Le Secret D'Aya

Chapitre 2 : Bouleversement

962 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 14/01/2017 23:37

Dix années se sont écoulées. J’ai maintenant quinze ans.

Je n’ai plus aucune nouvelle de ma mère, ni de mon frère.

Je devais retourner au Japon il y a déjà quelques années, mais un événement majeur a bouleversé mes plans.

La mort de Chihiro. Cinq ans après avoir quitté le pays du Soleil Levant, Chihiro a été assassinée. Son meurtrier court toujours, quelque part dans la nature.

Depuis sa disparition, je suis devenue sa seule descendante… et j’ai été tout simplement obligée de suivre une formation spéciale pour pouvoir lui succéder à mes dix-huit ans.


Chihiro était une femme d’affaires respectée, dirigeant des firmes à travers le monde. Des entreprises influentes, cruciales pour l’économie et la technologie de notre pays. Voilà pourquoi elle voulait que j’étudie à l’étranger : pour acquérir une vision d’ensemble et, un jour, diriger ces firmes au mieux. Pour l’instant, un conseil composé de plusieurs PDG est à la tête de ses entreprises.


Actuellement, je me trouve dans l’avion, en direction du Japon. Je ramène avec moi la dépouille de ma tutrice défunte… une femme au grand cœur, d’une douceur extrême et au charme renversant.

C’était une grande rêveuse, pleine d’idées folles, toujours prête à imaginer l’impossible. Mais dans son travail, elle était intransigeante : tout devait être parfait.

Je ne l’oublierai jamais. Partie bien trop tôt.

Je soupirai une énième fois, posai ma tête contre le hublot et laissai mes larmes couler en silence.


À mon arrivée sur ma terre natale, je gonflai mes poumons avant de souffler longuement. J’étais partagée entre l’enthousiasme de retrouver ma famille et la tristesse de devoir leur annoncer cette terrible nouvelle.


Une fois arrivée à l’ancienne demeure de ma tutrice, je me préparai pour ses funérailles. Aux yeux du monde, j’étais sa fille unique.

Pendant la cérémonie, j’avais envoyé un homme prévenir ma famille de ma venue.


« Je suis désolée », « Courage »… Voilà ce que l’on ne cessait de me répéter.


Chihiro était la dernière survivante de sa famille : tous les autres étaient morts dans un tragique accident.

Ces gens pleuraient-ils vraiment ? Ou faisaient-ils semblant ? Combien d’entre eux étaient sincères ?


Alors que je saluais les derniers invités, je fus frappée de constater que je n’avais aperçu aucun membre de ma famille. Au bout de quelques minutes, il ne restait plus personne.


Je pris le cadre représentant ma chère mère adoptive, l’embrassai doucement et murmurais un « je t’aime ».

Je montai rapidement dans ma chambre pour me changer, puis courus vers la sortie. Mais je m’arrêtai net en voyant mon éclaireur. Croisant les bras contre ma poitrine, je le fixai en attente d’une réponse.


— Je suis désolé, mademoiselle… mais le lieu que vous m’avez indiqué est désert, dit-il en s’inclinant.


Je mis du temps à comprendre ce qu’il venait de dire.


— Pardon ?! C’est une blague ?! criai-je, choquée.


Il ne répondit pas davantage et s’éclipsa.


Alors je courus. Plus vite que jamais. Mon souffle saccadé, mes poumons en feu, je ne m’arrêtai pas jusqu’à atteindre la clairière…


Et là… plus rien.


Le vide.


La maison avait disparu. La balançoire, nos rires d’enfants… tout avait été effacé. Comme si le temps lui-même avait dévoré cet endroit.

Je tombai à genoux, incapable de comprendre. Mais au milieu du silence, une petite voix s’éleva.

Je levai la tête. Une fillette m’observait, un ruban rouge attachant sa natte.

Je m’approchai, forçant un sourire.


— Excuse-moi… sais-tu ce qu’il est arrivé aux habitants de cette maisonnette ?


Ses yeux se baissèrent.


— On nous a interdit d’en parler…

— Je t’en prie. C’étaient ma mère et mon frère. Je dois savoir, je t’en supplie…


Elle hésita. Puis, d’un ton précipité, lâcha la vérité :


— Ogre. Le dieu du combat est venu… il a tout détruit. La femme est morte. Mais le garçon… il a réussi à fuir.


Le monde s’arrêta.


Ma… mère ? Morte ?


Le mot ricochait dans mon esprit, refusant d’y entrer. Comment accepter ça ? Comment encaisser, une seconde fois, la perte d’une mère ?

La fillette me regardait, inquiète. Je serrai les poings pour ne pas m’effondrer devant elle.


— Quand… est-ce arrivé ? demandai-je, la voix tremblante.

— Il y a quelques mois, répondit-elle.


Je posai une main tremblante sur sa tête.


— Merci…


Elle sourit faiblement.


— Ce n’est rien. À bientôt.


Je la regardai s’éloigner, puis, quand elle disparut enfin de ma vue, je laissai mes larmes m’étrangler.


Cette nuit-là, je ne trouvai pas le sommeil.

Si les rumeurs étaient vraies, alors il ne restait plus qu’un seul être cher en vie : Jin.


Mon frère.


Il fallait que je le retrouve. Mais mon rôle, mon statut, cette prison dorée dans laquelle on m’avait enfermée m’empêchaient de bouger.


Fuir ? Inutile.


Je devais attendre. Attendre mes dix-huit ans. Alors, seulement, je pourrai prendre le contrôle des entreprises… et retrouver Jin.

Lui dire enfin la vérité.

Et vivre ensemble.


Je priai pour que mes espoirs ne soient pas de simples illusions. Pour qu’il soit vraiment quelque part, encore vivant.

Le lendemain, je lançai un dernier regard vers la demeure avant de monter dans la voiture qui me conduisait à l’aéroport.


Loin, une fois encore.

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