La Couronne de la Terre des Illusions (CTI)

Chapitre 1 : Le temps qui passe

1245 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 01/09/2025 17:52

Chapitre 1

Le temps qui passe


Gensokyo. La Terre des Illusions. Terre de mystères, de rêves, parfois d’espoirs. Une terre qui avait pleuré la mort d’un grand homme. Il s’appelait Tom, venait du Monde Extérieur, et il avait donné sa vie pour permettre à ce lieu fantasmagorique de continuer d’être.

Sur cette terre de magie, les énergies des habitants, Humains comme Yokais, se mêlaient à celles des dieux eux-mêmes. Du Sanctuaire Hakurei à Eientei en passant par la Montagne Yokai, les habitants retrouvèrent le calme et la sérénité, tant impactés par les derniers grands incidents.

La terre était paisible, les eaux étaient calmes, les cieux dégagés. Le soleil illuminait cette contrée semblable à un songe. Les vents soulevèrent les rêves des Hommes et les élevèrent vers le Paradis. La vie suivait lentement son cours dans ce pays des illusions. Les eaux du lac d’un bleu magnifique rafraîchissaient les corps et les âmes. Du sommet de la tour du Manoir du Démon Écarlate au plus profond de l’Ancien Enfer, la paix était revenue, partout et pour tout le monde. Tous les habitants respiraient désormais la sérénité. 

Du moins, la majorité d’entre eux.

 

Dans un coin reculé de cette terre où rêves et réels s’entremêlaient, une jeune femme vêtue de noire s’avançait d’un pas hésitant. Elle apportait un présent pour une personne, une personne chère à son être, une personne qui, hélas, ne pourrait plus recevoir les appels du cœur de cette jeune femme vêtue de noir. Elle faisait face à ce magnifique autel, érigé au cœur du sinistre cimetière de Muenzuka, là où les inconnus perdus dans ce rêve transformé en cauchemar étaient enterrés, et désormais, protégés par une aura, celle d’un jeune homme, s’étant sacrifié afin de protéger cette terre qu’il avait appris à aimer.

Elle resta immobile quelques instants, regardant cette tombe vide, avant, sa main tremblante, de poser son cadeau sur l’autel et de se recueillir, le visage couvert de ses larmes qu’elle laissa couler abondamment, ne pouvant s’arrêter tant elle avait le cœur en peine. Depuis son sacrifice, le seul objet restant ce héros, cet homme qu’elle aimait, était le katana qu’il arborait avec fierté et entrain, son sabre Seigenken, l’épée de la justice. Depuis l’édification de ce monument, elle venait tous les jours se recueillir sur cette sépulture si désespérément inoccupée de l’homme qui lui avait fait découvrir l’amour.

 

Jour après jour, semaine après semaine, elle y revint, prenant soin de l’autel, pleurant encore et toujours la perte de son homme, de l’amour de sa vie. Chaque jour, elle revenait dans cette grande demeure située non loin du lac si brumeux, le domaine de son ancien amant. Chaque jour, elle venait en ce lieu, ouvrait la porte et entrait dans la bâtisse si silencieuse sans la présence de Tom. Rien n’avait bougé, ou presque, depuis la disparition du propriétaire du cœur de la jeune femme. Chaque jour, presque à la même heure, elle se tentait là, dans le bureau de cet homme qui faisait battre son cœur. Sortant de derrière une pile d’objet, un chat noir se présenta à l’apprentie magicienne si ordinaire en ce jour. Elle s’occupait désormais de ce chat, voué, peut-être, à devenir un Yokai, si le destin en décidait ainsi. Elle le nourrissait, le chérissait, autant que son cœur brisé le pouvait. Alors qu’elle le relâcha, il sauta et couru s’amuser un peu seul, laissant la jeune femme aux cheveux de blé regarder par la fenêtre, rêver sans cesse qu’il finirait par ouvrir la porte et lui dire qu’il était rentré, et qu’elle pourrait se jeter dans ses bras. Hélas, le temps avait beau passer, les jours, les semaines, les mois puis les saisons, jamais il ne revint.

 

Loin du triste manoir, une autre âme était dominée également par la peine de la perte de ce jeune homme. Son meilleur ami, passant ses journées, soirées et nuits à errer dans les lieux les plus dangereux et sauvages de cette terre de rêves, cherchait sans cesse un moyen d’honorer la mémoire de son ami. Depuis son rétablissement, il ne jurait plus que par la justice et l’assistance à autrui. Malgré ses graves blessures, autant physiques que psychologiques, il se battait afin de devenir plus fort, meilleur, afin de venir au secours des autres, comme son ami l’aurait fait.

Sa peine, même si elle demeurait cachée, n’était pas invisible. L’élue de son cœur, cette ingénieure de talent, l’une des prodiges qui lui avait sauvé la vie, à de plusieurs reprises, voyait très bien que l’homme qu’elle aimait souffrait de la perte de son meilleur ami. Jour après jour, elle aida son amant à s’améliorer, à retrouver ses forces perdues, à s’habituer à son bras, désormais bien original, fait de métal et animé par la mécanique la plus simple et la magie la plus complexe, engrenages et formules magiques se côtoyant dans un espace si réduit.

Il guettait, espérant un miracle. Il guettait son retour, un retour impossible. Il guettait, espérant le retour de Tom. Dans son attente, il voyait bien d’autres personnes, les unes rêvant de son retour, les autres, attristées par sa disparition pour toujours, enfin, il voyait régulièrement cette personne, grande, aux cheveux couleur du soleil, mystérieuse comme la lune, aux pensées si étranges, observer l’horizon, comme si elle voyait par-delà la frontière entre la terre et le ciel, la frontière entre le réel et l’illusion. Rarement cette personne resta longtemps à observer ce point perdu dans l’espace. Alors, à chaque fois, il observa cet horizon que seule cette personne semblait être capable de voir. Cette femme bien étrange d’une puissance infinie sourit, légèrement amusée par les tentatives que le jeune mortel usait pour voir ce qu’il ne pouvait voir.

 

Depuis le sacrifice de ce héros, le temps passa, des semaines, des mois, des saisons. Après l’hiver, vint le printemps, saison du renouveau, saison où la vie reprenait ses droits sur la mort causée par le froid d’hiver. Partout, les beaux jours firent ressortir ce qu’il y avait de meilleurs en chacun des habitants de cette terre des illusions.

Personne n’oublia Tom. Personne n’oublia son sacrifice. Personne n’oublia ses actions, héroïques, comme maléfiques. Personne n’oublia l’ambivalence de ce héros. Personne ne l’oublia.

Vraiment personne.

 

Alors que Gensokyo reprenait vie, une ombre se mit à planer, cachée dans les ruines de l’ancien palais impérial de Tom, quand celui-ci dominait d’une main de fer Gensokyo. Une menace émergeant du passé, cachée dans les ruines, fomentait des projets contre ce coin de magie. Une menace ressurgissait, issu d’un héros désormais disparu.

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