ! Qu’est-ce qu’elle a ?”

“Renée est capable d’entendre nos conversations. Je veux dire, celles des anges… Mais je n’entends rien. Je devrais, pourtant.” 

Il se tourne vers Gabriel qui secoue négativement la tête, puis vers Jack, qui fait le même geste. 

“Et moi, on ne me demande pas, évidemment !” - grogne Lucifer.

“Ne le prend pas comme ça, frangin ! Castiel sait, comme moi d’ailleurs, que Papa a ordonné que tu n’aies plus accès à nos fréquences, quand il t’a chassé, alors c’est normal qu’il ne te le demande pas… Et si tu réfléchissais un peu, tu l’aurais compris !”

“Mais taisez-vous ! Ils parlent de vous… et de moi.” - Elle est en train d’espionner mes enfants… Je déteste l’idée, mais, heureusement, quelqu’un s’en est aperçu et les a avertit. Quelques fractions de secondes plus tard, le lien entre elle et eux est coupé, à son grand dépit. - “Zut ! Ils se sont rendus compte que je les écoutais. Ils m’ont isolée… Castiel, la dernière chose que j’ai pu entendre, c’est qu’ils allaient avertir le shérif alors, toi, tes frères et tes amis, vous me laissez gérer ça à ma façon.” - Elle se pencha vers l’aîné de mes fils avant de murmurer - “Et ça vaut particulièrement pour toi, Lucifer ! Parce que, crois-moi, si le shérif te repère avant que je puisse le convaincre, il me demandera de t’exécuter… Et j’obéirai sans une once d’hésitation, ne serait-ce que pour qu’il sache à qui va mon obédience. Alors, si tu tiens un tant soit peu à ta vie, tu te tiens tranquille !”

“Et pourquoi j’aurais peur de ton shérif, hein ?”

“Tu le sauras quand tu le ver…”

Renée n’a pas le temps de terminer sa phrase que les portes à battant du saloon s’écartent l’une de l’autre et que le shérif fait son entrée dans la salle. 


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NOTES


1 - Ce titre, par sa formulation en “La Nuit de...” fait référence à la série Les Mystères de l’Ouest (en VO, Wild Wild West), dont le titre de chaque épisode commençait de la même façon.

2 - Contrairement à ce qui se passe dans la série, ici, ils sont poursuivis par une trentaine de vampires, que Lucifer a refusé de stopper. Ils ont eu du mal à éliminer la vingtaine qu’ils ont déjà affronté et les pouvoirs de Jack semblent inefficaces contre eux.

3 - Si je désigne Lucifer de cette façon, c’est parce que c’est le sens étymologique de son nom. En effet, “Lucifer” signifie “qui (ap-)porte” (‘-fer’ / ‘-fère’), “la lumière” (‘Luci-’), autrement dit, le “Porteur de lumière”. Et oui, si le narrateur en parle comme de SON porte-flambeau, c’est qu’il s’agit de Dieu en personne (pour la question de sa fiabilité narratrice, là, je vous laisse seul(e)s juges…).

4 - Ce parc américain, plus exactement celui de la tribu Navajo, est à cheval entre le sud de l’Utah et le nord de l’Arizona. C’est ici que se trouve l’un des plus célèbres paysages de western. Et, effectivement, John Wayne disait que Monument Valley était le lieu où Dieu avait mis l’Ouest (En anglais, “Monument Valley is the place where God put the West.”).

5 - Cette réplique est tirée du film Le Magicien d’Oz. C’est Dorothy, interprétée par Judy Garland, qui la dit à Toto, son chien, après qu’ils sont arrivés au Pays d’Oz.

6 - Castiel dit ça parce que, cette fois, il a compris la référence ! :D

7 - Version archangélique de l’expression “être dans une forme du feu de Dieu”. Lucifer étant l’archange gouvernant le feu, cette expression est logique pour lui.

8 - Non, Gabriel ne parle pas de la voiture de chez Renault, mais de la diligence qui vient de lui passer littéralement sur le dos. 

9 - Contrairement à ce qui s’est passé dans la série, dans la réalité dont ils sont originaires, Gabriel vit dans le Bunker des Hommes de Lettres avec les deux frères, leur mère, Castiel, Ketch (qui a quitté les Hommes de Lettres Britanniques et travaille comme Chasseur en équipe avec Mary Winchester), et Jack depuis un peu plus d’un an. Il a donc eu la possibilité de côtoyer Rowena à plusieurs occasions.

10 - cf. épisode 21 saison 13.

11 - Je tiens à préciser que c’est l’avis de Lucifer, pas le mien !

12 - Non, ce n’est pas LE Tombstone où s’est déroulée la célèbre bataille d’OK Corral… Juste une ville homonyme. L’autre Tombstone, fondée en 1879 dans notre univers, se trouvera à environ 300 km au sud-est de Phœnix. 

13 - Ce Territoire, qui n’a pas existé dans notre univers, regroupe ce qui, dans l’histoire locale, était le nord-ouest du Texas, le Nouveau Mexique ainsi qu’une petite partie du Colorado, de l’Arizona et de l’Utah… C’est dans cette zone que notre petit groupe se trouve actuellement. Il ne fait pas partie des États-Unis à proprement parler, à ce moment de l’Histoire locale.

14 - Melissa Gilbert est l’interprète de Laura Ingalls, l’héroïne de la série télé. Laura Ingalls est une personne réelle et est auteur de la série de livres La Petite Maison dans la Prairie. Elle a vécu de 1867 à 1957.

15 - Autrement dit, un Denim Blue-Jeans (en [toile serge] de Nîmes, bleu de Gênes”, prononcé à l’anglaise). Le sergé est le type de maille que l’on trouve dans nos jeans et qui donne au tissu cette apparence de maille en diagonale.

16 - Dans notre univers, le fusil à pompe est apparu en 1893. Apparemment, dans celui-ci, il est apparu trente ans plus tôt, en 1863, au début de la Guerre de Sécession (1862-1865). Le premier modèle, chez nous, était le Winchester Model 1893 développé par John M. Browning. Dans cet autre univers, c’est son père, Jonathan Browning, qui a développé ce système.

17 - Oui, c’est bien une référence à Lucky Luke...

18 - Non, il n’allait pas dire “Assbutt”, mais “Assied-toi” !

19 - Cette couleur, que les anglophones appellent “deep purple”, est un violet foncé tirant légèrement sur le rouge.

20 - Oui, une seconde référence à Lucky Luke…

21 - Mais non, pas l’endroit où on garde les défunts… Là, il s’agit de l’attitude hautaine et méprisante de Lucifer envers les autres.

22 - Ce “Tonton” a été prononcé en français donc, même si un jour je traduis cette fanfic en anglais, ce mot doit rester en français !

23 - Dans l’univers d’où ils viennent, l’histoire, à la fin de l’épisode 23 de la saison 12, s’est déroulée différemment et Castiel a pu être présent dès le début de la saison suivante auprès de Jack.

24 - Ce mot est déjà un pluriel, il n’a donc pas besoin d’un ‘s’ à la fin ! En hébreu, son singulier est “naphil” mais sa forme plurielle est passée dans le langage “courant” en français et y est considérée comme invariable en genre et en nombre.

25 - L’Empire State Building mesure 381 m. Dans un épisode, Castiel affirme qu’il fait la même taille que ce bâtiment.

26 - Oh, le ‘vilain, mais pieux, mensonge’ de Castiel… En fait, Jimmy n’est pas un cousin éloigné de Renée mais le descendant du frère de celle-ci…


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