Tomb Raider, une survivante est née

Chapitre 19

1601 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 27/05/2020 09:40

— Nous ne nous sommes pas beaucoup connus, dit Jonah. Tu es venu me chercher, quelques mois avant le début de cette expédition. « Quelle force de la nature » as-tu dit en me voyant, « J'ai un poste pour toi ». Je ne pensais pas que nous arriverions dans un tel enfer. Je n'y étais pas préparé. Aucun de nous. C'était toi la force de la nature. Tu étais inébranlable, un roc, tel un phare, tu essuyais les tempêtes sans broncher et tu nous guidais à travers la brume... Reposes en paix.


— Je n'aurais pas dû faire partie de cette expédition, commence Alex. Tu étais venu chez nous. Mon associé, Tom, c'était lui que tu voulais. Je ne regrette pas d'avoir dû le remplacer. J'ai pu connaître l'homme que tu étais. Un homme fort et bienveillant. Tu m'as surtout accordé ta confiance, je t'en suis reconnaissant. Merci et bon vent.


Alors que Lara assiste, abattue et en retrait, aux funérailles, Reyes veut dire un mot, mais Sam, bien qu'affaiblit par sa maladie, la devance :

— Tu as pris soin de Lara jusqu'ici. Je ne l'oublierais pas. Sache qu'elle va revenir saine et sauve dans la civilisation. Tu peux être serein. Je t'en fais le serment... J'aimerais te rendre un meilleur hommage, mais les mots me manquent...


Sans réaction de la part de Lara, Sam se retire et va s’asseoir à quelques pas d'elle. Reyes s'approche alors et dépose une photo au pied du bûcher.


— Nous avions pris cette photo deux jours après notre départ. Nous étions huit membres d'équipages alors, nous ne sommes plus que six désormais. Mais ces six membres retrouveront la liberté, lance Reyes aux rescapés.


— Levez-vous. Ne perdez pas de temps. Nous devons gagner la plage. Sam ! Alex ! Allez debout ! Jonah, Whitman, relevez-les !


— Ne peut-on pas leur laisser un moment. Par pitié, implore Jonah.


— Dès la tombée de la nuit les Solarii vont revenir.


Alors que les rescapés commencent à faire mouvement, Sam s'approche de Lara :

— Tu viens Lara ? demande Sam en s'agenouillant devant elle.


Impassible, Lara ne répond pas.


— Regarde-moi Lara, dit Sam en appuyant son regard sur celui de Lara. S'il te plaît, ne t'enferme pas.


Lara lève alors les yeux. Son visage, silencieux, ne dissimule en rien un regard bouleversé que Sam a du mal à soutenir. La jeune Croft, finit néanmoins par déclarer :

— D'accord, allons-y.


Les six compagnons prennent alors une route escarpée, mais la seule praticable à leurs connaissances et se dirigent vers la plage. Reyes, ayant pris la tête du petit groupe, marche seule, en éclaireur. Alex, soutenant une Sam, affaiblit et Whitman, sont légèrement en retrait, tandis que Jonah et Lara, eux, ferment la marche.


— C'est le climat et l'insalubrité. Son corps n'est pas habitué. Tu n'as pas a t'en faire, elle va s'en remettre.


— Je ne sais pas, j'ai l'impression qu'elle a subie un traumatisme, répond Lara, les yeux bas, la mine fatiguée.


— C'est normal que tu sois préoccupée, je ne te juge pas. Mais crois-en mon expérience, ne te laisse pas envahir par l'anxiété et reste concentrée. N'oublie pas tes proches, mais sers toi de ton amour envers eux pour avancer, plutôt que de leurs mauvais sorts pour te perdre.


L'air convaincue sans l'avouer, Lara répond à Jonah d'un simple sourire, celui-ci satisfait ce dernier.




*




— Reste avec moi Sam, parle-moi, s'il te plaît. Raconte-moi quelque chose, demande Lara, assise face à sa compagne, couchée sur un lit sommaire, aménagé dans des ruines portuaires aux abords de l'océan.


— Ce qui te vient à l'esprit, n'importe quoi. Un de tes souvenirs les plus heureux par exemple, ca égayera un peu l'ambiance.


— Je... Je ne sais pas. Je suis fatiguée. Je ne peux pas, Lara.


— Fais un effort Sam, je t'en supplie ! J'ai besoin de te savoir éveillée, adjure Lara.


Après un temps de pause, Sam consent à la demande de Lara et commence finalement son récit :

— Je me souviens d'un moment... Particulièrement joyeux. C'était en deux mille douze, le douze août précisément.


— Le jour de tes vingt ans, peu de temps avant que l'on ne se connaissent, affirme Lara.


— Oui, répond Sam avec le sourire. Mes parents m'avaient organisé une fête ce jour-là. Je ne m'y attendais pas. Nous étions en petit comité, moi, mes parents et tous mes frères et sœurs. C'est ça, je crois, qui m'avait rendue la plus heureuse.


Sam parle lentement et observe un temps de pause à la fin de sa phrase, ce qui ne manque pas d'alerter Lara.


— Même Mackinley était là ? C'est ce qui t'a plu ? interroge-t-elle pour maintenir Sam éveillée.


— Oui, elle avait pu se libérer pour moi. Nous étions tous les six dans notre maison, à Londres. Papa avait préparé la salle à manger, il était détendu ce jour-là, à aucun moment, il n'a mis sur la table ses histoires de travail. Il n'a même pas bronché quand Mackinley nous a annoncée qu'elle avait un copain. Ma mère, elle, avait acheté plein de choses pour cette journée, elle fut très attentionnée.

Logan et Mackinley étaient branchées vidéo à ce moment-là, elles enregistraient tout, des virées shopping, aux séances maquillages, en passant par les défilés de Mackinley. Ce jour-là, elles avaient réussi à embarquer Chase avec elles et ils se sont mis à faire une tarte tous les trois, une tarte aux bleuets, je crois.

Je sais que c'est puéril à entendre, ce ne sont que des petites choses, insignifiantes. Mais elles comptent beaucoup pour moi. C'est ce que j'aime dans la vie, des petites attentions, sincères et gratuites. Rien de plus. Ce jour-là, je n'étais pas heureuse simplement car ils m'avaient fait une surprise. C'est vrai que j'affectionne quand on fait attention à moi, d'autant plus quand cela vient de l'extérieur de la famille, mais ce qui avait fait mon bonheur, c'était l'amour, la tendresse, la simplicité. On m'a souvent traitée de fille extravagante, voir impulsive, mais je suis quelqu'un de simple. J'ai l'impression d'être en consultation ou bien de rédiger ma biographie, c'est ridicule, dit Sam avec le sourire.


Amusée de voir Sam rire, Lara est quelque peu soulagée elle aussi, depuis combien de temps n'a-t-elle pas vu un rire sortir d'une personne ? Leurs situations, bien que précaires, n'étaient pas encore complètement perdue.


Finalement tout cela pourrait être pire. Nous allons sûrement pouvoir nous sortir de là, tant que tu es avec moi Sam, pense-t-elle.


À ce moment, la voix de Reyes, dure et autoritaire, la ramène à la réalité :

— Lara ! Qu'est-ce que tu fiches ? On a besoin de toi !


Abandonnant à contre cœur Sam, Lara s'approche de ses compagnons et ébahie, les découvre concentrés sur un navire, aussi vétuste, qu'imposant. Après être montée à bord, elle s'approche de Reyes, sa voix donnant vers le gaillard d'avant.


— Je le reconnais, dit-t-elle en voyant ses compagnons. Ce gaillard d'avant allongé est caractéristique des destroyers de classe Momi, ils tirent cette spécificité des navires de la Kaiserliche Marine. J'espère que vous n'espérez pas tirer quelque chose d'une telle épave, ces navires étaient déjà obsolètes au début de la Guerre du Pacifique.


— Il ne peut peut-être pas prendre la mer, mais certains de ses composants vont nous être utiles, déclare Jonah.


— Vous n'êtes que tous les deux ? Où sont Alex et Whitman ? demande Lara.


— Alex est parti me chercher des outils sur l'épave de l'Endurance, Whitman je ne sais pas, il s'est éclipsé quand tu es partie t'occuper de Sam. Maintenant, va aider Jonah ! lance Reyes à la jeune femme.


— Je n'ai pas confiance en Whitman, il disparaît et réapparaît sans raison, et il n'a pas l'air de subir l'oppression des Solarii. Vous n'auriez pas dû le laisser partir.


— On n'est pas en position de se rajouter des doutes, dit Jonah. On verra ça plus tard. Viens m'aider pour l'instant.


— Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? lui demande Lara.

— Aide-moi à tirer cette caisse avec la corde. On doit la déplacer hors du navire.


— On ne peut pas récupérer ce qu'il y a dedans en plusieurs fois ?


— C'est un moteur auxiliaire de trois cent soixante chevaux, ça doit peser au moins cent cinquante kilogrammes un engin pareil.


Lara et Jonah empoignent alors fermement la corde, puis tirent avec force sur celle-ci. L'effort conjugué des deux compères n'est cependant pas suffisant pour soulever la caisse, qui ne bouge pas d'un centimètre.


— Ce n'est pas la bonne méthode, constate Lara. On doit pouvoir la soulever en douceur, en utilisant une sorte de palan.


— Tu as raison, dit Jonah, on peut en fabriquer un avec des poulies.


— C'est de ma faute, déplore Reyes. J'aurais dû demander à Alex d'en ramener. Il aurait sûrement pu en trouver.


— Je vais y aller, lance Lara, je vais le rejoindre.


— Je t'accompagne.


— Non, je ne préfère pas. Reste ici pour aider Reyes. Veille sur Sam. Je reviens bientôt.


— Je comprends, fais comme tu le sens. Mais accepte au moins ça, répond t-il en tendant à Lara un piolet, d'une facture d'apparence exceptionnelle.


S'éloignant de Jonah, après une dernière embrassade, Lara ne passe pas voir Sam et prend la direction prise par Alex pour rejoindre l'Endurance.


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