Quelle journée !

Chapitre 1 : Jour 1

931 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/08/2020 09:44

Encore un matin, encore une chasse.

Ca faisait quelques semaines que tu étais arrivée à Alexandria. Ton ancien groupe avait été décimé par une horde-surprise, débarquée au milieu de la nuit. Tu ne comprends toujours pas comment tu t’en es tirée, mais tu fais encore des cauchemars où tu entends les grignoteurs chuchoter… Pas elle qu’ils disent, pas elle.

Oui mais pourquoi les autres et pas toi?

Bref, tu passes tes nuits à te réveiller en sueur, à tourner dans ton lit pendant des heures et au final, tu ne dors pas des masses.

Encore un matin du même genre. Tu te lèves, tu te prépares assez sommairement, après tout, qu’est-ce qu’on en a encore à faire ?

Dans la maison, chaque chambre est occupée. On l’appelle la baraque des célibataires. Les espaces commencent à manquer et pour avoir sa propre maison à Alexandria, il faut être quelqu’un d’important. Tu ne voulais pas forcément ta maison, mais tu étais reconnaissante de la sécurité que t’offrait Alexandria, tu faisais donc tout pour en valoir la peine.

Tu sors sur le porche, la lumière est vive et pique tes yeux. Il te faut une minute pour t’y habituer et tu rejoins le petit groupe qui s’est formé à l’entrée du village. Pour contribuer, tu t’es portée volontaire pour les missions extérieures. En même temps, ça te plaisait bien de sortir, d’explorer les villes abandonnées et de trouver des petits trésors, par-ci et par-là.

La dernière fois, tu avais trouvé une boîte à musique, le genre à l’américaine que tu ouvres, une ballerine se redresse et tourne sur elle-même sur la musique du Lac des Cygnes. Tu as passé une semaine à fredonner cet air, à en rendre dingue tes compagnons de jardinage. Tu détestes le jardinage, mais au moins tu fais quelque chose, et les autres postes… ben tu n’y connais rien donc retourner la terre, tu te dis que c’est dans tes cordes, au moins ça.

Aujourd’hui, direction nord-est, et cette fois l’expédition bat des records. Les alentours ont déjà été explorés jusqu’à l’épuisement, il faut donc aller plus loin. Si tout se passe bien, tu ne reverras pas ton lit avant une semaine.


Après quelques heures de route, la voiture s’arrête. Par la fenêtre, tu vois quelques maisons, la plupart avec des croix sur les portes.

Jérôme, le conducteur, annonce que les occupants de son véhicule iront explorer la première maison pendant que les occupants de la deuxième voiture se chargent de celle d’en face, et ainsi de suite.

Tu sais exactement ce que veut dire la croix : Grignoteurs à l’intérieur. C’est joli en plus, ça rime.

Certains les appellent les marcheurs, les rôdeurs. Etrangement, personne n’ose les appeler zombies, comme si ça ne ferait que réaliser une étrange malédiction. C’est Alain, qui a été le premier à se faire démolir lors de l’attaque surprise, qui avait décidé qu’on les appelerait Grignoteurs. Il trouvait ça un peu mignon, ça leur rendait une part d’humanité. Tu n’étais pas fan du tout du concept mais le mot te plaisait bien quand même.


4ème jour de l’expédition. Encore un village, encore des croix, toujours rien d’intéressant. Ca devait être la 45ème maison que tu explorais, sans rien à ramener qui en vaille vraiment la peine. Et la plupart du temps, la croix servait à rien, le Grignoteur, s’il avait été là, avait pris la porte arrière depuis bien longtemps.

Les réserves d’essence commençaient à faiblir et tu savais qu’il fallait bientôt songer à rentrer. L’idée de rentrer les mains vides te rendait folle, mais rien à faire, à part quelques fringues et des conserves décevantes, tu ne trouvais rien de spécial.


Dernière maison, après on rentre. Merde. Rien. Vraiment rien. Pas même un vibro caché sous un matelas. De toute façon ça n’aurait servi à rien, sans électricité, impossible de charger ses joujoux sur une prise USB, et de toute façon tous les adaptateurs grillaient dès qu’on les branchait à la génératrice, bizarre quand même. Tu commençais à en avoir sérieusement marre et les tiroirs volaient dans la pièce au rythme de ton ras-le-bol.

Dernière chambre. Visiblement celle d’un adolescent. La guitare n’y était plus, mais on voyait encore son contour là où elle était accrochée au mur. Un vieux poster des Red Hot trônait au-dessus du lit, tu t’es donc mise à fredonner How long how looong will I slide pendant que tu vidais sa table de nuit.

En balançant le tiroir inintéressant, du coin de l’oeil, tu l’as vu partir dans le coin de la chambre.


Pas possible.

Impossible.

Non.

J’y crois pas.


Et si. Tu t’approches très lentement, comme dans les films d’horreur, un peu comme si un Alien se cachait dans ce coin. Un petit sachet en plastique. DE L’HERBE!

BORDEL DE NOUILLE ! DE L’HERBE !


Ce gosse est parti de sa chambre en catastrophe, il a pris ses affaires les plus importantes et sa guitare, mais il a laissé son herbe dans le tiroir de la table de nuit ! C’est clairement ton jour de chance.



Laisser un commentaire ?