Apocalypse

Chapitre 4 : Assaut

7564 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 30/03/2024 18:40

Andrea ramait sur le canot emprunté à Dale. Sa sœur, Amy, était assise près d'elle, tenant une canne à pêche dans ses mains. Une fois par semaine, elles pêchaient au milieu du lac pour ramener des poissons au camp. C'était la seule passion commune qu'elles avaient en commun. Leur truc de famille. Leur père leur avait appris à pêcher sitôt qu'elles avaient su marcher.

- C'est quand même sacrément bizarre que papa ne nous ait pas enseigné les mêmes choses, dit Andrea. Toi, il t'a appris un nœud basique et moi, il me rabâchait qu'il fallait faire deux ou trois nœuds pour ne pas que la ligne casse.

- Oui c'est bizarre. Surtout connaissant papa et son amour pour la pêche. Mais après, nous avons douze ans d'écart toutes les deux. Il a sûrement revu les choses d'un autre point de vue.

- Je pense qu'il l'a fait pour nous. Nous sommes tellement différentes l'une de l'autre. Pour moi, le plus important c'était d'attraper un poisson. Pour toi, c'était de lui rendre sa liberté.

- Maman et papa me manquent tellement, murmura Amy. Peut-être qu'en Floride tout se passe bien. Peut-être qu'ils sont toujours vivants.


Andrea prit sa sœur dans ses bras qui se mit à pleurer doucement. Elle aussi, elle espérait que leurs parents étaient toujours en vie. Mais avec ce qu'elle avait vu à Atlanta, elle avait de sérieux doutes de les revoir vivants un jour.




Ivy s'étira. Les tâches ménagères n'étaient pas vraiment son truc. Seulement une semaine et déjà elle en avait ras le bol. Elle aurait préféré monter la garde la nuit comme le faisait Rick. Elle l'entendait rentrer au petit matin et s'allonger dans la chambre à côté de la sienne. Elle avait l'impression qu'il l'évitait depuis son altercation avec Ed. Elle n'était pas seule. Pas à seul moment de la journée. Morgan la suivait comme son ombre. Il s'était même mit à laver le linge avec les autres femmes. Au début, elles avaient eu dû mal à s'habituer à sa présence mais au bout de deux jours, elles l'attendaient avec impatience. Ivy avait même pu voir le rapprochement entre Carol et son ami. Les petits regards échangés. Les petits rires complices. Faisant les cent pas au milieu de la clairière, elle attendait Carol pour son entraînement quotidien à la self-défense.

- Tu crois qu'il me fait encore la gueule ? demanda-t-elle.

- Tu me poses la même question tous les jours, Ivy. Je n'en sais rien, moi.


Elle lui lança un regard noir. Elle savait qu'il lui mentait.

- Vous vous parlez tous les deux et tu vas me dire que tu n'es au courant de rien. En clair, il me fait la gueule. Avoue. Il m'en veut toujours de mettre mise en danger et c'est aussi pour ça qu'il a cassé la gueule à Ed.


Morgan n'eut pas besoin de répondre. Il fut soulagé de voir Carol arriver. Il ne savait plus trop comment éluder les questions de Ivy. Rick ne lui faisait pas la gueule. Il avait eu un aperçu de son côté sombre et ça lui avait fait seulement peur. Lui aussi était passé par là. A la mort de sa femme. Il avait pu compter sur le soutien de son fils et de Ivy pour en sortir. Mais, Rick avait tellement de colère en lui qu'il avait peur de s'en prendre à la jeune femme. Comme le soir de leur dispute. Il préférait prendre ses distances avec elle pour le moment. Il lui avait dit que ce n'était pas une bonne idée. Qu'ils en souffriraient tous les deux. Il ne s'était pas trompé.

- On passe à l'échauffement, dit-elle. Deux tours de clairière et ça devrait être pas trop mal. On a bien frotté ce matin. Le linge n'avait jamais été aussi propre. Mes mains s'en souviennent encore.

- Comment tu as appris à te défendre ? lui demanda Carol.


Ivy s'arrêta soudainement. Elle savait qu'à un moment donné on lui poserait la question. Elle n'était pas prête à y répondre. Un flot d'émotion la submergeait. Des images de son passé l'envahit. Un passé qui lui manquait cruellement.

- Mon grand-père, répondit-elle, refoulant ses larmes. On va passer au combat aux bâtons ou plutôt aux branches. Que mon cher Morgan a préparé avec amour pour nous.


Elle leur lança une branche à chacun d'eux. Elle devait se reconcentrer et ne pas laisser ses émotions prendre le dessus. Elle se plaça au milieu et fit tourner la branche dans ses mains.

- Le but du jeu est de me faire tomber, sourit-elle, en se préparant aux attaques.




Rick se regarda dans le miroir face à lui. Il avait une tête à faire peur. Il passait toutes ses nuits à monter la garde sur le camping-car de Dale. Il surveillait surtout la lumière dans la chambre de Ivy. La jeune femme lui manquait. Une semaine qu'il l'esquivait. Une semaine depuis qu'il avait passé à tabac Ed. Qu'il avait entraperçu une partie de lui qui l'avait effrayé. Daryl venait le rejoindre la nuit pour prendre des nouvelles de Ivy au début. Puis, maintenant, ils s'étaient liés d'amitié l'un avec l'autre. C'était vraiment dommage qu'il veuille partir avec son frère. Merle n'avait pas sa place ici. Mais Daryl l'avait mérité. Il devait partir ce soir. Merle était enfin remis de ses blessures et pouvait reprendre la route. Il se passa de l'eau sur le visage et sortit du bungalow en saluant de la main Dale qui surveillait les alentours avec ses jumelles. Il monta le rejoindre.

- Tu regardes quoi comme ça ?

- Je surveille. Andrea et Amy pêchent. Ivy et Carol sont dans la clairière. Tu veux regarder ?


Rick prit les jumelles et fit un tour d'horizon. Le lac avec le canot. La clairière où Ivy se battait avec Morgan. Carol était assise, sur le sol. Il zooma au maximum sur la jeune femme. Elle se défendait contre les attaques de son ami. Elle se débrouillait même très bien au combat rapproché. Il savait qu'elle savait tirer également. Elle lui avait prouvé en abattant un rôdeur d'une balle dans la tête avec un fusil de sniper. Il observa chacune des courbes de son corps. Ses mouvements étaient fluides et rapides. Il s'obligea à regarder ailleurs et vit Jim avec une pelle sur la colline au-dessus d'eux.




Comme pour les boîtes de conserve, Jim s'était réveillé en pleine nuit et avait quitté son bungalow pour creuser. Il devait le faire. Huit trous déjà. Il essuya la sueur coulant sur son front. Il faisait une chaleur caniculaire aujourd'hui et il était en plein soleil. Il lui en restait encore quatre à creuser. Il devait en faire douze comme dans son rêve. Pas un de plus. Pas un de moins. Avant tout cette merde qui s'était abattue sur la population, il n'était qu'un homme ordinaire. Un mécanicien d'Atlanta. Marié et père d'un petit garçon. Il avait toujours fait des rêves étranges. Il avait été suivi par un psychologue. Avait pris également des antidépresseur. Mais ces rêves apocalyptiques revenaient sans cesse le hanter. Il voyait sa famille mourir sous ses yeux sans qu'il ne puisse les sauver. En définitive c'était exactement ce qu'il s'était passé. Depuis ce jour, il suivait scrupuleusement ce que lui dictait ses rêves. Il n'avait pas envie de voir mourir d'autres personnes par sa faute. Alors qu'il aurait pu les éviter. Perdu dans ses pensée, il ne vit pas Dale et Rick s'approcher de lui. Ils regardaient les trous alignés et Jim continuer à creuser sans relâche.

- Tu devrais te reposer un peu, lui dit Dale. Il fait très chaud aujourd'hui. Bois un coup au moins.


Jim ne répondit pas. Il s'acharnait sur sa pelle. Il avait encore tellement de travail à faire. Dale accrocha une gourde pleine d'eau à la branche d'un arbre.

- Prends le temps de boire un peu. Tu dois t'hydrater avant de tomber dans les pommes.


Ils le laissèrent et redescendirent vers le campement. Ivy, voyant passer Rick, le suivit des yeux et ne prit pas garde au bâton de Morgan qui la faucha. Elle chuta sur le sol.

- Tu as perdu de ta concentration, ma puce, rit-il. Tu vois le beau Rick dans les environs et hop, tu n'es plus là.


Il lui tendit la main pour l'aider à se relever. Carol était morte de rire.

- Il faut avouer qu'il n'est pas mal du tout notre shérif. Pas dans mes âges mais sacrément séduisant.


Morgan observa les deux femmes qui regardait Rick.

- C'est juste une question d'uniforme c'est tout, sourit-il. Vous êtes toutes sensibles à ce genre de tenue. C'est prouvé scientifiquement.


Ivy lui donna un coup de bâton, en riant à son tour. Ce n'était pas uniquement la tenue de shérif qui l'attirait. C'était surtout l'homme se trouvant en dessous. Il se dégageait de lui un tel magnétisme. Quand ses yeux bleus se posait sur elle, elle fondait comme neige au soleil. Elle se précipita à sa rencontre.

- Rick, cria-t-elle.


Il s'assombrit la voyant accourir vers lui. Il savait qu'il ne pourrait pas l'éviter éternellement. Il fit signe à Dale de continuer et attendit la jeune femme.

- On ne s'est pas beaucoup vu ces derniers temps, lui dit-elle.


Elle se rapprocha de lui et il recula. Il ne pouvait pas la toucher. Il devait contrôler cette partie sombre en lui avant de tenter quoique se soit avec elle. Il ne voulait pas lui faire de mal. Même si il savait qu'il lui en faisait inconsciemment. Il ressentait encore trop de colère. Même si il constatait qu'elle suivait à la lettre les recommandations faites. Mais, il savait aussi qu'elle le faisait car Morgan veillait sur elle toute la journée. Il ne serait pas là, elle serait partie en vadrouille dieu savait où.

- Je voulais voir si tu allais bien.

- Tu vois tout va bien. Désolé mais j'ai encore pleins de choses à faire. Je dois aller chasser avec Daryl pour leurs provisions. Ils prennent la route ce soir.


Il s'éloigna la laissant en plan au milieu du sentier. Elle était blessée. Il l'avait à peine regardé. Il y avait une telle distance entre eux maintenant. Elle sentit Morgan et Carol dans son dos.

- Laisse-lui du temps, ma puce. Tu te souviens dans quel état, j'étais à la mort de Jenny. Lui c'est à peu près pareil. Il a failli te perdre. Il se sent responsable de tout.

- Le temps guérit toutes les blessures, rajouta Carol, en mettant sa main sur l'épaule de Ivy. Il tient à toi ça crève les yeux. Crois en ma grande expérience.




Andrea traînait le bateau sur le sentier. Elle avait promis à Dale de le lui rendre en un seul morceau. Amy marchait derrière tenant une vingtaine de poissons, au bout d'une ligne. La pêche avait été sacrément bonne aujourd'hui. Elle tendit leurs prises à Morales.

- Merci les filles, les enfants vont pouvoir manger à leur faim aujourd'hui.


Dale arriva au campement et s'assit sur le perron de sa maison.

- Hey Dale, tu devrais graisser le moulinet des cannes de temps en temps, lui dit Andrea.


Tellement inquiet pour Jim, il n'entendit pas la jeune femme lui parler. De là où il se trouvait, il le voyait toujours creuser comme un forcené. Lorsqu'ils étaient arrivés pour le rejoindre, ils avaient constaté qu'il creusait des tombes. Ils en avaient compté huit. Et à le voir continuer, il en faisait encore. Rick s'assit à côté de lui.

- Nous ne pouvons pas en parler en aux autres. Il ne faut pas lever un vent de panique. Tout le monde est déjà suffisamment à cran en ce moment. Pas la peine d'en rajouter. Surveille-le de loin, dit-il au vieil homme. Je dois m'absenter du campement pour quelques heures.


Dale retira son bob et se passa la main dans ses cheveux dégarnis. Jim était son ami mais il déraillait complètement ces derniers temps. D'abord les pièges de conserve maintenant ça.

- Je vais faire au mieux mais je ne te promets rien. Je ne suis pas vraiment rassuré par ce que j'ai vu là-haut. Des tombes, Rick. Ils creusent des tombes.




- Tu n'es pas obligé de m'accompagner, dit Daryl. Je sais très bien chasser, seul.

- Je ne suis pas obligé mais je le fais quand même. Tu as aidé Ivy. Je t'aide en retour.


Ils s'étaient enfoncés dans le bois. Rick avait un couteau de chasse et un fusil. Daryl portait dans son dos, son arbalète. Il était à l'affût du moindre bruit. Du moindre bruissement dans les buissons. Des petits oiseaux passaient au-dessus de leurs têtes. Daryl arma et tira une flèche sur un écureuil qui avait eu le malheur de sortir de son trou. Il attrapa sa prise et la mit dans sa musette.

- Il y a de moins en moins d'animaux par ici. On va devoir parcourir plusieurs kilomètres avant de trouver quelque chose d'intéressant. Tu veux toujours me suivre ?

- Va pour plusieurs kilomètres. Je n'ai rien à faire de particulier aujourd'hui.




Lori dépeçait les poissons, prise de hauts de cœur violents. Le bonheur d'être enceinte. Elle se leva précipitamment et courut jusqu'à l'orée du bois pour vomir. Shane la rejoignit, inquiet.

- Les odeurs me dérangent beaucoup ces derniers temps. Je n'avais pas ça lorsque j'attendais Carl. Un peu de nausées le matin au réveil mais après ça allait. Là c'est compliqué à gérer. Je rejette tout ce que je mange. La moindre odeur me retourne l'estomac.

- Laisse, je vais m'occuper des poissons. Va t'allonger un peu pour reprendre des forces. Personne ne t'en voudra de te reposer. Tu es enceinte. Et de mon enfant en plus, répliqua-t-il, en l'embrassant.

- Et Carl ?

- Ils jouent avec Duane et Sophia. Je le surveillerai.


Elle se retourna et vit au loin Jim sur la colline. Elle l'indiqua du doigt à son mari.

- Qu'est-ce qu'il fait là haut en plein soleil ?

- Aucune idée. Je vais aller voir.




- Morgan, je descends au lac pour me baigner un peu. Je suppose que tu viens avec moi.

- Élémentaire ma chère Watson.


Ils sortirent du bungalow et prirent le sentier descendant au lac. Les trois enfants arrivèrent à leur rencontre.

- Vous allez où ?

- Au lac, répondit-elle.

- On peut venir avec vous ? demanda Carl.

- Demande la permission à ta mère avant.

- Elle se repose. Je vais le dire à Amy que je suis avec vous. Comme ça elle le lui dira à son réveil pour ne pas qu'elle s'inquiète.


Il courut en direction de la jeune fille pour lui transmettre le message et revint tout aussi vite vers le groupe. Ils descendirent tous ensemble pour une fin d'après-midi baignade. Ils se déshabillèrent et se jetèrent à l'eau. Elle était tellement bonne par cette chaleur.

- Tu vois, j'ai de bonnes idées parfois, dit-elle à Morgan.

- Tu as raison d'insister sur parfois, rit-il.


Elle lui balança une gerbe d'eau et cela dégénéra en bataille générale. Les enfants s'en mêlant, riant aux éclats. Elle aimait passer du temps avec ces trois garnements. Duane était le plus âgé. Il servait de grand frère et de protecteur. Il avait tellement mûri depuis qu'elle l'avait rencontré. Il n'était plus le petit garçon de dix ans, peureux. Sophia était la seule fille du groupe et aussi la fille de Carol. Aussi timide que sa mère. Normal avec tout ce qu'elle avait vu depuis son plus jeune âge. Voir sa mère se faire frapper par son père, ça change les enfants. Et, Carl, le plus jeune. Il avait les yeux bleus de son père. Il était pressé d'être grand pour apprendre à tirer. Pour pouvoir défendre les autres. Tout comme Rick. Le proverbe tel père tel fils, s'appliquait très bien dans leur cas. Flottant sur l'eau, elle ferma les yeux. Au loin, elle entendait Morgan jouer avec eux.




En haut de la colline, Jim creusait toujours. Il en restait que deux à faire et après, il pourrait aller se reposer. Il avait bu un peu d'eau de la gourde que Dale lui avait laissé. Il ne sentait plus ses bras et ses jambes. La sueur ruisselait de partout. Mais, il devait continuer coûte que coûte. Shane se posta à côté de lui.

- Je peux savoir ce que tu fais, Jim ?

- Je creuse ça se voit.

- Pourquoi tu creuses autant de trous ? Et à voir leur nombre, tu dois le faire depuis très tôt ce matin.

- J'emmerde personne ici. Alors laisse-moi tranquille. Je fais ce que j'ai à faire.

- Justement explique-moi car je ne comprends pas très bien. Et, là, tu m'inquiètes un peu. Va te reposer. Et quand tu iras mieux, je t'aiderais à creuser. On fera ça tous les deux. Ça te va ?

- Et si je refuse ? Tu m'arraches ma pelle et tu m'attaches à un arbre ?

- Je ne veux pas en arriver là. Mais si tu ne me laisses pas le choix ça va finir de cette manière. Alors pose ta pelle.


Jim la jeta dans le trou qu'il était en train de creuser. Il foudroya du regard Shane, en passant près de lui. Il attrapa la gourde de Dale et s'en versa sur la tête, tout en se dirigeant vers son bungalow. Il claqua la porte violemment derrière lui. Il ne restait que deux trous à faire. Deux malheureux trous. Il s'allongea sur son lit, anéanti d'avoir échoué.




Daryl s'arrêta au milieu du sentier et fit signe à Rick de grimper dans l'arbre. Une vingtaine de rôdeurs se dirigeaient vers leur position. Ils les virent passer en dessous d'eux. Ils continuèrent leur route sans sentir leur présence. Ils se dirigeaient en ligne droite vers l'endroit d'où les deux hommes venaient.

- Ils vont vers le camping, chuchota Rick. Nous devons rentrer pour nous préparer à l'attaque.


Ils descendirent en faisant attention à ne pas faire trop de bruit. La nuit n'allait pas tarder à tomber et ils étaient assez loin du campement. A eux deux, ils ne feraient pas le poids contre le groupe de rôdeurs.

- Nous ne pouvons pas revenir sur nos pas. C'est trop risqué. Nous allons essayer de passer par l'autre côté. Ça va nous rallonger un peu mais avec de la chance on arrivera avant ces horreurs.




Lori se réveilla. Les nausées étaient enfin passées. Ça lui avait fait du bien de se reposer. Elle ne pensait pas qu'elle était aussi fatiguée. Elle se redressa et sortit sur le perron. Elle ne vit ni Carl ni Shane dans les alentours du campement. Amy l'aperçut et vint à sa rencontre.

- Carl est au lac avec Ivy et Morgan. Ils sont partis se baigner. Avec cette chaleur c'est idéal. Surtout que l'eau est tout simplement divine. Nous avons fait la même chose avec Andrea ce midi. Et Shane est avec Jim. Il y a eu un souci avec lui mais je n'en sais pas plus.


Lori l'écoutait sous le choc. Son fils était avec cette fille. Au lac en plus. Shane devait le surveiller. Il allait entendre parler du pays celui-là. Elle enfila ses chaussures et prit le sentier menant au lac. De loin, elle vit les enfants s'amuser dans l'eau avec les deux adultes. Elle les entendait rire. Ils se jetaient du ponton en essayant de faire la plus grosse éclaboussure possible. Elle observa le comportement de la jeune femme lorsqu'elle prit Carl dans ses bras. Elle lui tapa dans la main pour le féliciter. Lori ne savait pas trop quoi faire. Elle hésitait entre le fait d'aller récupérer son fils ou de le laisser là où il était à s'amuser. Si elle allait le chercher, cela occasionnerait une énième dispute avec Rick. Ils s'étaient suffisamment disputés ces derniers jours. Elle lui avait dit clairement qu'elle souhaitait que Merle reste dans le groupe et que Ivy dégage. Ils avaient plus besoin de l'homme pour leur survie que de la jeune femme. Rick s'était emporté. Elle ne l'avait jamais vu aussi en colère. D'habitude, il restait à écouter les opinions de chacun avant de trancher. Pas cette fois-ci, il avait tapé du poing sur la table. Ivy ne partirait pas. Sinon, il partirait aussi et il emmènerait Carl avec eux. Elle avait tenté d'avoir, de nouveau, une discussion avec lui, mais il l'avait rejeté. Il ne voulait plus entendre parler du sujet. Pour lui tout ça était clos. Au milieu du sentier, elle restait là debout à réfléchir sur la meilleure option. Ça ne lui plaisait pas que Ivy passe du temps avec son fils mais elle ne pouvait pas l'empêcher de s'amuser. Elle jeta un dernier regard pour s'assurer que tout allait bien et retourna dans son bungalow.




Dale faisait les cent pas sur le perron de Jim. Il hésitait à entrer. Il prit une profonde respiration et poussa la porte.

- Jim, c'est moi. Je peux entrer ?

- Pourquoi tu demandes vu que tu l'as déjà fait.


La voix provenait de la chambre du fond. Il longea le couloir et trouva son ami, allongé dos à la porte. Dale s'approcha lentement de lui.

- Tu m'as fait une sacré frayeur mon vieux.

- Je ne faisais rien de mal. Je creusais c'est tout.

- Tu te souviens pourquoi tu le faisais ?

- Non. J'ai juste fait un rêve cette nuit. Et, il fallait que je le fasse c'est tout mais te dire pourquoi je ne sais plus.

- Tu veux bien me parler de ton rêve ?


Jim se concentra mais rien ne lui revenait. Il secoua la tête. Dale s'assit près de lui.

- Tu as chopé un gros coup de soleil sur la tronche en tout cas. Me refais jamais un truc comme ça.

- Si il m'arrive quelque chose, Dale. Continue à être qui tu es. Tu as une certaine influence dans le groupe. Les gens te respectent et pas seulement à cause de ton âge.

- Il n'arrivera rien. Nous sommes en sécurité ici. Shane veille à ce que nous le soyons.

- Shane est une ordure de la pire espèce. Ne lui fais pas confiance. Rick, lui, est loyal. Même si je ne le connais pas très bien, je le lis dans ses yeux. Il a fait ce que personne n'avait osé faire jusqu'à maintenant. Il a donné une bonne raclée à Ed. Je te le dis, moi, c'est quelqu'un sur qui on peut compter. Une vraie force de la nature.

- Repose-toi, Jim. Tu délires à cause de ton coup de chaud.


Dale se redressa mais son ami le rattrapa par le bras.

- Je t'en prie. Si tu es vraiment mon ami, écoute ce que je te dis. Je sais que j'ai l'air dingue. Mais, je ne le suis pas.




Merle essayait de desserrer les liens qui le maintenait ligoté au lit. Avec les dents, il tirait dessus. Son frère était parti depuis des heures déjà. Il sentit un des nœuds se libérer enfin. Il allait pouvoir aller pisser. Sa vessie était tellement pleine qu'elle allait bientôt exploser. Il en voulait à Daryl de l'attacher dès qu'il partait même si il comprenait pourquoi son petit frère faisait ça. Il avait toujours jouer aux cons. Après avoir passé plusieurs mois en foyer pour jeunes délinquants ou en cure de désintoxication, ces démons revenaient toujours inlassablement. Il avait braqué une pharmacie pour avoir sa dose journalière. Et là, il avait eu le choix entre la prison ou l'armée. Il avait choisi l'armée. Il ne voulait plus être enfermé en quatre murs. Ça le rendait dingue. Daryl ne l'avait jamais lâché malgré toutes ses conneries. Il avait toujours été présent pour lui. Il se sentait bien dans le camping. Il aidait en ramenant de la viande fraîche. Merle, lui, ne s'y plaisait pas. Il ne se plaisait jamais nulle part. Il trouvait que les gens se servaient d'eux et de leur compétence de chasseur. C'était toujours eux en première ligne comme pour les missions de ravitaillement. Il libéra une de ses mains et la massa doucement. Il se défit du deuxième nœud et courut pisser. Une fois soulagé, il s'assit sur le lit pour réfléchir. Il n'y avait pas trente mille solutions qui s'imposait à lui. Il devait partir, laissant son frère ici. Il ne pouvait pas payer pour l'erreur qu'il avait fait. Il n'aurait pas dû s'en prendre à Ivy. Elle aurait pu le tuer sur le toit et elle ne l'avait pas fait. Et, lui, comme un con, au lieu de la remercier, il tentait de la violer dans les bois. Il sortit son paquetage du placard et le remplit. Il devait partir avant que son frère ne rentre.




Andrea farfouillait partout dans le camping-car. Elle retournait les tiroirs et les placards un par un. Elle devait absolument trouver du papier cadeau pour emballer le pendentif sirène de sa sœur. Demain c'était son anniversaire. Elle aurait aimé lui faire un énorme gâteau mais au vue des circonstances, cela allait être compliqué de trouver des œufs. Ne trouvant pas son bonheur, elle sortit du véhicule. Elle sentait l'odeur du poisson en train de griller tranquillement au-dessus du feu. Elle vit Lori, accroupie dans l'herbe, un peu plus loin et alla la rejoindre.

- Ça va aller ?

- Je crois que je vais mourir. Je n'en peux plus. Et, ce n'est que le début. Il me reste encore cinq mois à faire.

- C'est aussi pour ça que je ne voulais pas d'enfants. Les nausées c'est pas vraiment mon truc. Rien qu'à te voir, j'ai déjà envie de vomir.

- Ce n'est que le mauvais côté de la maternité. Il y a aussi de supers bons côtés.

- Bizarrement, je ne vois aucun bon côté à tout ça. Je n'ai jamais eu la fibre maternelle. J'ai déjà dû mal à surveiller les enfants quand c'est mon jour de garde alors en avoir un à moi, c'est hors de question.


Dale appela les deux filles pour qu'elles se joignent à eux autour de la grande table. C'était festin ce soir. Tout le campement était réuni autour d'un grand feu de camp où grillait les poissons tranquillement. Lori lui fit signe qu'elle passait son tour et se remit à vomir dans l'herbe. Andrea lui tapa sur l'épaule et s'installa à table à côté de sa sœur.




Ivy fit quelques brasses avant de sortir de l'eau. Elle serait bien restée là une bonne partie de la nuit, bercée par le fil de l'eau. Morgan lui lança une serviette pour qu'elle se sèche. La nuit était tombée autour d'eux. Elle vit Lori descendre le sentier à leur rencontre.

- Maman, c'était trop bien, s'exclama Carl, en courant vers elle.

- Dépêche-toi, le repas est servi.


Elle prit son fils par le cou et remonta, sans un regard en arrière. Ivy enfila ses vêtements et Sophia serra sa main dans la sienne. Elle déposa un baiser sur les cheveux encore humide de la petite fille. Ils prirent le sentier tous les quatre, en riant. Ivy avait l'estomac dans les talons après une telle après-midi. Ils sentirent l'odeur du poisson leur arriver et en salivèrent d'avance. Ils s'installèrent à table et dévorèrent leur repas sous les regards amusés des autres membres du groupe. Bien repue, elle se cala au fond de son siège et observa les personnes autour d'elle. Elle se rendit compte qu'il manquait Daryl et Rick. Ils n'étaient toujours pas rentrés et la nuit était tombée. Elle vit Merle sortir du bungalow avec un sac. Elle se leva de table, en s'excusant, et alla à sa rencontre.

- Tu t'en vas sans Daryl ?

- Mon frère sera mieux avec vous qu'avec un bras cassé comme moi qui foire tout.

- Il ne te pardonnera pas de le lâcher de cette manière. Attends le au moins. Il ne devrait pas tarder à rentrer.

- Je t'ai agressé dans les bois et toi, tu viens me parler comme si de rien n'était. Qu'est-ce que tu en as à foutre de moi ou de Daryl ?

- Je te rappelle que je t'ai épargné sur le toit. C'est que malgré tout, j'ai pensé que tu en valais la peine. Et Daryl m'a sauvé. Et, je sais ce que l'on ressent quand on se retrouve seule. Alors, attends-le avant de partir.


Elle le laissa en plan à côté de sa moto et rejoignit son bungalow. Elle était inquiète pour les deux hommes. Elle monta jusqu'à sa chambre et sortit le sac d'armes de sous son lit. Elle sortit deux couteaux de chasse dans leur étui qu'elle accrocha à chacune de ses cuisses par des lanières en cuir. Elle attrapa une lampe torche. Morgan la regardait, adossé à la porte.

- Il va revenir ! Ne t'inquiète pas !

- Il serait déjà revenu. Il connaît les risques à la nuit tombée. Rick n'en prend jamais et tu le sais aussi bien que moi.


Elle entendit la moto de Merle démarrer et passer devant le bungalow. Il avait préféré fuir en abandonnant son frère. Une vague de déception l'envahit.

- Je ne peux pas te laisser partir toute seule dans les bois.

- Tu restes ici et tu veilles sur Duane. Ne t'inquiète pas pour moi. Je sais me défendre.


Elle l'embrassa sur la joue et sortit de la maison. Elle descendit le sentier, en courant, qui menait au lac. Elle atteindrait une autre partie des bois en passant par là. Et surtout personne ne pourrait la voir partir. Elle entendit des pas derrière elle. Elle se retourna et eut peur en voyant Jim.

- Tu ne peux pas partir, lui dit-il. Nous ne sommes plus assez nombreux. Tu es une guerrière. Tu dois rester là. Je me souviens de mon rêve maintenant. Nous allons être attaqué par des rôdeurs. Beaucoup de rôdeurs. Nous n'allons pas tous survivre à cette nuit.

- Jim, je n'ai pas le temps. Je dois aller chercher Rick.

- Rick va revenir mais pas assez tôt. Tu dois rester. Tu dois protéger notre campement avec ton ami. Vous êtes les seuls à savoir vous battre.


Elle le regarda sans vraiment comprendre ce qu'il lui racontait. Ils entendirent les boîtes de conserve tinter dans les bois.

- C'est trop tard, murmura-t-il. Ils sont déjà là.




Ed avait refusé d'accompagner sa femme et sa fille au dîner du campement. Depuis sa raclée, il ne sortait plus de leur bungalow. Il n'avait qu'une envie c'était qu'ils aillent tous griller en enfer. Ils ne méritaient que ça. En quoi, ça pouvait les regarder qu'il tape sur sa bonne-femme. Il faisait ce qu'il voulait. C'était la sienne. Sa propriété. Elle était nulle et ne servait à rien. Elle n'était même pas foutu de faire du café convenable. Une bonne trempe ça ne faisait de mal à personne. Une ou deux côtes fêlées. Ou une épaule déboîtée n'avait jamais tué personne. Assis sur son perron, tout en fumant sa cigarette, il sentit une présence dans son dos.

- J'ai pas été suffisamment clair tout à l'heure. Je veux pas voir vos tronches de merde.


Il se retourna et le cri qui montait dans sa gorge resta coincé. La rôdeuse se jeta sur lui et déchira sa trachée d'un coup sec. Un jet de sang éclaboussa le mur du bungalow. Deux autres zombies arrivèrent et se jetèrent sur le corps sans vie pour le dévorer.




- Je vous informe qu'il n'y a plus de papier toilettes, dit Amy, en ouvrant la porte du camping-car.


Elle ne vit pas le rôdeur s'approcher d'elle. Il l'attrapa et elle se mit à hurler, en voyant le sang gicler de son bras. Elle essaya de se dégager mais il la tenait fermement. Un autre arriva et la mordit au cou. Aux premiers cris de sa sœur, Andrea s'était retournée et voyait Amy, allongée sur le sol en sang. Ce fut la panique totale. Tout le monde se mit à courir dans tous les sens. Pétrifié, au milieu de tout ce chaos, Carl hurlait. Il cherchait sa mère des yeux. Il ne la voyait nulle part. Tout ce qu'il apercevait c'était les membres de leur groupe se faire dévorer. Il sentit un bras le prendre. Il crut sa dernière heure arrivée. Il se débattit violemment. Mais, le bras le serrait fermement.

- Ferme les yeux, lui murmura Ivy, à l'oreille. Ne les ouvre surtout pas.




Shane cherchait des yeux sa femme, tout en tirant sur les rôdeurs qui s'approchaient de lui. Il vit Ivy, emmené Carl avec elle vers son bungalow. Il aperçut Lori au loin et se dirigea vers elle. Il la prit par le bras et la jeta dans la voiture.

- Où est mon petit garçon ? hurlait-elle.

- Il va bien. Ivy la mis en sécurité. On s'en va. Il est hors de question qu'il t'arrive quoi que se soit. Je reviendrais chercher Carl.


Il démarra la voiture et partit en trombe, faisant crisser les pneus sur le gravier. Un homme en sang se jeta sur leur véhicule en tapant au carreau.

- Shane, aide-moi. J'ai pas envie de finir dévorer.


Il le regarda et accéléra. Il ne se rappelait pas de comment il s'appelait et il s'en foutait. Sa priorité était de mettre sa femme loin de tout ce merdier. L'homme l'injuria. Dans le rétroviseur, Shane vit deux rôdeurs se jeter sur lui. Tirant avec son fusil, Dale le regarda partir, ahuri.




Daryl et Rick courraient à travers les bois. Ils étaient à bout de souffle. Ils entendirent les premiers coups de feu.

- On est encore trop loin, hurla Rick. On n'arrivera jamais à temps. Nous allons retrouver que des cadavres là-bas. Ils ne sont pas assez nombreux pour défendre le camp.

- Pourvu qu'ils aient détaché mon frère. Il pourra les aider si il est pas trop con. Et ta nana, elle sait se défendre. Ton pote, Morgan, aussi. Les autres c'est pas gagné effectivement.


Ils se remirent à courir aussi vite qu'ils le pouvaient. Rick pensa à son fils. Pourvu qu'il ne lui soit rien arrivé. Il pensa à Ivy. A tout ce qu'il ne lui avait pas dit. Il regrettait son comportement de cette semaine. Il l'avait repoussé. Il l'avait blessé. Il espérait pouvoir la revoir mais aux hurlements qu'il entendait ses espoirs s'amenuisaient de plus en plus.




Ivy courrait, serrant fort Carl dans ses bras. Elle traversait le campement, en sautant par-dessus les corps des victimes. Elle devait le mettre en sécurité. Un rôdeur se dirigea vers eux. Elle l'esquiva de justesse. Glenn le frappa d'un coup de batte de base-ball. La tête explosa. Elle entra dans son bungalow et monta jusqu'à sa chambre où elle libéra le petit garçon. Duane était armé d'un pistolet que son père lui avait remis.

- Vos êtes en sécurité tous les deux. Duane, tu ne tires qu'en cas d'extrême nécessité.


Morgan avait vidé les sac d'armes sur le lit. Il lui balança un fusil et un pistolet. Ils entendirent la moto de Merle s'arrêter devant leur perron. Il monta les escaliers aux pas de charge.

- Tu es revenue, lui dit-elle.

- Je n'allais pas laisser mon petit cœur se faire dévorer vive. Je m'en serais voulu à mort. Merle Dixon à votre service.


Il regarda les armes étendues sur le lit. Il prit un fusil de sniper.

- Je vais me mettre sur le toit, j'aurais une meilleure visibilité pour les buter.


Elle acquiesça, en le voyant passer par la fenêtre. Morgan allait rester sur le perron pour protéger la maison du mieux qu'il pouvait et que ces choses n'arrivent pas jusqu'aux enfants. Ivy sortit ses couteaux. Elle aurait tellement aimé avoir son katana. Elle se tourna vers Carl et Duane.

- Tout ira bien. Nous ferons en sorte qu'ils ne vous arrivent rien.




Dehors c'était un véritable carnage. Une vingtaine de zombies rôdaient à travers le camp. Ils se jetaient sur les cadavres au sol pour les dévorer. Des morceaux de chairs humaines pleins les mains. Certains continuaient à poursuivre le peu de survivants qui restaient encore debout. Andrea s'était jetée sur le corps d'Amy, gisant au sol. Elle respirait encore. Glenn et Dale empêchaient les rôdeurs de s'approcher d'elles. Andrea posa ses mains sur la plaie au cou qui saignait abondamment. Elle savait que cela ne servirait à rien. Que sa sœur était condamnée. Mais, elle le faisait quand même. Ivy sortit ses couteaux et se lança dans la mêlée. Ses lames s'enfonçaient dans les corps qu'elles rencontraient. Derrière elle, elle entendait Morgan déverser les balles de son fusil d'assaut. Les corps des zombies tombaient mais se relevaient. Elle leur plantait son couteau dans le crâne. Son débardeur blanc était couvert de sang. Son visage aussi. Près du feu, elle aperçut Carol et Sophia et se dirigea vers elles. La mère de famille brandissait une branche en bois et tapait sur les monstre s'approchant. Ivy lui tendit son pistolet. Elle retira le cran de sécurité.

- Tu as quinze coups. Vise la tête. Toujours la tête. Aie confiance en toi et tu y arriveras.


Carol hésita à la prendre. Elle ne savait pas tirer. Et si elle tuait quelqu'un d'autre par inadvertance. Mais sous le regard insistant de Ivy, elle la saisit et la brandit devant elle. Un rôdeur tomba juste derrière la jeune femme qui se retourna. Merle avait mis dans le mille. Elle le remercia d'un petit signe de tête. Elle s'élança Carol et sa fille sur les talons. Elle plantait ses lames dans les têtes des rôdeurs voulant se jeter sur elles. Carol tirait du mieux qu'elle pouvait. Pas évident tout en courant sur des cibles mouvantes. Ils étaient de plus en plus nombreux. Et eux étaient de moins en moins. Rechargeant son fusil, Morgan ne vit pas le rôdeur arrivé derrière lui. Ivy lança un de ses couteau qui se planta dans l’œil de l'abomination.

- Nous n'allons pas y arriver de cette manière. Ils sont beaucoup trop nombreux, lui dit Morgan.

- Tout le monde dans le camping-car, hurla-t-elle. Tout ceux qui n'ont pas d'armes, grimpez dedans. Dale veille sur eux.


Carol accompagna sa fille qui pleurait, en se cramponnant à son bras. Elle devait aider. Elle n'avait pas le droit d'abandonner Ivy. Pas une deuxième fois.




Rick et Daryl atteignirent le campement. Ils virent les cadavres sur le sol. La peur d'avoir perdu leurs proches était présente.

- Carl ? Ivy ? hurla Rick, tout en tirant. Morgan ? Duane ?


Les détonations fusaient dans tous les sens. Rick courrait au milieu du campement. Il ne les voyait nulle part. Il tirait sur tous les rôdeurs qui se jetaient sur lui, sans réfléchir. Il y avait des corps partout. Il vit Shane se garer.

- Où est Carl ?

- Il était avec Ivy quand je suis parti.

- Quand tu es parti ? Parti où ?

- Je voulais mettre ma femme en sécurité. Mais, nous avons fait demi-tour.


Sa colère explosa. Il lui balança son poing en pleine figure.

- Les gens se battent pour sauver leurs peaux. Et toi, tu vas mettre ta femme en sécurité. En laissant mon fils de six ans derrière vous. Regarde autour de toi, tous ces morts sur le sol. Ils avaient une famille eux aussi et ils ne se sont pas enfuis comme des lâches. Regarde Merle se bat à nos côtés pour sauver des vies. Tu vois Lori, Ivy est tout aussi importante que Merle pour la survie du groupe. Elle n'est pas planquée dans une voiture à attendre que tout soit terminé.


Il se détourna, écœuré. Lori descendit de la voiture et se lança à sa poursuite.

- Rick... supplia-t-elle.


Il leva une main sans se retourner. Pour lui, tout avait été dit. Il n'y avait plus rien à rajouter. Il rejoignit Morgan.

- Où sont Carl et Ivy ?

- Carl est en sécurité dans le chalet. Et Ivy doit être quelque part. Je l'ai perdue de vue avec tout ce merdier.


Rick se précipita à l'intérieur, en hurlant le prénom de son fils. Il le vit arriver en courant et se jeter dans ses bras. Il l'examina sous toutes les coutures. Il n'avait rien. Aucune morsure. Il le serra fort contre lui et lui demanda de retourner en haut. Le plus dure restait à faire. Ils devraient abréger les souffrances des blessés et enterrer leurs morts. La nuit risquait d'être longue. Il rejoignit le groupe qui protégeait le camping-car en espérant y trouver Ivy. Il observa Andrea qui pleurait au-dessus du corps sans vie de sa jeune sœur. Un buisson bougea, il y pointa son fusil, le doigt sur la gâchette prêt à tirer. Il vit Carol en sortir, suivi de Ivy. Il lâcha son fusil qui tomba sur le sol et se précipita sur la jeune femme. Il la prit dans ses bras et comme il l'avait fait pour son fils, il regarda si elle n'avait aucune égratignure. Elle était recouverte de sang.

- Je vais bien, Rick. Carl aussi.

- Je sais. Il est à l'intérieur. Je ne veux pas qu'il voit tout ce carnage. Il en a vu assez.


Il se tenait l'un en face de l'autre. Les yeux dans les yeux. Il lui caressa la joue tendrement. Il avait tellement eu peur de la perdre. Il avait mis tellement de distance entre eux. Il ne voulait plus de ça. Il voulait la sentir contre lui. Il lui prit la main.

- C'est terminé, ils sont tous morts, dit Merle, en redescendant du toit. Mais, on ne pourra pas rester ici très longtemps. Le bruit va en attirer très vite d'autres.

- Nous allons prendre le temps d'enterrer nos morts dignement et après, nous partirons, répliqua Rick.




Andrea était agenouillée sur le sol près du corps sans vie d'Amy. Elle lui caressait doucement le visage, laissant une trace de sang le long de sa joue.

- Amy Je suis désolée, j'ai échoué dans mon rôle de grande sœur. Je devais veiller sur toi. Te protéger. J'ai tout raté, murmura-t-elle, en pleurant. Je suis tellement désolée.




Accoudée au capot de la voiture, Lori observait Rick et Ivy. Les gestes tendres qu'il avait pour elle. La manière avec laquelle il la regardait. La jalousie avait prit possession de son cœur. Il ne lui pardonnerait jamais sa conduite de cette nuit. Elle avait laissé leur fils. Tout ça à cause de cette maudite Ivy qui l'avait emmené loin d'elle. Elle n'avait même pas eu le temps de le récupérer. Ivy s'était accaparée tout ce qu'il lui appartenait. Son ex-mari. Son fils. Elle lui prendrait peut-être aussi son mari actuel avec le temps. Et peut-être aussi son futur bébé. Jim s'approcha d'elle et s'appuya sur la voiture. Il regardait dans la même direction qu'elle, Rick et Ivy se tenant l'un à côté de l'autre au milieu du carnage.

- Ils sont faits pour être ensemble ces deux là, lui dit-il. La même flamme brûle en eux. 

Laisser un commentaire ?