Une nuit de Terreur

Chapitre 2

1611 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 03/10/2017 01:03

Clarke gémit. Elle ouvrit la bouche et sentit de l’eau la remplir. Instinctivement, elle avala et la recracha aussitôt. Elle tourna ensuite la tête et une odeur de terre détrempée lui empli les narines. Lentement, elle se mit sur le ventre et tenta ensuite de se lever sur ses bras. Le gauche lui fit immédiatement faux bond et elle retomba dessus en hurlant de douleur.


Bras cassé… Épaule déboitée… songea-t-elle aussitôt. Je dois me lever… Il le faut !


Serrant les dents, elle prit appui sur son bras droit et constata qu’il était encore valide. Elle serra donc le gauche contre son ventre et ramena un genou sous elle, puis l’autre. Elle se redressa ensuite et leva le visage vers le ciel pour éprouver sa nuque et son cou. Des douleurs diffuses mais rien de cassé visiblement, elle pouvait bouger ses orteils dans ses bottes donc sa colonne vertébrale n’avait pas souffert.


Où suis-je… ? se demanda alors Clarke en regardant autour d’elle.


Il faisait nuit noire et il pleuvait à verse. Près d’elle, un ruisseau d’eau boueuse dévalait une pente qu’elle remonta du regard. La mémoire lui revint alors et elle se souvint du sol qui se dérobait sous ses pieds, puis de tout le pan de terre qui l’emportait avec elle en bas du ravin…


Bellamy… Maxim… Où sont-ils ?


Elle posa sa main sur un tronc d’arbres couché pour se relever et vacilla un instant. Elle porta une main à son front et regarda ensuite ses doigts.


Je saigne à la tête… J’ai dû me cogner en tombant… Quelle chute…


Quand sa vision fut nette, la jeune femme regarda autour d’elle. Elle se trouvait, pour ce qu’elle pouvait en voir à cause de la nuit, dans une ravine étroite aux parois abruptes. Il n’y avait rien d’autre que des rochers et de la terre, plus quelques troncs d’arbres renversés.


— Impossible de remonter… se désola-t-elle en regardant le sommet de la falaise noire qui se dressait devant elle. Est-ce qu’ils me croient morte ?


Clarke secoua la tête et cherche son sac à dos avant de constater qu’il était toujours sur son dos et qu’il lui avait peut-être sauvé la vie. Elle le posa laborieusement sur le sol et en tira sa fronde. Elle s’en servit pour faire une écharpe à son bras blessé. Elle remit ensuite son sac sur son dos, passa son bras dans la fronde-écharpe et décida qu’elle devait sortir de là et trouver les garçons.


— Bellamy ! appela-t-elle en escaladant un énorme rocher. Maxim !


Mais le bruit de la pluie couvrait sa voix et le tonnerre la fit brutalement sursauter. Un éclair zébra le ciel, lui permettant de voir les environs pendant quelques secondes, et cela lui confirma qu’elle se trouvait dans une ravine, mais au loin, profitant d’un second éclair, elle distingua un empilement de formes cubiques et décida de s’y diriger.


En espérant que ce soit un abri ! songea-t-elle en descendant de son rocher.



~



Puisqu’appeler ne servait à rien, l’orage ayant manifestement décidé de l’en empêcher, la jeune femme se tailla un chemin dans la boue et les rochers comme elle put. Elle mit d’interminables minutes pour parcourir une poignée de mètres et alors qu’elle se reposait en s’appuyant sur un rocher, ses oreilles se dressèrent. Elle regarda autour d’elle en cherchant son couteau à sa ceinture, mais elle ne le trouva pas.


J’ai dû le perdre pendant ma chute…


— Qui est là ? demanda-t-elle alors. Répondez !

— Ici… Par ici… entendit faiblement la jeune femme.


La voix venait de devant elle, vers la falaise. Profitant des éclairs de plus en plus nombreux, la jeune femme avança en continuant d’appeler et bientôt, elle vit une forme humaine allongée sur le sol, sur le dos.


— Maxim ! s’exclama-t-elle en se précipitant sur lui.

— Clarke !


Le cri soulagé du jeune homme lui provoqua une montée de larmes et Clarke se laissa tomber à genoux près de lui pour l’enlacer de son bras valide.


— Où sont les autres ? demanda-t-elle ensuite.

— Je ne sais pas… Quand… Quand tu as disparu dans le ravin, on a senti le sol bouger et… je me suis réveillé là… Argh !

— Tu es blessé ?

— Ma jambe, elle est coincée sous le rocher, je crois qu’elle est cassée…


Le jeune homme dodelina soudain de la tête et Clarke remarqua une profonde plaie à sa tempe. Tout le côté droit de son visage était couvert de sang. Une vérité s’imposa alors à la jeune femme : elle allait être impuissante à le sauver… Avec un bras en écharpe qu’elle ne sentait quasiment plus, elle était tout bonnement incapable de déplacer le rocher qui écrasait le jeune homme. Elle se souvint alors des premiers temps où ils avaient découvert qu’un brouillard jaune recouvrait régulièrement les environs de leur camp…


Atom… songea-t-elle en se souvenant qu’elle avait mis fin à ses jours, incapable de lui sauver la vie, le corps tout entier brulé par le brouillard acide. Non !


Elle secoua vivement la tête et attendit les éclairs pour observer les pierres qui bloquaient Maxim. Elle finit par comprendre que c’était tout un pan de goudron qui avait glissé sur lui. Ça allait être impossible à soulever, pas toute seule, et elle n’avait aucun outil pour faire levier…


— Je ne peux pas te dégager toute seule, Maxim, j’ai le bras cassé !


Le jeune homme la regarda et lui sourit doucement. Il secoua lentement la tête et Clarke comprit.


— Non, je ne te laisserai pas… souffla-t-elle en s’asseyant sur une cuisse.

— Clarke, va chercher Bellamy et les autres, je… Je n’avais même pas imaginé vivre aussi longtemps après avoir été envoyé ici… Ça ira, je te le promets, je suis en paix maintenant…


Clarke eut un sourire tendu, elle sentit sa gorge se serrer et elle caressa les cheveux trempés et boueux. Maxim sourit doucement puis ferma les yeux et Clarke laissa échapper un hoquet de douleur. Elle courba le dos et se mit à pleurer en serrant ses doigts sur les cheveux trempés. Elle n’avait pas connu Maxim suffisamment longtemps pour le pleurer sincèrement mais ils étaient liés, tous autant qu’ils étaient, dans cette navette, envoyés à la mort par les adultes. Ils étaient liés et quand ils perdaient l’un des leurs, c’était à chaque fois très dur pour eux tous...



~



J’ai froid…


Secouée de violents frissons, Clarke se redressa. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle était prostrée là. Elle leva son visage vers le ciel noir d’encre et remarqua que la pluie s’était calmée, mais il faisait toujours nuit.


Lentement, elle se releva puis, comme elle put, elle alla chercher des pierres et les empila sur le corps sans vie de Maxim, une à une. Quand elle eut terminé, elle ne sentait plus son bras indemne et le gauche lui était totalement insensible. Elle aurait dû remettre son épaule en place tout de suite, elle le savait, ainsi que réduire la fracture, mais sans aide, elle était incapable de le faire actuellement…


— Bellamy… Il faut que je retrouve les autres...


Se relevant, Clarke se détourna de la tombe et reprit son chemin en direction des blocs cubiques. La pluie avait totalement cessé et la jeune femme grelotait violemment à chaque respiration. Le froid lui prenait à présent les cuisses et les pieds et sa blessure à la tête devait sans doute être plus sérieuse qu'elle ne le pensait car elle sentait le brouillard lui envahir l’esprit entre deux moments de lucidité.


Soudain, elle buta contre une pierre et tomba face la première dans la boue en poussant un cri de surprise. Elle se releva sur son bras valide, glissa dans la boue et retomba sur le coude. Elle prit quelques secondes pour reprendre son souffle puis se remit sur ses jambes et regarda devant elle.


— J’y suis… Les formes carrées… C’est…


La jeune femme sentit la déception s’emparer d’elle. Non, ces formes cubiques qu’elle avait repérées au loin n’étaient pas un abri potentiel mais un mur, un simple mur qui avait glissé, sans doute avec le terrain… des années plus tôt, peut-être…


Clarke sentit les larmes brûlantes lui irradier ses joues glacées. Elle eut envie de tomber sur les genoux et de rester là, de s’endormir jusqu’à ce que le jour se lève, mais elle savait qu’elle ne devait pas s’arrêter, elle devait continuer à marcher, trouver Bellamy et Alex et Nathan… en espérant qu’ils ne soient pas sous des mètres de décombres eux aussi…


Ravalant son désespoir, Clarke avisa un ancien escalier, ou plutôt une sorte de gouttière en forme de marches qui remontait de façon très raide jusqu’à la route en surplomb. L’eau coulait lentement le long de ce passage mais la jeune femme ne se sentit pas la force de le gravir. Elle reprit sa marche sur quelques mètres avant, enfin, de sentir l’espoir revenir.


— Un feu ! s’exclama-t-elle intérieurement. Il y a de la lumière là-bas, quelqu’un a fait un feu !


A suivre...

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