«Explique-moi la Vie.»

Chapitre 5 : Natalia

1015 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 04:18

« Trois nouveaux cadavres… 3ème arrondissement… Goules suspectées… »

Entendis-je en retournant dans le salon. Je venais de coucher les enfants et mon mari somnolait sur le canapé. M’asseyant à ses côtés, et le réveillant d’une légère pression au bras, je lui ai murmuré :

« Hé… Tu as entendu les nouvelles ? Les goules sont de plus en plus citées aux infos. »

 

Les lunettes de travers et l’air encore endormi, mon mari de tous les soirs. Il me répondit en baillant :

« Mais non… Cesse de te tracasser, les goules n’existent pas. C’est juste un canular. »

 

Le laissant dans ses songes, j’ai de suite abandonné la partie. Pour Taiki, mon époux, il est évident que les goules n’existent pas. Pour ma part, je reste encore sur mes doutes. Des créatures d’apparence humaine qui mangent des Hommes… Totalement fou, non ? Mais toute hypothèse est validable et vaut la peine d’être étudiée, c’est mon principe depuis toujours. Et je suis professeur de physique-chimie, je sais de quoi je parle.

 

Durant mes études, les goules ne furent pas une seule fois évoquées … Mais tout le monde sait que tout Gouvernement ne dit pas tout. Soupirant, je me disais qu'une campagne de prévention devrait poindre au jour, pour se permettre de parler si ouvertement de goules pendant les infos… En afficher ainsi en quantités négligeables, donne le sentiment que ces drames sont normaux et sans gravité. Les gens se croient à l’abri tant que ça n’arrive pas à leurs proches, c'est bien connu.

 

Personnellement, je pense que toute une politique de censure est mise en place à ce sujet. Taiki, lui, ne cesse de me dire « Natalia… Cesse de voir le mal partout. », mais je préfère être sur mes gardes. Si Yume, Yuki ou Yuugo se faisaient attaquer par des goules, je ne saurais me le pardonner. Je ne peux imaginer de perdre un de mes enfants chéris pareillement…

 

Bref, il est tard et je commence tôt demain. Embrassant mon cher mari, je me suis ensuite levée pour aller me coucher. Passant devant la chambre de mes trois petits, un mince faisceau lumineux m’indiqua que je n’étais pas la seule à être encore réveillée. Souriante, j’ai ouvert doucement la porte pour voir un bien mignon spectacle. Yuki et Yuugo, allongé sur le tapis au milieu de la chambre en train de se disputer un livre et Yume la tête enfouie dans la couverture qui pense encore que si elle ne me voit pas, je ne la vois pas non plus.

 

Je me suis assise sur son lit en les grondant gentiment :

« Les jeunes, il est 23h là. C’est pas sérieux. »

 

Les trois se jetèrent alors sur moi en criant « Mamaaaan ! ». Je ne put m’empêcher de sourire en ébouriffant leurs trois petites têtes brunes identiques, et leur ai chuchoté « Chuuut… Vous allez réveiller votre père ». Je me suis ensuite levée et les ai mis tous dans leurs lits. Yume et Yuki dans les lits jumeaux, et Yuugo à l’autre extrémité de la pièce. Etant triplés, ils tiennent encore à être tous les trois dans la même chambre malgré leur 7 ans, mais on les laisse faire. Il n’y a aucun mal à cela.

 

Après un dernier bisou, j’ai pu enfin me coucher, bientôt rejointe par Kairi.

 

*****

 

Tapant avec la règle sur mon bureau, j’ai réclamé le silence. Ce matin j’enseignais à mes dernières années du cycle secondaire. Les consignes du lycée étaient claires : je me devais d’être extrêmement stricte. C’est pour cela que j’ai clamé :

« Ce n’est pas en parlant ainsi que vous obtiendrez l’Université de vos rêves. »

 

Ha… Les universités. Le système est bien dur au Japon. Pour ma part je viens d’un petit village de Norvège : il y a une sacrée différence, croyez-moi. En faisant l’appel, j'ai remarqué :

« Tiens… Yuka est absente aujourd’hui. Quelqu’un saurait-il pourquoi ? »

 

Un silence de plomb me répondit. Etrange, Yuka manquait beaucoup les cours ces derniers temps… C’est une élève moyenne, et discrète en classe, mais pas du genre à subir des absences répétées. Me promettant de la convoquer à son retour, j’ai ensuite commencé mon cours.

« Aujourd’hui, nous allons revoir cette interrogation, vu vos derniers résultats lamentables on ne peut qu'en rire… »

 

Dans mon sac, se trouvait un manuel « Comment reconnaître les goules ? » acheté dans un vieux café moisit ce matin.

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