Le journal d'un assassin

Chapitre 3 : Le jour où j'ai dit ''oui''

1351 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 31/12/2017 10:39

Le jour où j'ai dit ''oui''



Aussi loin que remontent mes souvenirs, j'ai toujours vécu au sein du château d'Hyrule, bien avant ta naissance. J'étais un demi Sheikah, la preuve évidente de mon appartenance à ce clan maudit se trouvait être mes yeux rouge sang. Pourquoi maudit pourrais tu te demander ? Le peuple de l'ombre, les Sheikahs n'existaient plus depuis quelques mois avant mon existence d'après ce que je sais actuellement. Officiellement, il n'en restait plus que deux, moi et Impa. La Impa que tu connais, la nourrice de la princesse Zelda. Mère et moi n'étions plus que fantômes ou rumeurs après un certain événement que je te conterai plus tard... Ma mère adoptive, Elaine, tu te souviens d'elle ? Je t'en avais parlé dans la caverne il y a longtemps quand nous nous rendions vers le mont du Péril. C'est elle qui m'a tout appris, pour te parler de mon enfance, je dois te parler de mes parents, enfin, de ma mère. Je devais avoir un peu plus de cinq ans quand je l'ai connue à l'époque.

C'était un jour d'automne, je me souviens de la nature arborant ses vives couleurs lorsqu'un servant m'a fait traverser une cour reculée du château pour m'amener vers une aile du bâtiment. Cet endroit était condamné à cause d'une détérioration trop sévère de la structure pour être réparable. Il m'avait dit de rester dans le couloir en attendant qu'on vienne me chercher. J'ai attendu pendant quelques minutes en pensant que c'était une vengeance d'Impa. Alors que j'allais tourner les talons, un bruit de pierre raclant le sol m'interpela. Une porte s'ouvrit dans le mur de pierre au moment où je me retournai. Une femme d'environ vingt-cinq ans, au teint pâle, un peu maigre et aux cheveux pourpres sortit de l'ombre, littéralement. Elle portait une écharpe blanche autour du cou, sa longue queue de cheval finissait en tresse jusqu'au bas de son dos. Elle portait une combinaison bleu nuit un peu moulante, sur son torse, ce qui a attiré mon regard immédiatement était un grand oeil rouge larmoyant.

Elle me fit un petit geste de la main pour m'inviter à entrer. Intrigué par cette femme, j'obtempérai et elle referma la porte derrière moi. Au détour d'un petit couloir, je pénétrai dans une grande pièce sans fenêtre qui faisait salon/bureau/cuisine. Il y avait une assez grande bibliothèque dans un coin, un râtelier d'armes autre part, des bocaux contenant des herbes et autres choses comestibles derrière un semblant de paravent et une grande table couverte de parchemins dans un autre coin. Je distinguais deux portes tout au fond de cet endroit que je trouvais absolument charmant. La lumière des lampes à huile sur les murs se mariait parfaitement au mobilier et au parquet de bois sombre. Cet espèce de désordre néanmoins ordonné avait un certain charme, du moins cela me plaisait. Elle débarrassa grossièrement sa table carrée en poussant seulement son fatras du bras. 

Elle prit une chaise et la posa en face de la sienne, sans dire un mot elle se dirigea vers sa marmite qui était sur le feu. 

« Tu veux une tasse de thé ? » Me dit cette femme d'un ton relativement amical.

Sa voix était très douce mais je sentais qu'il ne fallait pas s'y fier...

« Ce n'est pas de refus... » J'étais sur mes gardes car j'ignorais tout cette personne.

Cette femme prit une louche et servit deux tasses avant de se poser en face de moi en me donnant la tasse. Nous portâmes le récipient à nos lèvres et nous bûmes tranquillement. C'était probablement le meilleur thé que j'ai jamais bu, elle devait avoir des feuilles d'une incroyable qualité. Toujours méfiant, je la dévisageais. Elle fut la première à briser le silence. 

« Et bien, tu n'es pas très causant... » Elle me regarda dans les yeux en me disant cela.

Je remarquai alors qu'elle était comme moi et Impa... Ses yeux étaient rouges sang... Une Sheikah.

« Vous... vous êtes une...

- Sheikah ? Oui tout à fait, une des dernières en vie...

- Comment cela se fait ce que je n'ai jamais entendu parler de vous ? On passe pourtant pas inaperçu avec nos yeux...

- Tu as l'esprit vif... j'ai un petit moyen pour remédier à ce problème... »

Elle se leva tranquillement, se dirigea vers son bureau et après avoir farfouillé un peu, elle revint avec deux petits coffrets bleus. Ils contenaient chacun deux espèces de petits bouts de verre bleus, ronds et incurvés, posés sur un petit coussin blanc.

« Regarde... » Me dit-elle en penchant la tête en arrière avec ses deux étranges objets.

Après s'être redressée, elle me regarda droit dans les yeux avec un sourire satisfait. Ses pupilles n'étaient plus rouges mais violettes.

« Grace à ces objets de ma création, je peux me balader tranquillement, il faudrait que je leur trouve un nom d'ailleurs...

- Et la deuxième boite est pour moi ? » Demandais je sans dissimuler mon envie.

- Pourquoi devrais je te la donner ? C'est dur à fabriquer et c'est plus que fragile ! On verra après notre entretien...

- Notre... entretien ?

- Oui, je serais peut être ton professeur pour les quelques années à venir, mais je dois d'abord savoir si tu en es capable...

- Capable de quoi ?

- Capable d'endurer mes enseignements, que ce soit moralement ou physiquement... »

Je pris une petite seconde de réflexion face à ses paroles, mais la conclusion était plutôt aisée.

« Vous allez me former pour devenir un assassin ? »

Elle but une nouvelle gorgée d'un air satisfait.

« Tout à fait, tu serais celui qui prendrais ma succession quand je serais trop âgée... ou morte ! 

- Et quel est votre nom ? Si je ne suis pas indiscret...

- Elaine, tu peux m'appeler Mère ou maître si tu le désires

- Mère ? Ne vous prenez pas trop au sérieux dame Elaine, mais je n'ai jamais eu besoin de parents... 

- Enlève ce ''dame''... Je n'ai pas envie de me faire appeler ainsi !

- Pourquoi ?

- C'est une façon d'appeler les nobles, mes actes sont tout sauf nobles et surtout je n'apprécierais pas que l'on me compare à ces nobles dames...

- Vous voulez parlez de ces pimbêches qui passent leurs journées à roucouler avec la bouche en coeur et qui pensent que le truc le plus dur dans la vie c'est de se maquiller ? »

Elle pouffa légèrement de rire.

« Tu as plutôt bien résumé la situation... »

Je fini ma tasse en une gorgée.

« Je vais donc devoir tuer des clampins pour le compte du roi...

- Hohohhhh 

- Pourquoi ce ricanement ?

- C'est pas commun pour un enfant de ton âge de parler comme ça. Normalement tu aurais dû répondre quelque chose du genre : ''C'est mal de tuer des gens", mais comme on me l'a rapporté, tu es intéressant.

« Je suis intéressant ? C'est la première fois qu'on me désigne comme ''intéressant''.

- Vraiment ?

- On a plutôt l'habitude de me traiter de monstre ou d'autres choses méprisantes, quand on me tabasse pas...

- La vie d'un enfant des ombres n'est pas à la lumière, sauf quand on s'appelle Impa...

- Pourquoi a-t-elle un traitement si différent du mien ?

- Je te le raconterai plus tard quand l'heure sera venue... Mais pour l'instant, j'ai une question à te poser... »

Elle poussa la deuxième boite vers moi.

« Sheik, veux tu devenir un assassin ? »

Quand elle m'a posé cette question, j'ai répondu instantanément, comme si j'avais attendu ce moment toute ma vie.

« Oui. »


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