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Chapitre 3 : Désaccord

2506 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 18:50

Portland, Oregon.

Barney attendait Tool dans son salon de tatouage. Ils se connaissaient depuis tellement longtemps qu'ils se considéraient comme des frères. Ils avaient fait le Vietnam ensemble puis ils avaient monté ensemble la première équipe des Expendables. Tool avait pris sa retraite en espérant découvrir la femme de sa vie et fonder la famille à laquelle il aspirait tellement depuis quelques années. Il entendit sa Harley pétarader au loin. Il fut ébloui un instant par les phares de la moto. Tool coupa le moteur et aida la jeune femme à descendre de la bécane.

- Salut Frérot. Tu ne dors jamais ? lui dit Tool.

- A ce que je vois toi non plus.

- Je te présente ma copine, Cheyenne.

Barney se mit à rire. Cette jeune femme avait l'âge de sa fille, Alexa.

- Dis-moi ma puce, tu peux aller m'attendre à l'étage.

Pour toute réponse, elle lui fit un sourire radieux et monta l'escalier en ondulant les hanches. Ils ne la quittèrent pas des yeux.

- Et bien, tu ne t'ennuies pas, rit Barney.

- Elle m'adore celle-là.

- Comme les cinquante autres.

- Pourquoi compter ? Vivons le moment présent.

Ils se serrèrent la main. Barney retira son tee-shirt et s'installa sur le siège en cuir. Tool devait lui finir son tatouage dans le dos. Le gros corbeau.

- Tu sais où est Alex ? Je suis passé chez elle avec Christmas. Sa voiture est dans le garage et sa maison est rangée. Le seul truc qui m'a fait tiqué ce sont les deux verres de vin dans l'évier.

- Deux ?

- Tu savais qu'elle voyait quelqu'un en ce moment ?

- Non, elle ne m'a rien dit.

- Pourtant, elle te raconte tout. J'ai même parfois l'impression qu'elle te prend pour son père.

- Arrête de dire n'importe quoi, le rabroua Tool.

- Dans tous les cas, si j'attrape ce type. Je lui coupe les grelots, dit-il en tapant du poing sur la table devant lui.

- Je te rappelle qu'Alex est une grande fille. Tu ne vas pas pouvoir contrôler sa vie éternellement. En plus, elle ressemble de plus en plus à sa mère. Elle fait tourner les têtes, ta fille. Quoi que tu en dises, elle plaît aux hommes.

- C'est de ma fille dont tu parles, je te rappelle.

- Et ta fille est aussi ma filleule et je l'aime tout autant. Et si l'homme qu'elle s'était trouvée te plaisait ?

- Impossible.

Tool préparait son matériel de tatoueur. Il nettoya ses lunettes avec un coin de son tee-shirt et commença son travail sur le corbeau dans le dos de Barney.

- On a dû se séparer de Jensen, dit Barney.

- C'était prévisible qu'il allait péter un plomb à un moment.

- J'aimerais que tu le remplaces.

- Je vais te dire un truc, Barney. La dernière fois que nous avons fait équipe c'était au Nigeria de mémoire. Nous étions en sang tous les deux. Ils restaient que nous deux. Je me suis juré de ne pas mourir tout seul et criblé de balles. Toi, tu as Alex. Moi, je n'ai personne. Je voudrais finir ma vie auprès d'une femme qui m'aimera.

Une moto arriva et se gara à côté de celle de Tool. Christmas retira son casque. Tool le salua d'un signe de tête.

- Ça ressemble toujours à un poulet, dit Christmas en regardant le tatouage.

Tool rangea son matériel et Barney contempla son tatouage dans le miroir.

- Tu as une sale tête, Christmas, lui dit Tool.

- Moins que toi, répondit-il, avec un sourire.

Tool vieillissait mal. Il avait été boxeur professionnel avant de partir à la guerre. Il avait la gueule cabossée par tous les coups qu'il s'était pris. Tool pointa sa pipe qu'il allumait vers Christmas.

- Tu veux me faire plaisir. Laisse-moi te tatouer une énorme toile d'araignée sur le crâne. Je suis sûr que ça t’irait à merveille. Tu trouves pas Barney, qu'il serait plus sexy. En plus, je pourrais lui faire une araignée à l'entrée de l'oreille avec une des pattes qui descendrait jusqu'au cou.

- Il a l'air ravi de ton idée, rit Barney.

Tool savait que Christmas n'était pas très tatouage. Il avait celui sur l'avant-bras droit des Expendables et celui sur le biceps gauche de son ancienne unité, le Special Air Service, qui représentait une dague ailée avec leur devise : Qui ose gagne.

- Je me sens en forme ce soir. Entre les deux yeux, dit-il en indiquant une cible sur le mur derrière eux.

- Pas ce soir, Tool, répondit Christmas.

- Allez, il ne t'a jamais battu en deux ans.

- Il n'y a pas de honte à perdre, dit Tool.

Christmas sortit son couteau de sa poche et le lança sans regarder. Il se planta dans le mur à côté de la cible. Tool sortit le sien de sa botte et le mit directement dans un des yeux. Le téléphone se mit à sonner et Tool décrocha. Barney n'en revenait pas. C'était la première fois que Christmas loupait sa cible. Il alla récupérer son couteau et le remit dans sa poche. Tool raccrocha et tira sur sa pipe.

- J'ai trois nouveaux boulots à vous proposer. Deux se sont du gâteau et le dernier c'est un voyage en Enfer.

- Je contacte l'équipe pour faire le point.

Christmas était inquiet depuis qu'il était passé chez Alex. Elle était partie sans un mot après leur soirée. Les deux verres de vin restés dans l'évier. La jupe qu'il lui avait retiré était toujours au pied de son lit. Ses bas traînaient et les draps indiquaient qu'elle n'avait pas été seule. Il avait vu le regard froid de Barney quand il avait découvert la chambre de sa fille et qu'il avait compris qu'elle n'avait pas été seule la dernière fois. Il avait entendu ce qu'il avait dit au sujet des grelots et s'était tendu légèrement. Il connaissait assez Barney pour savoir que si il lui révélait que c'était lui qui couchait avec sa fille, il ne reverrait pas la lumière du jour de sitôt.

 

 

Ile de Vilena, Golfe du Mexique.

Alex était sur l'île depuis un mois. Elle avait récolté des trucs intéressants sur le Général Garza. Il envoyait ses troupes chez des personnes où ils tuaient les femmes et les filles et prenaient les hommes et les garçons pour les faire travailler de force dans les champs de coca. En arrivant sur l'île, elle s'était liée d'amitié avec une jeune femme, Sandra, chez qui elle avait élu domicile. Elle s'était fait passer pour une institutrice pour ne pas éveiller les soupçons. Comme tous les soirs, elle buvait une tisane assise sur le banc dehors et elle pensait à Christmas. Elle regardait les étoiles et repensait à leur dernière soirée torride. Elle sentait ses mains sur sa peau, revoyait son visage quand elle fermait les yeux. Sandra vint la rejoindre, avec un châle sur les épaules.

- Tu penses encore à lui, sourit-elle. Je vois tes yeux qui brillent.

Alex avait parlé à sa nouvelle amie de cet amour secret qu'elle vivait. Elle lui avait parlé, également, de son père et du boulot qu'il faisait. De chaque membre des Expendables. Sandra, elle, lui avait avoué être la fille du Général Garza. De voir son peuple souffrir de cette manière, elle n'en pouvait plus. Elle souhaitait de toute son âme que son père disparaisse. Alex lui avait promis que l'équipe allait arriver quand ils sauraient qu'elle était là et qu'ils l'aideraient à faire en sorte que le peuple vive mieux. Sandra avala une gorgée de sa tisane chaude.

- Tu crois qu'ils vont bientôt arriver ? Ça fait un mois que tu es là.

- Aie confiance en moi. Je ne te laisserais pas tomber quoi qu'il arrive garde confiance.

Elles virent les hommes du Général passer sur le chemin en camion blindé. Alex se leva du banc et les regarda s'éloigner. Sandra voyait dans les yeux de son amie qu'elle voulait les suivre. Elle les vit s'arrêter devant une maison au bout du chemin. Elle posa sa tasse et partit en catimini. Sandra la regarda se glisser dans les fourrés. Elle vit quatre hommes en descendre, l'arme au poing. Ils défoncèrent la porte et entrèrent. Elle entendit des hurlements de femmes. Ils tirèrent les hommes au dehors avec un enfant. Un petit garçon. Alex sortit de sa cachette et s'avança droit vers eux.

- Dégagez, lui cria un des hommes.

Elle rabattit sa capuche sur son visage pour ne pas qu'on la reconnaisse et continua d'avancer vers eux. Elle serra les poings et frappa le premier au niveau de la gorge. Elle envoya un coup de pied dans la tête du deuxième. Elle entendit un coup de feu. Puis un deuxième. Elle sentit une poigne de fer lui attraper le bras et la retourner violemment. Sa capuche glissa et ses cheveux se déversèrent sur ses épaules. Elle se retrouva nez à nez avec Paine. Il la fit mettre à genoux. Elle vit le petit garçon a qui elle faisait classe depuis un mois. Il pleurait. Paine sortit son arme et la pointa sur le garçonnet.

- Non, hurla-t-elle, en se débattant.

Il se mit à vider son chargeur sur le corps du petit garçon qui tomba sur le sol, la tête tournée vers elle et les yeux grands ouverts. Elle se mit à pleurer doucement. Elle entendit le père derrière qui se mit à hurler. Elle sentit la grosse main de Paine la remettre debout et la traîner vers le camion. Il la jeta avec les prisonniers. Les militaires la firent s'asseoir et le véhicule démarra. En passant, elle vit Sandra qui la regardait et qui partait en direction de la maison. Elle y entra et découvrit le corps des cinq femmes sur le sol. Trois adultes et deux petites filles. Égorgées. Elle retint ses larmes et s'agenouilla auprès du petit garçon, étendu sur le sol. Elle le serra contre elle et lui prit la main. Elle versa toutes les larmes de son corps.

- Tu vas mourir pour ça, papa, hurla-t-elle, à la face de la lune.

 

 

Le camion arriva devant une grande maison fortifiée. Les portes s'ouvrirent et le véhicule s'engouffra à l'intérieur. Il s'arrêta devant un grand escalier. Les hommes poussèrent les prisonniers qui s'affalèrent sur le sol. Ils les relevèrent et les traînèrent jusque devant un immense bassin.

- Général, nous avons les traîtres, hurla un des militaires. Ainsi que la nouvelle institutrice qui a voulu aider un petit garçon.

Le Général Garza apparut en haut d'une tour. Un cigarillo au coin de la bouche. Il fit agenouillé les hommes face au bassin et descendit de sa tour.

- Tu sais pourquoi tu es là ? demanda-t-il au premier prisonnier.

- Je vous en prie, je n'ai rien volé.

- Vous êtes coupable de vol et de trahison envers votre pays.

- Je fais seulement vivre mes enfants.

- Tes enfants ? Tu n'en as plus maintenant.

Le Général pointa son arme sur la tête du prisonnier qui pleurait à chaude larmes.

- Comment je peux savoir si tu dis la vérité ou non ?

Un coup de feu partit et le prisonnier s'affaissa sur le sol. Alex réprima un sursaut. Garza se retourna et découvrit Munroe derrière lui qui tenait un pistolet.

- Maintenant, on peut voir en lui et savoir ce qu'il pense, rit Munroe.

Garza regarda le pauvre homme. Sa cervelle se répandait sur le sol. Il réprima un léger haut le cœur.

- Hélas quand je le regarde, je vois le mensonge. Ce n'est pas seulement vous qu'il volait mais nous deux. Nous nous comprenons. Vous voulez gagner le respect de vos gens. Abattez les deux suivants mais laissez-moi la fille. Paine m'a dit qu'elle savait se battre.

Il s'éloigna, encadré de ses deux sbires, Paine et Sparks. Garza le regarda, les dents serrés. Deux militaires relevèrent Alex et l'entraînèrent à la suite de Munroe. Il prit son arme et tira une balle dans chaque tête. Il contempla les trois corps étendus à ses pieds.

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