Tiré à quatre épingles

Chapitre 3 : Rencontres

6979 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 21/02/2025 08:18

Chapitre 3

 

 

Le salon de la Maison de Ville de Kagen, orné de grandes tapisseries vert émeraude et de moulures dorées était d’un confort incomparable.

Hélas Iliak s’ennuyait ferme dans ce moelleux canapé richement fourni en coussin de laine véritable. Malgré cette installation digne d’un vrai nabab il n’arrivait pas à se détendre et se sentait comme pris au piège.

 

En sa qualité de marchand pérégrin venu de la lointaine Zerikanie il passait le plus clair de son temps sur les routes, ce qui faisait de lui un nomade peu adapté à la vie sédentaire, aussi fastueuse soit-elle.

Iliak avait apprécié les premiers moments de repos et la gastronomie de Sodden était délicieuse, tout particulièrement la poule au miel et que dire de l’agneau aux prunes servi le soir de son arrivée...

En cela il serait éternellement reconnaissant envers le Staroste pour sa grande hospitalité. Cependant, en bon descendant des tribus du sud du désert de Korath, les grands espaces lui manquaient. Trois soleils s’étaient déjà levés depuis son arrivée à Kagen. La Cité Libre se trouvait être le point de rendez-vous entre Iliak et son grand frère Zab’ir, lui aussi camelot itinérant. Ce dernier devait conduire une caravane composée de sa charrette, son cheval, un âne décrépit et lui-même, depuis leur Zerikanie natale jusqu’à la ville de Vengerberg au nord-est de Kagen.

 

Les deux frères avaient mené leur cargaison ensemble longeant les Monts Bleus jusqu’au frontière de la Rivie. Là ils s’étaient séparés, Zab’ir obliquant vers le nord et lui-même continuant vers l’ouest.  Après avoir passé la région d’Angren et le duché de Zarzecze il avait rejoint la forteresse de Carcano. Une fois sa livraison effectuée il était redescendu à Kagen. D’après leur calcul Zab’ir aurait dû mettre trois semaines tout au plus pour faire l’aller-retour, à condition que tout se passe bien. Ils avaient déjà effectué de similaire trajets auparavant, toujours sans encombre, renvoyant systématiquement les mercenaires ou, plus rare, les guerrières amazones qui les escortaient une fois passer les Monts Bleu tant la région était réputée sûr.

 

Or cette fois Zab’ir était introuvable. Et ceux depuis trois jours maintenant. Iliak ne se serait pas inquiété outre mesure s’il n’avait pas si bien connu son frère. Zab’ir mettait un point d’honneur à être ponctuel, quel que soit l’heure ou le lieu du rendez-vous. Il aurait toléré d’avoir un jour de retard tout au plus...pas trois.

Iliak s’était alors adressé, au culot il faut bien l’avouer, au Staroste Van Batten directement le lendemain de son arrivée dans la cité.

Tels étaient les coutumes chez lui au-delà du désert de Korath et il n’avait guère de temps à perdre en circonvolution.

Le Staroste siégeait en qualité de magistrat suprême de la Cité Libre de Kagen dans la Maison de Ville sur les hauteurs du quartier Lumières, l’avait-on renseigné au marché aux vivres.

 

Il avait trouvé l’immense bâtisse après un éprouvant parcours à travers les différents quartiers labyrinthiques de la ville, alors que la nuit était déjà tombée. L’architecture de l’édifice lui avait semblé étrange mais sa vision avait été extrêmement réduite par l’obscurité d’autant qu’une pluie fine s’était abattue toute la soirée sur la cité.

Il s’adressa à l’homme en arme d'âge mûre qui montait la garde à l’entrée. Le pauvre hère, trempé jusqu’aux os, avait sonné une cloche installée sur la porte cochère. A la grande surprise d’Iliak un halfelin dépenaillé était sorti en trombe de la demeure et l’avait conduit au Staroste, alors en plein diner.

 

On l’avait alors invité à pénétrer dans la salle à manger de la Maison de Ville après avoir monté deux rangés d’escaliers et traversé d’interminable couloirs baroques. Un homme imposant l’y attendait, attablé en face d’un jeune homme à l’air hautain visiblement importuné par sa présence. La quarantaine bien tassée, le ventripotent portait fièrement une immense barbe rousse. Le Staroste Van Batten l’invita à s’asseoir et à partager leur délicieuse pitance tout en donnant les raisons de sa présence, ce que fit Iliak sans se faire prier.

Egidius Van Batten, gentilhomme charmant quoiqu’un peu...décalé, s’était montré fort sensible à l’histoire d’Iliak et lui avait immédiatement proposé gite et couvert le temps de tirer la situation au clair. Le marchand qui n’en demandait pas tant avait accepté la généreuse proposition avec un grand sourire aux lèvres. Un sens de l’hospitalité que ne partageais visiblement pas le grand blond, qui se trouvait être le secrétaire particulier du Staroste. Ce dernier avait arboré tout le repas une mine passablement maussade qui s’était encore rembrunit à cette annonce.

 

Peu importait à Iliak l’inimitié de ce Bartolo.

Il semblait aussi jeune qu’inexpérimenté et donc incapable de cacher son dédain. Il avait été jeune lui aussi et même s’il n'en tint pas rigueur au Premier Secrétaire il se dit qu’un tel manque de respect aurait été inimaginable en Zérikanie. Au pays des Dragons le respect des ainés était sacré, plus encore sous le règne de l’actuelle souveraine, Selema la huitième Reine Amazone.L’essentiel tenait dans la protection dont il jouissait désormais grâce au Staroste et dans les portes ouvertes par la position du maitre de la ville. Avantages qui lui seraient d’un grand secours pour retrouver son frère pensa-t-il.

 

Depuis, Iliak faisait le tour de la ville et de ses environs à la recherche de quiconque aurait la moindre information sur son frère. Le Staroste était un homme occupé et n’avait donc que peu de temps à lui accorder. Ils avaient tout de même eu une conversation entre deux portes le premier matin qu’Iliak avait passé dans l’insolite Maison de Ville. Van Batten s’était confié sur les récents défauts de livraison de diverses marchandises en ville, qui pouvait résulter selon lui d’attaque de malandrins. Il semblait prendre ça à la légère, comme beaucoup de chose songea Iliak.

Le Staroste déclara néanmoins pompeusement avoir ouvert une enquête conjointe avec son voisin le Duc à ce sujet puis avait poliment pris congé.

 

Après cette conversation, Iliak paniqua légèrement. Bien sûr il avait envisagé un coup fourré dont son frère aurait été la victime. Mais il balayait cette possibilité de la main à l’aide de l’argument selon lequel Zab’ir voyageait à vide et savait se défendre. Les soirs il dinait avec les domestiques avant leur service. Puis il allait se coucher et se levait aux aurores. Ce matin, il n’avait pas fait exception à la règle mis à part que la veille un des intendants de la Maison de Ville était venu toquer à la porte de la chambre du marchand d’outre-sable avec une missive. Le petit borgne avait tendu le parchemin à Iliak puis l’avait salué poliment avant de retourner vaquer à ses occupations.

 

Intrigué, il déplia le vélin et lu.

Le Staroste Van Batten lui demandait expressément de ne pas quitter le bâtiment le lendemain matin et d’attendre dans le salon Emeraude au deuxième étage, que quelqu’un vienne le chercher. L’édile n’avait rien précisé d’autre. Iliak s’exécutait donc. Il eut été fort impoli de ne pas se plier à la demande de son hôte. Elle ajoutait pourtant du mystère au mystère et le sommeil du Zerikannien en avait fortement pâti.

 

Il se triturait les mains nerveusement lorsque s’ouvrit la porte du luxueux salon, laissant entrer l’intendant borgne qui lui avait transmis la requête la veille.

L’employé de maison s’éclaircit la voix et déclara :

« Si Messire veut bien me suivre. Les obligés du Staroste Van Batten sont arrivés à l’instant, j’ai mission de vous conduire au salon bleu. »

Il apparut alors à Iliak qu’il existait dans la bâtisse un salon de chacune des couleurs de l’arc-en-ciel. Tout en se levant du canapé il ne put s’empêcher d’afficher une mine des plus circonspecte.

A quoi rimait tout ceci ? Quelles étaient les intentions de Van Batten ? Et surtout pourquoi la demeure comptait-elle autant de salons !?

L’intendant, qui semble-t-il avait deviner son trouble, le fixa sans dire mot et entama son chemin vers les escaliers. Iliak le suivit toujours en proie au doute.

Il respira un grand coup en essayant de rester calme. Après tout quelle nouvelle pouvait être pire que celle qu’il redoutait depuis trois jours déjà ? Rien ne pouvait être pire que l’annonce de la mort de son frère bien aimé. Il essayait de s’y préparer tout en rejetant violement l’idée.

 

                                  -

 

Kaehl avait vu son lot de vieilles bâtisses, de demeures de délurés et autres manoirs étranges mais il faut bien dire que la Maison de Ville de Kagen tenait le haut du pavé ! Son escorte et lui-même avait longé le mur d’enceinte de la cité depuis l’auberge puis ils avaient obliqué vers l’ouest où les ruelles devenaient sinueuses et de plus en plus escarpées. Ils parcoururent les hauts quartiers jusqu’à ce que le terrain redevenu plat débouchât sur une place de taille moyenne au milieu duquel trônait le principal bâtiment administratif de la ville.

 

D’ordinaire les édifices officiels sont austère, sobre et imposant.

Les fioritures étant superflu lorsqu’il s’agit d’administrer ou de collecter l’impôt avait penser Kaehl une fois arrivé sur place.

Gigantesque, la Maison de Ville de Kagen l’était sans nul doute.

Il était clair cependant qu’on avait ici fait l’impasse sur l’austérité et la sobriété. Une large et haute maisonnée blanc cassé à colombage constituait la partie gauche et son toit dominait la bâtisse.

Y était accolée une série de mansarde multicolore ajustées en quinconce imprécis. Ici le vert bouteille côtoyait le jaune citron, là le bleu marine collait au rouge corail. Les vitraux des lucarnes, eux aussi de toutes les couleurs, offraient à la rétine une orgie chromatique renforcé aujourd’hui par l’éclat du soleil. Venait ensuite une façade d’ardoise bleu foncé dont le sinistre jurait avec la partie centrale. Dernier élément de cette anomalie architecturale, une tour sans ouverture, agglomérat de parpaing ocre dont un escalier en colimaçon lézardait la façade. Le tout était soutenu par de solides arches en grès étrangement semblable à une rangée de dents humaines. Au centre de l’édifice venait s’enchâsser une épaisse double porte à battant. Au-dessus de la porte était fiché l’écusson de la ville, un cerf noir sur fond jaune surplombant un rubis rouge.

 

Kaehl se dit qu’il s’agissait là d’un drôle d’endroit pour gouverner. Depuis son arrivée, pourtant récente, il ressentait dans cette ville une atmosphère singulière. L’insolite Maison de Ville venait en point d’orgue, renforcer ce sentiment. Bartolo descendit de sa monture, dépassa un groupe d’halfelins affairés autour d’un bosquet de pétunia géant sans les saluer et se précipita sur la cloche. Les deux gardes en profitèrent pour s’éclipser sans demander leur reste alors que Kaehl suivait le secrétaire. Une servante entre deux âges passa la tête par un vantail intégré à l’immense double porte en chêne.

 

Bartolo se planta devant elle :

« Pousse toi donc Vanette ! Nous montons de ce pas au salon bleu rejoindre le Staroste et notre invité. »

Il s’engouffra alors dans la demeure et fit signe à Kaehl de le suivre.

Ils traversèrent un rez de chaussée austère à plafond haut où s’affairait le personnel en costumes sombre, qui contrastaient fortement avec la façade incongrûment colorée de la bâtisse. Kaehl s’était inconsciemment attendu à y croiser une bande de saltimbanques ou de troubadours. Ils dépassèrent plusieurs tables de scribes studieux puis grimpèrent de courts escaliers jusqu’au premier étage.

 

Leur parcours les fit zigzaguer dans des couloirs bariolés pour arriver à un grand escalier de marbre rose. Ils l’empruntèrent et arrivèrent au second étage qui se trouvaient être l’étage privé du Staroste.

Là on est raccord avec l’extérieur se dit Kaehl en découvrant les moulures, dorures et autres figurines baroques ornant les murs et les plafonds. Lui revint en mémoire un adage elfe. Le coût fait perdre le goût disent certains d’entre eux. Cela ne lui avait jamais paru aussi juste à propos. Ils arrivèrent finalement devant une porte blanche à liserés saphir que Bartolo ouvrit prestement. Ils entrèrent ainsi tous les trois dans le fameux salon bleu.

Sur l’un des fauteuils était assis un homme massif vêtu d’une tunique aux nombreuses couleurs chatoyantes. Au niveau gauche de son imposant poitrail était brodé l’écusson que Kaehl avait déjà aperçu au fronton de la Maison de Ville. Ses hautes chausses étaient d’un cuir cannelle d’une qualité rare de même que ses gants d’apparats d’un blanc immaculé.

Il arborait une opulente barbe rousse et des bijoux de toutes forme et de toutes tailles formant comme des guirlandes autour de son cou et de ses mains. Sous les poils et les ornements se devinait un faciès rond et jovial. Il tenait dans ses larges mains une coupe dont Kaehl reconnu l’odeur inimitable de l’Everluce. Le fameux cru de ce vin rouge venu de Toussaint faisait fureur chez les nobles et les hauts bourgeois. Ils devaient cependant être peu nombreux à le déguster à une heure si matinale.

 

Sur un causeuse à côté de lui se tenait un maure dont la barbichette noire et le caftan bleu turquoise à liseré d’or faisaient ton sur ton avec la décoration intérieure du salon. L’homme, certainement de Zérikanie, était grand et élégant. Ses traits fins et son nez aquilin lui donnait un air à la fois intelligent et malicieux. Sa posture et son expression traduisait néanmoins d’évidents tracas. Enfin, à l’opposé de la porte d’entrée se tenait une petite femme blonde à la toilette soignée qui semblait sur le point de quitté la pièce par une porte également blanche et saphir. Elle eut un regard appuyé pour Kaehl puis tourna la poignée et disparut dans ce qui semblait être une antichambre.

 

Aussitôt qu’elle fut sortie le Staroste Van Batten se leva et s’avança vers Kaehl alors que Bartolo avait déjà pris place sur un divan. Il se planta devant le sorceleur et empli la pièce de sa forte voix.

« Vous voilà Sorceleur de l’Aigle ! Veuillez m’excuser pour l’escorte que j’ai cru bon vous fournir.

Il fallait que nous vous interceptions dès potron-minet afin d’éclaircir avec vous un point important et de vous présenter quelqu’un d’au moins tout aussi important.

Mes furets m’ont rapporté que vous logiez chez Morten, au Sanglier Ardent sous le nom de Kaehl et que vous avez accepté un contrat à la solde du dénommé Zerca.

Est-ce exact ? »

 

« Parfaitement exact messire » répondit Kaehl sur un ton neutre. Comme on ne l’invitait pas à s’asseoir il appuya son postérieur sur une solide table haute prêt du mur.

Le Staroste repris avec emphase :

« Vous n’êtes pas sans savoir que le dit Zerca est un vassal du seigneur Vodko, duc de Zarzercze.

Cette affaire ne dépend donc pas de ma juridiction. Cependant les caravanes venues de l’Est, d’Aedirn, de Lyrie semblent disparaitre sur le territoire ducal depuis un quelques semaines. Ce faisant certaines denrées et marchandises commencent à manquer dans nos échoppes et dans celle du duché. Le duc et moi-même avons diligenté une enquête, hélas aucun indice tangible n’a été découvert à ce jour. » Une quinte de toux secoua sa carcasse et il lui fallut une bonne minute pour s’en défaire.

 

Kaehl avait écouté attentivement le Staroste tout en jouant avec son médaillon à tête d’aigle. Il restait de marbre, attendant la suite du récit. Se demandant surtout quel genre de service allait-on encore lui demander. Van Batten enchaina :

« Une pièce de plus est venu garnir ce mystérieux puzzle il y’a de cela trois jours. Il s’agit de notre ami ici présent. » Il désigna le maure à barbiche.

« Voyez-vous il est plein d’inquiétude car son frère... »

Soudain le géant roux se tut, comme s’il avait perdu le fil puis reprit mollement de sa voix grave :

« Hum...je devrais maintenant me taire et laisser place à notre invité afin qu’il vous expose la situation de plus complète manière. »

 

L’étranger se leva de façon énergique pendant que Van Batten, l’air ennuyé, se laissait choir dans son fauteuil.

L’homme à la peau brune passa une main dans sa barbiche et pris la parole :

« Je vous remercie cher Staroste. Il est en effet plus convenant que j’explique moi-même la situation à Monsieur le Sorceleur voyez-vous. Je me nomme Iliak, Iliak Tafeer négociant itinérant de mon état et membre de la guilde de l’Ordre du Korath.

Si je me suis permis de solliciter l’aide du généreux Staroste Van Batten ici présent c’est que mon frère, le pieux Zab’ir, a disparu. Voyez-vous nous sommes ce que vous appelez des camelots.

A la fin de votre hiver notre caravane a pris la route depuis Asmeth, la terre ocre au nord du Korath. Ma commande était à destination de fort Carcano et lui devait effectuer sa livraison à Vengerberg.

Nous nous sommes donc quittés aux portes de la Rivie, moi continuant vers l’ouest et Zab’ir obliquant vers le nord après avoir nous être donné rendez-vous.

Voyez-vous nous devions nous retrouver sur la place des Lions ici même à Kagen dans deux pleines lunes au plus tard.

Cela fait trois jours que ce délai est dépassé. J’ajoute que mon grand frère n’a jamais été en retard de sa vie. J’espère que vous voyez maintenant pour quelles raisons je semble soucieux. C’est pourquoi je vous demande humblement votre aide noble chasseur de monstres. Plus précisément je souhaiterai vous accompagner pendant votre enquête. »

 

 

Kaehl regardât le marchand avec une surprise non feinte. Il ne s’attendait aucunement à une telle demande. Au-delà du danger que représentait le fait d’amener un civil sur une enquête, Kaehl avait toujours travaillé seul. En de rares occasions, il accompagnait un autre professionnel et dans de plus rares cas encore pouvait faire équipe avec une ou un mage. À peine avait-il eu le temps de digérer la proposition d’Iliak que ce dernier repris :

« Peut-être est-il perdu, kidnappé ou pire encore. Et si le spectre qui vous concerne ou les disparitions de marchandises avaient quelque chose à voir avec la disparition de Zab’ir?

Je le dis devant témoin ! Je pourrais vous être utile et je payerai voyez-vous. »

 

Iliak avait parlé une Langue Commune parfaitement intelligible malgré un accent guttural prononcé et une émotion évidente.

Kaehl pris une grande inspiration histoire d’avoir les idées claires puis entreprit de les rassembler. Des disparitions de caravanes marchandes inexpliquées, un spectre tueur d’âne et des frères négociants venu de la lointaine Zérikanie. Cela ressemblait presque à un début d’un de ces calembours que l’on se raconte à la taverne du coin.

 

Les précisions du Starostes et du marchand avaient éclairé le sorceleur sur certains points mais avaient également soulevé tout un tas de nouvelles interrogations. La principale était : Quel lien pouvait-il y’avoir entre toutes ces informations ? Iliak pouvait être un allié précieux comme il pouvait représenter un poids.

Combiner la recherche de son frère au contrat sur le spectre semblait un pari risqué. D’autant qu’il était fortement déconseillé aux sorceleurs d’accepter deux contrats simultanés. Il leur était déconseillé plus vivement encore de s’adjoindre la compagnie d’un civil. Cependant et d’une inexplicable façon, Iliak été sympathique à Kaehl. Un peu de compagnie ne lui ferai peut-être pas de mal après tout. Ce serait l’occasion d’en apprendre plus sur le fantastique et exotique Zérikanie. De plus il n’accepterait pas de rémunération pécuniaire de la part du négociant car il avait toujours exclu les doubles contrats. Règle d’or à laquelle il ne comptait pas déroger.

 

Après un bref coup d’œil vers le Staroste et Bartolo, avachi sur leurs couches respectives, notre sorceleur entreprit de répondre à Iliak en ces termes :

« Honorable Iliak, n’y allons pas par quatre chemins ! Personne dans cette pièce n’a de temps à perdre. J’ai accepté hier soir un contrat qui m’amène ce matin à votre rencontre. Le Destin est manifestement à l’œuvre et je n’ai pas pour habitude de Le contrarier. J’accepte de coopérer avec vous à trois conditions. »

« Tout ce que vous voulez sorceleur. » répondit Iliak sur un air de supplique.

 

« Premièrement, en cas d’échauffourée ou de combat vous n’interviendrez pas. Vous trouverez un endroit sûr et n’en sortirez qu’à mon signal.

Deuxième point, je suis pressé. Il nous faut donc tirer ces affaires au clair rapidement, je repartirai dans deux jours au plus tard et ce quoi qu’il arrive. Pour finir vous ne me paierez pas. Enfin pas de façon classique. Je ne peux accepter deux contrats simultanés. Rien ne m’interdit en revanche d’invoquer le droit du Choix.

C’est une coutume propre à l’école de l’Aigle. Le principe est que je choisisse pour vous un paiement...en nature...après résolution de vos tracas. Paiement que vous ne pourrez contester et dont vous devrez accepter de vous acquitter dans l’immédiat.»

A la tête des trois hommes Kaehl compris qu’aucun d’eux ne connaissait le droit du Choix. C’était désormais chose faite.

 

Iliak avança alors vers le sorceleur et lui pris l’épaule de sa main en déclarant :

« J’accepte vos conditions et je promets de les respecter honorable Kaehl. Que le Père des Sables me punisse si je manque à mon devoir. »

Il serra fermement la main du sorceleur et lui adressa un sourire entendu. Aussitôt, le Staroste fini son godet d’une traite et se leva, imité par son secrétaire. Il frappa sèchement dans les mains puis il exprima son contentement. Se trouvant ravi qu’on ait fait preuve de raison et qu’on ait trouvé un accord puis recommanda à Kaehl de s’adresser à Bartolo en cas de besoin. Il salua Kaehl et Iliak avec solennité puis sortit de la pièce par la même porte qu’avait emprunté sa femme un peu plus tôt, qui à la différence de son époux n’avait pas fait trembler les jolis murs du salon en quittant la pièce.

 

                                                   

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Bartolo n’avait pas perdu une miette de la discussion. Il était soulagé au possible que le Sorceleur accepte d’aider Iliak. Le plus tôt cet énergumène retrouverait son frère le plus tôt il mettrait les voiles.

Même si au fond il compatissait à la situation du marchand, si tant est qu’il eut dit toute la vérité. En effet le maure avait pu inventer cette histoire de frère disparu pour se remplir la panse sur le compte du Staroste. Personne n’avait évoqué cette option et pourtant elle n’était pas improbable. D’un autre coté si un sorceleur expérimenté et son cher Staroste le trouvait de bonne foi, il s’en remettait à leur jugement. Lorsque le Staroste eu quitté le salon Bartolo hésita un bref instant. Le sorceleur était toujours aussi impressionnant et le secrétaire craignait de voir son rôle réduit à néant dans cette affaire. Il pouvait aujourd’hui aider un véritable Sorceleur, des êtres mystérieux source d’inspiration à d’innombrable histoires et légendes. Pour couronner le tout il pouvait faire d’une pierre deux coups en précipitant le départ d’Iliak ! Depuis que le marchand avait établi ses quartiers à la Maison de Ville et à son grand damne, le Staroste l’avait un peu délaissé.

 

C’est avec aplomb qu’il dit donc aux deux hommes en face de lui :

« Messieurs je suis à votre entière disposition s’il vous est nécessaire de faire une course ou pour quoique ce soit d’autre. Nul ne connait mieux que moi les quartiers marchands et les carrefours animés de notre belle cité. »

A cela le sorceleur lui répondit qu’il lui fallait impérativement se rendre dans une herboristerie ou chez un druide.

« Il se trouve que Kagen possède une des plus ancienne échoppe apothicaire du Continent, chez Arkeen, tenu par un elfe parfaitement capable. Elle est également l’une des moins touchées par les pénuries actuelles » affirma fièrement Bartolo.

Le sorceleur opina du chef en silence, signe que l’affaire était entendue. Le jeune secrétaire sortit de la Maison de Ville, suivi par Kaehl et Iliak qui leur emboitait le pas, en direction du quartier de la Goutte. Ils montèrent à cheval, le Sorceleur arguant qu’ils gagneraient ainsi du temps. En chemin, Bartolo décida de faire une présentation des institutions politique de sa ville. C’est une chose qu’il aimait faire. Il s’appliqua minutieusement à leur détailler le déroulement de la désignation d’un Staroste et du Conseil de Ville. Déroulement unique en son genre dont il était également très fier.

A Kagen tous les sept ans, au jour du solstice d’été, un nombre restreint de nobles et de grands bourgeois sont invités à mettre en place un nouveau dirigeant. Ils payent tous l’impôt appelé la Truche qui leur donne le droit de choisir le premier magistrat de la ville, parmi trois candidats désignés par le Staroste en poste.

Ensuite le nouveau Staroste choisi dans l’assemblé huit de ces notables qui constituent le Conseil pour les sept prochaines années.

 

Le sorceleur ne manifesta que peu d’intérêt pour l’information tandis qu’Iliak semblait quelque peu interloqué. Ce dernier expliqua qu’il n’était pas envisageable de voir cela arriver en Zerikanie.

Selon lui leur reine était une descendante directe des Dragon la désignant de fait comme la gouvernante suprême, ce que Bartolo trouva tout à fait fantaisiste et trivial. Bartolo fini son exposé au moment exact où la petite troupe arriva devant chez Arkeen. La boutique se trouvait à l’entrée du quartier de la Goutte, qui était en fait composé de deux longues rues débouchant toutes deux sur la Place Prune.

Cette partie de la cité, lové au cœur de la vieille ville comptait un nombre impressionnant d’étales, d’échoppes, de baraques, de comptoirs et autres cambuses. D’où ils se tenaient tous trois, en haut de la rue, on pouvait voir en contrebas les grandes halles autour desquelles acheteurs et vendeurs s’activaient tel une ruche à la frénésie parfaitement organisée.

 

Sur le fronton de l’échoppe était solidement fixé une grande enseigne délavée couleur turquoise. On pouvait y lire en lettre d’un blanc jauni par le temps, ARKEEN fondé en 864, ce qui en faisait une institution bientôt bicentenaire. Ils attachèrent leurs chevaux respectifs aux anneaux fixés au mur attenant à l’établissement et pénétrèrent dans ce dernier d’un pas décidé. Leur entrée fut saluée par le tintement d’une cloche au-dessus de leur tête. Le carillon ne sembla pas alerter l’homme élancé aux oreilles légèrement pointus qui se tenait derrière un immense comptoir en noyer vernis. Vêtu d’une longue robe verte surannée, Eljor était manifestement en plein inventaire. Bien qu’il se soit tenu de dos on pouvait deviner un large registre dans ses mains.

Le vieux de Warzé avait toujours dit à son fils qu’Eljor était considéré comme un des meilleurs apothicaires de Sodden.

 

L’elfe ne bougeant toujours pas, Bartolo s’éclaircit bruyamment la gorge, bien décidé à prendre la parole. Cependant le sorceleur le devança.

« Je vous salue maitre herboriste et requiert votre attention » lança Kaehl d’une voix ferme.

« Je vous retourne votre salut sourcelien. Je vois que vous êtes en compagnie du premier secrétaire de Warzé et d’un troisième inconnu dont je devine qu’il nous vient de l’Est. »

Après avoir répondu, Eljor se tourna enfin laissant voir son visage cireux au trait délicat souligné par un regard sombre et profond.

Bartolo connaissait les facéties de l’elfe et espérait que ce dernier ne se montre pas trop espiègle.

 

Kaehl, d’ordinaire impassible, semblait un brin amusé au contraire du marchand qui lui paraissait plutôt décontenancé par la situation.

« Assez inattendu de trouver ici un citoyen du Nilfgaard... » répliqua le sorceleur avec un infime rictus au bord des lèvres.

« J’y suis né certes, cependant la vie m’a mené vers cette cité pleine de promesses il y’a bien longtemps...Mais revenons à ce qui vous préoccupe. De quoi ont besoin me premiers clients du jour ? »

Bartolo avait appris deux choses lors de cet échange.

Premièrement, au Nilfgaard lointaine province du sud, c’est au nom de sourcelien que répondait les sorceleurs. Deuxièmement, Eljor en était originaire. Le sorceleur énonça ensuite une liste d’ingrédients inconnus de Bartolo mis à part quelques plantes comme la consoude ou l’achillée. Malheureusement pour Kaehl et malgré l’optimisme de Bartolo même dans ce temple à la gloire des consommables de toutes sortes, la pénurie faisait rage. De ce que Bartolo compris des échanges suivants c’est qu’Eljor s’excusait à demi-mot faisant comprendre au sorceleur qu’il ne pourrait lui préparer qu’une potion pour aujourd’hui et deux huiles pour le lendemain.

La mine de Kaehl sembla devenir grave puis il sortit du bâtiment pour farfouiller dans ses sacoches de cavalier. Il revint immédiatement avec dans la poigne un sac en jute à l’aspect peu ragoutant. Le jeune homme se demanda ce que le sac pouvait bien contenir mais garda son interrogation pour lui. Les mains libres après avoir posé son registre, l’apothicaire s’en saisit fermement pour ensuite disparaitre dans l’arrière-boutique où se trouvait son atelier.

 

Iliak s’approcha alors de Bartolo à pas feutrés et lui demanda des précisions historiques sur le nom du quartier de la Goutte. Le jeune homme eu préféré se rapprocher du sorceleur afin de l’interroger sur sa fascinante vie de nomade tueur de monstres ou sur l’énigmatique Nilfgaard. Toutefois c’est avec toute la fierté d’un enfant du pays et haut responsable qu’il répondit au marchand qui, à l’aide de cette pertinente interrogation, remontait dans son estime.Le quartier de la Goutte avait été pendant très longtemps le haut lieu de la fabrication et de la consommation d’alcool à Kagen, d’où son nom évocateur. Spécialités locales, l’hydromel de Sodden et l’eau de vie de prune y étaient ingérés par galons dans les différentes tavernes et estaminets de ce qui n’était alors qu’un faubourg peu fréquentable.

L’immense halle qu’ils avaient aperçue en descendant la rue dite du Tesson avait été à l’époque la plus grande distillerie de la région.

Jusqu’à ce que l’on décide, deux siècles plus tôt, de transformer l’endroit en une vaste galerie marchande et de transférer la majorité des commerces dans sa périphérie. C’est probablement par économie ou nostalgie que les noms des rues et de la place Prune avaient été conservés.

 

Visiblement impressionné par son érudition, Iliak lui demanda ensuite à voix basse comment Eljor avait-il pu deviner leurs identités. Bartolo lui dévoila que certains elfes possédaient un puissant don de prescience. Repus de réponses le marchand commença à flâner dans les allées ouaté de la boutique.

Il semblait être fasciné par le décor atypique qu’offrait le lieu. D’épaisses voutes de chêne couvraient un savant entrelacs d’étroites étagères d’acajou et de massives armoires à tiroir en noyer sur lesquels étaient exposés un nombre impressionnant de jarre et de bocaux, bien que la plupart fût vide ou à moitié rempli.

Le tout était astucieusement agencé en rectangle quadrillé de larges allées de manière à ce que le client puisse avoir une vue d’ensemble précise des articles et ce au premier coup d’œil. Il est vrai que son ameublement et sa structure donne à l’endroit une atmosphère formidable et unique, pensa Bartolo.

 

Il chercha le sorceleur du regard et constata que ce dernier scrutait pensivement un rang de bocaux où reposaient de molles racines.

Ragaillardi par sa propre motivation et prenant sur lui d’écarter sa crainte empreinte d’admiration pour Kaehl, Bartolo entreprit de se rapprocher de lui et d’enfin ouvrir le dialogue avec le sorceleur.

C’est à ce moment qu’Eljor revint de son arrière-boutique. Le laborantin y déposa lentement une calebasse d’un aspect terreux tramé de cordelettes reliée à un bouchon de bois de liège.

« Voici votre Sarcelles d’hiver sourcelien de l’Aigle.

Les huiles sont en presse. Il ne fait aucun doute que vous auriez voulu en disposer dans l’immédiat, il vous faudra toutefois revenir les chercher demain. Vous savez comme moi que le procédé est parfois délicat et vos matériaux ne sont pas...de première fraicheur.

Je vous demanderai, en outre de bien vouloir me régler la facture rubis sur l’ongle, je préfère éviter d’avoir à faire les poches d’un mort ou que ces mêmes poches se trouvent de l’autre côté de la Iaruga à la nuit tombée... »

 

A la saillie sardonique de l’apothicaire Kaehl répondit par un rictus mauvais. Bartolo se sentit fort mal à l’aise et pour cause c’est lui qui avait suggéré l’établissement au sorceleur et de toute évidence Eljor avait poussé un peu loin le bouchon de l’ironie.

« Il n’est pas dans mes habitudes de payer en avance, moins encore les Aen Seidh taquins. Je vais pourtant faire exception, par nécessité et par honnêteté. Nous sorceleur savons ce que représente le salaire de toute tache. Vous le savez aussi bien que moi, Aen, c’est pourquoi je prends votre défiance pour une insulte. Je ne m’en offusque néanmoins d’aucune façon tant le sang du Nilfgaard, même adoucis au miel de Sodden, est réputé pour sa condescendance. »

Tout en finissant sa phrase Kaehl glissa calmement sept couronnes sur le comptoir si lisse que les devises y glissèrent comme sur du verre.

 

A la surprise générale, sauf celle du sorceleur en fait, Eljor s’éclaffa si fort que Bartolo eu un petit mouvement de recul et vit sursauter Iliak qui se tenait pourtant à l’autre extrémité de la boutique.

« Tant de susceptibilité vous honorerait presque Sorceleur ! lança l’apothicaire. Au plaisir d’en revoir certains d’entre vous dans mon humble établissement » conclut-il plus sérieusement.

Son salut paru très énigmatique surtout après leur passe d’arme verbal.

 

Bartolo se posa furtivement la question : Ces deux-là se connaissaient-ils ou était-ce une inimitié entre sorceleur et elfes ? Kaehl avait appelé Eljor Aen Seidh. En jeune homme éduqué, Bartolo avait appris qu’il existe deux types d’elfes. Les Aen Seidhs, qui ont choisi de cohabiter avec les humains et les Aen Ehl qui eux fuient le contact des civilisations humaines et se sont retranchés dans un Monde qui leur appartient. Ecartant ces pensées peu pertinentes et reprenant son rôle de premier secrétaire, Bartolo salua l’herboriste, imité de prêt par Iliak. En prime il assura à Eljor la totale confiance du Staroste et lui promit qu’aucune augmentation de charge ne lui serait imposée cette année.

Le Sorceleur, déjà engagé sur le pas de la porte, fit un vague geste de la main par-dessus son épaule.

 

Une fois dehors, ils enfourchèrent leur monture alors que le soleil commençait son ascension dans le ciel dégagé de Sodden.

Le sorceleur porta son attention sur Bartolo et lui dit tout en le fixant de ses yeux de chat jaune :

« Tout mes remerciements Premier Secrétaire. Vous n’êtes pas trop mal pour un dignitaire de votre âge. » D’après ce qu’on avait vu du sorceleur jusqu’à présent cela valait pour haut compliment, Bartolo le prit comme tel et en fut comblé.

Il reprit contenance et répliqua d’un ton se voulant le plus digne possible :

« Avec plaisir messire. C’est avec le même dévouement que je me tiens à votre disposition en cas d’autre besoin...

Aucun d’eux ne réagit, aussi devant le mutisme des deux hommes il reprit : Pour rejoindre le Duché de Zarzecze passez la porte Est et continuez une vingtaine de lieux sur la Grand-Voie.

Un peu après le carrefour du Paon vous apercevrez le toit de la demeure de messire Zerca. »

 

Tandis qu’il leur indiquait le chemin Bartolo prit soudainement conscience que son rôle s’arrêtait là. Il s’en trouva profondément troublé. Kaehl lui adressa un sourire mystérieux où Bartolo cru déceler de la bienveillance puis lui tourna le dos. Iliak lui assura qu’il connaissait le chemin vers la porte Est puis se confondit en moult remerciements pour l’accueil et la prévenance dont tous avaient fait preuve depuis son arrivée. Ces circonvolutions attestaient que le marchand ne s’était pas douté de l’animosité que sa présence avait suscité chez le jeune homme.

 

Bartolo resta planté un long moment sur son cheval devant la boutique pendant que le duo le plus improbable qu’il ait jamais vu lui tournai dos et sabots pour disparaitre au virage de la Rue Tesson et de la Rue des Verriers. Kaehl et Iliak se dirigeaient certainement vers de palpitantes tribulations. Ils en reviendraient couverts de gloire par le Duc et auréolé des honneurs du Staroste. Lui devait rester à demeure pour gérer les affaires du quotidien.

Passionnant, mais pas aussi trépidant que le chemin qu’empruntait, sans lui, ses éphémères compagnons. Une matinée en compagnie d’un sorceleur et d’un marchand Zerikannien lui aurait-elle donné, à ce point, des envies d’ailleurs ? Bartolo de Warzé sortit finalement de sa longue méditation peuplée de fantasmes et entreprit de retourner à la Maison de Ville. Sur le chemin, traversant les rues, les places, dépassant jardins et fontaines qu’il ne connaissait que trop bien, le Premier Secrétaire de Kagen ne put s’empêcher de ressasser l’amertume et la frustration de ne pas être de l’Aventure.

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