Mais qui a tué Jennifer Schecter?

Quelqu'un frappe à la porte, quand je l'ouvre je m'attends à voir John avec nos cafés, mais c'est l'agent Cooper qui m'informe que les experts ont découvert de nouveaux éléments intéressants sur la scène de crime et que je devrais aller les voir rapidement. Je le remercie pour l'information et lui demande d'indiquer aux collègues sur place que j'arriverai d'ici une bonne demi heure. Je boue d'impatience d'aller les rejoindre, car je pressens que leurs découvertes sont de la plus haute importance pour l'enquête, mais je dois terminer cette nouvelle audition d'Helena. Celle-ci doit sentir ma nervosité, car elle reprend :

"Vous ne devriez pas y aller immédiatement? Vous perdez votre temps avec moi, je ne sais rien!

- Oh si Mademoiselle Peabody, vous savez beaucoup de choses...

- Si vous le dites.

- Il y a énormément de zones d'ombres sur le déroulement de cette funeste soirée. Je comprends que vous ne pouvez pas vous souvenir de tout, mais j'ai besoin de savoir laquelle d'entre vous a pu se retrouver seule à un moment donné avec la victime.

- Ca n'a pas été mon cas. Et je ne veux pas parler pour les autres.

- Contre les autres vous voulez dire?

- Vous pourrez essayer sur moi toutes vos méthodes, ça ne vous avancera à rien. Je ne sais rien, et quand bien même je saurais quelque chose, jamais, vous m'entendez, jamais, je ne dirai quoique ce soit qui porterait préjudice à mes amies. - Elle me fusille du regard, et je sens que moi aussi je suis en train e perdre patience. La fatigue et le stress ne nous épargne pas et je me surprends  hurler à la cantonade - Bon alors?! Ils arrivent ces putains de cafés?!

- J'arrive Lieutenant! Désolé... Il y avait du monde à la machine. - L'agent Simons passe la porte au même moment, il semble complètement déconcerté par ce brusque saut d'humeur, et il pose en tremblant presque les deux cafés sur le bureau avant de ressortir précipitamment. Je regrette aussitôt ce débordement, ça ne me ressemble pas... Helena aussi semble surprise par ma réaction, mais elle se ressaisit très vite et se lève à nouveau pour me faire face.

- Est-ce que ce poauvre homme mérite que vous lui parliez comme ça? Me demande-t-elle sur un air de défi.

- Mademoiselle Peabody, je suis à deux doigts de vous placer en garde-à-vue pour entrave à une enquête de police, donc asseyez-vous et finissons calmement notre conversation. Ca ne sera plus très long. - Devant son hésitation à m'obéir, je tape sur le bureau avec le plat de ma main. - Maintenant! Dis-je alors en haussant le ton. Elle sursaute et s'apprête à répondre quand Adam pénètre dans la pièce.

- Kate, je prends la relève. Le Commissaire veut te voir. Ca urge. - Je comprends tout de suite qu'il ment mais c'est pour me sortir de cette situation la tête haute, et ne pas me faire perdre toute crédibilité face à la suspecte.

- Très bien. Tu me rejoins après, nous sommes attendus sur les lieux du crime. Les collègues ont trouvé quelque chose.

- Pas de souci."

Je sors sans demander mon reste. Adam ferme la porte derrière moi, j'ai le temps d'apercevoir Helena qui se rasseoit docilement. Je m'adosse contre le mur dans le couloir. J'ai envie de me laisser tomber assise et de pleurer. Je ne comprends pas comment j'ai pu perdre mon sang froid comme ça. Je m'efforce de rester debout, de reprendre une respiration normale, de me calmer. Je ferme les yeux quelques secondes et sens une main se poser sur mon épaule. C'est le commissaire. Peut-être voulait-il vraiment me voir après tout.

"Ca va Kate?

- Oui... Oui... Ca va. C'est juste la fatigue.

- Je ne vous trouve pas très en forme depuis quelque temps. Cette affaire va vous pomper toutes vos réserves d'énergie.

- Non, ne vous inquiétez pas. Vous m'avez fait confiance en m'en donnant la charge, je ne vous décevrai pas.

- Je n'en doute pas. Mais ménagez-vous d'accord? - Je hoche la tête. - Est-ce que vous avez déjà mis l'une de ces femmes en état d'arrestation? - Je secoue la tête. Aucun mot de veut sortir de ma bouche. - Bon écoutez, je pense que c'est assez pour ce soir. Laissez-les repartir. Nous reprendrons tout ça demain. Vous ne tenez même plus debout.

- C'est trop risqué! Elles auront tout le loisir de se mettre d'accord sur une version et de nous mener encore plus en bateau! - Je me redresse, et essaie de me montrer un peu plus combative face à mon supérieur hiérarchique.

- C'est l'impression qu'elles vous donnent? - Il me regarde avec un air interrogateuren fronçant les sourcils.

- Elles sont tellement loyales les unes envers les autres... Rien à voir avec nos clients habituels qui sont capables de balancer leurs potes contre un paquet de cigarettes et un soda! On dirait qu'aucune ne craint d'aller en prison, dès lors que ça permet d'éviter ça à ses amies.

- Oui, je vois... De toute façon, nous ne pouvons pas les retenir plus longtemps. Et encore moins leur coller chacune un agent au train juste pour éviter qu'elles ne communiquent entre elles. Je vais moi-même aller leur dire de rentrer chez elles, et les mettre en garde contre toute tentative de fuite ou autre entourloupe dont les conséquences leur seraient fâcheuses."

Je n'ai pas le temps de protester qu'il se dirige vers la salle d'attente d'un pas décidé. Pour la première fois de la soirée je lève les yeux vers l'horlage qui est accrochée au mur au dessus de laporte de la salle d'enregistrement. Les aiguilles indiquent 2h46 du matin.

Je frappe avant d'entrer dans la salle. John est en train de glisser un cd-rom dans une pochette, je lui fais signe de rester assis. Derrière la glace sans teint, je vois Adam et Helena discuter tranquillement.

"Je suis vraiment désolée pour tout à l'heure John.

- Ne vous en faites pas Lieutenant, j'aurais sûrement perdu patience bien plus tôt que vous.

- Il n'empêche que je n'avais pas à vous parler comme ça.

- Il valait mieux que ça soit moi qui prenne plutôt que cette Helena Peabody. Vous connaissez sa mère, elle a le bras long, elle aurait pu vous faire avoir des problèmes.

- C'est vrai. Je n'y avais même pas pensé...

- Tenez, me dit-il en tendant vers moi la pochette avec le cd-rom. C'est l'enregistrement de l'audition numéro 2 d'Alice Pieszecki. Je pense que ça devrait vous intéresser. Je n'ai pas pu tout suivre, mais le Lieutenant Sheperd s'est vraiment bien débrouillé. Cette Alice est très bavarde... Mais je ne vous en dis pas plus.

- Merci. Je regarderai ça demain quand j'aurais le temps. Le Commissaire veut qu'on arrête pour ce soir.

- Il n'a pas tort. Cette affaire met tout le monde sur les nerfs.

- Bonne nuit John. Encore merci pour votre compréhension.

- C'est normal Lieutenant. Bonne nuit à vous aussi."