Apocalypse

Chapitre 1 : Survivre

10306 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/03/2024 09:23

Comté de King, Géorgie, deux mois après l'épidémie.


La réserve sonnait depuis quelques kilomètres déjà. Morgan savait que le véhicule n'allait pas tarder à s'arrêter. Il se gara sur le bas côté de la route et ouvrit le coffre pour en sortir un jerrican. Il fit signe à sa femme et son fils de sortir. Voyant des voitures au loin, ils accélérèrent le pas pour y jeter un œil. Certaines étaient entièrement carbonisées mais il n'y avait aucun corps en vue. Seulement des traces de sang sur les sièges. Soit ils avaient été dévorés, soit ils erraient quelque part. Ils marchèrent lentement entre les véhicules et descendirent une pente herbeuse. Ils atterrirent sur un champ avec des tentes qui avaient l'air toutes abandonnées. Jenny pénétra dans l'une d'elles pour rechercher des vivres ou des médicaments. Duane regarda le tricycle bicolore et l'ours en peluche qui étaient balancés sur le sol. Au loin, les corbeaux croassaient, heureux de leur festin. Morgan s'enfonça un peu plus dans le champ. Sur son passage, les oiseaux s'envolèrent. L'odeur de mort était omniprésente. Des mouches volaient autour des cadavres en décomposition. Partiellement ou entièrement dévorés. Il continua d'avancer prudemment, la main posée sur son arme. Il fit signe à sa femme et son fils de rester où ils étaient. Il traversa le champ pour atteindre l'autre côté de la route où il tomba sur une station service. Une pancarte était accrochée indiquant qu'il n'y avait plus d'essence. Il était entouré de cadavres, certains dans les voitures et d'autres gisant sur le sol, mais tous avaient un trou dans la tête. Ils avaient dû s’entretuer voyant la pénurie de carburant. Les gens étaient devenus fous. Il entendit des pas arriver dans son dos. Il se retourna, en pointant son arme, et croisa le regard de son fils qui l'avait suivi. Morgan voulut le réprimander de ne pas avoir écouter mais il n'en eut pas le temps. Une dizaine de rôdeurs arrivaient dans leur direction. Il fit signe à son fils de se cacher sous une voiture et de ne pas faire de bruit. Il devait absolument les éloigner du camp où se trouvait encore sa femme. Il vit Duane rouler sous une voiture et attrapa une barre en fer, qu'il frappa de toutes ses forces sur la carrosserie. Les rôdeurs se tournèrent vers lui, les bras tendus. La main plaquée sur sa bouche, le petit garçon vit son père courir à travers les voitures poursuivis par les zombies affamés. Les pieds décharnés passèrent près du véhicule où il était caché. Au bout d'un petit moment qui lui parut des heures, il se retourna et vit des chaussons lapins roses passer. Une petite main ramassa un ours en peluche qui traînait sur le sol et reprendre son chemin, traînant toujours des pieds. Duane sortit de sa cachette. Une petite fille avançait, tenant la peluche au bout de sa main. Elle portait un peignoir assorti à ses chaussons et de longs cheveux blonds tout emmêlés. Il s'approcha doucement.

- Petite. Tu n'as plus rien à craindre, murmura-t-il.


La gamine s'arrêta. Il s'approcha davantage d'elle en tendant la main.

- Tu n'as aucune raison d'avoir peur. Mon papa et ma maman vont t'aider à retrouver ta famille.


La petite fille se retourna et il tomba à la renverse sous le choc. La moitié de la mâchoire de la gamine avait disparu. Affamée, elle se dirigea vers lui les bras tendus. Du coin de l’œil, Duane aperçut une jeune femme sauter par dessus une voiture, en brandissant un sabre. Elle coupa net la tête de la fillette qui roula jusqu'aux pieds du garçon. Elle rengaina son arme dans l'étui qu'elle portait dans son dos et tendit la main à Duane qui hésita.

- Je m'appelle Ivy.




Comté de King, Géorgie, 6 mois avant l'épidémie.


Assis dans leur voiture de fonction, les deux adjoints du shérif mangeaient leur déjeuner. Le plateau posé entre eux, Rick y piocha une frite qu'il trempa dans la mayonnaise avant de la porter à ses lèvres.

- J'ai signé les papiers du divorce ce matin, dit-il. Je me sens comme un homme dont le mariage est un échec total. Lori me reproche tellement de choses ces derniers temps. Des trucs qui n'ont ni queue ni tête. J'essaie de faire bonne figure pour ne pas aggraver la situation. Pour Carl. Il ne mérite pas vraiment que ses parents se déchirent de cette façon. Je sais au fond de moi qu'elle voit un autre homme depuis quelques temps déjà. Je me voilais la face pour tenter de sauver mon mariage. Mais aujourd'hui, il n'y a plus rien à sauver et j'ai préféré signer ces maudits papiers. Tout ce que je souhaite aujourd'hui c'est qu'elle soit heureuse. Je n'ai pas su le faire peut-être qu'un autre y parviendra.


Shane écoutait son ami et collègue, les mâchoires serrées. Il ne pouvait pas lui avouer la vérité ce qui marquerait la fin de leur amitié. Il savait qu'il avait merdé au plus haut point. Il n'aurait jamais dû coucher avec Lori. Pas la femme de son meilleur ami. Leur histoire durait déjà depuis six mois. Ils s'étaient retrouvés un soir pour boire une bière. Comme deux vieux amis. Ils s'étaient épanchés l'un l'autre sur leurs vies sentimentales. Lui le coureur de jupons qui n'aspirait qu'à une vie de famille. Elle, la femme au foyer qui ne supportait plus son mari. Pourtant, elle n'avait pas de grief à lui reprocher. C'était un mari aimant. Un père génial. Mais, elle ne ressentait plus rien pour lui. Ce simple verre les avait conduit sur une pente glissante et ils s'étaient retrouvés à faire l'amour sur le siège arrière de la voiture. Depuis cette soirée, ils s'offraient des moments de plaisir dès que l'occasion se présentait à eux. La radio dans la voiture se mit à biper et une voix masculine se fit entendre.

- A toutes les unités disponibles. Une course poursuite est en cours. Les suspects sont armés et dangereux. Ils ont fait usage de leurs armes et ont blessé un officier de policier du comté de Lindell.


Ils débarrassèrent leur plateau repas et se mirent à rouler à vive allure sur la route déserte. Deux corbeaux sur le bas-côté se nourrissaient d'un lapin qui avait dû être renversé par une voiture peu de temps auparavant. Ils s'envolèrent, laissant leur festin. Rick arrêta la voiture au milieu de la route et se retourna pour regarder la deuxième voiture qui arrivait. Il vit ses deux autres collègues en sortir et se préparer. Shane sortit le rail plein de clous qu'il positionna sur toute la largeur de la route. Ils remontèrent dans la voiture et se garèrent à côté de l'autre véhicule pour barrer le passage. Protégés par leurs voitures, les quatre membres de la police se positionnèrent dans l'attente des suspects.

- Ces abrutis font traverser tout le comté aux flics de Lindell, s'exclama le shérif Lambert.

- Avec un peu de chance, on passera dans l'émission « les courses poursuites à couper le souffle ». Qu'est-ce que vous en pensez ?

- Ce que j'en pense, Léon, dit Rick. C'est que je voudrais que tu te concentres. Vérifie si ton arme est chargée et si le cran de sécurité est retiré.


Le jeune adjoint regarda son supérieur avant de procéder aux vérifications. Ils entendaient au loin les sirènes de police qui se rapprochaient.

- Ça serait cool quand même de passer à la télé, répliqua Shane.

 


 

La Mustang grise faisait des embardées sur la route. Au volant, l'homme d'un certain âge se décapsulait une bière. Il était complètement ivre. Son fils aîné, assis près de lui, se roulait un joint, les pieds posés sur le tableau de bord. A peine majeur, le troisième dormait, allongé sur la banquette arrière. Ils roulaient à vive allure sur la route déserte. La police avait préféré la fermer pour ne pas risquer un carambolage ou pire. Les suspects riaient en voyant les voitures de police les suivre depuis plus d'une centaine de kilomètres.

- Non mais regardez cette bande de débiles profonds, riait le fils. Comme si ils allaient nous rattraper.


Le père avala sa bière d'une traite tout en regardant dans son rétroviseur. Il voyait de plus en plus trouble. Il appuya sur l'accélérateur et la voiture fit un bond en avant. Elle roula sur le cadavre du lapin ce qui déclencha un rire gras du père. Il augmenta le volume de l'autoradio. L'habitacle de la voiture était devenu une véritable cacophonie.

- Trey, balance-moi une bière.


A contrecœur, le jeune garçon, à moitié endormi, en sortit une nouvelle de la glacière posée près de lui et la tendit à son père. Ce dernier ouvrit sa fenêtre et jeta la bouteille vide dans le champ. En la décapsulant, il perdit de vue la route un instant et ne vit pas le rail de clous au milieu de la route. Les quatre pneus éclatèrent. La voiture continua sa course endiablée. Les pneus se désagrégèrent. Des morceaux de caoutchoucs se dispersèrent sur la route. La voiture fit un premier tonneau qui en entraîna d'autres et finit sa course dans un grand bruit métallique au milieu du champ, sur le toit.

 


 

Shane resserra sa prise sur son fusil à pompe tout en regardant la voiture immobile. Les policiers de Lindell arrivèrent quelques instants plus tard et descendirent de leur véhicule, armés de leurs fusils. Rick s'approcha doucement du milieu de la route tout en pointant son colt sur la voiture accidentée. Il jeta un regard aux policiers nouvellement arrivés sur les lieux. Il continua son chemin et s'arrêta lorsque la portière côté conducteur s'ouvrit dans un grincement. L'homme, armé d'un pistolet, sortit. Du sang coulait de son front.

- Il a un flingue, hurlèrent les flics en chœur.

- Lâchez-le, se mit à crier Rick.


Le père de famille tira sur les forces de l'ordre qui ripostèrent aussitôt. Rick s'écroula, touché au flan. Le conducteur de la voiture s'effondra à son tour, criblé de balles. Le fils aîné sortit à son tour, armé d'un fusil à pompe. Rick roula en jurant dans les herbes hautes, tout en essayant de retirer son gilet pare-balle. La balle était logée à l'intérieur. Il aurait un bel hématome aux côtes pendant quelques jours. Il entendait le jeune homme hurler tout en braquant son fusil sur les forces de l'ordre. Rick était le seul à pouvoir l'abattre de là où il se trouvait. Accroupi dans l'herbe, il visa et tira. Sa balle atteignit l'homme en pleine poitrine. Le passager tomba sur le sol, mort. Shane accourut vers son ami.

- Rick ?

- Ça va, je n'ai rien.

- J'ai cru qu'il t'avait refroidi.


Ils regardaient le gilet posé au sol sans prêter attention au plus jeune des fils qui était sorti en rampant de la voiture. Caché par les hautes herbes, il s'était glissé jusqu'au corps de son frère où il avait récupéré le fusil à pompe.

- Surtout ne dit rien à Lori.


Ils entendirent une détonation. Rick s'écroula dans les bras de Shane, une plaie béante dans le dos. L'adjoint leva son fusil et tira sur le jeune garçon debout au milieu du champ. Ce dernier s'effondra, la poitrine ouverte. Le sang de Rick se répandait sur son tee-shirt blanc. La balle l'avait transpercé de part en part.

- Appelez les secours. Dites-leur que nous avons un officier à terre, hurlait-il.


Il faisait pression avec ses mains pour stopper l’hémorragie tout en parlant doucement à son ami pour l'apaiser. Les autres membres de la police se regroupèrent autour du corps de Rick.




King County, Géorgie, aujourd'hui.


Rick vit Shane se pencher vers lui. Il tenait dans les mains un immense bouquet de fleurs dans un vase en porcelaine bleue.

- Salut mon pote. Tu es toujours des nôtres ? C'est bien continue de t'accrocher. Je suis désolé vieux. Je sais qu'à chaque fois que je viens te voir je te sors les mêmes conneries. Dehors c'est la folie. Des morts partout. Je pars avec Lori et Carl pour Atlanta. Ils ont installé un camp pour les réfugiés. Nous serons en sécurité là-bas.

- Le vase n'est pas banal. Avoue-le, tu l'as piqué à ta grand-mère, dit Rick.


Allongé sur son lit d'hôpital, Rick se mit à rire doucement. Il avait des lunettes à oxygène dans le nez et des électrodes collés sur le torse reliées à un moniteur de contrôle.

- J'espère que tu n'en as pas profité pour prendre son stock de petites cuillères, rit-il une nouvelle fois.


Il se mit à tousser et tourna la tête vers l'endroit où avait disparu son ami. Il se rendit compte qu'il était tout seul dans la chambre.

- Shane, appela-t-il. Tu es aux chiottes ?


Il n'eut aucune réponse. Il regarda le bouquet posé près de lui. Les fleurs étaient complètement fanées. Il les toucha du bout des doigts et les pétales se désagrégèrent à son contact. Paniqué, il se tourna de l'autre côté de son lit et vit l'horloge accrochée au mur qui était arrêtée. Il retira son tube à oxygène et se débarrassa des draps qui recouvraient son corps. Il prit appui sur le support de la perfusion et sortit ses jambes du lit. Il les posa par terre, tout en tentant de se mettre debout. N'ayant plus la force de le porter, ses jambes fléchirent et il s'écrasa au sol. Allongé sur le lino, il arracha sa perfusion et les électrodes recouvrant son torse tout en essayant d'appeler l'infirmière mais il ne put sortir qu'un mince filet de voix, sa bouche étant trop sèche. Il se releva en s'aidant de son lit et essaya de se calmer. Il contrôla le tremblement de ses jambes et s'avança à petits pas vers la porte de la salle de bains. Il l'ouvrit et se regarda un instant dans le miroir qui lui faisait face. Il ne reconnut pas l'image renvoyé. Son visage était amaigri et barbu. Un bandage lui enserrait le ventre. Il ouvrit le robinet du lavabo et se mit à boire jusqu'à ce que l'assèchement de sa gorge se soit apaisé. Il sortit de sa chambre et poussa le lit qui en barrait l'accès. Aucune infirmière ni aucun médecin ne courraient dans le couloir. Seuls des papiers étaient éparpillés sur le sol. Les néons tressautaient par intermittence en renvoyant leurs lumières blafardes. Il commença par marcher lentement le long du couloir désert. Il sentait la panique le gagner au fur et à mesure que ses pas l'entraînaient loin de sa chambre. Il jetait un œil dans les chambres dont les portes étaient grandes ouvertes. Personne dans les lits. Il arriva devant l'accueil des infirmières et attrapa le téléphone qui trônait sur le comptoir. Aucune tonalité. Il farfouilla dans les tiroirs et trouva une boîte d'allumettes. Il s'approcha lentement de la porte vitrée qui conduisait à un autre service. Le néon au-dessus de sa tête s'arrêta brutalement, le plongeant dans une semi-pénombre. Il s'approcha de la vitre et posa sa main dessus, prêt à pousser la porte. Ce qu'il vit de l'autre côté lui glaça le sang : un corps dont la peau avait été entièrement pelée et les boyaux éparpillés sur le sol. Il se focalisa sur le visage de la femme. Une blonde. Il la reconnut et retint un haut le cœur. Il partit à reculons vers l'autre bout du couloir qui plongeait plus profondément dans les ténèbres. Tout en marchant, il regardait les impacts de balles qui recouvraient les murs. Des traces de mains et de pieds ensanglantés jonchaient le sol devant lui. Plus il s'enfonçait dans le couloir, plus il découvrait un carnage. Des fils électriques pendaient du plafond. Des morceaux de béton étaient éparpillés sur le sol. Il arriva face à une porte cadenassée où était inscrit en gros et en rouge : « Ne pas ouvrir, mort à l'intérieur. ». Il resta planté devant la porte verrouillée, entendant du bruit de l'autre côté. La porte bougea légèrement. Des gémissements lui parvinrent. Il recula tout en ne quittant pas des yeux la barre métallique qui barrait le passage. La porte bougea de plus en plus violemment. Il vit des doigts sortir de l'interstice. Apeuré, il quitta le couloir par une autre issue et tomba sur les ascenseurs. Il appuya sur le bouton d'appel mais rien ne se passa. Il ouvrit la porte de l'escalier plongé dans l'obscurité. Il chercha à tâtons dans sa poche la boîte d'allumettes. Il en grilla une et se mit à longer le mur. Elle lui brûla les doigts et il la jeta au loin. Il en alluma une seconde et commença à descendre doucement les marches. A la troisième allumette, il vit le panneau sortie au-dessus d'une porte. Il s'y dirigea et la poussa. La lumière de l'extérieur l'aveugla un instant. Il longea le mur, se protégeant les yeux du soleil. Il descendit les quelques marches métalliques et se retrouva dans la cour de l'hôpital. Devant lui se trouvait des centaines de cadavres enveloppés dans des linceuls blancs. Des mouches volaient autour d'eux. L'odeur de mort le prit à la gorge. Il marcha au milieu des corps tout en les regardant. Il remarqua que les tâches de sang sur chaque drap étaient au niveau de la tête. Il sentait la bile monter de son estomac. Il se dirigea aussi vite que ses jambes le pouvaient vers la sortie de l'hôpital. Il grimpa la pente herbeuse moitié debout, moitié à quatre pattes. Il tomba sur un camp militaire déserté. Un hélicoptère était posé en haut de la butte. Rick regarda tout autour de lui cherchant un être vivant mais il ne vit que des cadavres dans des sacs mortuaires. La façade du bâtiment était complètement éventrée comme si une bombe avait explosé juste devant. Il traversa le camp et se retrouva dans une petite rue avec des jolies maisons de chaque côté. Il repéra au loin un vélo jeté dans un jardin. Il lança un vague coup d’œil au corps coupé en deux qui se trouvait à proximité. Tout le bas avait disparu laissant les tripes et les boyaux traînant sur le sol. Rick releva le vélo et se mit à le faire rouler doucement. Le corps se retourna dans un gémissement guttural. Le policier tomba à la renverse avec la bicyclette. La femme s'aidait de ses mains pour avancer vers sa proie. Rick poussa un petit cri tout en la regardant se diriger vers lui. Affolé, il eut dû mal à se relever, empêtré comme il était dans les roues du vélo. Son pied était coincé entre deux rayons. L'abomination approchait de plus en plus de lui. Il dégagea enfin son pied et monta sur la bicyclette. Il se mit à pédaler aussi vite qu'il le pouvait mettant le maximum de distance entre elle et lui. Il roula jusqu'à sa maison qui se trouvait un peu plus loin. Il balança le vélo sur le trottoir et monta les marches qui conduisaient au perron. La porte d'entrée était grande ouverte. Il la poussa et pénétra à l'intérieur.

- Lori, hurla-t-il. Carl.


Il appelait sa femme et son fils tout en se déplaçant de pièces en pièces. Des cartons remplis étaient posés un peu partout. Un des châles de sa femme traînait sur le montant de leur lit. La chambre de son fils était tout aussi vide. Les photos de famille n'était plus accrochées au mur. Certaines gisaient au sol. Des bris de verre éparpillés un peu partout. Il sentait de plus en plus la panique le gagner. Il s'écroula sur le parquet et se mit à pleurer. Sa famille avait disparu. Il ne sut combien de temps, il resta à pleurer sur le sol du salon. A appeler sa femme et son fils. Il se sentait tellement mal. Il ne comprenait rien à ce qu'il se passait.

- Ce n'est qu'un rêve. Je vais me réveiller.


Il se balança des gifles, se pinça jusqu'au sang le bras mais il était bel et bien là. Il se redressa et sortit à petits pas sur le perron. Il descendit les quelques marches et s'installa sur la dernière. Il n'y avait aucun bruit. Aucune voiture ne passait dans la rue. Aucune dispute de voisins. Rien. Le silence total. Il aperçut au loin, une silhouette qui déambulait sur la route zigzaguant légèrement. Rick leva le bras pour l'appeler mais suspendit son geste. Un garçon s'approcha du policier doucement par derrière. Ce dernier trop occupé à regarder la personne qui s'approchait lentement sur la route ne prêta pas attention à ce qu'il se passait dans son dos. Une branche craqua le faisant se retourner. Il n'eut pas le temps de réagir, se faisant assommer à coup de pelle.

- Papa, hurla le petit garçon.

- Carl, murmura Rick. Je t'ai enfin retrouvé.

- Papa, je l'ai eu cette saleté. Je vais lui éclater la tête.


La bouche et le nez en sang, Rick se tourna vers la silhouette au milieu de la rue. Un homme noir arriva en courant et tira une balle dans la tête de l'abomination qui s'écroula sur la route.

- Il a dit quelque chose, demanda-t-il à son fils. Je l'ai entendu parler.

- Il m'a appelé Carl.

- Tu sais très bien que ces choses ne parlent pas. Hey, monsieur, c'est quoi ce pansement ?

- Quoi ? bafouilla Rick.

- C'est quoi comme blessure ? Vous avez été mordu ?

- Mordu ? Je ne comprends pas.


L'homme noir pointait le canon de son arme sur la tête du policier qui commençait à perdre conscience lentement.

- Vous allez répondre bon dieu, hurla l'homme. C'est quoi comme blessure ? Si vous ne répondez pas, je vous jure que je vous tue.


Il abaissa le chien de son arme tout en plongeant son regard dans celui de Rick. Sentant le froid du canon contre son front, le policier posa sa tête sur l'herbe et perdit connaissance.

 

 


Entendant la détonation, Ivy se précipita dehors et vit Morgan tenant un revolver au-dessus d'un homme allongé sur le béton. Elle courut vers lui en lui indiquant du doigt les deux zombies qui arrivaient dans leur direction.

- C'est qui ? demanda-t-elle.

- Je ne sais pas, répondit Morgan. Duane l'a trouvé assis devant cette maison.

- On va l'emmener avec nous. Ce n'est pas sûr pour lui dehors.


Morgan la regarda, les sourcils froncés, tout en lui indiquant du canon de son arme le bandage qui entourait le ventre de Rick. Elle regarda le pansement et le souleva doucement.

- Morgan, il n'a aucune trace de morsure. Si nous le laissons là, il ne passera pas la nuit.


Ivy prit un des bras du policier et commença à le redresser. Ses yeux verts ne quittaient pas le regard sévère de Morgan. Elle savait ce qu'il se passait dans la tête de son ami. Il avait peur que l'inconnu se transforme en mort-vivant et s'en prenne à son fils. Il la regarda une dernière fois en soupirant et l'aida à porter Rick jusqu'à la grande maison au bout de la rue. Duane courrait devant eux, armé de sa pelle. Ils installèrent le policier sur un lit et Ivy s'assit près de lui. Morgan ramena un pichet d'eau qu'il vida dans une cuvette qu'il posa près de la jeune femme. Elle retirait doucement le bandage tout en décollant le pansement. La blessure au ventre était complètement cicatrisée. Elle lui passa un linge humide sur le front et les lèvres. Elle vit le bracelet de l'hôpital autour du poignet. Le nom du patient ainsi que sa date d'admission. Elle fit rapidement le calcul. Six mois. Il avait passé tout ce temps dans l'hôpital. Pour pouvoir éclaircir ce mystère, elle devrait attendre que l'homme reprenne conscience. Elle descendit rejoindre Morgan qui faisait le guet à l'une des fenêtres du rez-de-chaussée. Duane, s'étant assoupi sur le canapé, elle le recouvrit d'un plaid pour ne pas qu'il attrape froid dans son sommeil. Morgan lui indiqua d'un signe de tête l'assiette posée sur la table. Elle s'y installa et regarda la soupe. Elle vida le contenu de son bol et se posta près de lui. Elle jeta un œil au-dehors. Une dizaine de zombies s'étaient rassemblés devant la maison. Ils faisaient les cent pas lentement. Une femme noire en décomposition se posta devant la porte.

- Pourvu que Duane ne la voit pas comme ça, murmura Morgan.

 

 


Rick se réveilla dans un lit confortable avec des draps à fleurs. Il regarda tout autour de lui et vit le petit garçon, armé d'une batte de base-ball. Une jeune femme entra à son tour, en souriant.

- J'ai changé votre pansement, dit-elle. Je m'appelle Ivy et eux se sont Morgan et Duane.


Il essaya de se redresser mais sa tête tourna et il retomba sur l'oreiller. Il remua et croisa le regard noir de Morgan qui tenait dans ses mains un fusil à pompe.

- C'était quoi votre blessure ?

- Je me suis pris une balle, articula difficilement Rick.


Ivy approcha un verre d'eau de ses lèvres sèches tout en l'aidant à boire doucement.

- Quoi d'autre ? demanda Morgan.

- Comment ça quoi d'autre ? Ce n'est pas suffisant une balle ?

- Répondez à mes questions. Avez-vous été mordu ?

- Mordu ?


Rick écarquilla les yeux d'incompréhension. Ivy posa une main sur le bras de Morgan.

- Je te l'ai dit, il n'a pas été mordu.

- Peut-être griffé ou autre chose, s'exclama-t-il.

- Il n'a aucune trace sur le corps.


Rick suivait l'échange des deux personnes devant lui. Il essaya une nouvelle fois de se redresser. Ivy s'approcha de lui et lui cala un oreiller dans le dos.

- On m'a tiré dessus. J'ai seulement reçu une balle, murmura Rick. C'est tout ce que je sais.


Ivy poussa Morgan hors de la chambre. Rick les regarda sortir le laissant seul avec Duane, absorbé par sa lecture. Il entendait au loin la voix de la jeune femme qui se disputait avec Morgan.

- Fais-moi confiance, Morgan, lui disait-elle. Il ne sait rien de ce qu'il se passe. Tu as vu son regard quand tu lui posais des questions. Il n'est au courant de rien. Il était à l'hôpital depuis six mois déjà. J'ai vu son bracelet d'hospitalisation. Cet homme n'a pas été mordu, ni griffé ni quoi que ce soit d'autre.

- Tu te rends compte de ce que tu racontes, Ivy, explosa Morgan. Comment veux-tu qu'il s'en soit sorti vivant ? Seul pendant aussi longtemps. L'hôpital a été le premier touché par toute cette merde.

- Je ne sais pas, Morgan. Et, je ne pense pas qu'il le sache lui même.




Se sentant à peu près d'attaque, Rick sortit du lit et retira la blouse de l'hôpital. Il avait suivi l'échange et la jeune femme avait raison. Il ne comprenait pas ce qu'il se passait. Il s'était réveillé dans un véritable cauchemar. Ne voulant pas se promener à moitié nu devant la jeune femme, il se recouvrit d'une couverture et descendit l'escalier pour les rejoindre dans la salle à manger. En passant dans le couloir, il regarda les photos accrochées au mur et reconnut ses voisins.

- Cette maison appartient à Fred et Cindy Drake, dit-il.

- Je ne sais pas. Je ne les connais pas, répondit Morgan. Quand nous sommes arrivés, la maison était vide, expliqua Morgan.


Ivy faisait réchauffer la nourriture sur un réchaud, posé sur la table. Duane essayait par moment de glisser un de ses doigts dedans mais la jeune femme lui tapait doucement sur la main, en riant. Rick s'approcha des fenêtres qui étaient camouflées par des énormes couvertures en laine. Il en approcha sa main.

- Je ne ferais pas ça si j'étais vous, lui dit Morgan. Ils sont attirés par la lumière et ils sont plus nombreux que d'habitude. Je n'aurais pas dû me servir du flingue tout à l'heure. Le bruit les a attirés et maintenant il y en a plein la rue. C'était pas malin de se servir de l'arme. Tout s'est passé si vite que je n'ai pas eu le temps de réfléchir.


Ivy versa le contenu de la casserole dans les bols sur la table et leur fit signe de manger. Rick s'installa et avala goulûment le repas. Il était affamé.

- Vous avez tué un homme, dit-il à Morgan.

- Un homme ? S'exclama Ivy.

- Oui. Votre ami a tué un homme aujourd'hui dans la rue.

- Je crois que vous avez besoin de lunettes. Ce n'était pas un homme, répliqua Morgan. C'était un rôdeur.

- Vous avez une idée de ce qu'il se passe ? demanda-t-elle.

- J'étais à l'hôpital. Je rentrais chez moi, répondit-il. Il n'y avait plus personne.

- Vous devez être au courant pour les morts ? lui demanda-t-elle.

- Oui, j'en ai vu des tas dans la cour de l'hôpital. Des cadavres empilés dans des camions et sur le sol.

- Non pas ceux qui ont été abattus mais ceux qui restent. Les rôdeurs, continua Morgan. Comme celui que j'ai tué aujourd'hui. Si je ne l'avais pas abattu, il vous aurait mordu ou, pire, dévoré.


Le regard de Rick passa de l'homme à Ivy. Il n'arrivait pas à comprendre de quoi ils parlaient.

- Vous devez nous prendre pour deux cinglés, s'exclama-t-elle. Je vais essayer de vous résumer les événements. A ce que je comprends, vous étiez à l'hôpital. Sûrement dans le coma. Vu que vous y êtes restés six mois. Il y a trois mois à peu près, une épidémie... Nous allons appeler cela comme ça car nous n'en savons rien, a été déclarée. Tous les morts sont revenus. Pas en vie. Différemment. Avec des instincts primaires. Manger. Nous manger. Ça a tourné au carnage. Beaucoup de morts et plus il y avait de morts, plus les rôdeurs augmentaient. Les survivants ont tenté de prendre la fuite. Certains ont réussi, d'autres ont péri. Aujourd'hui, nous n'en savons pas plus. Dans cette ville, il n'y a que nous et les rôdeurs. Toutes les communications ont été coupées. Impossible de savoir si d'autres personnes sont encore en vie.

- Vous voulez me faire croire qu'il y a des...

- Oui, répondit Morgan. Ils sont plus actifs à la nuit tombée. Mais, nous ne risquons rien si on reste tranquille. Ils ne seront sûrement plus là demain matin.

- Il y a une chose dont nous sommes sûrs, dit Ivy. Il ne faut pas se faire mordre. Les morsures vous tuent et occasionne une forte fièvre qui vous terrasse en quelques heures. Mais au bout d'un certain temps vous revenez.

 

Elle s'allongea sur un matelas à côté de Duane tout en observant Rick s'installer par terre à l'autre bout de la pièce. Morgan était resté sur le fauteuil près de la fenêtre, son fusil sur les genoux.

- Carl, c'est votre fils ? demanda Ivy. Vous avez dit son nom plusieurs fois pendant que vous étiez inconscient.

- Oui, il vient d'avoir six ans.

- Il est avec sa mère ?

- J'espère.

- Ivy, murmura le petit garçon. Tu lui as demandé ?

- Nous avons fait un pari sur votre blessure. Il pense que vous avez reçu votre balle lors d'un braquage de banque, rit-elle.

- Tu as tout à fait raison, Duane, rit à son tour Rick. Non, plus sérieusement, je suis adjoint du shérif. J'étais parti sur une course poursuite qui a mal tourné.


L'alarme d'une voiture se mit à retentir au dehors. Duane se redressa aussitôt et alla se réfugier dans les bras de son père. La jeune femme resserra la couverture sur ses épaules.

- Ce n'est rien, murmura Morgan. C'est juste un rôdeur qui s'est cogné contre une voiture. Ça ne va pas durer très longtemps.


Ils éteignirent les lumières et se dirigèrent à pas feutrés vers la grande fenêtre. Rick écarta doucement la lourde couverture et regarda au dehors. Il vit une vingtaine de zombies déambuler dans la rue. Une voiture garée de l'autre côté du trottoir clignotait en émettant le bruit infernal. Duane s'était levé et regardait également par le trou de la couverture.

- Elle est là, dit-il, en se mettant à pleurer.


Il avait vu sa mère, transformée en rôdeur. Elle regardait en direction de la maison tout en montant les marches conduisant au perron. Ivy prit le bras du petit garçon et l'éloigna de la fenêtre. Il la repoussa et se jeta sur le matelas où il s'écroula en pleurs. Elle s'assit près de lui tout en lui caressant le dos pour le calmer. Rick regardait la femme noire zombie qui se cognait contre la porte, habillée en chemise de nuit. Elle tourna doucement la poignée mais une barre en bois empêchait l'accès à la maison. Rick recula de la porte et vint rejoindre Morgan et Ivy qui essayaient de calmer Duane.

- C'était ma femme, murmura Morgan. Elle est morte dans l'autre chambre. La fièvre. Une saloperie de fièvre. Sa peau était aussi brûlante que des braises.


Il regarda Ivy, les larmes aux yeux.

- Nous n'avons rien pu faire pour elle, continua la jeune femme.

- J'aurais dû l'achever mais je n'ai pas pu. J'ai aimé cette femme pendant dix ans. C'était la mère de mon gosse. Je n'ai pas pu. Je l'ai regardé agoniser jusqu'à la fin.


Rick écouta la confidence de Morgan sans rien dire. Son cerveau avait encore du mal à enregistrer toutes les informations reçues. Il passa une partie de la nuit à regarder la poignée tourner dans le vide, avant de sombrer dans le sommeil.

 



- Je vais faire un tour. Nous avons besoin de provision et de vêtements propres, dit Ivy.


Rick avala le reste de sa tasse et se leva pour rejoindre la jeune femme mais Morgan le retint par le bras. Ils la virent prendre un katana et se faufiler à l'extérieur de la maison.

- On va la laisser seule ? demanda Rick.


Morgan sourit sans répondre. Il lui tendit une batte de base-ball et ils sortirent à leur tour de la maison. Un rôdeur était allongé en bas des marches. La tête fendue en deux.

- Il faut les frapper à la tête pour les tuer définitivement sinon ils reviennent. Et éviter au maximum de tirer. Le bruit les attire. Ne vous inquiétez pas pour Ivy, elle sait très bien se défendre. Pas vrai Duane ?


Le petit garçon sourit et mima un sabre fondant sur des ennemis invisibles. Ils descendirent tous les trois la rue jusqu'à la maison de Rick.

- Ils sont en vie. Ma femme et mon fils, dit-il. En tout cas, ils l'étaient quand ils sont partis.

- Comment vous pouvez le savoir ? demanda Morgan.

- Je suis allé dans la chambre. Les tiroirs de la commode sont vides. Ils ont pris des vêtements.

- Vous savez, il y a eu beaucoup de pillages avec tout ça.

- Vous croyez que les pilleurs prennent aussi les albums photos ?


Morgan se mit à rire tout en s'asseyant sur une chaise.

- Ma femme a fait pareil. J'étais en train de prendre de quoi manger et elle, elle prenait les albums. Les putains d'albums photos.

- Ils ont dû partir pour Atlanta, dit Duane.

- Atlanta ?

- Oui. Ils ont dit qu'il y avait un camp de réfugiés immense avant que les communications soient coupées. Protection militaire, nourriture. Ils ont dit aux gens de partir là-bas que c'était plus sûr pour eux.

- En plus, ils ont un endroit pour les maladies, continua le garçon.

- Oui exact. Le Centre de Contrôle des Maladies. Ils essayaient de trouver une solution à ce truc.


Rick partit dans la cuisine et ouvrit un placard où se trouvait une dizaine de clés accrochées. Il prit un des trousseaux où était inscrit poste de police.

 


 

Ivy essuya la lame ensanglantée de son sabre sur son pantalon kaki. Trois rôdeurs gisaient à ses pieds. Elle les enjamba tout en se dirigeant vers la cuisine. Elle devait absolument trouver de quoi manger. Leurs réserves de nourriture ne tiendraient plus très longtemps. Surtout à quatre. Elle attrapa un sac et vida tous les placards des boîtes de conserve qu'ils contenaient. Elle monta à l'étage sans bruit et poussa la première porte qu'elle vit. Elle retourna les tiroirs de la commode à la recherche de vêtements. Elle trouva des vêtements pour les deux hommes. Rien pour Duane ni elle. Elle sortit de la maison et tenta sa chance dans celle d'à côté. Les pavillons de ce côté de la ville n'avait pas été visités par les pillards. Elle donna un grand coup de pied dans la porte pour l'ouvrir. L'odeur de décomposition lui fit faire une grimace. Elle avança sur ses gardes et trouva un cadavre allongé dans la cuisine. Elle supposait qu'il s'agissait d'une jeune femme. L'état ne permettait pas vraiment de le préciser avec certitude. En montant l'escalier, elle entendit un grattement. Elle poussa la porte doucement. Un garçonnet était étendu sur le sol. Ses doigts grattaient le parquet. Du coin de l’œil, elle vit le lit de bébé. Du sang tapissait les draps. Des morceaux de chair. Une nausée lui monta à la gorge. L'enfant se retourna brutalement vers elle. Il la regarda sans bouger. Elle sortit son sabre et lui enfonça dans la tête. Elle se laissa glisser le long du mur tout en regardant le berceau. Son cerveau imaginant l'impensable. Le garçon dévorant sa sœur ou son frère. Elle se mit à pleurer doucement. Elle avait vu des choses terribles depuis le début de l'épidémie. Des pères ou des mères de famille voulant sauver leur peau qui avaient jetés leurs enfants aux rôdeurs. Le monde était parti en sucette. Aucune solidarité. Chacun pour sa peau. Elle entendit des pas arrivés vers elle. Elle essuya ses larmes tout en se redressant. Elle ne savait pas depuis combien de temps, elle était assise sur le sol à fixer ce maudit lit. Elle vit Rick pénétrer dans la chambre. Il regarda le corps du petit garçon et comprit ce qu'elle avait fait. Il s'approcha d'elle mais elle se dégagea brutalement, en s'enfuyant de la maison.




Le petit groupe pénétra dans le poste de police désert. Rick les conduisit jusqu'aux vestiaires où se trouvait les douches. Il ouvrit un robinet et fit couler l'eau. Elle fut d'abord froide puis peu à peu elle devint chaude.

- Ça fait pratiquement un mois que nous n'avons plus de gaz.

- Le poste a sa propre alimentation en propane.

- Comment on s'organise pour les douches ? demanda Ivy.


Les deux hommes se regardèrent soudain gênés. Ils avaient complètement oublié la présence de la jeune femme l'espace d'un instant. Elle se mit à rire en sortant de la pièce.

- Commencez. Je passerai après vous. Mais laissez-moi de l'eau chaude sinon...


Elle ouvrit les casiers et y trouva du gel douche qu'elle balança à ses compagnons qui commençaient à se dévêtir. Son regard s'attarda un moment sur le torse nu de Rick. Morgan capta le regard de la jeune femme. Elle s'en rendit compte et rougit avant de rejoindre la rangée de casiers où elle s'assit par terre pour attendre son tour. Elle écouta ses compagnons chantonner.

- Mon dieu c'est génial ! hurlait Duane.

- J'avais oublié à quel point ça faisait du bien de sentir de l'eau chaude, dit Morgan.


Rick rasait sa barbe tout en savourant le contact de l'eau sur son dos. Il regarda son pansement qui s'imbibait.

- Ne t'inquiète pas, Ivy te le refera.

- Comment vous vous êtes rencontrés tous les deux ?

- Elle a sauvé mon fils. On se dirigeait vers Atlanta avec ma femme mais notre voiture est tombée en panne d'essence. Une bande de rôdeurs est arrivée et j'ai dû les éloigner de ma famille. Ivy est arrivée dont ne sait où. Elle a vu Duane en danger et elle a tué un des rôdeurs avant de partir secourir ma femme.


Morgan avait oublié la sensation de la mousse et la bonne odeur d'un gel douche. Il regarda son fils qui chantonnait dans la cabine près de lui. Il y avait tellement longtemps qu'il ne l'avait pas vu aussi heureux. Il coupa l'eau et s'enroula dans une serviette avant de retourner dans les vestiaires où il retrouva Ivy qui attendait patiemment son tour. Elle lui indiqua des vêtements propres posés sur une chaise. Duane et Rick apparurent à leur tour, enroulés également dans une serviette. En voyant le pansement imbibé, elle se redressa et se dirigea vers lui.

- Je vais te le refaire tout de suite, dit-elle.


Elle s'agenouilla face à lui et le retira d'un coup sec. Elle sentait son regard sur elle mais elle ne voulait pas le croiser. Elle savait qu'elle rougirait. Depuis l'arrivée de cet homme, elle se sentait chamboulée.

- Ivy est médecin, dit Duane.

- Non, bonhomme, je n'étais qu'une fille de médecin seulement. Mes parents m'ont appris deux trois petites choses utiles, dit-elle, en souriant.


Elle lui refit un bandage propre et se dirigea vers les douches. Elle se déshabilla et se glissa dans une des stalles où elle fit couler l'eau. La chaleur la surprit au premier abord. Elle s'appuya contre le carrelage derrière elle et ferma les yeux laissant l'eau chaude apaiser ses muscles endoloris. Ses pensées voguèrent autour de Rick. L'homme ne la laissait pas indifférente. Elle se savonna longuement, retirant toute la crasse accumulée depuis le début des douches à l'eau froide. Elle lava soigneusement ses longs cheveux noirs et les essora. Elle coupa l'eau à regret et s'enroula à son tour dans une serviette. Elle retourna dans les vestiaires dans cette tenue. Les deux hommes la regardèrent avant de détourner les yeux, gênés. Rick lui tendit des vêtements propres. Elle fut agréablement surprise de voir un jeans noir et un débardeur blanc. Elle disparut derrière une rangée de casiers et s'habilla.

- Ça m'a l'air d'être une bonne idée Atlanta, dit Rick, songeur.

- C'est là-bas qu'on allait. Tout le monde avait sombré dans la folie. C'était la panique. Les routes étaient encombrées et puis, avec ma femme souffrante nous avons dû revoir nos plans. Ensuite quand elle est morte, nous sommes restés. Nous n'avions plus la force d'avancer sans elle.

- Vous comptez repartir ? lui demanda Rick.

- Pour le moment, je n'arrive pas à me décider.


Adossée à un casier dans l'autre allée, Ivy écoutait la discussion entre les deux hommes. Elle savait que Morgan souffrait de la perte de sa femme. Mais voir sa forme zombifiée tous les jours n'arrangeait pas les choses. Pour Duane non plus. Elle se frictionna avec la serviette avant de la jeter sur le sol. Finissant d'enfiler son débardeur, elle rejoignit les deux hommes assis côte à côte sur un banc. Elle fit face à un miroir et démêla ses longs cheveux avant de les tresser en une natte.

- Tu ressembles à Lara Croft, ricana Duane.


Ils se mirent tous à rire. Rick finissait de fermer la chemise de son uniforme de shérif. La seule tenue présente dans son casier puis il les conduisit dans une salle à l'arrière du poste qui leur servait de réserve d'armes. Il ouvrit la grille en s'emparant d'un sac. Il attrapa les fusils à pompe et commença à remplir son bardage.

- Papa, je pourrais apprendre à tirer ?

- Oui, mais d'abord il faut que tu saches qu'une arme se manie avec respect, répondit Morgan.

- Ton père a raison. Si tu appuies sur la détente c'est que tu es sûr de ce que tu fais.


Ivy attrapa un deuxième sac et se mit à le remplir à son tour. Munitions. Petits pistolets. Fusils de sniper. Tout y passait. Une fois que tout fut vidé, ils sortirent par la porte de derrière et atterrirent dans la cour où les voitures de police étaient toutes garées.

- Économisez au maximum vos munitions, dit Rick. Et faites attention à vous deux.


Morgan tendit son sac plein à son fils.

- Duane, va mettre ça dans la voiture.

- Vous ne venez pas avec nous ? lui demanda-t-elle.


Il la prit par le bras et l'entraîna un peu plus loin. Rick les regarda s'éloigner.

- Tu sais très bien que je ne peux pas partir.

- Morgan. Laisse une chance à ton fils de faire son deuil. Il n'a pas besoin de la voir tous les soirs. Et toi non plus.

- Ivy, s'il te plaît. Va à Atlanta. Nous nous en sortirons très bien. Tu ne vas pas rester avec nous. Tu es jeune. Je refuse que tu te sacrifies pour nous. Ta vie est ailleurs, dit-il, en indiquant d'un signe de tête Rick. C'est quelqu'un de bien. Et j'ai vu comment tu le regardais.


Morgan sourit en voyant la jeune femme rougir et tenter de balbutier quelques mots. Il posa un doigt sur ses lèvres.

- Nous nous retrouverons j'en suis certain.

- Je ne veux pas rester ici, répliqua Duane.


Morgan se retourna et croisa le regard noir de son fils. Il se tenait les bras croisés face à son père. Il savait que Duane était très attaché à Ivy. A la mort de sa femme, elle avait été une bouée à laquelle ils s'étaient raccrochés.

- OK, je me rends. On part pour Atlanta.


Il prit le sac des mains de son garçon et le balança dans le coffre de la voiture de police. Ivy et Duane s'installèrent à l'arrière. Morgan allait monter lorsqu'il vit un zombie, en tenue de policier, s'approcher lentement de la grille du parking. Il l'indiqua d'un signe de tête à Rick qui finissait de charger le coffre.

- Leon, dit-il. C'était un pauvre type incompétent mais il ne méritait pas de finir comme ça.


Il dégaina son colt, passa le canon entre les mailles du grillage et le colla sur le front du rôdeur. Il tira. L'arrière de la tête de Leon éclata libérant la cervelle qui s'éparpilla sur le sol. Le zombie s'effondra mollement sous le regard de son ancien collègue.

 



En passant devant la maison où il avait récupéré le vélo, Rick s'arrêta et descendit de la voiture. Morgan sortit sa tête de la fenêtre.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il.

- Rien, j'ai un truc à régler.


Le policier s'éloigna dans la rue, ses pas le conduisant dans le parc. Il regardait autour de lui cherchant des traces de la femme zombie. Il avait parcouru la moitié du terrain lorsqu'il la vit en train de ramper derrière un arbre. Il s'agenouilla près d'elle et la regarda. Elle n'avait plus assez de force pour se traîner. Elle était à bout. Elle se tourna vers lui, la bouche ouverte.

- Je suis désolé de ce qu'il t'est arrivé, murmura-t-il, en lui tirant une balle dans la tête.




- J'émets sur la fréquence d'urgences. Je me dirige vers Atlanta sur l'autoroute 85. Si vous me recevez, répondez s'il vous plaît, dit Rick.


A quelques kilomètres d'Atlanta, le vieux Dale assis dans son transat sur le toit de son camping-car entendit le message hachuré de Rick sur sa cibie. Amy se précipita dessus.

- Oui, je vous entends, répondit-elle. Nous sommes juste à la sortie de la ville.


Dale s'approcha d'elle en posant une main sur son épaule. Elle tripotait les boutons tout en essayant d'entrer en contact avec l'inconnu. Lori et Carl se postèrent derrière elle. Shane abattit sa hache sur la vieille souche d'arbre et prit le microphone des mains d'Amy.

- Allô, allô. Je suis l'officier Shane Walsh. Vous m'entendez ?


Seuls des parasites leur parvenaient. Le seul mot qu'ils avaient tous clairement entendu était Atlanta.

- Nous ne sommes pas seuls. Il y a d'autres survivants. Depuis une semaine, je vous dis de mettre des panneaux sur l'autoroute pour ne pas qu'ils entrent dans la ville, clama Lori.

- Vous savez très bien ce qui les attend là-bas, répliqua Amy, les larmes aux yeux.

- Je sais mais nous n'avons pas le temps de faire ça, répliqua Shane.

- Je pense que l'on devrait le prendre, réagit vivement Lori.

- Lori, arrête. On ne peut pas se permettre ce genre de luxe. On essaie déjà de survivre au jour le jour. Nous ne sommes plus assez nombreux depuis le départ de l'autre équipe parti en expédition. Attendons leur retour et nous verrons à ce moment-là pour mettre les panneaux.

- Donnez-moi une voiture et j'irai, répliqua-t-elle.


Shane la regarda, les mains sur les hanches.

- C'est hors de question. Tu sais très bien que personne ne quitte le camp seul.

- Oui, chef, répliqua-t-elle, amèrement. Shane Walsh a parlé et nous devons tous obtempérer à sa bonne parole.


Elle s'éloigna du groupe, son fils sur les talons, tout en tapant rageusement dans les cailloux sur son chemin. Shane rattrapa le petit garçon et fit signe à Amy de l'emmener jouer un peu plus loin. Il courut après Lori qui s'éloignait en direction des bungalows. Il la vit entrer dans l'un d'eux.

- Tu me fais la gueule ? lui demanda-t-il, en y pénétrant à son tour. Tu peux me faire la gueule, Lori. Mais je refuse que tu coures le moindre risque. Pas dans ton état.


Elle se retourna et lui fit face, en soupirant. Il voyait les larmes briller dans ses yeux noisettes.

- Tu ne peux pas partir du camp comme ça sur un coup de tête. Carl a déjà assez souffert, tu ne crois pas ? Il n'a pas besoin de perdre sa mère en plus. Et je refuse de perdre ma femme et le bébé qu'elle porte. Promets-moi que tu ne feras rien d'irréfléchi ?


Elle acquiesça de la tête faiblement tout en ravalant ses larmes. Shane la tira à lui par la main et l'embrassa doucement.

- Maman ?


Shane ébouriffa les cheveux du gamin avant de sortir. Lori s'agenouilla devant son fils et plongea ses yeux dans les siens.

- Je ne veux pas que tu t'inquiètes pour moi. Je n'irai nulle part. Je reste ici avec toi et Shane.


Elle le serra fort contre elle, en laissant couler ses larmes. Elle avait tellement cru entendre la voix de Rick dans la cibie. Elle avait senti son cœur lâcher. Elle devait se raisonner, c'était impossible que son ex-mari soit encore vivant. Lorsqu'ils étaient parti, il était toujours dans le coma à l'hôpital. Il devait être mort depuis un long moment déjà. Le centre hospitalier avait été le premier lieu infesté de zombies, il n'aurait jamais pu en réchapper.

 


 

N'ayant plus d'essence, ils s'étaient arrêté sur le bord de la route. Ils portaient tous leurs bardages sur leur dos. Ils arrivèrent peu de temps plus tard devant une grande maison blanche, entourée par les champs. Ils posèrent leurs sacs et avancèrent lentement vers le perron. Aucun bruit ne leur parvenait.

- Je suis officier de police. Nous pouvons vous prendre un peu d'essence ? hurla Rick.


Il tapa bruyamment à la porte pendant que Morgan faisait le tour. Tous les volets étaient solidement fermés. Rick donna un grand coup de pied dans la porte d'entrée qui céda. L'odeur pestilentielle le prit aux narines. Il se retourna vers Ivy qui le suivait. Tout comme lui, elle avait compris ce qui les attendait à l'intérieur. Morgan attendait dehors avec son fils, armé de son fusil. Rick sortit son colt et pénétra dans la maison. La jeune femme longea le mur de gauche tandis que son ami alla sur la droite. Il atterrit dans le salon où il découvrit les corps de deux personnes âgées. L'homme était assis dans un rocking-chair avec un fusil de chasse entre les cuisses. Sa cervelle recouvrait le mur derrière lui. Au-dessus écrit en lettres de sang, ils demandaient à dieu de leur pardonner leur geste. Sa femme était allongée sur le tapis à ses pieds gisant d'une balle dans la tête. Ils avaient préféré mettre fin à leurs jours plutôt que de devenir des rôdeurs. Ivy était dans la cuisine et vidait les placards. Elle mettait les conserves dans un sac déjà bien rempli. Elle alla rejoindre Rick, agenouillé près de la femme. Il lui ferma les yeux et sortit de la maison, sentant la nausée monter. Il bouscula légèrement Ivy dans le couloir avant d'aller vider son estomac dans les bégonias. Elle avait remarqué la voiture dans l'allée et se mit à chercher les clés. Elle tâtonna les poches du mort et sentit leur présence à l'intérieur. Elle prit sa respiration et enfouit sa main. Elle sentait les asticots grouiller dans les chairs qui avaient fusionné avec les vêtements. Elle referma ses doigts sur le trousseau de clés et retira vivement sa main en grimaçant. Elle sortit en brandissant les clés au bout de son doigt. Elle jeta le trousseau à Morgan qui tenta de démarrer la voiture. Mais, la batterie devait être complètement à plat. Elle s'approcha de Rick, toujours penché sur les fleurs. Il essayait de reprendre contenance.

- Ne t'inquiète pas, murmura-t-elle. J'ai mis du temps à m'y habituer aussi et ça finit par passer.

 


 

Ils marchèrent d'un bon pas, traversant des champs et des petits bois, tout en espérant ne pas croiser de rôdeurs. Ils eurent de la chance. Ils atterrirent enfin sur l'autoroute qui menait à Atlanta et virent la grande ville s'étendre au loin. Ils s'arrêtèrent un instant, surpris de voir que dans le sens pour quitter la ville, une longue file de voitures abandonnées étaient stationnées n'importe comment. Le calme régnait autour d'eux. Ils reprirent leur marche silencieusement, chacun perdu dans ses pensées.

- C'est quand même sacrément bizarre que tout soit aussi calme, murmura Ivy. Pourquoi les gens auraient fui si il y avait un refuge ?


Ils pensaient tous la même chose qu'elle mais aucun d'eux n'avaient réussi à le formuler. Arrivés aux portes de la ville, ils ne virent que désolation. Des bâtiments éventrés. Des véhicules brûlées. Des cadavres étendus sur le sol. Ils continuèrent malgré tout d'avancer. Des papiers journaux volaient doucement au vent. Ils prirent à droite et remontèrent une des artères principales. Ils tombèrent sur un camp militaire abandonné. Leur désespoir se faisait de plus en plus présent. Ils continuèrent leur progression au milieu des voitures incendiées. Dans un bus, deux zombies se réveillèrent, sentant leur odeur. Les voyant descendre, ils se mirent à courir mettant un maximum de distance entre eux.

- Ils ne sont pas nombreux et ne savent pas courir, dit Morgan. Nous avons de la chance.


Ils tombèrent sur un char d'assaut occupé par des corbeaux qui se repaissaient des cadavres de militaires. Ils se retournèrent et se rendirent compte que les zombies les suivaient toujours et qu'un troisième les avait rejoint. Ils entendirent un hélicoptère au loin et regardèrent dans le ciel. Ils virent l'ombre dans un des bâtiments vitré et se dirigèrent en courant vers lui. Ils tournèrent dans une rue et s'arrêtèrent net. Des milliers de rôdeurs étaient regroupés là. Morgan prit son fils dans ses bras et se mit à courir. Rick agrippa la main de la jeune femme et l'entraîna à sa suite. Ivy regarda par-dessus son épaule le père de famille s'éloigner dans l'autre direction. Elle voulut dire à Rick de faire demi-tour mais déjà les rôdeurs sortaient de la rue et se divisaient pour suivre leurs proies. Elle sentait son cœur battre dans sa poitrine. Elle resserra ses doigts sur la main de Rick. Ils tombèrent sur une autre horde qui surgit d'une rue adjacente. Ils roulèrent sur le sol et rampèrent sous le char. Les rôdeurs se regroupèrent autour du véhicule. Certains se mirent à ramper pour les suivre en dessous. Leurs cœurs battaient la chamade. Ils étaient complètement piégés. Ils sentaient que leur fin était proche. Rick sortit son colt et se mit à tirer dans les têtes de ceux qui se rapprochaient dangereusement. Ivy, de son côté, enfonçait la lame de son sabre. Allongé sur le sol, Rick leva la tête et vit une trappe ouverte. Il se hissa à l'intérieur et aida à Ivy à en faire autant. En-dessous d'eux, ils entendaient les rôdeurs gratter le métal. Rick se traîna et se posa à côté du cadavre d'un militaire. Ils reprenaient doucement leur souffle. Il vit que le militaire mort avait à sa taille un pistolet et il le lui retira. L'homme sortit de son sommeil et tourna sa tête dans un grondement lugubre vers Rick. Ce dernier lui colla le canon de l'arme sous le menton et tira. Le bruit de la détonation leur vrilla les oreilles. Ils étaient complètement désorientés et tombèrent sur le sol. Ivy vit au-dessus de lui la trappe ouverte et se releva difficilement pour grimper les quelques barreaux de l'échelle. Elle regarda au-dehors et vit les sacs d'armes qu'ils avaient fait tomber pendant leur fuite. Des centaines de rôdeurs étaient rassemblés autour du char. Certains s'étaient mis à l'escalader. En refermant l'écoutille, elle tomba de l'échelle et atterrit dans les bras de Rick. Il la serra contre lui en posant sa tête contre la sienne. Ils étaient en sécurité mais ils ne pourraient pas sortir avant un long moment. Il la déposa sur le sol et lui caressa doucement la joue. Un de ses doigts suivit le contour des lèvres de la jeune femme. Elle entrouvrit légèrement la bouche. Au moment où il allait l'embrasser, des grésillements sur la radio se firent entendre, suspendant leurs gestes.

- Hey vous deux, dit une voix masculine.


Ils se regardèrent, perplexes. Ils n'étaient donc pas seuls. Dehors, il y avait un autre être vivant. Et si, il y en avait un, il y en aurait peut-être d'autres.

- Hey les deux blaireaux, continua la voix. Vous êtes à l'aise dans le char ?

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