Battlespire

Chapitre 1 : Les Piliers de Lumière

5418 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/02/2016 19:11

Agnès rajusta son manteau de fourrure autour de ses épaules et entama une pointe de vitesse. La lourde cape avait beau handicaper dans sa course, il était hors de question de s'en séparer à cause du froid glacial qui régnait à cette latitude. Et la Bretonne était habituée à bien pire que de courir avec le poids d'un simple manteau. Mieux valait laines et fourrures que l'armure lourde qu'on l'obligeait à porter à Fort Phalène lors des cross le long du Vvardenfell.

Agnès était grande selon les critères de son peuple, mais restait bien petite aux yeux des autres humains. Elle compensait par une allure athlétique, forgée par la rigoureuse instruction de la Légion. Son visage carré et anguleux aux lèvres un peu trop épaisses n'était pas désagréable à regarder faute d'être véritablement joli. Deux yeux bleus vifs et intelligents le perçaient, encadrés de cheveux bruns strictement taillés court le long de sa nuque.

Elle sentait le vent qui engourdissait son visage et la neige qui fondait dans son cou. Agnès força ses jambes à accélérer pour se réchauffer un peu plus. La blanc qui recouvrait le paysage rendait difficile de suivre la route, mais son œil exercé parvenait sans mal à repérer les cairns à moitié enseveli qui la jalonnait. Enfin, les lumières de la ville apparurent au détour d'un virage, précédent la haute silhouette sombre de l'Académie qui se détachait derrière les flocons. Fordhivers.

Agnès piqua un sprint final pour traverser la rue principale, déserte à l'exception de quelques mineurs revenants de la fosse, et d'une poignée de garde agglutinés autours d'un brasero. La Bretonne finit par ralentir progressivement en arrivant devant les marches menant à l'Académie, contrôlant parfaitement son souffle. Et c'est au petit trot qu'elle rejoignit sa chambre, hâtive de changer enfin de vêtement. Il était difficile de juger de la position du soleil à l'horizon à cause de cette météo, mais cela devait bien faire quatre heures qu'elle courrait ainsi sous la neige.

L'allure militaire d'Agnès détonnait au milieu de cet endroit peuplé d'intellectuels, et elle sentit les regards des autres élèves qui la suivait quand elle franchit les portes du pavillon de l’accomplissement, comme chaque fois qu'elle rentrait de sa course quotidienne. Elle était bien la seule ici à pratiquer un tel exercice.

L'Académie de magie de Fordhivers était l'une des plus illustres institution arcanique de tout Tamriel. L'une des plus ancienne, aussi. Des mages du monde entier affluaient vers la froide capitale de Skyrim pour y menait leur recherches. L'Académie se distinguait des autres organismes magiques par son indépendance. Elle n'était relié à aucun réseau ni factions politiques, une rareté dans ce monde où science magique et politique étaient rarement dissociables. Bien sûr, cette neutralité ne l'empêchait nullement d'entretenir des liens avec les autres institutions, tant que la science demeurait au cœur des préoccupations. Cela rendait le climat de l'Académie étrangement calme aux yeux d'Agnès.

En fait, la Bretonne n'était pas vraiment élève ici. Elle s'était justement retrouvée ici grâce à un programme d'échange avec la Guilde des Mages, dont elle était originaire. Enfin... Elle ne faisait pas vraiment non plus partie de la Guilde. Elle l'avait intégrée dans le cadre d'un partenariat avec la Légion Impériale, dans le but d'offrir un meilleur apprentissage aux légionnaires à fort potentiel magique.

Et du potentiel magique, Agnès en avait. Originaire d'une famille noble de Hauteroche, elle avait dès son plus jeune âge prouvée qu'elle avait héritée de cette caractéristique très marquée dans sa généalogie. Ses parents l'avaient placée dans une école locale afin de faire fructifier ce don. Mais elle montra au fil du temps un caractère rebelle qui découragea la plupart des ses professeurs. Et alors que ses parents avaient espérés la voir suivre une voie intellectuelle, Agnès les avaient déçus en s'enrôlant dans la Légion, méprisant totalement leurs avertissement. L'entraînement avait faillit la tuer. Mais la magie avait rapidement rattrapé la jeune fille, chez qui le séjour à l'armée avait fini par apprendre la tempérance. Ses supérieurs n'eurent aucun mal à la convaincre de s'orienter vers le rôle de mage de guerre. La Bretonne avait accepté de suivre ce cursus, la réconciliant avec ses parents pour qui la magie de guerre était finalement un bon compromis.

A partir de ça, Agnès avait enchaîné les affectations et programmes d'instructions: Morrowind, la Cité Impériale... Sa volonté, sa force et son intelligence l'avaient distingué de ses pairs et lui avaient fait grimper les échelons un à un. Aujourd'hui, elle était théoriquement titulaire du grade de légat, assez pour commander une légion mais son statut d'étudiante aspirante mage de guerre l’empêchait dans les faits de diriger quoi que ce soit. Agnès s'en moquait. Elle connaissait déjà son plan de carrière, et elle visait l'excellence. Le terme de son cursus devait la menait à intégrer la très prestigieuse et encore plus secrète XXXIIIème Légion de Mages de Guerres, dite  "Légion des Ombres", une unité d'élite hautement sélective chargé entre autre de la protection de l'Empereur et d'autres missions bien trop confidentielles pour être évoquées.

Agnès jeta sa cape détrempée sur son lit et ôta sa tunique et ses brais de cuir dans lesquels elle avait couru. Puis elle enfila la robe garnie de fourrure qui servait d'uniforme aux étudiants de l'Académie. Elle n'arrivait pas à se faire à la légèreté de cette tenue. Le poids d'au moins une cotte de maille sur ses épaules lui manquait, ici. Elle se sentait étrangement nue. Hors de question d'en porter entre ces murs. Pas plus que quoi que ce soit qui puisse rappeler son appartenance à la Légion. La Bretonne avait eu bien assez de mal à se faire accepter à cause de son affiliation au pouvoir impérial pour exposer au grand jour un quelconque signe susceptible d'offenser la sacro-sainte neutralité des lieux.

Seul son travail assidu, bien plus que la moyenne, lui avait valu d'être acceptée par les professeurs puis par les étudiants, même si elle se mêlait rarement à eux. Elle faisait preuve de grande compétences dans des domaine aussi variés comme l'enchantement, l'altération et la conjuration. La destruction n'était abordée que de manière théorique à Fordhivers, un large inconvénient à son regard de militaire. Sinon, elle passait tout son temps libre dans des exercices physiques ou à se documenter grâce aux ouvrages dénichés dans l'arcaneum. Il n'y avait que l'alchimie, bien trop frustrante, qui ne trouvait pas grâce à ses yeux mais elle arrivait néanmoins à se maintenir honorablement dans la moyenne.

Une fois changée, la Bretonne s'installa à son bureau pour se plonger dans son ouvrage en cours, un catalogue des différentes applications du mysticisme par Tetronius Lor. Elle venait d'entamer le chapitre parlant de l'utilisation de la dissipation sur soi-même quand elle fut interrompue par un acolyte qui l'appelait doucement.

— J'ai une lettre adressée au légat Agnès Kaid. Un messager est arrivé pendant que vous étiez dehors.

C'était forcément quelque chose d'officiel. Sa famille ne l'appelait jamais de manière aussi formelle. Agnès remercia l'étudiant, et attendit qu'il se soit écarté pour briser le sceau, marquer de l'emblème du dragon impérial.

 

Le : 14 ondepluie 3E389

(confidentiel)

Au légat Agnès Kaid,

 

En vertu des protocoles d'admissions formés par les articles 146 à 155 et 223-4 et suivants du Code

Militaire Légionnaire Impérial, et au nom de Sa Majesté l'Empereur Uriel Septim septième du nom,

héritier du trône de Sainte Alessia et de Tiber Septim, votre candidature au poste d'aspirante au

sein de la XXXIIIème Légion de Mages de Guerre a était validée par le Conseil des Anciens.

Cette nomination s'accompagne, conformément à votre demande initiale, d'une affection à durée

indéterminé sur la Battlespire de Mortecime, afin de compléter votre instruction et pour y passer les

tests visant à déterminer votre place au sein de la XXIIIème Légion. Aussi, veuillez dès à présent

toute affaire cessante suivre les instructions afin de vous rendre au portail principal "Piliers de Lumières."

(voir information au bas ) L'entrée en vigueur de ce décret prend date à la réception de ce message.

 

 

Artificier Clarentavius Valisius, Commandant en chef de la Battlespire de Mortecime

 

 

Protocole d'entrée :

Le titulaire de cette lettre devra se rendre à Fort Kingscrest, comté de Cheydinhal, Cyrodiil, pour

présenter au commandant de la place la présente lettre comme preuve de son identité. De plus

amples informations, ainsi que l'emplacement du portail "Piliers de Lumières" lui seront fournit là-

bas.

 

Mortecime! Agnès faillit sauter de joie à la lecture de cette lettre. Cela faisait des mois qu'elle l'attendait, depuis qu'elle avait postulée pour l'intégrer. Toutes ces années de travail acharné portaient enfin leurs fruits!

Mortecime était une Battlespire impériale, une forteresse hautement secrète flottant dans l'Oblivion qui servait de terrain d’entraînement aux mages de la XXIIIème Légion. Les Battlespires avaient été construites il y très longtemps par la dynastie de Reman Cyrodiil dans le but de servir de base aux mananautes explorant l'Aetherius. Elles avaient toutes finis par être abandonnées en même temps que le projet d'exploration spatiale, et leurs portails d'accès scellés. De ce que savait Agnès d'après son niveau d'accréditation, seule Mortecime était restée en activité après avoir été convertie en base légionnaire.

Agnès remarqua un autre feuillet derrière la missive, d'un langage plus chaleureux et écrit d'une main familière:

 

Ma chère sœur,

L'artificier Valisius a enfin fini par valider ta candidature ! Ce n'est pas faute de lui avoir répété que

tu était la meilleure, mais le bougre est dur à corrompre. Enfin, trêve de plaisanterie : ils ne t'ont

pas acceptés parce que tu est ma sœur, mais grâce à tes efforts. J'ai était le dernier informé de cette

décision, mais l'artificier m'a quand même donner l'autorisation de t'envoyer ce message. Alors,

félicitation ! Tu vas enfin pouvoir laisser derrière toi le froid de Skyrim pour découvrir qu'on se les

pèle presque autant ici. J'ai hâte de te revoir, on pourra parler plus. Et difficile d'être intime quand

on sait que cette lettre sera examinée par un millier de comités de censure.

A plus tard, et félicitation encore ! Tu le mérite.

Josian

 

Le mot que son frère avait prit la peine d'écrire pour l'occasion lui réchauffa le cœur. Ça faisait bien trop longtemps qu'elle n'avait pas vu Josian. Il avait six ans de plus qu'elle, et avait rapidement rejoint la Légion Impériale dès qu'il en avait eu l'âge. C'est son exemple qui avait poussé Agnès à abandonner l'école de magie pour faire de même, au grand damn de ses parents et professeurs.

Leur parcours était à la fois extrêmement semblable, mais très différent et tout deux s'opposaient dans une concurrence amicale: Agnès s'était élevée dans l'armée en suivant des entraînements, passants des concours et par une volonté hors-norme. Josian, lui, s'était distingué par ses qualités militaires sur le terrain, contrairement à sa sœur qui n'avait jamais participé à de vrais combats. Il avait servi de longues années dans le Marais-Noir à mater des indépendantistes Argoniens, puis s'était fait remarquer par ses supérieurs en éradiquant une secte dissidente Khajiite. A Helstrom, il avait rencontré Jagar Tharn lui-même, le Mage de Bataille personnel de l'Empereur. Il avait fait sur lui assez forte impression pour que le seigneur Tharn ne le recommande en personne pour la XXXIIIème Légion, qui dépend de son autorité directe. Les activités que Josian menait depuis étaient confidentielles, mais il devait accomplir un travail efficace puisqu'il avait inexorablement grimpé les échelons hiérarchiques et était aujourd’hui à la tête d'un bataillon d'élite. Pour l'instant, il était affecté sur la Battlespire pour l’entraînement, comme à chaque fois entre deux missions. Ce qui voulait dire qu'elle est Josian seraient bientôt réunis!

En tout cas, le message était éminemment clair: "toutes affaires cessantes". Agnès remis soigneusement la lettre dans son enveloppe et la rangea dans sa sacoche, avant de refermer son livre et de se diriger d'un pas rapide vers la tour de l'archimage.

— Des affaires urgentes m'appellent en Cyrodiil, annonça Agnès une fois les politesses d'usage terminées. Il me faut impérativement partir dès demain matin.

L'archimage, un Altmer hors d'âge, ne s'interrompit même pas dans son activité, qui consistait à trier des gemmes spirituelles par taille puis à les ranger dans une boîte. Agnès continua.

— Je pense qu'il faudra vous passer de tout les devoirs que j'étais censée rendre pour cette semaine. De même que pour le rapport que j'aurais dût rédiger à l'issu de mon séjour ici. Un exemplaire aurait également dût être destiner à la Guilde des Mages, aussi puis-je compter sur vous pour envoyer un message expliquant la situation à l'Université Arcanes ?

— Puis-je savoir de quoi il retourne ? demanda l'archimage, le nez collé à l'examen d'une gemme .

— Je suis désolée. Affaires impériales.

— Oh...

— Mon séjour ici m'a été hautement bénéfique. J'espère pouvoir revenir un jour étudier ici. Au revoir, monsieur.

L'Altmer marmonna un adieu, toujours plongé dans son travail. Agnès ne s'inquiétait pas pour l'absence de réaction de l'Archimage. Tout le monde dans cette académie flottait dans un monde irréel où seule l'étude de la magie comptait. Elle quitta la tour. Il lui fallait mettre au point son voyage. Rassembler ses affaires. Louer un cheval. Où l'acheter, puisqu'elle ne reviendrait sûrement jamais ici. La nuit serait courte, d'autant qu'elle partirait le plus tôt possible le lendemain.

 

****

 

Le voyage avait été long. Et éreintant. La Bretonne n'était pas fâchée arrivée. Elle se présenta devant la porte de Fort Kingcrest. Les légionnaires la laissèrent entrer quand ils surent les raisons de sa visite, et l'amenèrent devant leur commandant.

Le commandant Gro-Barohk était un Orque d'une taille impressionnante à la mine patibulaire. C'était peu courant que de voir des représentant de cette race atteindre un poste à responsabilité, eux qui étaient surtout utilisés comme force de frappe en première ligne. Ils n'en n'avaient ni les capacité mentales nécessaire, ni l'espérance de vie. Agnès ne s'en formalisa pas. La Légion était un véritable melting-pot, où chaque peuplade voyait ses capacités mises à contribution sans discrimination de la part des autres. Tous étaient frères au sein de l'armée Impériale et chaque légionnaire pouvait compter sur les autres.

La Bretonne lui tendit la lettre :

— Légat Agnès Kaid, XXXIIIème Légion. Je viens au rapport, conformément aux ordres qui m'ont étés transmis.

Le commandant salua. Agnès était la plus gradée des deux.

— On m'a avertit de votre arrivée. Je vous attendait plus tôt, grommela l'Orque d'une voix révèche.

— J’étais en formation à Fordhivers, expliqua Agnès. La lettre a mis du temps à venir jusqu'à moi et moi jusqu'ici.

— C'est sans importance. Je vais envoyer une escouade de mage de guerres préparer le portail. On vous a expliquer comment ça fonctionnait?

— Non. La lettre précise que vous le feriez.

— Le préfet Claude Varro dirige les mage de guerres. Il le fera mieux que moi. Il faudra compter environ une semaine avant que les Piliers de Lumière de soient prêts. Vous avez quartier-libre d'ici là, j'imagine. Si vous le voulez, Cheydinhal n'est qu'à deux jours de cheval si vous voulez passer du bon temps. Il y quelques bonnes adresses.

— Merci, je pense rester ici. J'aimerais que vous m'indiquiez l'intendance et le mess, si vous n'y voyez pas d'inconvénient. Je doit me faire rembourser mes frais de voyage, et un repas chaud ne serait pas de refus.

Le commandant appela son aide de camps.

— Reman va vous montrer où c'est. Et vous faire visiter le fort, et vous mener à vos quartiers.

Agnès remercia l'Orque et disposa. Puis elle suivi le légionnaire  lui ayant été attribué comme guide, qui marchait d'un pas vif dans les couloirs du fort en énumérant les fonctions des différentes salles.

— Vous aussi vous allez là-bas? fit il au bout d'un moment. C'est quoi exactement? On a aucune information, ici. On doit juste garder le portail et le faire fonctionner quand il y a des visiteurs comme vous.

La Bretonne secoua la tête.

— Je ne peux pas en parler, légionnaire. C'est confidentiel.

— Bien sûr, grommela le guide d'un air déçu. Ils disent tous ça.

Tu en sais déjà bien trop selon moi, mon brave.  C'était pour elle une drôle d'idée que de laisser la garde de l'accès de la Battlespire à une légion extérieur, mais ce choix était justifié par les besoins du secret: Une légion quelconque attirerait bien moins l'attention que la présence de la XXXIIIème dans ce fort reculé.Tout ce qui touchait à Mortecime était jalousement gardé sous silence. Peu de personne en connaissait l'existence, et même Agnès ne savait à son sujet que des bribes d'informations prélevés sur les quelques rapports la mentionnant auxquels elle avait accès. Et grâces à toutes les rumeurs circulant au sujet de la Battlespire dans les rangs des aspirants mages de guerre. On racontait que ce lieu était le théâtre d'expériences innommables et de tests d'armes assez puissantes pour détruire une ville d'un seul souffle. Son armurerie recèlerait des artefacts daedriques confisqués par l'Empire, prêts à être brandies contre ses ennemis par les bataillons d'élites de la Légion des Ombres.

Agnès congédia le jeune légionnaire lorsqu'il lui eu montré ses quartiers. Son grade lui permettait de disposer d'une chambre individuelle. Pas d'un grand confort : il s'agissait d'une cellule exiguës et humide, située non loin du bruit et des odeurs des cuisines. Heureusement, la Bretonne n'y passait que peu de temps. Elle profita de sa semaine pour s’entraîner dans la cour, heureuse de disposer de frères d'armes avec lesquels pratiquer l'épée ou à courir dans les montagnes, avec une armure lourde sur le dos cette fois-ci. Il arrivait qu'Agnès juge excessif son propre débordement d'énergie, puisqu'elle vomirait bientôt sang et tripes lors des exercices qui l'attendaient sur la Battlespire. Mais elle détestait l’inactivité par dessus tout et s'était un bon moyen de lui faire oublier son impatience. Je serais au moins échauffée pour la suite.

 

****

 

Le Nordique résistait. Pas comme ces deux Impériaux qui avaient eu la prétention de la battre au combat à mains nues. Le premier avait finit au sol en pissant du sang par le nez, et l'autre avait capitulé à la première clé de bras. Je n'ai pas reçu en vain le meilleur entraînement que puisse offrir la Légion. Puis le Nordique s'en été mêlé, et Agnès avait accepté le défi.  Il faisait deux têtes de plus qu'elle, et bougeait diablement vite pour un homme de cette taille. Et il est loin d'être laid. Le soleil du quatrième jour était haut dans le ciel. La Bretonne transpirait à grosse goutte malgré l'air froid.

L'adversaire tenta une prise d'immobilisation dont elle s'échappa facilement, avant de riposter.

— Légat Kaid !

Agnès martela les cuisses du Nordique d'une série efficace de coups de genoux, puis le frappa au nez alors qu'il se penchait en avant pour l'empoigner.

— Légat Kaid !

L'adversaire esquiva le second coups qu'elle porta en se baissant. Il se jeta en avant sur elle dans le même mouvement. Agnès hoqueta lorsque la tête du Nordique percuta son ventre, et tomba en arrière, écrasée sous son corps massif. Elle pivota pour reprendre l'avantage, le repoussa d'un coups de pied en évitant son bras et...

— LEGAT KAID !

— QUOI ?!

Les deux combattants cessèrent la lutte d'un commun accord, et le légionnaire Nordique, premier relevé, aida Agnès à faire de même.

— Les Piliers de Lumière sont prêts. Le commandant vous invite à rassembler vos affaires. Je suis charger de vous conduire au préfet Varro, qui s'occupe du portail.

Enfin ! jubila la Bretonne toutefois déçue de n'avoir pu achever son combat. Elle s'essuya le visage pour en chasser la sueur et la poussière, bu une gorgé d'eau et retourna immédiatement dans sa cellule faire son paquetage.

Peu de temps après, elle chevauchait armée de pieds en cape derrière son escorte, en direction des montagnes de Valus. Le portail pour la Battlespire, les Piliers de Lumière se trouvaient sur une île au milieu d'un lac, au sommet d'un plateau qu'ils atteignirent après deux jours de route à serpenter sur des sentiers presque invisible pour un œil non averti. L'escorte laissa Agnès sur la rive, et deux mages de guerres prirent le relais en la conduisant à une barque, grâce à laquelle ils atteignirent les Piliers.

Le reste de l'escouade de mages s'activait autour du portail, une structure circulaire de pierres et de fer noire, dominé au centre par un autel. La construction était indubitablement d'origine daedrique, hypothèse que valida Agnès à la vue de plusieurs inscriptions gravé sur la roche dans cette langue inquiétante.

On conduisit la Bretonne jusqu'à l'autel central. L'impression désagréable d'être la victime d'un sacrifice traversa l'esprit d'Agnès. Un frisson lui parcouru l'échine, et la brume froide qui flottait autour du lac n'en était pas la cause.

Un mage au visage recouvert d'une coule alla lui parler. Agnès se ressaisit, et adopta son ton officiel pour l'échange.

— Je suis le préfet Claude Varro, capitaine de l'escouade de mages de guerre de la XIVème légion de Fort Kingscrest. C'est moi qui vais diriger le rituel de passage.

— Légat Agnès Kaid, de la XXXIIIème Légion, beugla t-elle au garde-à-vous. En attente de vos instructions.

— Bien. Vous n'aurez rien de particulier à faire pendant le rituel. Contentez-vous de rester calme, et de bouger le moins possible. Maintenant, quelques avertissement d'ordre mathématique : le taux de réussite du passage du portail est au delà de 95%. Vous ne risquez presque rien. On a éradiqué les risques de désintégration il y a 175 ans, lorsqu'on appliqué les théories de l'archimage Mallow sur l'exponentialité du ratio espace/vélocité. Le pire qu'il pourrait vous arriver, c'est de rester coincer entre ici et là-bas une semaine ou deux maximum. Mais à cause de la relativité temporel ça ne vous semblera durer que quelques minutes. Et encore cas de figure est rare. Comme je le disait, inférieur à 5%. Le portail est réglé sur "organique" pour garder les risques sous cette fourchette. Par contre, ça veux dire que les chances qu'un bloquage ne se produise dans la zone inter-portail sont bien plus importante sur ce qui concerne le matériel inorganique. En d'autre terme, il se peut que vos effets personnels restent coincé quelques temps dans le portail avant de ressortir de l'autre côté. On ne peut pas prévoir: armes, armures ou autre. Parfois, certains arrivent là-bas complètement nus, parfois il n'y a aucun problème. Mais le matériel finit toujours par réapparaître, ne vous inquiétez pas. Tel que nous avons réglé le portail, nous ne disposons pas de statistique fiable pour calculer les probabilité de tels événements.

Bien sûr. Ma mission n'est pas prioritaire. Ils ne vont pas gâcher de l'énergie en augmentant la puissance du portail, ce qui diminuerait les risques.

Agnès hocha la tête pour signifier qu'elle avait comprit, tâchant dans le même temps de ne pas montrer son anxiété. Le préfet continua:

— Vous avez une lettre qui est censée fournir la preuve de votre identité, c'est bien ça? Dans la mesure où il est possible qu'elle se perde, je vais devoir vous marquer pour prouver à ceux là-bas que vous n'êtes pas une usurpatrice, vous comprenez?  Un simple sort d'altération, ça disparaîtra d'ici quelques jours. Montrez-moi votre bras.

La Bretonne dessangla son gantelet et tendis son bras nu au mage qui prépara le sortilège dans sa main.

— Ça risque d'être un peu douloureux, la prévint-il.

Effectivement. Agnès grimaça tendis qu'un sceau impérial parfaitement représenté, entouré de son nom et de son grade,  se gravait sous sa peau en lettre rouge. Le préfet Varro admira son œuvre, satisfait, et la Bretonne remit son gantelet en place.

— Parfait. Mettez vous debout sur l'autel, voulez vous. Comme ça, bien au centre. Excellent. Ne bougez plus, ça ne prendra que quelques minutes.

L'escouade de mage se mit en cercle autour de l'autel. Il levèrent leurs mains au ciel en murmurant des paroles, et les glyphes ornant les Piliers de Lumière s'illuminèrent, et grandirent jusqu'à former une colonne aveuglante qui entoura Agnès. La Bretonne sentit son corps se soulever, et la réalité de ce monde s'effaça tandis que s'estompait les voix des mages.

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