New Orleans Haunted Tour

Chapitre 2 : La visite guidée

3654 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 11/02/2018 12:15

LA VISITE GUIDEE


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La nuit était tombée et contrairement à ce que Dean avait promis, ils n’avaient pas dormi douze heures, mais juste trois. A présent mêlés anonymement à la foule bigarrée qui créait à elle seule une bonne part de l’animation des rues de la ville, les frères Winchester en civil s’étaient approchés avec discrétion de la demeure qui suscitait leur attention. La maison d’angle de trois étages aux murs bleu gris semblait assez banale et presque moderne dans sa cubicité, car malgré sa réputation, elle avait été restaurée par différents propriétaires au fil des siècles.

Son accès était temporairement bloqué à leurs investigations par la présence gênante de tout un groupe serré de vingt ou trente touristes grégairement agglutinés autour d’un guide rouquin et cabotin. Ce dernier leur racontait en les exagérant les histoires effrayantes colportées par la rumeur, sur le Manoir d’une des femmes néo-orléanaise les plus connues du 19e siècle. Aussi attendaient-ils patiemment en retrait qu’ils passent à une autre étape de leur « New Orleans Haunted Tour », pour aller visiter des cimetières de vampires, ou une autre attraction du cru.

« En apparence douce et charmante, la très mondaine Delphine LaLaurie était l’une des personnalités créoles d’origine espagnole les plus en vue, expliquait le guide touristique devant l’entrée. Chacun louait sa beauté, son intelligence et la maîtrise avec laquelle elle menait les affaires qui l’avaient rendue riche en à peine quelques années. Personne ne songeait à voir dans ses veuvages successifs autre chose que le sort malencontreux s’acharnant sur une âme digne et courageuse, aimant sa famille et ses nombreux enfants. Mais ce visage aimable et charitable s’est révélé n’être rien d’autre qu’une façade. Les ors et les fastes de sa somptueuse demeure au luxe tapageur – non la maison n’est plus ouverte au public de nos jours – au luxe tapageur, disais-je, reposaient sur le travail des nombreux esclaves qu’elle possédait… ».

Dean soupira en montrant des signes d’impatience. Il se pencha vers son frère en murmurant :

— Dis, toi qui as repotassé toute l’histoire, on est encore loin de la fin ?

— Un peu. Normalement, il reste encore la découverte des esclaves pendus et charcutés, les mystérieuses disparitions inopinées, sacrifices d’animaux et maléfices divers, un enfant diabolique conçu avec l’assistance de la reine du Vaudou Marie Laveau, la colère de la foule et le bannissement en Europe.

L’aîné tourna la tête rapidement avec une mine déconfite.

— Quoi ? Tu veux dire que cette Veuve Noire n’est pas dans un cimetière local ?

— Ici, c’est plutôt des cryptes, mais non. D’après sa biographie, elle serait morte à Paris…

— Merde, ça va faire une trotte d’ici quand même, commenta Dean pensivement comme s’il réévaluait soudain tout le projet. J’espère que c’est pas elle qui hante le coin, car pour brûler ses os, ça va pas être coton…

— Ferme-la, le guide nous regarde un peu de travers… suggéra Sam en le poussant du coude.

— Non, c’est pas nous, contra Dean. C’est ce couple de vieux, là devant. Le mec n’arrête pas de faire des commentaires marrants à l’oreille de sa meuf depuis tout à l’heure…

Ils se tinrent silencieux un petit moment en écoutant les explications narrées avec force détails horrifiques que Sam avait résumées beaucoup plus rapidement à l’instant.

« Abandonnée pendant deux ans, la maison a fini par être rachetée en 1837, et son nouveau propriétaire est à l’origine de la légende qui ne s’éteindrait plus jamais. Au bout d’à peine trois mois, ce premier d’une longue liste déserta les lieux en affirmant que dès la nuit tombée, l’ensemble de la maison se mettait à résonner d’insupportables pleurs, cris et gémissements qui rendaient tout sommeil impossible. Par la suite, c’était toujours le même schéma qui se répétait… Non mais dites, vous, là, vous voulez prendre ma place peut-être ? » s’énerva le bonimenteur patenté face au touriste que Dean avait repéré comme la forte tête sceptique du lot.

Sa femme, une très jolie blonde encore exceptionnellement attirante, lui murmurait instamment de se taire en le menaçant de rentrer directement à l’hôtel s’il continuait.

Un autre touriste en bob orange, profitant de l’interruption, leva la main sans attendre une autorisation pour demander :

— Et pourquoi toutes les fenêtres sont-elles occultées ? On ne voit rien… ça craint qu’on ne puisse même pas visiter, pour le prix !

— Non, le propriétaire actuel n’est pas favorable aux visites de son bien. Il organise de temps en temps quelques soirées qui se finissent toutes assez tôt, et exige que tout le monde soit parti bien avant minuit…

— Mais pourquoi fait-il ça, s’il n’y a rien à craindre ?

— A l’exception de quelques-uns, tous ceux qui ont eu la maison se sont plaints des fantômes…

— Cette maison n’est jamais passée sur la chaîne Youtube des Ghostfacers ? demanda un jeune geek, ce qui fit grincer doucement les dents de Dean.

— Non, confirma le guide d’un ton sérieux, pas encore. Mais un jour prochain peut-être…

— Ouais, alors c’est juste une vieille baraque qu’on peut même pas voir et sur laquelle il n’y a que de vieilles histoires, quoi ! résuma une jeune adolescente gothique, particulièrement déçue.

A ce moment, une fenêtre du deuxième étage vola en éclats comme sous le coup d’une explosion, administrant fort généreusement des centaines d’échardes acérées dans toutes les directions, pendant que dans un grand cri à la limite du hululement, un corps tomba de la fenêtre avec un abominable choc mat sur le bitume, à ses pieds.

Pendant une courte seconde, personne ne dit rien, mais passé ce délai, les hurlements paniqués de la foule eurent tôt fait de retentir, tandis que les touristes de la Visite Hantée s’enfuyaient à toutes jambes tous azimuts, à l’exception de quatre personnes qui n’avaient pas bougé. Deux jeunes hommes et un couple plus âgé.

Sans s’être consultés une seule fois du regard, chacun fit un pas en direction du guide en brandissant ouvert un portefeuille de cuir noir. Tous les quatre avaient cessé de sourire pour lâcher d’un bel ensemble, les trois lettres les plus connues du monde de l’investigation…

— FBI !

 


 xXx

— Escroc !

— Has been !!

La guerre était déclarée. Debout dans la pénombre à peine suffisante d’une vaste salle de réception aux murs lambrissés surchargés de tableaux trop nombreux, deux coqs en colère se faisaient face à face, les poings serrés encore le long du corps mais le rouge déjà bien monté aux joues. Les règles de ce nouvel O.K. Corral impliquaient très certainement que le premier qui cillait avait perdu.

Appuyée à une longue table au plateau massif, entourée d’une dizaine de chaises à la tapisserie usée, Scully consternée s’était rapprochée de l'autre otage de la situation qui contemplait la scène d’un air tout aussi réprobateur qu’elle.

Assez vite, il s’était désintéressé des deux autres pour manipuler un petit objet rectangulaire sorti de sa poche, qui s’éclaira de plusieurs diodes lorsqu’il l’alluma. Intriguée, Scully le vit commencer à arpenter la pièce, tenant l’objet de façon à effectuer de toute évidence une sorte de balayage méthodique. A intervalles réguliers, le boîtier émettait des grésillements qui, de temps en temps, partaient bizarrement en vrille dans les aigus.

— Et juste pour savoir, depuis combien de temps vous vous baladez tous les deux comme ça, en utilisant de fausses identités du FBI ? s’informait Mulder.

— Depuis que j’ai assez de barbe pour me faire passer pour un adulte, soit une bonne dizaine d’années, rétorquait le séduisant chieur aux yeux menthe-à-l’eau.

— Si je découvre votre nom, c’est tout le Bureau que vous allez avoir aux fesses !

Le jeune homme ricana, se gardant de lui dire que c’était malheureusement déjà le cas, et que c’était bien l’une des raisons majeures à leurs cartes falsifiées et leurs identités multiples.

Scully avait immédiatement repéré et dûment signalé les faux badges en question à un Mulder déjà soupçonneux. Quelque chose clochait dans l’attitude de leurs prétendus « collègues » ce qui l’avait incité à ne pas les lâcher d’une semelle, juste après la chute du corps. Malheureusement, ils n’avaient guère pu faire progresser l’enquête pour l’instant.

Car quand les deux jeunes gens s’étaient furtivement introduits sans autorisation dans la maison en cassant un carreau de fenêtre, usant juste de leur aplomb naturel, Mulder avait pris des photos d’eux avec son téléphone et les avait envoyées à un ancien contact du Bureau. Ensuite, il leur avait emboîté le pas et Scully avait bien été obligée de suivre… Même si la chambre d’hôtel qui l’attendait était jolie, et qu’elle aurait rêvé de se prélasser dans le grand lit, elle ne pouvait pas laisser Mulder tout seul, car il avait l’air bizarre.

Toutefois, à peine s’étaient-ils trouvés à l’intérieur du Manoir LaLaurie que de solides panneaux de métal étaient descendus devant fenêtres et portes, en murant toutes les issues. Ils étaient pris au piège. Selon toute vraisemblance, une alarme avait dû être déclenchée par leur intrusion et des voitures de la sécurité privée et de police allaient probablement débarquer bientôt. Elle n’était donc pas spécifiquement inquiète de cette situation.

 

Le téléphone de Mulder vibra et son détenteur se mit à sourire avec satisfaction en considérant les deux autres après avoir lu le texto qui venait de s’afficher.

— Un certain Henriksen au FBI vous a reconnus et vient de répondre à la vitesse de l’éclair, déclara-t-il.

L’attitude de son vis-à-vis changea du tout au tout, ce qui rendit Mulder pleinement sûr que le casier de ces deux-là devait être particulièrement chargé. C’était dans leur aura mélancolique de desperados. Indépendamment du fait qu’il avait été profiler dans une autre vie, il avait vu suffisamment de westerns en solitaire à des heures indues, pour pouvoir se prononcer en expert sur le sujet.

— Vous voulez un nom ? Je suis l’agent Abbott et voilà mon coéquipier Costello. Nous sommes ici pour une affaire privée, qui ne vous regarde pas du tout. Et vous n’auriez jamais dû nous suivre ici, car vous venez de mettre inutilement, et stupidement, vos vies en danger. Vous allez sortir immédiatement de ce bâtiment. Costello va se faire un plaisir de vous trouver une sortie à l’étage, mais vous ferez gaffe à la marche. Le pauvre type dehors a mal calculé son coup...

— Mais pourquoi ?… Il faut juste attendre que les forces de police viennent nous ouvrir… intervint Scully qui ne voyait pas de raison de s’en faire. On leur expliquera, et on trouvera bien un moyen de...

Le détecteur bizarre de l’agent Costello émit un bruit grinçant assourdissant qui les fit tous sursauter. Il eut un sourire un petit peu confus pour eux, et un regard intense de communication non verbale pour son comparse.


Favorablement impressionnée par son calme et son sang-froid, Scully se rapprocha délibérément de lui car de son côté, Mulder n’était manifestement pas dans son état normal. Elle n’était pas sûre de pouvoir le gérer seule s’il commençait à faire des trucs dingues. Peut-être aurait-elle à compter sur l’assistance de cet homme-là qui – si on lui pardonnait l’expression – avait l’air plus “circonvenable” que l’autre…

Pour dire la vérité, durant toute cette soirée avec Mulder, elle avait eu une drôle d’impression. Il s’était montré charmant, disert, détendu. Ils avaient dîné dans l’excellent restaurant qu’il avait promis sur Bienville Street et avaient même passé une petite heure ensuite à flâner dans les rues, main dans la main, avant de prendre un verre dans un petit café animé par de l’excellent jazz quelques rues plus loin. Puis, il l’avait dirigée rue Royale, en lui parlant de la “Visite du Nouvel-Orléans hanté”. Bien sûr, elle avait levé les yeux au ciel mais il l’avait suppliée avec ce petit ton boudeur, taquin et sûr de lui auquel elle avait toujours eu du mal à résister. Quand elle avait essayé, il avait balancé qu’il comprenait bien évidemment qu’elle ait hâte de rentrer à l’hôtel mais qu’il anticipait d’être suffisamment claqué pour s’écrouler et s’endormir immédiatement. L’infect petit saligaud manipulateur lui disait ça avec un air presque innocent. Toute cette histoire était cousue de fil blanc, elle en était de plus en plus sûre.

Mais depuis qu’ils étaient là, elle le cernait très difficilement. Avec seulement deux verres d’alcool, elle ne pouvait pas considérer que Mulder était fin saoul mais son état émotionnel l’alarmait, c’était plus fort qu’elle. Toute une petite routine de diagnostic envahissait son cerveau. La colère qu’il montrait n’était pas habituelle. Il avait l’air à fleur de peau et très casse-cou. Ok, il avait toujours été un peu comme ça en vérité, mais plus depuis longtemps maintenant. Elle se demandait s’il avait d’autres médicaments dont il ne lui avait pas parlé. Et s’il l’avait faite venir pour de toutes autres raisons, soigneusement pas abordées ce soir.

 

Irritée, elle lui tourna délibérément le dos.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-elle avec une curiosité pas vraiment feinte au délinquant tranquille, en désignant l’objet qui s’emballait.

— Un détecteur… répondit-il avec un fin sourire évasif.

— Qu’est-il censé détecter ?

— Un peu de tout… Champs électromagnétiques, radiofréquences, changements de pression et d’humidité, des trucs dans le genre… C’est l’agent Abbott qui l’a perfectionné.

— C’est impressionnant mais en quoi ces informations vous sont-elles pertinentes dans vos enquêtes ? Car je suppose que vous enquêtez vraiment ?

Il la toisa de toute sa taille mais avec un sourire gentil. Il était très évident qu’il s’efforçait d’être patient et qu’il ne mordait pas à l’hameçon. Mais il n’était pas vexé le moins du monde.

Elle aurait aimé pouvoir lui dire que se retrouver enfermée dans le noir, et dans une maison prétendument hantée, n’était pas vraiment de nature à l’effrayer, étant donné tout ce qu’elle avait vu dans ses années de service aux affaires non-classées… mais il fallait que Mulder et elle restent discrets. Elle avait bien conscience que leur départ du FBI et leur retour paisible à la vie civile ne s’était fait qu’au prix de leur silence et de leur discrétion sur à peu près tous les noirs secrets du gouvernement auxquels ils avaient été confrontés. Si on les surprenait mêlés à une affaire suspecte, ayant de surcroît un vague rapport avec du paranormal, tous les accords précédents qu’ils avaient avec le Bureau pourraient très vite être rendus caducs.

— Celle qu’il faut sortir au plus vite d’ici car ce n’est pas sûr pour vous deux, répondit le jeune homme. Mon coéquipier et moi nous avons l’habitude, mais c’est hors de question d’embarquer des civils. On ne va pas attendre la police, il faut casser une fenêtre tout de suite et vous faire sortir. Vous avez vu ce qui est arrivé au malheureux qui est là dehors sur le trottoir ?

— Qui ne l’a pas vu ? Je suis docteur en médecine et légiste. La cause de la mort du cambrioleur est la fracture des cervicales quand il a heurté le pavé. C’est regrettable mais ça n’a rien de plus suspect qu’un suicide… euh… habituel. Je l’ai ausculté brièvement et il ne portait aucune marque visible, ni trace de coup, ni blessure… Vous sentez cette odeur ?

Costello opina.

— On dirait… du camphre ?

— Oui, c’est ça… acquiesça Scully vaguement impressionnée malgré elle. D’où ça peut venir ? Vous pensez qu’il y a quelqu’un d’autre ici ?

— Ecoutez madame, dit-il en posant délicatement une main sur son bras, avec un effort ne pas afficher son inquiétude, vous allez rester ici avec les deux autres pendant que je vais voir si je peux trouver quelque chose pour défoncer une fenêtre du premier étage puisque le rez-de-chaussée est condamné…

— Comment vous appelez-vous ? questionna-t-elle en essayant de le demander le plus naturellement possible.

— Mon nom n’a aucune importance. Mais vous n’aurez qu’à m’appeler… disons... Sam...

 .

"Abbott" s’interrompit sans transition dans leur dispute, distrait une minute tandis qu’il jetait un coup d’œil en biais sur son binôme.

Malgré lui l’ancien agent du FBI devait reconnaître que ce gamin avait du cran pour lui balancer sans sourciller les noms d’un vieux duo de comiques… Le plus étonnant était qu’il n’avait pas réellement l’âge de les connaître. Mais on n’était jamais à l’abri d’un peu de culture générale...

Suivant son regard, Mulder constata que le grand gars châtain à la voix grave, était en train de toucher le bras de Scully et lui parlait à voix plus basse. Le plus bizarre était qu’elle ne protestait pas en lui collant son flingue sous le nez… Il devait reconnaître qu’il adorait quand elle faisait ça. Voir ce petit bout de femme autrefois rousse avec son arme de service, et savoir qu’elle pouvait faire un très méchant carton sur ses cibles, n’avait pas manqué d’alimenter ses fantasmes pendant de nombreuses nuits insomniaques durant ses jeunes années.

— … et je crois que mon coéquipier profite que nous soyons occupés pour emballer votre meuf !

Avec un large sourire dubitatif, Mulder croisa les bras sur son tee-shirt blanc éclatant, acheté un peu plus tôt à un étal et où s’étalait un énorme I LOVE NOLA.

— Alors là, je lui souhaite bon courage ! Scully est du genre incorruptible et jamais je ne l’ai vue…

— Scully ? releva le petit bouledogue énervé.

— Ouais, vous nous servez bien vos surnoms bidons, vous avez un problème avec les nôtres ? rétorqua Fox.

— Vos surnoms c’est « Mulder et Scully » ? répéta le jeune homme à la coupe en brosse, interloqué mais soudain moins agressif et le considérant d’un autre œil.

— Pourquoi ? Vous trouvez qu’on ne ressemble pas à ceux du film ?*

— J’sais pas, avec dix-quinze ans de moins et un bon lifting, peut-être ?... Enfin j’dis pas ça pour votre blonde qui est toujours super canon… commenta-t-il avec l’œil qui frisait un peu.

Le regard du jeune homme dégoulinait avec une insistance appréciative, vraiment pas discrète, le long de la fine silhouette de Dana. Heureusement pour lui qu’elle ne regardait pas !

— … Et vous êtes super pas son genre… l’imita Mulder pour se foutre de sa gueule. Elle aime les types très intelligents qui la font sourire, et qui lisent plus de bouquins qu’elle…

A quelques pas d’eux, l’acolyte aux cheveux longs et aux canines pointues venait de lui chuchoter sournoisement quelque chose à l’oreille et le rire clair de la chirurgienne de son cœur éclata soudain comme un frais grelot tandis qu’elle s’appuyait un peu sur lui pour se stabiliser. Cela eut le don de l’énerver. Et parce qu’elle ne l’énervait pas souvent, il se demanda si elle ne faisait pas exprès...

— Je vois ça, répondit le faux agent et vrai emmerdeur avec un air malicieux en lui tapant sur l’épaule avec condescendance. Je serais vous, papy, je me méfierais quand même de Costello, là. Il a fait des études et les couvertures de ses bouquins ont des titres de trois lignes à filer la migraine…

Mulder afficha une petite moue pincée en regardant encore dans la direction des deux autres. Bien sûr qu’il était jaloux parce que qu’il l’aimait toujours (est-ce que presque vingt années pouvaient s’effacer comme ça ?) et bien sûr qu’il n’allait pas le dire. En plus, quelqu’un venait d’entrer sans fanfare dans la pièce, en ne disant strictement rien et en les observant d’un œil la fois torve et fixe, ce qui était excessivement étrange et vaguement inquiétant…


(à suivre)

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* Au sein d'X-Files il y a un mauvais film de série B qui a été fait sur eux (cf Saison 7 épisode 19 : Hollywood AD). J'en reparlerai.

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