Cézanne peint

Chapitre 2 : POV Elijah

1951 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 01/10/2018 10:08

Chapitre 1


POV - ELIJAH


Je tourne depuis quelques minutes dans mon lit, n'arrivant plus à trouver le sommeil, ou tout à l'inverse, simplement à me réveiller. J'enfouis mon visage dans mon oreiller et essaye de repartir vers les rêves qui ont gardé ma nuit.


Des rêves, je dirai que cela faisait une éternité que je n'en avais pas fait de si paisibles. Je n'arrive plus trop à me souvenir réellement ce qu'ils racontaient. C'est étrange comme l'esprit est malsain. Mes cauchemars restent ancrés dans mon esprit pendant de longs jours, me laissant souvent angoissés mais mes rêves les plus fous s'envolent comme neige au soleil dès que j'ouvre les yeux. Petite vengeance peut être pour me rappeler que je ne suis pas un humain comme les autres, que je me rapproche bien plus des monstres que l'on trouve dans les contes les plus noirs.


Je vais essayer de me replonger dans la béatitude dans laquelle j'étais quand je me suis réveillée.


Un petit bruit m'empêche de la faire. J'ai l'impression que quelqu'un a refermé ma porte de chambre. Je n'ai pas encore le courage d'ouvrir les yeux pour vérifier que personne n'ait pénétré ici. Je le sentirai de toute manière. Je ne détecte aucune respiration ni battements de cœur. Je suis seul dans la pièce, comme dans ce lit d'ailleurs.


Hayley doit être au chaud dans les bras de son nouveau mari. Je souffre de son absence près de moi mais je n'ai pas le droit de lutter pour la récupérer. Elle semble heureuse, épanouie dans sa meute. J'ai la gorge nouée en repensant à tout cela. Je ne pensais pas en avoir le coeur aussi facilement brisé. J'ai plus de 1000 ans, mes sentiments auraient du depuis longtemps ne plus faire partie intégrantes de ma personnalité. Ils me brûlent, me brisent et m'empêchent de pouvoir parfois avancer dans cette vie qui demande beaucoup de sacrifices familiaux.


J'essaye de ne plus focaliser mon esprit sur ces idées qui me rendent tristes et mélancoliques.


Depuis quelques minutes, je peux entendre le chant des oiseaux et percevoir les rayons du soleil qui essayent de pénétrer dans ma chambre.


Je suis nu sur mon matelas, mes draps ayant certainement glissé sur le sol quand cette nuit, j'ai voulu les ôter à cause des chaleurs estivales. Je referme un peu les yeux. Je n'ai pas spécialement envie de me lever et rester un peu flemmarder me ferait le plus grand bien.


J'ai encore un peu la tête embrumée par la soirée que nous avons passée hier soir. Pour une fois, l'alcool aura eu raison de moi et je ne me souviens même plus comment j'ai pu arriver jusqu'à mon lit, me déshabiller et certainement m'endormir rapidement.


Je dois me lever et aller préparer le déjeuner pour ma famille.


Je fais un effort pour poser mes pieds sur le tapis près du lit, me lève avec précaution, sentant bien que je suis peut être encore un peu chancelant.

La soirée a été bien plus enivrante que je ne le pensais. Une bonne douche finira par réveiller mes sens et me donnera de l'énergie pour débuter cette journée qui me semble bien belle.


J'ouvre les rideaux et la fenêtre pour observer le paysage. Le soleil me fait plisser les yeux une petite seconde. J'adore cet endroit, éloigné de tout.


Je me tiens nu face au paysage mais je ne dérangerai personne puisque nous sommes isolés de toutes habitations. Je tourne lentement la bague que j'ai au doigt. Sans elle, je ne pourrai pas me lever tous les matins pour admirer le soleil. Je serai comme la plupart des gens de mon espèce, enfermé dans le monde de la nuit.


Je vénère ce moment où les rayons chauds de cette lumière viennent caresser ma peau, viennent me réchauffer et me rappeler que je ne suis presque rien, tout compte fait face à ce monde. Demain, je serai peut être partit et lui, le Soleil , sera toujours là à se lever et veiller sur les hommes de la Terre qu'il réchauffe.


Nous avons fait l'acquisition de cette maison de campagne après la naissance de ma petite nièce, Hope. Le maire du village nous a vu arriver d'un très mauvais œil. La réputation du clan Mikaelson même chez les humains, qui ne connaissent pas notre vraie nature, est mauvaise. Nous sommes souvent comparés à ces familles italiennes appartenant à la pègre et craint par beaucoup de monde. Beaucoup trop d'ennemis ont essayé de nous nuire mais malgré tous les efforts que j'entreprend pour rendre notre vie plus facile, ils sont toujours là à venir gâcher les quelques moments de bonheur que nous essayons d'avoir ensemble.


Il a fallu plusieurs mois pour trouver un endroit qui nous conviendrait à tous. J'ai eu le coup de foudre dès le début pour cette demeure qui était à vendre depuis quelques temps.


Mes frères et sœurs ne souhaitaient pas être autant éloignés de la Nouvelle Orléans, notamment depuis l'arrivée de Freya et de Kol.

Ma frères et sœurs aiment la ville, le bruit, les gens qui grouillent et dansent dans les rues. Moi je suis lassé de tout cela et j'aspire depuis bien longtemps à un peu plus de tranquillité.


Mais ils ont fini par céder et lorsque je suis allé signer les papiers d'acquisition, je me suis senti heureux, vraiment heureux. Une nouvelle maison pour notre famille était tout ce dont je rêvais pour eux.


La porte est ouverte à ceux qui veulent partager ces moments avec nous. Davina , la petite sorcière dont mon frère Kol s'est entichée est venue une ou deux fois. Elle et Klaus ne s'entendent pas spécialement et ces journées ont été un peu rudes pour tout le monde.


Camille, l'amie thérapeute de mon frère, vient fréquemment. Elle aime autant que moi cet endroit. On se ressemble sur cela. Elle aime le calme et la tranquillité. Elle vient souvent quand elle doit notamment écrire sa thèse de psychologie.


Quelque fois, elle me demande de l'aide pour les tournures de phrases ou autre mais en fait j'ai bien compris qu'elle me permet de lire son œuvre afin que je puisse assouvir ma curiosité de connaissance.


Elle est extrêmement intelligente et perspicace. J'évite de rester trop longtemps auprès d'elle quand Niklaus est absent car elle pose vite des questions qui me mettent mal à l'aise. Je n'aime pas me dévoiler. Mon frère le fait quand à lui avait une aisance qui me surprend toujours. Il est excentrique et aime attirer l'attention sur lui. Nous ne nous ressemblons absolument pas sur ce point là. Et pourtant, Rebecca nous appelle souvent les jumeaux tellement nous sommes liés tous les deux.

A part eux, nous n'avons que très peu d'amis sur qui compter. Ceux qui viennent à nous de leur propres choix se comptent sur les doigts d'une seule main. Il m'arrive de souffrir de cette situation. Nous vivons presque en huit clos de ce fait, Rebecca, Klaus et moi-même surtout, mes autres frères et sœur préférant vivre sous un autre toit, pour plus d'indépendance.


La famille s'est cependant étendue avec la venue de Hope. Sa mère, Hayley ne vit plus depuis quelques mois auprès de nous. Elle a préféré aller passer du temps dans le bayou , près des siens comme elle le dit si bien.


Je ne peux pas lui en vouloir et je ne dois pas lui en vouloir. Nous sommes des gens peu fréquentables et être à nos côtés signifient souvent fréquenter la mort de près. Ce n'est pas le plus réjouissant. Elle me manque tous les jours et j'avoue que j'éprouve une jalousie sans borne envers l'homme qu'elle a choisit pour vivre à ses côtés.

Je balaye ces pensées tristes immédiatement. Il fait beau dehors, le soleil réchauffe déjà la pièce où je suis et les arbres sont en fleurs dans notre propriété.

Il va falloir faire quelques travaux de rénovation car, au loin, j aperçois les barrières cassées près de la grange et je voulais faire repeindre l'écurie pour peut être y accueillir un ou deux chevaux que pourrait monter Hope quand elle sera plus grande. Elle a un an à peine mais j'imagine sa joie de pouvoir faire comme les grands. Peut être devrais-je prendre un petit poney en attendant…


Cette propriété est loin du village, derrière une forêt. Pour la rejoindre par la route, il faut emprunter des chemins pas toujours évidents en voiture. Ce n'est pas plus mal, cela évite les indésirables.


Quand je repense à cet achat, j'ai un peu honte. Il a fallu faire preuve de persuasion et surtout de contraintes mentales pour pouvoir signer les papiers de propriété. Le fait de s'appeler Mikaelson n'ouvre pas facilement toutes les portes. Il a fallu négocier. Un contrat moral a été passé. Nous ne nous rendons en ville que pour les quelques courses dont nous avons besoin et ne nous mêlons pas à la population. Chacun chez soi …


Klaus a brisé ce contrat dès les premiers jours de notre venue ici.


Désormais, la population nous déteste et le maire a banni tout contact avec nous.


Le mois dernier, certains malvenus, alors que nous étions dans notre autre demeure à la Nouvelle Orléans sont venus saccager les fenêtres et ont mis le feu à la grange.

Je ne sais pas ce qu'ils sont devenus une fois que mon frère a trouvé les coupables. Je ne préfère pas savoir. Ne pas gâcher cet endroit par des histoires de sang, de meurtres et autres affaires courantes chez la famille.


Freya a posé depuis un sort de protection. Seuls ceux qui y sont invités peuvent s'approcher de la demeure. Je suis rassuré, pas pour moi car je n'ai besoin de personne pour me protéger, mais pour les miens.


J'écoute attentivement si quelqu'un est réveillé. Tout me semble bien silencieux.


Je passe devant la glace de mon armoire puis me regarde. Je scrute mon corps.


En 1000 ans, je n'ai pas changé, pas grossi, pas maigri. Je me trouve pas trop mal pour un vieux vampire. Dommage que je sois le seul aujourd'hui à profiter de ce corps, une femme dans ma vie ne serait pas de refus.


Je suis en manque de caresses et de chaleur humaine. Je pourrai comme Klaus aller contenter ce manque auprès d'autres femmes de petites vertues mais je n'en ai pas envie. Je préfère souffrir en silence de ce manque et attendre que ca passe. Et ca finit toujours par passer, puis revenir malheureusement…


Ma chevelure brune est en bataille et j'ai des cernes sous les yeux. Je connais par cœur chaque trait de mon visage, il ne change pas depuis de si nombreuses années. J'évite cependant de croiser mon propre regard. Je ne peux pas, il reflète peut être trop de souffrances et de violence que j'ai du essayer d'oublier au fil du temps. J'ai trop peur d'y voir le monstre que je suis en réalité.


Il est temps d'aller me doucher pour enlever définitivement la fatigue de cette nuit.

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