Apocalypse

Chapitre 2 : Entrailles

8911 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 16/03/2024 08:31

Du haut de son camping-car, Dale surveillait dans ses jumelles les alentours. En s'échappant de l'autoroute, ils étaient tombés sur un camping abandonné à flanc de montagne. Un magnifique lac au milieu. Un petit coin tout à fait paradisiaque. Ils avaient tué quelques rôdeurs enfermés dans les bungalows et s'étaient tous installés loin de la civilisation. Son fusil battait légèrement dans son dos. Il regarda Amy arriver tenant un seau rouge plein de champignons d'une main. Elle traversa en lui faisant un petit signe de la tête. Il formait une petite communauté d'une vingtaine de personnes. Chacun mettait la main à la pâte. Les femmes lavaient le linge le matin au lac et préparaient les repas tout en surveillant à tour de rôle les enfants. Les hommes protégeaient le camp et chassaient. Amy se dirigea vers Lori, assise devant un feu. Elle remuait le peu de nourriture qu'ils avaient dans une énorme marmite.

- Comment on sait s'ils ne sont pas vénéneux ? demanda la jeune fille, en lui tendant son seau.

- Je ne vois qu'une solution d'en être sûr.

- Demander à Shane, rit Amy.

- Exactement. Je vais essayer d'en trouver d'autre. J'ai besoin de me dégourdir un peu les jambes.


Lori reprit le seau rouge et traversa le camp sentant le regard de Dale dans son dos.

- Ne t'éloigne pas trop, Lori ! lui hurla-t-il.

- Oui, maman, chuchota-t-elle, en tapant dans un caillou qu'elle envoya rouler plus loin.


Elle n'en pouvait plus de la vie au camp. Elle avait l'impression d'être constamment observé. Elle traversa le sous-bois et s'accroupit près d'un arbre pour ramasser d'autres champignons et des baies. Elle se redressa vivement en entendant une branche craquer dans son dos. Des oiseaux s'envolèrent au-dessus de sa tête. Pas très rassurée, elle reprit la direction du camp. Une nouvelle branche craqua derrière elle. Elle se retourna, sur le qui-vive, mais ne vit toujours personne. Les oiseaux volaient d'une branche à l'autre au-dessus de sa tête. Elle regardait dans tous les directions. Shane se jeta sur elle et lui plaqua une main sur la bouche pour ne pas qu'elle crie.

- Tu m'as fait peur, dit-elle, en lui donnant un coup de poing dans le torse.


Ils s'embrassèrent tout en s'allongeant sur le sol. Il retira sa chemise pendant qu'elle lui défaisait sa ceinture. Il se recoucha sur elle et souleva son tee-shirt. De sa langue, il suivit les contours de son ventre qui commençait légèrement à s'arrondir. Il remonta jusqu'à un sein sur lequel il referma la bouche. Elle retira son tee-shirt, haletante, et l'attira à elle. Il lui retira son jeans et la pénétra doucement. Elle se cramponna, lui griffant les épaules et lui enserrant la taille de ses cuisses.

- Madame Walsh vous me rendez dingue, lui murmura-t-il à l'oreille.




Encerclés dans le char, toujours dans les bras l'un de l'autre, Rick et Ivy regardaient la cibie sans bouger. La voix se fit de nouveau entendre et il se précipita sur le microphone.

- Allô.

- Enfin, je commençais à me poser des questions.

- Tu es où toi ? Tu arrives à nous voir d'où tu es ?

- Oui. Vous êtes cernés par les rôdeurs, ça c'est la mauvaise nouvelle.

- Pourquoi il y en a une bonne ?


Il se tourna vers Ivy qui s'était rapprochée de lui. Il sentait son souffle chaud sur sa nuque.

- Non en fait. Vous verriez ce que je vois, vous vous taperiez un méchant flippe.

- Un conseil à nous donner ?

- Un sprint.

- C'est ça ton conseil ?

- C'est pas aussi con que ça en a l'air. D'où je suis, je peux vous guider. Tu as encore un rôdeur sur le char. Tous les autres se sont éloignés. Vous avez des armes ?

- Oui.


Ivy alla fouiller le corps du militaire que Rick avait tué un peu plus tôt. Près de lui, elle trouva une grenade qu'elle lança à son compagnon ainsi qu'un chargeur pour le pistolet.

- Bon, vous devez sauter du côté droit du char et continuer dans cette direction. Vous verrez une ruelle dans environ cinquante mètres. Je vous retrouve là-bas.


Il regarda Ivy qui tenait dans ses mains son katana. Il lui fit un faible sourire en lui caressant la joue. Il la sentit frémir sous ses doigts. Il aurait tellement aimé l'embrasser là tout de suite. Elle posa sa tête contre son torse. La peur se ressentait. Ils savaient qu'ils avaient peu de chance de s'en sortir vivants.

- Je parle dans le vide ou quoi ? Vous n'avez pas beaucoup de temps.


Ils se séparèrent l'un de l'autre et prirent une grande respiration. Rick grimpa l'échelle et ouvrit l'écoutille. Il se hissa et fracassa le crâne du rôdeur sur le char avec la crosse de son pistolet. Il tendit la main à la jeune femme. Ils étaient entièrement encerclés. Les zombies étaient partout. Ils sautèrent en bas du véhicule et se mirent à courir en longeant le mur. Rick tenait son arme à bout de bras, tirant sur tous les rôdeurs qui arrivaient face à eux. Il sentait la main de Ivy dans la sienne. Elle décapitait les zombies rappliquant derrière eux. Ils arrivèrent dans la ruelle et tombèrent nez à nez avec un jeune asiatique qui les entraîna à sa suite.

- Magnez-vous, hurla-t-il.


Ils grimpèrent l'échelle métallique conduisant sur le toit de l'immeuble. Arrivés en haut, ils observèrent les zombies tenter de monter à leur poursuite. Ils s'agglutinaient autour de l'échelle.

- Bon boulot, Clint Eastwood, dit le jeune. Tu es le nouveau shérif ? Si tu es venu nettoyer la ville tu arrives un peu tard.

- Je ne suis pas là pour ça.


Le jeune se tourna vers Ivy, en souriant.

- Je comprends mieux pourquoi vous mettiez autant de temps à me répondre.


Sous les propos du jeune homme, Ivy sentit ses joues s'enflammer et elle détourna la tête.

- Merci pour le coup de main, je m'appelle Rick et elle, c'est Ivy.

- Glenn et il n'y a pas de quoi.

- Tu as vu d'autres personnes en dehors de nous ? demanda-t-elle.

- Oui. Un homme noir tenant un petit garçon. Ils sont partis dans le sens opposé. Ils sont entrés dans un magasin un peu plus loin dans la rue.


Ivy regarda la rue que désignait Glenn. Il y avait des rôdeurs partout.

- Je pars les récupérer, déclara-t-elle, avant de sauter du toit.


Les deux hommes n'eurent pas le temps de l'en empêcher. Elle chuta de quatre mètres et atterrit dans une énorme poubelle se trouvant en dessous. Ils la virent en ressortir indemne. Armée de son katana, elle se fraya un passage et disparut au coin de la rue. Ils continuèrent de passer de toit en toit, regardant si ils apercevaient la jeune femme. Mais, il n'y avait aucune trace d'elle. Seulement des rôdeurs décapités prouvant qu'elle était passée par là. Ils atterrirent dans un couloir et coururent jusqu'à une porte qui menait dans une cour. Glenn sortit un talkie-walkie de son sac.

- Je suis de retour et je suis accompagné. Il y a quatre geek dans la ruelle.


Ils s'arrêtèrent au milieu de l'escalier en voyant les rôdeurs s'avancer vers eux. Deux gars surgirent du bâtiment armés de batte de base-ball et vêtus en tenue de hockeyeurs. Ils abattirent leurs armes sur les crânes des rôdeurs qui éclatèrent sous l'impact. Glenn se remit à courir et pénétra dans le bâtiment, suivi de Rick. Une main l'attrapa et lui colla le canon d'un pistolet sur la tempe.

- On devrait te tuer, hurla Andrea.

- Relax, Andrea, dit Glenn.

- Me calmer de quoi ? On va tous crever à cause de ce gros con.

- Lâche ton arme, murmura Jacqui à l'oreille de son amie.


Rick avait été collé contre le mur en se tenant les mains en l'air. Il regardait l'arme qui tremblait dans la main de la femme.

- Andrea baisse ton arme, dit Morales. Ou sinon tires.


Elle baissa son pistolet, les larmes aux yeux. Elle se sentait complètement vulnérable. Ils étaient encerclés par les zombies.

- On est mort, cria-t-elle. On va tous crever à cause de lui et de ses potes. Vous entendez tous mourir. Glenn, tu aurais dû le laisser dehors.


Morales prit un bras de Rick et le conduisit dans une autre pièce où des vêtements étaient suspendus sur des cintres. Ils se trouvaient dans un des centres commerciaux de la ville.

- Nous sommes venus en mission de ravitaillement et le seul moyen d'y arriver c'est de rester en vie. Et tu sais comment on reste en vie. On se déplace discrètement pas en tirant partout comme si on était à O.K. Corral.


Par la vitrine du magasin, Rick distinguait les zombies qui tapaient sur la vitre. Les portes vitrées ne tiendraient pas très longtemps.

- Tu as sonné l'heure du dîner, dit Andrea, en se détournant.




Ivy était entourée de rôdeurs mais aucun d'eux ne prêtait attention à elle. Comme si il ne la sentait pas. Comme si il ne la voyait pas. Elle avança prudemment sa lame levée, prête à riposter en cas d'attaque. Elle continua son chemin, en longeant le mur. Elle n'était plus très loin de l'endroit où Glenn avait vu ses amis. Une foule de zombies étaient agglutinés devant les portes d'une petite boutique. Ils tentaient de briser la vitre. Elle savait que ses amis se trouvaient à l'intérieur. Elle se faufila dans une ruelle adjacente et grimpa l'échelle de secours le long du mur. Elle essayait de faire le moins de bruit possible. Mais les marches métallique grinçaient à chacun de ses pas. Alerté par le bruit, un zombie se retourna et se dirigea vers elle. Ivy regarda au dessus d'elle et vit une fenêtre à moitié ouverte. Elle monta sur la rambarde de l'escalier, prit son élan et se cramponna au rebord. Elle souleva la fenêtre de sa main libre et se hissa à l'intérieur. Morgan la mit en joug de son arme. Il s'apprêtait à tirer lorsqu'il la reconnut.

- Je savais que tu étais comme Lara Croft, s'exclama Duane, en se jetant dans ses bras.




Rick observait les rôdeurs de plus en plus nombreux autour du magasin. Il entendait les autres survivants chuchotés à l'écart. Une des portes vitrées commençaient à céder sous les assauts répétés des rôdeurs.

- Nous sommes mal barré, dit T-Dog, en se rapprochant de lui.

- Vous foutiez quoi dehors ? demanda Andrea.

- Nous avons voulu faire signe à l'hélicoptère, répondit Rick.

- Une hallucination, dit Jacqui. Ça peut arriver avec tout ce que nous vivons.

- Ce n'était pas une hallucination, répliqua-t-il. Nous l'avons clairement vu.

- T-Dog, dit Morales. Essaie de voir si tu peux joindre les autres.

- Les autres ? Au camp de réfugiés ? demanda Rick.

- Oui, au camp, dit Jacqui. Ils nous attendent avec le champagne au frais.


T-Dog tripotait le talkie-walkie à la recherche d'une fréquence mais il n'obtenait que des parasites.

- Aucun signal. Peut-être que sur le toit.


Un coup de feu retentit soudain faisant sursauter tout le monde. Entendant le bruit, les zombies s'acharnèrent un peu plus sur les vitres, se fêlant par endroit.

- Oh non, c'est Dixon qui tire ! hurla Andrea, en se précipitant dans l'escalier.

  



Perché sur le toit, Merle tirait à la carabine sur les zombies qui s'approchaient de la ruelle. Le bruit des détonations faisait un raffut de tous les diables et se répercutait sur les façades des autres immeubles. Après avoir transpercé le crâne de cinq morts-vivants, il se retourna pour voir ses compagnons arrivés, essoufflés de leur course effrénée dans l'escalier.

- N'importe quoi, cria Andrea. Tu es complètement cinglé, Dixon.

- Hey la nunuche du quartier, rit Merle, tu devrais faire attention à ta façon de parler à un homme tenant un flingue.

- Tu gaspilles nos rares munitions, s’exclama T-Dog, et en plus tu es en train de tous les rameuter. Alors arrête de jouer au con.


Merle s'approcha dangereusement du noir en passant sa carabine d'une main à l'autre.

- Tu ne vas pas te mettre à me casser les burnes. J'ai déjà l'autre bouffeur de tacos qui le fait très bien toute la journée. Alors ne commence pas à me donner des ordres, mon gros.

- Qui tu appelles, mon gros ? dit T-Dog.


Morales sentait les ennuis se profiler à l'horizon. Il connaissait assez la personnalité de ses deux comparses pour savoir qu'aucun d'eux ne lâcherait l'affaire. Il se mit au milieu pour les séparer avant qu'ils en viennent aux mains.

- Tu as vu à quoi tu ressembles. Limite on pourrait se demander si tu ne manges pas les rations en cachette pour être aussi gros, rit Merle.


T-Dog se jeta sur lui pour lui en coller une mais Merle, plus rapide, lui balança un coup de crosse de fusil en pleine tête. Le noir s'écrasa sur le sol, la tempe en sang. Rick se précipita mais Merle, hors de lui, balançait des coups de poing à tous ceux qui s'approchaient de lui. Le policier fut jeté au sol. Merle releva T-Dog et continua à le frapper malgré les cris de protestation des autres personnes sur le toit. Ils le suppliaient d'arrêter. Il balança des coups de pieds dans les côtes du noir et voulut lui fracasser le crâne de son fusil. Il dévisagea sa victime tout en tenant au-dessus de lui la crosse en bois. Merle regarda toutes les personnes autour de lui et cracha un gros mollard sur T-Dog en abattant sa crosse sur le béton à côté de la tête de l'homme.

- Nous allons faire une mise au point pour savoir qui commande, dit-il, en pointant son fusil sur le groupe. Je vote pour moi. Qui d'autre est pour moi ? Si vous ne votez pas ou si vous vous abstenez je vous descends. J'ai été assez clair ? Allez ! On lève les mains !




Ivy entendit les détonations et tenta de repérer d'où elles provenaient. Le bruit se propageait en écho. Elle fit signe à ses deux amis de la suivre sans bruit. Ils longèrent la ruelle et pénétrèrent dans un bâtiment. Par une des fenêtres de l'escalier, ils voyaient les rôdeurs se diriger vers le centre commercial. Ils ne pouvaient pas emprunter les rues. Les rôdeurs étaient partout. Elle ne savait pas qui tirait mais il n'était pas très malin d'en attirer autant. Ils sautèrent de toit en toit. Arrivés sur le dernier, ils virent un homme, en contrebas, armé d'un fusil, tenant en joug d'autres personnes qui étaient agenouillées près d'un blessé. Ivy sauta sur le sol et aida Duane à descendre. Elle jeta un bref coup d’œil à Rick qui se relevait péniblement un peu plus loin.

- Alors, vous attendez quoi pour lever les mains, cria Merle les menaçant toujours de son fusil.


Les membres du groupe levèrent les mains les uns après les autres tout en se regardant. Ils n'avaient pas le choix. Ils connaissaient suffisamment Merle pour savoir que si ils n'obtempéraient pas, il les tuerait. Ivy s'approcha doucement de lui, un doigt posé sur ses lèvres. Il sentit sa présence dans son dos et se retourna.

- Tu sors d'où toi ?


Merle pointa son fusil sur la tête de la jeune femme en la regardant dans les yeux. Il n'aimait pas ce qu'il y lisait. De la haine et du mépris. Il avait le doigt sur la gâchette, prêt à faire feu. Rick lui tapa sur l'épaule avant de lui envoyer un coup de clé à molette en pleine tête. Merle s'écroula et le policier le menotta à un tuyau.

- Tu vois Merle, les choses ont changé. Il n'y a plus de racisme et surtout plus de gros cons suprématistes consanguins dans ton genre. Il n'y a que de la viande fraîche et de la viande froide. Il y a nous et les morts. Si nous voulons survivre, nous devons nous serrer les coudes, pas qu'on se tire dans les pattes.

- Va te faire mettre ! lui cracha Merle.

- Je crois que tu ne comprends pas.

- Toi non plus.

- On surveille son langage face à un mec armé. Simple question de bon sens, répliqua Rick, en lui posant son arme sur le front.

- Tu ne feras pas ça. Tu es flic.

- Tout ce que je suis maintenant c'est un mec qui recherche sa famille. Ceux qui se mettront en travers de mon chemin en feront les frais. Je vais te laisser méditer là-dessus.


Ivy s'était rapprochée des autres membres du groupe et s'agenouilla près de T-Dog. Elle lui retira son tee-shirt, en tâtant ses côtes doucement.

- Il doit avoir deux côtes fêlées, dit-elle.


Rick la regarda soigner le blessé. Elle tamponnait la tempe ensanglantée avec un foulard qu'Andrea lui avait remis. Il avait tellement été content de la revoir indemne. Il se tenait en retrait des autres tout en observant l'orage gronder au loin. Il repensa à ce qui avait failli se passer dans le char. A tout ce qu'il avait ressenti. Sans l'interruption de Glenn, il l'aurait embrasser. Pas parce qu'il avait cru sa dernière heure sonner. Seulement qu'il en avait envie depuis que ses yeux s'étaient posés sur elle. Elle le faisait vibrer. Elle le faisait se sentir vivant. Il voulait retrouver sa famille. Enfin plutôt son fils. Glenn s'approcha de lui, le sortant de ses pensées. Il se pencha par-dessus la rambarde du toit. Les zombies étaient de plus en plus nombreux en-dessous d'eux. Les coups de feu de Merle les avaient mis dans une sacré merde. Morales tripotait les boutons du talkie-walkie dans tous les sens. Des parasites. Toujours des parasites. Sûrement dû à l'orage qui menaçait.

- Nous sommes loin du camp de réfugiés ? demanda Morgan.

- Il n'y a jamais eu de camp. C'était un putain de mythe. Quand l'armée est arrivée, ils ont tué tous les civils. Les enfants. Les femmes. Les hommes. Jusqu'aux chiens. Certains ont réussi à se cacher. Des hélicoptères sont arrivés plus tard et ont balancé des bombes sur les bâtiments et dans les rues. Ça a été un véritable bain de sang. Nous en voyons le résultat aujourd'hui. Les rues sont entièrement infestés de geeks.


Tout en racontant tout ça, Morales revivait la scène d'horreur dans sa tête. Il avait réussi à fuir la ville avec sa femme et ses deux enfants. Ils avaient eu de la chance. Beaucoup de chance.

- Si les rues ne sont pas sûres pourquoi on ne passe pas par les égouts tout simplement ? demanda Rick.

- Glenn, va voir dans la ruelle si tu vois une plaque d'égout.


Le jeune asiatique se leva et courut à l'autre bout du toit. Il se pencha et l'examina

- Rien du tout. Elles doivent être dans l'autre rue. Celle qui est envahie.

- Pas forcément, répliqua Jacqui. Les bâtiments des années 20 comme celui-là on très souvent des tunnels d'évacuation en cas d'inondation. Il faudrait vérifier les fondations.

- Comment tu sais ça ? lui demanda Andrea.

- C'est mon boulot... Enfin, c'était... Je travaillais au service d'Urbanisme.


 

 

Le groupe redescendit et vérifia si les portes vitrées tenaient toujours le coup. C'était effectivement le cas. Mais une solution devait être trouvée rapidement pour sortir de ce guêpier. Ils se retrouvèrent devant une échelle métallique conduisant à un tuyau obscure. Morales balança une allumette pour voir la profondeur du trou. Il n'était pas si profond que ce qu'ils avaient imaginé. Ils étaient en train de tirer à pile ou face sur qui allait descendre. Rick s'avança mais Glenn l'arrêta dans sa lancée.

- Non pas toi. Tu as le flingue de Merle et j'ai vu comment tu tires. Tu seras plus utile ici que là-dessous. Je vais descendre. J'ai réussi à faire plein de mission de ravitaillement tout seul jusqu'à maintenant. Je vous emmène et c'est un vrai bordel. Je ne veux qu'une personne avec moi la dessous c'est Ivy. Elle est aussi rapide que moi et elle est très efficace avec sa lame. On ne les attirera pas de cette façon.


Rick voulut s'y opposer mais la jeune femme lui posa une main sur l'épaule. Elle savait que Glenn avait raison. L'ancien policier serait plus utile pour protéger les personnes dans le magasin dans le cas où les portes céderaient. Ils allaient avoir besoin de lui. De son savoir faire pour éviter la panique qui gagnerait forcément les rescapés. Elle descendit l'échelle pas forcément emballée de patauger dans l'eau de l'égout. Elle jeta un dernier regard à Rick et s'enfonça dans le tunnel.




Sur le toit, Morgan avait redressé tant bien que mal T-Dog afin qu'il s'appuie sur le muret. Il surveillait d'un œil son fils et Merle qui continuait à proférer ses propos racistes. L'orage au-dessus d'eux menaçait de plus en plus.

- Détachez-moi, hurlait Merle, en tirant sur la menotte.

- Hors de question, tu es un danger pour le groupe, répliqua T-Dog.

- Tu sais comment ça se passe dans les films d'horreur. Les noirs se font toujours tuer en premier, ricana-t-il. Je pourrais vous protéger.

- Et les gros cons racistes dans ton genre ne survivent pas très longtemps non plus, s'exclama Morgan. Les types comme toi ne pensent qu'à sauver leur peau.


Merle cracha sur le sol aux pieds de l'homme qui le surplombait de toute sa hauteur. Morales arriva avant que Morgan puisse se jeter sur lui et le tuer de ses propres mains.

- Vous n'avez toujours pas réussi à entrer en contact avec le camp ?


T-Dog secoua la tête. Il avait été sacrément amoché lors de son altercation musclée avec Merle. Il n'avait pas pensé un seul instant qu'il n'aurait pas eu le dessus sur lui. Mais ce raciste était extrêmement bien entraîné au combat au corps à corps. Il lui avait mis une sacré raclée.

- Glenn est descendu dans les égouts avec cette femme qui nous a aidé pour essayer de trouver une sortie.

- Ah la jolie brunette. Elle est sacrément bonne celle-là. Une fois libre, je trouverais un petit coin tranquille pour la baiser. Elle ne doit demander que ça en plus.


Morgan, n'en pouvait plus de l'entendre, abattit la crosse du fusil sur la tronche de Merle qui perdit connaissance.

- Ça fait du bien quand il ferme sa gueule, déclarèrent-ils en chœur.




Rick n'était pas emballé de savoir Ivy dans le tunnel. Dieu seul savait sur quoi ils allaient tomber. Andrea l'observait du coin de l’œil, méfiante. Elle lui en voulait de les avoir mis autant en danger. Arrivés au rez-de-chaussée, ils constatèrent que la première porte vitrée avait cédé. Les rôdeurs s'agglutinaient de plus en plus nombreux dans le sas.

- Je suis désolée d'avoir braqué mon arme sur toi, dit-elle. Mais, tu nous as mis dans une sacré merde. Par contre, ta copine a du cran pour s'être opposé à Merle de cette façon. Perso, moi, il me fout les pétoches encore plus que les rôdeurs.


Rick sourit. Il ne doutait pas un seul instant que les femmes puissent avoir peur d'un type comme Merle. Il était instable et extrêmement dangereux. Dans son métier, il en avait rencontré plus d'un. Adossé contre une vitrine, il regardait les rôdeurs taper contre la porte. Il repensait à son ancienne vie. A Lori. Il se rendit compte qu'il n'avait plus de sentiment pour elle. Leur mariage avait été un échec cuisant. Leur seule réussite avait été leur fils, Carl. Petit bonhomme de six ans. Il espérait pouvoir le retrouver, sain et sauf. Il y avait tellement cru au camp de réfugiés. Il s'en voulait amèrement d'avoir mis en danger la vie des personnes qui lui avait sauvé la vie quelques jours plus tôt.

- Si j'arrive à nous tirer d'affaire, tu nous pardonneras à mes amis et à moi ?

- Pas vraiment, non.


Il se doutait de cette réponse.

- Alors ne me pardonne pas mais pardonne au moins à mes amis. Ils n'y sont pour rien dans tout ça.

- Je réfléchirais à cette possibilité, sourit-elle.

- Merci. Petit conseil en passant, la prochaine fois que tu braques ton flingue sur quelqu'un, enlève le cran de sûreté, sourit-il, sinon le coup ne partira pas.

 

 


T-Dog tripotait les boutons de la cibie. Il en avait plus que marre d'entendre des parasites. Uniquement des parasites. Cela devenait lassant. Il aurait aimé entendre la voix d'un des membres du camp. Il répétait son message inlassablement en changeant de fréquence à chaque fois. Quelqu'un finirait bien par l'entendre. Morgan faisait les cent pas sur le toit, écoutant l'orage éclaté au loin. Il n'en pouvait plus d'entendre les commentaires vicieux de Merle. Il fit signe à Duane de descendre rejoindre Rick. Il refusait que son fils reste près d'une telle ordure. Merle continuait à lui expliquer de long en large ce qu'il ferait à Ivy s'ils se retrouvaient tous les deux dans un coin isolé. Morgan la considérait comme sa propre fille. Ils avaient veillé l'un sur l'autre depuis un mois. Il ne laisserait pas ce gros porc posé ses mains sur elle. Merle avait très bien compris que son point faible était la jeune femme et cela l'amusait d'appuyer dessus.

- Tu l'entendras peut-être couiner à un moment, ricana-t-il. Les femmes aiment tellement quand je les prends violemment. Elle ne dérogera pas à la règle malgré son petit air de ne pas y toucher. Elle doit aimer ça le cul.


Morgan s'assit à côté de T-Dog et ne quittait pas des yeux l'homme attaché. Il réfléchissait à toutes les manières de le tuer. Une mort lente. Très lente.

- Vivement que l'on rentre au camp. Je la rejoindrais dans son bungalow. Elle va tellement aimer tout ce que je vais lui faire. Elle en redemandera encore et encore. Je la passerais à mon frère pour qu'il s'amuse un peu aussi. Et à d'autres types qui la voudront. Elle deviendra ma petite pute personnelle. Canon comme elle est, elle me ramènera un bon paquet de fric. Il faudra juste que je la mate un peu avant. Sans trop abîmer la marchandise, continuait-il, en ricanant.




Dans le camping, les survivants avaient entendu le message de T-Dog mais ils n'arrivaient pas en entrer en communication avec lui. Tout ce qu'ils savaient c'est qu'ils étaient coincés dans le grand magasin. Une dispute éclata soudain entre Amy et Shane. Elle voulait qu'il envoie un groupe pour aller les sauver. Lui s'y opposait farouchement.

- Tu vas les laisser crever comme ça. Sans lever le petit doigt pour leur venir en aide. Tu es une sacré ordure.

- Amy, je sais ce que tu ressens. Nous avons tous laissé des gens à qui nous tenions derrière nous. Nous ne pouvons pas nous permettre d'envoyer d'autres personnes. Ils connaissaient tous les risques en y allant.

- Putain, c'est ma sœur. Il ne me reste qu'elle.


Elle s'éloigna en rage. Shane se retourna vers sa femme et lui fit signe de la suivre. Il n'avait pas besoin qu'elle fasse une connerie. Pour sauver sa sœur, elle aurait été capable de prendre une voiture et de foncer dans la ville. Il sentait les regards désapprobateurs des personnes posés sur lui. Il n'avait jamais demandé à être le chef de tout ce groupe. Mais aucun d'eux n'en avait l'étoffe ou n'avait les couilles de s'opposer à lui.




Dans les égouts, Glenn et Ivy avançaient lentement, éclairé par la faible lueur de leur lampe torche. Tout autour d'eux, ils entendaient les rats couiner ou leurs petites pattes courir le long des gros tuyaux d'évacuation. Glenn sursautait à chaque fois qu'il sentait un rongeur se faufiler entre ses jambes. L'odeur était atroce. Ils avaient de l'eau jusqu'aux mollets. Ivy laissa ses pensées s'égarer sur le moment de douceur partagé avec Rick dans le char. Elle allait devoir se tenir loin de lui. Elle ressentait tellement de choses lorsqu'il la regardait ou qu'il la touchait. Il n'y avait pas de place pour elle dans sa vie. Il était marié. Père de famille de surcroît. Elle sentit Glenn sursauter une énième fois dans son dos.

- Déjà on sait qu'il n'y a pas de rôdeurs dans le coin, dit-elle.

- Comment tu peux savoir ça ?

- Les rats fuient le danger. Comme tout être vivant, ils ont un instinct de protection. Ils ne fuient pas, ils se promènent.


Elle dirigea la lampe torche vers un des tuyaux où un petit rats se nettoyait les pattes en les regardant. Ils continuèrent leur progression jusqu'à un embranchement. A gauche, tout s'était effondré. Sûrement dû aux bombardements de l'armée. Ils prirent à droite et tombèrent sur une grille métallique maintenue par un cadenas. Ils entendirent un bruit d'eau et un rat couiner bruyamment. Glenn éclaira la zone du tunnel bouchée par la grille et un zombie se retourna vers eux, la bouche en sang. Il tenait dans les mains le rongeur dont il était en train de se repaître. Il se jeta sur la grille en essayant de les attraper. Ivy sortit son katana et lui planta dans la tête.

- Je savais que j'avais fait le bon choix en te prenant avec moi, dit Glenn, terrifié.


Elle lui tapa légèrement l'épaule, en souriant. Elle savait très bien ce que le jeune homme pouvait ressentir. La première fois qu'elle en avait croisé un, elle n'en avait pas cru ses yeux. Pour elle, cela n'existait que dans les films d'horreur. Et pourtant, l'horreur était devenue belle et bien réelle. Les morts revenaient à la vie. Bouffant les vivants. Glenn cassa le cadenas et poussa la grille. Ils devaient continuer leur progression. Leur mission était de trouver une sortie rapidement. Ils s'arrêtèrent quelques mètres plus loin devant une échelle. Ivy grimpa et souleva la plaque. Elle voyait les pieds des rôdeurs passés. Elle tourna la tête pour tenter de se repérer et vit le char ainsi que leurs sacs d'armes abandonnés sur le sol.

- Ça grouille de rôdeurs dehors, chuchota-t-elle. Par contre, je dois aller récupérer des trucs. Retourne auprès des autres, je vous rejoindrais.

- Tu es suicidaire ?

- Pas vraiment. Mais ce que je vais récupérer va nous être utile à un moment donné.


Glenn la regarda se glisser hors de la bouche d'égout. Il rebroussa chemin en courant. Il devait rejoindre les autres le plus rapidement possible pour les prévenir qu'il n'y avait aucune possibilité de sortir par les égouts. Leur dernière chance venait de disparaître. En plus, il allait devoir annoncer à Rick et Morgan que leur copine était sortie récupérer dieu savait quoi dans une rue grouillant de zombies. Il craignait la réaction des deux hommes malgré qu'ils ne le connaissaient pas. Mais, il avait eu un aperçu de ce qu'il s'était passé avec Merle et ça lui suffisait amplement pour se faire une petite idée de leur personnalité.




Tout en surveillant la dernière porte qui les séparait des rôdeurs, Andrea regardait la vitrine pleine de bijoux. Elle repéra un petit pendentif en forme de sirène et le caressa du bout des doigts.

- Tu as vu un truc qui te plaît ? lui demanda Rick.

- Pas à moi mais à quelqu'un que je connais. Ma sœur. Malgré qu'elle soit adulte aujourd'hui, elle a gardé son âme d'enfant. Les licornes. Les elfes. Les fées. Mais ce qu'elle aime par dessus tout ce sont les sirènes.

- Pourquoi tu ne le prends pas ?

- Y a un flic qui me regarde, répondit-elle, en souriant. Si je le prenais, ça serait du vol ?

- Je crois que ce genre de règle n'est plus valable aujourd'hui. Pas toi ?


Rick vit Duane accourir vers lui. Le petit garçon lui expliqua ce qu'il se passait sur le toit. La mâchoire serrée, il voulut monter pour régler son compte une bonne fois pour toute à Merle. Andrea lui indiqua d'un signe de tête un rôdeur, armé d'une pierre, qui se mettait à taper sur la vitre. Celle-ci se fêla légèrement. Duane se mit à crier, blotti dans les bras de Rick. Aux hurlements, Glenn et Jacqui les rejoignirent.

- Ça a donné quoi en bas ? demanda Rick.

- Nous avons trouvé une issue mais la rue était infestée de geek, répondit Glenn. Désolé, je n'ai pas pu empêcher Ivy d'y aller. Elle voulait récupérer quelque chose. Je n'en sais pas plus.

- Elle a l'air sacrément cinglée celle-là, répliqua Andrea, en prenant le pendentif qu'elle glissa dans sa poche.




Ils remontèrent sur le toit pour rejoindre le reste du groupe. Glenn les mit rapidement au courant de la situation actuelle. Rick dévisagea Merle en passant près de lui. Il aurait le temps plus tard de s'occuper de lui. Il devait réfléchir à une solution pour sortir tout le monde vivant. Il prit les jumelles de Morales et chercha une trace de Ivy. Il ne la voyait nulle part. Il sentit la présence de Morgan dans son dos.

- Ça va aller pour elle, dit-il. Elle est assez téméraire dans son genre mais elle revient toujours. Elle sait très bien se défendre. Je l'ai vu à de nombreuses reprises.

- Je ne voulais pas qu'elle descende. J'aurais dû l'en empêcher. Elle m'a sauvé et moi, je l'envoie vers la mort.

- Tu n'as aucune raison de t'en vouloir. Elle a fait son choix même si par moment, j'aimerais qu'elle ne risque pas sa vie à tout bout de champ.

- Duane m'a raconté les propos de Merle. Il va nous poser problème si nous rejoignons leur groupe ?

- A nous, je ne pense pas. Mais à Ivy, j'en suis persuadée.


Ils se comprirent d'un regard. Si la jeune femme revenait, ils devraient s'assurer qu'elle ne se retrouve jamais seule avec lui. Morgan prit les jumelles des mains de l'ancien policier et vit un chantier abandonné un peu plus loin. Il lui indiqua du doigt une camionnette blanche garée en plein milieu. Ils se penchèrent pour voir la ruelle en-dessous envahie par les rôdeurs.

- Glenn, tu as réussi à nous faire sortir du char. Tu crois que tu pourrais me faire passer jusqu'au chantier ?

- Impossible, répondit le jeune homme. Ils sont beaucoup trop nombreux.

- Il faudrait faire une diversion, continua Rick. Ils sont attirés par le bruit c'est bien ça ?

- Oui, comme les chiens, dit Glenn. Ils entendent un truc et ils rappliquent aussitôt.

- Ils nous sentent et ils nous voient aussi. Et si ils nous chopent, ils nous bouffent, répliqua Morales.

- Ils nous reconnaissent à l'odeur ? demanda Morgan.

- Ils puent la mort et pas nous, dit Andrea. C'est pas dur de faire la différence.

 

 


Ivy ramassa le dernier sac d'armes. Les rôdeurs l'encerclaient de toute part. Elle devait trouver une issue rapidement avant de finir dévorer vive. Il ne lui restait qu'une main pour tenir son sabre et avec les deux sacs d'armes, elle courrait beaucoup moins vite.

- Tu as vraiment des idées à la con par moment, Ivy.


Elle voyait le magasin au loin mais elle ne pourrait jamais l'atteindre. Elle ne pouvait pas repasser non plus par la bouche d'égout. Un cadavre de rôdeur en bouchait l'accès. Elle se dirigea vers une autre rue, en tuant les zombies arrivant sur elle. Elle courait aussi vite qu'elle le pouvait. Elle déboucha sur une grande grille métallique maintenue par des parpaings. Un chantier en construction. Elle balança les sacs par dessus et l'escalada. Elle s'assit par terre pour reprendre son souffle.




- S'il y avait un concours pour l'idée la plus débile, tu aurais la médaille d'or, dit Glenn à Rick.

- Oui, il a raison. Prenez le temps d'y réfléchir, intervint Morales.

- Nous n'avons plus le temps pour ça, déclara Rick, en lançant une tenue à Morgan. La dernière porte ne va pas tarder à céder et nous allons être envahi dans très peu de temps.


Les deux hommes enfilèrent une blouse et sortirent dans la ruelle pour ramasser un des deux cadavres de rôdeurs qui avaient été tués peu de temps auparavant. Morgan fit signe à Andrea de remonter avec Duane. Il ne voulait pas que son fils assiste à ce qui allait se passer. Rick brisa la vitre qui renfermait la hache de pompier. Jacqui referma la porte derrière eux tout en regardant ses compagnons dans la pièce. Ils étaient tous vêtus d'une blouse et attendaient devant le cadavre. Rick brandit la hache au-dessus du corps et suspendit son geste. Il se mit à fouiller les poches et en sortit le portefeuille du défunt.

- Il s'appelait Wayne Dunlap. Il est né en 1979 et son permis a été délivré en Géorgie.


Il tendit la pièce d'identité à Glenn qui regarda la photographie de l'homme. Rick continuait à dire ce qu'il découvrait dans le portefeuille. Le permis fit le tour des membres du groupe.

- Il avait aussi la photo d'une jolie fille, dit Morgan. Je t'aime fort, signé Rachel.


Il l'avait trouvé dans la poche de la chemise. Il la replia avant de la remettre en place.

- Il était comme nous, continua Rick. Il se demandait s'il pourrait payer la totalité de ses factures, qui allait gagner le Superbowl, ce qu'il pourrait manger le soir. Si je retrouve ma famille un jour, je leur parlerai de Wayne.

- Il était également donneur d'organes, déclara Morgan.


Des yeux, Rick parcourait l'assistance silencieuse autour de lui. Il enfila un masque de protection et abaissa la hache sur le corps. Il trancha les bras, les jambes et le ventre dont les boyaux se déversèrent sur le sol. Jacqui eut un haut le cœur et sortit pour vomir, suivie par Glenn. L'odeur était intenable dans la pièce. Rick continuait d'abattre la hache sur le corps en brisant les os, un à un. Plus il l'éclatait plus l'odeur était pestilentielle dans la pièce. Morales, une main sur la bouche, réprimait des hauts de cœur. Morgan, adossée au mur, continuait de regarder le carnage que faisait Rick. Il prit la hache qu'il lui tendait pour prendre le relais. Jacqui et Glenn revinrent dans la pièce lorsqu'ils n'entendirent plus le bruit des os brisés. Ils contemplèrent les boyaux répandus sur le sol.

- Morgan et moi allons récupérer le camion. Tout le monde a une paire de gants. Vous en mettez sur nos vêtements. Aucun contact avec notre peau ou nos yeux, dit Rick.


Morales, Glenn et Jacqui s'agenouillèrent et trempèrent leurs mains dans le corps du mort. Ils étalèrent le sang sur les blouses des deux hommes. Rick sortit un morceau d'intestin et se le posa sur les épaules. Morales en glissa un morceau dans la poche de Morgan tandis que Jacqui, le cœur au bord des lèvres, continuait d'enduire leurs blouses de sang.

- On pue autant qu'eux ? demanda Rick.

- Ah ça oui, répondirent les trois autres en chœur.

- Si on revient soyez prêt à sortir, dit Morgan.

- Et pour Merle ? demanda Morales.


Rick fouilla dans la poche de son pantalon et en sortit une petite clé qu'il lança au mexicain.

- Nous avons besoin de plus de tripes, dit Rick en frappant de nouveau le cadavre de sa hache.




Ivy traversa le chantier. Le seul endroit où il n'y avait aucun rôdeur. Elle entra dans le bâtiment abandonné en pleine construction. Elle était à bout de force. Les sacs pesaient une tonne. Elle fouilla dans l'un d'eux et trouva un talkie-walkie. Elle devait absolument entrer en contact avec le groupe sur le toit. Elle changeait de canal lorsqu'elle reconnut la voix de T-Dog.

- C'est Ivy, tu m'entends ?

- Tu es vivante ?

- Apparemment, rit-elle. Je suis sur un chantier en construction. Je vois votre position d'où je suis et je ne peux pas vous rejoindre. Ils sont beaucoup trop nombreux.

- Au chantier ? Rick et Morgan y vont pour récupérer une camionnette.


Andrea avait repris la communication. Elle exposa brièvement le plan des deux hommes à la jeune femme.

- Et après on me demande si je suis suicidaire, répliqua-t-elle. Je vais tenter de les aider de là où je suis.

- Comment ?

- Je ne sais pas encore, répondit-elle, en coupant la communication.


Elle se redressa et chercha dans un des sacs un fusil de sniper équipé d'un silencieux.Elle savait qu'ils en avaient pris lors de leur incursion au poste de police de King County. Elle espérait que c'était dans un des sacs qu'elle avait et pas dans celui de Morgan. Ayant trouvé son bonheur, elle reprit les sacs et monta le plus haut qu'elle put dans l'immeuble. Elle fixa le silencieux sur le fusil et se positionna, allongée au sol. Elle se remémora les leçons de son grand-père lorsqu'il lui enseignait à tirer. Il lui manquait tellement. Il lui avait appris tout ce qu'elle savait. De manier un sabre jusqu'au combat au corps à corps. En prenant l'arme, elle ressentit une légère appréhension. Elle n'avait pas tiré depuis tellement longtemps. Elle espérait, pour la survie de ses amis, ne pas avoir perdu la main.




- Qui nous dit que vous n'allez pas vous tirer et nous laissez en plan ? demanda Morales.

- Mon fils est avec vous c'est une preuve suffisante je pense.


Rick ouvrit la porte de la ruelle et les deux hommes sortirent. Deux rôdeurs se dirigeaient vers eux. Ils seraient rapidement fixés sur leur plan. Si les zombies continuaient leur chemin sans leur prêter attention, ils pourront traverser sans danger toute la rue jusqu'au chantier. Rick serra dans ses mains le manche de la hache qu'il avait pris. Il jeta un œil à Morgan qui le suivait. Les rôdeurs s'arrêtèrent près d'eux un instant et continuèrent leur chemin. Leur plan fonctionnait comme sur des roulettes. Les deux hommes progressèrent dans la rue au milieu des morts vivants.




Sur le toit, armé des jumelles, Andrea suivait leur progression. Merle continuait à vociférer tout en tirant sur ses menottes. Elle tenta d'apercevoir Ivy quelque part sur le chantier.

- Vous avez laissé partir ce connard de flic de mes deux. Vous allez me laisser crever comme un chien sur ce toit. Vous êtes tous des sacrés enfoirés.


Morales arriva en courant, suivi de Glenn. Ils rassemblèrent leurs affaires et aidèrent T-Dog à se redresser.

- Pour le moment, tout se passe bien. Ils en sont à la moitié de la rue, déclara-t-elle. Nous avons eu des nouvelles de Ivy. Elle est sur le chantier et les attend.


Glenn fut soulagé d'apprendre que la jeune femme avait survécu. Il s'en serait voulu si quelque chose lui était arrivé. Il avait tellement été paniqué dans les égouts qu'il n'avait pas eu de le courage de l'empêcher de sortir. Morales détacha Merle qui se jeta sur son fusil. Il les braqua, une nouvelle fois.

- Merle putain. Recommence pas. Nous n'avons plus beaucoup de temps. Une fois qu'ils seront au chantier, nous devons redescendre.

- Et vous leur faites confiance ? A moi non mais à eux oui ?

- Nous avons le petit garçon donc nous savons qu'ils vont revenir le chercher.


Tous les regards se braquèrent sur Duane qui s'assit sur le sol en pleurant. Andrea s'approcha de lui et le prit dans ses bras.

- Ne les écoute pas. Ils ont peur. Nous avons tous peur.




Allongée sur le sol, Ivy observait la progression de ses amis. Leur plan fonctionnait à la perfection. De la lunette de son fusil, elle regarda vers le toit et vit Merle pointer son fusil sur T-Dog. Le doigt sur la gâchette, elle hésitait à tirer. La tête de l'homme était dans sa ligne de mire. Elle attrapa le talkie-walkie de sa main libre.

- Il y a un souci sur le toit ?


Elle vit Merle prendre la communication.

- Ça ne serait pas mon petit cœur d'amour, ricana-t-il. Je te manque déjà ?

- Pas vraiment.

- Elles disent toutes ça au début.

- Baisse ton arme ou je tire. Je n'hésiterais pas une seule seconde à te tuer d'une balle entre les deux yeux. Je t'ai dans ma ligne de mire.


Merle se tourna et regarda en direction du chantier. A cette distance, elle ne pouvait pas l'atteindre. Elle était beaucoup trop éloignée. Il lui fit un doigt d'honneur. Une balle atterrit juste devant un de ses pieds.

- Tu m'as loupé, ma jolie.

- Parce que j'ai voulu te rater. Baisse ton arme ou la prochaine sera la bonne.


Elle le vit tendre son fusil à T-Dog et soupira. Tuer des rôdeurs étaient une chose. Tuer des humains en étaient une autre. Et, elle n'était pas prête à franchir cette ligne.

- Vivement qu'on se retrouve face à face tous les deux, ma jolie. Ça va être torride entre nous.


Elle savait que la confrontation avec Merle allait se faire à un moment donné. Elle savait ce qu'il avait en tête la concernant. Elle n'était pas sûre de pouvoir faire le poids face à lui. Elle avait vu dans quel état il avait mis T-Dog. Elle devait se concentrer. Chaque chose en son temps. Ses amis étaient sa priorité pour le moment. Merle viendrait après. Elle espérait le plus tard possible.




Rick et Morgan continuaient d'avancer tranquillement dans la rue. Il leur restait un peu plus de dix mètres à parcourir lorsque la pluie se mit à tomber. Une bonne averse orageuse. Le sang sur les blouses commençait à s'estomper. Les rôdeurs, autour d'eux, changèrent d'attitude.

- L'odeur est en train de se barrer ? demanda Morgan.


Rick se retourna et vit un zombie s'approcher de lui la bouche ouverte. Il brandit sa hache et lui fendit la tête en deux.

- Cours.


Les deux hommes se mirent à cavaler, tentant de se frayer un chemin dans la horde qui s'agglutinait autour d'eux. Un rôdeur s'approchant d'eux tomba d'une balle dans la tête. Rick leva les yeux vers les bâtiments mais ne vit personne. Ils arrivèrent à la grille qu'ils escaladèrent le plus rapidement possible. Ils retirèrent leur blouses qui ne leur servaient plus rien. Pendant que Morgan cherchait les clés de la camionnette, Rick tirait sur les rôdeurs qui escaladaient à leur tour la grille.

- Baisse-toi, dit Ivy dans son dos.


Il se baissa et la vit lancer deux grenades par dessus la grille. L'explosion éclata les rôdeurs. Des morceaux de chairs retombèrent un peu partout autour d'eux. Morgan balança les clés à Rick et ils coururent jusqu'à la camionnette. Ivy les suivait tout en tirant sur les zombies ayant survécus aux grenades. Elle ramassa les sacs d'armes qu'elle jeta dans le véhicule. Elle grimpa entre les deux hommes et Rick démarra. Il partit en marche arrière et prit la direction de la sortie de la ville.




Sur le toit, les survivants virent la camionnette partir dans la mauvaise direction. Merle riait aux éclats. Il savait depuis le début que ce flic était un pourri et ses copains avec. Il voulut reprendre le fusil des mains de T-Dog pour buter le petit garçon mais Andrea s'y opposa.

- Ils vont revenir nous chercher. Ils vont pas nous laisser crever ici. Ils ne vont pas laisser le gamin.

- Arrête de croire au Père Noël. Tu les as vu partir. Ils sont déjà loin.

- Non, hurla Duane. Mon père, Rick et Ivy vont revenir. Ils ne nous laisserons pas.


Andrea serra le gamin dans ses bras. Elle espérait du fond du cœur qu'il avait raison. Leur vie a tous ne tenait qu'à un fil. Et ce fil était tenu par Rick et ses amis.




- Morgan, il va falloir que tu fasses diversion pour éloigner les rôdeurs du quai de chargement du magasin, déclara Rick. Et pour les éloigner, il va falloir faire du bruit. Beaucoup de bruit.


Il arrêta la camionnette près d'une mustang rouge. En cassant la vitre, l'alarme de la voiture se mit en route. Ivy fit un petit signe à son ami.

- On se retrouve sur l'autoroute, dit-il en lui serrant la main.

- Fais attention à toi, dit-elle.


Au milieu de la route, ils le regardèrent s'éloigner au volant de la voiture. Rick se retourna vers Ivy.

- J'ai cru que je n'allais plus te revoir, murmura-t-il, en plongeant ses yeux dans les siens.

- J'ai la peau dure, chuchota-t-elle.




Morgan fit le tour du quartier plusieurs fois pour attirer le maximum de rôdeur. Il arrêta sa voiture à côté d'un groupe. Ils se retournèrent et se mirent à le suivre. Il attrapa le talkie-walkie, en voyant la camionnette s'engouffrer dans la ruelle.

- Préparez-vous à descendre au quai de chargement. Rick va venir vous récupérer.

- Nous serons prêts, déclara T-Dog.




Jacqui faisait le guet près des portes. Le rôdeur équipé de sa pierre avait réussi à casser un morceau de la vitre. Elle entendit ses compagnons descendre en courant l'escalier. Morales soutenait T-Dog qui avait dû mal à se déplacer. Andrea tenait la main de Duane et Merle fermait la marche. Glenn attrapa le bras de Jacqui au moment où la vitre se brisa. Les rôdeurs envahirent le magasin rapidement. Ils se précipitèrent au quai de chargement. Merle ferma la porte derrière lui et la retenait de tout son poids. Morales déposa T-Dog contre un mur et alla lui prêter main forte.

- Pourvu qu'ils arrivent vite, murmura Andrea. Nous ne pourrons pas tenir longtemps.


Ils entendirent la camionnette s'arrêter. Ivy passa à l'arrière et ouvrit le hayon, en tapant contre le volet métallique pour les prévenir de leur arrivée. Andrea aida Duane à monter. Ivy le serra dans ses bras, heureuse de le retrouver. Merle lâcha la porte et sauta dans la camionnette au moment où elle démarrait. En verrouillant le coffre, il vit les rôdeurs les poursuivre. Rick se retourna pour vérifier que tout le monde soit bien là. Il fut soulager de tous les voir. Ivy se réinstalla près de lui, en soupirant.

- Nous avons eu très chaud sur ce coup-là, dit T-Dog.

- Où est mon père ?




Morgan au volant de la mustang roulait à vive allure sur l'autoroute déserte. Il passa sa tête par la portière en hurlant de joie. Dans son rétroviseur, il voyait la ville d'Atlanta s'éloigner. Il n'était pas prêt d'y remettre les pieds. Cette ville n'avait plus rien d'une ville. C'était devenue un cimetière.

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