La Nuit des Archanges

Chapitre 2 : La Nuit des Archanges - Partie 2 - Michael

Chapitre final

10836 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 02/06/2020 12:43

Partie 2 : Michael


Oh, la tête que font Dean et Sam au moment où ils reconnaissent… leur benjamin, Adam. C’est de l’or en barre ! Et si on y ajoute la mine de Lucifer qui est passée de méprisante envers Renée à complètement déconfite à la vue de Michael. Rien que pour ça, ça valait le coup de les amener ici ! Mais le voici qui approche… 

“Adam… ? Cas’, c’est impossible que ce soit lui…” - demande Sam à voix basse avant d’ajouter à l’intention de Renée - C’est notre petit frère. Et la dernière fois qu’on l’a vu, il était le véhicule de l’archange Mi…”

“Je sais qui est Michael !” - elle s’approche du Général en chef des armées angéliques, tentant de cacher sa traîtrise sous un faux sourire - “Oncle Michael, ou dois-je t’appeler ‘Shérif’, pour la circonstance ? Qu’est-ce qui t’amènes ici ?”

“Ne fait pas celle qui l’ignore, Renée ! Tu sais très bien que mes frères m’ont averti que Castiel était en vie… Contrairement à ce que tu nous as affirmé !”

Castiel a pâli en entendant cela. Ainsi, ici, il n’existe plus… Et Renée le sait mieux que quiconque apparemment. Pourtant, elle n’a pas cherché à l’attaquer, lui.

“Quoi ! Tu veux que je te rende la prime que tu m’as remise… Et bien en voici une partie !” - Renée jette à la figure de Michael la liasse de dollars qu’il lui avait remis un peu plus tôt. Il ne les regarde même pas, suprême. - “Mais pose-toi une question, avant d’accepter de la récupérer… Pourquoi n’aurais-je pas tué Castiel, après qu’il a tenté d’assassiner mon Henry !” - L’ange en trench-coat réalise que son double a tenté de couper une lignée particulièrement importante pour eux et que Renée s’y est opposée. Mais pourquoi a-t-il agi ainsi ? Elle sort la lame avec laquelle elle a menacé Lucifer de le ‘raser de très près’ et l’agite sous le nez de l’Archange - “Voici la lame que j’ai dû planter dans le corps de celui qui avait veillé sur ma lignée pendant plus de mille cinq cents ans… Ce jour-là, j’ai vu mourir les deux oncles auxquels je tenais le plus. J’ai vu l’un d’eux tuer l’autre parce qu’il tentait de protéger mon fils. Et j’ai été forcée de le combattre au péril de ma propre existence, et de le tuer de mes mains… Alors, comment penses-tu que je me suis sentie, après ça, Michael ? Crois-tu que j’ai dansé de joie d’avoir éliminé un pareil danger ? Crois-tu que ça m’a rendue heureuse ?” 

Regardez-moi ça... Quelle technique ! Les larmes qui lui brûlent les yeux ne semblent même pas feintes. Cette femme est une sacrée actrice… enfin, ‘sacrée’, c’est vite dit ! C’est tout de même une nephilim ! Mais le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle s’applique à essayer de convaincre Michael. Pourtant, je doute qu’elle y parvienne.

“Non… Je sais ce que tu as ressenti ce jour maudit… Dois-je te rappeler que moi, j’ai perdu deux de mes frères, dans cette affaire ? Dont un que je pensais être mon plus fidèle lieutenant…” - Quoi ?! Il me trahit… Il la croit ? - “Et je sais pourquoi tu as tué ce traître qui se cachait dans ta maison, tu n’as pas à te justifier pour ça. Mais dans ce cas, comment peut-il encore être en vie ? Peut-être a-t-il pu s’échapper et que celui que tu as éliminé était seulement son véhicule.”

“Et sa grâce, je l’ai prise où, si ce n’était pas Castiel ? Non, je te dis que je sais qu’il est mort ! Ce Castiel n’est pas le nôtre… J’en suis certaine ! Et tu sais pourquoi ?” - L’Archange fronce les sourcils. Visiblement, il ignore comment elle peut affirmer une telle chose. Elle reprend - “Parce qu’il n’est pas le seul mort qui soit de nouveau en vie ! Attends, je vais te montrer…”

Il ne peut pas se laisser avoir comme ça ! Pas mon plus fidèle archange… Il devrait voir clair dans son jeu et la tuer. Il ne le fait pas… Pourquoi ? Pendant que, de son côté, elle retourne près de la table, Michael ramasse la liasse de billets verts qu’elle a lui jeté au visage un peu plus tôt. Renée saisit le bras de Gabriel et tente de le forcer à se lever. Il résiste. Elle se penche sur lui et murmure près de son oreille :

“Debout, où il nous reste à peine deux minutes avant qu’il vous attaque… et ce sera un vrai massacre… Surtout s’il voit ton neveu. Fais-moi confiance, je t’en supplie, Gabriel !”

“Et si je ne veux pas ? J’ai pas envie qu’il me tue !” - pointant discrètement Lucifer du pouce - “Je me suis déjà fait planter par un autre de mes frères et c’est pas vraiment ce que j’appellerais une sensation agréable…” [1]

“Écoute-moi bien, Gabriel… Je sais que vous ne venez pas de cet univers… Parce que, ici, j’ai dû tuer Castiel… après qu’il t’a tué… Si tu te lèves, tu prouveras à Michael que toi aussi, tu es vivant. Tu comprends ?”

“D’accord, je me lève… Mais lâche mon bras, avant. Je voudrais éviter qu’il pense que je suis ton prisonnier, d’accord…” - Elle soupire, lâche Gabriel et recule d’un pas. Il se lève et se tourne vers Michael. Le sourire amusé de l’Embrouilleur éclaire son visage - “Salut, Mikey !”

La réaction de Michael ne me dit rien qui vaille. Il regarde son frère comme s’il avait un fantôme sous les yeux. 

“Gabriel ? Tu es…”

“Vivant ? Oui, apparemment… Mais ça ne devrait pas compter, je ne suis pas le Gabriel que tu connais. Je viens d’un univers parallèle et oui, je sais, c’est bizarre, mais d’après ce que j’ai compris, c’est encore plus bizarre pour deux de mes compagnons, parce que là, t’as la tête de leur petit frère…”


Michael lève la main en signe d’apaisement. 

“Non, Gabriel, je te crois. Parce que mon véhicule n’a plus de frères. Et que, si tu étais le mien, tu le saurais, parce que c’est lui qui m’a annoncé la mort de Dean et m’a donné l’identité de son meurtrier : Lucifer.”

“Non, j’ai rien fait !” - L’aîné de mes fils s’est levé d’un bond, comme piqué au vif. - “J’ai tué pers…” 

Il n’a pas le temps de finir sa phrase que la pointe d’une lame angélique fait perler une goutte de sang sur sa joue. Une seule et unique goutte d’un rouge cramoisi… Renée pose une main sur l’épaule de sa victime et le force à se rasseoir en ajoutant entre ses dents :

“Silence !”

Trop tard… Michael a entendu son frère et se rapproche du petit groupe. Castiel s’assied, essayant de se tasser le plus possible sur sa chaise, rendu quelque peu nerveux en présence de Michael depuis qu’il a osé l’insulter, il y a quelques années. L’archange local s’arrête un instant près de lui pour regarder les deux seuls humains de la tablée. Il s’agit bien de Dean, son véhicule le plus puissant et de Sam, celui de son Némésis, à deux détails prêts : l’aîné est vivant et le cadet, libre. Lucifer n’a pas encore pris possession de son véhicule, dans l’univers d’où ils viennent… Ni lui du sien. Son regard glisse sur la droite, sur Jack. Celui-ci paraît calme, comme inconscient d’être en danger du fait de sa nature même.

Michael l’interroge :

“Toi, le nephilim, dis-moi ton nom et celui de ton père ?”

“Je m’appelle Jack et mon père, c’est Castiel.”

Trois regards distincts sont échangés simultanément. Le premier, que Michael pose sur Castiel, est aussi surpris d’apprendre que cette version de son frère a engendré un nephilim qu’il l’avait été en découvrant les circonstances de la mort de la version locale de l’ange en trench-coat. Le second, celui de Castiel pour Jack, oscille entre la panique et la fierté. Le troisième, celui de Lucifer, brille quant à lui d’une haine féroce envers l’ange qui lui vole l’affection de son fils.

Gabriel décide de s’en mêler, quitte à mettre les pieds dans le plat, pour dissiper la tension qu’il sent monter et qu’il ne connaît que trop bien. C’est celle qui, des éons plus tôt, planait sur eux quand les deux frères ennemis commençaient à se disputer.

“En fait, c’est un peu plus compliqué que ça, Mikey ! Celui qui a engendré Jack, c’est Lucifer. Mais, s’il te dit que son père, c’est Castiel, c’est parce que c’est lui qui l’a élevé, et qu’il connaît mal Luci. Il l’a rencontré pour la première fois il y a à peine quelques heures, et franchement, moi qui le connaît un peu, je te dirai que Jack est un gamin doux et agréable… Je ne sais pas si c’était la même chose dans cet univers, mais chez moi, Papa semblait très nerveux quand on le questionnait sur ce néphilim en particulier. Même mon Michael, je veux dire celui de mon univers, trouvait qu’il avait l’air d’en avoir peur. Et, un jour, il nous a dit que ce gamin était plus dangereux que …”

Michael interrompt Gabriel pour terminer sa phrase.

“Tante Amara ?” 

“Précisément ! Tu te souviens de son niveau de dangerosité pour les créations de Papa ? Même les Léviathans avaient été moins problématiques à gérer. Et ils ont pourtant fait de gros dégâts. Et à l’époque, il n’y avait que Papa et nous trois pour les combattre.”

“À vrai dire, non… Je n’ai pas connu Tante Amara… Ni les Léviathans… Et ce n’est apparemment pas ton cas. Papa nous a dit qu’il avait dû l’enfermer avant de nous créer parce qu’elle ne le laissait pas travailler à sa Création. Mais il n’a jamais dit comment il s’y était pris. Pourtant, il nous disait la même chose, que ce néphilim en particulier était dangereux… Plus dangereux qu’elle.”


Oups ! Je n’avais pas prévu que ces deux-là se mettraient à parler d’Amara ensemble. Je sais bien que j’aurais dû transférer ma mémoire de ce moment dans celle de Michael et de ses frères mais j’ai voulu essayer d’éviter le mauvais tournant qu’a pris Lucifer dans tous les autres univers que j’ai créé. Pourtant, mon aîné est ainsi fait que, dans chacune des versions de lui, le doute à propos de ma bonté parvient à s’insinuer dans son cœur et qu’il finit par me haïr. Et, autant vous le dire tout de suite, ma manœuvre n’a rien changé et c’est ce qui m’a donné envie d’abandonner de cet univers.


“Tu plaisantes, Mikey ! Tu n’as pas aidé Papa à la combattre avec Raph, Luci et moi ?”

“Lucifer a aidé à vaincre Amara ? Lui ? Aider à faire quelque chose pour protéger la Création…”

Évidemment, Lucifer n’a pas apprécié que Michael doute de sa participation à ce combat et a bondi comme un diable de sa boîte. Gabriel n’a pas eu le temps de réagir avant que mon aîné n’attrape son némésis par le col et ne menace de le frapper du poing. Renée et Castiel ont dû unir leurs efforts à ceux de Gabriel pour les séparer et, maintenant, tandis que la nephilim et l’ange en trench-coat s’arqueboutent pour retenir l’archange local, son benjamin se tourne vers Lucifer qui lâche, mauvais :

“Je vais lui casser la figure une bonne fois pour toute ! Pourquoi ça l’étonne que j’ai fait ce que Papa m’a demandé, à l’époque ? Il avait besoin de nous quatre pour la battre et vu ce qu’elle avait menacé de faire de nous, j’allais pas faire la fine bouche… Je savais que si on ne l’arrêtait pas, Tante Amara nous ferait disparaître nous aussi. Ça m’a motivé !”

“Et ça ne te vient pas à l’idée que, peut-être, le jugement de Mikey est basé sur ta version locale et sur le fait qu'apparemment, dans cet univers, Papa ne nous a pas fait la combattre ?” - lui répond sèchement Gabriel.

La colère de Lucifer retombe soudain comme un soufflé hors du four.

“Tu veux bien dire ce que j’ai compris, là ? Que c’est de la faute de Papa ?”

“Je veux dire que si Papa avait voulu, il aurait pu leur donner ce souvenir comme étant une partie de leur vécu, et il ne l’a pas fait. Et je veux dire que j’en ai marre de vous voir vous écharper à chaque fois que vous êtes dans la même pièce, tous les deux.” - il se tourne vers Michael pour ajouter - “Et ça vaut aussi pour toi, Mikey ! Alors, maintenant, on va tous se rasseoir… Tu te mets à côté de Dean et Renée…” - il s’offre une fraction de seconde pour retrouver son calme et, malgré un reste d’émotion qui fait trembler sa voix, il change instantanément de ton pour s’adresser à elle - “tu t’installes entre Mikey et Castiel ou entre Castiel et moi. C’est toi qui vois.” - Puis, s’adressant à Sam et Dean, il ajoute - “Les copains, vous vous rappelez quand vous avez découvert que j’étais l’archange Gabriel, et que je vous ai raconté à quoi ressemblaient nos repas de dimanche en famille, au Paradis… [2]” - Les deux frères hochent la tête et Gabriel continue - “Et bien, là, mes frangins viennent de vous faire une petite démonstration de ce qui arrivait à l'apéritif. Alors imaginez ce que ça peut donner, quand ils sont chauds… Vous comprenez pourquoi je me suis barré ?”

Gabriel doit faire un effort colossal pour ravaler ses larmes. Et il n’est pas le seul. En quelques minutes, la souffrance du plus jeune des archanges irradie si violemment autour de lui qu’elle touche de plein fouet les deux nephilim et les frères Winchester. Même Castiel semble gêné par la sensation d’empêtrement qu’il éprouve.


***


Alors que Michael s'assied à côté de Dean, et que Renée s’installe entre lui et Castiel, à l’extérieur la cloche de l’école retentit. La journée de classe se termine et l’instituteur prévient les parents que leurs enfants seront bientôt disponibles pour leurs corvées. Et, quelques minutes plus tard, une fillette de huit ou neuf ans franchit la double porte du saloon. Elle regarde autour d’elle, visiblement surprise de voir qu’une seule table est occupée. Remarquant le shérif parmi les personnes regroupées autour de celle-ci, elle pose son livre de classe et son cahier sur la table voisine, en sort une feuille et s’approche d’eux.

“Bonjour sh…”

Elle s’interrompt soudain et lâche sa feuille en hurlant. Terrorisée, elle fixe Sam avec angoisse. Puis, sans le quitter des yeux une seule seconde, elle recule jusqu’à être à plus de deux mètres de lui avant de se retourner et de partir en courant pour se cacher derrière le comptoir. Au bout de quelques instants, tous peuvent l’entendre sangloter.

Michael se tourne vers Renée, l’air désemparé.

“Tu peux t’en occuper ? Une mère sera plus apte à comprendre ce qu’elle a…”

“Non, Michael, tu te trompes. Toi aussi tu pourras la calmer en réfléchissant à pourquoi elle a réagi comme ça… Essayes de voir les choses avec ses yeux d’enfant et en tenant compte de ce qu’elle a vécu. Qu’est-ce qui s’est passé juste avant qu’elle crie ?”

“Hmmm, je pense qu’elle voulait… me montrer ce qu’il y a sur cette feuille qu’elle a lâchée.” - L’archange se baisse et ramasse le papier avant de le poser sur la table. C’est un dessin avec trois personnages. À droite, le plus petit est une fillette, facilement reconnaissable grâce à ses nattes. Elle est tout près d’un adulte, avec un étrange hexagone jaune sur le cœur, qui est en train de la protéger… de ses ailes et qui vise le troisième avec une arme. Ce dernier, seul à l’autre bout de la page, est vêtu d’un costume blanc avec une pochette rouge. L’image fait sourire Michael. Puis il se lève en disant - “Je crois que j’ai compris. Je vais essayer. En attendant, dis-leur ce que tu sais sur son histoire.”

“Bien, Michael !” - Renée joint les doigts de la même façon que Castiel l’a fait, un peu avant qu’elle n’entre dans le saloon. Puis, après une profonde inspiration, elle commence son récit - “Cette fillette s’appelle Amalyne et c’est la nièce de la femme de Joe. Elle n’a pas connu sa mère, morte en couche, et son père était le pasteur de Tombstone jusqu’à il y a presque quatre ans. J’étais en ville, cet après-midi là. Amalyne avait passé une partie de la journée ici avec sa tante. Elles avaient cuisiné ensemble et, la petite était très fière parce qu’elle avait cassé un œuf toute seule pour la première fois. Elle passait de table en table pour expliquer à tous les clients comment on devait faire. On riait tous. Tout à coup, les cloches de l’église se sont mises à sonner à toute volée. Je suis sortie voir ce qui se passait... On est tous sortis, en fait ! Il y avait une bande de démons qui s’agitaient autour de l’église et il en est sorti…” - Renée montra le personnage en blanc sur le dessin avant de continuer - “Lui, celui qui hante les cauchemars d’Amalyne et de beaucoup d’autres habitants depuis ce jour. Il a descendu les marches, a claqué des doigts et… l’église a pris feu, instantanément. On a entendu des gens crier depuis l’intérieur. Il s’est retourné et a regardé les flammes avec un plaisir évident. Les démons qui l’accompagnaient ont empêché les secours d’approcher jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des cendres puis ils se sont volatilisés. On a retrouvé les restes de six personnes à l’intérieur : le shérif, ses deux adjoints, qui étaient aussi ses frères, la femme du shérif, leur bébé… et le pasteur.”

Dean et Sam se regardèrent un instant en silence puis l’aîné dit :

“Pitié, dites-moi que c’est pas celui à qui je pense…”

Son regard glissa vers mon aîné qui, surpris qu’on fasse de nouveau attention à lui, répondit à son regard avec dédain. Renée suivit le regard de Dean avant de revenir sur lui pour lui répondre :

“Je suis désolée, je ne vais pas vous mentir. Celui qui est responsable de ce massacre, c’est Lucifer. À un petit détail près…”

Sam se désigna du doigt.

“Il a ma tête, c’est ça ?”

“Oui, il vous ressemble… Et c’est tout ce qu’Amalyne a vu, il y a quelques minutes. Michael et celui qui a tué son père, assis à la même table.”

“Eh, oh, il faut qu’on soit bien d’accord sur un point… Moi, j’ai rien fait !” - se défend Lucifer.

“On est d’accord… C’est celui de mon univers, le responsable, pas un autre…”

“Bon, tout de même ! Parce que, je veux bien admettre que j’ai pas toujours été très correct avec l’Humanité mais il faudrait éviter de m’accuser de tous les maux… Papa a aussi sa part de responsabilité !”

Quel sale gosse ! 


***


De son côté, Michael a rejoint Amalyne derrière le comptoir. Elle a le bas du dos collé au mur et les jambes ramenées devant elle, serrées entre ses bras et son front touche ses genoux. Au bout de cinq minutes, l’archange s’assied près d’elle. La fillette, qui pleure à chaudes larmes, a un léger mouvement de recul en le sentant faire mais se détend dès il commence à parler :

“Amalyne ? Je suis désolé… Est-ce que tu sais ce que c’est, un sosie ?” - sans le regarder, la fillette secoue négativement la tête - “C’est une personne qui ressemble tellement à une autre qu’on peut se tromper en la voyant.” - Elle lève la tête et le regarde, une question muette dans les yeux. - “Non, ce n’est pas Lui… Je peux te le promettre. Même s’il lui ressemble beaucoup… Il s’appelle Sam Winchester. Et je vais te dire un secret… Tu te souviens que l’homme que tu vois quand tu me regardes, c’est un peu comme un déguisement pour moi. Et que je l’utilise pour que vous, les humains, vous puissiez me voir.” - Amalyne hocha la tête. Elle se rappelait que Michael lui avait expliqué, quelques mois plus tôt, que les anges devaient demander l’autorisation pour utiliser le corps d’une personne comme si c’était le leur. - “Et bien, Adam, c’est son nom, est le petit frère de Sam Winchester, l’homme que tu as pris pour Lucifer. Et MON grand frère, Lucifer, est capable d’utiliser le corps de Sam s’il lui dit qu’il est d’accord. C’est pour ça qu’il lui ressemble. Et même moi, j’ai cru que c’était lui, quand je l’ai vu, tout à l’heure. Mais je ne me serai jamais assis aussi près, dans ce cas. Tu peux me croire… Alors, j’aimerais que tu viennes avec moi pour te les présenter, si tu veux bien. Oh, et ton dessin est très réussi. J’aime particulièrement mes ailes…” - La fillette lui adresse un sourire, découvrant légèrement un trou entre ses dents. - “Alors on y va ?”

Amalyne hoche de nouveau la tête et sort un mouchoir, tacheté de sang, qu’elle déplie consciencieusement. Il contient ce que l’archange prend tout d’abord pour une petite pierre blanche. L’enfant la dépose dans sa main et, Michael comprend soudain qu’il s’agit d’une canine, qu’elle a dû perdre dans la journée et qu’elle lui confie comme un trésor. Quand elle a effacé toutes les traces de ses pleurs, elle réalise qu’elle n’a plus rien pour ranger sa dent. 

“Shérif ?” - demande-t-elle, timide. Il la regarde et elle continue - “Tu peux garder ma dent, un moment ? Je sais pas où la ranger.”

“Si tu veux…” - En souriant, ému par la confidence, il la glisse dans la poche de la montre à gousset de sa veste et ajoute - “Je te la rendrai quand tu en auras besoin. Il suffira de me demander.”

Tout en hochant la tête, Amalyne se relève, rapidement imitée par mon cadet dont elle prend la main… Il la regarde, surpris par son geste, avant de comprendre qu’elle a besoin d’être rassurée et de resserrer légèrement ses doigts autour de ceux de l’enfant. Ils contournent le comptoir, côte à côte, et rejoignent la table au moment où Renée finit de répondre à une question de Gabriel sur la mort de son double local. 

“Le jour où je la retrouve, je lui ferai payer cher pour leurs morts à tous les deux. C’est pour ça que j’ai appelé Michael et qu’il a accepté de devenir le nouveau shérif de Tombstone. Et, d’après mes informations, cette monstruosité est actuellement dans les environs.” 

“Vous parlez de qui ? Du monstre ?”

“Non, Amalyne. Je parle de quelqu’un d’autre… Quelqu’un qui a fait du mal à ma famille. Mais c’est une des alliées de Lucifer.”

La fillette, qui avait lâché la main de Michael quelques instants plus tôt, se blottit maintenant contre sa jambe gauche.

“Elle va me faire mal à moi aussi ?” - gémit-t-elle, craintive.

“Non ! On ne la laissera pas faire !” - lui promet Dean, péremptoire, avant d’ajouter. - “Sam, Cas’, Gabe, Jack, Renée, Michael et moi, on te protègera, tous ensemble.”

“Hé ! T’as pas l’impression d’avoir oublié quelqu’un d’important, dans ta liste, Dean ? Moi, par exemple...” - lui demande Lucifer.

“Tu… Tu veux nous aider ? Toi !” - répond l'aîné des Winchester, sincèrement surpris. 

“J’ai rien d’autre à faire pour la journée !”

Gabriel et Renée ont éclaté de rire à la même seconde, rapidement imités par Michael et Sam. Ce dernier dit :

“C’est surréaliste !”

“Quoi, encore ! Mais qu'est ce que vous avez tous à ne pas me croire quand je dis que je veux vous aider ?” - se plaint mon aîné.

“C’est juste que… Comment dire ? Euh…” - Sam réfléchit à toute vitesse à comment faire comprendre à mon aîné les raisons de l’incrédulité générale sans provoquer une autre crise de larmes chez la fillette, toujours agrippée à la cuisse de Michael. - “C’est un peu surprenant pour nous de t’entendre dire que tu veux nous aider à battre Lucifer… Tu comprends ?” - explique Sam en tentant de ne pas sourire.

“J’ai jamais dit que je voulais vous aider à le battre, LUI ! Mais son lieutenant, ça je peux ! Et après, je me rallierai à l’autre moi et on vous mettra la pâtée…”

Amalyne s’apprête à demander à mon cadet ce que signifie cette histoire de pâtée quand sa tante l’appelle.

“Ama ! Tu te décides à venir m’aider pour la cuisine ou pas ? Sinon, on aura pas de biscuits pour les clients, ce soir !”

“J’arrive, tatie !” - Elle s’éloigne d’environ un mètre de Michael et lui demande - “Dis, shérif Michael…” - il lui accorde son attention - “Tu en veux des biscuits ?”

“D’accord, mais je te les paye, cette fois !”

Elle soupire. Visiblement, elle aimerait les lui offrir mais il lui gâche son plaisir. Au bout de quelques instants, passant du coq à l’âne, elle demande :

“Tu connais la Fée des Dents ?” [3]

De nouveau, on pourrait pendant les secondes qui suivent, entendre un ange voler tant ils sont tous surpris par incongruité de la question. Pourtant Michael ne se laisse pas démonter très longtemps et, s’accroupissant près d’elle, il lui répond avec l’air le plus sérieux du monde.

“J’en ai entendu parler, mais je ne l’ai jamais rencontrée. Pourquoi ?”

“Parce que, si tu mets ma dent sous ton oreiller, ce soir, elle viendra la chercher pendant que tu dormiras [4] et elle te laissera un cadeau en échange. La dernière fois, j’ai eu une pièce de dix centavos toute neuve. Si elle fait pareil avec toi, tu n’auras qu’à me donner la pièce pour payer les biscuits.”

“Bon, d’accord, mais si elle essaye de t’arnaquer pour ta dent, j’ai le droit de rajouter quelques centavos !” - Peu convaincue, Amalyne lui adresse une moue boudeuse. Michael ajoute d’un ton un peu trop cinglant - “Et ne fais pas cette tête, tu me rappelles Lucifer, quand tu fais ça ! Dès qu’on ne fait pas comme il veut, soit il se vexe, soit il boude.”

“Ça, Mikey, c’est une constante dans tous les univers !” - affirme Gabriel. 

Lucifer le toise en répondant : 

“Va te faire pendre, Gabe !”

Ce dernier fusille son aîné du regard pour lui signifier qu’il se moque royalement de ses piques. 

Pendant cet échange acerbe entre ses deux frères, réalisant qu’il vient de blesser Amalyne, Michael pose une main sur l’épaule de l’enfant et se penche vers elle pour murmurer, tout à fait sincère : 

“Je suis désolé, Ama ! Mes paroles ont dépassé mes pensées.” - Pour toute réponse, la fillette dépose un baiser sur la joue de l’archange surpris avant de s’éloigner en direction de la cuisine. Il se redresse et, le bout de ses doigts effleurant l’endroit du contact, il demande à Renée - “Pourquoi est-ce qu’elle a fait ça ?”

“Je vais te dire la même chose qu’à Castiel, le jour où Ann a agit de cette façon avec lui… Elle a le béguin pour toi !” 

Castiel sourit. Au moins, sur ce point, les choses se sont passées de la même façon pour lui et son double.

“Non, pitié… Je ne veux pas engendrer un nephilim avec elle…”

Renée ne peut s’empêcher de rire. Décidément, les anges ont le même problème et confondent tous affection et sexualité. Souriante, elle tente de le rassurer.

“Elle non plus, Michael, ce n’est pas ce qu’elle veut ! C’est une enfant… À son âge, le truc le plus bizarre qu’elle peut te demander de lui faire dans un lit, c’est de lui raconter une histoire où l’héroïne est une princesse prisonnière d’un dragon et qu’un beau prince nommé Michael vient délivrer… C’est normal ! Toutes les fillettes passent par là à un moment. C’est comme ça que les enfants humains apprennent à éprouver leurs futurs sentiments d’adultes. Tu veux savoir à qui je demandais ces histoires, à neuf ans ?” - Renée fait une pause et, pour ménager son suspens quelques secondes supplémentaires, s’offre un tour de table de ses compagnons en commençant par l’ange et les archanges à sa droite et terminant par Michael - “À Gabriel !”

Surpris, celui-ci, qui était en train de boire sa salsepareille, en répand la gorgée qu’il avait en bouche autour de lui et se met à rire. 

“Quoi ? Pourquoi moi ?” - demande-t-il en s’essuyant - “Pourquoi pas Castiel ?”

“Parce que Andy le monopolisait toujours quand il était présent à l’heure de nous coucher. Il a toujours refusé de le partager.”

“Moi, j’aurai trouvé la solution…” - annonça Lucifer d’un air moqueur. Désignant l’ange de la main - “Je vous aurais proposé de couper Cassandre [5] en deux et vous en auriez eu une moitié chacun pour vos contes à dormir debout.”

Renée lui adresse un sourire mauvais.

“Et si c’était toi, que je coupais en deux, hein ? À peu près par là…” - elle a posé le tranchant de sa main en travers de sa gorge, juste sous le menton - “Tu en penses quoi ?”

“Je suis un de tes oncles, tu n’oseras pas.”

“Et tu crois que je viens dans cette ville deux à trois fois par mois pour y faire quoi, si ce n’est pas pour veiller à ce que tu ne m’échappes pas ? En quatre ans, j’ai éliminé plus de tes véhicules potentiels qu’il n’y d’habitants à Tombstone… Certains n’étaient pas encore en âge de te dire ‘oui’. [6] Et j’ai reçu une très grosse prime pour chacun d’eux, alors que tu ne les avais pas utilisés… Imagine celle que j’aurai, pour cette tête-là...”

Lucifer pâlit, réalisant que Renée est sincère avec lui, et qu’elle ne l’a épargné que parce que Castiel et Gabriel sont là tous les deux et que Michael n’a pas encore exigé sa tête.

“Je ne vous laisserai pas lui faire de mal !” - affirme soudain Jack, les yeux aussi brillants que de l’or en fusion.

“Jack !” - l’intonation dans la voix de Castiel et de Gabriel est implacable. Sans s’être concertés, ils ont réagi au même instant pour stopper le jeune nephilim. Ils se regardent puis, après quelques secondes, Castiel continue, seul - “Renée ne fera rien sans en avoir reçu l’ordre direct, ou du moins la permission, tant que Lucifer ne l’attaquera pas ou ne mettra pas les gens qu’elle aime en danger.”

“Castiel a raison… Il n’a rien à craindre de moi, tant qu’il se tient tranquille, gamin. Alors calme-toi. Mais au moindre faux pas de sa part, je l’attaquerai sans…”

Renée s’est interrompue en voyant, du coin de l’œil, Amalyne qui revenait vers eux. Celle-ci s’approche, timide :

“Tata Renée... [7] Tatie, elle veut savoir si toi ou les ‘monsieurs’, [8] vous en voulez aussi, des biscuits ?”

“Attends, je vais voir ça avec eux…” - lui répond-elle avant de faire un tour de table - Bon, Castiel et Gabriel, je ne vous demande pas, je connais vos réponses…” - Elle se tourne vers Lucifer - “Toi, tu veux des biscuits.”

“Tu menaces de me tuer et après, tu me proposes des biscuits !?”

“Je n’ai pas menacé de te tuer, je t’ai demandé si tu aimerais que je te coupe en deux comme tu proposais de le faire avec Castiel, nuance !” - après quelques secondes de silence, Renée ajoute - “Alors, tu en veux ou pas ?”

“Non ! Je ne mange pas de biscuits, moi… Je ne suis pas Michael ! Ou Gabriel... ”

“Comme tu voudras… Je ne vais pas te forcer ! Et toi, euh, … Jack, c’est ça ?” - mon petit-fils hoche la tête - “Tu en veux ?”

“Je veux bien en goûter un, merci…”

Renée se tourne maintenant vers Sam et Dean. Elle n’a pas le temps de leur poser la question que l’aîné répond déjà.

“Oui, j’en veux… Une pleine boîte !”

“Dean aime beaucoup manger…” - affirme Castiel en se penchant vers Renée.

“Oui, ça doit être de famille… Henry aime beaucoup ça aussi, surtout le sucré.”

Il faut quelques secondes à Castiel, Gabriel, Michael et aux frères Winchester pour réaliser ce qu’impliquent ses paroles.

“Pourquoi dis-tu ça, Renée ?” - lui demande l’ange en trench-coat.

“Un petit instant et je te réponds…” - elle se retourne vers l’enfant qui patiente toujours - “Ama, dis à ta tante Cristina qu'en plus de la boîte pour Michael, il faut en préparer cinq pour eux ce soir et que demain, avant de repartir, j’en prendrai quatre de plus pour chez moi. D’accord ?”

“D’accord ! Une pour le shérif, cinq pour les ‘monsieurs’ et quatre demain pour toi. Je vais lui dire !” 

“Merci Ama !”

Tandis que la fillette s’éloigne de nouveau, Renée se tourne de nouveau vers Castiel. Au moment où elle va parler, Michael souffle.

“Pffff ! J’ai encore oublié de vous présenter…”

Renée se met à rire quelques secondes, apparemment peu étonnée par l’oubli de Michael. Puis elle reprend :

“Castiel, tu m’as demandé pourquoi je disais que le fait d’aimer manger du sucré devait être un trait de famille. Je ne parlais pas du goût prononcé de Gabriel à ce niveau mais ne me prend pas pour un jambon !” - lui répond-elle. - “Tes deux amis sont mes descendants… Plus éloignés que mes arrières-petits-enfants.”

Sans même penser à nier ce fait, Castiel l’interroge :

“À quel moment est-ce que tu as compris ?”

“Plusieurs éléments concordent avec cette idée. Premièrement, celui-là” - elle désigne Sam - “a la même tête que Lucifer, au point qu’Amalyne l’a pris pour lui, tout à l’heure. Deuxièmement, l’autre m’a demandé si je m’appelais ‘Winchester’. Son intonation à ce moment-là m’a indiqué que c’était un nom qui le concernait directement. Donc, soit c’est le sien, soit c’est le nom de jeune fille de sa mère ou d’une de ses grands-mères. Troisièmement, il m’a affirmé que le sosie de Lucifer était ‘son petit frère’. Quatrièmement, toi, de ton côté, tu m’as dit que leur grand-père était un Homme de Lettres. Or ils se sont installés dans notre pays il y a moins de sept ans et je les connais tous. Aucun d’eux n’est en âge d’avoir des petits-fils déjà adultes. Le fait que ces deux-là soient des Chasseurs me laisse penser que c’est leur mère qui est une Winchester et que c’est son père à elle qui était un Homme de Lettres. Et, comme le plus jeune des deux a parlé du véhicule de Michael comme de ‘leur petit frère’, tout à l’heure et que je sais depuis des années que son nom n’était pas ‘Winchester’, j’ai sans doute raison sur ce point. Et cinquièmement, quand j’étais enfant, j’ai entendu une conversation entre Andy et ton double. Ce dernier expliquait à mon frère pourquoi il me protégeait toujours en priorité quand nous étions tous les deux en danger. Il lui a dit que j’étais l’ancêtre des deux véhicules les plus puissants pour deux de ses frères. Deux véhicules, pour chacun d’entre eux… Et, comme Michael l’a dit tout à l’heure, Lucifer a tué son plus puissant véhicule, le dénommé Dean. Donc, puisque celui-ci” - de nouveau elle désigne Sam - “est le véhicule le plus puissant de Lucifer et que celui-là” - cette fois, c’est le tour de Dean - “était, ou est, celui qui devait être le plus stable des véhicules de Michael, le deuxième étant celui qu’il utilise… Ces trois-là ne peuvent qu’être mes descendants. Est-ce que je me trompe ?”

“Non, tu ne te trompes pas… pour l’essentiel.” - affirme Castiel.

“Non, enfin, juste un peu…” - répond Dean au même instant avant d’ajouter. - “Je ne sais pas si Sammy, et moi, on est vos descendants mais nous sommes des Winchester… Je veux dire, c’est notre nom de famille ! Et Adam est notre demi-frère, en fait. Il a été élevé par sa mère.”

“Dean, Sam et Adam sont les descendants de ton fils Henry.” - précise l’ange.

“Et… pour le véhicule de TON Lucifer ?” - demande Renée en parlant de Nick [9] - Est-ce qu’il est…”

Elle n’a pas le temps de terminer sa question que le principal intéressé lui répond sur un ton méprisant :

“Si tu veux vraiment savoir, et bien oui, mon véhicule actuel est un cousin éloigné de ces trois déplumés.”

Un léger sourire éclaire le visage de Jack avant qu’il ne lâche :

“Alors je suis vraiment un Winchester…”

“Non, fiston ! T’es pas un Winchester ! Parce que, les trucs que j’ai fait avec ta mère, je les ai pas fait avec Nick… Je veux dire, pas avec son corps !”

“Les ‘trucs’ que tu as fait avec sa mère… !?” - le houspille Gabriel - “Luci, tu ne peux pas appeler un chat, un chat et dire simplement que tu as couché avec elle, non ?”

Pendant que Gabriel parlait, Sam a attiré l’attention de Jack et, en se penchant vers lui, a chuchoté :

“N’écoute pas Lucifer ! Bien sûr que tu es un Winchester… Comme Cas’ et Gabe. La famille, c’est pas seulement les liens du sang, tu le sais bien. Cas’ t’aime comme si tu étais son fils et nous, on l’aime comme un frère… Tu es notre neveu, quoi qu’en pense ton père !”

“Dis donc, petit frère, rappelle-moi qui a dit qu’il avait ‘sympathisé’ avec Rowena… C’est pas toi, peut-être ? Maintenant, ose me dire que vous n’avez pas…” - tout en agitant ses doigts devant lui comme pour lancer un sort factice, Lucifer adresse une moue de dégoût à son benjamin. - “fricoté, tous les deux…” - au bout de quelques secondes de silence, il ajoute - “En huit ans, moi, j’ai couché qu’avec une seule femme ; la mère de Jack." - Prenant les autres à témoins, il ajoute - "Demandez-lui avec combien d’entre elles il l’a fait dans le même temps… Je suis certain qu’il ne le sait même pas ! Et c’est moi qu’on traite d’obsédé !”

Réalisant que tous le regardent en attendant sa réponse, le plus jeune des archanges soupire.

“Quoi ? La plupart ne comptent pas. Elles étaient juste…” - pour compléter sa réponse l’archange mime un claquement de doigt.

“Juste… un claquement de doigt ? Qu’est-ce que tu veux dire, par là, Gabe ?” - le questionne Dean.

“Je veux dire qu’elles n’étaient pas réelles, c’étaient juste des fantasmes, voilà ! En dehors des actrices, à Monte-Carlo, Rowie est la première vraie femme avec qui…” - Gêné, Gabriel marque une pause, ne sachant pas trop comment terminer sa phrase sans lui donner un côté sordide. Il se contente de de hocher la tête d’un air entendu avant d’ajouter - “tu vois... Depuis Kali. Enfin, même les actrices ne devraient pas compter, vu que je suis retourné dans le passé, à un moment antérieur à celui où il est sorti de sa cage, pour tourner ce film. Donc, mon compte en huit ans est de une seule, moi aussi !”

“Je vais te dire un truc sur ta chère Rowena, petit frère. Je lui ai offert de devenir ma reine, Trône de l’Enfer inclus… Elle a refusé… Je doute que tu puisses lui donner plus que ce qu’elle a perdu, ce jour-là !”

Gabriel réalise soudain les véritables motivations de son frère aîné.

“Mais c’est ça, en fait ! T’es jaloux parce que Rowie est ma petite-amie et qu’elle me préfère à toi ! Le jour où on s’est rencontrés, j’ai vu de la terreur dans son regard quand elle a entendu ton nom. Et, un peu plus tard, je l’ai entendu rire quand j’ai fait le guignol pour détendre l’atmosphère. Combien de fois TOI, tu l’as fait rire, avant de lui proposer ton foutu T…”


La voix de Gabriel est soudain couverte par un vacarme qui vient de l’extérieur. Les cloches de l’église toute proche se sont mises à sonner. Des coups secs, sans aucune mélodie, se succèdent à un rythme rapide. Michael et Renée se regardent mutuellement, visiblement en alerte. Ils se lèvent ensemble en s’exclamant d’une même voix :

“Le tocsin !”

Puis Michael ordonne :

“Renée, occupe-toi d’Ama et de sa famille. Tu les mets en sécurité et tu nous rejoins après…” - elle approuve d’un signe de tête - “Les autres, vous venez avec moi !”

Avant même que Michael ait fini, l’ange et les deux archanges ont déjà dégainé leurs armes respectives. Sam tire le couteau anti-démon de derrière son dos. Gabriel et Renée réalisent au même instant que ni Dean ni Jack ne sont armés. Renée récupère la carabine de Joe et ses munitions derrière le comptoir et les lance adroitement à Dean avant d’aller mettre la famille du patron du saloon à l’abri. De son côté, Gabriel dégaine le sabre de Loki qu’il cache sous son aile droite et le tend à son neveu. 

“N’hésite pas à t’en servir, gamin ! C’est peut-être moins efficace que le couteau de Sam, mais, face à des démons, ça devrait le faire assez bien…”

“Je pourrai aussi… claquer des doigts !”

Alors que les autres commencent à sortir du bâtiment, Gabriel saisit le bras de Jack et murmure.

“Oui, tu pourrais, mais évite. Je ne tiens pas vraiment à ce que le Lucifer local découvre ton existence. Il pourrait vouloir t’utiliser.”

Le jeune nephilim hoche la tête.

“D’accord, Gabriel ! C’est juste que… Je crois que j’ai peur !”

Soudain, Lucifer passe son bras autour de l’épaule de son fils et l’attire à lui.

“T’inquiète pas, fiston… Je vais te protéger, hein. C’est ton baptême du feu alors t’auras qu’à couvrir mes arrières.”

“C’est pas le bon moment pour développer ton instinct paternel, Luci !” - lance Gabriel en atteignant la porte.


Quand Lucifer et Jack arrivent à l’extérieur, un homme de vingt ou vingt-cinq ans se tient sur le parvis de l’église et tire, à coups réguliers, sur la corde de la cloche. Une grande partie de la population masculine de la ville commence à s’assembler, armes à la main. Quand le jeune adulte se retourne, tous peuvent voir qu’il est blessé, apparemment assez sérieusement. À vrai dire, il est étonnant qu’il tienne encore debout car ce que dévoile sa blessure à l’abdomen donne un haut-le-cœur à plusieurs des hommes déjà présents.

“Les dé… Les dé-dé-démons, ils-ils-ils vi-vi-vi-viennent pa-pa-pa-pa-par i-ci-ci…” - bégaie-t-il.

Le claquement sec d’une détonation les fait tous sursauter. C’est Renée qui, du haut d’un toit, vient d’abattre le pauvre malheureux d’une balle bien placée. Repoussé contre le mur du lieu consacré par l’impact, il s’effondre lentement. Ses yeux se colorent d’un noir d’encre. Puis le démon qui l’habitait quelques instant plus tôt abandonne et se dissout dans le néant, ne laissant qu’une coquille vide, affalée. Quelques uns des habitants mettent la Chasseuse en joue. Elle baisse lentement son arme.

“Vous croyez qu’il aurait survécu combien de temps, quand le démon qui se cachait en lui serait sorti ?” - les interroge-t-elle - “Michael, dis-leur ! Dis-leur qu’il n’avait aucune chance…”

“Baissez vos armes, vous autres !” - exige l’archange - “Je suis le représentant de la loi, à Tombstone. Et cette femme a agi sur mon ordre.”

J’aime quand Michael fait montre de son autorité, et, même si la plupart de ceux qui l’entourent ne sont pas des anges, tous plient devant le charisme naturel dont je l’ai doté. Les canons des fusils commencent à s’abaisser les uns après les autres. Soudain, l’un des hommes armés réalise que Sam est là, juste à côté de Michael et, sans une hésitation, il relève son fusil et s’apprête à tirer sur celui qu’il prend pour Lucifer. Une seconde détonation et il lâche son arme, touchée par un nouveau tir de précision de Renée. 

“Cet homme n’est pas Lucifer ! Alors j’abattrai quiconque tentera de le tuer, tenez-vous le pour dit !”

“Et qui crois-tu être pour donner des ordres à des hommes, femme ?” - s’exclame celui qu’elle vient de désarmer.

“C’est très simple… Je suis celle qui a fait appel à Michael… Je suis celle qui vous protège des attaques de ces démons depuis quatre ans. Et je suis…” - une puissante lumière semble soudain émaner de Renée tandis que, dans son dos, deux gigantesques d'ailes apparaissent en ombres chinoises. - “capable de tous vous réduire à l’état de soupe ! Alors maintenant, écoutez-moi… Il y a assez d’anges présents dans cette ville en ce moment pour veiller sur vos vies. Rejoignez vos familles dans les abris. Vous y serez en sécurité. Aucun démon ne vous approchera, là-bas. Et si Lucifer essaye de vous y rejoindre, je ne donne pas cher de ses plumes ! Il y a plusieurs pièges spécialement tendus à son encontre. Allez, et restez à l’abri jusqu’à ce que Michael ou moi, nous venions vous chercher.”

Comme un seul homme, tous ceux présents sur la place disparaissent derrière les portes de leurs maisons.

“Où vont-ils ?” - demande Dean et Jack d’une même voix.

“Chacune des maisons de Tombstone a un accès souterrain à un réseau de tunnels qui mènent à plusieurs abris.” - leur répond Michael - “En quatre ans comme shérif, j’ai fait creuser ce réseau, sur une suggestion de Renée. Les emplacements et la nature des pièges dont elle parlait ne sont connus que d’elle et moi. Maintenant, allons nous préparer à livrer bataille ! Les démons ne tarderont pas à arriver. Et si nos défenses leur interdisent d’entrer en ville autrement que par la route, elles ne suffiront pas à les stopper.” [10]


***


 En effet, moins de dix minutes plus tard, un groupe d’une dizaine d’entre eux en franchit la limite sud-est, là où se trouve le panneau que nous avons passé en arrivant. Seul le chef de leur petite troupe est à cheval. Les autres avancent à pied. Face à eux, sur la place, un autre groupe, composé de mes quatre fils, de Jack, de Renée et des frères Winchester les attend.

L’atmosphère est tendue. 

“Ça va être Règlements de comptes à OK Corral !” [11] - tente de plaisanter Dean.

Personne ne relève mais Sam et Gabriel sourient malgré eux. Soudain, Castiel vacille, les yeux fixés sur le démon à cheval. Pourquoi faut-il que ce soit…

“Meg !” - murmure-t-il.

Les frères Winchester se regardent mutuellement, sentant venir la catastrophe. Au moment où le cheval s’arrête à trente pas d’eux, ils tentent, d’un même mouvement, de stopper Castiel. Trop tard ! Celui-ci s’avance, comme inconscient du danger qui le guette, en direction de la démone qui le toise du haut de sa monture. D’un geste de la main, elle a pourtant stoppé toute velléité d’attaque chez les démons qui l’accompagnent. 

En arrière avec les autres, Renée, le poing serré sur la fusée [12] de son épée, fixe le dos de l’ange sans comprendre tandis qu’il s’éloigne. Elle n’a qu’une seule certitude : la démone à cheval est celle qui a retourné Castiel contre eux, il y a quatre ans de ça. Celle pour qui il a tenté de tuer Henry le jour de ses cinq ans. Elle voudrait attaquer, mais elle risquerait de blesser l’ange venu d’un autre univers. 

“Castiel ! Reviens par ici, bon sang !” - tente de le rappeler Gabriel - “Cas’ !!”

“Inutile de t’époumoner, Gabe ! Cette démone, c’est son premier béguin…”

Pendant ce temps, il l’a rejointe et se tient maintenant à quelques centimètres du cheval. Il sent le souffle chaud de l’animal sur le dos de sa main et le flatte à l’encolure.

“Coucou, mon ange !” - au moins, ça, ça n’a presque pas changé. - “Je te croyais mort, mon chou !” 

Un bonheur infini éclaire le visage de l’ange en trench-coat. Meg est là, face à lui, vivante. Il émane d’elle cette même beauté obscure qui l’a envoûté, il y a des années. Celle d’une âme, brisée par les tortures infernales, et qui ne demande pourtant qu’à être secourue. Il tend les bras vers elle tandis qu’elle se penche en avant pour descendre de sa monture. Il la retient et, à peine ses pieds ont-ils touché le sol qu’il la presse contre lui et l’embrasse, mettant dans ce contact toute son affection pour la démone et tous les espoirs qu’il croyait avoir perdu avec elle.

“Meg… Je t’ai retrouvée !”

“Et bien, Castiel... Tu ne m’avais pas embrassée comme ça depuis… notre premier baiser.”

Les larmes aux yeux, Castiel la prend dans ses bras pour lui chuchoter à l’oreille.

“Je suis désolé, Meg !”

“Désolé de quoi, Castiel ?”

“De ne pas avoir été là, avec toi… De tout ce temps qu’on a passé loin l'un de l’autre…” - Il l’attire tendrement à lui et l’enlace de son bras gauche tandis que sa main droite remonte, pratiquement en contact avec le corps de la démone. Puis il frappe, réprimant un sanglot lorsqu’il sent la pointe de son épée toucher le cœur de celle qu’il aime - “et de ça aussi, Meg…”

“Cast…” - a-t-elle le temps de balbutier avant de sombrer dans le néant.

Retenant sa chute, il la dépose au sol avec une grande douceur avant de se redresser et de déployer ses ailes. Terrorisés, les autres démons tentent de s’enfuir en abandonnant leurs vêtements de chair sur place. Malheureusement pour eux, quelqu’un semble en avoir décidé autrement : mon fils aîné, qui s’approche à son tour et qui, d’un simple claquement de doigts, jette les âmes noires au sol. Les yeux éclairés d’une lueur mauvaise, il leur dit :

“Vous me décevez… Vraiment ! Meg était mon lieutenant la plus fidèle. Elle est morte de la main d’un de mes frères et vous, au lieu de la venger, vous vous sauvez ! Vous êtes lâches et indignes de ma confiance… Disparaissez !”

Sans leur laisser le temps de fuir de nouveau, impitoyable, Lucifer claque des doigts et les dissout dans l’air.


***


 Un peu plus de deux heures plus tard, alors que la population de la ville commence à revenir, le petit groupe, lui, s’apprête à partir avec cinq grosses boîtes de biscuits ressemblant à des cookies dans les bras. Renée, qui a récupéré le cheval de Meg, nous accompagne jusqu’à l'endroit où nous avons franchit la faille. Elle a discrètement donné un peu de sa propre grâce à Gabriel pour qu’il puisse ouvrir un nouveau portail vers le Bunker des Hommes de Lettres et a accepté quelque chose qu’il lui demandait de faire pour lui après notre départ.

Le benjamin des archanges, nerveux à l’idée d’échouer encore à ouvrir cette faille, ferme les yeux. Surtout, ne pas se déconcentrer au dernier moment. Penser à Rowena, à sa peau laiteuse, à ses cheveux flamb… Non-non-non, ne pas penser à ce genre de choses avant de l’avoir retrouvée… Il lève le bras et claque des doigts. La faille s’ouvre, parfaitement stable. 

Lucifer fait mine de s’élancer mais Renée le retient par l’épaule.

“Gabriel m’a dit qu’il voulait parler avec toi, seul à seul, avant que vous ne franchissiez cette faille, alors tu attends…”

Jack, Sam et Dean sont les trois premiers à passer, chacun avec une des cinq boîtes de cookies dans les mains. Castiel et Gabriel tiennent les deux autres. L’ange en trench-coat salue l’ancêtre des Winchester d’une main, l’air passablement abattu avant de les suivre. Le plus jeune des archanges s’approche de la fissure entre les univers et, au moment de passer de l’autre côté, il se retourne, faisant face à son aîné que Renée tient toujours. Gabriel est si près de l’ouverture que, d’un simple pas en arrière, il en franchirait le seuil.

“Luci, je voulais attendre que les autres soient partis pour te demander de me payer ta dette.”

“Quoi ! T’as dit que tu payais les boissons, pas qu’on devrait te rembourser !”

“Je ne te parle pas de ça, frangin ! Je te parle de tout à l’heure, avant que j’ouvre l’autre faille, celle qui nous a conduits ici… Je t’avais dit que je choisirai le moment où tu devrais reconnaître que je suis meilleur et que je réussis parfois là où même toi, tu échoues ! Tu te souviens ?”

“Ouais ! Je m’en rappelle !” - après quelques secondes, Lucifer comprend enfin - “Quoi, tu veux que je le fasse maintenant ? Ça ne peut pas attendre qu’on soit rentrés ?”

“Non !” - lâche Gabriel, imperturbable - “J’exige que tu le fasses maintenant… Je fais ça pour éviter de t’humilier devant les Winchester et devant Jack ! Tu devrais m’en être reconnaissant… Alors, à genoux… Tout de suite !”

Lucifer ne bouge pas d’un pouce.

“On t’a dit ‘à genoux !’, Lucifer !” - lui ordonne brusquement Renée en le forçant à mettre un genou en terre et en le maintenant dans cette inconfortable position. - “Et maintenant, parle !”

Il tourne les yeux vers elle et la dévisage d’en dessous.

“Je vais m’amuser avec toi, avant de te tuer.

“Vas-y, essaye donc, pour voir… Et j’amènerai ta tête à Michael, dans un sac en toile de jute.”

“Luci, si tu faisais ce que je te demande, tu serais déjà rentré ! Alors, accélère !” - s’impatiente Gabriel.

“Bon, d’accord ! Je reconnais que tu arrives à faire des choses que je ne peux pas fai…”


Tout à coup, je me suis aperçu que Gabriel reculait, alors je me suis engouffré dans la faille avant lui. Je n’ai pas entendu la fin des excuses de Lucifer, mais mon benjamin non plus.

Quand il pose le pied sur le sol du Bunker derrière lui, je le sens soupirer de soulagement.

“C’est bon, tout le monde est là ?” - demande-t-il à la cantonade.

“Il ne reste plus que Lucif…” - lui répond Dean.

Sans même le laisser finir, Gabriel a de nouveau claqué des doigts, refermant instantanément la faille. Il se retourne vers l’aîné des Winchester.

“Pardon, Dean, tu disais.”

“Je disais que Lucifer était toujours de l’autre côté… Et tu le sais très bien, Gabe !”

“Évidemment, que je le sais ! Mais pas d’inquiétude, Renée est avec lui, elle le surveille un petit quart d’heure, histoire que je récupère ma grâce tranquillement sans qu’il ne me saute à la gorge. Et je lui ouvrirai de nouveau. Elle va lui expliquer qu’il rentrera bientôt, et entier s’il se tient tranquille !” - Gabriel jette un coup d’œil circulaire à la recherche du récipient qui contient le reste de sa grâce avant de réaliser. - “Où sont Sam et Castiel ?”

Dean lui répond :

“Quand on est arrivé, Crowley était là, en train de discuter avec Rowena et… Cas’ n’a pas apprécié de le voir dans le Bunker et il s’est barré. Sammy l’a suivi pour essayer de l’aider. Il est parti en direction des piaules.”

À peine Dean a-t-il prononcé ces mots que Sam reparaît, l’air soucieux.

“Cas’ s’est barricadé dans sa chambre. Et je crois que je l’ai entendu pleurer…”

“Pourquoi il a réagit comme ça, Baloo [13] ? Au regard qu’il m’a lancé, on aurait dit qu’il était furieux que j’existe ! Je ne lui ai rien fait…” - s’exclame Crowley.

“Pour faire court, on s’est retrouvé dans un univers où Meg était encore en vie, et Cas’ a dû la tuer… Te voir quelques heures à peine après avoir fait ça, je pense que ce n’est pas la meilleure des thérapies. Il t’en veut encore !” - lui répond le cadet des deux frères.

Discrètement, Gabriel rejoint Rowena et lui demande où se trouve sa grâce. Elle lui fait signe de la suivre. 


Quand ils réapparaissent, près de vingt minutes sont passées. Ils se tiennent par la main et ont tous les deux un sourire complice aux lèvres.

“Ça y est, j’ai fait le plein de grâce ! Ça a juste été un tout petit peu plus long que prévu.” - leur annonce l’archange sur un ton enjoué. Rowena tente d’étouffer un fou-rire, en vain. - “Rowie en a profité pour me… débloquer quelques petites tensions… Vous êtes prêts ? J’ouvre à Luci !”

Un autre claquement de doigts et, après quelques instants, Lucifer débarque en trombe.


“Referme, petit frère ! L’autre moi veut me tuer…”


_______


NOTES


   1 - cf Saison 5 épisode 19.

   2 - cf Saison 5 épisode 8.

   3 - La Fée des Dents est une “collègue” de la Petite Souris. La première opère surtout dans les pays anglo-saxons alors que la seconde s’occupe plus des pays latins.

   4 - Amalyne ignore que Michael, comme tous les anges, ne dort pas… et il n’a pas envie de le lui dire.

   5 -  … ou ‘Cassandra’. C’est le surnom que Lucifer donne à Castiel. C’est sans doute pour l’archange une façon de le traiter d’oiseau de mauvaise augure et de défaitiste, en référence à Cassandre, la Prophétesse de Troie, qu’Apollon, le dieu grec, avait condamnée à toujours prophétiser la vérité sans être jamais crue de quiconque.

   6 - Notez que Renée parle de les avoir ‘éliminés’, pas de les avoir ‘tués’. En tant que mère, elle a toujours refusé, elle les place juste sous très bonne garde, auprès d’un groupe d’anges chargés de les surveiller. En échange, elle reçoit un document qui lui permet de retirer une prime pour eux auprès de Michael. Par contre, cette exception ne s’applique qu’aux enfants…

   7 - Non, Renée n’est pas la tante d’Amalyne, mais la fillette l’appelle comme ça pour lui témoigner de l’affection.

   8 - Amalyne a prononcé ce ‘messieurs’ comme s’il s’agissait d’un singulier. D’où une orthographe inexacte en “monsieurs”.

   9 - Nick est le personnage du véhicule de Lucifer interprété par Mark Pellegrino.

   10 - La ville est protégée par un sortilège qui empêche les démons, et les anges, d’y apparaître directement. Ils n’ont donc pas d’autre choix que de prendre la route pour approcher. Et nos amis sont apparus juste à l’extérieur de cette zone, tout à l’heure.

   11 - Règlements de comptes à OK Corral est un western dont l’action se déroule à Tombstone, Arizona. Il raconte la fusillade qui opposa les 3 frères Earp (dont Wyatt) et “Doc” Holliday aux 2 frères McLaury, à Billy Claiborne et à 2 des frères Clanton, Ike et Billy). Il y eut 3 morts lors de la fusillade : les frères McLaury et Billy Clanton.

   12 - C’est une autre façon de désigner la poignée d’une épée… Et ça évite la quasi-répétition de “poing” et “poignée” dans la même phrase.

   13 - Un des surnoms de Sam, donné uniquement par Crowley.



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