Une nuit de Terreur

Chapitre 3

1361 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 03/10/2017 01:07

Voir un feu au milieu de toute cette noirceau, redonna un regain d’énergie à Clarke et elle se mit à trottiner puis à courir sur le sol inégal. Elle trébucha à plusieurs reprises en gardant son regard fixé sur la lueur orange qu’elle voyait au loin, se refléter contre la falaise de droite.


Soudain, elle stoppa net et glissa sur le dos. Elle regarda le ciel puis se tourna sur le flanc, puis le ventre, et s’approcha du bord du précipice qui la séparait du feu de camp dont elle avait aperçu la lueur orangée.


— Des Terriens… soupira-t-elle, dégoûtée.


En effet, à une dizaine de mètres en contrebas d’elle, un campement Terrien avait été dressé là. Trois tentes, un grand feu central, et une demi-douzaine des guerriers. Pas question donc de les rejoindre.


Clarke s’éloigna du rebord, dépitée, et se traîna jusqu’à un arbre entre les racines duquel elle se pelotonna. Elle décida de baisser les bras, que de toute façon, elle ne pouvait pas aller plus loin, elle ne…


Et ce fut le trou noir.



~



— Elle est là ! Bellamy ! Elle est là !


Clarke voulu ouvrir les yeux mais elle n’en avait pas la force. Elle entendait des voix indistinctes, sinon celle qui avait crié. Une main se posa alors sur son épaule blessée et elle eut un violent frisson de douleur. Incapable de bouger, elle était épuisée.


— Bellamy, elle est très faible… Et blessée…


Nathan…


Clarke reconnaissait son accent roulé. Il venait d’une station où tous avaient le même petit accent et il était le seul à l’avoir sur le camp.


— Il faut la ramener à l’abri.


Bellamy…


Sa voix grave tira Clarke de son brouillard et elle entrouvrit les yeux. Entre ses cils, elle vit une forme sombre s’approcher d’elle et bientôt, on l’enlevait du sol détrempé, un bras glissé sous ses genoux, l’autre dans son dos. Quand elle bascula contre le torse de Bellamy – elle aurait reconnu cette musculature les yeux fermés – elle se sentit partir et se fut le trou noir. Encore une fois.


— Elle s’est évanouie, dit Nathan. Aller, ramenons-là à l’abri, je crois qu’elle a le bras cassé.

— Tu as trouvé Maxim ?


Nathan baissa le nez.


— J’ai vu sa tombe… dit-il, sombre.

— Sa…


Bellamy serra les lèvres. Quand Clarke avait disparu avec le glissement de terrain, ils avaient tous suivit involontairement le mouvement, le pan de terre n’attendant visiblement qu’eux pour foutre le camp plus bas.


Prévenus par le premier glissement qui avait emporté Clarke, ils avaient eu le temps de se préparer au suivant qui avait emporté une immense plaque de goudron morcelée. Nathan, Maxim, Alex et lui s’étaient donc cramponnés comme ils le pouvaient mais le précipice avait été plus profond qu’estimé et les plaques de goudron s’étaient disloquées en cours de route. Maxim avait disparu dans une mer de rochers et de boue et les trois autres avaient été débarrassés plus loin. Ils n’étaient pas indemnes, aucun d’eux, mais ils n’avaient que des entorses ou des égratignures…


— Dépose-la doucement…


Bellamy s’agenouilla sur le sol et déposa Clarke sur leurs vestes étalées sur le sol. Le jour se levait et le soleil pointait déjà son nez à l’horizon.


— Elle a une coupure à la tête, dit Nathan en s’approchant. Je vais aller chercher de l’eau pour la nettoyer.


Il s’éloigna aussitôt et Bellamy observa la jeune femme.


— Fait chier, je ne voulais pas qu’elle vienne ! jura-t-il. Mais elle s’est imposée et voilà le résultat !


Il donna un coup de poing dans une flaque d’eau et Alex le regarda en se mordant l’intérieur de la joue. Il reporta ensuite son attention sur Clarke et entreprit de tâter son bras cassé.


— La fracture est là, dit-il en tâtonnant au niveau du radius. Elle a l’air d’être nette.

— Tu es médecin ? grogna Bellamy.

— Non, mais je viens d’Alpha et mon père était infirmier, j’en connais un peu plus que toi sur le sujet, répliqua l’autre. Et… Oh, elle a l’épaule déboîtée. La chute a dû être violente… Bellamy, tu vas m’aider, je vais lui remettre l’épaule en place, d’abord.

— Quoi ? Comment tu vas faire ça ?


Mais Alex s’était déjà assis sur le sol et retirait sa botte détrempée. Il s’approcha alors de Clarke et cala son talon dans le creux de son bras.


— Tiens-lui fermement les épaules, dit-il en passant le bras cassé sur sa cuisse droite. Je vais faire pivoter le bras pour remettre la tête de l’os dans son emplacement. La boule que tu vois va disparaître et elle aura moins mal après…


Bellamy grimaça. Il finit cependant par obéir et il se mit à la tête de Clarke et posa une main sur son épaule droite, l’autre à la jonction de son cou et sa clavicule. Alex lui fit ensuite un signe de tête puis tira doucement sur le bras. La tête de l’humérus se relogea dans son emplacement avec un bruit sourd et Bellamy eut un haut-le-cœur. Il s’assit aussitôt et ferma les yeux en déglutissant.


— C’est bon, ça ira mieux maintenant, dit Alex. Je vais réaligner les os de son bras et j’aurais besoin de quelque chose pour faire une attelle, des planches ou des branches très droites, et de quoi les attacher.

— Je vais te chercher ça…


Pas franchement à l’aise avec les blessures en tous genre, Bellamy disparu rapidement. Nathan revint au même moment avec de l’eau dans un morceau de métal cabossé et il entreprit de nettoyer la plaie à la tête qu’avait Clarke.


— Ce n’est pas très grave, constata Alex avec soulagement. Elle en a vu d’autres. Tu veux m’aider à remettre son bras en place ?

— Ouais, je dois faire quoi ?

— Tu lui tiens bien le poignet et moi, le coude. Je vais tirer tout doucement, tu vas devoir rester bien immobile. Je vais ensuite tourner légèrement pour sentir les os se remboiter. Bellamy est partit chercher de quoi faire une attelle, répondit ensuite Alex à la question muette de Nathan.

— Ah, ok. Je suis prêt, c’est bon…


Alex hocha la tête et en quelques secondes, il remit le radius brisé de Clarke dans son alignement. Il reposa ensuite doucement le bras sur le ventre de la jeune femme et l’observa. Il repoussa des mèches blondes de son visage puis tourna la tête vers Bellamy qui furetait dans les branches basses des arbres les plus proches.


— Il n’a pas arrêté de la chercher, dit Nathan. Toute la nuit, on a sillonné la ravine…

— Je sais…

— Tu crois qu’il…

— Qu’il s’intéresse à elle ? Je ne pense pas, ils sont assez différents quand même…

— Je le trouve bizarre, quand tu l’as trouvée, il a accouru aussitôt…

— Il l’a sans doute crue morte, comme nous tous quand on l’a vue disparaître dans le ravin…


Nathan baissa le nez. Il avait vu la tombe de Maxim et même s’il avait envie de ramener son corps au camp, c’était impossible. Ils ne pouvaient même pas récupérer ses vêtements, Clarke l’ayant déjà enterré.


— Cette partie de chasse tourne au cauchemar, dit-il en se grattant le front. On va revenir bredouilles et salement amochés…


Il regarda sa main et grimaça. Il avait retiré une croûte de sang séché et maintenant, ses égratignures à l’arcade sourcilière saignaient de nouveau. Il se servit du bout de tissu qu’il avait utilisé pour Clarke, pour faire cesser le saignement.

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