Hiraeth

Chapitre 5 : Chapitre V — La douceur de la soie

6863 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 11/05/2022 16:30

Chapitre V

La douceur de la soie


 

La boutique dont avait parlé Elda se trouvait à quelques rues de l’auberge, dans la partie est de la ville. À vrai dire, il s’agissait d’une dépendance de la demeure de la famille Aretino, dans laquelle travaillait la mère de famille, Naalia. La boutique à proprement parler consistait en une simple pièce dotée d’un comptoir de bois accueillant les visiteurs et possibles clients, et d’une quantité non négligeable de vêtements de toutes sortes. Robes, tuniques, chapeaux et apparats d’hiver, on pouvait, semblait-il, y trouver tout ce que l’on désirait.

Une femme se tenait là, assise sur un tabouret, derrière le comptoir, le nez penché sur un vêtement qu’elle cousait – ou recousait. Le bruit grinçant de la porte se refermant derrière l’Impériale eut raison de sa concentration, et elle releva le visage afin de recevoir convenablement la cliente qui venait à elle.

« Bonjour à vous ! Bienvenue chez La Soie et l’Étoffe ! Que puis-je pour vous ? »

La dénommée Naalia était une bien belle femme. Ses cheveux blonds tirant sur le roux, noués en une tresse à l’arrière de la tête afin d’éviter que des mèches ne tombassent sur ses yeux gris, commençaient à blanchir malgré son jeune âge. Son visage aux traits doux, desquels émanait une puissante aura maternelle, captivait la jeune fille tandis qu’elle s’approchait timidement du comptoir.

La dépendance, bien éclairée grâce à quelques fenêtres judicieusement disposées çà et là, lui apparaissait comme un havre dans lequel se réfugiait la tailleuse pour travailler. Il n’y avait pas le moindre bruit hormis celui de leurs souffles, de ses pas sur le sol en lattes de bois. Une impressionnante étendue de robes, disposées sur des cintres de bois glissés sur une penderie, occupait une bonne partie de l’espace. Deux mannequins de couture, l'un imitant le buste d'une femme et l'autre celui d'un homme, avaient été coincés dans un coin de la pièce. Derrière le comptoir pouvait-on distinguer le plan de travail, où reposaient plusieurs rouleaux de tissu attendant d’être découpés, ainsi que tout un attirail parfaitement complet afin de coudre les pièces ensemble, et ainsi former les précieux vêtements.

« Bonjour, osa timidement la jeune fille. Je viens sur le conseil d’Elda, Elda Primaube.

– Oh, c’est Elda qui t’envoie ? sourit Naalia, dévoilant une dentition à laquelle il manquait une canine.

– Oui, fit-t-elle. Elle m’a conseillé de venir ici pour me procurer une nouvelle robe, et de nouvelles bottes. Mes vêtements… commencent à se faire bien vieux. »

Elle avait baissé le nez, un peu honteuse, de se présenter dans un tel accoutrement. N’ayant pu profiter de réel bain depuis bien trop longtemps, notamment car Ri’saad lui avait déconseillé de prendre un bain à Helgen – les Khajiits répugnaient l’eau pour la plupart, et ceux avec qui elle avait voyagé n’y faisaient pas exception –, son parfum ressemblait plus à celui d’un chien mouillé que celui d’une jeune fille. Et ses vêtements, qui n’avaient pu bénéficier d’une lessive depuis tout autant de temps, étaient aussi désagréables à porter qu’ils n’étaient odorants. La Nordique avait bien froncé du nez à son arrivée devant le comptoir, mais ne montrait aucun autre signe d’incommodité. Au contraire, elle restait souriante, agréable, maternelle.

« Tu n’es pas bien grande. Je pense que ceci pourrait t’aller. »

Elle lui montra plusieurs robes, aux nombreuses épaisseurs indispensables pour la survie en Bordeciel et à Vendeaume. Les tissus teints grâce à des plantes et autres techniques dont la jeune fille n’avait aucunement connaissance arboraient de belles couleurs ; une nuance proche de celle des bleuets, une autre qui évoquait celle du vin, ou bien d’autres rappelant la teinte du sable des bords de la Niben, du sud de Cyrodiil. Difficile de choisir, hormis la couleur elles se ressemblaient grandement. La tailleuse allait à l’essentiel ; bien qu’il s’agît de robes, un corset de cuir permettait de retenir les pans de tissu entre eux, assurant que les liens ne se défissent pas, et quelques boucles ajoutées ici et là assuraient de pouvoir fixer à sa tenue quelques accessoires. Une bourse pleine de septims, une faux pour les récoltes, ou bien une arme.

« Tu veux essayer ? » fit Naalia, ses doux yeux clairs scrutant le visage de sa cliente.

Elle regarda tour à tour les robes, et la vendeuse. Serrant les doigts de sa main droite en un poing afin de contenir la gêne qui commençait à la gagner, et à l’irriter, elle parvint à trouver le courage de la fixer droit dans les yeux. Sa voix, balbutiante aux premiers mots, reprit rapidement de l’assurance.

« Je n’oserai pas essayer des vêtements neufs et propres en étant aussi sale que ça, répondit-elle en toute franchise. Permettez-moi de prendre un bain d’abord, et de revenir pour essayer vos créations. »

Sa réponse sembla surprendre la Nordique qui resta un instant interdite, avant d’esquisser un sourire amusé, et de pouffer légèrement.

« Dans ce cas, laisse-moi m’occuper de toi. »

Elle l’invita à la suivre. Contournant le comptoir, elle se dirigea jusqu’à l’entrée, et ferma à double tour sa boutique lorsque la porte se referma derrière elles. L’Impériale obéit sans poser de questions, et se retrouva bientôt sur le seuil de la demeure voisine. Lorsque Naalia glissa une clé dans la serrure et l’ouvrit, elle comprit que la femme l’invitait tout simplement chez elle. Ne sachant trop quoi dire, elle se contenta de l’imiter, franchissant le seuil de la demeure, gravissant les escaliers de bois qui menaient au cœur de l’habitation, jusqu’à rejoindre une pièce de vie animée par les rires d’un enfant et d’une autre femme adulte tandis qu’ils jouaient ensemble.

« Vous êtes déjà de retour ? fit la Dunmer en tournant le visage vers la maîtresse de maison, et laissant le jeune garçon piailler d’impatience à ses côtés.

– J’ai une cliente un peu spéciale, répondit Naalia en esquissant un geste dans la direction de l’Impériale. Il lui faudrait un bon bain chaud. Peux-tu en préparer un ?

– C’est comme si c’était fait. »

L’elfe épousseta ses vêtements, plus par habitude que par réelle nécessité, et quitta la pièce où brûlait un feu de bois dans la cheminée de pierre, empruntant à son tour, dans le sens contraire, les escaliers.

« Rolasa va faire le nécessaire. Est-ce que je t’offre quelque chose à boire, en attendant ? »

Le ton agréable de Naalia faisait frissonner l’Impériale. C’était comme si elles se connaissaient depuis longtemps, que la Nordique était une proche amie d’un de ses parents, et qu’elle veillait sur elle de temps à autre. C’était une drôle de situation ; difficile de croire que des Nordiques – des Vendeaumois ! – pussent être aussi accueillants et désinvoltes. Elle ne ressemblait en rien à ceux qu’elle avait rencontrés précédemment, ni à ce à quoi elle s’attendait d’après les histoires qu’on lui avait racontées.

« Ne fais pas la timide. Je suis sûre que tu en as besoin. Tu n’es pas d’ici, après tout, je me trompe ? Tu n’as pas l’air d’être habituée au temps glacial de Bordeciel. »

Elle acquiesça – que pouvait-elle faire de plus ? – et, quelques secondes plus tard, elle se retrouva avec une tasse en céramique fumante dans les mains. Une tisane, infusée longuement dans une théière en fonte, attendait d’être bue.

« Dis-moi. Que viens-tu faire ici ? » interrogea doucement Naalia, l’invitant à s’asseoir sur le petit banc à l’assise rembourrée, tout en faisant de même dans un fauteuil en face d’elle.

L’Impériale regarda un instant la fumée naître au creux de ses mains et se dissiper dans les airs. Le liquide tressautait, formant de minuscules vagues, lorsque remuaient nerveusement ses genoux dont elle retenait difficilement les tremblements. La chaleur de la céramique engourdissait ses doigts et ses paumes, tout comme le feu de la cheminée réchauffait le petit chat domestique blotti sur un petit coussin, à côté du foyer de pierres.

« C’est une longue histoire, murmura-t-elle en guise de réponse. Je suis à la recherche de quelque chose, et de quelqu’un… Même si j’ignore si je le trouverai ici, en Bordeciel.

– Le monde est vaste, c’est bien vrai. Qui est cette personne ? »

Il était difficile de reprocher à Naalia son indiscrétion. La délicatesse dont elle faisait preuve était incomparable à ce qu’avait pu connaître la jeune fille. Tout du moins, depuis un moment. Quand avait été la dernière fois que quelqu’un l’avait traitée aussi bien ? Elle venait à peine de rencontrer Naalia, mais cette dernière se préoccupait d’elle de la même manière que le ferait une mère ou une grande sœur voire, à défaut, une tante ou une grand-mère. Pour l’Impériale qui n’avait jamais eu qu’une mère qu’elle ne pouvait plus appeler ainsi, c’était une sensation très étrange que de recevoir autant d’affection. La chaleur qui se dégageait de cette personne, de sa maison accueillante, lui faisait oublier le froid qui l’avait transie pendant le dernier mois, lors de sa traversée de la Brèche et d’Estemarche et, pour peu, elle ne remarquait plus l’odeur incommodante de ses vêtements et leur état pitoyable.

« C’était un ami, je crois. Difficile de dire qui j’étais pour lui, et qui il était pour moi, à vrai dire. »

Naalia haussa un sourcil, mais ne l’interrompit pas.

« Il a beau avoir pris soin de moi, nous avons été éloignés… Et j’ai le sentiment que nous ne saurons recouvrer cette distance un jour. »

La confession de l’Impériale laissa un silence pesant dans son sillage. La Nordique semblait ne savoir quoi répondre à cela. Nul doute que des formulations toutes faites, et vides de sens et de sincérité, ne sauraient réconforter la jeune fille. Mais cette dernière n’avait que faire de tout cela ; c’était à peine si elle avait besoin d’être consolée. Ses maigres espoirs la portaient vers le futur, et cela lui suffisait.

« Je suis convaincue que les Divins saurons guider tes pas, finit par répondre la femme en lui adressant un grand sourire. Si ton cœur et tes intentions sont pures, ils t’aideront à retrouver celui que tu cherches.

– Oui, je n’en doute pas, » acquiesça l’Impériale.

Mais la mélodie de sa réponse était dissonante, partition de mensonges aux faux accords.

Rolasa revint rapidement, prévenant tout relancement de la conversation. Puisque ni son employeuse ni l’invitée ne discutait, elle jugea le moment opportun pour faire son annonce.

« Le bain est prêt. Si vous voulez bien me suivre, mademoiselle, je vais vous y conduire. »

Les yeux rouges, couleur sang, de l’elfe à la peau sombre se posèrent sur le visage pâle de la jeune fille qui, après un court instant de panique et quelque peu déstabilisée, se leva et la rejoignit pour lui emboîter le pas. Juste avant qu’elles ne fussent avalées par la cage d’escaliers de bois, Naalia les retint.

« Je vais aller chercher une tenue dans la boutique, je te l’apporterai, annonça-t-elle avec enthousiasme – probablement l’impatience d’une tailleuse de voir ses créations portées. Rolasa, dispose de ses vêtements, nous irons les laver au lavoir en temps voulu.

– Bien, madame. »

La Dunmer était-elle une employée de la maison, ou bien une amie ? La frontière semblait avoir été tracée dans le sable d’un bord de mer tant elle était effacée, indiscernable. Mais la jeune fille gardait ses réflexions pour elle-même. Elle ne pouvait se permettre de s’immiscer comme cela dans la vie privée de ses bienfaitrices.

« Voulez-vous que je vous accompagne, ou bien préférez-vous être seule ? »

La voix de l’elfe résonna dans l’antichambre qui précédait la salle de bain. Une fois les marches empruntées, un petit couloir s’ouvrait depuis le sas d’entrée qu’elle avait franchi aux côtés de Naalia un peu plus tôt. Une fois les murs longés parvenait-on à une pièce quelque peu exiguë, dont la seule issue était une porte de bois quelque peu gonflée par l’humidité ambiante. Le fait de garder les pièces principales de vie à l’étage, loin des sols mouillés par la pluie et la neige, protégeait indubitablement des moisissures et des dégâts causés par les saisons qui se suivaient.

« Je pense pouvoir me débrouiller seule. Merci beaucoup. »

Rolasa ouvrit la porte, dévoilant une salle de bain à la hauteur de la richesse de la maîtresse des lieux. Elle n’avait rien à envier aux bains publics auxquels accédaient les populations les plus modestes en Cyrodiil, mais il allait sans dire que les comtes et barons disposaient de bien meilleures pièces d’hygiène, mieux protégées de l’humidité, parfois avec un sol de pierre dallé par des professionnels. Ici, les meubles reposaient à-même la pierre, la même que celle qui confectionnait les rues. La terre avait soigneusement été balayée, mais on pouvait distinguer ici et là quelques traces de l’érosion des roches. Un bac d’eau fait de bois, aux belles finitions, reposait sur un socle de métal, qui lui évitait ainsi d’être brûlé par le feu qui léchait la cuve, retenu par un foyer de pierres. Un feu magique, à en constater l’absence de bûches.

« Mes flammes s’éteignent lorsque l’eau est à température idéale, et se rallument dès lors que vous commencez à frissonner. Une belle magie de Dunmer, héritage de générations entières ! » annonça fièrement Rolasa en constatant la mine fascinée de l’invitée.

Elle lui montra, d’un rapide geste, le paravent derrière lequel elle pouvait se changer. Une structure de bois, armature de métal, et un épais rideau qui laissait difficilement filtrer la lumière pendait, dissimulant des regards la personne se cachant derrière afin de se dévêtir. Bien que le rideau fût suffisant pour empêcher les regards extérieurs sur le corps de l’Impériale, Rolasa lui tourna le dos, l’invitant à déposer ses vêtements sales dans un petit seau destiné à cet usage, un peu plus loin.

La sensation du tissu oppressant glissant le long de sa peau, désormais nue, était étonamment agréable. L’Impériale aurait cru qu’elle se sentirait trop mal à l’aise en ces lieux inconnus – c’était assez surprenant d’être ainsi invitée à se baigner chez quelqu’un qu’elle venait tout juste de rencontrer – mais, bizarrement, il n’y avait rien d’inquiétant. La promesse d’être seule dans cette pièce close la rassurait, et la perspective d’un bain salvateur lui faisait oublier toutes ses précautions.

Elle se hâta de glisser ses lambeaux de tissu, des bottes jusqu’aux sous-vêtements, dans le petit seau de bois, qu’elle fit glisser le plus loin possible du bout des orteils, jusqu’à la Dunmer. Lorsqu’elle lui fit savoir qu’elle pouvait récupérer ses affaires, bien cachée par le rideau et couvrant du mieux qu’elle pouvait son corps de ses bras et mains, celle-ci se retourna, se saisit de l’anse, et sortit de la pièce, avant d’y revenir l’espace de quelques secondes, pour poser sur une tringle de bois un cintre, où reposait une belle robe finement travaillée. Puis, sur un second support de bois, un sous-vêtement dont on devinait au premier coup d’œil le confort prit place aux côtés du premier.

« Je vous laisse tranquille, désormais. Prenez votre temps, mademoiselle, » lança la voix de la Dunmer qu’elle devinait souriante, avant de fermer la porte, pour de bon.

L’Impériale attendit quelques instants, guettant les possibles bruits de pas. Puis, lorsqu’elle eut la certitude d’être seule, elle enjamba rapidement la distance qui la séparait de la porte pour la fermer à clé. Un mince courant d’air frais se glissa depuis l’interstice du bois et de la pierre, et tout en se retournant, elle frissonna. L’eau du bain fumait légèrement, les flammes s’étaient apaisées. Aux côtés de la cuve de bois trônaient plusieurs pains de savon, dans des coupelles de bois aux inscriptions gravées. Chacun était dédié à un usage spécifique : cheveux, visage, corps. Il y avait même un savon exfoliant auquel avaient été mêlées des graines ou peu importe quel autre ingrédient visant à frotter en profondeur les peaux. Si ça n’était pas que la famille Aretino, les Vendeaumois – voire peut-être même les Nordiques tout court – semblaient avoir ritualisé le bain à un degré que l’Impériale n’avait jusqu’alors jamais constaté.

Elle se glissa dans l’eau, risquant d’abord un orteil, puis enfonçant le mollet et le reste de la jambe, à mi-cuisse immergée dans le bain. La seconde jambe suivit, puis elle enfonça son bassin, et son buste. Une fois assise au fond de la cuve, sur un petit renfoncement de bois faisant office de siège, l’eau lui arrivait jusqu’à la clavicule. Ses cheveux, qu’elle avait noués en un maigre chignon, furent rapidement relâchés. Glissant jusqu’à enfouir tout son corps, de la tête aux pieds, elle prit une inspiration qu’elle retint plusieurs secondes, savourant la douce sensation de flottement et de chaleur. Quelques bulles s’échappèrent de ses narines, et lorsque ses poumons la brûlèrent, elle remonta à la surface. Gonflant à nouveau sa poitrine de l’air vital, elle réitéra son petit manège deux ou trois fois, prolongeant à chaque fois un peu plus son temps d’apnée. Recroquevillée sur elle-même, à la manière d’un enfant grelottant dans les bras de sa mère, elle serrait de toutes ses forces ses genoux contre sa poitrine. Les mèches brunes ondulaient, libérées de la pesanteur habituelle. Et ses pensées s’envolaient comme autant de bulles qu’elle expirait doucement.

Elle se sentit presque partir, happée par l’eau retenue dans ce bac de bois et par sa douce chaleur mélancolique. Émergeant son visage une dernière fois, elle ouvrit les yeux, pour constater le plafond de bois sobre qui la protégeait de l’extérieur. Une lumière diffuse filtrait à travers les minuscules carreaux de la fenêtre placée en hauteur. Elle distinguait, fermement fixés aux murs, des socles sur lesquels l’on pouvait venir disposer des bougies afin de s’éclairer les jours où le soleil se faisait absent, ou bien lorsque l’on voulait se baigner avant le lever du soleil. Et aucun bruit autre que celui de sa respiration, du clapotis de l’eau à chacun de ses mouvements, ou des flammes magiques léchant le fond de la cuve, ne lui parvenait. C’était si agréable…

Ses yeux se fermèrent contre sa volonté. Inspirant profondément, elle enfouit de nouveau sa tête sous l’eau. Une fois de plus recroquevillée, elle repensait aux jours précédents. Le voyage, les tensions dans la charrette, les hommes qu’elle avait tués… Deux victimes de plus à son tableau, deux noms qu’elle oublierait bien rapidement, de même que leurs visages. Ses doigts se resserrèrent sur sa peau, ses ongles se plantèrent dans la chair. La douleur était passagère, elle l’ignorait. Tout ce qui lui importait était de rester dans ce havre d’eau, où les battements de son cœur se faisaient plus forts, plus bruyants, où elle se sentait plus vivante que jamais. L’urgence de remonter à la surface pour reprendre de l’air avait beau se faire ressentir, elle restait immobile, repoussant toujours plus l’inévitable. Et si elle se laissait couler, si le fond la retenait, qu’arriverait-il ? Tout en laissant ses pensées divaguer, elle attendit un peu plus. Une seconde ou deux, juste assez pour se sentir un peu mieux. Puis la délivrance tandis qu’elle reprenait son souffle, haletante. Dans ses mouvements légèrement paniqués, elle avait fait déborder l’eau, et voilà que les pierres blanches se teignaient d’un gris sale.

Elle devait s’activer, s’affairer. Elle devait encore trouver du travail. Un travail noble, qui ne nécessitait pas de tremper sa lame dans le sang. Les primes des contrats ne suffiraient pas à racheter ses dettes et à repayer ses crimes. Il lui fallait devenir une honnête citoyenne de Bordeciel.

Après tout, que dirait-il s’il voyait ce qu’elle était devenue ?

Un petit rire s’échappa des lèvres de l’Impériale. Quelle ironie. Parviendrait-elle seulement à le retrouver ? Elle n’avait aucune idée de ce qu’il avait pu advenir de cet homme. En sept ans, les choses avaient changé. Elle l’avait remarqué, grâce aux caravanes khajiites. Les Hommes étaient plus méfiants. Les Elfes aussi. Surtout les Altmers, et les membres du Thalmor. Elle avait reconnu leurs espions disséminés à travers Cyrodiil tandis qu’ils exerçaient un contrôle indirect des provinces. La Grande Guerre avait beau être terminée depuis longtemps, il en restait bien trop de traces pour tourner la page de ce chapitre de l’histoire tamrielique.

Et au milieu de tout ça, sa famille déchirée. Elle en avait eu des échos. Mais impossible de savoir ce qu’il était advenu de l’homme qu’elle cherchait. L’anneau qui pendait à son cou était un rappel constant de son souvenir, de sa quête. Elle le prit dans ses doigts, et l’observa. Ma’randru-jo avait-il raison de croire qu’il ne lui avait été donné que dans le but de l’asservir ? Non, il se trompait. Pourquoi adhérait-elle aux propos de ce stupide félin incapable de regarder les choses au-delà de sa haine viscérale ? Cet anneau n’était pas un signe d’asservissement. Il s’agissait plutôt… D’un héritage, transmis. Un lourd patrimoine dont la légèreté n’avait d’égale que le poids des sentiments qui y avaient été insufflés. De la tristesse, des regrets, et de l’amour. Bien qu’il ne fût pas enchanté, il recelait une forme de magie indescriptible qu’elle pouvait percevoir malgré son inaptitude aux arts des arcanes.

Combien de temps avait-elle passé dans l’eau ? Suffisamment pour voir la dernière phalange de chacun de ses doigts se flétrir, toutes trop gorgées d’eau. Elle se saisit d’un premier pain de savon, et commença à frotter sa peau avec. Une brosse destinée à atteindre les endroits inaccessibles tel que le dos lui fut grandement utile. Mais elle avait beau frotter, le désagréable souvenir de ces hommes revenait la hanter. Ce soldat protégé par l’Empire qui avait voulu profiter de son corps, et s’était servi un amuse-gueule lors de cette fouille. Ce barde imbus de lui-même qui avait cru pouvoir la posséder le temps d’une nuit, après l’avoir offensée. Leur sang teignait encore ses mains, et elle ne saurait les laver suffisamment pour retrouver la couleur blafarde de ses paumes. Sa peau devenait douloureuse tandis qu’elle s’acharnait à laver chaque parcelle de son corps. L’eau chaude irritait un peu plus. Lorsqu’elle n’y tint plus, elle s’enfonça de nouveau sous l’eau, où flottait à la surface quelques amas de mousse parfumée.

Quelle promesse était la plus importante ? Celle qu’elle s’était faite à elle-même – rendre l’anneau ? Ou bien celle qu’elle avait faite à Ri’saad – vivre honnêtement ? Tout se mélangeait dans sa tête. Elda et Naalia l’avaient accueillie. Nourrie, logée, aidée. Pouvait-elle refaire sa vie à Vendeaume ? La ville ne lui inspirait pas confiance. Elle sentait une défiance des Hommes à l’égard des étrangers. Les Khajiits ne pouvaient passer le pont, les Argoniens restaient parqués sur le port, et les Dunmers, discriminés dans le Quartier Gris, ne pouvaient qu’œuvrer en tant qu’employés de maison tant ils étaient détestés. Naalia semblait être en bons termes avec Rolasa, mais était-ce une amitié sincère, ou bien restait-elle avant toute chose sa supérieure, à laquelle l’elfe devait obéir sous peine d’être renvoyée ? Les relations sociales étaient déjà si compliquées, il fallait en plus que la politique s’en mêlât…

Ses poumons brûlaient. Manquant de prendre une inspiration alors qu’elle était encore sous l’eau, elle se dépêcha de regagner la surface. Un peu plus et elle faisait un premier pas vers la noyade. Elle devait se reprendre, trouver ses limites…

Ses yeux se posèrent sur le pain de savon destiné à laver les cheveux. L’empoignant – et manquant de le perdre lorsqu’il tenta de s’échapper en glissant de ses mains mouillées –, elle l’utilisa en frottant de toutes ses forces, démêlant ses mèches brunes de la crasse et la poussière accumulées lors du voyage. Plusieurs lavages furent nécessaires afin de se sentir mieux. Lorsqu’elle eut fini, l’eau s’était teinte d’une drôle de couleur, entre les nuances des pains de savons, de la mousse produite par la friction, et celles de la crasse des dernières semaines.

D’épaisses serviettes tricotées l’attendaient à côté de la baignoire. Elle en empoigna une pour y enrouler ses cheveux, et se servit de l’autre pour frotter sa peau et la débarrasser des gouttes d’eau qui s’accrochaient désespérément au duvet qui la recouvrait. Le passage appuyé et répété du tissu laissa des traces sur la chair rougissant. La jeune fille serra les dents. Elle avait mal. Mais cela faisait partie de son rituel personnel de purification. Obsédée par les traces que pouvait laisser la crasse de sa traversée de la province, et celles qu’il restait des contacts avec ces odieux hommes, ce sentiment poignant la hantait. Si elle ne lavait pas, si elle ne frottait pas jusqu’à s’arracher quelques couches de peau, jamais elle ne redeviendrait « pure ».

Mais s’il s’agissait de pureté d’âme et d’esprit… Il y avait de ça bien longtemps qu’elle ne l’était plus. À partir de quand perdait-on son innocence ? Pour certaines, c’était avec le mariage. Pour d’autre, le moment où l’on devenait apte à procréer. Pour elle, il s’était agi de son premier meurtre. Elle n’avait que dix ans alors. Et les vestiges de son acte se retrouvaient aujourd’hui encore dans son quotidien. C’était son identité. Tuer pour obtenir réparation, pour trouver justice. Punir les mauvais, repayer les victimes. Mais jusqu’où pouvait-elle aller comme ça ? Cette route n’était-elle pas terriblement dangereuse ? Il suffisait de voir où cela l’avait menée. L’exil hors de sa patrie de naissance…

Quelqu’un vint frapper à la porte. La voix de Rolasa se fit entendre.

« Mademoiselle, tout va bien ?

– Oui, balbutia-t-elle en se ruant derrière le rideau, par peur que la Dunmer pût rentrer et la découvrir nue. J’ai juste besoin d’un peu plus de temps afin de réussir à mettre le corset. Excusez-moi... »

L’employée de maison – en était-elle seulement réellement une ? – répondit une banalité, et s’éloigna de la porte. La jeune fille sortit alors de sa cachette, son corps dissimulé par la serviette, et elle fit demi-tour pour retourner derrière le paravent dès lors qu’elle eut mis la main sur les vêtements mis à sa disposition. Une chemise écru, légère et fort confortable, une robe de la couleur de la terre et dont il fallait nouer l’avant afin de le maintenir en place au niveau de la poitrine, ainsi qu’un corset en cuir finement travaillé qu’elle peina à refermer sur son ventre en se contorsionnant dans tous les sens. On lui avait fourni, avec cela, des bottes de cuir rembourrées de laine, similaires à celles qu’elle portait déjà à son arrivée. Aussi surprenant que cela pût paraître, les vêtements lui allaient tous à la perfection ; Naalia avait su prendre ses mesures en un coup d’œil, et lui trouver le nécessaire dans la foulée. Ce devait assurément être une tailleuse hors pair.

L’Impériale dénoua la serviette qui gardait ses cheveux en hauteur, et les frictionna afin de les débarrasser le plus possible de l’eau accumulée dans les mèches. Se saisissant d’une brosse, elle les démêla le plus vite possible afin de ne pas plus faire patienter ses hôtes et, à l’aide d’un petit miroir, les tressa. La longueur fit que la tresse encore imbibée lui tombait sur l’épaule, malgré quelques mèches, plus courtes, qui entouraient son visage.

La porte s’ouvrit dans un grincement, et l’air frais, dénué d’humidité, du reste de la maison la surprit en passant le seuil de la salle de bain. Rolasa l’attendait, en bas des escaliers, et vint rapidement jusqu’à elle, avant d’exécuter un rapide mouvement de la main droite en direction de la baignoire – le feu, qui s’apprêtait à se relancer pour réchauffer l’eau, s’éteignit pour de bon.

« Naalia vous attend à l’étage. Allez-y, » lui sourit-elle.

Laissant sur le pas de la porte la Dunmer qui s’apprêtait à ranger et nettoyer derrière son passage, l’Impériale gravit une nouvelle fois les marches. Là-haut, dans la pièce de vie où rougissait le bois dans la cheminée, se trouvaient Naalia et l’enfant aperçu un peu plus tôt. Un petit garçon de quatre ou cinq ans, aux cheveux bruns et aux yeux clairs.

« Comment était le bain ? s’enquit la Nordique. Était-il à ton goût ?

– Oh oui, acquiesça la jeune fille, merci beaucoup, madame. C’était exactement ce dont j’avais besoin…

– Et la robe ? Elle te plaît ?

– Je la trouve magnifique. Confortable, parfaitement à ma taille… Votre travail est époustouflant. »

Naalia retint un rire, cachant timidement sa bouche de sa main, probablement par politesse. Elle semblait cependant extrêmement ravie par ces compliments, et fière d’elle et de sa création. Invitant l’Impériale à prendre à nouveau place sur le banc, elle se détourna un instant de la conversation afin d’occuper quelque peu l’enfant qu’elle gardait sur ses genoux

« C’est votre fils ?

– Oui, il s’appelle Aventus. Son père avait choisi le nom. N’est-il pas mignon ? »

Difficile de répondre honnêtement à ce genre de question, surtout lorsque l’on avait en horreur les enfants, notamment ceux de cet âge où ils piaillaient plus qu’ils n’étaient silencieux. Elle acquiesça poliment, un sourire à moitié forcé accompagnant sa réponse. Le garçon la fixait intensément, comme s’il pouvait lire en elle. Devinait-il son passé, à travers ses yeux couleur noisette ? Elle espérait que non. Elle ne voulait pas que quiconque sût pour elle.

« Il n’est plus là ? osa-t-elle demander, bien qu’elle se doutât que la réponse ne devait pas être agréable à entendre.

– C’est une longue histoire, souffla Naalia. Il a rejoint les Sombrages, lorsqu’Ulfric a commencé à rassembler d’autres rebelles. Étonnant pour un Impérial, mais sa famille résidait en Bordeciel depuis plusieurs générations. Lui et d’autres hommes de sa faction se sont mis en tête d’attaquer des membres du Thalmor, alors de passage dans la région. Seul l’un d’eux a survécu, épargné par les soldats, pour qu’il puisse raconter tout ça et dissuader les possibles autres rebelles. »

Le petit Aventus tourna son visage vers celui de sa mère, et tendit droit devant lui ses mains, pour les poser sur les joues rougies de la femme. L’enfant ne connaîtrait jamais son père, c’était bien dommage. Mais ils semblaient bien s’en sortir, tous les deux. Pour commencer, leur famille était relativement aisée, à en voir la richesse de la demeure. Et au vu de la qualité des vêtements que confectionnait Naalia, les revenus apportés par la boutique devaient amplement suffire à maintenir cette qualité de vie. D’autant plus que Rolasa était employée ici, et devait donc toucher un salaire. Non, ils n’étaient pas en difficulté, malgré l’absence du père de l’enfant.

« C’est la vie, lorsque l’on épouse un Impérial un peu borné, rit doucement la femme, bien que le cœur n’y fût pas. J’espère juste que les choses se tasseront avec le temps, et qu’une guerre civile n’éclatera pas. C’est la dernière chose dont Bordeciel a besoin. »

Là-dessus, elles étaient toutes les deux d’accord. Certes, les motivations n’étaient pas les mêmes. L’une souhaitait que le sang ne fût pas déversé inutilement. L’autre rejoignait cette opinion, uniquement car une guerre civile la restreindrait beaucoup trop dans ses recherches. D’autant plus qu’elle risquerait ainsi de devoir prendre parti dans ce conflit qui ne la concernait guère, compromettant ses projets de retrouver ce qu’elle cherchait.

« Et toi ? Tu n’as pas de parents ? Tu es toute seule ici, non ? Si c’est Elda qui t’a conseillé ma boutique, c’est que tu as dû loger à l’auberge cette nuit… »

L’Impériale resta un instant songeuse, gardant son regard perdu dans les flammes de la cheminée.

« Oui, je suis seule. Je n’ai plus de famille, je voyageais en suivant un petit groupe de marchands itinérants jusqu’à présent. Mais nous avons dû nous séparer. »

Naalia l’observa quelques secondes, une curiosité presque infantile se dévoilant sur ses traits marqués par l’âge. Puis elle fit une proposition, qui semblait presque sortie de nulle part.

« Tu cherches un toit et un travail ? J’ai peut-être ce qu’il te faut.

– Du moment que je peux payer ma chambre à l’auberge, je peux vivre de petits contrats, vous savez.

– J’ai observé ta robe. Elle était déchirée par endroits. Et soigneusement recousue. C’est ton œuvre, non ? »

L’Impériale acquiesça timidement. Sur la charrette, avec les moyens du bord, elle avait fait ce qu’elle pouvait. Ça n’était pas du travail de professionnel, mais ça avait le mérite de bien tenir…

« Que dirais-tu de travailler pour moi ? Pour La Soie et l’Étoffe. Je t’apprendrai mes techniques, tu pourras coudre de beaux vêtements. Et avec ton salaire, tu pourras te payer une chambre à l’auberge pendant un long moment, si tu souhaites vraiment y rester. »

Un travail honnête et un salaire gagné à la sueur de son front. N’était-ce pas ce que Ri’saad voulait pour elle ? Travailler à la boutique de Naalia pouvait être le premier pas vers une nouvelle vie…

Était-elle seulement prête à rester ici, à Vendeaume ? Ne voulait-elle pas arpenter Bordeciel pour tenter de retrouver ce pour quoi elle était venue dans cette province glaciale et hostile ? Pour la première fois depuis son départ de Cyrodiil, elle était assaillie par le doute. Quelle était la chose la plus juste à faire dans ce cas ? Difficile de savoir…

« Mais j’y pense… »

Naalia ne retint pas son rire fortement amusé, et par mimétisme, Aventus la rejoignit. L’enfant semblait si joyeux, et paraissait tout prendre comme un jeu ou une plaisanterie. Son rire saccadé, alors qu’il sautait sur les genoux de sa mère, emplissait la pièce.

« Je te propose un emploi, mais j’ignore comment tu t’appelles, » pouffa la Nordique.

À cette réalisation, l’Impériale esquissa à son tour un sourire. Il était vrai qu’elle ne s’était même pas convenablement présentée. Mais cela avait du bon ; elle savait qu’avec Naalia elle pouvait être honnête.

« Je m’appelle Aemillia, déclara-t-elle. Une amie de ma mère me disait que c’était pour que je sois très maligne qu’elle m’a nommée ainsi. »

Ces mots avaient dépassé sa pensée ; un souvenir désagréable datant de plusieurs années auparavant vint l’assaillir. La figure d’un homme au regard triste hanta son regard l’espace de quelques secondes. Elle chassa cette image. Elle devait retourner dans le droit chemin. Et tant pis pour ce passé, tant pis pour cet anneau. Tant qu’elle avait Naalia, elle savait qu’elle tiendrait bon et ne romprait pas la promesse faite à Ri’saad. Gagner sa vie comme un honnête citoyen, sans ôter celle de quiconque sur son chemin. La chaleur du foyer où elle était tombée par pur hasard lui avait peu à peu fait oublier ce besoin pressant.

Oh, comme Ri’saad sera heureux d’apprendre la nouvelle !

« Bien. Alors, Aemillia, je te prends à la boutique. Tu n’y vois pas d’inconvénient ?

– Ce serait un honneur pour moi, madame.

– Appelle-moi Naalia. Et tutoie-moi, d’accord ? »

Elle acquiesça timidement. La Nordique était impressionnante, et imposait le respect. Une femme forte, sûre d’elle, et capable de tenir tête face à la vie.

« Tu commences demain. Je t’offre les vêtements, ils te seront bien plus utiles que ceux avec lesquels tu es venue frapper à ma porte. »

Elles restèrent de longues minutes encore à discuter dans la pièce de vie. Le chat, roulé en boule, leva la tête lorsqu’il entendit un cri perçant émanant de la gorge d’Aventus au moment où sa mère le fit descendre de ses genoux. S’étirant avant de se remettre en place, le félin bâilla à s’en décrocher la mâchoire, pour au final se rendormir comme si de rien n’était.

Le soleil commençait à décliner dans le ciel lorsque l’Impériale quitta les lieux. Elle voulait annoncer la bonne nouvelle aux Khajiits. S’empressant de traverser les longues rues pavées de Vendeaume, évitant les passants qui prenaient leur temps en profitant du beau ciel aux teintes chatoyantes, elle se retrouva face à l’immense porte qu’elle avait franchie la veille sans savoir ce qui l’attendait de l’autre côté.

Les gardes lui jetèrent un regard intrigué, la voyant courir à en perdre haleine sur le pont. Les employés de l’écurie restèrent indifférents – ils ne l’avaient probablement pas reconnue, une fois son visage débarrassé des peintures d’Atahbah.

Mais là où s’était étendu le campement des Khajiits la veille ne restait plus que les traces du foyer d’un feu de camp. Ils avaient déjà quitté Vendeaume, pour leur long voyage à travers Bordeciel.

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