Les mémoires des masques

Chapitre 3 : Mikau

Chapitre final

2016 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 13/02/2021 12:05

Je m'appelai Mikau et j'étais guitariste dans le groupe de musique Zora, les Indigo-Go.


Nous étions un groupe très populaire dans tout Termina.

Nous étions cinq.

Evan était le compositeur, le pianiste et le chef du groupe. Et s'il y a un truc qu'il ne supportait pas c'était qu'on composât des musiques sans lui. Au point où il refuser purement et simplement d'écouter ce qu'on avait composer dans son dos.

Jappas était le bassiste. Avec lui, on passait notre temps à composer nos propres musiques, au grand dam de notre chef. Il était un peu rustaud mais qu'est-ce qu'il écrivait comme riff !

Tijo était le batteur. Ainsi que mon camarade de chambre. Combien de fois je lui suppliais de se mettre au régime avant de monter sur l'échelle menant à mon lit ?

Et enfin, il y avait le cœur de notre groupe. Notre chanteuse. Lulu.


Ha ! Lulu ! La belle Lulu !

Il n'y en avait pas deux des comme elle ! Et je défiais quiconque osait me dire le contraire !

Tout le monde disait qu'elle tenait son talent de sa mère qui fut elle-même chanteuse de ce même groupe, mais je restais convaincu que cela n'avait rien à voir avec le sang.

C'était non seulement une bonne chanteuse mais c'était surtout une fille géniale. Une vraie perle rare et précieuse. Toujours très douce, compréhensive, ouverte, pleine d'esprit et à l'écoute des autres.

Elle adorait écouter les musiques qu'on compensait en cachette avec Jappas.

Et je n'ose évoquer les moments qu'on passait rien que tous les deux, en dehors de la musique et des festivals. C'était beaucoup trop intime pour que j'en parle aussi ouvertement. Mais quand même, quels moments on avait passé... !

Et je peux le dire, nous étions très proches, elle et moi. Genre, nous étions plus que des partenaires musiciens...


Installé dans le Théâtre Zora de la Grande Baie, à l'ouest de Bourg-Clocher, nous répétions pour le Carnaval du Temps, un festival annuel qu'on célèbre encore dans Termina.

Puis, à quelques jours du festival, Lulu s'était fait discrète et distante. Elle ne voulait plus sortir de sa loge et on ne l'entendait plus répéter ses vocalises. Elle refusait de nous laisser entrer dans sa loge.

Quelque chose n'allait pas, on le sentait.

Cela avait duré deux jours.

Seuls Evan et notre manager, Toto, étaient autorisés à la voir. Mais on ne sût pas davantage.

Evan refusait de nous le dire, si ce n'était qu'il comptait l'amener au laboratoire de recherche océanique sur la plage pour "la faire examiner".

Quant au manager, il était partit pour Bourg-Clocher "régler deux-trois petites affaires".

Nous autres, nous étions très angoissés. Il y avait anguille sous roche, à n'en point douter.

On crût qu'il était arrivé quelque chose de grave à Lulu, qu'elle avait fait une extinction de voix et qu'on devrait annuler notre représentation pour le festival.

Et si ça avait été pire ? Si Lulu avait contacté une maladie rare ? Et qu'elle pouvait en mourir ?

Si ça avait été le cas, fort probable qu'un spectacle annulé fusse le dernier de nos soucis.

Je n'étais pas sûr que j'allais m'en remettre. Après tout, elle était bien plus que la diva du groupe ou une fille sympa à mes yeux. Elle était ma muse, mon rayon de soleil.

Et ne pas pouvoir la voir ne me rendait qu'encore plus malade.


Plus tard dans la soirée, mon copain de chambre Tijo m'évoqua sa théorie sur l'étrange comportement de Lulu, m'expliquant que ça aurait un rapport avec le fait que l'eau de la baie était devenu bizarre ces derniers temps. Surtout au large et aux alentours du Temple de la Grande Baie. Et d'après lui, Lulu serait une descendante des gardiens de ce temple et chaque fois que quelque chose de bizarre arrivait au temple, un malheur s'abattait sur ses gardiens et leurs descendants.

Il était vrai que les eaux de la baie étaient devenus troubles et tièdes, le jour où Lulu s'était renfermé sur elle-même comme une huitre apeurée. Mais sur le moment je ne l'avais pas cru. Je me persuadais qu'il ne s'agissait que d'une coincidence, et que Tijo avait juste consommé un bigorneau avarié. Lui même m'avait assurait que ce n'était qu'une théorie basé sur des rumeurs et que par conséquent, il pouvait toujours se tromper.

Il fallait reconnaître que notre batteur n'avait jamais brillé pour son intelligence. Mais cette nuit-là, je me demandais s'il n'était pas dans le vrai.


Encore plus tard dans la nuit, nous furent réveillés par des bruits suspects.

Cela provenait de la loge de Lulu. Quelqu'un s'y était introduit et venait de s'enfuir.

Paniqué, je fus le premier à me rendre à sa chambre tandis que Tijo se chargeait de poursuivre l'intrus.

La porte de la loge était restée ouverte, sa chambre était sens dessus dessous et Lulu était bien présente.

Physiquement, elle n'avait rien mais elle semblait terriblement sous le choc.

Je lui demandai ce qui s'était passé, ce qui lui était arrivé. Mais j'avais beau insisté, c'était comme si elle ne voulait pas répondre. Ou plutôt... qu'elle ne pouvait pas.

Ce fut à ce moment que je compris l'effroyable vérité.


Evan nous avait rejoint.

"Lulu a perdu sa voix !" lui criai-je. "Lulu est aphone !"

"Je le sais !" me répondit-il. "Cela faisait deux jours qu'elle n'avait plus de voix !"

C'était donc ça !

Je lui demandai alors s'il savait ce qu'il l'avait rendu muette.

Evan semblait hésiter, échangeant un regard inquiet à Lulu, avant de se jeter finalement à l'eau.

Le jour où Lulu avait perdu sa voix, elle venait de pondre. Sept œufs, très exactement !

Cette révélation me frappa comme si une anguille électrique m'avait frappé en pleine poitrine.

Lulu allait être mère d'ici peu et on avait préféré me le cacher.

J'étais complètement hors de moi. Comme jamais je ne l'avais été de ma vie. Au point que j'en venais à effrayer ma bien-aimée Lulu sans m'en rendre compte, oubliant qu'elle venait de subir une intrusion.

Ceux furent pourtant bien en croisant son regard larmoyant et la voyant tremblante de peur que je repris mon calme.

Je demandai donc à Evan s'il savait qui était le père, il me répondit que Lulu n'avait pas voulu le lui révéler.

Puis je lui demandai où donc était ses œufs. C'était là le hic ! qu'il me répondit.

"Je crains qu'on ne les lui ait volé !"

Et Lulu pouvait être sûre de ne jamais retrouver sa voix tant qu'on ne les aura pas récupéré.

J'étais à nouveau dans tous mes états. Mais cette fois, j'étais remonté contre celui ou celle qui avait volé les œufs de ma précieuse Lulu.


Ce fut à ce moment que Tijo m'appela, à l'extérieur de la loge.

Il m'avoua tout essoufflé qu'il n'avait pas réussi à intercepter l'intrus. Ou plutôt, les intruses.

En effet, il s'agissait de pirates Gerudos.

Ainsi donc, j'avais l'identité des voleuses et mieux encore, je savais où elle créchaient.

Je fis donc la promesse à ma bien-aimée Lulu que j'allais récupérer ses œufs et les lui ramener.


Ainsi je partis pour la forteresse des pirates, au nord de la baie, déterminé comme jamais.

Les Gerudos étaient réputés pour être des voleuses rusés ainsi que des guerrières féroces et terrifiantes, le genre à ne laisser aucun étranger pénétrer leur bastion, encore moins si c'était un homme.

Mais en ce qui me concernait, elles ne faisaient pas peur. Elles avaient fait du mal à ma tendre Lulu et lui avaient dérobé ses biens les plus précieux.

Quel genre de monstres ces pirates pouvaient-elles être pour ainsi priver une mère de ses enfants ?

Et si j'apprenais que ces pirates aient fait quoi que ce soit envers ces œufs ou qu'il s'agissait de nos œufs, je n'allai plus répondre de rien.


Cela étant dit, je dû calmer mes ardeurs quand j'arrivai en vu de la forteresse fortement gardée.

Si je devais récupérer les œufs et les ramener à leur mère comme je l'avais promis, il allait falloir que je fisse preuve de prudence et de discrétion.

Je parvins à infiltrer la forteresse en passant par les égouts ainsi qu'à tromper la vigilance des gardes jusqu'à pénétrer un local où je trouvai un premier œuf de Zora.

L'espace d'un instant, je me laissai fasciné que ce petit trésor, un parmi sept, provenait de ma chère et tendre Lulu. Fasciné et ému en même temps, que j'étais. C'était comme voire une huître s'ouvrir pour me présenter sa plus belle perle. Je pouvais même voir l'embryon se former à l'intérieur et je crus même reconnaître les yeux de Lulu en l'observant longuement.

Ce petit moment de distraction fut mon erreur fatale.

Une Gerudo épéiste me surprit et sans crier gare, elle chargea et fendit sur moi ses sabres avant que je n'eu le temps de riposter ou de récupérer l'œuf.

La douleur fut si vive et intense qu'elle me fit perdre connaissance.


Quand je revins dans le lac, je flottait dans les eaux de la baie.

Mais il m'était impossible de nager ni même de faire le moindre mouvement tant mon corps avait été lacéré par les lames des pirates. Même mes nageoires étaient déchirées.

Ces maudites Gerudos auraient pu me faire prisonniers mais apparement, elles avaient préféré me laisser pour mort.

Je me sentit comme un requin à qui on avait découpé les ailerons avant de le remettre à l'eau. J'étais bien dans mon élément et pourtant je ne pouvais plus bouger. Pire, je me vidais de mon sang. Et l'eau de plus en plus chaude et trouble ne fit rien pour arranger mes blessures.

Me laissant trainer par les vagues, je me sentais mourir à petit feu.

Mes pensées allèrent à ma tendre Lulu à qui j'avais fait une promesse qu'il m'était impossible de détenir désormais, privée de ses œufs et de sa voix. Sa voix si belle et crystalline que je n'entendrais plus jamais. Pas plus que je n'entendrais à nouveau son rire, que je ne reverrais son sourire chaleureux ou ses yeux aussi profonds que l'océan lui-même.

Et puis le reste du groupe qui était sur le point de perdre un de ses musiciens et étaient sûr de voir le représentation annulé.

Tout était de ma faute.

Non seulement j'avais été trop impulsif et imprudent, mais surtout, je n'avais pas assuré et même pire, j'avais tout fait foiré.

Que ce soit en tant que musicien membre d'un groupe, en tant que petit ami... et en tant que futur père potentiel.


Alors que je m'étais abandonné au désespoir, un jeune Hylien tout vêtu de vert vint à ma rencontre et me tira jusqu'à la plage.

Il avait dû voir que j'était en difficulté.

Mais bien que j'appréciait son geste, il était trop tard pour moi. Mon destin était scellé.

Une fois revenu sur la terre ferme, je n'avais plus assez de force pour marcher ou tenir debout plus de dix secondes.

Sentant mes dernières forces m'abandonner, je me confiais à ce jeune Hylien qui demeurait à mes côtés, lui narrant ma mésaventure et lui suppliant de venir en aide à ma tendre Lulu, de réussir là où j'avais échoué.


Puis au moment de sentir mon esprit quitter mon corps, je perçut une mélodie qui apaisa mon âme et me ramena auprès de ma chère Lulu, de nouveau radieuse et avec qui on allait rejoindre le groupe, main dans la main.

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