La Reine Noire (selon moi)

Chapitre 4 : Remords, doutes et décisions

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Dernière mise à jour 09/11/2016 17:38

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  Chapitre 3 : Reords 

Le sang avait tant coulé à Tingapour ce jour-là que l’évènement avait été considéré vite comme historique. Jamais dans l’Histoire d’AutreMonde, l’Empereur ou l’Impératrice d’Omois n’avaient été victimes d’un attentat magique de cette ampleur. Et Tara Duncan n’était pas n’importe qui. Elle était connue bien avant d’être l’Héritière d’Omois. Et elle était autant appréciée dans l’Empire de ses ancêtres qu’au Lancovit, son pays natal et celui de sa mère. Cela rendit l’évènement tragique encore plus sombre qu’il ne devait l’être… Partout, une minute de silence avait été accomplie même lorsque aucun de leurs citoyens ne figuraient dans le nombre des victimes. Celles-ci étaient si nombreuses et venaient de tant de pays différents que l’incident devint planétaire. Les victimes blessées ou décédées furent immédiatement rapatriées dans leur pays d’origine. La princesse Gloria Daavil du Lancovit et son petit-ami en firent partis. Ils furent obligés de rentrer à Travia, la capitale lancovienne. Et peu de temps après, Caliban avait dû lui-aussi rentrer chez lui à Travia. Fafnir et Sylver étaient rentrés à Himlya, quant à Robin, le demi-elfe avait dû rentrer à Selenda avec son père et sa mère. Il était encore inconscient - malgré les tentatives de réanimation qu’avait effectuée Tara - lorsqu’il avait passé la porte de transfert porté par son père. Et depuis, la nouvelle Impératrice d’Omois n’avait eu aucune nouvelle de son petit-ami. Et ça la mettait très en colère ! Moineau et elle continuaient de discuter via leurs boules de cristal mais Tara n’avait plus de nouvelles de ses autres amis. La princesse du Lancovit avait rassurée son amie au sujet de Fabrice et de Cal. Tous les deux allaient bien, Fabrice était juste choqué et parlait de rentrer sur Terre où le danger serait bien moins grand. Et Cal, lui, était presque heureux car il aimait l’action et que grâce à l’incident, la formation des premiers sortceliers et des voleurs patentés était suspendue exceptionnellement. Tara pourrait être heureuse de savoir que ses amis allaient bien. Mais elle ne pensait malheureusement qu’à Robin M’angil… Et si elle n’était pas Impératrice, elle serait déjà à Selenda pour le voir et le soutenir durant sa convalescence. En fait malgré son statut d’Impériale Sortcelière, elle aurait très bien pu se rendre dans le royaume de Selenda. Mais ce serait irraisonnable de sa part ! L’Empire d’Omois était bien trop fragile depuis l’attentat autant que les relations diplomatiques entre Omois et certains pays comme Himlya et Gandis. Et Selenda ! La Reine des elfes avait annoncé officiellement que laisser un Empire comme Omois à une fillette de seize ans était une bêtise ! Evidemment, c’était insulter autant Lisbeth que sa nièce. Mais sans le terme de fillette employé par T’avila, Tara serait parfaitement d’accord avec l’elfe. Elle-même n’avait accepté cette charge à contrecœur que pour mieux assurer la défense de l’Empire d’Omois… Et Lisbeth sa tante avait eu raison à ce sujet. Omois avait besoin d’elle. Les temps étaient trop durs pour l’ancienne Impératrice. Et les évènements actuels le prouvaient d’ailleurs assez bien !        Mais ce qui énervait vraiment Tara c’était que T’avila ait décidé d’isoler Selenda, de fermer les frontières de la patrie des elfes en interdisant tout autre peuple d’entrer. Même Mévora avait dû rester à Travia. Mais Robin n’avait pas eu cette chance ! Et il n’avait pas donné signe de vie depuis l’attentat. Cela mettait vraiment Tara à bout. Et elle arpentait son palais privé de long en large en lévitant et en transformant parfois au hasard des meubles ou des courtisans en jolies petites grenouilles… Lisbeth savait sa nièce à bout de force et également à bout de nerfs, mais elle ne pouvait permettre un tel comportement de la part de Tara Duncan, l’Impératrice d’Omois. Une Impératrice digne de ce nom devait garder son calme et non transformer un palais entier en étang dès que quelque chose tournait mal dans sa vie. Bon, d’accord, elle-même avait agi en parfaite idiote dans son adolescence. Mais elle n’était pas Impératrice à l’époque… Tara quant à elle en était déjà une et elle avait bien plus de responsabilités que Lisbeth à son âge. Mais Tara était aussi très spéciale et bien plus mûre ! Les tentatives d’enlèvement et de meurtres dont elle avait été l’objet depuis son arrivée sur AutreMonde lui avaient au moins appris tout cela.

Arrivée dans le palais, Lisbeth’tylanhem alla dans les appartements privés de l’Impératrice. Elle songea avec nostalgie que ses appartements… et ce palais lui avaient appartenue pendant vingt ans. Et Tara n’était en fait sa remplaçante que depuis une semaine d’AutreMonde. Mais cela ne l’empêchait pas de ne plus se sentir chez elle dans les appartements de la jeune fille.

Mais elle n’eut pas besoin d’aller jusqu’aux appartements de Tara pour la trouver. Quand elle entra, elle remarqua tout de suite que l’ambiance était bien plus qu’électrique dans les couloirs du palais… Et aussi qu’ils étaient assez gluants. Par ci et par là, Lisbeth vit des grenouilles qui sautaient vers le jardin et d’autres vers la sortie du palais. Cela ne fit que la rendre plus furieuse. Tara devait très certainement être furieuse elle-aussi ! Elles seraient donc deux. Parfait. Lisbeth avança dans le couloir – toujours autant en colère – quand soudain elle entendit un cri très aigu. Il venait de la salle du trône privée de l’Impératrice. Lisbeth incanta et la porte s’ouvrit. La salle des trônes du Palais Impérial était gigantesque au point de ressembler à une cathédrale mais ici, elle semblait une simple salle de trône. Digne de celle du Lancovit, non bien plus grande encore ! Mais qu’importe la taille, ici ce n’était pas le plus important ! Tara avait changé le décor. Le paon pourpre aux cent yeux d’or vivant se dressait sur le mur le plus haut et le plus loin de la porte. Les murs étaient argentés et dorés mais bien moins brillants qu’avant. De plus, Tara avait coloré les roses décoratives en noir. La jeune fille portait une longue robe noire et rose, mais d’un rose si obscur qu’il semblait bordeaux, presque rouge. Rouge comme le sang. Le sang saignait toujours dans son cœur… Pourtant le deuil était terminé. Lentement et silencieusement, Lisbeth s’avança vers l’adolescente. Tara semblait avoir pleuré mais quand elle vit sa tante, elle parvint à la regarder dans les yeux, impassible et presque insensible. Ses cheveux étaient lissés mais libres. Ils atteignaient une longueur incroyable ! Ils descendaient jusqu’à ses pieds – cachés sous sa robe – mais ils n’étaient pas coiffés. Au contraire, ils étaient emmêlés. Ce qui prouvait également que la jeune fille venait de pleurer…

Tara étant assise sur le trône unique, sa tante resta debout juste à côté de l’adolescente :

« Tara’tylanhem, déclara-t-elle, je te prie de te ressaisir. Tu es Impératrice, tu ne peux pas fondre en larme ainsi.

- J’ai ordonné aux portes de ne laisser entrer personne, fulmina Tara en foudroyant sa tante du regard, comment-as-tu fais pour entrer ?

- J’ai encore un rang enviable, je suis toujours membre de la Famille Impériale et je connais ce palais bien mieux que toi.

- Peut-être mais je voulais être seule ! Je ne veux pas que tu me dises ce qui est bien pour moi !

- Je ne comptais pas le faire – même si je trouve que tu as vraiment pété un plomb avec cette histoire de grenouilles ! – je comprends ce que tu ressens…

- Non tu ne peux pas ! Tu ne peux même pas imaginer ce que je vis ! Explosa Tara. Un enfer ! Voilà ce que je vis ! Et c’est peu dire. Mes parents en Outremonde sont mille fois plus heureux que moi !

- Qu’est-ce que tu racontes Tara ? C’est n’importe quoi.

- Pas du tout, répondit Tara, et je n’exagère pas. La politique m’exaspère. Je n’ai pas une seconde à moi.

- Les crises diplomatiques ?

- S’il n’y avait que ça, soupira l’Impératrice, mais ce n’est pas le cas. J’ai perdu tout contact avec mes amis au Lancovit comme à Himlya. Et Selenda a rappelé ses elfes-chasseurs. (Ça, Lisbeth l’ignorait. Ça faisait partie des secrets d’Etat auxquels elle n’avait plus libre accès… La jeune femme se demandait si abdiquer avait été la meilleure solution et en regardant sa nièce, elle doutait de son choix. Mais elle connaissait Tara et savait très bien que la jeune fille allait vite se ressaisir. Elle n’avait même pas besoin d’elle pour ça mais Lisbeth voulait lui donner un petit coup de pouce.) Je n’ai eu aucune nouvelle de Robin depuis une semaine !

- C’est donc pour ton petit-ami demi-elfe que tu t’inquiètes tant ? »

Tara Duncan rougit et baissa les yeux. Elle avait honte de ses crises de colères – qui sur Terre auraient été bien punies par Isabella sa grand-mère maternelle – mais elle n’arrivait pas à se contrôler ! Ses amis avaient été les victimes d’un attentat. Un attentat contre elle… Et Tara ne voyait qu’une personne capable d’une telle cruauté et pourtant Magister ne pouvait avoir été à l’origine de l’attentat. S’il avait fonctionné, les deux dernières héritières de Demiderus seraient mortes. Condamnant ainsi les Objets Démoniaques à ne jamais pouvoir être libérés ! Magister n’aurait jamais agi ainsi, il les désirait trop pour avoir le pouvoir absolu… Et vaincre les Dragons. Alors qui donc avait bien pu vouloir la mort de l’Impératrice d’Omois ? Un nouvel ennemi, Tara en était persuadée. Mais aucune autre tentative n’avait eu lieu. Les Sangraves étaient peut-être bien derrière tout cela, si l’attentat ne devait pas être un succès... Peut-être était-ce seulement une menace, un avertissement. Ou alors, Magister n’était plus le Maitre des Sangraves. Ce qui était impossible ! Rien ne serait jamais simple sur AutreMonde, songea Tara. Elle y avait bien réfléchi durant cette longue semaine : Si Magister était derrière tout ça et que son objectif était d’affaiblir Omois pour capturer Lisbeth ou sa nièce, et bien il avait réussi ! Les elfes s’étaient repliés sur eux-même. Et le Lancovit et ses voisins avaient formés une alliance avec Gandis et Himlya pour les protéger. Mais Omois était désormais seul. Et Tara aussi. Seul le Tatumalenchivar restait fidèle à l’Empire de Demiderus. Les loups-garous avaient décidés de rester sur leur continent et avaient rendus le corps de Selena Duncan à sa fille ainée. Tara pleurait bien sûr aussi sa mère mais moins qu’avant. Elle la savait heureuse avec son père sur Outremonde. Et elle n’avait pas menti à Lisbeth en lui disant qu’elle les enviait ! Morts, ils ne se souciaient plus de la vie et donc de la mort. N’ayant plus de nouvelles du demi-elfe, Tara craignait le pire pour son ami ! Et Mévora aussi. Moineau le lui avait dit la dernière fois qu’ils avaient pu discuter ensemble. Trois jours. Cela faisait trois jours que les deux jeunes filles n’avaient pas pu parler. Et trois jours donc que Tara n’avait aucune nouvelles d’aucun de ses amis ! Et elle le supportait vraiment mais vraiment très mal !

Elle se tourna vers sa tante et la regarda, la dévisagea en silence. N’étant plus Impératrice, Lisbeth’tylanhem T’al Barmi Ab Santa Ab Maru portait une simple robe bleue marine qui mettait en  valeur ses yeux du même bleu profond que ceux de sa nièce. Ses cheveux blonds étaient tressés et pendaient presque jusqu’à ses genoux. Elle ne portait plus de couronnes mais un simple diadème d’argent serti de pierres précieuses, des saphirs, aussi brillants qu’auparavant. Le paon pourpre aux cent yeux d’or était encore présent sur la poitrine de Lisbeth mais bien moins imposant que sur la robe de l’Impériale Sortcelière. Il était vivant comme avant mais bien moins mis en valeur. Elle restait majestueuse, impériale… Mais quelque chose dans les prunelles de ses yeux bleus, une étincelle de force d’esprit, avait disparu. Lisbeth ne portait plus sur ses frêles épaules une lourde charge comme avant. Elle était plus libre et avait perdu sa sévérité, son implacabilité et l’aura de pouvoir qui l’enveloppait jadis. Elle était aussi belle qu’avant mais moins brillante. Et ça ne la rendait que plus magnifique. Tara aussi avait changé. Mais dans ses pleurs, on ne pouvait voir l’incroyable métamorphose qu’elle avait subie en devenant l’Impératrice de l’Empire d’Omois. Elle semblait n’être encore qu’une fragile jeune fille en pleurs. Mais c’était faux : Tara était bien plus courageuse que cela. Alors qu’elle pleurait sur le sort de ses amis – et surtout celui de Robin – elle réfléchissait aussi aux problèmes politiques et comment elle pourrait tous les régler. Elle avait un devoir désormais. Et si pour pouvoir se concentrer sur ce genre de choses, elle devait passer sa colère sur les pauvres courtisans du palais… Eh bien tant pis pour eux ! Et puis, elle les avait seulement transformés en grenouille… C’est mignon une grenouille ! Apparemment ça ne devait pas leur plaire. Ça n’amusait pas Tara non plus mais elle n’avait trouvé que cela pour se calmer et elle en avait vraiment besoin ! Sa tête allait presque éclater si elle ne faisait rien ! Et ce ne serait pas du tout une bonne chose !! Lisbeth dut sentir le conflit dans l’esprit de l’Impériale Sortcelière ou du moins voir qu’elle n’était pas la bienvenue car elle repartit sur ses pas. Tara le vit et se leva, soupirant, elle appela sa tante et lui proposa de rester pour l’aider à tenir le coup…

«  Ce n’est pas ma fonction. Tu es Impératrice, Tara !

- Mais je n’ai que seize ans ! C’est très dur, ma tante !

- Je vois et que puis-je y faire ?

- Je voudrais que tu restes et que tu me conseilles. Au moins jusqu’à l’issue de cette crise. Je n’y arriverais pas seule ! »

Lisbeth sourit. Ainsi, sa nièce avouait avoir besoin d’aide. Rien n’interdisait une Impératrice d’être aidée par son prédécesseur. Lisbeth n’avait jamais eu cette chance : Sa mère était morte avant qu’elle n’ait été couronnée… Et elle était bien plus âgée que sa nièce. Sans trahir ses émotions, Lisbeth’tylanhem se retourna pour faire face à l’Impératrice :

« C’est d’accord, dit-elle.

- Merci ma tante. Mais j’aimerais quand même pouvoir être seule quelques instants… »

Lisbeth ne répondit rien et sortit de la pièce. Dans les couloirs, elle aperçut un crapaud baveux tout rouge de colère. Lisbeth s’étonna elle-même en… éclatant de rire.

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