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Chapitre 5 : Vilena

2959 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 02:17

Barney amorça doucement la descente de son avion et se posa au fil de l'eau. Il alla jusqu'au débarcadère. Ils attachèrent l'avion avec des grosses cordes et, équipés d'appareil photo et de casquettes, se dirigèrent vers l'accueil. Des militaires, main sur leur fusil, les regardaient passer. Ils allèrent jusqu'au bureau d'accueil qui étaient tenus également par des militaires. Ils tendirent leur passeport. Barney et Christmas regardaient partout autour d'eux. Ils repérèrent une caméra dans un coin de la pièce.

- Gros avion, dit l'homme derrière le guichet.

- Oui, c'est pour le transport des animaux blessés.

- La raison de votre visite ?

- Nous sommes ornithologue, répondit Barney.

- Nous photographions les animaux exotiques.

L'homme derrière le guichet regarda ses deux collègues assis derrière Barney. Christmas se retourna et les regarda à son tour.

- Vous êtes nerveux ? lui demanda l'homme.

- Nerveux ? Non. Pourquoi ?

Il se tourna vers Barney, en souriant.

- Franchement, j'ai l'air nerveux ?

- Tu as un peu le visage tendu. Tu devrais peut-être voler le hublot fermé.

- Tu sais très bien que l'altitude me fait toujours cet effet.

Le guichetier continuait à les regarder avec un demi sourire. Il prit son tampon et l'appuya sur les deux passeports qu'il leur rendit toujours en souriant bêtement. Ils sortirent du bureau d'accueil et descendirent vers la ville. Ils croisèrent des hommes âgés et beaucoup de femmes ainsi que des petites filles. Les petits garçons et les hommes adultes se faisaient rare.

- Tu as l'adresse ? demanda Christmas.

- Oui, en mémoire.

- Je n'ai pas le droit de savoir ?

- Il faut que nous allions à la Gloria Cantina.

Un camion, transportant des militaires, passa près d'eux en klaxonnant. Il était suivi par une jeep blanche. Il s'arrêta un peu plus loin, bloqué par une voiture en panne au milieu de la rue. Ils virent deux hommes descendre de la jeep. Christmas les prit en photo. Munroe sortit à son tour tout en regardant autour de lui. Les militaires commencèrent à saccager les étals des marchands et à brutaliser les hommes sur la place pendant que d'autres poussaient la voiture sur le bas côté.

- Non mais regarde moi ces clowns, déclara Barney.

Une fois la voiture en dehors de leur passage, ils remontèrent tous dans leurs véhicules et partirent.

- Tu as tout pris en photo ? demanda Barney.

- Oui.

Ils se dirigèrent vers une petite ruelle et descendirent tranquillement les escaliers. Des bannières à l'effigie de Garza étaient accrochées partout sur les murs. Ils arrivèrent à la Gloria Cantina qui était un petit bar. Une femme d'un certain âge se tenait derrière le comptoir.

- Vous voulez boire quelque chose ?

- Non merci, répondit Christmas.

Ils s'installèrent à une petite table face à la porte. Barney regarda sa montre. Le contact était en retard. Une jeune femme brune entra. Elle devait à peu de choses près avoir le même âge qu'Alex. Elle avança droit sur eux et s'assit à leur table.

- Alex vous a très bien décrit, leur dit-elle, en coulant un regard à Christmas.

- C'est vous notre contact ? demanda Christmas.

- Je m'appelle Sandra. Votre fille est retenue prisonnière pour le moment, elle va bien.

Tout en parlant, elle les conduisait à une vieille camionnette toute cabossée. Ils grimpèrent à l'intérieur.

- Elle a été arrêtée pour avoir tuer un militaire.

Christmas assis à côté de Barney ne disait rien.

- C'est toujours comme ça chez vous ? demanda-t-il en voyant un militaire maltraité un enfant.

- C'était très beau ici avant. Un jour, un blanc est arrivé avec beaucoup d'argent et le Général Garza a vendu son âme au diable. Si quelqu'un se révolte, il est aussitôt tué.

- Vous dites qu'un blanc est arrivé. Vous connaissez son nom ?

- Non, c'est un américain comme vous qui est toujours avec deux autres types. Blancs eux aussi. Mais, un jour j'espère que tout redeviendra comme avant.

- Vous y croyez vraiment ? lui demanda Barney.

- Oui, le plus grand jour sera quand notre vie nous appartiendra vraiment. Et votre fille est extraordinaire. Elle a remonté le moral de certains d'autres nous. Elle nous avait dit que vous viendriez nous aider et vous êtes là. Pour nous, le grand jour approche.

- On pourrait s'approcher du palais ?

- Du palais ? Il n'y a rien à voir là-bas.

- J'aimerais y jeter un œil tout de même, si vous voulez bien.

 

 

Munroe se tenait au milieu d'un champs vide. Il retira ses lunettes de soleil et se retourna vers Garza qui était entouré de ses hommes.

- Où est ma récolte ? Où sont vos travailleurs ? lui demanda-t-il. Vous savez le temps que met à pousser un plant de coca et le temps afin qu'il soit rentable. Apparemment, vous ne le savez pas. Nous avons huit semaines de retard sur le calendrier. Bottez le cul de vos paysans et livrez moi le produit.

- Quand vous me parlez comme ça devant mes hommes ce n'est pas bon. C'est une erreur.

- Tel que vous me voyez, je suis un sauveur. Je mets de l'ordre dans votre pays. Je fais de vous un homme riche.

- Il peut arriver que l'argent n'en vaille pas la peine.

- Vous faites erreur.

Munroe remit ses lunettes de soleil et remonta dans sa jeep blanche suivi de ses deux sbires. Il partit dans une longue traînée de poussières sous le regard noir de Garza.

 

 

Sandra roulait sur une petite route à travers la végétation dense.

- C'est encore loin ? lui demanda Christmas.

- Non derrière la colline.

- Arrêtez vous.

Elle stoppa sa voiture sur le bas côté et le vit descendre. Il retira sa veste qu'il jeta à l'arrière.

- Vous faites quoi ?

- Disons que j'aime voir la nature sous divers points de vue, dit-il.

Il se dirigea vers l'orée de la forêt.

- Ne perds pas ma casquette surtout, lui lança Barney.

Il lui jeta la casquette et Sandra démarra. Christmas s'engouffra dans la forêt dense. Elle s'arrêta une nouvelle fois ne pouvant aller plus loin. Un énorme grillage entouré de fils barbelés et de pancarte interdisant l'accès leur barrait la route. Barney descendit et regarda tout autour de lui. Sandra s'appuya sur le capot de sa voiture et en profita pour le détailler.

- Vous cherchez quoi ?

- Comment ça se fait que vous vous êtes retrouvée impliquer dans cette affaire ?

- Je vous l'ai dit. Je veux que l'île soit sauvée.

- Pourquoi vous l'avez aidé ?

- Un américain est venu et m'a demandé d'aider votre fille.

- Vous n'avez pas peur ?

- Si, j'ai peur. Mais, il m'a dit que vous pourriez aider Vilena.

- Franchement, je ne crois pas que nous pourrons faire quelque chose. Je récupère ma fille et on s'en va. Allez vivre ailleurs. Allez vous en. Cette île ne peut pas être sauvée.

- C'est vous qui devez vous en aller, lui lança-t-elle. Votre fille est bien plus courageuse que vous ne le serez jamais. Elle s'est interposée face au militaire. J'ai entendu son hurlement quand ils ont tué le petit garçon devant elle. J'ai vu son regard quand elle est passée devant moi. Vous pouvez me croire votre fille est une combattante née.

Un camion militaire arriva. Les hommes à l'intérieur les apercevant se mirent à tirer en l'air. Sandra se mit à paniquer et fit signe à Barney de rester calme et de la laisser parler. Les militaires descendirent en courant du véhicule et se dirigèrent vers eux.

- Qu'est-ce que tu fais là ? lui demanda un des hommes.

- Je fais visiter l'île à cet homme. Il est ornithologue.

- Tu te rends compte que tu ne peux pas te balader sur l'île toute seule comme ça. Tu t'imagines si la fille du Général se faisait tirer dessus.

Il lui attrapa brutalement le bras et l'attira à lui. Barney n'avait pas compris un traître mot de ce qui s'était dit, ne parlant pas espagnol. Il voulut aider la jeune femme mais il reçu un coup derrière la tête qui le fit tomber à genoux. L'homme, qui l'avait frappé, s'écroula un couteau en travers la tête. Sandra se mit à hurler en essayant de se dégager.

- Fuyez, lui hurla Barney.

Christmas sortit des fourrés et se mit à courir vers un militaire. Il glissa sur le sol et lui brisa la jambe d'un coup de pied. Il lui arracha son arme et tira sur les deux types qui tenaient en joug Barney. Christmas retira son couteau de la tête du mort et trancha la gorge de celui qui se jetait sur lui. Il eut juste le temps de se baisser pour voir les impacts de balles dans la poitrine de l'homme qui était derrière lui. Barney tenait un revolver dans les mains. Deux hommes se ruèrent sur Christmas, qui toujours son couteau à la main, les lacéra. Barney se coucha sur le sol et tira sur deux types qui arrivaient derrière lui. Christmas tourna sur lui-même et les deux hommes face à lui s'écroulèrent la poitrine béante. Il lança un couteau sur le type qui arrivait derrière Barney qui s'écroula la lame plantée dans la gorge. Ce dernier vit au loin Sandra traînée par les cheveux vers la camionnette. Christmas lança son couteau qui se planta dans le dos de l'homme. Un autre, qui était caché derrière la camionnette, allait faire feu. Christmas eut juste le temps de se baisser avant que Barney ne tire deux coups sur la cible.

- Tout le monde va bien ? demanda Barney, en regardant les cadavres autour de lui.

Christmas était toujours allongé sur le sol. Il se redressa.

- Tu es complètement cinglé, tu aurais pu me toucher.

- Mais non pas du tout. Je sais viser, rit Barney.

Sandra était paralysée contre le fourgon militaire. Barney lui prit la main et la poussa sur le siège de la camionnette. Christmas monta devant avec Barney qui prit le volant. Sandra était assise entre les deux hommes. Elle tremblait encore de peur.

- Tu sais que si nous partons vivons d'ici vivant c'est un miracle, déclara Christmas. Elle repart avec nous.

- Oui, il vaut mieux.

- Je ne peux pas partir, leur dit-elle.

- Pourquoi vous voulez rester ? Vous serez morte dans une heure ? lui dit Christmas.

- Je ne vous laisse pas le choix vous venez avec nous, lui dit Barney.

Ils roulaient à toute allure dans les petites ruelles de la ville. Les gens s'écartaient sur leur passage. Ils se frayaient un chemin jusqu'au port. Christmas descendit.

- J'ai besoin de soixante secondes d'avance, dit Christmas à Barney.

- Allez-y foncez. Je m'occupe des gars de l'accueil.

Ils partirent en courant vers l'avion. Ils détachèrent les amarres et grimpèrent à l'intérieur de l'appareil. Sandra s'échappa de la main de Christmas.

- Vous faites quoi ?

- Je ne peux pas partir avec vous. Ma place est ici.

- Vous ne pouvez pas rester.

Sandra se mit à courir sur le ponton. Elle se retourna et le regarda.

- Je sais que vous reviendrez pour elle, lui cria-t-elle. Si vous l'aimez, vous reviendrez la chercher. Je dois rester pour elle.

Christmas la regarda s'éloigner en courant sur le ponton. Il grimpa dans l'avion et démarra les moteurs. Elle avait raison, il reviendrait pour Alex.

 

Barney était caché dans l'ombre près de la porte de l'accueil. Il regardait sa montre. Soixante secondes. Il devait laisser du temps à Christmas de mettre tout le monde à l'abri dans l'avion. Il entendit les moteurs de l'avion et les militaires bouger dans la pièce. Il sortit de l'ombre et les vit positionner leurs fusils en travers des volets pour tirer sur l'appareil.

- Hey, leur dit-il.

Il tira sur un genou qui explosa puis dans la poitrine. L'autre type prit de panique n'arrivait pas à récupérer son fusil qui s'était bloqué en travers du volet. Il prit une balle en pleine tête. Barney se retourna vers le guichetier qui suait à grosses gouttes.

- Vous avez l'air nerveux, lui dit-il.

L'homme voulut sortir son pistolet du holster mais Barney plus rapide lui tira deux balles en pleine poitrine puis il se tourna vers la caméra et la détruisit. Il sortit en courant de l'accueil et courut le long du ponton.

Il entendit derrière lui les véhicules arriver. Christmas mit les gazes. L'avion s'éloignait sur le ponton.

- Dépêche-toi, hurla-t-il, la tête passée par la fenêtre.

Christmas regardait les militaires se mettre en place sur la jetée, prêt à faire feu. Il n'avait pas le choix si Barney ne montait pas à bord, ils partiraient sans lui. Barney, arrivé au bout du ponton, se mit à sauter et s'accrocha à la porte ouverte. Il se hissa tant bien que mal à l'intérieur. Les militaires se mirent à tirer sur l'avion qui s'éloignait sur l'eau. Il était à bout de souffle, agenouillé sur le sol. Il se releva et regarda autour de lui. Il constata que Sandra n'était pas à bord.

- Elle n'a pas voulu venir avec nous, lui dit Christmas.

- Pourquoi elle voulait tant rester ? lui demanda-t-il.

Barney se rua dans le cockpit et fit signe à Christmas de faire demi-tour.

- Vole ou crève ?

- Vole ou crève, répondit le chef.

Christmas attrapa le pistolet de détresse et passa par la trappe sous les commandes pour accéder au poste de la mitrailleuse, au nez de l'avion. Il sortit le fusil mitrailleur et le positionna. Barney reprit les commandes. Ils passèrent au-dessus de la ville. Christmas se retourna vers Barney et lui fit signe qu'il était prêt. Les militaires n'avaient pas bougé. Ils étaient restés sur le ponton. Christmas fit feu. Les hommes étaient déchiquetés sous les balles. Barney vida du kérosène sur toute la longueur du ponton. Christmas chargea le pistolet de détresse et tira. Une longue colonne de flamme embrasa le ponton. Les voitures explosèrent. Des hommes encore debout se jetèrent à l'eau. Christmas retourna à l'intérieur du cockpit.

- Excellent. Du bon boulot, sourit Barney.

- C'était une espèce d'avertissement ? demanda Christmas.

Barney alluma un cigare et fit un grand sourire à l'intention de son équipier. Christmas était satisfait. Ils allaient revenir sur l'île avec toute l'équipe et récupérer Alex. Tout en souriant, il mit son casque sur les oreilles.

 

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