Apocalypse

Chapitre 3 : Retrouvailles

9558 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 23/03/2024 07:51

La camionnette roulait à travers la ville à tombeau ouvert. A l'intérieur, le silence régnait. Ils n'en revenaient pas d'être encore en vie. Ils avaient tous réchappé à l'impensable. Ils étaient sous le choc de ce qu'ils avaient vécu. Dans le rétroviseur, Rick vit la mustang rouge le doubler, en klaxonnant. L'alarme sonnait toujours aussi stridente. Il baissa sa vitre.

- Tu t'éclates comme un fou à ce que je vois, dit-il, en souriant.

- Pour une fois que je peux rouler comme un dingue sans prendre de contravention, je n'allais pas me priver.


Morgan gara la voiture sur le bas côté. Il laissa le moteur tourner et se précipita vers la camionnette qui l'attendait. Tout une troupe de rôdeurs débouchait de la rue de laquelle il venait de débouler. Il attrapa la main de Morales qui le hissa à l'intérieur, ses oreilles sifflant toujours. Duane se jeta dans ses bras, heureux de le retrouver.




Dans le bois, Jim installait des pièges avec des boîtes de conserve tout autour du camping. Il ne savait pas trop pourquoi il faisait cela. Il s'était réveillé en pleine nuit, en sueur, et avait entreprit leur confection. Il en fit tinter une et regarda Dale qui levait un pouce dans sa direction. Si quelqu'un ou quelque chose approchait du périmètre, ils l'entendraient et ne seraient pas prit au dépourvu. Ils avaient très peu d'armes et de munitions. En cas d'attaque, ils ne feraient pas le poids. En sortant du bois, il observa Lori qui tentait de couper les cheveux de son fils, assis sur le perron de leur bungalow.

- Carl, arrête de bouger.

- Maman, j'y arrive pas. J'ai envie d'aller jouer. C'est complètement débile de me couper les cheveux.

- Parle autrement à ta mère, répliqua Shane, en haussant le ton.

- Tu n'es pas mon père. Tu n'as rien à me dire.


Carl se libéra de l'étreinte de sa mère et s'enfuit en courant. Elle voulut se lever pour le rattraper mais Shane l'en empêcha.

- Ce n'est rien. Il a raison, je ne suis pas son père. Laisse-le, il a besoin de se retrouver un peu seul et de faire son deuil. Il n'a pas eu le temps pour ça.

- Shane, hurla Dale depuis le toit de son camping-car. Il y a une camionnette qui arrive au loin le long de la crête.


Il se précipita et grimpa sur le toit tout en observant le véhicule longer la route.

- C'est eux ? demanda Amy. C'est ma sœur ?

- Difficile à dire pour le moment. Ils sont encore loin.

- Et si ce ne sont pas eux ? demanda Dale.

- Nous verrons ce que nous ferons, chuchota Shane.


Armé de son fusil à pompe, il attendait l'arrivée de la camionnette. Il avait demandé à tout le monde de se tenir à l'écart. Il ne savait pas qui arrivait. Mieux valait rester sur ses gardes. Le véhicule s'arrêta et il entendit le hayon s'ouvrir. Andrea se précipita sur sa sœur, Amy. Elles pleurèrent dans les bras l'une de l'autre. Elles avaient bien cru ne plus jamais se revoir. Glenn sortit à son tour.

- Tu peux ranger ton arme, Shane. On est tous là. Par contre, on ramène quatre autres personnes qui nous ont aidé à sortir du magasin. Sans eux, on n'y serait pas arrivé.


La femme et les enfants de Morales se précipitèrent sur lui. Il avait tellement eu peur. Il n'était pas prêt de repartir en mission de ravitaillement. Il avait cru ne jamais revoir sa famille. Merle passa à côté de la portière de Ivy, avec un sourire mauvais sur les lèvres, en lui envoyant un baiser. Elle voulut lui faire un doigt d'honneur mais mieux valait pour sa sécurité ne pas trop attiser le feu. Elle allait devoir rester sur ses gardes et se tenir loin de l'homme. Morgan aida son fils à descendre de la camionnette et observait le camping.

- Venez, je vais vous présenter au reste du groupe, leur dit T-Dog. Vous allez être bien parmi nous. Depuis que nous sommes installés, nous n'avons subi aucune attaque de rôdeurs. La vie au camping est paisible. Nous avons l'eau courante dans les bungalows et l'électricité grâce aux panneaux solaires. C'est un vrai petit coin de paradis.


Rick regardait les scènes de retrouvailles touchantes des membres du groupe avec leur famille. Il se passa la main dans les cheveux, hésitant à descendre. Lui aussi voulait retrouver sa famille. Il entendait Glenn raconter toutes leurs péripéties. Le magasin. Les égouts. Tous les détails y passaient.

- Lui c'est Morgan et son fils Duane. Et, là c'est Ivy, dit T-Dog. Shane, tu vas apprécier on ramène également un flic. Tu ne seras plus le seul maintenant.


Rick descendit à son tour en se dirigeant vers le groupe. Il allait annoncer à ses amis qu'il partait lorsqu'il vit Shane debout devant lui. Son meilleur ami. Vivant. Il sentit les larmes lui monter aux yeux. Carl reconnut son père et lui fonça dessus, en pleurs. Rick tomba sur le sol, serrant son fils contre lui. Tous les survivants les observait, émus. Lori se tenait en retrait sous le choc de le voir en vie. Elle s'approcha de lui et il l'attira dans ses bras, en lui déposant un baiser sur le front.

- Merci mon dieu d'avoir veiller sur eux, murmura-t-il.




Dale leur avait indiqué un bungalow un peu en retrait où ils pourraient s'installer tranquillement. Il leur expliqua brièvement la vie au camp. Le chalet comportait trois chambres. Un luxe qu'il n'avait pas connu depuis un certain temps. Ils avaient squatté des maisons ou des appartements dans des états catastrophiques. Ou parfois, ils dormaient à même le sol sur le bord des routes. Ivy se laissa tomber sur le lit moelleux, sous le regard amusé de Morgan. Il glissa un des sacs d'armes sous son lit.

- Tu sais qu'ils veulent récupérer nos armes. Tu vas devoir leur remettre ton sabre et te comporter en petite femme d'intérieur. Faire le ménage. Préparer le repas. Faire les lessives.


Il se mit à rire en voyant le regard désespéré de son amie. Elle savait qu'elle ne pourrait pas faire autrement que de donner son arme. Son katana lui avait été remis par son grand-père. Il l'avait fait sur mesure rien que pour elle. Elle y tenait énormément. Mais elle allait devoir se plier aux règles si elle souhaitait rester ici. Mais avait-elle vraiment envie de rester dans un endroit où le seul droit des femmes étaient de faire du ménage ? En pleine apocalypse le droit des femmes avaient complètement régressé.

- J'ai dû leur laisser un des sacs d'armes. Pour garder les autres, j'ai dit que c'était nos vêtements. J'ai seulement à moitié menti, rit-il.


Il en ouvrit un qui était bourré de vêtements camouflant les fusils d'assaut en dessous.

- Tu crois que l'on devrait rester ? lui demanda-t-elle.

- Cela nous ferait du bien de nous poser un moment. Il y a des enfants. Ça ferait du bien à Duane de se retrouver avec d'autres gamins.


Il quitta la chambre et jeta un œil dans la sienne où son fils s'était endormi. Il s'installa dans le canapé face à la fenêtre donnant sur le bois derrière. Il n'était pas rassuré de savoir que Ivy allait se retrouver sans arme. Pas avec Merle dans les parages. Il allait devoir la surveiller de près pour qu'il ne lui arrive rien.




- Nous pensions que tu étais mort. La dernière fois que nous t'avons vu à l'hôpital la veille de partir, tu étais toujours dans le coma. C'était il y a deux mois déjà. Comment tu as pu survivre aussi longtemps dans l'hôpital ?

- Je ne sais pas Lori. J'ai survécu c'est tout. Je suis extrêmement heureux de vous avoir retrouvé. De voir que vous allez bien tous les deux. Depuis que je suis sorti de l'hôpital, j'ai crains le pire pour vous deux. J'ai vu tous ces morts partout dans la ville. Je ne voulais pas croire que vous...


Il n'arriva pas à finir sa phrase, submergé par l'émotion. Il était assis sur un tronc et Lori se tenait en face de lui. Il lui serra la main.

- Shane est venu nous récupérer et a voulu nous emmener à Atlanta. Mais comme tu peux le voir, nous n'avons jamais réussi à l'atteindre et heureusement. Nous ne serions plus là aujourd'hui.


Elle prit une profonde respiration. Elle devait lui annoncer des choses qui allait être pénible pour lui à entendre.

- Rick, je dois te dire... Shane et moi sommes mariés et allons avoir un bébé. Je tenais à être honnête avec toi. Nous deux ça n'a jamais fonctionné. Mais, je sais que pour notre fils nous ferons au mieux pour que tout se passe bien. Je suis désolée de t'avoir fait du mal au moment du divorce. Désolée de t'avoir balancé autant de choses ignobles que je ne pensais même pas en plus. Tu es un homme bien et tu ne méritais pas que je te fasse autant de mal.


Rick la regardait sans un mot. Il ne ressentait rien. Elle lui annonçait qu'elle s'était mariée avec Shane et rien. Aucune rancœur. Aucune colère. Il était seulement heureux qu'elle est trouvé son bonheur. Même si c'était avec son meilleur ami.




A la nuit tombée, tous les survivants se retrouvèrent au coin du feu. Ils partageaient leur repas et discutaient de tout et de rien. Ils projetaient leurs journées du lendemain. Ivy s'installa à côté de Morgan. Il lui indiqua d'un signe Duane, assis un peu plus loin avec les autres enfants. Ils chahutaient les uns avec les autres. Elle se mit à sourire. Le petit garçon avait bien besoin de retrouver une vie à peu près normale. Même si ce n'était qu'une utopie. Les choses pouvaient changer d'un instant à l'autre. Elle avait remis son katana un peu plus tôt à Shane. A contrecœur, mais elle l'avait remis après avoir posé le pour et le contre. Elle aurait pu repartir sur la route toute seule mais depuis sa rencontre avec Morgan et son fils, elle ne se voyait plus sans eux. Et, il y avait Rick. Elle ne pouvait pas ignorer les sentiments qu'elle éprouvait pour lui. Elle croisa le regard froid de Merle qui la fixait avec insistance. Elle en eut la chair de poule de ce qu'elle voyait briller dans les yeux de l'homme. Il avait envie d'elle. Une envie brutale. Et, il ferait en sorte de l'avoir. Et de lui faire très mal. Elle essaya de se concentrer sur les conversations.

- Quand je suis sorti du coma. J'étais complètement déboussolé. Je ne comprenais rien de ce qu'il se passait. J'ai cru que j'étais tombé dans un monde parallèle. Un monde d'horreur. J'ai eu la chance de croiser Morgan et Ivy qui m'ont remis sur pieds. Nous avons pris la route pour Atlanta et nous voilà aujourd'hui avec vous. Comblé d'avoir retrouvé mon fils.


Il serra Carl contre lui, tout en regardant Ivy, assise de l'autre côté du feu. Lori se rembrunit. Elle n'avait rien loupé de ce long regard qui en disait long. Elle n'appréciait pas la jeune femme. Elle avait appris par Shane qu'elle n'avait pas été très coopérative pour remettre son sabre. Elle ferait en sorte que Ivy se plie aux règles du camp. Sinon, elle devrait partir. Ici, c'était les hommes qui tenaient les armes et pas le contraire. Elle n'appréciait pas vraiment non plus comment Rick la regardait. Il n'avait jamais eu ce regard pour elle. Elle savait qu'ils allaient partager le même bungalow et une grosse pointe de jalousie se forma au creux de son cœur. Elle continua d'observer Ivy qui taillait un morceau de bois à l'aide d'une fourchette et d'une petite cuillère. En croisant le regard de Lori, elle le cacha dans sa poche.

- Il est tard, déclara Shane, en éteignant le feu. Tout le monde au lit.

- Comment s'organise les tours de garde ? demanda Rick.

- On verra ça demain. Tu as besoin de repos pour le moment.




Ivy s'assit sur son lit et sortit le morceau de bois, en le retournant dans tous les sens. Elle avait essayé de le faire assez pointu mais avec les outils à sa disposition ce n'était pas gagné. Elle se défendrait mieux avec une fourchette qu'avec ce qu'elle avait dans les mains. Elle repensa au regard acéré de Merle. Elle avait senti ses yeux parcourir son corps lorsqu'elle s'était levée pour rejoindre son bungalow. Elle ne craignait rien à l'intérieur. Il n'oserait pas s'en prendre à elle tant que les deux hommes seraient là. Mais, elle n'allait pas pouvoir être avec eux toute la journée. Elle allait forcément se retrouver seule à un moment donné et c'est là qu'il passerait à l'attaque. Elle retira ses vêtements qu'elle jeta au pied du lit. Elle se faufila sous la couette en boxer. Elle ferma les yeux et écouta le silence régnant autour d'elle. Elle entendait Morgan au rez-de-chaussée, faisant les cent pas. Elle savait qu'il guettait les abords du bungalow. Les vieilles habitudes avaient la vie dure. Elle entendit Rick entrer et les deux hommes se mirent à discuter à voix basse. Elle n'arrivait pas à percevoir de quoi ils parlaient. Même si elle savait parfaitement le sujet de leur discussion. Elle se leva du lit et enfila un tee-shirt. En ouvrant la porte de sa chambre, elle croisa Morgan montant à l'étage. Il avait l'air tellement crevé. Il passa près d'elle, lui déposa un baiser sur le front en lui murmurant un vague bonne nuit. Sa porte se referma dans un petit claquement. Elle descendit l'escalier et trouva Rick surveillant une fenêtre, assis sur une chaise. Un fusil était posé sur ses genoux.

- J'ai discuté avec Shane du problème Merle. Il ne peut rien faire. Ou surtout il ne veut pas s'en occuper. Il est dangereux. Et pas seulement pour toi. Pour tout le groupe. Il est complètement instable. Mais, il préfère pour le bien de tout le monde que nous le laissions tranquille.


Elle s'approcha de lui, en lui posant une main sur l'épaule.

- Tu es crevé. Nous le sommes tous. Je ferais attention.

- Attention ? Comme tu l'as fait lorsque tu es partie en exploration dans les égouts ? Ou quand tu es allée récupérer Morgan et Duane ?


Sous le coup de la colère, il s'était levé brusquement de sa chaise qui chuta sur le sol. Il ne s'était pas rendu compte qu'il avait haussé le ton. Il plongea ses yeux bleus dans les siens en l'attirant à lui. Elle se dégagea de son étreinte.

- Tous les choix que j'ai fait jusqu'à maintenant ont sauvé des vies. Je ne regrette rien. Même si j'ai risqué la mienne. Toi aussi tu as mis la tienne en jeu et je ne suis pas là à te faire des reproches. On le sait tous que Merle va s'en prendre à moi. Aujourd'hui. Demain. Ou un autre jour. Morgan et toi vous ne pourrez pas veiller sur moi jour et nuit. Et je le refuse. Je ne resterais pas seule la journée, je te le promets. Et la nuit, ici, je ne risque rien. Pas avec vous deux. Je ne me mettrais pas en danger inutilement. Tu peux me faire confiance. Je ne suis pas suicidaire. Comme toi, je veux juste protéger les personnes à qui je tiens. Maintenant, il est tard. Nous ferions mieux de dormir un peu au lieu de nous engueuler. Demain, nous aurons les idées un peu plus claires pour parler de tout ça.


Il la rattrapa par le bras au moment où elle faisait demi-tour. Elle se dégagea brutalement et monta l'escalier sans un regard pour lui.




Assis dans le transat, Shane observait le bungalow où se trouvait Rick et son groupe. Aucune lumière ne filtrait à l'intérieur. Il avait dû mal à se réjouir du retour de son ami. Il but une gorgée de sa bière. Il ne savait pas trop ce qu'allait donner ce retour. Mais rien de bon. Rien que le comportement de la jeune femme qui les accompagnait n'allait rien apporter de satisfaisant au groupe. Elle lui avait remis son katana, en le foudroyant du regard. Il ne sentait pas plus la présence de Morgan. Il passait son temps à observer tout le monde. Et Rick, son ami de toujours. Il n'avait eu aucune réaction à l'annonce de son mariage avec Lori. Aucune réaction sur le fait qu'ils soient tous partis en le laissant à l'hôpital. Il aperçut sa femme traverser le camp et se diriger vers lui. Elle venait souvent le rejoindre pendant son tour de garde. Elle se blottissait contre lui, sous une couverture, et ils regardaient les étoiles, en s'embrassant ou en faisant l'amour.

- Je pense que nous allons avoir un problème avec la nouvelle, lui dit-elle.


Il avait vu la manière dont sa femme avait regardé Ivy. Le regard d'une femme jalouse. Elle plaisait à Rick ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Mais ça ne plaisait pas du tout à Lori. Et ça aussi c'était clairement visible. Sa femme était une belle femme mais Ivy était un grand au dessus. Les hommes se retournaient sur elle quand elle passait. Même lui, il devait se l'avouer. Elle ne le laissait pas indifférent. Elle attirait les regards.

- Pendant le dîner, je l'ai vu tailler un morceau de bois. Elle se prépare une arme. Elle ne va pas se plier aux règles du camp. Je le sens, avec elle, nous allons droit à la catastrophe.

- J'ai discuté avec Rick tout à l'heure. Ils ont un souci avec Merle. Apparemment, il veut s'en prendre à elle. Je lui ai dit que ce n'était pas mon problème et que je ne m'en mêlerai pas. Si, elle ne se sent pas en sécurité avec nous, elle peut partir. Personne ne la retiendra. Je suis comme toi, je sens que les ennuis se profilent à l'horizon et ça sera elle la responsable.


Lori se blottit contre lui. Elle était satisfaite. Si Merle avait décidé de s'en prendre à la jeune femme, elle disparaîtrait rapidement du décor.

- Tu as très bien répondu, mon amour, murmura-t-elle, en l'embrassant.




La lumière du soleil réveilla Rick. Il avait passé la pire nuit de sa vie. Il s'était tourné et retourné des centaines de fois dans son lit avant de sombrer dans le sommeil. Il avait pensé à Ivy. Il aurait voulu l'embrasser. La serrer contre lui. Mais, elle ne lui en avait pas laissé l'occasion. Ou plutôt, il avait tout gâché en lui faisant des reproches. Il avait tellement peur qu'il lui arrive quelque chose. Il n'avait jamais ressenti ce qu'il éprouvait pour elle. Même pour Lori. Alors qu'ils avaient été mariés pendant dix ans. La jeune femme le faisait se sentir vivant. Différent. Près d'elle, il était comme un adolescent en pleine puberté. Heureusement qu'elle était remonté dans sa chambre car il sait très bien ce qu'il se serait passé ensuite. L'envie qu'il avait d'elle l'avait submergé. Il avait eu peur de tout ce qu'il avait ressenti. De cette envie dévorante. Il pouvait deviner la douceur de sa peau sous ses doigts. Le goût de ses lèvres. Il se secoua et se leva, tout en regardant par la fenêtre. Il devait s'occuper l'esprit. Le camp prenait vie peu à peu sous ses yeux. Andrea et Amy passaient, chargées de linges sales. Les enfants prenaient leurs petits déjeuners tranquillement. Les hommes, qui avaient surveillé le camp la nuit, partaient se coucher. Quittant sa chambre, il tomba sur Morgan qui sortait de la salle de bains.

- Vous vous êtes sacrément engueulés hier soir tous les deux. Avec ma femme, on se disputait juste pour mieux se retrouver sur l'oreiller.

- Cela n'a pas été jusqu'à l'oreiller.


Ils se mirent à rire tous les deux. Rick avait très bien compris que Morgan avait surveillé leur dispute, au cas où elle dégénérerait, il serait intervenu. Il savait que les deux se plaisaient. Il avait surpris leurs regards s'attardant l'un sur l'autre. Il avait connu cela aussi il y a longtemps. Mais qu'il ne s'était rien passé entre eux. Pour le moment. C'était un moyen pour lui de donner sa bénédiction à Rick si il souhaitait pousser plus loin sa relation avec Ivy. Il la considérait comme sa fille depuis le jour où elle avait sauvé son fils. Il appréciait également l'homme qui avait prouvé sa valeur plus d'une fois. Il lui donna une tape sur l'épaule avant de quitter le bungalow.




Ivy était assise sur le perron, lassant ses chaussures. Elle glissa dans sa chaussure, le morceau de bois qu'elle avait continué à tailler dans la nuit. Il était assez pointu pour blesser. Dans le bungalow d'en face, elle croisa le regard acéré de Lori. Ça allait se compliqué plus que prévu sa vie au camp. En plus de Merle. Elle allait avoir Lori, l'ex-femme de Rick, sur le dos. Du coin de l’œil, elle vit Carol sortir en pleurs et courir vers le bois. Ivy se précipita à sa poursuite. Derrière elle, elle entendait les injures d'Ed qui rappelait sa femme depuis le perron. Elle apercevait Carol slalomer entre les arbres et la vit tomber sur le sol.

- Tout va bien ?


Ivy s'approcha doucement d'elle. Elle entendait ses pleurs. Elle s'agenouilla et lui toucha le dos. Carol sursauta, se cachant le visage dans ses mains.

- Tout va bien ? répéta-t-elle.


Elle redressa la tête, en essuyant ses larmes. Ivy se rendit compte qu'elle arborait un œil au beurre noir. Elle sentit la colère l'envahir.

- Ça va, je te remercie, chuchota-t-elle. Ce n'est rien du tout.

- Non, ça ne va pas. On est aux prises avec des zombies et ton abruti de mari s'amuse à te frapper. Il mériterait qu'on le leur jette en pâtures.

- Tout est de ma faute. Pas de la sienne. J'ai trop fait bouillir l'eau pour son café.

- Et cela valait une telle correction ? Ma mère faisait griller les toasts tous les matins et mon père ne lui tapait pas dessus. Il lui disait que tout était parfait. Tu ne peux pas le laisser faire ça. Si tu veux, je peux t'aider. Un bon coup de poêle à frire déjà ça devrait le calmer.


Carol se mit à rire. Elle s'imaginait brandir l'ustensile de cuisine au dessus de la tête de son mari.

- Je suis trop faible pour faire ce genre de choses.

- Personne n'est trop faible, répliqua Ivy, en lui serrant la main. C'est juste une question de le vouloir ou non. Tu le serais, tu n'aurais pas pu vivre aussi longtemps. Pas avec tous les dangers qui nous entourent.

- Je suis là pour ma fille.

- Alors pour ta fille, bats-toi. Elle ne mérite pas de perdre sa mère sous les coups de son père.




Rick traversa le camp à la recherche de Shane. Il voulait se rendre utile. Aider autant qu'il le pouvait. L'inertie n'avait jamais été son truc.

- Tu as vu Shane ? demanda-t-il à Lori.

- Il est parti tôt ce matin relever les pièges.

- Il aurait dû me réveiller. J'y serai allé avec lui.


Elle secoua la tête en souriant. Il ne changerait jamais. Avec tout ce qu'il se passait autour d'eux, Rick Grimes essayait toujours d'aider tout le monde.

- Tu as besoin de te reposer. Et ton fils a besoin de passer du temps avec son père. Il a tellement pleuré lorsqu'on lui a annoncé que tu étais mort. Aujourd'hui, il a enfin retrouvé le sourire. Alors prends du temps pour lui. Personne ne t'en voudra. Tu as déjà sauvé tout le monde du magasin. Tu as fait ton rôle de héros.

- Je ne te remercierai jamais assez de l'avoir protégé alors que moi j'en étais incapable. Je suis loin d'être un héros. J'ai fait ce que beaucoup aurait fait à ma place.


Elle caressa sa joue doucement. Sa barbe de quelques jours lui piqua légèrement la main.

- Détrompes-toi. Ils auraient sauvé leur peau et laissez les autres. Toi, tu les as tous ramener Et, tu n'as pas à me remercier. J'ai seulement fait mon rôle de mère. Protéger notre enfant.


Elle avait raison. Il devait prendre du temps pour son fils. Il se dirigea vers le groupe des enfants qui jouaient un peu plus loin au ballon. Il se jeta dans la mêlée et commença une partie de football avec eux.




Merle avait aperçu Ivy courir en direction du bois. Avant de s'élancer à sa poursuite, il regarda autour de lui et croisa le regard de Lori. Elle l'observa avant de rentrer dans son bungalow. Pas de Rick. Ni de Morgan dans les parages. Il pouvait y aller. C'était le moment ou jamais. Il fonça à la poursuite de la jeune femme. Il était bon pisteur. Moins bon que son frère Daryl. Mais pas trop mauvais non plus. Il repéra les traces laissées et les suivit tranquillement. Un chasseur expert ne se précipitait jamais sur sa proie. Il se jetait dessus lorsqu'elle s'y attendait le moins. Ivy était son butin. Il s'en léchait les babines d'avance. Un bon petit lot cette gonzesse. Il avait eu l'occasion de la mater sous toutes les coutures hier soir. Il devait bien s'éclater le flic avec cette nana dans son pieu toutes les nuits. Ou peut-être que c'était Morgan qui s'amusait avec elle. Et bientôt ça serait à son tour. Il l'entendit parler avec quelqu'un. Il se rapprocha doucement et aperçut Carol. Les deux femmes se mirent à rire. Une branche craqua sous un de ses pieds et il vit Ivy se redresser aux aguets.

- Comme on se retrouve, mon petit cœur, s'exclama-t-il, en sortant du buisson.


Elle passa Carol derrière elle et fit face à Merle.

- Qu'est-ce que tu veux Merle ?

- Ce que je veux ? Tu me demandes ce que je veux ? Mais c'est toi que je veux. Je veux t'entendre couiner quand je vais te baiser.


Elle n'aurait jamais dû s'éloigner autant. Personne ne savait qu'elle était là. Elle s'était jetée dans la gueule du loup. Elle recula lentement. Elle devait réfléchir. Elle n'avait sur elle que le morceau de bois dans sa chaussure. Elle était plutôt mal barrée. Merle l'agrippa par le bras, avec un rictus mauvais.

- Carol, cours, hurla Ivy, en chutant sur le sol. Trouve Rick et Morgan.


Elle vit la femme se précipiter en direction du camp. Ivy sentit une sueur froide lui parcourir le dos. Elle devait gagner du temps. Elle continua de reculer, allongée sur le sol. Elle tâtonnait de la main pour tenter d'attraper quelque chose qui pourrait l'aider. Rien. Même pas un maudit caillou.

- Ça va être encore plus facile que ce que je pensais, sourit-il, en retirant la ceinture de son pantalon. Tu vas aimer ce que je vais te faire. Tellement que tu vas en redemander encore et encore. Ton petit flic de mes deux tu n'en voudras plus. Pas après avoir coûté à Merle Dixon l'étalon. Il te paraîtra tellement nul.

- Rick nul ? rit-elle. Sans lui, tu serais encore en train de moisir sur ton toit. Avec la chaleur qu'il fait, tu serais peut-être complètement sec à l'heure qu'il est. Et Rick, lui, il ne me prendrait pas de force. Il n'y a que les gros porcs comme toi qui sont capables de traiter les femmes comme des morceaux de viande.

- Tu as encore l'énergie de faire ta maligne à ce que je vois.


Elle se redressa d'un mouvement souple et lui balança un coup de pied qu'il esquiva. Il l'attrapa par les cheveux et la traîna. Elle essaya de se dégager et son tee-shirt se déchira. Il la jeta sur le sol.

- Tu es sacrément bonne, dit-il, en se passant la langue sur les lèvres. Je vais vraiment m'éclater avec toi.


Il se coucha sur elle, lui maintenant les mains au dessus de la tête. Il essaya de l'embrasser mais elle tournait la tête dans tous les sens. Il la gifla. Un goût de sang remplit sa bouche.

- Les nanas comme toi apprécient ce que les hommes comme moi ont leur fait.


Il défit son pantalon mais il n'arrivait pas à lui retirer le sien. Il allait devoir prendre le risque de libérer une des mains de la jeune femme pour le faire glisser. Il la pensait un peu dans les vapes après le coup qu'elle avait reçu. Il vit trop tard qu'elle avait réussi à atteindre son morceau de bois dans sa chaussure. Elle le lui planta dans la main et lui colla une droite. Elle se releva et se mit à courir. Merle regarda un instant sa paume transpercée. Elle avait de la ressource la garce. Il se releva, tout en remontant son pantalon et partit à sa poursuite. Il la rattrapa et la balança contre un arbre. Sa tête frappa violemment le tronc. Inconsciente, elle glissa sur le sol. Au moins, il serait plus tranquille. Il préférait quand les femmes fermaient leurs gueules.




Carol courrait aussi vite qu'elle le pouvait. Elle voulut faire demi-tour une bonne dizaine de fois pour aider la jeune femme. Mais, elle ne savait pas comment elle le pourrait. Elle ne faisait déjà pas le poids contre Ed alors contre Merle c'était encore pire. Ivy lui avait dit de trouver Rick et Morgan et c'est ce qu'elle ferait. Les branches lui fouettaient le visage. Elle n'était plus à ça près. Elle vivait sous les coups de son mari depuis tellement longtemps déjà que des branches n'allaient pas la tuer. Ed n'avait pas réussi. Elle hurla aussi fort qu'elle le pouvait le noms des deux hommes. Elle espérait qu'ils l'entendraient. Elle s'obligea à continuer à avancer.




Rick entendit le cri désespéré de Carol dans les bois. Il vit Morgan se précipiter avec Dale et T-Dog. Ils trouvèrent Carol, appuyée contre un arbre. Elle sourit faiblement en les voyant arriver.

- Ivy est en danger... Merle..., dit-elle, en essayant de retrouver son souffle.


Dale balança son fusil à Rick qui s'élança à travers les arbres. Il serrait l'arme dans ses mains. Il allait le tuer si il avait osé toucher la jeune femme. Ils couraient à perdre haleine. T-Dog les avait suivit. Ils ne savaient pas du tout où elle pouvait se trouver. Le bois était vaste. Ils s'arrêtèrent à l'affût du moindre bruit. Ils entendirent la voix de Merle au loin. Ils coururent vers sa direction et le trouvèrent assis par terre, une flèche lui transperçant l'épaule et le pantalon baissé. Un homme était penché sur le corps de Ivy.

- Tu as tiré sur ton propre frère, hurlait Merle. Ton propre frère bordel.


Daryl avait retiré son blouson et enveloppait le corps à moitié dénudé de la jeune femme. Il tamponnait sa blessure à la tête avec son bandana. Il se retourna et vit Rick, le fusil pointé sur lui.

- Elle est vivante, les gars. Elle a eu de la chance que je passais par là. J'essayais de rabattre un cerf vers le camp mais un mordeur de merde l'a bouffé en cours de route.


Rick tendit le fusil à Morgan et s'approcha de Ivy. Elle respirait. Du sang coulait de l'arrière de sa tête.

- Je vais te tuer, Merle. Nous aurions dû te laisser moisir sur ce toit au lieu de sauver ta peau.

- On va se calmer. C'est mon frère quand même. Je vais m'occuper de lui et il n'emmerdera plus personne.


Il attrapa son frère aîné et le traîna.

- Merle tu es vraiment le roi des cons, hurla-t-il. On a tout pour être bien. Dans un groupe tranquille. Pas de rôdeurs. Pas d'histoires. Et toi tu niques tout. Et comme d'habitude, je suis obligée de régler toutes tes merdes.


Rick souleva le corps de Ivy dans ses bras. Elle ouvrit les yeux et murmura son prénom avant de retomber dans l'inconscience. Il la serrait fort contre lui, suivant les deux frères qui ouvraient la marche. Morgan et T-Dog leur emboîtaient le pas, inquiets pour Ivy.

- Hey les gars, elle s'est bien défendue la petite nana. Elle lui a transpercé la main avec un morceau de bois. C'est une sacré gonzesse celle-là. Elle a plus de couilles que beaucoup de mecs au camp. Elle devrait leur donner des cours, s'exclama Daryl, en riant.




- Dale, je l'ai laissé avec ce sale type, pleurait Carol. Elle m'a dit de courir et je l'ai laissé. Tout ça c’est de ma faute. Je ne me serais pas enfuie, elle ne m'aurait pas suivi.


Il l'écoutait, en lui caressant doucement le dos. Il essayait de l'apaiser du mieux qu'il pouvait. Mais, il n'arrivait pas à trouver les mots justes. Pour une fois les mots lui manquaient. Tout le monde au camp était au courant de la brutalité de son mari mais personne n'avait levé le petit doigt pour lui venir en aide. Ils étaient tous bien trop couards pour se frotter à Ed. Ou à Merle.

- Viens Carol, je vais t'aider à rentrer.

- Non, je ne bougerai pas tant que je ne saurais pas si Ivy va bien. Elle a voulu m'aider. La moindre des choses que je puisse faire c'est d'attendre.

- Tu l'as aidé. Tu as prévenu ses amis. Ils sont partis la récupérer. Ils vont la retrouver.


Dale espérait qu'il n'était pas trop tard pour la jeune femme.




Lori expliqua à Shane ce qu'il s'était passé pendant son absence. Les hurlements de Carol. Rick et Morgan partant à sa rescousse. Elle omit de dire qu'elle avait vu Merle suivre Ivy dans les bois. Elle savait ce qu'il allait se passer et elle avait fait comme si de rien n'était. Elle espérait que la jeune femme était morte. Et si elle ne l'était pas, elle ferait en sorte qu'elle quitte le camp. Rick ne la suivrait pas. Il resterait avec son fils. Et avec elle.

- Si il y a des rôdeurs dans les bois, Rick est sans arme. Carl ne se remettrait pas de perdre son père, une nouvelle fois, s'exclama-t-elle, les larmes aux yeux.


Elle avait toujours bien su jouer la comédie. Et avec Shane ça avait toujours été un jeu d'enfant. Elle savait qu'il était amoureux d'elle depuis le lycée. Elle lui avait préféré Rick. Il en avait été jaloux à l'époque. Aujourd'hui, elle était à lui mais Rick était là. Toujours là. Elle ferait en sorte que cette jalousie en Shane perdure. Lori était une manipulatrice née. Elle l'avait toujours été. Elle regarda son mari attraper son fusil à pompe. Il ne fit pas trois mètres que les autres sortaient de sous les arbres. Daryl bousculait son frère, les mains attachées dans le dos, jusqu'à leur bungalow. Rick portait Ivy, toujours inconsciente.

- Elle va bien ? demanda Shane.


Rick ne répondit pas à la question. Sa priorité pour le moment était la jeune femme. Ils traversèrent le camp et entrèrent dans leur chalet. Il la déposa sur son lit.

- Apportez de l'eau, je vais nettoyer sa plaie, dit Carol.


Elle retira le blouson de Daryl et s'aperçut que Ivy était à moitié nue, en dessous. Elle fit signe aux deux hommes de quitter la pièce. Shane les attendait en bas.

- Ça va aller pour elle ?


Rick descendit en courant l'escalier et attrapa son ami par le col de son tee-shirt.

- Je te l'ai dit qu'elle était en danger avec Merle. Tu as vu le résultat de ton inactivité.

- Je vais prendre des mesures contre Merle Dixon. Je te le promets.

- Des mesures ? Tu te fous de ma gueule. Il s'en serait pris à Lori, tu lui aurais déjà réglé son compte au fond du bois. N'oublie pas que je te connais Shane. Mais là c'est de Ivy dont on parle et tu t'en contrecarres royal d'elle. C'est pour ça que tu ne fais rien. Mais moi je ne m'en fous pas d'elle. Sans elle, je ne serais plus là. Et certains membres de ton groupe non plus.

- Shane dégage, intervint Morgan. Nous nous occuperons de Merle nous même. Nous avons bien compris que tu ne ferais rien. Ivy fait partie de notre groupe et pas du vôtre.


Il ouvrit la porte et fit signe à Shane de sortir. Il se laissa tomber sur le canapé, la tête entre les mains. Ils n'allaient pas avoir le choix. Ils devraient partir. Sans Rick. Il regardait son ami faire les cent pas dans le salon. Il ressemblait à un lion en cage. Il avait vu dans ses yeux qu'il avait été à deux doigts de presser la détente et de coller une balle dans la tête de Merle. Il avait hésité. Il n'était pas prêt à passer la ligne du meurtre de sang froid. Même par vengeance. Il était un vrai flic. Il croyait en la justice même si aujourd'hui le monde dans lequel il vivait n'était que chaos et horreur. Lui n'aurait aucune pitié pour Merle. Il s'en était pris à la mauvaise personne. Il devrait payer pour ce qu'il avait fait.




Daryl s'occupait de la blessure de son frère. Il avait retiré la flèche mais il n'arrivait pas à décolérer. Lorsqu'il était arrivé, il avait vu Merle, pantalon aux chevilles, au-dessus de la nana, inconsciente. Il lui avait demandé deux fois de ne pas la toucher. Il n'avait pas eu d'autre choix que de tirer. Avec tout le sang qu'il y avait, il pensait que la fille était morte. Il avait été rassuré de voir qu'elle respirait encore. Il l'avait recouverte de sa veste et les autres étaient arrivés. Il attacha son frère solidement aux barreaux du lit et sortit de la pièce. Il avait besoin de faire un tour dehors. Il avait aussi besoin de savoir que la jeune femme allait bien.

- Daryl nous devons parler, dit Shane.

- J'ai pas le temps.

- Tu vas prendre le temps deux minutes et tu vas m'écouter. Ton frère devient de plus en plus incontrôlable. Il doit quitter le camp. Tu as vu ce qu'il a fait à cette pauvre fille.

- Pauvre fille ? Elle lui a transpercé la main avec un morceau de bois. Elle a plus de couilles que certains d'entre vous. Si Merle part, je me casse.

- Toi tu n'es pas obligé. Mais, ton frère nous n'avons plus le choix.


Daryl cracha à ses pieds.

- Vous êtes vraiment tous des sacs à merde. Vous me tolérez juste parce que je chasse et que je vous ramène à bouffer. Quand mon frère sera remis sur pieds, nous nous cassons. D'ici là, il sera sous ma garde et il ne fera plus chier personne.




Carl et Duane avaient courut jusqu'au bungalow. Ils se précipitèrent à l'intérieur et se jetèrent dans les bras de leurs pères. Ils avait eu tellement peur.

- Je vais bien Carl, murmurait Rick. Regarde, je n'ai rien. Le sang sur mon tee-shirt n'est pas le mien.

- Je sais. J'ai entendu Andrea et Amy en parler. Mais, je devais voir de mes yeux que tu allais bien. Avec toutes les aventures que tu as vécu jusqu'à maintenant tu ne pouvais pas mourir de cette façon.


Rick se mit à rire doucement, en le serrant fort contre lui.

- Papa, Ivy va s'en sortir ? demanda Duane, inquiet.

- Tu la connais. Elle va se battre comme toujours.




Carol avait nettoyé la plaie. Elle s'était assise sur le bord du lit et tenait la main de la jeune femme dans la sienne. Elle murmurait des prières. Elle s'en voulait toujours de tout ce qui s'était passé. Elle n'aurait pas fait trop bouillir l'eau. Elle ne se serait pas fait frapper par Ed. Et elle n'aurait pas pris la fuite.

- Tu n'y es pour rien, chuchota Ivy, en lui serrant la main. Ce qui est arrivé est juste arrivé.

- Mais...

- Il n'y a pas de mais. Merle m'avait prévenu que dès que je serais seule, il s'en prendrait à moi. Chose faite. Il y a eu plus de peur que de mal. Tu m'as sauvé. Tu as trouvé Rick et Morgan comme je te l'avais demandé. Et, regarde, je suis entière. Un peu mal au crâne mais entière. Grâce à toi.


Carol se mit à pleurer doucement. La jeune femme, allongée, trouvait encore le courage et la force de la rassurer. C'était le monde à l'envers. Elle se redressa et déposa un baiser sur le front de Ivy.

- Je vais leur dire que tu vas bien, dit-elle, en essuyant ses larmes.

- Tu vois, Carol. Tu n'es pas faible.


Elle sortit en retournant dans sa tête la dernière phrase de la jeune femme. Effectivement, elle ne l'était pas. Mais, elle avait tellement peur de Ed. Tellement peur qu'il s'en prenne à sa fille, Sophia. Elle se pencha au-dessus de la rambarde et vit les deux hommes avec leurs garçons attendre.

- Elle est réveillée. Tout va bien.


Ils se précipitèrent à l'étage et s'engouffrèrent dans la petite chambre. Duane s'allongea dans le lit et Ivy le serra fort contre elle. Carl restait en retrait. Il ne la connaissait pas. Il savait juste qu'elle avait voyagé avec son père et l'avait aidé. Rick se posta près de la fenêtre, les bras croisés.

- Tu nous as fait une sacré frayeur, ma puce, murmura Morgan.


Il s'assit sur le bord du lit et lui caressa tendrement la joue. Carl s'avança dans la pièce, un pas après l'autre. Ivy le regarda, en souriant.

- Salut. Je ne dois pas être très jolie à regarder du coup je comprends que tu es peur.

- Ah non, vous êtes très belle, murmura-t-il, en rougissant.


Elle se mit à rire en lui tendant la main pour qu'il s'approche.

- Tu es vraiment trop mignon. Tu dois être Carl. J'ai beaucoup entendu parler de toi. Moi, je suis Ivy.

- Je sais qui vous êtes. Vous êtes l'amie de mon papa. Du coup, vous êtes aussi mon amie ?

- Bien sûr. Je serais heureuse de t'avoir comme ami.


Elle croisa le regard de Rick. Il ne disait toujours rien. Il l'observait, toujours avec les bras croisés. Morgan sentit la tension dans la pièce. Son ami avait besoin de se retrouver seul avec elle. Il se pencha et déposa un baiser sur sa joue. Il fit signe aux deux garçons de sortir et referma la porte.

- Tu vas rester là sans rien dire encore longtemps ?

- Y a des chances.


Il n'avait pas bougé. Il restait là face à elle, les bras croisés. Elle se redressa et tenta de se lever du lit. Sa tête tournait.

- Tu vas quelque part ?

- Oui, je vais descendre.

- Je ne crois pas.

- Tu vas me menotter au lit ?

- Ne me tente surtout pas, Ivy. Tu as une petite idée de ce que j'ai ressenti ? En as-tu la moindre foutue idée ? De l'effet de porter ton corps jusqu'ici. D'attendre de savoir si tu es toujours parmi nous ou non. Et Morgan ? Tu as pensé à lui. Tu es comme sa fille. Et Duane ? Il a vu le sang sur toi. Sur moi. Il a cru que tu étais morte. J'y ai cru aussi lorsque nous t'avons enfin retrouvée au milieu des bois. Daryl t'a sauvé. Il a tiré sur son propre frère. Tu savais que Merle allait s'en prendre à toi. Et toi tu pars en vadrouille toute seule.

- Je ne suis pas partie en vadrouille.

- Stop. Tu m'avais promis. Promis que tu ferais attention. Promis que tu ne t'éloignerais pas. Alors oui, effectivement, j'ai très envie de te menotter au lit. Comme ça au moins, je pourrais aider au camp sans me demander où tu peux bien être. Ni Morgan ni moi ne savions que tu étais sortie ce matin. Quand nous avons entendu les hurlements de Carol...


Il avait les larmes aux yeux. Il n'arrivait même pas à finir sa phrase. Il essayait de contenir la colère qui le submergeait. Ivy se leva et se rapprocha de lui.

- Je vais bien. Juste une bosse derrière la tête. Et, mon tee-shirt est foutu. Mais, regarde je suis là devant toi.


Elle était plantée devant lui. Le tee-shirt en lambeaux, dévoilant par endroit ses courbes féminines. Elle lui prit la main.

- Tu vois je suis vivante. Je vais bien.


Son mal de tête tapait dans ses tempes. Elle fléchit légèrement et il la soutint, l'aidant à se remettre au lit.

- Tu dois te reposer, murmura-t-il. Je reviendrais te voir plus tard. Mais ne nous refais plus jamais un truc comme ça, Ivy. Plus jamais, tu m'entends.




- Daryl ne peut pas quitter notre groupe, hurlait Lori. Je t'avais dit que cette Ivy allait attirer des emmerdes à tout le monde. Tu vois, je ne m'étais pas trompée. Nous sommes de moins en moins nombreux. Si on se fait attaquer ont fait quoi ? Il faut que Merle et Daryl restent. Je suis désolée pour elle mais notre survie est plus importante que son petit cul. Merle est un ancien marine. Il sait défendre et attaquer. Elle doit partir.

- Lori, on parle de Merle. Il ne te donnerait même pas un verre d'eau si il te croisait dans le désert, répliqua Shane.


Carl avait écouté la conversation entre les deux adultes. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi sa mère ne supportait pas Ivy. Il l'avait rencontré et elle était très gentille. Son ami, Duane, lui avait raconté comment elle lui avait sauvé la vie, en sautant par dessus une voiture avec son sabre. Elle avait l'air trop cool.

- Je l'aime bien Ivy, dit-il, en entrant dans la pièce. Elle a sauvé papa. Et c'est mon amie comme c'est l'amie de papa. Et, si elle s'en va, papa la suivra et je partirais avec eux.


Il avait balancé tout cela d'une traite et était sorti de la maison, en courant.

- Voilà, maintenant, elle me monte contre mon fils. Elle a déjà le père ça ne lui suffisait pas. Elle veut aussi mon petit garçon.




C'était déjà le milieu de l'après-midi. Rick se leva doucement du canapé et monta l'escalier sans faire de bruit. Il entrouvrit la porte et vit que Ivy dormait toujours. Elle se retourna et la couette glissa, dévoilant la courbe de ses fesses moulées dans son shorty. Elle ne portait que ça avec un débardeur. Il avait envie de se coucher contre elle. De promener ses mains sur son corps. De lui faire l'amour comme jamais il ne l'avait fait à une autre femme. De lui murmurer à l'oreille tous les mots doux qu'il avait envie de lui dire. Mais au lieu de tout ça, il remonta la couette pour ne pas qu'elle attrape froid. Elle avait surtout besoin de repos. Il sortit de la chambre sur la pointe des pieds et referma la porte sans faire de bruit. En descendant, il vit Morgan sur le canapé.

- Les garçons sont en train de jouer dehors. Ils veulent aller au lac.

- Je vais les accompagner. J'ai besoin de prendre un peu l'air.

- Elle ne bougera pas. Je veille au grain. Dans l'état qu'elle est, elle ne pourra pas sauter par la fenêtre. Quoique avec elle, on n'est jamais trop prudent, dit Morgan, en montant l'escalier.


Effectivement avec Ivy, il fallait mieux s'attendre à tout. Rick sortit en souriant et les deux garçons se jetèrent sur lui.

- Tu nous emmènes au lac ? Dis oui, papa. Je t'en prie dis oui. On a attendu mille ans que tu te réveilles.

- Carrément mille ans, rit Rick. Je vous y emmène à votre lac.




Andrea et Jacqui rejoignirent Amy et Carol qui lavaient le linge au bord du lac. Elles regardaient, en souriant, Rick et les deux garçons jouer dans l'eau. Ils s'éclaboussaient. Cela faisait du bien d'entendre de nouveau rire les enfants.

- Pourquoi ce sont nous les femmes qui lavons le linge ?

- Tu n'es pas au courant Jacqui, c'est la fin du monde, sourit la plus jeune.

- Ma machine à laver me manque tellement, soupira Carol.

- Ma Mercedes, répliqua Andrea.

- Moi, ma machine expresso. Elle faisait un café du tonnerre, enchaîna Jacqui.

- Seulement mon portable. Et peut-être aussi mon ordi.


Carol se retourna et jeta un œil à son mari, qui les observait assis dans la descente.

- Mon vibromasseur, chuchota-t-elle, pour ne pas qu'il entende.


Les autres filles se mirent à rire, en regardant choqué Carol. Ed balança sa cigarette et s'avança vers elles.

- Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?

- Seulement des discussions de gonzesse, s'exclama Andrea. Rien d'intéressant. Tu sais à quel point on aime papoter nous les filles.


Il se posta derrière sa femme, les mains dans les poches.

- Y a un souci Ed ? demanda Jacqui.

- Rien qui ne te concerne en tout cas. Vous devriez plus vous concentrer sur votre travail au lieu de rigoler comme des gamines.




Rick attrapait les enfant et les balançait dans l'eau. Ils riaient aux éclats. Il observait de loin Ed qui s'était rapproché des femmes. Ivy lui avait raconté ce qu'il faisait subir à Carol. Il sortit de l'eau et tendit des serviettes aux enfants pour qu'ils se sèchent.

- Papa, ça ne te fait rien que maman et Shane soient mariés ?

- Non mon bonhomme. Cela faisait un moment que ta maman et moi nous nous entendions plus. Nous aurions dû nous séparer plus tôt. Si je me remettais en couple avec quelqu'un d'autre que ta mère tu en penserais quoi ?

- Maman est avec Shane. Toi aussi tu peux être avec quelqu'un. J'aime bien Ivy. Elle est trop badass. Et, elle est vachement belle aussi.

- Je l'aime bien moi aussi, dit-il, en ébouriffant les cheveux de son fils.


Il suivit au loin la dispute qui éclatait entre Andrea et Ed. Il se tenait prêt à intervenir si les choses dérapaient.

- Tu sais quoi, Ed. Si tu n'es pas satisfait de comment est lavé ton linge, tu te retrousses les manches et tu le fais toi-même.

- Toi, tu fermes ta gueule, lui répondit-il. Je n'ai pas de leçon à recevoir d'une pimbêche dans ton genre. Tu viens, toi. Tu ramasses tes affaires et tu rentres. Allez bouge-toi.


Andrea n’apprécia pas la manière avec laquelle il s'adressait à sa femme et s'interposa.

- Tu n'as pas à lui parler comme ça. Elle est assez grande pour savoir ce qu'elle a à faire. Et nous n'avons pas fini de laver le linge. Donc, elle rentrera quand ça sera fini.

- Tu n'as pas compris quand je t'ai dit de fermer ta gueule. Pourtant tu es une petite pouf qui a été à la fac. Tu laisses ma femme passer et rentrer ou alors je n'hésiterais pas à t'en coller une. Bouge ton cul avant de le regretter.

- Et, elle va encore revenir couverte de bleus comme la dernière fois, répliqua Jacqui. Tout le monde les a remarqué.


Il attrapa Carol par le bras qui essaya de se dégager. Il la gifla devant tout le monde. Rick accourut et attrapa Ed par le cou et l'entraîna au loin.

- Vas-y, frappe quelqu'un qui est capable de riposter au lieu de taper sur une femme. Je suis à ta disposition aujourd'hui. Et ça tombe bien, j'ai grand besoin de me défouler.


Ed leva le bras mais Rick, plus rapide, para son coup et lui envoya un uppercut dans les côtes. Ed s'écroula sur le sol.

- Ça fait mal de prendre des coups ? Tu n'as pas l'air très habitué à en recevoir. Plus à les donner.


Rick frappait avec acharnement l'homme à terre. Il relâchait toute sa rage sur lui. Il entendit les femmes le supplier d'arrêter.

- Si tu relèves la main une seule fois sur ta femme, je te promets que la prochaine fois, je te tue. Tu m'as bien compris ?

- Oui, articula Ed, difficilement la bouche en sang.


Il s'éloigna de l'homme, gisant au sol. Il regarda sa main, tuméfiée. Ça lui avait fait un bien fou de lui taper dessus. Mais ça faisait aussi un mal de chien.

- Il ne s'en prendra plus jamais à toi, dit-il à Carol, en passant devant elle.


Il n'entendit pas son merci mais il n'en avait pas besoin. Il avait lu sa reconnaissance dans ses yeux et c'est tout ce qui lui importait. Il remonta jusqu'à son bungalow avec les deux garçons. Tout le long du chemin, les enfants ne parlaient que de la bagarre. Il embrassa son fils qui partit rejoindre sa mère pour lui raconter la raclée de Ed. Duane courait devant lui en appelant son père. Il était tout aussi pressé de rapporter ce qu'il s'était passé au lac. Rick entra et vit Ivy, assise dans le canapé. Elle écoutait avec attention les paroles du garçon.

- Oh Ivy, tu l'aurais vu, mimait Duane, en levant les poings. L'autre était plein de sang. Couché sur le sol. Il était complètement KO le gars.

- Rick est un héros. Il a sauvé deux femmes aujourd'hui, dit-elle.


A son réveil, elle avait discuté avec Morgan. Une longue discussion sur ce qu'il s'était passé dans le bois. Sur ses sentiments pour Rick. Gênée, elle lui avait avoué ne rien savoir des hommes. Elle était vierge. Elle n'avait jamais eu l'occasion d'approcher un garçon dans son adolescence et du coup, elle ne savait pas comment faire.

- Ma puce, il n'y a aucune honte à avoir. Tu n'as que vingt-et-un ans. C'est tout à ton honneur de n'avoir jamais eu de rapport sexuel. Tu n'étais pas prête pour passer à l'acte. Faire l'amour avec quelqu'un c'est se donner à l'autre. Se livrer complètement. Abattre ses défenses et ne faire qu'un avec son partenaire. Je sais que Rick te plaît. Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir. C'est un homme bien. Il comprendra si tu n'es pas prête. Mon petit doigt me dit qu'il l'a même déjà compris.


Effectivement, elle n'était pas encore prête à passer cette étape. Ni à aucune autre d'ailleurs. Même si elle en avait très envie. Quand les yeux bleus de Rick se posait sur elle, elle sentait une chaleur envahir son corps. Une flamme embrasait son être entier. Elle le vit grimacer légèrement. Elle regarda sa main qui était bien amochée. Elle aurait aimé voir la tête que pouvait avoir Ed maintenant.

- Assis-toi, le héros du jour. C'est à mon tour de prendre soin de toi.

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