Le journal d'un assassin

Chapitre 4 : L'apprenti assassin

1935 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 06/01/2018 11:33

L’apprenti assassin



À présent, chacune de mes journées commençaient de la même manière, je me rendais à l'aube chez ma professeure et repartais dans l'après midi. Je restais quelques secondes devant le mur avant que la porte ne s'ouvre et me permette de rentrer. Pendant deux années, j'ai appris à lire et à écrire parfaitement l'Hylien. Mais aussi à apprendre la langue des deux royaumes voisins, Lorymarh et Kirov. Ainsi qu'à compter, apprendre la botanique et d'autre chose en culture générale. Je n'étais absolument pas satisfait de ses cours, je me souviens parfaitement de la conversation que j'ai eu avec elle quand je me suis énervé à sept-huit ans...

« Maitre... Je ne remets pas en question votre enseignement, mais quand allez vous m'apprendre à manier le couteau ou m'apprendre des techniques d'assasinat ?

- Nous verrons ça une fois que tu seras au moins aussi bien cultivé qu'un noble !

- Mais à quoi ça va me servir de savoir qu'un glandu ait construit une église il y a cent soixante ans ? Dis-je alors que la colère me gagnait.

- Pourquoi es tu si pressé ? » Me dit-elle d'un ton sec.

« Je veux pouvoir me venger de ces ordures qui me tabassent dans la rue, je veux pouvoir tuer tous ceux qui m'emmerdent ! »

Elle se leva brusquement et me mit une claque.

- Imbécile ! Tu es l'assassin du roi ! Tu ne tues personne sauf si tu en as reçu l'ordre ! Nous sommes l'extension du glaive du roi ! Nous lui devons respect et dévotion ! 

- Peut être, mais à quoi ça me sert de savoir parler le Lorymarh ? Je ne vais pas tuer ma cible avec des mots !

- C'est ça que tu ne comprends pas ! Un assassin doit être diplomate ! La recherche d'information est cruciale pour atteindre sa cible ou pour approcher son entourage ! Un étranger ça se remarque à des lieux, surtout quand il ne capte pas un mot de ce qu'on lui dit ! Tu penses pouvoir gagner la confiance de quelqu'un de haut placé si tu es un ignare qui est incapable de trouver un terrain d'entente ?

- J'ai pas besoin de ça ! Je vois ma cible dans la foule, je fonce dans le tas et je lui plante un couteau dans le dos !

- À la vue de tous comme ça ? Crétin ! Tu penses survivre longtemps comme ça ? La violence ne te mènera nulle part, tu finiras par tomber face à un adversaire plus fort que toi et là tu ne pourras faire ! Même le plus attardé des paysans sera capable de faire le lien entre la situation des victimes et le Roi ! On doit faire en sorte que l'assasinat soit la dernière chose à laquelle on pense ! Que ce soit un accident, une maladie, une affaire qui a mal tournée, peut importe ! Nul ne doit se douter de notre existence, espèce d'idiot ! 

- Vous allez mieux me parler ! Vous n'êtes pas ma Mère ! » Elle me gifla encore une fois.

- Je ne suis peut être pas ta mère, mais je suis ta professeure ! Si tu n'es pas content de ce que tu fais, tu peux dégager d'ici !

- Et bien je ne vais pas me faire prier ! » Excédé, je m'en allai en laissant Élaine.

Une fois en dehors du château, je me rendis dans les bas quartiers, je cherchais certaines personnes en particulier. J'avais mis mes lentilles, les objets qui changent la couleur de mes yeux, avant de descendre vers cet endroit. Je me suis dirigé vers une ruelle précise, il y avait cinq enfants d'environ douze ans chacun. Au moment où l'un d'eux me remarqua, il prévint le groupe, qui se retourna dans ma direction.

« Te revoilà Fitz... T'en as pas assez de te faire rétamer ? 

- Tu peux parler Hoover ! On a perdu autant de sang tous les deux dans cette ruelle ! »

Fitz était mon nom en dehors du château, je regardai alors un coin de mur sur lequel se trouvait plusieurs taches de sang, ce n'était pas que le mien...

« T'en veux encore ? Je sais bien que tu cherches pas à devenir le chef des enfants des rues mais faut vraiment que t'ailles te faire soigner...

- Celui qui va se faire soigner c'est plutôt toi, tu vas retourner chialer chez ta mère dans quelques minutes...

- T'aimes vraiment te faire cogner... Je suis sur que tu serais parfait comme joujou pour pervers... »

Il sauta de la caisse sur laquelle il était assis et marcha tranquillement vers moi, faisant un petit geste pour dire à ses amis de ne pas bouger.

« Laissez-le moi, il a l'air d'humeur encore plus exécrable que d'habitude, j'ai bien envie de me le faire tout seul...

- Pour une fois tu es loyal ? Tu sais bien que même à cinq, j'arrive à vous latter...

- Tu es sur ? Mes poings ne sont pas tout à fait d'accord...»

Nous nous mîmes en garde, et je portai le premier coup. Compte tenu du fait qu'il était bien plus grand que moi, je lui ai enfoncé mon poing dans les cotes. Il fit un ''gnnn'' de désagrément.

« Et bien ? Tu te ramollis.... même si t'es un mioche, tu sais où frapper d'habitude... »

Il me mit un chassé dans le ventre, me faisant tomber au sol. Sans perdre de temps, il m'écrasa les bras en se mettant à genoux dessus. Il me frappa au visage en alternant le poing droit et le poing gauche. 

« Tu ferais mieux de retourner dans les jupons de ta mère en attendant d'être de taille ! Afin si t'en as une ! Pour venir te faire tabasser de ton plein gré, tu dois pas avoir de famille ! 

- Ma mère, elle me fait chier ! Mais pas autant que toi ! »

A ce moment là, je lui donnai un coup de crâne dans le nez. Par réflexe il me lâcha pour tenir son nez ensanglanté. Je regroupai mes jambes et parvins à me dégager en le projetant grâce à un coup de pieds. Il se réceptionna en faisant une roulade arrière, pendant que je crachai le sang qui coulait dans ma bouche. Heureusement, mes lentilles étaient toujours en place. On se releva en se dévisageant mutuellement, et une fois de plus, je fus la cause d'une énième bagarre...

Le combat se finit par une petite défaite, Hoover partit avec ses compères en me laissant assis contre un mur. 

« On l'achève pas ? » Demanda en de ses amis

- Laisse tomber... C'est un cas ce gosse, j'suis sur que ça lui ferait plaisir de se faire tabasser jusqu'à la mort... Allez, on se casse, y'aura bien un péquenot pour le ramasser.

- Vu sa tête... J'pense pas que quelqu'un daigne à le récupérer, il fera plus flipper son sauveteur qu'autre chose.

- C'est pas nos affaires... On se tire. »

Je les regardai s'éloigner en marmonnant. Mes vêtements étaient tachés de sang, le mien et celui de Hoover. À moitié K.O, mes yeux suppliaient de se fermer mais à chaque fois que mes paupières s'alourdissaient, je les rouvrais le plus possible, quitte à en avoir mal.

« Quelle bande d'enfoirés, la prochaine fois je leur briserai les os... » Murmurai-je en crachant du sang.

J'essayai de bouger mon bras, mais vu l'angle étrange qu'il faisait, je devais m'être déboité l'épaule. Après m'être relevé en titubant, mes forces me quittèrent presque instantanément... C'était probablement la plus grosse raclée de ma vie... Je me suis laissé tomber face vers le sol en fermant les yeux, résigné à m'évanouir dans ce mélange de boue et de sang. Mais alors que je sentais le vent de ma chute sur le visage, quelqu'un me rattrapa en me laissant tomber dans ses bras. Je ne vis que ses genoux posés dans la flaque et ses cheveux pourpre dans son dos. C'était Elaine.

« Lâche moi ! Je n'ai pas besoin de ton aide... » J'avais juste assez de force pour chuchoter.

« Sale môme... » Répondit-elle en me serrant dans ses bras.

« Lâche moi putain...

- Non... » Elle me répondit d'un ton extrêmement doux que je n'avais jamais entendu.

Abandonnant toute résistance, je me laissai tomber dans l'inconscience.

« Maman » Soupirai-je avant de clore mes paupières.

***

Au moment où je repris connaissance, j'étais dans un lit, l'épaule remise en place et couvert de bandages. J'observai la pièce, c'était une chambre qui m'était inconnue, mais en inspectant les murs, je compris que j'étais dans la chambre d'Elaine. Un petit bruit de respiration parvint à mes oreilles pendant que je scrutais le plafond à cause de mes cervicales douloureuses. Elle dormait à mon chevet, je fis un grognement de douleur en bougeant mon bras, ce qui la réveilla.

« Tu es vraiment ingérable comme gosse... Tu es obligé de finir la gueule en sang quand t'as des problèmes ?

- Fichez moi la paix...

- En voilà une façon de parler à sa maman. »

Elle appuya volontairement sur le dernier mot.

« Ne pensez pas que je vous ai appelé ''maman'' parce que j'ai de l'affection pour vous... J'étais juste en état de choc...

- Tu ne changeras jamais... Pourquoi quand quelque chose te déplais, tu te sens obligé de recourir à la violence ?

- Parce que je suis comme ça, on m'a élevé en me tabassant pour un rien, me battre à toujours été mon moyen d'expression...

- Et pourtant tu m'as appelé ''maman'', tu aurais pu dire ''Mère'', ou professeure, mais tu as choisis ce mot... »

Je la regardai d'un œil noir.

« Bouclez là !

- Je suis venu t'aider, et c'est peut être la première fois de ta vie que quelqu'un vient t'aider juste pour te sortir de la merde dans laquelle tu es...

- Et bien si cela vous déplaît, laissez moi dans la merde, j'y suis très bien.

- Je crois juste que c'est ton inconscient qui m'a parlé à ce moment, tu as baissé ta garde une seule fois et tu as parlé comme un véritable enfant... »

Je ne fis que grogner en guise de réponse.

« Tu n'es juste pas habitué à ressentir des sentiments aussi doux Sheik... Tu t'es enfermé dans un cercle vicieux où seule la violence te permettait de tisser des liens avec les autres, des liens t'empoisonnant peu à peu mais des liens quand même... Je suis mal placée pour... Non, c'est plutôt le contraire.... je suis extrêmement bien placée pour remettre en cause ton existence. La violence sans but ne mène qu'à l'auto-destruction, il faut que tu trouves un but à ta vie, une cause sur laquelle tu pourras déverser ta colère et ta rage. Pour moi, c'est ma loyauté envers le Roi, mais toi, Sheik... Pourquoi es-tu vivant et pour quoi mourrais-tu ? »

Je ne pus répondre à sa question, elle se leva et se dirigea vers la sortie.

« Il est possible que tu ne trouves jamais la réponse... Mais si tu ne sais pas quoi devenir, ne deviens pas n'importe quoi... Je n'ai pas envie de devoir achever de mes mains un gamin que j'ai forgé moi même... »

J'ai crû l'avoir entendue étouffer un petit sanglot...

« Retrouve moi dans le salon demain matin si tu veux toujours être un assassin...

- Oui... Mère... » Répondis-je à haute voix avant qu'elle ne claque la porte.


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