Le Secret D'Aya

Alors que notre mère termina son récit, nous étions émerveillés par son conte.

— Il est temps de rentrer, les enfants, il se fait tard, dit-elle en nous regardant tendrement. Je vais te raccompagner, Aya, ajouta-t-elle en posant ses yeux sur moi.

— Je peux venir avec toi, maman ? demanda-t-il avec insistance. De toute façon, je ne vais plus voir Aya pendant longtemps… continua-t-il d’un ton contrarié.

Je me dirigeai vers lui et le pris dans mes bras. Il resserra aussitôt notre étreinte.

— Même si je pars loin, tu seras toujours là… dis-je en le regardant dans les yeux. Tu seras ici, Jin, ajoutai-je en désignant mon cœur.

— Toi aussi, répondit-il avec un sourire. Promets-moi… quand tu reviendras, tu resteras toujours avec moi, dit-il en avançant son petit doigt. Promets-le.

Je ris doucement et enroulai mon petit doigt autour du sien.

— Je te le promets, dis-je en souriant de toutes mes dents.

Notre mère s’approcha de moi, retira délicatement son pendentif, puis l’accrocha autour de mon cou. Je la regardai, perdue.

— Pourquoi m’offrir votre précieux pendentif… Jun-san ? demandai-je d’une voix hésitante.

— C’est mon cadeau, dit-elle en me tendant sa main. Il est temps d’y aller, Aya.

Je m’approchai de Jin et déposai un baiser sur sa joue, avant de lui offrir un sourire.

— Tu vas me manquer, Aya… dit-il simplement en me rendant mon sourire.

— Toi aussi, répondis-je en attrapant la main de notre mère.

— Rentre, je reviens, lance-t-elle à l’attention de Jin.

Il me sourit, mais je voyais ses yeux se remplir de larmes. Les miennes, silencieuses, roulaient déjà sur mes joues. Il fit volte-face, puis s’élança d’un pas décidé vers la maisonnette.

***

Alors que nous approchions de la demeure, ma mère s’arrêta soudainement. Je levai la tête vers elle, le regard perdu.

— Qu’y a-t-il, Aya ? demanda-t-elle en se mettant à ma hauteur.

— Mère… sais-tu que le poids que tu as posé sur mes épaules est vraiment lourd ? Un lourd secret… soufflai-je.

Mes yeux se remplirent de larmes.

— Quand pourrai-je t’appeler “maman” devant tout le monde ? Devant Jin ? Et quand pourrai-je lui dire… que je suis sa sœur ? demandai-je, la voix brisée.

Elle me prit aussitôt dans ses bras, tapotant doucement mon dos pour me calmer, avant de soupirer.

— Je sais que c’est dur de garder tout ça pour toi, dit-elle en se détachant légèrement. Mais je le fais pour vous protéger.

J’essuyai mes larmes du revers de ma main, suffoquant à moitié.

— Va en Amérique et étudie bien, en compagnie de Chihiro, ajouta-t-elle en caressant mes cheveux.

Chihiro était ma tutrice depuis ma naissance, mais aussi une amie proche de ma mère. Elle avait décidé de ne pas révéler mon identité à Jin, mon frère jumeau. Pour lui, je n’étais que sa meilleure amie. Nous avions grandi ensemble, malgré nos cinq années à peine.

Pourquoi mère avait-elle pris une telle décision ? Je n’en avais aucune idée. Sans doute pour nous protéger… mais de quoi ?

— Étudie bien, et reviens nous voir à l’occasion. Quand vous serez un peu plus grands, vous pourrez vivre ensemble, dit-elle, les yeux emplis d’espoir.

Je lui souris doucement.

— D’accord… si c’est comme ça, je veux bien, dis-je en prenant ses mains. Mais maman… promets-moi que tu prendras soin de Jin et de toi. D’accord ?

Elle hocha la tête. Je la pris dans mes bras et la serrai de toutes mes forces, comme si je ne la reverrais jamais. Une désagréable sensation m’envahissait… comme si quelque chose de terrible se préparait. Peut-être n’était-ce que mon imagination débordante.

Nous nous échangeâmes un dernier “Je t’aime” avant de pénétrer dans la propriété de Chihiro.

Pour ne pas éveiller de soupçons, je ne portais pas le nom de ma mère, Kazama, mais celui de Chihiro : Okada.