Contamination

Chapitre 5 : Atlanta

5497 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 04:21

Dans leur char, Rick et Amy regardaient la cibie sans bouger. Quand la voix se fit de nouveau entendre, le policier se précipita sur le microphone.

- Allo, dit-il.

- Enfin, je commençais à me poser des questions.

- Tu es où toi ? Tu arrives à me voir d'où tu es ?

- Oui. Tu es cerné par les rôdeurs, ça c'est la mauvaise nouvelle.

- Pourquoi il y en a une bonne ?

Il se tourna vers Amy qui s'était rapprochée de lui. Il sentait sous souffle sur son oreille et sa nuque.

- Non en fait.

- Écoute qui que tu sois. Je dois t'avouer que je commence à être sérieusement à cran.

- Mec si tu voyais ce que je vois, tu te taperais un méchant flippe.

- Tu as un conseil à me donner ?

- A ta place, je tenterais un sprint.

- Que je tente un sprint ? C'est ça ton conseil ? Mais, je ne suis pas tout seul dans le char. Nous sommes deux.

- C'est pas aussi con que ça en a l'air mais à deux ça va être plus complexe. Faisable mais complexe. D'où je suis, je peux vous guider. Tu as encore un rôdeur sur le char. Tous les autres se sont éloignés. Tu me suis jusque-là ?

- A peu près.

- Vous avez des armes ?

- Oui.

Amy alla fouiller le corps du militaire que Rick avait tué un peu plus tôt. Près de lui, elle trouva une grenade qu'elle lança à son compagnon ainsi qu'un chargeur pour le pistolet.

- Bon, vous devez sauter du côté droit du char et continuer dans cette direction. Vous verrez une ruelle dans environ cinquante mètres. Je vous retrouve là-bas.

Il regarda Amy qui tenait dans ses mains une pelle. Il se demanda l'espace d'un instant où elle avait pu la trouver. Il lui fit un faible sourire en lui caressant la joue. Il la sentit frémir sous ses doigts.

- Je parle dans le vide ou quoi ? Vous n'avez pas beaucoup de temps.

Rick grimpa l'échelle et ouvrit l'écoutille. Il prit la pelle d'Amy et fracassa le crâne du rôdeur sur le char. Il se hissa, suivi de la jeune femme. Ils sautèrent en bas du véhicule et se mirent à courir en longeant le mur. Rick tenait son arme à bout de bras, tirant sur tous les zombies qu'il jugeait trop près d'eux. De son autre main, il serrait la main de sa compagne qui couvrait leur arrière à coups de pelle. Ils arrivèrent dans la ruelle et tombèrent nez à nez avec un jeune asiatique qui les entraîna à sa suite.

- Magnez-vous, hurla-t-il.

Rick avait fait passer Amy devant lui et il tirait sur les rôdeurs qui s'engouffraient dans l'allée. Le jeune homme grimpa une échelle métallique qui conduisait sur un toit, suivi par la jeune femme. Arrivés en haut, ils regardèrent les zombies qui tiraient sur l'échelle.

- Bon boulot, Clint Eastwood, dit le jeune. Tu es le nouveau shérif ? Si tu es venu nettoyer la ville tu arrives un peu tard.

- Je ne suis pas là pour ça.

Le jeune se tourna vers Amy et lui sourit.

- Je comprends mieux pourquoi tu mettais autant de temps à me répondre.

Sous les propos du jeune homme, Amy sentit ses joues s'enflammer et elle détourna la tête. Elle sentait encore le contact des mains de son compagnon et ses lèvres sur les siennes.

- Merci, je m'appelle Rick et elle, c'est Amy.

- Glenn et il n'y a pas de quoi.

- Tu as vu d'autres personnes en dehors de nous ? demanda-t-elle.

- Non, j'aurais dû ?

- Nous étions quatre. Nous avons été séparés par la horde.

Glenn secoua la tête. Amy regarda aussi loin qu'elle le pouvait à la recherche de Morgan et de son fils. Et si elle ne les revoyait jamais ? Et s'ils avaient été dévorés ? Rick sentit sa détresse et son chagrin. Il posa une main sur son épaule et elle se tourna vers lui les larmes aux yeux. Glenn les conduisait de toit en toit. Amy regardait les rôdeurs en-dessous qui s'étaient regroupés.

- C'est toi qui as bloqué la ruelle ? demanda-t-elle.

- Non, l'armée a dû le faire pendant l'évacuation.

- Pourquoi tu as risqué ta vie pour nous ?

- Je suis peut-être débile et naïf mais j'espère seulement que s'il m'arrivait la même chose, quelqu'un viendrait me secourir.

Ils accédèrent à une trappe qui cachait une nouvelle échelle métallique menant dans un long boyau sombre. Glenn commença à descendre. Rick fit passer la jeune femme avant lui et referma la trappe. Ils atterrirent dans un couloir et coururent jusqu'à une porte qui menait dans une cour. Glenn sortit un talkie-walkie de son sac.

- Je suis de retour et je suis accompagné. Il y a quatre geek dans la ruelle.

Ils s'arrêtèrent au milieu de l'escalier en voyant les rôdeurs s'avancer vers eux. Deux types surgirent du bâtiment armés de batte de base-ball et vêtus en tenue de hockey sur glace. Ils abattirent leurs armes sur les crânes des rôdeurs qui éclatèrent. Glenn se remit à courir et pénétra dans le bâtiment, suivi des deux compagnons. Amy sentit une main l'attraper et lui coller le canon d'un pistolet sur la tempe.

- On devrait vous tuer, hurla Andrea.

- Relax, Andrea, dit Glenn.

- Me calmer de quoi ? On va tous crever à cause de ces deux gros cons.

- Lâche ton arme, murmura Jacqui à l'oreille de son amie.

Amy regardait les personnes qui se pressaient autour d'eux. Rick avait été collé contre le mur et se tenait les mains en l'air.

- Andrea baisse ton arme, dit Morales. Ou sinon tu tires.

Elle baissa son pistolet tout en pleurant. Elle se sentait complètement vulnérable. Ils étaient encerclés par les zombies.

- On est mort, cria-t-elle. On va tous crever j'espère que vous êtes contents de vous.

- Je ne comprends pas, dit Rick.

- Nous sommes venus en ville pour prendre de quoi manger, dit T-Dog.

Morales prit un bras de Rick et le conduisit dans une autre pièce où des vêtements étaient suspendus sur des cintres.

- Le seul moyen d'y arriver c'est de rester en vie. Et tu sais comment on reste en vie. On se déplace discrètement pas en tirant partout comme si on était à O.K. Corral.

Par la vitrine du magasin, Rick et Amy pouvaient distinguer les zombies qui tapaient sur la vitre.

- Vous comprenez maintenant. Vous avez sonné l'heure du dîner, dit Andrea, en se détournant d'eux.

Amy remarqua que la vitre d'une des portes était en train de céder. Ils reculèrent tous quand ils entendirent le verre se briser de plus en plus.

- Nous sommes mal barré, dit T-Dog.

- Vous foutiez quoi dehors ? demanda Andrea.

- J'essayais de faire signe à l'hélicoptère, répondit Rick.

- Tu délires mon pote.

- Non. On vous jure il y en avait un. Il survolait la ville, s'exclama Amy.

- Vous avez eu une hallucination, dit Jacqui. Ça peut arriver.

- Ce n'était pas une hallucination, répliqua-t-elle, une nouvelle fois.

- T-Dog, dit Morales. Essaie de voir si tu peux joindre les autres.

- Les autres ? Au camp de réfugiés ? demanda Rick.

- Oui, au camp, dit Jacqui. Ils nous attendent avec le champagne au frais.

T-Dog tripotait le talkie-walkie à la recherche d'une fréquence mais il n'obtenait que des parasites.

- Aucun signal. Peut-être que sur le toit.

Un coup de feu retentit soudain faisant sursauter tout le monde dans le magasin. Entendant le bruit, les zombies s'acharnèrent un peu plus sur la porte vitrée.

- Oh non, c'est Dixon qui tire ! hurla Andrea, en se précipitant dans l'escalier.

 

 

Perché sur le toit, Merle tirait à la carabine sur les zombies qui s'approchaient de la ruelle. Le bruit des détonations faisait un raffut de tous les diables et se répercutait sur les façades des autres immeubles. Après avoir transpercé le crâne de cinq morts-vivants, il se retourna pour voir ses compagnons arriver, essoufflés de leur course effrénée dans l'escalier.

- N'importe quoi, cria Andrea. Tu es complètement cinglé, Dixon.

- Hey la nunuche du quartier, rit Merle, tu devrais faire attention à ta façon de parler à un homme tenant un flingue.

- Tu gaspilles nos rares munitions, s’exclama T-Dog, et en plus tu es en train de tous les rameuter. Alors arrête de jouer au con.

Merle s'approcha dangereusement du noir en passant sa carabine d'une main à l'autre.

- Tu ne vas pas te mettre à me casser les burnes. J'ai déjà l'autre bouffeur de tacos qui le fait très bien. Alors ne commence pas à me donner des ordres, mon gros.

- Qui tu appelles, mon gros ? dit T-Dog.

Morales sentait les ennuis se profiler au loin. Il connaissait assez la personnalité des deux pour savoir qu'aucun ne lâcherait l'affaire. Il se mit au milieu pour les séparer avant l'affrontement.

- Tu as vu à quoi tu ressembles. Limite on pourrait se demander si tu ne manges pas les rations en cachette pour être aussi gros, rit Merle.

T-Dog se jeta sur lui pour lui en coller une mais Merle, plus rapide, lui balança un coup de crosse de fusil en pleine tête. Le noir s'écrasa sur le sol, la tempe en sang. Rick se précipita mais Merle, hors de lui, balançait des coups de poing à tous ceux qui s'approchaient de lui. Le policier fut jeté au sol. Merle releva T-Dog et continua à le frapper malgré les cris des autres personnes sur le toit qui lui demandaient d'arrêter. Il balança des coups de pieds dans les côtes du noir et voulut lui fracasser le crâne de son fusil. Il dévisagea sa victime tout en tenant au-dessus de lui la crosse en bois. Merle regarda toutes les personnes autour d'eux. Rick se releva en essuyant le sang qui perlait au coin de sa bouche. Merle cracha un gros mollard sur T-Dog en abattant sa crosse sur le béton à côté de la tête de l'homme.

- Nous allons faire une mise au point pour savoir qui commande, dit-il, en pointant son fusil sur le groupe. Je vote pour moi. Qui d'autre est pour moi ? Si vous ne votez pas pour moi, je vous descends. Allez ! On lève les mains !

Voyant la tournure que prenaient les événements, Amy s'était avancée vers le blessé. Elle jeta un bref coup d’œil à Rick qui se relevait péniblement. Elle s'approcha de T-Dog qui était salement amoché et s'agenouilla près de lui pour voir l'étendue de ses blessures.

- Alors, vous attendez quoi pour lever les mains, cria Merle les menaçant toujours de son fusil.

Les membres du groupe levèrent les mains les uns après les autres tout en se regardant. Ils n'avaient pas le choix. Amy releva la tête et croisa le regard de Merle qui attendait qu'elle fasse comme les autres.

- Il y a une chose que je déteste dans la vie ce sont les hommes comme vous : les gros racistes. Vous pouvez rêver pour que je lève la main et que je vote pour avoir un chef tel que vous.

Merle pointa son fusil sur la tête de la jeune femme en la regardant dans les yeux. Il n'aimait pas ce qu'il y lisait. De la haine et du mépris. Jamais une femme ne lui avait parlé sur ce ton. Il avait le doigt sur la gâchette, prêt à faire feu. Rick lui tapa sur l'épaule avant de lui envoyer un coup de clé à molette en pleine tête. Merle s'écroula et le policier le menotta à un tuyau.

- Putain mais tu es qui toi ? lui demanda-t-il.

- Le gentil policier. Tu vois Merle, les choses ont changé. Il n'y a plus de nègres, plus de bouffeur de tacos et surtout plus de gros cons suprématistes consanguins dans ton genre. Il n'y a que de la viande fraîche et de la viande froide. Il y a nous et les morts. Si nous voulons survivre, nous devons nous serrer les coudes, pas qu'on se tire dans les pattes.

- Va te faire mettre ! lui cracha Merle.

- Je crois que tu ne comprends pas.

- Toi non plus.

- On surveille son langage face à un mec armé. Simple question de bon sens.

- Tu ne feras pas ça. Tu es un flic.

- Tout ce que je suis maintenant c'est un mec qui recherche sa femme et son fils. Ceux qui se mettront en travers de mon chemin en feront les frais. Je vais te laisser méditer là-dessus.

Rick se pencha sur Merle et lui fit les poches. Il découvrit une capsule qui contenait un reste de cocaïne.

- Il t'en reste un peu sur le bout du nez, rit-il en lui tapotant la joue.

Il s'approcha du bord du toit et balança la fiole par-dessus la rambarde. Merle se mit à hurler en tirant sur son poignet menotté. Rick se dirigea vers Amy, qui avait demandé à Glenn et Morales d'éloigner T-Dog de Merle.

- Si j'arrive à me libérer, tu as plutôt intérêt à faire ta prière, cria ce dernier. Espèce de flic de merde !

Amy avait retiré le tee-shirt de son patient et tâtait ses côtes doucement. Rick s'agenouilla près d'elle.

- Il doit avoir deux côtes fêlées, lui dit-elle. Ce qui m'inquiète le plus c'est sa blessure à la tempe, je crains une commotion cérébrale.

Au loin, l'orage grondait. Glenn se pencha par-dessus la rambarde du toit et regarda les zombies dans la rue. Les coups de feu de Merle en avaient ramené un peu plus. Morales, assis à côté, essayait la cibie. Andrea et Jacqui contemplaient le ciel zébré d'éclairs.

- Comment est le signal ? demanda Glenn.

- Très faible, répondit Morales. L'orage n'arrange rien.

Morales expliqua à Amy et Rick que le camp de réfugiés n'avait jamais existé. Que c'était un mythe.

- Je croyais que cette partie de la ville était la plus sûre, dit Andrea.

- Oui, répondit faiblement T-Dog. Mais les coups de feu répétitifs...

Perdant connaissance, il ne put finir sa phrase. Amy fit signe aux autres de ne pas s'inquiéter.

- Si les rues ne sont pas sûres pourquoi on ne passe pas par les égouts tout simplement ? demanda Rick.

- Glenn, va voir dans la ruelle si tu vois une plaque d'égout ? demanda Morales.

Le jeune asiatique se leva et courut à l'autre bout du toit qui surplombait l'allée. Il se pencha et l'examina

- Non, aucune plaque d'égout. Elles doivent être dans l'autre rue. Celle avec les geeks.

- Pas forcément, répliqua Jacqui. Les bâtiments des années 20 comme celui-là on très souvent des tunnels d'évacuation en cas d'inondation. Il faudrait vérifier les fondations.

- Comment tu sais ça ? lui demanda Andrea.

- C'est mon boulot... Enfin, c'était... Je travaillais au service d'Urbanisation.

 

 

Rick, Jacqui, Andrea, Glenn et Morales descendirent à la cave munis de lampe torche. Ils tombèrent sur une échelle métallique menant dans un tuyau obscure. Rick balança une allumette qui s'écrasa sur le sol au fond. Ils constatèrent que l'échelle ne s'enfonçait pas si loin que ça. Ils se tournèrent tous vers Glenn.

- Oh génial, dit-il.

- On sera juste derrière toi, lui dit Jacqui.

- Non, je préfère y aller seul. Je suis plus à l'aise seul, sans vouloir vous vexer. Vous voulez que je descende dans ce trou, OK, mais on le fait à ma manière. Ce tunnel est étroit. Si je tombe sur un os, je dois être rapide et je ne veux pas me faire bouffer parce que vous serez dans mes pattes. Je prends une personne, pas deux.

Rick s'avança mais Glenn l'arrêta dans sa lancée.

- Non pas toi. Tu as le flingue de Merle et j'ai vu comment tu tires. Tu seras plus utile ici que là-dessous. Andrea, tu as le deuxième flingue alors tu vas avec Rick pour surveiller les portes du magasin. Jacqui, toi, tu restes là si tu nous dis de remonter on rappliquera dans la seconde. Morales, tu viens avec moi.

- Ça me va comme plan, dit Rick. Tout le monde sait ce qu'il a à faire.

Il donna une tape amicale dans le dos de Glenn avant que celui-ci descende l'échelle, suivi de Morales. Ils pénétrèrent dans le boyau où des rats avaient élu domicile. Ils les poussèrent doucement du pied tout en avançant. Ils suivirent les canalisations accrochées au mur. Les rongeurs fuyaient devant eux en couinant légèrement. Glenn était terrifié par ces petites bêtes.

 

 

Sur le toit, Amy soignait tant bien que mal la tempe ensanglantée de T-Dog sous le regard haineux de Merle.

- Dis donc toi, ça ne te gêne pas de soigner un sale noir.

Elle ne voulait pas rentrer dans son jeu. Elle connaissait trop bien ce genre d'homme. T-Dog gémissait doucement.

- Ça ne te dirait pas que l'on se trouve un petit coin où on pourrait tirer un coup rapide ? proposa Merle.

- Non pas vraiment, lui répondit-elle.

- Tu préfères peut-être brouter les minous ?

- Non, pas vraiment.

- Ça serait dommage. Une belle nana comme toi.

Amy se mit à soupirer. Rick aurait dû également le bâillonner, ce gros con. T-Dog reprit connaissance.

- J'ai compris tu préfères les mamadous ?

- Voilà, tu as tout compris. Comme quoi, tu n'es pas aussi con que tu en as l'air.

Elle redressa légèrement son patient afin qu'il s'appuie sur le muret derrière lui. Merle se mit à rire en voyant la tête amochée de T-Dog.

 

 

Rick et Andrea étaient de retour au niveau de la boutique de vêtement. Ils constatèrent que la première porte vitrée avait cédé.

- Je suis désolée d'avoir braqué ta copine avec mon arme, dit-elle.

- Ce n'est pas ma copine. Nous voyageons seulement ensemble.

En disant ça, Rick savait qu'il se mentait à lui-même mais il savait aussi qu'il ne pourrait pas donner de suite à l'histoire qui avait failli se dérouler dans le char sans avoir revu Lori. Amy lui plaisait énormément et ça depuis le moment où il avait repris connaissance dans ce lit aux draps fleuris.

- Mais je ne dis pas que vous ne le méritiez pas, continua-t-elle. C'est à cause de vous que nous en sommes là.

- Si j'arrive à nous tirer d'affaire, tu nous pardonneras ?

- Pas vraiment, non.

Elle regardait la vitrine de bijoux qui était devant elle.

- La prochaine fois que tu braques ton flingue sur quelqu'un, enlève le cran de sûreté, sourit-il, sinon le coup ne partira pas.

 

 

T-Dog tripotait les boutons de la cibie. Il en avait plus que marre d'entendre des parasites. Il aurait bien aimé entendre la voix d'un des membres du camp. Amy, quant à elle, faisait les cent pas sur le toit, écoutant l'orage éclaté au loin. Elle n'en pouvait plus d'entendre les commentaires vicieux de Merle. Il lui avait expliqué de long en large ce qu'il lui ferait s'ils se retrouvaient tous les deux dans un coin isolé. Certains de ces propos obscènes lui avaient donné la nausée. Il était tellement loin, son moment de douceur avec Rick dans le char. Elle avait bien compris que rien d'autre ne se passerait entre eux. Il voulait seulement retrouver sa femme et son fils. Il n'y avait pas de place pour elle dans sa vie. Au fond d'elle-même, elle était tout de même heureuse que Glenn les ait interrompus avant qu'ils ne commettent l'irréparable. C'était un homme marié et elle ne couchait pas avec les hommes mariés. Elle se répéta cette phrase jusqu'à ce que son cerveau l’intègre bien. Elle entendait Merle essayer d'amadouer T-Dog afin qu'il le détache.

- Tu vois la scie à métaux, lui disait-il. Si tu me l'apportes, je ferai en sorte de te protéger.

Amy se mit à rire doucement en entendant ces propos. Malgré toutes les horreurs qui les entouraient, elle avait dû mal à comprendre que Merle ait gardé sa rancœur envers les noirs.

- Je suis sûr que tu vas me demander de te donner la carabine pour que tu puisses buter le flic quand il va revenir, sourit T-Dog.

- Ouais c'est une idée mais franchement, dit-il tout bas en se penchant vers le noir, je préférerais un petit tête à tête avec la jolie brunette.

 

 

Dans le tunnel, Glenn et Morales avançaient lentement, éclairé par la faible lueur de leur lampe torche. Tout autour d'eux, ils entendaient les rats couiner ou seulement leurs petites pattes courir le long des gros tuyaux d'évacuation. Ils arrivèrent face à une grille métallique.

- Tu crois qu'on pourrait la découper ? demanda Glenn.

- Si on avait deux jours devant nous et un chalumeau, oui. Avec la scie à métaux de Dale, on n'arrivera à rien.

Ils entendirent un bruit d'eau et un rat couiner bruyamment. Glenn éclaira la zone du tunnel bouchée par la grille et un zombie se retourna vers eux, la bouche en sang. Il tenait dans les mains le rongeur dont il était en train de se repaître. Il se jeta sur la grille en essayant d'attraper l'un des deux hommes.

 

 

Andrea caressait des doigts un pendentif en forme de dauphin qui se trouvait sur le présentoir face à elle.

- Tu as vu un truc qui te plaît ? lui demanda Rick.

- Pas à moi mais à quelqu'un que je connais. Ma sœur. Elle a une passion pour les dauphins depuis sa plus tendre enfance.

- Pourquoi tu ne le prends pas ?

- Y a un flic qui me regarde, répondit-elle, en souriant. Si je le prenais, ça serait du vol ?

- Je crois que ce genre de règle n'est plus valable aujourd'hui. Pas toi ?

Elle prit le pendentif et le glissa dans sa poche. Ils virent arriver Morales, Glenn et Jacqui.

- Ça a donné quoi en bas ? demanda Rick.

- Nous ne pouvons pas passer, répondit Morales.

- Nous devons trouver une solution et vite, répliqua Andrea.

Le zombie, équipé d'une pierre, frappait contre la vitre qui se fêlait de plus en plus. Ils remontèrent sur le toit pour rejoindre le reste du groupe. Rick réfléchissait à une solution. Il sentit la présence d'Amy dans son dos.

- Le camion là-bas, lui dit-elle. Les ouvriers laissent toujours les clés dans le pare-soleil.

Elle lui indiquait du doigt une camionnette blanche garée sur un chantier en construction. Il se pencha pour voir la ruelle en-dessous envahie par les rôdeurs.

- Glenn, tu as réussi à nous faire sortir du char. Tu crois que tu pourras me faire passer jusqu'au chantier ?

- Impossible.

- Il faudrait faire une diversion, continua Rick. Ils sont attirés par le bruit c'est bien ça ?

- Oui, comme les chiens, dit Glenn. Ils entendent un truc et ils rappliquent aussitôt.

- Ils nous sentent et ils nous voient aussi. Et si ils nous chopent, ils nous bouffent, répliqua Morales.

- Ils nous reconnaissent à l'odeur ? demanda Amy.

- Ils puent la mort et pas nous, dit Andrea. C'est pas dur de faire la différence.

 

 

- S'il y avait les J.O. de l'idée la plus débile, tu aurais la médaille d'or, dit Glenn à Rick.

- Oui, il a raison. Prends le temps d'y réfléchir, intervint Morales.

- Nous n'avons pas le choix et plus le temps d'y réfléchir, déclara Rick, en lançant une tenue à Amy.

Rick et Morales passèrent par la porte métallique et ramassa un des deux cadavres de rôdeurs qui avaient été tués peu de temps auparavant. Le policier brisa la vitre qui renfermait la hache de pompier. Amy, revêtue d'une blouse, attendait en regardant le cadavre. Il la brandit au-dessus du corps et arrêta son geste. Il se mit à fouiller les poches et en sortit le portefeuille du défunt.

- Il s'appelait Wayne Dunlap. Il est né en 1979 et son permis a été délivré en Georgie.

Il tendit la pièce d'identité à Glenn qui regarda la photographie de l'homme. Rick continuait à dire ce qu'il découvrait dans le portefeuille. Le permis fit le tour des membres du groupe. Amy était penchée au-dessus du corps.

- Il avait aussi la photo d'une jolie fille, dit Amy. Je t'aime fort, signé Rachel.

Elle l'avait trouvé dans la poche de sa chemise. Elle la replia avant de la remettre à sa place.

- Il était comme nous, continua Rick. Il se demandait s'il pourrait payer la totalité de ses factures, qui allait gagner le Superbowl, ce qu'il pourrait manger le soir. Si je retrouve ma famille un jour, je leur parlerai de Wayne.

Ses yeux avaient parcouru l'assistance silencieuse. Son regard s'était arrêté sur Amy qui était toujours agenouillée près du cadavre. Il se demandait comment elle pouvait supporter l'odeur pestilentielle qui émanait du mort. Elle se redressa tout en le regardant dans les yeux. Il enfila un masque de protection et abaissa la hache sur le corps. Il trancha les bras, les jambes et le ventre dont les boyaux se déversèrent sur le sol. Andrea eut un haut le cœur et sortit pour vomir, suivie par Glenn. L'odeur était intenable dans la pièce. Rick continuait d'abattre la hache sur le corps et brisait les os. Plus il éclatait le cadavre plus l'odeur était pestilentielle. Jacqui, une main sur la bouche, réprimait des hauts de cœur. Elle sortit soutenue par Morales qui n'en pouvait plus non plus. Amy, adossée au mur, continuait à regarder le carnage que faisait Rick. Ils revinrent tous dans la pièce et contemplèrent les boyaux répandus.

- Tout le monde a une paire de gants. Vous en mettez sur nos vêtements. Aucun contact avec notre peau ou nos yeux, dit Rick.

Andrea, Morales et Jacqui s'agenouillèrent et trempèrent leurs mains dans le corps du mort. Ils étalèrent le sang sur les blouses que Rick, Amy et Glenn avaient revêtu. Rick sortit un morceau d'intestin et se le posa sur les épaules tel un châle. Morales en glissa un morceau dans la poche de Glenn tandis qu'Andrea, le cœur au bord des lèvres, continuait d'enduire la blouse d'Amy.

- On pue autant qu'eux ? demanda Rick.

- Ah ça oui, répondirent les trois autres en cœur.

- Si on revient soyez prêt à sortir, dit le policier.

- Et pour Merle ? demanda Morales.

Rick fouilla dans la poche de son pantalon et en sortit une petite clé qu'il lança au mexicain.

- Nous avons besoin de plus de tripes, dit le flic en frappant le cadavre de sa hache.

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